AVIS n° 87 Tome VI - PROJET DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - ENERGIE
M. Jean BESSON, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 Tome VI - 1997/1998
Table des matières
-
CHAPITRE IER -
LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE L'ÉNERGIE-
I. LE MARCHÉ INTÉRIEUR DE L'ÉLECTRICITÉ ET DU GAZ NATUREL
- A. LA DIRECTIVE DU 19 DÉCEMBRE 1996 : UNE OUVERTURE LIMITÉE ET MAÎTRISÉE DU MARCHÉ DE L'ÉLECTRICITÉ
- B. DES NÉGOCIATIONS PLUS DIFFICILES POUR LE PROJET DE DIRECTIVE SUR LE MARCHÉ INTÉRIEUR DU GAZ NATUREL
- C. LE MONOPOLE D'IMPORTATION ET D'EXPORTATION D'ÉLECTRICITÉ ET DE GAZ : UN ARRÊT FAVORABLE DE LA COUR DE JUSTICE DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES
- II. VERS UNE TAXATION DES PRODUITS ÉNERGÉTIQUES ?
-
I. LE MARCHÉ INTÉRIEUR DE L'ÉLECTRICITÉ ET DU GAZ NATUREL
-
CHAPITRE II -
LE BILAN ÉNERGÉTIQUE FRANÇAIS -
CHAPITRE III -
LES AXES MAJEURS DE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE FRANÇAISE- I. L'ENGAGEMENT DE LA FRANCE DANS LA FILIÈRE NUCLÉAIRE EST RÉAFFIRMÉ
- II. LA PRIORITÉ EST DONNÉE À UNE POLITIQUE RESPECTUEUSE DE L'ENVIRONNEMENT
-
III. CONFORTER LA COMPÉTITIVITÉ DES GRANDS OPÉRATEURS FRANÇAIS EST UN AXE
MAJEUR DE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE
- A. L'ÉLECTRICITÉ
- B. LE GAZ
- C. LE PÉTROLE
- D. LE CHARBON
- EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VI
ÉNERGIE
Par M. Jean BESSON,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
11
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
L'énergie est un bien indispensable pour l'exercice de l'ensemble des
activités économiques et sociales. C'est pourquoi la politique
énergétique est fondamentale et doit constituer une
priorité, à l'échelon européen comme au niveau
français.
Il appartient au Gouvernement de faire prendre conscience à nos
partenaires européens que, l'énergie n'étant pas une
marchandise comme les autres, on ne peut laisser le fonctionnement de ce
secteur au soin du seul marché. En effet, dans ce domaine plus que dans
d'autres, les investissements s'inscrivent dans le long terme.
En outre, il nous faut anticiper les conséquences d'une
inéluctable croissance de la dépendance énergétique
de l'Europe, en particulier pour les hydrocarbures et le gaz naturel. Notre
situation en ce domaine reste, en effet, fragile eu égard aux
aléas géopolitiques, aux incertitudes pesant sur
l'évolution des prix, aux spécificités d'un marché
dominé par des monopoles ou des oligopoles et à la
nécessaire prise en compte de l'effet de serre. Ce dernier point doit
retenir toute notre attention, alors que la Conférence de Kyoto, qui se
tiendra du 1er au 10 décembre prochain, réunira 150 pays
dans le but d'obtenir une réduction de leurs émissions de gaz
à effet de serre, qui contribuent à un inquiétant
réchauffement de notre planète.
A l'échelle hexagonale, la politique énergétique doit
tendre à garantir la sécurité d'approvisionnement à
long terme et, pour ce faire, répondre à trois
préoccupations : offrir une énergie très
compétitive, affirmer les missions de service public et garantir la
sûreté des installations et des processus de traitement des
déchets nucléaires.
CHAPITRE IER -
LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE
L'ÉNERGIE
I. LE MARCHÉ INTÉRIEUR DE L'ÉLECTRICITÉ ET DU GAZ NATUREL
A. LA DIRECTIVE DU 19 DÉCEMBRE 1996 : UNE OUVERTURE LIMITÉE ET MAÎTRISÉE DU MARCHÉ DE L'ÉLECTRICITÉ
Après avoir fait l'objet de nombreuses années de négociations difficiles, la directive sur le marché intérieur de l'électricité a été adoptée par le Conseil des ministres de l'énergie le 19 décembre 1996 prenant en compte un certain nombre de thèses défendues par la France . On peut, en particulier, se féliciter que ce texte permette la coexistence en Europe, de plusieurs modes d'organisation des systèmes électriques des Etats membres, conduisant à des niveaux d'ouverture des marchés équivalents, tout en respectant les principes d'organisation choisis par les Etats, le maintien d'obligations de service public étant notamment expressément prévu par la directive.
1. L'économie générale de la directive
L'existence d'un secteur soumis à la concurrence
résulte du fait que des
clients dits
" éligibles "
peuvent contracter librement avec le
producteur de leur choix. Un niveau évolutif d'ouverture des
marchés nationaux est, à cet égard, fixé par la
directive, les Etats membres étant libres quant à la
définition des clients éligibles.
La production d'électricité est ouverte à la
concurrence
, soit par le biais de l'octroi d'autorisations à de
nouveaux producteurs, soit par le lancement d'appels d'offres pour
approvisionner le système électrique intégré. Ces
deux systèmes de l'autorisation et de l'appel d'offres doivent comporter
les mêmes garanties en termes de transparence.
Les relations entre producteurs indépendants et clients éligibles
s'effectuent sur la base d'accords commerciaux et par le moyen de
l'accès des tiers aux réseaux existants (réglementé
ou négocié), ou par l'intermédiaire de lignes directes
(restant à construire).
Cela suppose une séparation comptable des activités qui impose
aux entreprises verticalement intégrées la tenue de comptes
séparés pour leurs activités de production, de transport
et de distribution d'électricité.
On l'a dit, la possibilité est donnée aux Etats membres d'imposer
aux entreprises du secteur électrique des missions
d'intérêt économique général ou
obligations de service public
, sous réserve qu'elles soient
clairement définies, publiées, transparentes, non
discriminatoires et contrôlables.
La possibilité leur est également offerte d'introduire la mise en
oeuvre d'une
planification de long terme des investissements de
production
.
Par ailleurs, la possibilité d'organiser ou de maintenir un monopole
pour la distribution et le transport d'électricité subsiste. En
effet,
en vertu du principe de subsidiarité, qui prévoit que
la décision est prise au niveau le plus efficace sous la forme la plus
adaptée, c'est aux Etats membres qu'il appartient d'arrêter les
dispositions utiles concernant la distribution. Enfin, pour le transport,
ceux-ci peuvent désigner un gestionnaire unique du réseau.
2. Quelles conséquences pour la France ?
L'adoption de la directive devrait permettre à la
France de
conserver une maîtrise de la programmation à long
terme des investissements
, placée sous le contrôle de la
puissance publique, afin de conforter ses choix en matière de politique
et d'indépendance énergétique.
Les principes figurant dans cette directive devraient également
permettre également de
préserver le coeur du service
public
en maintenant à Electricité de France (EDF) et aux
distributeurs non nationalisés la responsabilité du service des
vingt-neuf millions de consommateurs domestiques dans les mêmes
conditions d'égalité de traitement tarifaire. Les monopoles du
transport et de la distribution de l'électricité pourront
être maintenus.
L'adoption de la directive entraînera une
ouverture limitée et
maîtrisée du marché
. Le libre accès aux
producteurs sera réservé aux gros consommateurs
d'électricité, essentiellement des entreprises industrielles,
pour qui le prix de l'énergie est un important élément de
leur prix de revient (environ 400 clients éligibles d'ici le
1er janvier 1999, 800 à partir du 1er janvier 2000
et 2.500 à compter du 1er janvier 2003, soit le tiers du
marché à cette date). Pour ces consommateurs,
l'électricité est un facteur de compétitivité, donc
de localisation, et un enjeu important en termes d'emplois.
Les missions de service public
dont EDF et les distributeurs non
nationalisés ont la charge pourront être
confirmées et
explicitées
.
EDF pourra demeurer une
entreprise publique
et conserver son
caractère intégré
, sous réserve d'appliquer
une séparation comptable de ses activités de production, de
transport et de distribution d'électricité, conformément
aux dispositions de la directive.
La directive prescrit que les Etats membres disposeront d'un délai de
deux ans après son entrée en vigueur pour en assurer
la
transposition en droit interne,
c'est-à-dire
au plus tard le
19 février 1999.
Cette transposition devra faire l'objet d'une loi qui apportera les
modifications nécessaires aux dispositions de la loi du
8 avril 1946 et
votre rapporteur pour avis demandera au ministre
d'en préciser le calendrier législatif.
B. DES NÉGOCIATIONS PLUS DIFFICILES POUR LE PROJET DE DIRECTIVE SUR LE MARCHÉ INTÉRIEUR DU GAZ NATUREL
Après cinq années de négociations
communautaires, la proposition de directive concernant des règles
communes pour le marché intérieur du gaz naturel a fait l'objet
d'un nouvel examen lors du
Conseil
extraordinaire des ministres
européens de l'énergie
du 27 octobre 1997
.
Si des avancées significatives ont été
réalisées au cours des derniers mois, deux points majeurs de la
proposition continuent cependant de poser de sérieux problèmes
à la France.
1. Des avancées significatives
Le Conseil du 27 octobre dernier a travaillé sur
la base d'une proposition de compromis de la présidence luxembourgeoise
qui emportait trois motifs de satisfaction pour la France :
- les
missions de service public
sont désormais prises en
compte de façon satisfaisante et votre commission s'en félicite ;
- le
respect de la confidentialité des informations commerciales
sensibles
est mieux assuré dans le cadre de la séparation
comptable des activités de production, de transport, de distribution et
de stockage du gaz naturel qu'impose la proposition de directive aux
entreprises gazières intégrées. Ceci est essentiel dans le
contexte de cartellisation du marché gazier ;
-
la faculté d'obtenir certaines dérogations aux
règles de l'accès au réseau pour les contrats
d'approvisionnement à long terme assortis de clauses "
take or
pay
"
est acquise. Elle permettra aux entreprises gazières
concernées -dont Gaz de France- d'honorer les contrats de ce type
qu'elles ont conclus dans le passé ou qu'elles pourront conclure
à l'avenir.
Sur ce point, des progrès importants ont été
enregistrés lors du dernier Conseil, puisque les Quinze se sont entendus
sur la procédure à suivre et sur les prérogatives
respectives de la Commission européenne et des Etats membres concernant
la délivrance de telles dérogations.
En vertu de cet accord politique, les contrats existants seront maintenus. Pour
ceux à venir, l'instance régulatrice désignée par
chaque pays décidera si une entreprise peut ou non refuser, en
dérogation à la directive, l'accès à son
réseau de transport en raison de ces contrats. Elle disposera d'une
semaine pour notifier sa décision à Bruxelles, qui se prononcera
à son tour dans les quatre semaines suivantes.
Il semble cependant que, sur ce point, certaines divergences
d'interprétation subsistent, que votre commission demandera au ministre
de clarifier
. En effet, selon le Gouvernement, la décision de l'Etat
membre serait directement applicable. Il semble, en revanche, que pour le
président luxembourgeois, c'est la Commission qui aurait le dernier mot,
l'Etat membre contestant son verdict ayant alors à faire appel à
la Cour de Justice européenne
1(
*
)
.
2. Des points de blocage non négligeables
Deux points de blocage majeurs subsistent, qui rendent la proposition de directive inacceptable en l'état par notre pays. Il s'agit de l'organisation de la distribution de gaz et du degré d'ouverture du marché gazier.
a) L'organisation de la distribution de gaz
En l'état actuel, la proposition de directive
entraînerait, purement et simplement, la suppression du quasi-monopole de
distribution confié à Gaz de France, ce qui est inacceptable.
Or, sur ce point, M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à
l'Industrie, a déclaré n'avoir reçu aucune réponse
claire, au cours du dernier Conseil, sur le caractère subsidiaire de la
distribution.
Rappelons qu'en application de l'article 88-4 de la Constitution, votre
Commission des Affaires économiques a adopté -le 22 octobre
dernier- une résolution, devenue
résolution du
Sénat
2(
*
)
, sur cette proposition de
directive et a demandé au Gouvernement
" d'obtenir que,
conformément au
principe de subsidiarité
, l'organisation
de la distribution du gaz relève de la compétence de chaque Etat
membre ".
b) Le degré d'ouverture du marché gazier
Le second point de blocage concerne le degré
d'ouverture du marché gazier. Il a été exposé dans
l'excellent rapport présenté par M. Henri Revol, au nom de
la Commission des Affaires économiques, sur la résolution
précitée
3(
*
)
.
On rappellera seulement que
l'application immédiate du double seuil
prévu
: une ouverture minimum du marché de 28 % de la
consommation annuelle totale de gaz et un seuil d'éligibilité de
25 millions de mètres cubes de gaz par an par site de consommation,
aboutirait à une ouverture brutale du marché gazier
français. Eu égard aux spécificités de notre
marché, l'objectif de mise en place progressive du marché
intérieur du gaz naturel -pourtant affirmé dans les
considérants de la proposition de directive- ne serait donc pas
respecté.
En outre, le principe de réciprocité se trouverait
bafoué.
En effet, comme le relève le rapport précité :
"
Une telle situation est inacceptable car elle serait
profondément inique et risquerait de déstabiliser brutalement le
marché français du gaz. Ceci d'autant plus que la France serait
le seul pays
4(
*
)
où de nombreux clients
industriels seraient considérés comme éligibles dès
la première phase d'ouverture du marché
. Nos
partenaires européens, dont les structures de marché sont
très différentes, auront -dans un premier temps- pour clients
éligibles les producteurs d'électricité à partir de
gaz (il s'agit là d'un marché très spécifique) et
les plus gros consommateurs industriels "
.
C'est pourquoi, dans la résolution qu'elle a adopté, votre
Commission des Affaires économiques demande au Gouvernement de veiller
à ce que l'adoption de la directive conduise à une ouverture
maîtrisée et progressive du marché français du gaz
à la concurrence et de
s'opposer
en conséquence
aux
propositions formulées par la présidence de l'Union
européenne sur ce point.
Cette proposition de directive devrait être de nouveau examinée
par le
Conseil Energie du 8 décembre prochain
.
La
France doit rester fermement sur ses positions
. La partie n'est cependant
pas gagnée, car elle se trouve assez isolée sur ce terrain.
Toutefois, la Belgique et l'Autriche lui ont apporté un soutien
fidèle jusqu'ici et l'Italie et le Danemark, un soutien plus fluctuant.
Votre commission souhaite que le Gouvernement l'informe, le moment venu, de
l'évolution de cet important dossier
.
C. LE MONOPOLE D'IMPORTATION ET D'EXPORTATION D'ÉLECTRICITÉ ET DE GAZ : UN ARRÊT FAVORABLE DE LA COUR DE JUSTICE DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES
C'est dans ce contexte de libéralisation des
marchés européens de l'énergie qu'est intervenu,
le
23 octobre 1997
, un arrêt de la Cour de Justice des
Communautés européennes (CJCE) très favorable à la
France.
Dans cet arrêt, sans cependant se prononcer sur le fond, la Cour a
rejeté un recours introduit par la Commission européenne, qui
demandait la condamnation de la France pour les droits exclusifs d'importation
et d'exportation dont bénéficient ses opérateurs publics.
Elle a prononcé trois autres arrêts similaires concernant les
monopoles d'électricité aux Pays-Bas, en Espagne et en Italie.
Dans son recours, la Commission européenne avait mis en cause la loi
française de 1946 qui a nationalisé toutes les activités
de production, transport, distribution, importation et exportation de gaz et
d'électricité en les confiant à des entreprises
nationalisées gérées par les établissements publics
EDF et GDF. Selon elle, ce monopole d'importation et d'exportation
empêcherait les producteurs des autres Etats membres de vendre
l'électricité et le gaz sur le territoire français,
entraverait la libre circulation et affecterait les conditions de
débouchés et d'approvisionnement des opérateurs des autres
Etats membres.
Le gouvernement français a soutenu à l'audience que la
suppression des droits exclusifs d'EDF et de GDF compromettrait le bon
accomplissement des obligations de service public de ces opérateurs et
rendrait difficile leur contribution à la protection et à
l'aménagement du territoire.
La Cour de justice a estimé que la Commission n'avait pas tenu compte de
ces particularités et s'était bornée à des
considérations purement juridiques, sans pour autant fournir le
fondement de ses arguments.
Selon la Cour, Bruxelles n'a pas pu
démontrer que la réglementation sur les droits exclusifs d'EDF et
de GDF avait des répercussions négatives sur le
développement des échanges communautaires
.
D'ailleurs, une telle assertion de la Commission ne se heurte-t-elle pas aux
faits
? Il faut rappeler, à cet égard, qu'EDF est le premier
exportateur mondial d'électricité, tandis que GDF figure parmi
les premiers importateurs de gaz.
On peut, dans ces conditions, se féliciter de cet arrêt qui, comme
l'a souligné M. Christian Pierret, Secrétaire d'Etat
à l'Industrie, montre
" l'évolution positive de la
perception du service public par les institutions
communautaires
".
Cette évolution ne peut que conforter la position de la France dans
le cadre des négociations concernant le marché intérieur
du gaz, même si -rappelons-le- la question de la licéité du
monopole d'importation et d'exportation reste posée, la Cour ne
s'étant pas prononcée sur le fond.
II. VERS UNE TAXATION DES PRODUITS ÉNERGÉTIQUES ?
Rappelons que le projet de directive instaurant une taxe sur
les émissions de dioxyde de carbone et sur l'énergie
présenté en mai 1992 par la Commission, puis amendé
en 1995, n'ayant pas permis d'obtenir un accord au sein de l'Union
européenne, n'est plus à l'ordre des travaux de l'Union depuis le
début de l'année 1996.
Cependant, pour répondre à l'obligation de révision du
dispositif communautaire d'imposition des huiles minérales
créé en 1992 -instaurant des taux minima d'accises qui
s'avèrent être désormais très inférieurs aux
niveaux de taxation pratiqués par les Etats membres-, et pour palier
l'échec de sa proposition de taxe mixte CO2/énergie visant
à lutter contre l'effet de serre,
la Commission européenne a
été amenée à proposer, en mars 1997, une
proposition de directive relative à la taxation des produits
énergétiques
.
A. LES OBJECTIFS ET LE CONTENU DE LA PROPOSITION DE DIRECTIVE
Cette proposition de directive propose l'instauration d'un
régime unique de taxation des produits énergétiques pour
satisfaire aux
objectifs
suivants :
- assurer la cohérence des différentes politiques
communautaires, notamment dans le domaine de l'énergie, de
l'environnement et des transports ;
- permettre la mise en place par les Etats membres de politiques
adaptées à leurs enjeux nationaux, l'expérience des
directives sur les accises ayant montré la nécessité de
flexibilité et de souplesse qu'imposent les diversités nationales
;
- favoriser une meilleure efficacité énergétique.
La proposition de directive s'appuie largement sur les directives
régissant la soumission à accises des huiles minérales.
Elle vise à élargir à l'ensemble des consommations
énergétiques les minima existants sur les huiles minérales
de façon à harmoniser les taux nationaux de taxation des produits
énergétiques, réduire les distorsions fiscales et tendre
à une plus grande neutralité fiscale entre les différentes
énergies.
Elle prévoit de taxer les produits en fonction de leur usage :
combustibles ou carburants, le montant de la taxation dans chaque Etat membre
devant être au moins égal aux minima d'accises de chacun des
produits.
Elle prévoit, par ailleurs, des possibilités de
dérogations limitées :
- les Etats membres pourraient accorder des exonérations ou des
réductions sur les énergies renouvelables, les biocarburants, la
petite hydroélectricité, le transport par rail et la chaleur
produite par cogénération ;
- ils pourraient recourir à un mécanisme de réduction
totale ou partielle de la taxe à l'égard des entreprises grosses
consommatrices d'énergie.
B. LES DIFFICULTÉS SOULEVÉES PAR LA PROPOSITION
1. Une perte de la souveraineté fiscale des Etats membres
Au motif d'améliorer le fonctionnement du marché intérieur et de lutter contre les distorsions de concurrence fiscale, la Commission crée un cadre communautaire de taxation de l'ensemble des produits énergétiques, qui a pour conséquence de limiter la souveraineté fiscale des Etats membres. Aux termes de la proposition, la France devrait appliquer, à compter de 1998, une taxation sur le GPL, le charbon, le gaz et l'électricité .
2. Une taxe sur l'énergie et non sur les émissions de CO2
La France a toujours privilégié une approche " taxation des émissions de CO2 " qui présente l'avantage de répondre efficacement au principal but recherché, à savoir la lutte contre l'effet de serre, ce qui lui conférerait un avantage compétitif certain. Rappelons, en effet, que la France émet deux fois moins de CO2 par unité de PIB que la moyenne des autres Etats membres.
3. Une taxation de l'électricité
La taxation de l'électricité proposée par la Commission serait imposée au stade de la production et non sur les combustibles utilisés pour la production de l'électricité, ce qui est contraire aux intérêts de la France dont les émissions de CO2 liées à la production d'électricité sont très faibles en raison de son parc nucléaire.
4. Une compétitivité de l'industrie communautaire insuffisamment préservée
Le projet introduit des minima communautaires sur les combustibles sans distinction des utilisateurs (industriels ou domestiques). Il prévoit cependant -on l'a vu- la possibilité de recourir à un mécanisme de réduction totale ou partielle de taxe pour les entreprises grosses consommatrices d'énergie. Ces dispositions semblent cependant difficilement applicables et insuffisantes pour préserver la compétitivité des entreprises soumises à la concurrence internationale.
CHAPITRE II -
LE BILAN ÉNERGÉTIQUE
FRANÇAIS
I. UNE LÉGÈRE PROGRESSION DE LA PRODUCTION NATIONALE D'ÉNERGIE ET DE LA CONSOMMATION
La production
nationale d'énergie primaire a
légèrement progressé en 1996, atteignant 118 Mtep
5(
*
)
, contre 116 Mtep en 1995, soit
+ 1,7 %.
Elle se répartit en charbon (5 Mtep, soit
4,3 %), pétrole (2,7 Mtep, soit 2,3 %), gaz
(2,4 Mtep, soit 2 %), énergies renouvelables (4,2 Mtep,
soit 3,6 %) et surtout électricité primaire : hydraulique
(15,5 Mtep, soit 13,1 %) et nucléaire (88,2 Mtep, soit
74,7 %).
Notons que le taux de disponibilité du parc
électronucléaire s'est encore amélioré : il a
été en moyenne de 82,7 % en 1996, contre 81 % en 1995
et 81,2 % en 1994.
La consommation
totale d'énergie primaire s'est établie,
en 1996, à 234,5 Mtep, après correction climatique, en
progression de 1,8 %
par rapport à 1995.
Elle se répartit en :
- pétrole : 40,5 %
- électricité : 37,5 %
- gaz : 13,6 %
- charbon : 6,6 %
- énergies renouvelables : 1,8 %.
Au sein de la consommation finale énergétique, qui
représente 82,3 % de la consommation totale d'énergie, le
résidentiel-tertiaire consomme près de la moitié (soit
36,5 % de la consommation totale), suivi de l'industrie (23,3 %) et
des transports (21,1 %).
L'intensité énergétique
6(
*
)
a légèrement augmenté en 1996, après deux
années de baisse successives : la croissance de la consommation
d'énergie (1,8 %) a été plus élevée que
la croissance économique (1,4 % pour le PIB marchand).
Cependant, une récente étude réalisée par
l'instance d'évaluation de la politique de maîtrise de
l'énergie mise en place dans le cadre du dispositif
interministériel d'évaluation des politiques publiques confirme
que
la France est
, avec le Japon,
l'un des pays industrialisés
qui dispose de la meilleure efficacité énergétique.
Globalement, les prix de l'énergie sont restés historiquement bas
et ont continué à dissuader les efforts de maîtrise de
l'énergie.
II. UNE DÉGRADATION DU TAUX D'INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE ET, SURTOUT, DE LA FACTURE ÉNERGÉTIQUE
Pour la quatrième année consécutive,
plus de la moitié de l'énergie consommée en France a
été produite nationalement mais le
taux d'indépendance
énergétique
a légèrement diminué et
s'est établi à
50,1 %
en 1996, contre 51 % en
1995 et 51,2 % en 1994.
La
facture énergétique
-solde entre les importations et
les exportations de produits énergétiques- s'est
élevée à 77 milliards de francs en 1996,
en hausse
de 30,9 %
par rapport à 1995. Il faut cependant garder à
l'esprit qu'en onze ans, elle a été divisée par plus de
deux en valeur (hors effets de l'inflation).
CHAPITRE III -
LES AXES MAJEURS DE LA POLITIQUE
ÉNERGÉTIQUE FRANÇAISE
I. L'ENGAGEMENT DE LA FRANCE DANS LA FILIÈRE NUCLÉAIRE EST RÉAFFIRMÉ
A. L'ÉNERGIE NUCLÉAIRE : UNE NÉCESSITÉ POUR ASSURER UN DÉVELOPPEMENT DURABLE
Dans son 25e rapport annuel,
l'Agence de l'OCDE pour
l'énergie nucléaire (AEN)
indique que plusieurs pays de
l'OCDE estiment que l'ouverture croissante des marchés de
l'électricité à la concurrence a réduit encore
davantage les perspectives d'investissement dans les centrales
nucléaires, car il faut attendre plus longtemps pour en recueillir les
bénéfices que dans le cas des centrales à combustible
fossile. Toutefois, il relève que des baisses sensibles des coûts
de l'électricité d'origine nucléaire ont été
obtenues ces dernières années, en grande partie grâce
à une augmentation des taux de disponibilité.
Surtout, un certain nombre de pays membres estiment qu'à long terme, et
peut-être à moyen terme, il faudra réinvestir dans
l'électronucléaire ne serait-ce que pour respecter les objectifs
stratégiques et les engagements pris en matière de changement
climatique.
En effet, le défi de la fourniture d'énergie au cours des
cinquante prochaines années est de fournir au moins deux fois plus
d'énergie tout en limitant les émissions de gaz à effet de
serre, en particulier le dioxyde de carbone (CO2).
En réalité, il existe aujourd'hui un panel de solutions
énergétiques pour répondre à divers types de
contraintes (économiques, géographiques, environnementales...).
Dans ce contexte, le mixte énergétique sera nécessaire
à long terme dans la perspective d'un développement durable et
pour garantir la sécurité d'approvisionnement.
Il
apparaît donc nécessaire de maintenir ouvertes toutes les options
en matière nucléaire.
C'est dans ce cadre que s'inscrit la politique tracée par le
Gouvernement.
B. LA POURSUITE DU PROGRAMME NUCLÉAIRE FRANÇAIS...
Le secrétaire d'Etat à l'industrie a
récemment réaffirmé l'engagement nucléaire de la
France.
Une série de mesures vient d'ailleurs de concrétiser
la poursuite du programme nucléaire
, en particulier :
- l'autorisation donnée à la mise en fonctionnement de la
première tranche nucléaire à Civaux ;
- la poursuite de la production de mox dans quatre tranches
supplémentaires à Chinon ;
- la diversification de la production de mox à Marcoule, pour
adapter une " ligne " aux besoins de l'étranger ;
- la continuation des contrats de retraitement par la COGEMA à la
Hague, de nouveaux contrats ayant été récemment
signés.
S'agissant de
l'avenir du programme électronucléaire
,
rappelons que le problème du renouvellement du parc ne se posera pas
avant 2010, date à laquelle commencera le déclassement des
centrales actuelles.
Mais un éclairage intéressant est fourni par l'étude sur
les " coûts de référence de la production
d'électricité " conduite, en 1997, par un groupe
animé par la direction du Gaz, de l'Electricité et du Charbon du
ministère, comprenant de nombreux experts indépendants, des
producteurs d'électricité et de représentants de
l'administration. Pour la production en " base ",
c'est-à-dire
pour des centrales fonctionnant toute l'année, qui fournissent
l'essentiel de notre électricité, la filière
nucléaire demeure a priori la filière de production
d'électricité la plus compétitive en base, dans la plupart
des hypothèses.
Mais le secteur nucléaire, de manière à rester durablement
un atout pour la France, doit aussi gérer la
question de l'aval du
cycle nucléaire
, dont le financement est déjà pris en
compte.
Cette question devra avoir trouvé des réponses
industrielles au moment du choix de renouvellement des centrales de
manière à assurer la compétitivité globale du
nucléaire à cette date.
Elle a aussi amené le Gouvernement à fixer certaines orientations
en ce domaine.
C. ... DONT LE CADRE A ÉTÉ PARTIELLEMENT REPRÉCISÉ
1. Répondre aux questions posées par l'aval du cycle
A cet égard, le Gouvernement estime que si les deux
premières voies, c'est-à-dire le stockage en couches profondes et
la séparation-transmutation ont été bien explorées,
il conviendrait en revanche de
rééquilibrer la recherche en
faveur de la troisième voie : le stockage en surface et
sub-surface.
Rappelons que la loi n° 91-1381 du 30 décembre 1991
relative aux
recherches sur la gestion des déchets radioactifs
fixe le principe d'une diversification des voies de recherche avant qu'une
décision sur un éventuel stockage en profondeur de ces
déchets ne soit soumise dans un délai de 15 ans au
législateur, si cette option est validée par le résultat
des recherches.
Ainsi, elle prévoit les études suivantes :
- aptitude des formations géologiques profondes à stocker,
dans des conditions de sûreté optimales, les déchets
fortement radioactifs et à longue durée de vie ;
- possibilité de réduire la nocivité de ces
déchets, en séparant certains des éléments les plus
toxiques pour les transformer en éléments radioactifs à
vie plus courte (retraitement poussé et transmutation) ;
- procédés de conditionnement et d'entreposage de ces
déchets.
S'agissant de la première de ces voies, la loi prévoit la
création de laboratoires souterrains.
Le Gouvernement a décidé d'autoriser l'ANDRA à
déposer les demandes d'autorisation d'installation et d'exploitation de
laboratoires souterrains pour les trois sites identifiés. L'ANDRA a
déposé les dossiers correspondants au deuxième
trimestre 1996. Les pouvoirs publics ont reçu tous les rapports des
commissions d'enquête avec avis favorable. En outre, la plupart des
collectivités locales consultées se sont prononcées pour
la construction d'un laboratoire souterrrain.
Le Gouvernement attend maintenant le rapport de l'autorité de
sûreté, la Direction de la sûreté des installations
nucléaires (DSIN) pour prendre une décision, qui devrait
être annoncée dans le courant de l'année 1998.
2. L'abandon de Superphénix
C'est dans ce contexte qu'est intervenue la décision,
annoncée par le Premier ministre devant l'Assemblée nationale, le
19 juin 1997, d'abandonner Superphénix.
Il faut, tout d'abord, rappeler que le redémarrage du
surgénérateur avait été contesté. En effet,
à la suite d'une plainte déposée par le canton de
Genève et diverses associations antinucléaires, le Conseil d'Etat
a annulée, le 28 février 1997, le décret du
11 juillet 1994 autorisant le démarrage de Superphénix,
en se fondant sur une modification des finalités assignées par ce
texte à l'installation au regard de celles indiquées dans le
dossier soumis à l'enquête publique : en effet, le
décret de 1994 stipulait que l'objectif de Superphénix
étant la recherche et la démonstration, la production
d'électricité n'était pas une priorité, alors que
le dossier mis à l'enquête publique en 1993 indiquait que
l'objectif de Superphénix était la production
d'électricité et l'acquisition de connaissances.
Mais, c'est pour des
raisons économiques
que cet abandon a
été décidé. En effet, Superphénix a
été construit à une époque où l'on
s'attendait à des tensions sur le marché de l'uranium
naturel ; or, ces tensions ne se sont pas concrétisées et ne
semblent pas devoir survenir à court ou moyen terme. En tout état
de cause, le surgénérateur n'est pas arrêté pour des
raisons de sûreté.
Le Gouvernement a également indiqué qu'il se donnait le temps de
la réflexion pour arrêter les modalités de fermeture de
Superphénix. En effet, l'abandon soulève un certain nombre de
difficultés
qui concernent essentiellement les partenaires
étrangers d'EDF dans Superphénix, l'impact sur le budget de
l'Etat, sur l'emploi, sur les collectivités locales et les implications
en termes de recherche sur les déchets nucléaires.
C'est pour tenir compte de ces difficultés que le Gouvernement a
nommé un
médiateur chargé de proposer des solutions au
plan local et régional, les modalités de l'abandon de
Superphénix devant être arrêtées d'ici
fin 1997.
3. L'adaptation de la filière de construction de réacteurs : quel avenir pour Framatome ?
L'adaptation de la filière de construction de
réacteurs, qui reste un des points forts de l'industrie
française, constitue un autre problème délicat à
résoudre et pose la question de l'avenir de
Framatome
.
L'évolution des besoins français en électricité ne
nécessite aucune commande nouvelle de tranche nucléaire avant
2010. Par ailleurs, avec le gel des programmes nucléaires dans le monde,
les possibilités d'exportation sont très réduites,
pratiquement à la Chine -où la concurrence des Etats-Unis sera
désormais très vive- et peut être l'Europe de l'Est.
Westinghouse vient, de plus, d'annoncer qu'elle renonçait, au moins
provisoirement, à vendre ses centrales nucléaires que Framatome
convoitait.
Ces perspectives ne permettent pas à Framatome d'avoir le plan de charge
nécessaire pour être en mesure, en 2010, de construire à
nouveau des centrales sur le territoire français. L'entreprise dispose
cependant de moyens financiers très importants lui permettant une
certaine mobilité dans son portefeuille d'activités, et surtout,
elle dispose de l'atout technologique accumulé depuis de nombreuses
années grâce au savoir-faire de ses salariés.
Pour les années à venir, la question de la stratégie et du
devenir de Framatome reste posée. Le Gouvernement a notamment pris acte
de la
précarité de l'équilibre de l'actionnariat
actuel.
Son souci à ce stade est d'asseoir une réflexion en
la matière sur une stratégie industrielle de long terme
clairement définie pour l'entreprise.
4. Une priorité : la sûreté nucléaire
Le maintien d'une filière nucléaire doit avoir
comme condition indispensable une politique irréprochable en
matière de sûreté nucléaire, c'est-à-dire
transparente et efficace.
Comme l'a souligné le Premier ministre dans son discours de politique
générale, le Gouvernement est conscient que des
améliorations sont possibles afin d'améliorer la cohérence
d'ensemble, la lisibilité politique et la transparence de l'organisation
française du contrôle et de l'expertise dans le domaine
nucléaire, bien que celle-ci soit globalement satisfaisante.
Le secrétaire d'Etat à l'industrie à d'ailleurs
proposé, en accord avec les ministres de l'environnement, du travail et
de la santé, la mise en place d'une mission "
afin de recueillir
l'avis du Parlement sur ce sujet
".
Il considère, en particulier, que des réponses doivent être
apportées dans les meilleurs délais à un certain nombre de
questions : liens entre culture médicale de la radioprotecton et
culture scientifique de la sûreté nucléaire, organisation
et inspection du travail pour l'ensemble des personnels travaillant sur les
sites.
D. LES DOTATIONS BUDGÉTAIRES EN FAVEUR DU CEA
A la mi-1997, l'exécution du contrat d'objectifs
signé en l'Etat et le CEA s'avérait satisfaisante. Le projet de
loi de finances pour 1998 prévoit une rebudgétisation des
crédits destinés aux investissements de recherche du CEA.
Dans ces conditions, les crédits qui lui sont affectés au titre
du budget de l'industrie représentent 5,5 fois la dotation
pour 1997. Ils s'élèvent à
325,5 millions de
francs
, tant en autorisations de programmes qu'en crédits de
paiement.
Il faut cependant rappeler à cet égard, que le CEA a
bénéficié, en 1997, d'une enveloppe de
200 millions de francs inscrite au budget de la défense, au titre
de la recherche duale -qui ne sera pas reconduite- et d'une dotation en capital
de 350 millions de francs prélevée sur le compte d'affectation
spéciale des produits des privatisation. Il n'est pas prévu de
renouveler une telle opération en 1998.
Si les préoccupations en termes d'environnement ne sont pas
étrangères à la politique menée par la France dans
le domaine nucléaire, elles se traduisent également dans d'autres
aspects de sa politique énergétique.
II. LA PRIORITÉ EST DONNÉE À UNE POLITIQUE RESPECTUEUSE DE L'ENVIRONNEMENT
Le Gouvernement ambitionne de refaire de la maîtrise de l'énergie une priorité et d'encourager la production d'énergies renouvelables.
A. ENCOURAGER L'UTILISATION RATIONNELLE DE L'ÉNERGIE
1. Un nouveau cadre juridique : la loi sur l'air
Rappelons que la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle
de
l'énergie a été promulguée le
30 décembre 1996. Elle vise à doter notre pays des
moyens de lutter plus efficacement contre la pollution atmosphérique et,
notamment, contre les pointes de pollution que connaissent
périodiquement certaines grandes agglomérations.
Elle procède également à une profonde réforme des
bases juridiques sur lesquelles repose la politique d'utilisation rationnelle
de l'énergie. Ainsi, son titre VII étend le champ
d'intervention des pouvoirs publics en divers domaines :
- fixation de seuils de performance énergétique des biens
mobiliers et immobiliers ;
- spécifications techniques des carburants et combustibles ;
- affichage des performances énergétiques des appareils
électriques et des automobiles ainsi que des consommations
énergétiques des logements ;
- encadrement de la publicité relative à
l'énergie ;
- soutien aux véhicules électriques, GNV et GPL ;
- classement des réseaux de chaleur alimentés par
énergies renouvelables ou énergies de récupération.
2. Les mesures concernant le secteur des transports
On évoquera ici les mesures récentes concernant
le secteur des transports.
En effet, en application de la loi sur l'air précitée, les
gestionnaires de " flottes publiques " de plus de
20 véhicules ont l'obligation d'intégrer au moins 20 %
de véhicules alternatifs propres lors des renouvellements de parcs.
Cette disposition devrait encourager le développement du véhicule
électrique, du véhicule au gaz de pétrole
liquéfié (GPL) et du véhicule du gaz naturel (GNV), tous
trois présentant des avantages certains en termes de respect de
l'environnement.
a) Le véhicule électrique
Le véhicule électrique est adapté pour les trajets individuels urbains. Aujourd'hui, les aides cumulées de l'Etat, d'EDF et des constructeurs (environ 20.000 francs) ramènent ce véhicule à des prix comparables au modèle thermique équivalent. Au-delà de ce mécanisme, qui n'a pas encore le succès attendu, le Gouvernement a demandé à EDF d'intensifier son action dans ce domaine, notamment en dégageant des moyens financiers nouveaux. En effet, à ce jour, moins de 4.000 véhicules électriques sont en circulation en France et plusieurs années seront encore nécessaires pour disposer de véhicules d'une nouvelle génération à l'autonomie largement étendue.
b) Le véhicule au gaz de pétrole liquéfié
La réduction, le 11 janvier 1996, de un franc
par litre de la taxe intérieure sur les produits pétroliers
(TIPP) sur le gaz de pétrole liquéfié, utilisé
comme carburant, a eu un effet très rapide sur l'évolution de sa
consommation, puisque celle-ci a augmenté d'environ 60 % au cours
de l'année 1996. Les secteurs de la distribution et de
l'équipement qui lui sont liés ont également
réalisé un bond en avant ; c'est ainsi que le parc de
véhicules pouvant utiliser du GPL carburant a pratiquement doublé
en 1996 par rapport à 1995.
Les nouvelles mesures fiscales prises dans le cadre de la loi sur l'air
devraient encore accentuer cette tendance. Citons, notamment, le remboursement
aux exploitants de réseaux de transports publics de la TIPP
jusqu'à 12.000 litres par véhicule et par an et la
possibilité d'amortissement accéléré pour
l'équipement des véhicules au GPL carburant (comme pour l'achat
de matériels de stockage, de compression et de distribution de ce
carburant).
c) Le véhicule au gaz naturel
Le véhicule au GNV est, quant à lui, en phase de
démarrage et constitue une alternative compétitive par rapport
aux autres carburants, en particulier dans le domaine des véhicules
lourds urbains tels que bus, bennes à ordures ménagères ou
véhicules de nettoiement urbain.
Son développement est souhaitable pour trois raisons essentielles :
- le GNV apporte une contribution efficace à la réduction
des émissions atmosphériques polluantes ;
- il peut constituer une diversification de notre approvisionnement en
carburant ;
- enfin, il y a là un enjeu important pour l'industrie
française. Les constructeurs et les équipementiers
français doivent être au rendez-vous de ce marché
émergent, qui connaît déjà un substantiel
développement en Amérique du Nord et qui, en Europe, est promis
à un avenir dans de nombreux pays.
Tous les partenaires ont bien perçu cette éclosion de la
filière et sont aujourd'hui mobilisés.
Les constructeurs français ont investi dans la recherche et sont
désormais en mesure de proposer des autobus conçus pour la
carburation au gaz naturel.
Gaz de France s'est fixé des objectifs ambitieux dans le cadre du
" contrat de plan " qu'il a conclu avec l'Etat :
l'entreprise
publique se propose de contribuer, avec l'ensemble des partenaires de la
filière, à la mise en service d'un parc de 2.500 véhicules
utilitaires légers et de 300 autobus à fin 1999, en
développant notamment, pour les gestionnaires de flotte, un service
complet de mise à disposition de carburant.
Cet objectif n'a cependant de chance d'être réalisé qu'avec
le concours des collectivités locales.
B. DÉVELOPPER LA PRODUCTION D'ÉNERGIES RENOUVELABLES
La France est aujourd'hui le premier pays producteur
européen d'énergies renouvelables, grâce notamment au bois
combustible et à l'hydroélectricité ; elle en tire
24 % de sa production d'énergie primaire et 13 % de sa
consommation énergétique.
Mais, elle doit s'attacher à développer davantage encore son
potentiel en ce domaine car les enjeux sont d'importance.
1. Des enjeux importants
Ces enjeux se situent à un triple niveau : économique, environnemental et en termes d'indépendance énergétique.
a) L'enjeu économique
En termes de balance des paiements
, 30 millions
de
tonnes d'équivalent-pétrole produites par énergies
renouvelables représentent environ 20 milliards de francs
d'importations évitées.
Sur le plan industriel
, les pays en voie de développement non
électrifiés, ouvrent des marchés considérables aux
énergies renouvelables pour l'électrification hors réseau
(photovoltaïque, petites éoliennes, microhydraulique) et, par
conséquent, favorisent le développement de l'activité du
secteur et son positionnement à l'export.
En matière d'emploi,
les énergies renouvelables
repésentent d'ores et déjà 40 à
50.000 emplois : 18.000 pour la production et la distribution
d'électricité d'origine hydraulique et au moins
25.000 équivalents plein-temps pour le bois combustible.
Par ailleurs, le lancement du plan " Eole 2005 " en
février 1996, d'une puissance de 250 à 500 Mw à
cette date, représente à terme la création de
1.000 emplois (construction, installation, exploitation et maintenance).
b) La protection de l'environnement
Si l'on admet que le bois combustible se substitue au fioul
et
l'hydroélectricité à de l'électricité
thermique produite dans des centrales au charbon, on peut évaluer les
émissions annuelles de gaz carbonique évitées grâce
aux énergies renouvelables à plus de 100 millions de tonnes,
soit plus du quart du total de nos émissions.
Ces énergies permettent ainsi d'éviter les pollutions
liées à l'utilisation de combustibles fossiles dont les
réserves ne sont pas infinies. Elles contribueront également au
respect de nos engagements internationaux contractés notamment dans le
cadre de la convention de Rio sur le climat.
c) L'indépendance énergétique
La contribution des énergies renouvelables est loin
d'être négligeable : elle représente le tiers de notre
production d'électricité nucléaire ou encore le double de
notre production totale de charbon, de pétrole et de gaz naturel. Elle
contribue de façon appréciable à l'indépendance
énergétique du pays.
Dans la conjoncture énergétique actuelle,
caractérisée par une offre d'énergie fossile
supérieure à la demande et un bas niveau de prix -même s'il
a récemment augmenté-, la notion d'indépendance
énergétique est certes moins vitale qu'il y a 25 ans.
Néanmoins, la situation est susceptible de changer d'ici une dizaine
d'années :
- au regard de deux scénarios envisagés par l'Agence
internationale de l'énergie (AIE) sur le prix des énergies
pour 2005 : dans l'un, le baril reste à 18 dollars mais, dans
l'autre, il passe à 28 dollars ;
- à ceci pourrait éventuellement s'ajouter une taxation des
produits énergétiques préconisée par la Commission
européenne, dont on a évoqué précédemment le
projet de directive de mars 1997 ;
- enfin, il faut rester conscient du fait que la grande majorité de
nos approvisionnements gaziers proviennent de Russie et d'Algérie, dont
les situations respectives sont imprévisibles pour les dix années
à venir.
2. Des interventions concentrées
Les interventions en ce domaine sont concentrées sur un
nombre limité de programmes aux objectifs et aux modalités bien
précisés et concernant :
- les biocarburants ;
- le plan " bois-énergie et développement
local " ;
- le développement de la petite hydraulique ;
- l'électrification par énergies renouvelables de sites
isolés ;
- la procédure IPEEFI destinée à favoriser nos
entreprises à l'export sur des marchés émergents et
à mieux bénéficier des grands programmes internationaux
dans le domaine des énergies renouvelables ;
- le programme de 20.000 chauffe-eau solaires d'ici l'an 2000
aux Antilles et à la Réunion ;
- le plan de développement éolien de 250 à
500 Mw à l'horizon 2005 : EOLE 2005.
3. Des perspectives d'avenir certaines
a) Valoriser notre potentiel dans des conditions économiquement acceptables
Le potentiel des énergies renouvelables techniquement
exploitable en France est encore considérable. Encore faut-il qu'il soit
valorisé dans des conditions économiquement acceptables. Il ne
s'agit pas de soutenir ce type d'énergie à grands renforts
d'aides publiques, au risque de nuire à la compétitivité
nationale, mais :
- d'y recourir dans toutes les niches d'utilisation où elles sont
d'ores et déjà rentables : électrification des sites
isolés, chauffage individuel au bois... ;
- de donner les impulsions nécessaires pour rendre
compétitives les filières au seuil de la
rentabilité : grand éolien relié au réseau,
chauffage collectif au bois... ;
- d'encourager la recherche dans les filières dont la
rentabilité n'est espérée qu'à moyen terme :
biocarburants, photovoltaïque raccordé au réseau...
C'est dans cette perspective que tant le précédent que l'actuel
Gouvernement ont décidé
d'améliorer les conditions
d'achat par EDF de l'électricité produite par énergies
renouvelables,
en particulier par l'énergie éolienne et par
les petites installation hydrauliques. En outre, de nouvelles mesures
sectorielles sont envisagées.
b) Les nouvelles mesures envisagées
Les mesures nouvelles envisagées dans le domaine des
énergies renouvelables concernent la valorisation du biogaz de
décharges et la promotion du solaire thermique.
Pour ce qui concerne
la valorisation du biogaz de décharges,
les
premiers travaux menés conjointement par l'ADEME et GDF devraient
conduire, dans un premier temps, à une meilleure connaissance technique
et économique des méthodes et techniques de valorisation du
biogaz de décharges, et, dans un deuxième temps, à
rechercher un partenariat avec EDF pour encourager la valorisation
électrique et/ou thermique.
S'agissant de la
proposition du solaire thermique,
le
développement de cette filière se heurte à deux obstacles
principaux : le manque de confiance des investisseurs et les coûts
encore élevés des produits. Pour franchir ces obstacles, deux
outils doivent être mis en oeuvre : la garantie de résultat
solaire pour instaurer un climat de confiance avec les investisseurs et une
aide à la structuration du marché en vue de réduire les
coûts de mise sur le marché.
Les segments de marché identifiés pouvant contribuer au
développement de cette filière sont les parcs HLM et les
bâtiments publics. Un tel programme d'action devrait prendre la forme
d'un appel à proposition auprès de régions volontaires
avec la participation, en relais, des grandes entreprises publiques EDF et GDF.
4. L'évolution des crédits destinés à l'ADEME
Si les crédits destinés à l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) enregistrent, pour 1998, une augmentation de 5,1 % pour ce qui concerne la subvention de fonctionnement (186,7 millions de francs). Ils connaissent une stabilisation à hauteur de 75 millions de francs en autorisations de programmes, les crédits de paiement étant ajustés en fonction du rythme de réalisation des opérations.
III. CONFORTER LA COMPÉTITIVITÉ DES GRANDS OPÉRATEURS FRANÇAIS EST UN AXE MAJEUR DE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE
A. L'ÉLECTRICITÉ
1. L'évolution des résultats d'EDF
a) 1996 : une évolution favorable
Le chiffre d'affaires
d'EDF a progressé de
1,3 % en 1996 (à 191,1 milliards de francs) sous l'effet d'un
mouvement de sens opposé : une progression de 4,2 % en volume
et de 2,2 % en valeur des ventes en France et un recul de 1,6 % en
volume et de 5,4 % en valeur des
exportations.
En 1996,
les investissements
se sont établis à
36,1 milliards de francs, en progression de 1,7 % par rapport
à 1995. Il convient de relever, en particulier, la hausse des
participations financières des filiales (notamment EDF-International).
L'objectif de désendettement du contrat de plan 1993-1996 a
été largement atteint,
la dette
s'élevant à
132,9 milliards de francs fin 1996.
Cette situation peut s'expliquer par quatre facteurs essentiels :
- des investissements inférieurs aux prévisions, du fait du
report d'investissement de production nucléaire et de moyens de pointe,
ainsi que de retards dans les procédures administratives de lignes de
transport ;
- un niveau d'exportation qui reste soutenu ;
- des économies de combustibles, dues à
l'hydraulicité favorable et à la bonne disponibilité du
parc nucléaire ;
- des charges financières plus faibles, en raison de
l'accélération du désendettement et de la baisse des taux.
Ces facteurs ont toutefois été partiellement compensés par
une fiscalité plus lourde et par des dépenses consacrées
au retraitement des combustibles et aux travaux de gros entretien du parc
nucléaire.
A l'horizon 2000, l'objectif est d'atteindre un niveau d'endettement de
l'ordre de 100 milliards de francs.
Les comptes de l'exercice 1996 se sont soldés par un
bénéfice de 5.874 millions de francs (contre
2.731 millions de francs en 1995).
Après un
prélèvement de l'Etat de 4 milliards de francs, le
résultat net s'est établi à 1,872 milliard de francs,
au lieu de 1,231 milliard de francs au cours de l'exercice
précédent (
+ 52 %
).
Par comparaison avec ce résultat très favorable, les perspectives
pour 1997 apparaissent moins favorables.
b) 1997 : des perspectives moins favorables
Bien que les évaluations en la matière restent
sujettes à variations, notamment sous l'effet du climat d'ici la fin de
l'année, EDF estime que
son résultat net devrait presque
diminuer de moitié en 1997
et passer de 1,9 à
1 milliard de francs environ.
Ce recul du résultat net résulterait de deux
facteurs :
- d'une part, la baisse de 4,6 % des tarifs intervenus en avril
dernier ;
- d'autre part et surtout, d'une forte augmentation du
prélèvement de l'Etat qui atteindrait 5,5 milliards de
francs de francs (contre, rappelons-le, 4 milliards en 1995).
Ces évolutions résultent de l'application du contrat d'entreprise
signé au printemps dernier entre EDF et l'Etat.
2. Le contrat d'entreprise 1997-2000
Le contrat d'entreprise entre l'Etat et Electricité de
France pour la période 1997-2000 a été
signé
mardi 8 avril 1997. Dans un cadre de relations clarifiées
avec l'Etat - que votre commission avait appelé de ses voeux
- ce
nouveau contrat d'entreprise donne à EDF les moyens de son
ambition : devenir un service public de référence en Europe
et s'affirmer comme un groupe industriel et de services, leader du secteur
électrique en France et sur les marchés internationaux.
Il précise les relations entre l'Etat et l'entreprise ainsi que les
principales orientations qu'EDF donnera à son action à moyen
terme. Trois chapitres abordent successivement les missions de service public,
l'avenir de l'entreprise et les relations avec l'Etat.
LE CONTRAT D'ENTREPRISE D'EDF POUR LA PÉRIODE 1997-2000
Le contrat renouvelle et renforce les missions
fondamentales de service public de l'entreprise :
mettre en oeuvre la
politique énergétique définie par l'Etat, assurer la
sécurité d'approvisionnement en électricité,
apporter à tout consommateur une alimentation électrique de
qualité, développer une offre de services adaptée aux
nouvelles attentes des clients. Dans le cadre de l'ouverture du secteur
électrique à la concurrence, début 1999 au plus tard,
EDF restera l'opérateur responsable du fonctionnement
équilibré et optimisé du système électrique
français. Elle pourra proposer, comme ses concurrents, des services au
clients en complément de la fourniture de kwh. Par ailleurs, le contrat
réaffirme la volonté de l'Etat de maintenir le statut actuel de
l'entreprise et celui de son personnel. En matière d'environnement, EDF
prend de nouveaux engagements et poursuivra ses actions en les inscrivant dans
la logique du développement durable.
Le contrat s'attache également à préparer l'avenir de
l'entreprise.
Il ouvre à EDF
des perspectives nouvelles de
développement en France et sur les marchés internationaux
. Ce
développement s'appuiera sur l'amélioration des performances de
l'entreprise.
Les tarifs de l'électricité baisseront en
moyenne de 14 % en francs constants d'ici l'an 2000,
faisant
ainsi des clients d'EDF les principaux bénéficiaires des efforts
de l'entreprise. L'effet cumulé de cette baisse des tarifs sur
l'économie française pour les quatre ans du contrat, à la
fois en termes d'accroissement du pouvoir d'achat des consommateurs et de
réduction des coûts pour les entreprises, est de près de
60 milliards de francs, en francs constants. La première baisse est
intervenue le 15 avril dernier : 6 % en francs constants,
soit en moyenne 4,5 % en francs courants. A ce développement, est
associée une
politique sociale
conciliant l'amélioration
de la compétitivité globale de l'entreprise, la garantie de
l'emploi, la cohésion interne et le développement de l'emploi,
notamment celui des jeunes. C'est le sens de l'accord social
" 15.000 embauches : un projet pour tous ", signé
le
31 janvier 1997.
Le contrat clarifie les relations, notamment financières, entre
l'Etat et EDF.
Dans ce cadre, le bilan d'EDF a être récemment
restructuré pour donner à l'entreprise une structure
financière plus en rapport avec sa situation économique
réelle. Par ailleurs,
les règles des
rémunération de l'Etat sont désormais
stabilisées
: une rémunération
des
dotations en capital avec un taux d'intérêt de 3 % et une
rémunération complémentaire, égale à
40 % du résultat comptable net de l'entreprise. Pour honorer ses
engagements, EDF devra poursuivre les gains de productivité, qui
permettront d'accroître de 70 milliards de francs les ressources
consacrées au développement, au
désendettement
et
à la préparation de l'avenir. EDF consacrera, en particulier, 14
à 15 milliards de francs sur quatre ans à des
investissements de développement, notamment à l'international.
B. LE GAZ
1. L'évolution des résultats de GDF
a) 1996 : un très bon exercice
Le développement des ventes en France s'est
heurté au ralentissement de l'activité économique et au
renforcement de la compétitivité des autres énergies. Des
conditions climatiques exceptionnelles (froid rigoureux en
décembre 1996) ont toutefois permis un très bon exercice
pour 1996.
Le
chiffre d'affaires
pour 1996 a progressé de 10 % par
rapport à 1995. Il a atteint 54,2 milliards de francs.
Le
résultat net
s'est élevé à
2,5 milliards de francs (+ 31,6 %)
après versement
de 1,696 milliard de francs au titre de l'impôt sur les
sociétés. Le prélèvement de l'Etat s'est
élevé à 3,5 milliards de francs et l'objectif de
désendettement de 8,4 milliards de francs sur la période
couverte par le deuxième contrat d'objectif (1994-1996) a
été atteint.
b) 1997 : une détérioration de la situation
L'amplification de la concurrence des autres énergies
(le fioul principalement, mais aussi l'électricité dont la baisse
des tarifs a été ressentie) combinée avec des conditions
climatiques devenues défavorables (dès janvier, l'hiver est
devenu doux et pluvieux) ont entraîné un net fléchissement
des ventes de gaz. Le résultat du premier semestre 1997 est, par
conséquent, en retrait par rapport à celui de la même
période de l'année précédente.
Les coûts d'approvisionnement ont connu une augmentation de près
de 25 % en raison de l'accroissement des prix du brut et de la
montée du dollar américain.
L'ensemble de ces éléments conduit à une situation
détériorée qui devrait conduire à une
révision en baisse des prévisions budgétaires, lesquelles
devront également tenir compte des nouvelles dispositions fiscales
relative à l'impôt sur les sociétés.
Le chiffre d'affaires prévisionnel pour 1997 s'établit à
56,9 milliards de francs, avec un résultat après
impôts et dividendes de 2,6 milliards de francs dans une
hypothèse de climat moyen, et la dette devrait s'élever à
13,1 milliards de francs.
2. Des perspectives d'avenir favorables
a) De bonnes perspectives de développement
Energie propre, peu polluante et bon marché, le gaz a
aujourd'hui le vent en poupe. En dépit des hausses intervenues cette
année,
son prix demeure attractif
(les tarifs domestiques
restent, en effet, inférieurs à leur niveau de 1992 en francs
constants). Il est d'ailleurs permis de penser qu'il le restera. En effet, les
réserves sont abondantes et proches. En Europe, elles ont doublé
en quinze ans, tandis que les coûts de production ont diminué de
30 à 40 %. En outre, l'introduction progressive de la concurrence
sous l'effet de la future directive exercera une pression à la baisse
des prix.
Dans ce contexte, GDF mène une
politique commerciale dynamique
qui l'amène à gagner des parts de marché. A cet
égard, il faut relever que, depuis septembre 1997, les équipes
commerciales de GDF et d'EDF, bien qu'appartenant à la même
entité commerciale : EDF-GDF Services, ont été
séparées.
b) La promotion de la cogénération
La cogénération représente d'ores et
déjà, pour GDF, 1/5 de l'accroissement de ses ventes de gaz
naturel et l'entreprise publique poursuit une forte action de promotion dans ce
domaine.
Rappelons que la cogénération consiste à produire et
valoriser simultanément de l'énergie mécanique
(transformée le plus souvent en électricité) et de
l'énergie thermique. Cette technique permet d'atteindre des rendements
de 80 à 90 %, soit plus du double des centrales électriques
classiques.
En 1994, il existait en France 570 équipements de
cogénération d'une puissance électrique de 3.100 MW et
d'une puissance thermique de 12.000 MW.
On assiste actuellement à un accroissement sensible du parc de
cogénération. Les nouveaux équipements se distinguent des
installations anciennes par leur taille généralement plus
modeste, leur technique (moteurs thermiques et quelques turbines à
combustion) et l'utilisation du gaz naturel.
Soucieux de promouvoir l'utilisation rationnelle de l'énergie, et par
voie de conséquence, les techniques de cogénération, les
pouvoirs publics ont pris plusieurs
mesures
en leur faveur, notamment
fiscales
, telles que l'amortissement exceptionnel sur un an et
l'exonération des taxes intérieures de consommation (TIPP et
TICGN). Ces mesures, qui datent du début des années 1990,
ont été récemment complétées par
l'amélioration des conditions d'achat de l'électricité
produite.
En novembre 1996, de nouvelles conditions d'achat de
l'électricité
, comportant des améliorations
importantes par rapport au système des tarifs d'achat appliqué
jusqu'à cette date,
a, en effet, été défini pour
les installations de cogénération
. Ces nouvelles conditions
de rémunération répondent aux attentes exprimées
par les cogénérateurs, en leur donnant la visibilité
à long terme dont ils ont besoin pour leurs décisions
d'investissement et en limitant les risques pesant sur les projets de
cogénération. Elles visent également à inciter
à un fonctionnement des cogénérations mieux calé
sur les besoins thermiques.
c) La poursuite de l'extension de la desserte du territoire
Le réseau de gaz naturel couvre aujourd'hui environ
70 % du territoire français.
Quatre principaux facteurs ont et vont y contribuer :
En premier lieu, les démarches entreprises par les centres EDF-GDF
Services qui ont élaboré des schémas de
développement du gaz à l'échelle du département.
Ceux-ci permettent d'avoir une vision à moyen et long terme sur les
possibilités de développement de concessions nouvelles et de
donner accès au gaz naturel à un plus grand nombre de communes,
grâce à la démarche consistant à globaliser les
résultats.
En second lieu, la réalisation de grands projets, comme l'artère
du Midi et l'artère des Hauts de France, qui favorisent la desserte dans
les territoires traversés.
En troisième lieu, les nouvelles dispositions réglementaires,
conduisant à allonger à 25 ans l'horizon des calculs
économiques.
Enfin, la loi du 12 avril 1996, qui élargit le champ d'action
des régies, devrait permettre d'accroître le nombre de communes
raccordées, dans une complémentarité qui devra être
harmonieuse entre les autorités concédantes, les régies et
Gaz de France.
C. LE PÉTROLE
1. Les résultats du secteur pétrolier : la poursuite de l'embellie
Accroissement des marges de raffinage, hausse des
résultats dans la distribution et
forte croissance des
résultats affichés par les sociétés
pétrolières européennes
: le marché en 1996 et
1997 semble contredire les prévisions les plus pessimistes sur
l'évolution de l'aval pétrolier européen.
Dans le même temps, le dollar s'est apprécié d'environ
10 % par rapport à la plupart des devises européennes,
à l'exception de la livre sterling. On peut considérer que cette
évolution était, elle aussi, assez prévisible : elle
était attendue depuis longtemps par les analystes, même s'il
était néanmoins difficile d'en préciser la date. Or, une
grande partie des coûts des raffineurs européens étant
établis en monnaies nationales, toute hausse du dollar représente
un avantage significatif. Pour un opérateur basé en France, la
croissance moyenne de la marge de raffinage a donc été de
30 % en francs français entre le premier semestre 1996 et le
premier semestre 1997. Au niveau de la distribution, l'évolution
des marges a également été positive. La hausse moyenne,
tous produits confondus, a été de 9 % dans les pays de
l'Union européenne avec des écarts très significatifs d'un
pays et d'un produit à l'autre.
Dans ce contexte, les résultats affichés par les compagnies
pétrolières françaises sont positifs.
C'est ainsi que le chiffre d'affaires consolidé du groupe
Total
pour les trois premiers trimestres de 1997 s'établit à
143,3 milliards de francs, en croissance de
14,3 %
par rapport
aux trois premiers trimestres de 1996.
Dans les secteurs du pétrole et du gaz (amont et aval), cette croissance
s'explique :
- pour 70 % environ par l'effet combiné de la variation des
taux de change et des prix des hydrocarbures et des produits
raffinés ;
- pour 25 % environ par la progression de la production
d'hydrocarbures et l'augmentation des ventes de produits raffinés ;
- pour le solde, par la progression du chiffre d'affaires de
l'activité " trading ".
Sur la même période, le chiffre d'affaires du groupe
Elf
Aquitaine
enregistre une croissance de 14 %, pour s'établir
à 190,9 milliards de francs.
2. La situation structurelle du raffinage reste cependant préoccupante
a) Le raffinage doit rétablir sa compétitivité propre
Depuis 15 ans, en dehors de quelques années
exceptionnelles (contre choc pétrolier en 1986, guerre du Golfe en
1990...), les résultats économiques nets du secteur
raffinage-distribution ont été nuls ou négatifs du fait de
marges de raffinage très insuffisantes.
En 1995 et 1996, elles se sont avérées bien inférieures
aux seuils nécessaires pour couvrir les coûts d'exploitation et
plus encore pour financer les investissements à long terme. L'embellie
très conjoncturelle du quatrième trimestre 1996 ne
s'est pas maintenue au premier trimestre 1997.
Aussi observe-t-on une
réduction notable des budgets d'investissement
du secteur raffinage
: 3 milliards de francs en 1993 ;
2,3 milliards en 1995 ; 2,2 milliards en 1996 ; 1,2 milliard
prévu en 1999. Pourtant, l'adaptation aux évolutions de la
demande (moins d'essences et de fiouls lourds, plus de gazole) et aux futures
spécifications sur les carburants (moindres teneurs en aromatiques et en
soufre notamment) vont requérir des investissements qui se chiffreront
à plusieurs milliards de francs pour chacune des raffineries,
nécessitant leur conversion profonde.
Or, du fait du développement du marché spot du brut et dans le
souci d'améliorer leur gestion, les grands groupes pétroliers ont
séparé leurs activités d'exploration/production, de
transport, de raffinage/distribution et de pétrochimie et les ont
constituées en centres de profits autonomes, chaque segment devant faire
preuve de sa propre rentabilité.
b) Un problème européen...
L'industrie européenne de raffinage traverse
actuellement une période difficile, principalement due à des
surcapacités de l'ordre de 10 %.
Il en résulte des excédents de production,
particulièrement d'essences, qui tendent à maintenir
structurellement les marges de raffinage à un niveau faible. Ce
phénomène est encore aggravé par des
déséquilibres régionaux : les taux d'utilisation des
raffineries sont voisins de 70 % dans le bassin
méditerranéen alors qu'ils sont en moyenne de 90 % en Europe
du Nord-Ouest.
La situation va en s'aggravant car les accroissements de capacité
entraînés par la modernisation des installations sont plus rapides
que la croissance du marché. Pour y remédier, trois raffineries
ont été fermées en 1995 (deux en Allemagne, une aux
Pays-Bas), suivies aujourd'hui par une raffinerie au Danemark et une autre en
Angleterre. Ces cinq fermetures représentent une capacité globale
d'environ 20 Mt/an.
Il reste
toutefois encore une soixantaine de Mt/an à supprimer
dans les prochaines années
(à titre de comparaison, la
capacité française est de 92 Mt/an).
c) ... aggravé en France par des difficultés spécifiques
Ces difficultés sont les suivantes :
-
L'avantage fiscal donné au gazole déséquilibre
le marché français des carburants routiers
. Le gazole
représente ainsi 61 % des carburants routiers, alors qu'il
n'atteint que 48 % dans l'Union européenne. Il en résulte
une inadéquation de la production des raffineries françaises,
dont les unités mises en place dans les années 1980 avaient
été conçues pour une production maximale d'essence.
-
Le programme nucléaire a réduit la demande de fioul
lourd
à un niveau inférieur de 1,3 Mt en 1996 à
la production des raffineries. Ce produit sera de plus en plus difficile
à écouler compte tenu de la réduction des teneurs en
soufre autorisées.
-
La concurrence des grandes surfaces, qui distribuent désormais
plus de 50 % des carburants, ne permet pas à la distribution de
pallier les difficultés du raffinage
. Les prix hors taxes des
carburants et les marges de transport et de distribution sont les plus faibles
d'Europe, à l'exception du Royaume-Uni où les compagnies
pétrolières ont lancé à l'automne 1995 une
vive guerre des prix contre les grandes surfaces.
d) Quelles solutions ?
Le maintien d'une industrie française du
raffinage
étant indispensable à la sécurité de
nos approvisionnements en produits raffinés,
il doit constituer un
objectif prioritaire.
Il importe que la France ne prenne pas plus que sa part dans
l'inévitable réduction de la capacité européenne.
Dans cet esprit, les sociétés pétrolières
réalisent des études pour concevoir la meilleure adaptation des
schémas de raffinage, de façon à suivre les
évolutions prévisibles des marchés en France dans les dix
années à venir et à définir les mesures à
prendre en vue de rétablir la compétitivité du raffinage
français dans un contexte européen très concurrentiel.
Pour ce qui concerne les difficultés spécifiquement
françaises, les plus lourdes de conséquences sont l'écart
de fiscalité entre le super et le gazole et le niveau anormalement bas
des marges de distribution. Dans ces domaines, un premier pas a
été fait en 1996 avec la stabilisation en francs courants du
différentiel de taxe intérieure sur les produits
pétroliers (TIPP) entre le super et le gazole et avec un ensemble de
mesures législatives portant sur la distribution.
Le projet de loi de finances pour 1998
prévoit, quant à
lui,
un relèvement uniforme de la TIPP de 8 centimes par
litre
, en maintenant l'écart en valeur absolue entre les taxes sur
les différents carburants. En valeur relative, la hausse est cependant
plus forte pour le gazole (+ 3,4 %) que pour l'essence sans plomb
(+ 2,1 %). Ceci apparaît insuffisant.
Comme l'année dernière, votre commission souhaite que le
Gouvernement ait le courage politique de réduire cet écart.
Parallèlement, des solutions devront être trouvées pour que
la compétitivité du secteur des transports routiers et du secteur
automobile n'en souffre pas
.
3. Le problème du maintien des petites stations-services
Le nombre des stations-service est en décroissance
constante depuis 1975 où l'on en comptait 42.500 et
votre commission
s'inquiète de cette évolution très néfaste pour
l'aménagement du territoire
. Aujourd'hui, il n'en subsiste plus que
18.400, parmi lesquelles 11.000 sont à la marque des raffineurs,
3.900 appartiennent à la grande distribution et 3.500 sont libres.
Le maintien de ce réseau de distribution est important en raison du
service de proximité qu'il permet. Mais il l'est tout autant pour des
raisons de sécurité d'approvisionnement, comme l'a encore
démontré la crise de novembre 1996 (blocage des grands
dépôts par les camionneurs), ainsi que la grève
récente de ces derniers.
Aussi, le gouvernement a-t-il crée, en 1991, le Comité
professionnel de la distribution des carburants dont les missions principales
sont le soutien aux détaillants par des aides appropriées et
l'étude d'actions visant à adapter le réseau aux
conditions du marché européen.
Rappelons, par ailleurs, que le Parlement a adopté, en 1996, des
dispositions législatives concernant la distribution de carburants :
- la loi du 1er juillet 1996 relative à la loyauté et
à l'équilibre des prix et de la concurrence a abrogé
l'interdiction de refus de vente et durcit les sanctions applicables à
la revente à perte. Toutefois, elle n'a pas prohibé les offres ou
pratiques de prix abusivement bas appliquées aux carburants ;
- la loi du 5 juillet 1996 relative au développement et
à la promotion du commerce et de l'artisanat a renforcé ce
dispositif et soumis à autorisation la création ou l'extension de
toute installation de distribution au détail de carburant annexée
à un magasin de moyenne ou grande surface ;
- enfin, la loi de finances pour 1997 a élargi l'assiette de la taxe
d'aide au commerce et à l'artisanat. Le complément de ressources,
estimé à 60 millions de francs par an, devait permettre de
financer de nouvelles aides pour le maintien d'un réseau suffisant de
stations-service sur l'ensemble du territoire, notamment dans les
régions rurales.
Cependant
,
le Fonds destiné à
recueillir ces sommes n'a toujours pas été doté. Votre
commission souhaite que le ministre en précise les raisons et expose la
politique que le Gouvernement entend mener en faveur des petites
stations-service.
4. Le problème de la suppression de l'avantage fiscal lié à la provision pour fluctuation des cours
L'article 6 du projet de loi de finances pour 1998
prévoit la suppression de l'avantage fiscal lié à la
provision pour fluctuation des cours, les provisions constituées devant
être réintégrées par parts égales sur une
période de trois ans. Cette provision permet aux industries
transformatrices de matières premières -dont les compagnies
pétrolières- d'atténuer les incidences des variations des
cours internationaux des matières premières.
Or, cette mesure aurait pour inconvénient de frapper des
résultats indisponibles et non réalisés. Elle
entraînerait une ponction de plus de 3 milliards de francs
d'impôt qui, même étalée sur plusieurs années,
aggraverait encore la situation de l'industrie française du raffinage
alors même que sa situation est, on l'a vu, très
dégradée.
Au cours de la première lecture du projet de loi de finances,
l'Assemblée nationale a cependant adopté un amendement qui tend
à limiter les conséquences financières de cet article,
dans des conditions que votre commission estime cependant insuffisantes.
D. LE CHARBON
1. L'application du Pacte charbonnier
Signé le 20 octobre 1994, le Pacte charbonnier
prévoit l'extinction progressive de l'extraction de charbon, tout en
garantissant l'emploi des agents du groupe. Il comporte, en effet, deux
dispositions principales :
- l'extraction du charbon prendra fin en 2005, en application d'un plan de
fermeture progressive des sites producteurs ;
- les agents de Charbonnages de France (CDF) pourront poursuivre leur
carrière jusqu'à ce qu'ils puissent bénéficier de
mesures d'âge.
L'application du Pacte s'est traduite par la fermeture des sites de La Mure
dans le Dauphiné, de Forbach en Lorraine et de Carmaux dans le Tarn.
Aucune fermeture n'est prévue pour 1998, la direction du groupe
étant chargée de soumettre à la concertation un programme
pour les années à venir.
Les mesures d'âge décidées ont concerné les mineurs
âgés d'au moins 45 ans. Pour les mineurs plus jeunes, les
incitations à la conversion ont été renforcées : en
juin 1996, les aides ont été revalorisées, passant en
moyenne de 400.000 à 600.000 francs par agent. En outre, ces aides
ne sont plus proportionnelle à l'ancienneté, afin de rajeunir
l'âge des départs. Une garantie de retour en cas de licenciement
économique avant 2005 est par ailleurs offerte, mais les conditions sont
plus avantageuses pour les agents qui y renoncent.
2. Les résultats des Charbonnages de France
Le
chiffre d'affaires
des CDF a diminué de
11 % en 1996.
Son résultat d'exploitation s'est réduit de 1,3 % et
son
résultat final s'est considérablement dégradé,
passant de + 1,6 milliard de francs en 1995 à
- 5,3 milliards en 1996.
Parallèlement,
son endettement s'est accru
dans des proportions
importantes et dépasse aujourd'hui 27 milliards de francs, contre
24 milliards de francs fin 1996.
Votre commission s'inquiète de cet accroissement de l'endettement des
Charbonnages de France
, dont la charge sera probablement supportée,
à terme, par les finances publiques.
3. Les dotations budgétaires
Rappelons que les modalités de la participation
financière de l'Etat au plan d'extinction de la production
charbonnière ont évolué. Jusqu'en 1995, l'Etat versait
à la fois une subvention d'exploitation et une contribution pour
" charges spécifiques " couvrant les charges de
l'établissement héritées du passé, comme les
remboursements d'emprunt ou les prestations aux anciens mineurs. En 1995, le
Gouvernement a décidé de ne plus verser de subvention
d'exploitation et d'autoriser parallèlement CDF à emprunter
à hauteur de 3 milliards de francs. Enfin, une dotation en capital
de 2,4 milliards de francs prélevée sur les recettes de
privatisation est venue renforcer les capitaux propres de
l'établissement en 1997.
La participation de l'Etat inscrite dans le projet de budget pour 1998
atteint un montant comparable à celle de 1997
et elle sera
versée selon les mêmes modalités. La subvention pour
charges spécifiques, imputée sur les crédits de
l'Industrie, passe en effet de 2.940 à 2.920 millions de francs et
elle devrait être complétée, comme l'année
passée, par une dotation en capital de 2,4 milliards de francs,
comptabilisées sur le compte d'affectation spéciale des recettes
de privatisation.
On peut, par ailleurs, se féliciter de la
rebudgétisation du
fonds d'industrialisation des bassins miniers,
qui a pour vocation de
favoriser l'implantation d'activités nouvelles sur les sites
charbonniers.
Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit à ce titre
140 millions de francs en autorisations de programme et
146,4 millions de francs en crédits de paiement au budget de
l'Industrie. Cette rebudgétisation a l'avantage de pérenniser
l'effort consenti par l'Etat pour la reconversion des zones concernées.
En outre, à l'occasion de sa première lecture du projet,
l'Assemblée nationale
a adopté un
amendement
majorant les crédits inscrits en faveur de ce fonds de 12 millions de
francs à la fois en autorisations de programme et en crédits de
paiement.
4. Vers une réforme du code minier ?
Les problèmes que suscitent l'application du code
minier fera l'objet de
deux questions au ministre
:
- Quelles solutions le Gouvernement envisage-t-il d'apporter au
problème des
affaissements miniers
qui touche gravement nombre de
communes minières ?
- Quand le Gouvernement envisage-t-il d'inscrire à l'ordre du jour
du Parlement le
projet de loi étendant et adaptant le code minier aux
départements d'outre-mer
, qui a déjà fait l'objet
d'une lecture par le Sénat et de deux lectures par l'Assemblée
nationale, sachant que ce texte est très attendu par les professionnels
concernés ?
*
* *
La Commission des Affaires économiques et du Plan a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits inscrits en faveur de l'énergie dans le projet de loi de finances pour 1998.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Réunie le mercredi 26 novembre 1997 sous la
Présidence de M. Jean François-Poncet, président, la
commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de
M. Jean Besson sur les crédits consacrés à
l'énergie dans le projet de loi de finances pour 1998.
Evoquant tout d'abord les dossiers européens, M. Jean Besson,
rapporteur pour avis, a rappelé que la directive sur
l'électricité, adoptée par le Conseil des ministres de
l'Energie le 19 décembre 1996, prenait en compte un certain
nombre de thèses défendues par la France. Il a souligné
qu'elle devrait permettre à notre pays de conserver une programmation
à long terme des investissements, de préserver le coeur du
service public et le caractère intégré
d'Electricité de France (EDF) et qu'elle entraînerait une
ouverture limitée et maîtrisée du marché
électrique.
Rappelant que les négociations concernant la proposition de directive
sur le marché intérieur du gaz naturel s'avéraient
beaucoup plus difficiles, il a précisé que si des avancées
significatives avaient été réalisées lors du
Conseil des ministres de l'Energie du 27 octobre 1997, deux points de
blocage majeurs subsistaient cependant, concernant l'organisation de la
distribution de gaz et le degré d'ouverture du marché gazier. Il
a souhaité que la France continue à défendre fermement ses
positions lors du Conseil du 8 décembre prochain et s'est
félicité de voir celles-ci confortées par l'arrêt du
23 octobre 1997 de la Cour de Justice des Communautés
européennes relatif au monopole d'importation et d'exportation
d'électricité et de gaz.
Le rapporteur pour avis a ensuite souligné les difficultés que
poseraient à la France l'adoption de la proposition de directive
relative à la taxation des produits énergétiques.
Puis, à propos du bilan énergétique français,
M. Jean Besson, rapporteur pour avis, a indiqué que la production
nationale d'énergie avait progressé de 1,7 %, en 1996, et la
consommation totale d'énergie primaire, de 1,8 %, mais que le taux
d'indépendance énergétique avait légèrement
diminué (à 50,1 %) et que la facture
énergétique avait enregistré une hausse de 30,9 %.
Il a alors présenté les axes majeurs de la politique
énergétique française et rappelé que le
Secrétaire d'état à l'Industrie avait récemment
réaffirmé l'engagement nucléaire de la France, qui
s'était traduit par une série de mesures concrétisant la
poursuite de notre programme nucléaire.
Soulignant la nécessité de gérer l'aval du cycle
nucléaire, il a précisé que le Gouvernement souhaitait que
soient développées les recherches sur le stockage en surface et
" sub-surface " et qu'il avait, par ailleurs, décidé
d'abandonner Superphénix pour des raisons économiques, un
médiateur étant chargé de proposer des solutions au plan
local et régional et les modalités de la fermeture devant
être prochainement arrêtées.
Dans ce contexte, il s'est félicité de la rebudgétisation
des crédits destinés aux investissements de recherche du
Commissariat à l'énergie atomique (CEA), à
325 millions de francs.
Le rapporteur pour avis a relevé que, si les préoccupations
environnementales n'étaient pas étrangères à la
politique menée par la France dans le domaine nucléaire, elles se
traduisaient également dans d'autres aspects de sa politique
énergétique, le Gouvernement ayant, en particulier, pour ambition
de refaire de la maîtrise de l'énergie une priorité et
d'encourager la production d'énergies renouvelables.
Après avoir rappelé que l'encouragement de l'utilisation
rationnelle de l'énergie s'inscrivait dans le nouveau cadre juridique de
la loi sur l'air, il a évoqué, en particulier, les mesures
récentes concernant le secteur des transports, notamment le
véhicule électrique, le véhicule au gaz de pétrole
liquéfié et le véhicule au gaz naturel.
Il a souligné que les enjeux concernant la production d'énergies
renouvelables étaient importants, tant sur le plan économique que
sur celui de l'environnement ou de l'indépendance
énergétique. Il a souhaité que la France valorise encore
davantage son potentiel en ce domaine, dans des conditions
économiquement acceptables.
Le rapporteur pour avis a indiqué que les crédits destinés
à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (ADEME) enregistraient, pour 1998, une augmentation de
5,1 % pour ce qui concernait la subvention de fonctionnement et, pour les
investissements, une stabilisation des autorisations de programmes à
hauteur de 75 millions de francs, les crédits de paiement
étant ajustés en fonction du rythme de réalisation des
opérations.
Evoquant ensuite l'évolution des différents secteurs
énergétiques, M. Jean Besson, rapporteur pour avis, a
indiqué que les résultats d'EDF avaient connu une
évolution favorable en 1996, le résultat net ayant
progressé de 52 %, mais que les perspectives pour 1997
étaient cependant moins favorables, son résultat net pouvant
diminuer de moitié, sous l'effet conjugué de la baisse des tarifs
électriques et de la forte augmentation du prélèvement de
l'Etat résultant de la clarification des relations entre l'Etat et EDF,
organisée par le nouveau contrat d'entreprise pour 1997-2000.
Il a relevé que, si Gaz de France (GDF) avait également connu un
bon exercice 1997, avec un résultat net en progression de 31,6 %,
sa situation se dégradait cependant également cette année,
ses perspectives de développement restant néanmoins très
favorables. Il a, en effet, précisé que le prix du gaz demeurait
attractif, que GDF menait une politique commerciale dynamique et
procédait, en particulier, à la promotion de la
" cogénération ", pour laquelle les conditions d'achat
par EDF avaient été améliorées.
S'agissant du secteur pétrolier, le rapporteur pour avis a
observé qu'il connaissait une certaine embellie, les compagnies
pétrolières françaises affichant des résultats
positifs et ayant vu leur chiffre d'affaires progresser au cours des trois
premiers trimestres de 1997 (+ 14,3 % pour Total et
+ 14 % pour Elf Aquitaine).
Il a souligné que la situation structurelle du raffinage restait
cependant préoccupante et avait amené les compagnies à
réduire sensiblement leur budget dans ce secteur. Il a
précisé que si ce problème se posait à un niveau
européen, il se trouvait aggravé dans notre pays par des
difficultés spécifiques, liées notamment à
l'avantage fiscal donné au gazole et à la concurrence des grandes
surfaces.
M. Jean Besson, rapporteur pour avis, a jugé que le maintien d'une
industrie française du raffinage devait constituer un objectif
prioritaire et qu'il importait que la France ne prenne pas plus que sa part
dans l'inévitable réduction de la capacité
européenne de raffinage.
Après avoir rappelé que le projet de loi de finances pour 1998
prévoyait un relèvement uniforme de la taxe intérieure sur
les produits pétroliers de huit centimes par litre, il a
souhaité, comme l'an dernier, que le Gouvernement ait le courage
politique de réduire cet écart, des solutions devant être
trouvées pour que la compétitivité du secteur du transport
routier et de l'industrie automobile n'en souffrent pas.
Abordant du problème du maintien des petites stations-service, il a
souhaité que le Gouvernement s'engage à doter le fonds
créé à cet effet.
Pour ce qui concerne le secteur du charbon, M. Jean Besson, rapporteur
pour avis, s'est inquiété de la considérable
dégradation des résultats des Charbonnages de France et de
l'accroissement de leur endettement. Il s'est félicité de la
rebudgétisation du Fonds d'industrialisation des bassins miniers. Il a
enfin proposé, d'une part, d'interroger le ministre sur les solutions
qu'il entendait apporter au problème des affaissements miniers, et
d'autre part, d'attirer son attention sur l'urgence qu'il y aurait à
inscrire à l'ordre du jour du Parlement le projet de loi étendant
et adaptant le code minier aux départements d'outre mer.
En conclusion, le rapporteur pour avis a souligné le caractère
prospectif et volontariste de ce budget et a proposé à la
commission de donner un avis favorable à l'adoption des crédits
inscrits à ce titre dans le projet de loi de finances pour 1998.
Un large échange de vues s'est alors instauré.
Après avoir déclaré partager le souhait du rapporteur pour
avis de voir les décisions en matière énergétique
s'inscrire dans le long terme, et son inquiétude devant la baisse du
taux d'indépendance énergétique, M. Dominique Braye a
rappelé que si la France bénéficiait encore d'un taux
d'indépendance élevé, elle le devait à sa politique
électronucléaire. Ce constat l'a amené à poser le
problème de l'abandon de Superphénix et à demander au
rapporteur pour avis de préciser sa position sur ces questions.
En réponse, M. Jean Besson, rapporteur pour avis, a rappelé
que le redémarrage du surgénérateur avait
été contesté et que le décret du
11 juillet 1994 l'ayant autorisé avait été
annulé par le Conseil d'Etat le 28 février 1997. Il a
insisté sur le fait que des raisons économiques, et non de
sûreté, avaient motivé cet abandon. Après avoir
indiqué que ce dossier serait examiné par la commission
d'enquête sur la politique énergétique de la France,
créée par le Sénat, il a fait état du
caractère délicat de sa situation de Sénateur socialiste
du département de la Drôme, dont la culture était
nucléaire et les élus majoritairement favorables à
Superphénix.
M. Michel Barnier a souligné l'importance des problèmes
énergétiques pour l'aménagement du territoire et pour la
vie quotidienne de tous les Français. Il a considéré que
le budget de l'énergie consacrait, sur ce dossier, une décision
que la majorité sénatoriale n'approuvait pas et qui avait
été dictée par le souci de respecter une promesse
électorale, sans que le dossier en cause ait été
réellement étudié. Il a rappelé les conditions dans
lesquelles les décisions du Gouvernement de M. Pierre
Bérégovoy, puis de celui de M. Edouard Balladur, avaient
conduit à la réouverture de Superphénix et à son
fonctionnement comme sous-générateur. Il a déploré
que, faisant fi de ces délibérations gouvernementales, l'actuel
ministre de l'environnement ait obtenu sa fermeture. Il a estimé que
l'on ne pouvait approuver ce budget qui consacrait " la fermeture
désinvolte et électoraliste " de Superphénix. Il a
regretté que le nouveau Gouvernement n'ait pas, plutôt,
procédé à une nouvelle enquête publique et a
qualifié de " politique de gribouille " la politique
menée par le Gouvernement en ce domaine, qu'il a déclarée
non conforme à l'intérêt national.
Pour autant, il a rappelé qu'il ne plaidait pas pour le " tout
nucléaire " et a évoqué le caractère
décentralisé du débat national sur l'énergie qui
s'était déroulé en 1994. Il a souhaité que le
rapporteur pour avis demande au Gouvernement quelles suites il entendait donner
aux conclusions très intéressantes de ce débat. Il a
estimé qu'il convenait de poursuivre la politique d'encouragement aux
économies d'énergie et s'est déclaré choqué
par la récente campagne de promotion lancée par EDF, tendant
à développer la consommation d'électricité.
M. Michel Barnier a regretté que le rapporteur pour avis n'ait pas
évoqué la Conférence qui se déroulera prochainement
à Kyoto sur le problème de l'effet de serre et le
réchauffement de la planète. Il a également
déploré la " timidité " du Gouvernement
français dans les négociations européennes sur ces
questions essentielles.
Il s'est enfin félicité des mesures adoptées le matin
même par le Conseil des ministres en matière de limitation de la
circulation automobile en cas de pics de pollution et tendant à
encourager les véhicules propres, mesures dont il a rappelé
qu'elles résultaient de l'application de la loi sur l'air adoptée
sous le précédent Gouvernement.
M. Jean François-Poncet, président, a remercié et
félicité l'orateur pour l'intérêt et la pertinence
de son intervention.
M. Jean Besson, rapporteur pour avis, a indiqué qu'il
évoquerait la Conférence de Kyoto dans son rapport. Il a
rappelé son souci de tenir compte à la fois de la
solidarité qui le liait au Gouvernement et de la position de la
majorité de la commission.
Mme Anne Heinis a déclaré partager les remarquables propos de
M. Michel Barnier et rendu hommage à la modération du
rapporteur pour avis et à sa recherche de solutions
équilibrées. Elle a cependant jugé qu'elle ne pouvait
suivre sa proposition sans renier ses convictions profondes. Elle a tenu
à marquer son désaccord quant aux décisions
gouvernementales concernant l'aval du cycle nucléaire. Elle a
précisé que, si l'on " cassait " ce dernier, on
laissait aux générations futures le problème fondamental
de la gestion des déchets ultimes, dont il importait de réduire
au maximum la toxicité. Soulignant l'intérêt de
Superphénix dans ce contexte -la transmutation des déchets
constituant le seul espoir en la matière- elle a qualifié la
décision du Gouvernement de fermer le surgénérateur de
" caprice idéologique ". Elle a déploré que la
France se prive ainsi d'un précieux instrument de recherche, cette
dernière pouvant, certes, être poursuivie avec la centrale
Phénix, mais sous réserve d'une importante rénovation.
Mme Anne Heinis a ensuite posé une série de questions auxquelles
il n'avait pas encore été répondu et qui montraient -selon
elle- le caractère idéologique des décisions du
Gouvernement, concernant :
- la mesure du coût du maintien de Superphénix à
l'arrêt ;
- le coût du stockage d'un " coeur " nucléaire actif,
sachant qu'il y en a un et demi en attente et que l'on ne dispose que de
l'expérience du stockage de " coeurs " usés ;
- le coût du démantèlement du surgénérateur,
dont l'évaluation demandera probablement quatre à cinq ans ;
- les problèmes posés par le retard en matière de
recherche fondamentale et par la perte de notre avance technologique qui
résulteront de l'arrêt du surgénérateur ;
- l'avenir de notre indépendance énergétique.
Tout en se déclarant hostile au " tout nucléaire ", Mme
Anne Heinis a considéré qu'on ne pouvait pas éluder les
très graves problèmes qu'elle avait évoqués et qui
justifiaient l'avis défavorable qu'elle donnerait à l'adoption
des crédits de l'énergie pour 1998.
M. Jean François-Poncet, président, a souligné la
gravité et le sérieux des interventions des différents
orateurs, qui, loin de relever d'un parti pris idéologique, mais
traduisaient le sentiment que la ministre de l'environnement avait, en quelques
jours et avec légèreté, amené le Gouvernement
à prendre des décisions qui engageaient l'avenir du pays, comme
cela avait d'ailleurs été le cas sur d'autres dossiers
essentiels, tel que le canal Rhin-Rhône. Il a fait valoir qu'il lui
paraissait inacceptable que de telles décisions aient pu être
prises sans études approfondies.
M. Désiré Debavelaere a souligné le problème du
dédommagement des pays étrangers parties prenantes aux recherches
menées dans le cadre du surgénérateur.
La commission a donné un avis défavorable à l'adoption des
crédits inscrits au titre de l'énergie dans le projet de loi de
finances pour 1998, le groupe socialiste votant en faveur de ces crédits.
1
Voir Enerpresse du
29 octobre 1997.
2
Rappelons que cette résolution reprend et complète
la proposition de résolution n° 438 de M. Jacques Oudin.
3
Voir rapport Sénat n° 32 (1997-1998)
4
Il faut, en effet, souligner que contrairement à la
plupart des autres pays de l'Union européenne, la France ne dispose pas
de telles installations. Ceci signifie que l'ouverture du marché
français concernera immédiatement les clients commerciaux de Gaz
de France, qui seront considérés comme clients éligibles.
5
Mtep : millions de tonnes-équivalent-pétrole.
6
Intensité énergétique : consommation
d'énergie primaire, corrigée du climat, divisée par le PIB
marchand en volume.