I. LES CRÉDITS DU BUDGET CIVIL DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DEMANDÉS POUR 1998
A. UN BCRD EN PROGRESSION GLOBALE DE 1,4 %
Les crédits demandés par le Gouvernement au
titre de la recherche (BCRD) pour 1997 s'élèvent à
53,05 milliards de francs (dépenses ordinaires + crédits de
paiement), soit une hausse de 1,4 % en francs courants par rapport
à la Loi de Finances initiale pour 1997.
Toutefois, 110 millions de francs ont été
transférées comptablement du budget de l'Industrie au BCRD et
40 millions de francs correspondent à un nouvel assujettissement
à la TVA, qui entraîne donc une recette équivalente pour le
ministère des finances.
Aussi l'augmentation réelle du BCRD
à pérmimètre constant n'est-elle que de 1,1 %.
Cette légère augmentation fait suite à une baisse de
1,37 % des crédits demandés par la Loi de Finances pour 1997.
L'évolution du BCRD renoue donc cette année avec la tendance des
années précédentes, comme le montre le graphique suivant :
B. UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE DES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE DÉPENSES
Les principales évolutions de crédits sont détaillées dans le tableau suivant :
BCRD - CRÉDITS DEMANDÉS POUR 1998
CATÉGORIE DE CRÉDITS |
CRÉDITS DEMANDÉS POUR 1998 |
VARIATION PAR RAPPORT À 1997 |
DÉPENSES ORDINAIRES (DO)
|
30,9
|
+ 2,6 %
|
TOTAL (DO + CP) |
53,05 |
+ 1,4 % |
AUTORISATIONS DE PROGRAMME |
22,3 |
+ 1,9 % |
(en milliards de francs)
1. Des dépenses ordinaires en augmentation
Les crédits demandés au titre des
dépenses ordinaires
augmentent de 2,6 % en francs courants
.
La part des dépenses ordinaires -soit un total de 30,9 milliards de
francs-
s'accroît au sein du BCRD
puisqu'elle représente
58,2 % des crédits demandés contre 57,8 % en 1997. Le
Gouvernement a donc choisi de faire des dépenses ordinaires des
administrations et des laboratoires le principal bénéficiaire de
l'accroissement budgétaire consenti.
2. Les dépenses en capital
Les crédits de paiement
demandés pour
1998 sont en légère régression (-0,2 %) par rapport
à 1997. Au total, les crédits de paiement demandés
s'élèvent à 22,2 milliards de francs, soit
41,7 % du BCRD.
Les autorisations de programme
augmentent de
1,9 %. Par ailleurs, le Gouvernement souligne qu'une économie de
300 millions de francs est réalisée sur les grands
équipements de recherche.
Votre commission s'inquiète du devenir de ces grands
équipements de recherche.
En effet, la décision d'implantation du projet SOLEIL a
été " gelée "
, comme l'a annoncé le
ministre au Sénat le jeudi 9 octobre dernier. Une dizaine de
régions a déjà fait part de son intérêt pour
l'accueil de ce projet, qui est un enjeu majeur pour la recherche
française. Retarder le moment du choix de son lieu d'implantation et de
son lancement ne paraît pas de bon augure à votre commission pour
l'avenir de ce projet.
LE PROJET SOLEIL
Le projet SOLEIL a pour objectif de doter la France d'une
source nationale de rayonnement synchrotron, dite " de troisième
génération ". Ce grand équipement de recherche est
conçu pour remplacer le Laboratoire d'utilisation du rayonnement
électromagnétique (LURE) d'Orsay devenu obsolète. Il
interviendra en complément de la source européenne de l'ERSF
(European Synchrotron Radiation Facility), implantée à Grenoble,
qui ne peut répondre à toutes les demandes des chercheurs du
secteur public et de l'industrie. En outre, SOLEIL doit couvrir une gamme
d'énergie de rayonnement différente de celle de l'ESRF et
permettre ainsi des travaux qui ne seraient pas possibles sur la source
européenne. Les flux de lumière des sources du LURE, environ
mille fois inférieurs à ceux des sources de troisième
génération, ne permettent pas les études de structures et
de dynamique de processus complexes vers lesquelles s'orientent les recherches
actuelles, tant en chimie qu'en physique des matériaux et en biologie.
Ce dernier secteur est devenu très demandeur, car la nouvelle
génération de sources permet d'analyser les conformations de
biomolécules de grandes dimensions ; ces nouvelles possibilités
sont d'une grande importance pour la compréhension des mécanismes
en sciences du vivant et en pharmacologie.
D'ailleurs, le conseil supérieur de la recherche et de la technologie,
dans son avis du 16 octobre dernier sur le projet de budget, regrettait la
décision de " gel " de l'implantation du projet Soleil
"
pourtant d'un grand intérêt scientifique
". Il
appelait de ses voeux "
une politique formulée sur le long
terme
" pour les grands équipements.
Bien plus, ce même avis constate que,
" bien que le
développement technologique ait souvent été
identifié comme une priorité, cela ne se traduit pas dans le BCRD
1998 de manière significative. Les crédits de soutien au
développement technologique (hors aéronautique civile)
stagnent
".
Le conseil constate, en effet, que les chapitres budgétaires 66-01 et
66-04, comprenant les dépenses en capitales relatives aux principales
aides à la recherche industrielle (ANVAR, FRT...) stagnent
(+ 0,15 % en crédits de paiement, + 0,8 % en
autorisations de programmes).
Notons toutefois que la dotation affectée aux programmes
aéronautiques civils (Airbus A340-500) progresse.
C. UNE INÉGALE RÉPARTITION DU BCRD
La ventilation par ministère des crédits
demandés fait apparaître une large prédominance des
ministères de la Recherche (74,6%) et de l'Industrie (11,91%).
Si on affine cette répartition par la mise en évidence des
dotations aux grands organismes de recherche inscrits au budget du
Ministère de la Recherche, on arrive à la ventilation suivante,
qui fait bien apparaître
les plus gros " consommateurs "
de
crédits
que sont le CNRS, le CEA, l'Espace et les autres organismes
de recherche :