2. Les crédits de la francophonie
a) Les crédits du service des affaires francophones
En 1997, les crédits d'intervention,
gérés par le service des affaires francophones ont atteint
62,7 millions de francs dont 49,7 millions de francs étaient
destinés aux opérateurs francophones sur la base des engagements
pris par la France au Sommet de Cotonou en décembre 1995 et
13 millions de francs affectés au service des affaires francophones
pour financer les subventions allouées à divers organismes et
associations francophones.
Ces crédits votés dans le cadre de la loi de finances initiale
pour 1997 ont cependant fait l'objet d'un arrêté d'annulation du 9
juillet 1997, de 2,7 millions de francs, soit de près de 21 %
des crédits du service des affaires francophones. En outre, les
crédits de ce service ont été amputés de
1,4 million de francs transférés à la direction
générale des relations culturelles, scientifiques et techniques
afin de financer l'extension de TV5 aux Etats-Unis.
Au total, les crédits du service des affaires francophones ont donc
été amputés en 1997 de 36 % par rapport aux
crédits votés par le Parlement. Votre rapporteur
s'élève avec force contre ces mesures de régulation
budgétaire qui, pour être conformes au droit, n'en altèrent
pas moins la signification de l'autorisation budgétaire
délivrée par le Parlement
.
Il dénonce le choix de la facilité qui consiste à annuler
prioritairement les crédits de la francophonie en période de
restriction. Si chaque secteur se doit de contribuer à l'effort de
rigueur budgétaire entrepris par le gouvernement, il importe de prendre
conscience de la faiblesse relative des moyens consentis par l'Etat en ce
domaine face à la " demande de France " exprimée
à l'étranger. Ces suppressions de crédits, provoquant en
cours d'exercice l'interruption de projets de coopération, rompent ainsi
des liens qui seront par la suite particulièrement difficiles à
rétablir. Ces mesures de régulation aussi
répétées que néfastes altèrent, en
définitive, l'image de la France.
Pour 1998, les crédits d'intervention du service des affaires
francophones s'élèvent à 61,7 millions de francs,
soit une baisse de 1,6 % par rapport à la loi de finances initiale
pour 1997.
Sur ce total, 53,4 millions de francs seront versés par le service
des affaires francophones au Fonds multilatéral unique (FMU) et
affectés aux programmes de coopération francophones
décidés au Sommet de Hanoi.
Si les crédits inscrits dans le projet de loi de finances ne sont pas
remis en cause lors de la présente discussion budgétaire ou en
cours d'exercice,
la faculté d'orientation du service des affaires
francophones ne trouvera donc réellement à s'exercer que sur 8,3
millions de francs,
destinés aux financements des organismes et
associations concourant à la francophonie.
Votre rapporteur constate que, depuis quatre ans, le montant des subventions
accordées à ces associations et organismes est donc passé
de 22,76 millions de francs à 8,3 millions de francs soit une
diminution de plus de 63 %. Il s'élève contre cette
réduction drastique des moyens affectés à des associations
qui jouent un rôle essentiel dans la promotion de la francophonie.
Il note, en outre, que les associations de promotion de la francophonie ne sont
pas les seuls organismes concernés par la réduction des moyens
consacrés à la francophonie. Le
Haut conseil de la
francophonie
, présidé par le président de la
République, a également vu ses moyens diminuer d'une
manière significative en 1997. Outre la réduction de sa
subvention de 1,4 à 1,2 million de francs de 1996 à 1997,
une annulation de crédits de 200.000 francs a réduit le
budget du Haut conseil pour 1997 à un million de francs, soit une
diminution de plus de 30 % par rapport à 1996.
Pour 1998, la dotation du Haut conseil s'élève à
1 million de francs, soit une reconduction des crédits pour 1997
après régulation. Ces moyens seront sans doute insuffisants pour
que le Haut conseil puisse maintenir la politique d'édition qu'il avait
menée ces dernières années.
b) La contribution de la France à la coopération francophone
La contribution annuelle de la France au financement de la
coopération multilatérale francophone s'est élevée,
pour le biennum 1996-1997, à 625,4 millions de francs qui ont
été versés aux différents opérateurs de la
francophonie. La France assure ainsi 62,4 % du financement des programmes de la
coopération francophone multilatérale. Ces crédits ne
représentent cependant que 4,7 % de la contribution de la France
à l'ensemble des institutions internationales et 1 % de l'aide publique
française au développement.
Parmi ces crédits, 276,3 millions de francs correspondent aux
contributions annuelles volontaires de la France aux programmes de
coopération multilatérale décidés au Sommet de
Cotonou et financés par le Fonds multilatéral unique (FMU).
Pour le biennum 1998-1999, la contribution annuelle de la France au financement
de la coopération multilatérale francophone devrait
s'élever à 662,6 millions de francs, soit une progression de 37,2
millions de francs et de 5,9 % par rapport à 1997.
Le tableau, ci-après, communiqué par les services de la
coopération, présente la répartition de ces
crédits par ministère et par programme.
Parmi ces crédits, ceux consacrés aux programmes de
coopération multilatérale décidés au Sommet de
Hanoi et financés par le FMU devraient s'élever à 318,3
millions de francs contre 276 millions de francs en 1997, soit une progression
de 42 millions de francs et 15 % par rapport à 1997.
Ces mesures nouvelles seront affectées aux programmes suivants :
Inforoutes 18,5 MF
Français dans les organisations internationales 15 MF
Observatoire de la démocratie 4 MF
Secrétariat général de la francophonie 2,5 MF
Fonds de soutien à la création de PME-PMI 1 MF
Programmes environnement 1 MF
Fonds francophone universitaire de la recherche 0,5 MF
Cette progression des moyens de la coopération
multilatérale francophone devrait cependant s'accompagner d'une
clarification des circuits de financement des programmes francophones. Les
crédits consacrés à la coopération
multilatérale francophone sont, en effet, éclatés entre
les budgets de huit ministères et sont gérés, au sein de
ces ministères, par plusieurs services. Comme ces différents
services et ministères ne comptabilisent pas toujours ces crédits
selon les mêmes critères, il est particulièrement difficile
d'établir de façon exhaustive quel est le montant effectif des
crédits affectés aux programmes francophones.
Cette opacité rend le travail de votre rapporteur et le contrôle
du parlement particulièrement difficile. Les services chargés de
superviser ces financements au ministère des affaires
étrangères et au secrétariat d'Etat à la
coopération éprouvent visiblement eux-mêmes les plus
grandes difficultés à y voir clair.
CONTRIBUTIONS FRANÇAISES A LA COOPÉRATION
FRANCOPHONE MULTILATÉRALE FRANCOPHONE
Prévisions pour 1998, selon les diverses sources (ministères et
autres) des diverses affectations aux opérateurs
(et autres
destinataires).
BAILLEURS |
MAE |
MIN
|
MEN
|
MIN
|
MIN
|
MJS
|
|
|
|||
AFFECTATIONS |
NUOI |
DG |
SAF |
||||||||
1) ACCT et Secrétariat Général de la Francophonie (SGF) | |||||||||||
- Budget régulier (contributions statutaires) | 63 | 63 | |||||||||
- Divers programmes | 3,50 | 19,50 | 44,50 | 4 | 6 | 2 | 1 | 2 | 82,50 | ||
1 bis) Installation du SGF | 4 | 4 | |||||||||
1 ter) Observatoire de la démocratie | 2 | 1 | 3 | ||||||||
1 quater) Français dans les organisations internationales | 2 | 2 | |||||||||
2) AUPELF-UREF | |||||||||||
- FICU | 0,50 | 0,50 | 5,50 | 0,50 | 7 | ||||||
- AUPELF - Fonctionnement (y compris traitements de coopérants) | 5,50 | 3 | 7 | 0,50 | 16 | ||||||
- UREF : divers programmes | 14 | 18,5 | 92 | 17 | 0,50 | 142 | |||||
Instituts de technologie Cambodge | 12 | 12 | |||||||||
CIDMEF | 0,60 | 0,60 | |||||||||
2 bis) Projet Transfer | 0,50 | 1 | 0,50 | 2 | |||||||
- Programme du Fonds inforoutes | 1,50 | 2,50 | 1 |
5
|
10
|
||||||
3) TV5 | |||||||||||
- Europe-Amérique-Asie océanie | 190,75 | 36 | 242,25 | ||||||||
- Afrique | 15,50 | ||||||||||
4) AIMF | 3,50 | 3,50 | 3,50 | 3,50 | 12,50 |
26,5
|
|||||
5) Université SENGHOR d'Alexandrie | 9,80 | 3,50 | 0,20 | 1 | 14,50 | ||||||
6) AUTRES AFFECTATAIRES | |||||||||||
- CONFEMEN ( Fonctionnement) | 0,80 | 0,20 | 1 | ||||||||
- CONFEJES (Fonctionnement et programmes) | 2 | 3 | 5 | ||||||||
- CIJF (comité international des jeux Francophones) | 0,42 | 0,40 | 0,82 | ||||||||
- Jeux de la Francophonie (1997 à Madagascar) | 0 | 0 |
0
|
||||||||
- AIPLF (hors coopération interparlementaire inscrit à l'ACCT pour 3,5 MF) | 0,85 | 0,10 |
1,75
|
2,7
|
|||||||
- Organisation matérielle du Sommet de 1997 à Hanoi (2) | 0 | 0 | 0 | 0 |
0
|
||||||
- FFA (Forum francophone des affaires) (hors transit par l'ACCT) | 1 | 4 |
1
|
6 | |||||||
- CAMES (conseil africain et malgache de l'enseignement supérieur) | 0,75 | 0,75 | |||||||||
- Divers | 4 | 15 | 19 | ||||||||
TOTAUX |
63 |
220,75
|
66,07 | 212,25 | 25,50 | 7,40 | 3 | 4,40 | 60,25 |
662,62
|
Le manque de transparence des circuits de financement au
niveau des pouvoirs publics français se double d'une complexité
croissante des financements au niveau des opérateurs francophones. Un
même opérateur est parfois financé directement par
plusieurs ministères concernés de différents
Etats-bailleurs de fonds, par le Fonds multilatéral unique
lui-même financé par ces différents ministères, par
d'autres fonds francophones, ainsi que par d'autres opérateurs
francophones.
Aussi, serait-il de bonne gestion de simplifier et clarifier ces circuits de
financement afin d'avoir une vision claire de l'origine et de l'utilisation de
ces crédits. L'administration française y gagnerait en
efficacité, et la francophonie en crédibilité.
c) Le recensement des crédits concourant au développement de la francophonie et à la défense de la langue française.
L'article 102 de la loi de finances pour 1987 invite le
gouvernement à dresser chaque année, à l'occasion du vote
de la loi de finances, l'inventaire des crédits consacrés par les
pouvoirs publics à la défense de la langue française et au
développement de la francophonie.
Pour 1998, cet effort est
estimé à 5.194 millions de francs en dépenses
ordinaires et crédits de paiement, soit 16 millions de francs de
plus qu'en 1997.
La présentation des crédits concourant au développement de
la francophonie et à la défense de la langue française
illustre le rôle prépondérant du ministère des
affaires étrangères qui contribue pour plus de 68 % du total
et du ministère de la coopération qui participe à hauteur
de 25 %.
Les dépenses imputées sur le budget des affaires
étrangères recouvrent principalement la subvention versée
à l'Agence pour l'enseignement français à
l'étranger (AEFE), les dépenses d'intervention concourant
à la promotion de la francophonie que ce soit l'organisation de Sommets
francophones, la coopération dans le domaine culturel et audiovisuel ou
scientifique, les dépenses de personnel des établissements
culturels pour leurs actions de promotion et d'enseignement du français,
la contribution de la France à l'Agence de coopération culturelle
et technique, à l'Union latine et à l'organisation des ministres
de l'éducation du Sud-Est asiatique.
Les crédits relevant du ministère de la coopération
(25 % du total) correspondent, quant à eux, à la subvention
versée à l'agence pour l'enseignement français à
l'étranger dans les pays du champ, aux crédits d'actions de
coopération et aux crédits du fonds d'aide et de
coopération relatifs à la promotion de la langue française.
Par ailleurs, les comptes spéciaux du Trésor visant à
soutenir l'industrie cinématographique et les organismes publics
audiovisuels apportent une contribution significative (4,5 % du total).
Cet inventaire offre certes une indication sur l'évolution et la
répartition de l'effort consenti en faveur de la francophonie. Mais,
comme le soulignait votre rapporteur l'an passé, la comptabilisation des
crédits correspondants présente, à la réflexion, un
caractère un peu superficiel. Jusqu'à quel point faut-il par
exemple considérer que les crédits attribués à
l'action culturelle du ministère de la coopération et du
développement relèvent de la francophonie ? Ne pourrait-on
pas, à l'inverse, compter dans les crédits consacrés
à la francophonie la plus grande partie du budget de l'éducation
nationale ? Dans de nombreux domaines, une clarification des
critères procédant à l'inscription des crédits dans
le tableau récapitulatif serait souhaitable de façon à
assurer la pleine transparence de l'intervention de l'Etat dans ce secteur.