II. LE LOGEMENT SOCIAL : DES ORIENTATIONS POSITIVES, DES MOYENS ENCORE LIMITÉS
Le logement social constitue un des axes
privilégiés de la politique en faveur de l'outre-mer qui
mérite d'être souligné.
M. Jean-Jack Queyranne a précisé que son ministère
poursuivrait dans ce domaine un double objectif : soutenir l'activité
économique à travers la commande publique et répondre aux
réels besoins des populations.
Le financement du logement social outre-mer est assuré par la
ligne
budgétaire unique
(LBU). A ces crédits s'ajoutent une
fraction importante de la créance de proratisation du RMI, ainsi qu'un
crédit de 1,875 million de francs inscrits à partir de 1998
sur le FIDES et destinés à Wallis-et-Futuna.
Entre 1997 et 1998, la LBU va gagner en crédits de paiement, ce qu'elle
perdra en autorisations de programme. Elle passera en effet de
1.150 millions de francs en autorisations de programme et
463 millions de francs en crédits de paiement à
respectivement 1.096 millions de francs et 568,54 millions de francs.
Deux facteurs principaux justifient cette évolution :
- la réduction du taux de TVA applicable dans les DOM au logement
social (de 9,5 % à 2,1 %) qui permet de réaliser, avec
des crédits moindres, un nombre équivalent d'opérations ;
- l'inscription de 96 millions de francs en autorisations de
programme au titre de la résorption de l'habitat insalubre.
A. DES ORIENTATIONS POSITIVES
Lors de son audition, le secrétaire d'Etat a
annoncé que la politique de logement social sera guidée par les
besoins des populations concernées :
- disposer d'un logement dans un contexte de croissance
démographique forte ;
- disposer d'un logement non insalubre ;
- disposer d'un logement répondant à des normes de confort
convenables et d'une taille adaptée à celle du ménage.
1. Des objectifs ambitieux
Les mesures engagées seront fonction des besoins de la
population.
Le premier besoin
, quantitatif, est lié au niveau de la LBU et
à l'efficacité de son utilisation.
M. Jean-Jack Queyranne a indiqué que l'attention de son
secrétariat d'Etat sera particulièrement ciblée sur la
pleine utilisation de ces crédits, et le déblocage des verrous
administratifs ou techniques qui compromettraient son efficacité.
Le second besoin
correspond à une situation inacceptable,
à savoir l'existence de bidonvilles en territoire français.
La poursuite de l'effort prioritaire en faveur de la résorption de
l'habitat insalubre (RHI) devrait être facilitée par le
basculement des crédits RHI dans le budget du secrétariat d'Etat
à l'outre-mer.
Enfin,
le troisième besoin
correspond à un
nécessaire développement de l'amélioration de l'habitat,
ainsi qu'au réajustement du dispositif d'aides. L'amélioration de
l'habitat a l'avantage d'être moins traumatisante pour l'occupant quant
à son mode de vie et moins onéreuse qu'une construction neuve.
Afin d'assurer la pertinence du dispositif d'aides quant à la
solvabilité de la population à loger, le secrétaire d'Etat
a annoncé que des évaluations régulières et
systématiques seraient programmées.
2. Des moyens encore insuffisants
On a rappelé que pour 1998, il est prévu une LBU
de 1.096 millions de francs, dont 96 millions de francs au titre de
la résorption de l'habitat insalubre (RHI). Environ 560 millions de
francs en provenance de la créance de proratisation du RMI devraient
venir abonder cette somme.
Le tableau ci-après permet de constater que globalement et par rapport
aux années précédentes les moyens financiers progressent
donc faiblement.
Evolution de la ligne budgétaire unique
Guadeloupe |
Martinique |
Guyane |
Réunion |
St. P.&M. |
Mayotte |
SPIOM (1) |
Total |
|
1994 LBU |
260,00 |
255,00 |
87,00 |
400,00 |
6,50 |
55,00 |
9,72 |
1.073,22 |
Créance |
116,72 |
92,60 |
14,15 |
224,30 |
0,00 |
0,00 |
448,07 |
|
Plan ville |
10,00 |
5,00 |
5,00 |
10,00 |
0,00 |
10,00 |
40,00 |
|
Total |
386,72 |
352,60 |
106,45 |
634,30 |
6,50 |
65,00 |
9,72 |
1.561,29 |
1995 LBU |
302,80 |
260,00 |
89,00 |
433,00 |
6,00 |
79,20 |
10,42 |
1.180,42 |
Créance |
138,58 |
88,80 |
23,37 |
225,00 |
0,00 |
0,00 |
475,75 |
|
Total |
441,38 |
348,80 |
112,37 |
658,00 |
6,00 |
79,20 |
10,42 |
1.656,17 |
1996 LBU |
285,80 |
221,70 |
81,00 |
395,75 |
4,80 |
79,10 |
6,50 |
1.074,60 |
Créance |
138,00 |
115,00 |
38,98 |
283,71 |
0,00 |
0,00 |
575,70 |
|
Total |
423,80 |
336,70 |
119,98 |
679,4 |
4,80 |
79,10 |
6,50 |
1.650,30 |
1997 LBU (2) |
250,00 |
161,00 |
114,00 |
383,24 |
9,00 |
91,00 |
9,00 |
1.017,24 |
Créance |
126,50 |
116,70 |
43,70 |
269,10 |
556,00 |
|||
Total |
376,50 |
277,70 |
157,70 |
652,34 |
9,00 |
91,00 |
9,00 |
1.573,24 |
(1) Secteur pilote innovation outre-mer
(2) Prévisions d'engagement
Toutefois, il faut souligner que l'essentiel de l'effort portera sur le
logement insalubre.
Les crédits sont abondés par deux sources : la ligne RHI du
ministère chargé du logement (jusqu'en 1997) et des
crédits provenant de la créance de proratisation du RMI.
Au rythme enregistré jusqu'à présent, on pouvait estimer
qu'il faudrait au moins 30 ans pour résorber l'habitat insalubre
dans les DOM.
Evolution des moyens consacrés à la RHI (engagements locaux)
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 (1) |
|||||||
RHI (2) |
Créance |
RHI |
Créance |
RHI |
Créance |
RHI |
Créance |
RHI |
Créance |
||
Guadeloupe |
14,60 |
29 |
21,83 |
12 |
18,6 |
16,8 |
32,2 |
10,88 |
31,3 |
7,3 |
|
Martinique |
26,30 |
2 |
22,27 |
19,1 |
12,5 |
4 |
9,2 |
4 |
|||
Guyane |
3,85 |
15,99 |
10 |
3,09 |
0 |
4,2 |
0 |
||||
Réunion |
24,83 |
55 |
31,97 |
26 |
8,2 |
52,3 |
9,2 |
58 |
55 |
||
Mayotte |
9,07 |
17,32 |
21,19 |
17,5 |
5,8 |
||||||
Total |
78,65 |
86 |
109,38 |
48 |
67,09 |
72,19 |
71,40 |
72,88 |
50,5 |
66,3 |
(1) Pour 1997, 29,5 millions n'ont pas encore
été affectés.
(2) RHI ligne 65.48 du ministère chargé du logement.
Il a été décidé de contractualiser, dans le cadre
des contrats de ville et des conventions de développement social
liées au XIème plan,
400 millions de francs
de
crédits en faveur de la RHI (dont
100 millions de francs
sur
la créance de proratisation), selon la répartition suivante (sur
cinq ans) :
RHI budgétaire |
Créance |
Total |
|
Guadeloupe |
55 |
21 |
76 |
Martinique |
54 |
20 |
74 |
Guyane |
43 |
15 |
58 |
Réunion |
108 |
44 |
152 |
Mayotte |
40 |
0 |
40 |
Total |
300 |
100 |
400 |
Enfin, les crédits consacrés à la RHI qui seront environ de 96 millions de francs abondés d'une part de la créance de proratisation du RMI de l'ordre de 70 millions de francs seront gérés dès le 1er janvier 1998 par le secrétariat d'Etat à l'outre-mer. Ce transfert sera l'occasion d'une relance de la RHI dans les DOM et à Mayotte ce qui permettra d'accélérer le rythme de résorption de l'insalubrité dans ces départements.