CHAPITRE IER -
UNE VOLONTÉ DE JUSTICE SOCIALE À TRAVERS
LE FINANCEMENT DES AIDES À LA PERSONNE
I. LA FORTE PROGRESSION DES CRÉDITS CONSACRÉS AUX AIDES À LA PERSONNE
Les crédits consacrés au financement des aides
à la personne s'élèvent dans le projet de budget pour 1998
à
32,655 milliards de francs
contre 29,730 milliards de
francs, soit une progression de 9,8 %.
La dotation budgétaire demandée pour 1998 se décompose
ainsi :
La contribution de l'Etat au fonds national de l'habitation (FNH), qui finance
l'aide personnalisée au logement, s'élève à
14,54 milliards de francs,
soit une progression de 9 %.
La contribution de l'Etat au fonds national d'aide au logement (FNAL) qui
finance l'allocation de logement à caractère social, est
fixée à
18,110 milliards de francs
, en hausse de
10,5 % par rapport à 1997.
DOTATIONS BUDGÉTAIRES POUR 1998
(en milliards de francs)
LFI 1997 |
AJUSTEMENT À L'ÉVOLUTION TENDANCIELLE |
MESURES DE RATIONALISATION ET D'ÉCONOMIE |
MOYENS NOUVEAU |
CONTRIBUTION DU CAS ACCESSION |
PLF 1998 |
|
FNH (article10) |
13.370 |
14.510 |
115 |
165 |
0 |
14.545 |
FNAL (article 30) |
16.360 |
18.645 |
385 |
335 |
500 |
18.110 |
TOTAL |
29.730 |
33.155 |
500 |
500 |
500 |
32.655 |
En ce qui concerne la contribution du compte d'affectation
spéciale n° 902-30 " Fonds pour l'accession à la
propriété " qui vient accroître de 500 millions
de francs les crédits destinés au FNAL, on peut s'étonner
de ce procédé, qui affecte la clarté et la
lisibilité des comptes du logement.
En effet, il faut rappeler que ce compte d'affectation spéciale est
alimenté par le prélèvement exceptionnel
opéré sur la participation à l'effort de construction des
employeurs, décidé par la loi de finances pour 1997.
Ce prélèvement exceptionnel prévu pour 1997 et 1998
représente en réalité la totalité de la collecte
annuelle du 1 % logement et doit servir à travers le compte
d'affectation spéciale, à financer le prêt à taux
zéro.
Il est regrettable que par voie d'un abondement -même de faible ampleur-
des fonds affectés par voie conventionnelle au financement de l'effort
de construction, changent d'affectation en contribuant au financement des aides
à la personne. Ceci n'est guère satisfaisant même si le
FNAL finance l'ALS-accession et l'APL-accession pour un total d'environ
800 millions de francs ; ces prestations ont certes un effet indirect sur
la construction, mais ce ne sont pas des aides à la pierre.
Le nombre de bénéficiaires des aides au logement au
31 décembre 1996 se décompose ainsi :
LOCATION |
ACCESSION |
TOTAL |
|
Aide personnelle au logement (APL) |
2.204 |
651 |
2.855 |
Allocation de logement social (ASL) |
2.079 |
63 |
2.142 |
Allocation logement familiale (ALF) |
893 |
259 |
1.152 |
TOTAL |
5.176 |
973 |
6.149 |
(milliers de bénéficiaires)
Source : Secrétariat d'état au logement
Ces statistiques ne font que confirmer la progression continue du nombre de
bénéficiaires des aides au logement depuis 1990.
De 1990 à 1996, les prestations d'aides personnelles versées ont
augmenté de 46 % et cette croissance s'explique essentiellement du
fait de la progression du nombre de bénéficiaires, qui est
passé de 4,5 millions à 6 millions soit une croissance
globale de 33 %.
La généralisation du droit à l'allocation de logement
sociale explique la très forte progression de cette prestation, qui
passe de 10,3 à 19,1 milliards de francs entre 1991 et 1994 pour un
nombre de bénéficiaires estimé à 1 million en
1991 et 1,9 million en 1994.
Outre le flux de construction de logements locatifs sociaux en PLA ouvrant
droit à l'APL, c'est surtout -sur la période- le ralentissement
de la croissance des revenus, l'augmentation du chômage et de la
précarisation des situations qui ont contribué à la
croissance du nombre de bénéficiaires.
Les éléments tirés de l'enquête nationale de 1997
sur l'occupation des logements d'habitation à loyer
modéré, établie par le Centre de recherches pour
l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC) ne font que
confirmer la précarisation croissante des personnes logées en HLM.
Le parc HLM représentait en 1992 (derniers chiffres disponibles)
40,5 % du parc locatif loué vide soit 3,4 millions
d'unités, pour 7.56 millions d'occupants, soit 13 % de
l'ensemble de la population française.
Les familles monoparentales sont deux fois plus nombreuses dans le parc social
que dans l'ensemble de la population française (15,3 % au lieu de
6,6 %).
50 % des ménages ont des ressources inférieures à
60 % du plafond-PLA. (Le seuil de 60 % du plafond des ressources PLA
correspond au plafond de ressources pour l'attribution des logements
très sociaux (PLA-TS) destinés aux familles
défavorisées.
On constate dans le parc social, un taux de chômage élevé
puisque 22,4 % des occupants actifs sont au chômage contre
12,3 % pour l'ensemble de la population.
Sur l'ensemble de la France métropolitaine, la part de logements sociaux
en zone urbaine sensible (ZUS) s'élève à 29,1 % soit
près de 996.000 logements et le nombre de logements en zone de
redynamisation rurale (ZRR) représente 3 % de l'ensemble soit
106.000 logements. Au total, un tiers du parc social est situé dans
une zone prioritaire.
On peut également rappeler la très forte progression des
crédits destinés au financement des aides personnelles aux
étudiants.
Parallèlement au " bouclage " de l'ALS, à partir de
1991, les étudiants résidant en région parisienne ou dans
les DOM ont pu percevoir l'ALS ; puis à compter du
1er janvier 1993, tout étudiant a pu y avoir droit, dès
lors qu'il occupait un logement autonome n'appartenant pas à ses
ascendants et qu'il s'acquittait d'une charge de logement.
Pour le calcul de cette aide, un plancher de revenu forfaitaire est pris en
compte qui est de 23.500 francs annuel pour 1996, mais les aides
personnelles sont versées indépendamment du fait que les parents
bénéficient ou non d'un avantage fiscal, pour l'étudiant
percevant l'allocation logement, que ce soit par l'octroi d'une demie part
supplémentaire ou d'une pension alimentaire.
En 1996, le montant des prestations logements versées aux
étudiants au titre de l'APL ou de l'ALS s'élevait à
5,8 milliards de francs pour 655 milliers de
bénéficiaires.
COÛT DES AIDES PERSONNELLES AU LOGEMENT DES
ÉTUDIANTS
ET NOMBRE DE BÉNÉFICIAIRES DEPUIS
1993
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|||||
Prestations (milliards) |
Bénéficiaires (milliers) |
Prestations (milliards) |
Bénéficiaires (milliers |
Prestations (milliards) |
Bénéficiaires (milliers) |
Prestations (milliards) |
Bénéficiaires (milliers) |
|
Au titre APL |
1,2 |
118 |
1,2 |
123 |
1,2 |
124 |
1,2 |
122 |
Au titre ALS |
3,3 |
409 |
4,2 |
474 |
4,4 |
513 |
4,6 |
533 |
TOTAL |
4,5 |
527 |
5,4 |
597 |
5,6 |
637 |
5,8 |
655 |
Un certain nombre de réformes avaient été
envisagées concernant, soit uniquement les aides personnelles
versées aux étudiants soit, plus généralement,
l'ensemble des aides, directes ou indirectes, qui leur sont affectées.
Le dernier projet envisagé consistait à créer une
allocation sociale d'étude (ASE) parallèlement à un
transfert des fonds budgétaires consacrés au paiement des aides
personnelles du ministère du Logement au ministère chargé
de l'Enseignement supérieur. Ce dispositif s'inscrivait dans la
perspective d'une refonte complète des aides aux étudiants, aides
directes telles que les aides au logement ou les bourses, et aides indirectes
telles que les aides fiscales attribuées aux parents des
étudiants.
A priori, pour le moment aucun projet de réforme ne semble
réellement à l'ordre du jour, ce qui est préoccupant, car
dans ces conditions le coût de ce dispositif ne va cesser de
croître sans toujours répondre à un strict critère
de justice sociale. De plus, il est à noter que l'existence de ce
dispositif a des effets pervers sur le marché immobilier : dans la
construction immobilière, l'offre de résidences étudiantes
est sans doute surdimensionnée et la fixation des loyers intègre
le montant de cette allocation.