B. LES RECETTES
S'agissant des recettes, il convient de distinguer, à
titre principal, les contributions personnelles, les taxes affectées,
les versements des autres régimes de sécurité sociale et
la subvention d'équilibre.
Les contributions professionnelles devraient subir l'impact encore mal
évalué du basculement de la majeure partie des cotisations
d'assurance maladie sur la CSG.
1. Les cotisations professionnelles
Celles-ci sont, depuis 1996, calculées
intégralement sur les revenus professionnels des exploitants agricoles
et évoluent donc comme ces derniers.
S'agissant des cotisations qui ne sont pas concernées par le transfert
vers la CSG, c'est-à-dire les cotisations familiales, vieillesse et
maladie résiduelles, l'augmentation est d'environ 2 % par rapport
au produit des cotisations effectivement attendu en 1997. Cette
évolution s'explique principalement par la bonne tenue des revenus
agricoles en 1995 et 1996.
A côté des cotisations, la CSG représentera une source de
financement de plus en plus importante :
- pour les
exploitants en activité,
la CSG sera majorée,
comme pour les actifs des autres catégories sociales, de 4,1 points
; en contrepartie, le taux des cotisations maladie sera diminué de
5,5 points. Le ministre de l'agriculture a indiqué que le tiers des
agriculteurs, c'est-à-dire ceux qui ont les plus faibles revenus
(inférieurs à 30.000 francs par an) bénéficieront
d'un gain de pouvoir d'achat de 5 % en moyenne (ils seront en effet
dispensés de CSG). Pour la plupart des autres agriculteurs, le
Gouvernement affirme que la substitution de la CSG aux cotisations serait
globalement neutre ;
- pour les
retraités agricoles
imposables, le taux de la CSG
maladie sera de 2,8 % et celui des cotisations maladie baissera du
même pourcentage. En revanche, pour les 700.000 retraités les plus
modestes, l'exonération de CSG se traduira par un gain de pouvoir
d'achat qui, globalement, représentera un accroissement de ressources de
500 millions de francs.
Les effets de ce transfert CSG/cotisations maladie appellent trois remarques
principales :
- d'une part, il faut être
prudent
sur les chiffres transmis
par le Gouvernement et les gains de pouvoir d'achat attendus qui ne tiennent
pas compte des prélèvements sur l'épargne et le
patrimoine, comme l'a bien montré la discussion, au Sénat, du
projet de financement de la sécurité sociale ;
- d'autre part, il faut souligner qu'un nombre très important
d'agriculteurs, qui bénéficiaient d'un
allégement
de cotisations sociales, vont perdre cet avantage différentiel tout en
devenant redevables de la CSG : il s'agit en particulier des jeunes
agriculteurs (30.000 personnes environ), des pluriactifs, des
préretraités (25.000 personnes), des veuves ayant acquis
l'exploitation de leur ex-conjoint, des retraités agricoles qui
bénéficient de prestations maladie d'un autre régime, des
conjoints retraités qui bénéficient de la seule retraite
forfaitaire, des retraités titulaires de majoration de pension pour
enfants ; cette question a été longuement soulignée
à l'Assemblée nationale par un des rapporteurs du BAPSA, M.
Charles de Courson : le ministre ne lui a pas donné de réponse
satisfaisante. Et, si le Sénat a adopté un amendement au cours de
la discussion du projet de loi de financement de la sécurité
sociale traitant de cas particuliers des jeunes agriculteurs qui
s'installent
2(
*
)
, il a
été ensuite supprimé par l'Assemblée nationale ;
- enfin, pour respecter le principe de
parité
et permettre
aux exploitants agricoles de bénéficier du même gain de
pouvoir d'achat que les salariés du régime général
(+ 1,1 %), la baisse des cotisations maladie aurait dû
être, selon les organisations professionnelles, de 6,5 points et non
pas de 5,5 points.
Il convient donc de relativiser la
présentation faite par le ministre de l'agriculture sur l'effort
particulier opéré en faveur du monde agricole
.
2. Les taxes affectées
Ces taxes resteront pratiquement stables à hauteur de 26,1 milliards de francs. La TVA fournit l'essentiel de ces recettes, soit 24,2 milliards de francs.
Taxes affectées au BAPSA
(en millions de francs)
|
|
|
PLF 1998/LFI 1997 (en %) |
PLF 1998/1997 révisé (en %) |
|
Taxes sur les farines |
340 |
415 |
340 |
- |
- 18,07 |
Taxes sur les tabacs |
432 |
436 |
438 |
1,39 |
0,46 |
Taxe sur les corps gras alimentaires |
577 |
613 |
621 |
7,63 |
1,31 |
Droits sur les alcools |
124 |
118 |
117 |
- 5,65 |
- 0,85 |
Taxe sur l'assurance automobile |
446 |
389 |
394 |
- 11,66 |
1,29 |
TVA nette |
24.110 |
23.606 |
24.216 |
0,44 |
2,58 |
Total |
26.029 |
25.577 |
26.126 |
0,37 |
2,15 |
3. Les versements des autres régimes de sécurité sociale et du FSV
Ces versements sont regroupés dans le tableau ci-dessous :
Contributions des régimes de sécurité sociale et du FSV au BAPSA
(en millions de francs)
|
|
|
PLF 1998/LFI 1997 (en %) |
PLF 1998/1997 prévisions (en %) |
|
Compensation démographique |
32.094 |
32.606 |
32.467 |
1,16 |
- 0,43 |
Contribution de la CNAF |
1.847 |
1.823 |
1.565 |
- 15,27 |
- 14,15 |
Versements du FSV |
3.580 |
3.509 |
3.266 |
- 8,77 |
- 6,93 |
Total |
37.251 |
37.938 |
37.298 |
- 0,59 |
- 1,69 |
La compensation démographique
Le montant inscrit dans le projet de loi de finances pour 1998, soit 32.467
millions de francs, est en légère progression par rapport
à celui de la loi de finances initiale pour 1997, mais en léger
retrait sur les prévisions révisées pour cet exercice.
La contribution de la Caisse nationale des allocations familiales
Compte tenu de l'intégration financière de la branche famille, la
CNAF verse au BAPSA une contribution couvrant la différence entre les
cotisations familiales des exploitants et les prestations familiales dont ils
bénéficient (hors bourses et allocations aux adultes
handicapés). Le déclin rapide et continu de cette contribution
depuis 1995 s'explique donc tout à la fois par la bonne tenue des
cotisations, corrélées à l'évolution du revenu
agricole, et la diminution des prestations versées, du fait de la baisse
des effectifs de bénéficiaires.
Les versements du Fonds de solidarité vieillesse
Le Fonds de solidarité vieillesse verse au régime agricole, comme
aux autres régimes de sécurité sociale, des sommes
correspondant aux prestations de vieillesse " non
contributives "
à leur charge. S'agissant du BAPSA, il s'agit principalement de couvrir
les dépenses résultant du minimum vieillesse et des majorations
de pensions pour enfants.
Le financement des majorations pour enfants du régime agricole par le
FSV, qui représente 2.048 millions de francs, n'est pas pris en
compte dans le budget annexe ; dans ces conditions, les 3.266 millions de
francs proposés pour 1998 correspondent essentiellement au financement
du minimum vieillesse pour les exploitants agricoles, dont les dépenses
atteindraient 3.216 millions de francs en 1998.
La poursuite du recul rapide des dépenses liées au minimum
vieillesse s'explique principalement par l'amélioration des retraites
agricoles qui résulte, d'une part du renouvellement des
générations de retraités agricoles, les
" jeunes " retraités ayant en principe acquis plus de points
de retraite que leurs aînés, et d'autre part des importantes
mesures de revalorisation prises par le précédent Gouvernement.
4. La subvention d'équilibre de l'Etat
Cette subvention, qui a pour objet d'assurer " le
bouclage " final du financement du BAPSA s'élèvera à
7,3 milliards de francs en 1998 contre 7,2 milliards de francs en
1997, soit une progression de 1,1 %.
Il convient de souligner à cet égard que le budget
général contribue également au BAPSA avec le remboursement
de certaines prestations gérées par la MSA et correspondant
à des " minima sociaux " ", tels que l'allocation
aux
adultes handicapés et les prestations du fonds spécial
d'invalidité. Mais leur montant décroît fortement depuis
plusieurs années. Les dépenses correspondant à ces deux
dernières prestations respectivement diminueraient ainsi respectivement
de 9,7 % et de 12,2 % en 1998.