MONNAIES ET MÉDAILLES
Rapporteur spécial : M. Claude HAUT
I. PRESENTATION DES CREDITS
Le budget annexe présente un caractère mixte,
qui justifie pleinement sa spécificité budgétaire : d'une
part, le service est un prestataire direct de l'Etat à qui il fournit la
monnaie métallique dont l'émission est décidée par
les pouvoirs publics ; et, d'autre part, le savoir-faire très
apprécié de la Monnaie de Paris s'exprime dans une gamme de
fabrication à caractère commercial procurant des recettes dont le
montant représente près de la moitié de son financement
total.
Le budget annexe connaît une forte augmentation (+ 20,9 %). Cette
très forte progression des crédits succède à un
mouvement identique constaté en 1997 (12,9 %) mais d'une ampleur encore
plus considérable.
Les recettes, y compris la subvention au budget annexe, passent de 863,7
millions de francs pour 1997 à 1044,8 millions de francs pour 1998, soit
une augmentation de 181,1 millions de francs. Les dépenses
d'exploitation progressent également, passant de 814,8 millions de
francs à 997,1 millions de francs (+ 22,3 %).
Comme en 1997, et ce depuis 1993, le budget annexe ne sera
équilibré que grâce à une subvention de l'Etat
fixée à 49,7 millions de francs contre 107,9 millions de francs
en 1997, soit une baisse de - 53,90 %. La subvention prévue pour 1998
retrouve un niveau comparable à celle de 1982 (63 millions de francs
prévus et 20 millions de francs effectivement versés) ; la
progression du programme de frappe, des recettes commerciales et les efforts de
rationalisation et de modernisation de l'outil de production sont les
principales causes de ce net redressement des comptes de la Monnaie de Paris.
Ainsi l'un des principaux objectifs du plan d'entreprise "Monnaie
2000"
approuvé en novembre 1996 - assurer durablement l'équilibre
budgétaire - a de bonnes chances de se réaliser pour l'ensemble
des établissements de la Monnaie à l'horizon 2000.
1. Les recettes : le début de la frappe de l'euro
Pour la deuxième année consécutive, les
prévisions de recettes - hors subvention - sont en forte progression (+
33 %) puisqu'elles s'accroissent de 740,7 millions de francs à
985,4 millions de francs. Cette hausse est due au produit prévisionnel
de ventes des monnaies françaises.
a)
Pour 1997, les recettes tirées de la cession au Trésor
des
monnaies françaises
qui représentent 63 % du budget
annexe enregistrent une hausse de 34 % passant de 409,7 millions de francs en
1997 à 622,52 millions de francs en 1998.
Cette forte hausse, quoique moins importante qu'en 1997 (+ 53 %), est due
à l'augmentation du programme de frappe. Celui-ci
s'élèvera à 2.300,99 millions de pièces (+ 76,9 %)
contre 1.300,5 millions de pièces en 1997. Comme en 1997, cette rupture
du rythme de programme de frappe par rapport aux années
précédentes (500 à 600 millions de pièces l'an)
s'inscrit dans le cadre de la frappe de l'euro.
Toutefois, contrairement à 1997, le programme de frappe pour 1998
connaît une novation ; pour la première fois, sera frappé
un contingent d'euro à face française. Sur le programme de frappe
prévu il y aura 700,99 millions de pièces françaises et
1.600 millions d'euro à face française.
Le groupe des directeurs des monnaies européennes a estimé qu'au
jour de la mise en circulation de l'euro fiduciaire, soit le 1er janvier 2002,
il conviendrait que les autorités monétaires disposent d'un stock
immédiatement disponible représentant 65 % du volume des besoins.
Leur satisfaction complète pourra être établie au cours des
mois ou années suivant le changement de système monétaire.
Dans le cas de la France, il a été établi qu'il sera
nécessaire de frapper 7,6 milliards de pièces au cours des
années 1998-2001, dès que la décision de passer à
la monnaie unique sera comme définitivement acquise ; le programme de
frappe prévu pour 1998 (1.600 millions de pièces) respecte donc
cet objectif.
L'ampleur de ce programme de frappe, qui se compare à une frappe moyenne
de 500 à 530 millions de pièces par an au cours des
dernières années, exige d'y affecter l'intégralité
des moyens de l'établissement de Pessac pendant cette période.
C'est pourquoi l'essentiel de la production des monnaies françaises qui
seront par ailleurs nécessaires pour la circulation courante, pendant
toute cette période, devra avoir été frappée
auparavant.
Ce double impératif explique l'importante augmentation du programme de
frappe en 1997 (1.300,9 millions de pièces) et 1998 (700,9 millions de
pièces), soit 2001,8 millions de pièces pour la période
1998 et 2001. 1998 sera donc la dernière année de frappe de
pièces françaises et permettra ensuite à la Monnaie de
Paris de se consacrer à la frappe de l'euro jusqu'au 1er janvier 2002.
Millions de pièces
|
1997 |
1998 |
1999* |
2000* |
2001* |
Pièces françaises |
1 300,5 |
700,9 |
0 |
0 |
0 |
Euro à face française |
0 |
1 600,0 |
2 500 |
2 500 |
1 000 |
TOTAL |
1 300,5 |
2 300,9 |
2 500 |
2 500 |
1 000 |
*prévision
Au détail le programme de frappe se présentera de la façon
suivante pour 1998.
Le produit de la cession des monnaies françaises diminue de
409,7 millions de francs à 173,0 millions de francs entre 1997 et
1998 ; cette diminution s'explique par la baisse de moitié du programme
de frappe entre 1997 (1.300 million de pièces) et 1998 (700,9 millions
de pièces). A l'effet volume, s'ajoute un effet prix puisque l'essentiel
du programme de frappe se concentre en 1998 sur les "pièces jaunes"
(0,10 F et 5 c) à faible prix de cession. S'ajoute à cela et pour
la quatrième année consécutive une baisse des prix de
cession au Trésor des monnaies courantes qui frappe surtout les
pièces à faible valeur faciale : 2 F - 13 %, 0,10 - 4,85 %, 0,05
- 18,36 %.
Le produit de la cession des euros à face française
s'élève à 449,48 millions de francs. Comme pour les
pièces métropolitaines, les prix de cession sont calculés
sur la base d'un prix de revient prévisionnel, de la valeur du
métal intrinsèque à chaque coupure et d'une partie de la
marge bénéficiaire dégagée par
l'établissement monétaire.
Les prix de cession sont les suivants :
1 euro |
0,850 F |
0,50 |
0,432 |
0,20 |
0,421 |
0,10 |
0,319 |
0,05 |
0,199 |
0,02 |
0,168 |
0,01 |
0,141 |
Il faut noter, enfin, que cette progression du programme de
frappe permet à la part des recettes de ce poste de progresser encore
dans le total des recettes du budget annexe.
|
Part des recettes de la
frappe
dans le budget annexe
|
1991 |
62,29 % |
1992 |
60,97 % |
1993 |
81,00 % |
1994 |
55,00 % |
1995 |
47,00 % |
1996 |
42,80 % |
1997 |
55,30 % |
1998 |
63,17 % |
B. Pièces Euro
b)
La vente des
monnaies de collection
françaises
connaît cette année une forte progression ;
les recettes passent de 129,3 millions de francs à 150,5 millions
de francs, soit une augmentation de + 16,3 %. L'essentiel des ventes se fait
à l'étranger (78 %).
La progression des recettes depuis 1996 tient à trois causes : le
lancement de nouveaux produits tels que les monnaies libellées en francs
et en euros, une politique de tirages plus limités, un
" marketing " direct et très ciblé. Pour la
première fois, plusieurs monnaies de collection ont été
épuisées l'année même de leur tirage.
Les principaux thèmes retenus pour 1998 sont : la coupe du monde de
football, le bicentenaire de l'Egyptologie ; par ailleurs sera
complétée la collection Grands Hommes du Panthéon
commencée en 1997. Le programme retenu dans le cadre de la coupe du
monde de football 1998 constitue l'essentiel des recettes attendues (99,87
millions de francs). Pour la première fois, la Monnaie a mis en place un
système de vente à crédit.
c)
S'agissant de la vente de
médailles, fontes et
décorations
, les recettes progresseront de 5,31 % passant de 131,02
millions de francs en 1997 à 147,50 millions de francs pour 1998. Les
bons résultats de ce secteur en 1996 et 1997 autorisent une telle
prévision. La création d'une médaille commémorative
pour les personnes ayant participé à des missions en
ex-Yougoslavie et de la "médaille d'Afrique du Nord" compensera la
quasi-disparition de la décoration "Défense nationale" due
à la suppression prochaine du service national.
Enfin, ce secteur a été dynamisé par la forte progression
des éditions particulières avec, en particulier, les jetons euros
temporaires, touristiques et les fontes d'art.
d)
Les recettes des
monnaies étrangères
s'établiront à 75 millions de francs pour 1997, en
progression de 87,5 % par rapport aux prévisions (40 millions
de francs). Pour 1998, la recette prévisionnelle est fixée
à 45 millions de francs . Grâce à une politique commerciale
active, la Monnaie de Paris a signé de nouveaux contrats (Saint
Domingue, Albanie) et est en passe de le faire avec des clients traditionnels,
notamment en Afrique. Une politique active de prospection est menée au
Moyen-Orient, illustrée par le contrat avec la Syrie. Nos principaux
concurrents sont les Britanniques, les Canadiens, les Allemands, les
Coréens et, pour la première fois, les Mexicains et les Polonais.
2. Les dépenses : une maîtrise constante
Les dépenses d'exploitation, à hauteur de 997,17 millions de francs, augmentent de 182,3 millions de francs (+ 22,3 %). Pour l'essentiel, cette forte hausse est due à celle du poste "Achats" consécutive à la hausse prévue du volume de frappe. Pour le reste, l'effort de maîtrise des dépenses engagé en 1997 est poursuivi cette année.
a)
Le poste
Achats
augmente de 48,4 %
à 568,05 millions de francs et ce, à cause de l'augmentation
du volume de frappe (+ 76,9 %) des pièces françaises et
à la frappe pour la première fois de pièces d'euros
à face française.
Comme en 1997, ce poste est le premier poste des dépenses d'exploitation
dont il représente 54,8 %.
b)
Le poste
Impôts et taxes
connaît une baisse de
1,5 % à 34,67 millions de francs, qui correspond à une
très légère diminution sur le montant de la taxe
professionnelle de l'établissement de Pessac.
c)
Le poste
Personnel
connaît également une
très légère baisse (-0,4 %) à
305,4 millions de francs. Pour 1998, il reste, comme en 1997, le
deuxième poste des dépenses d'exploitation (29,5 %).
L'évolution modérée de ce poste s'explique par une gestion
rigoureuse des effectifs. Au 1er janvier 1998, les effectifs devraient
être de 935 postes contre 948 en 1997. Les effectifs réels en
1997 ont donc continué à décroître par le biais des
départs naturels (retraites, démissions, décès) non
compensés par des recrutements. Cette diminution concerne le personnel
ouvrier puisque les effectifs des fonctionnaires techniques et d'administration
centrale restent stables.
Toutefois, l'augmentation du plan de charge due à la frappe de l'euro se
traduira sur la période 1997-1999 par l'embauche, pour compenser des
départs naturels, d'ouvriers professionnels et non professionnels, soit
au moins une trentaine.
d)
Pour les
investissements,
le volume d'investissement baisse de
2,4 % ; cela indique que le processus de modernisation de l'outil de
production est en bonne voie. Cette baisse intervient après plusieurs
années de hausse.
Les dotations inscrites pour 1998 doivent permettre la poursuite de la
modernisation des ateliers, le respect des objectifs liés à la
frappe de l'euro et la poursuite du schéma directeur informatique.