B. L'INVESTISSEMENT LOCATIF EST MENACÉ

1. Le système d'amortissement accéléré est maintenu mais ne serait pas reconduit

Afin de soutenir l'investissement locatif privé, le Gouvernement précédent avait mis en place un système d'amortissement accéléré dit " amortissement Périssol ". Ce dispositif permet aux contribuables de déduire de leurs revenus fonciers un amortissement pour les immeubles neufs acquis ou construits entre le 1er janvier 1996 et le 31 décembre 1998. Le taux d'amortissement est fixé à 10 % pendant les quatre premières années et à 2 % pour les vingt suivantes. Le taux de la déduction forfaitaire est ramené à 6 %. En cas d'option, le plafond d'imputation des déficits fonciers sur le revenu global est porté de 70.000 à 100.000 francs. Dans ce système, le propriétaire doit s'engager à louer le logement pendant une durée de neuf ans.

Le système a permis de relancer les ventes de logements neufs en rendant plus attractif un placement qui d'ordinaire présente un rapport risque/rendement peu séduisant compte tenu notamment des charges fiscales.

Le Gouvernement a annoncé la non-reconduction après 1998 en l'état du mécanisme au motif qu'il constituerait un avantage fiscal incompatible avec une politique d'équité sociale. Or, une remise en cause des incitations à l'investissement locatif aurait des conséquences immédiates sur le volume des ventes, et donc sur la production de logements, ainsi que sur la fluidité de la " chaîne du logement ".

2. Le projet de statut du bailleur privé doit encore être précisé

Le Gouvernement réfléchit à la mise en place d'un système global conférant un véritable statut au bailleur privé. Il s'agirait de favoriser le développement d'un secteur conventionné dans lequel, en contrepartie d'une modération des loyers et d'un engagement de durée de location, la collectivité pourrait apporter une aide majorée et une sécurité contre les impayés. Dans cette optique, le ministre, M. Louis Besson, a déclaré réfléchir à plusieurs pistes comme la déduction forfaitaire, l'amortissement, la garantie de loyer, la caution... Le projet est intéressant puisqu'il permettrait, en théorie, une amélioration de l'offre de logements intermédiaires mais il n'est pas exempt d'ambiguïtés. Les propriétaires peuvent déjà s'assurer contre les risques de défaut de paiement des loyers, dans ce cas, l'organisme gestionnaire se charge de sélectionner les locataires et assume le risque.

Si la puissance publique se propose d'assurer ce risque, c'est au bénéfice de locataires qui ne pourraient pas présenter les garanties suffisantes pour accéder à un logement dans le secteur libre. Dans ces conditions, il resterait à trouver les moyens pour que ce risque de défaut de paiement ne se transforme pas en habitude et que la garantie publique n'entraîne pas une charge budgétaire importante.

Deux problèmes complémentaires se présenteraient donc : un loyer conventionné trop faible pourrait décourager les investisseurs et une trop forte implication de l'Etat pourrait déresponsabiliser les différents acteurs du secteur puisque la charge de la sélection des locataires devrait reposer in fine peu ou prou sur la puissance publique.

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