II. LA PERSISTANCE DES DIFFICULTÉS DE FINANCEMENT
Quoique contesté par les chaînes privées,
le principe d'un financement mixte combinant ressources publiques et
privées ne peut pas être remis en cause.
En revanche, ce qui perturbe le développement du secteur public, c'est
un certain nombre de déficiences structurelles qui affectent le mode et
le volume du financement public de l'audiovisuel.
Le secteur public pâtit, d'une part, de l'insuffisance de l'assiette de
la redevance et du manque de prévisibilité des fonds publics
affectés aux chaînes et, d'autre part, de la part excessive des
recettes publicitaires dans les ressources des chaînes.
A. L'INSUFFISANCE DE L'ASSIETTE DE LA REDEVANCE
L'étroitesse de l'assiette de la taxe parafiscale
finançant l'audiovisuel public est l'une des caractéristiques les
plus singulières de notre pays. Aucun autre pays démocratique ne
compte autant de foyers de téléspectateurs
exonérés. Il s'agit de la conséquence d'un décret
" télécide " datant de novembre 1982, dont il
était alors convenu de considérer qu'il s'agissait d'un geste de
solidarité sociale.
Un correctif est intervenu en décembre 1996, qui, tout en étant
contestable au regard de l'égalité entre les citoyens, ne fait
pas disparaître le besoin d'une adaptation du régime
d'exonération de la redevance.
1. Le décret " télécide " de novembre 1992 et ses conséquences
Il faut, en effet, rappeler que, si le principe des
exonérations est confirmé par l'ordonnance du
14 février 1959, leur champ d'application s'est trouvé
considérablement étendu par le décret n° 92-971
du 17 novembre 1982.
En application de ce décret, repris et complété par le
décret n° 92-304 du 30 mars 1992, sont
exonérés :
1°) les personnes physiques remplissant les conditions suivantes :
- avoir 60 ans révolus au 1er janvier de l'année en cours,
- ou bien
- être infirme ou invalide au taux minimum de 80 %,
- ne pas être passible de l'impôt sur le revenu,
c'est-à-dire avoir une cotisation d'impôt sur le revenu
inférieure au minimum de recouvrement. Cette limite est
appréciée, après réintégration des avoirs
fiscaux ou crédits d'impôts, des réductions d'impôts
et de certains revenus exonérés en France,
- ne pas être passible de l'impôt de solidarité sur la
fortune,
- vivre seul ou avec son conjoint et, éventuellement, avec des
personnes à charge ou avec d'autres personnes non passibles de
l'impôt sur le revenu, avec une tierce personne chargée d'une
assistance permanente, ou avec ses parents en ligne directe, si ceux-ci ne sont
pas eux-mêmes passibles de l'impôt sur le revenu.
2°) les établissements hospitaliers, sous réserve de ne pas
être assujettis à la TVA, habilités à recevoir les
bénéficiaires de l'aide sociale, et les établissements
hospitaliers ou de soins, à l'exception des appareils destinés
à l'usage privatif des personnels de ces établissements.
Ainsi, comme permet de le constater le tableau ci-joint,
le nombre des
comptes de redevance exonérés est passé de
1 054 000 en 1983 à 4 335 000 en 1992.
Ce quadruplement, qui aboutit à ne pas faire payer la redevance par
presque un Français sur cinq
, résulte des critères,
essentiellement d'âge et de revenus, à partir desquels sont
définies les conditions d'exonération.
Or une telle définition est lourde de conséquences pour le
rendement de la redevance en raison du vieillissement de la population et de
l'augmentation des personnes non imposables.
Certes, on s'est efforcé de réagir mais de façon trop
timide.
Ainsi,
le décret, n° 93-1314 du 20 décembre
1993, a prévu de faire passer progressivement l'âge requis pour
pouvoir bénéficier de l'exonération de la redevance de
60 à 65 ans dans les conditions suivantes
:
- relèvement de l'âge minimal de 60 à 61 ans en 1994,
- de 61 à 62 ans en 1995,
- de 62 à 63 ans en 1996,
- de 63 à 64 ans en 1997,
- de 64 à 65 ans en 1998.
Mais, après les deux premières années de mise en oeuvre,
il s'avère que l'effet de cette mesure sur l'évolution du nombre
de comptes exonérés n'a pas été celui
escompté. En effet, les comptes exonérés n'ont
diminué que de 8 483 unités en 1994 et
28 660 unités en 1995.
Une étude réalisée par le service de la redevance au
premier semestre 1996 permet d'expliquer les résultats relativement
décevants de cette mesure.
Il apparaît, en effet, que les " entrées " en
exonération se font très majoritairement au-delà de
65 ans ; près de 90 % des nouveaux exonérés
recensés par l'enquête portant sur 2 400 dossiers
reçus en avril-mai 1996, sont en effet nés avant 1931.
Dans plus de la moitié des cas, le caractère tardif de demandes
d'exonération trouve son origine dans la mise en jeu de dispositifs
fiscaux spécifiques ou concernant naturellement plus les personnes
âgées :
- soit que ces dispositifs leur bénéficient directement :
abattement accordé aux personnes de plus de 65 ans, abattement pour les
veufs ou veuves de plus 75 ans ayant une carte d'ancien combattant ou une
pension militaire d'invalide...,
- soit qu'ils intéressent plus particulièrement les personnes
âgées du fait que certaines situations sont plus fréquentes
dans cette catégorie de la population (baisse des revenus,
décès du conjoint...).
En définitive, la nouvelle mesure relative à la condition
d'âge a évité jusqu'en 1995 une réduction du produit
de la redevance liée à l'exonération, mais n'a pas
apporté véritablement de ressources nouvelles.
Ce n'est qu'à partir de l'année 1996 qu'elle a
véritablement commencé à avoir des effets significatifs
sur l'évolution du nombre de comptes exonérés : au 31
décembre 1996, celui-ci a baissé de 116 000 par rapport
à la fin 1995 et si l'on compare le niveau des comptes
exonérés au 30 juin 1997 par rapport à celui au
30 juin 1996, la baisse est encore plus nette sur ces 12 derniers
mois, puisqu'elle est voisine de 168 000 unités.
2. Le décret n° 96-1220 du 30 décembre 1996 et ses inconséquences
Pour votre rapporteur, il était clair que le
décret de 1993 n'avait pas stoppé la dynamique des
exonérations.
Telle est la raison pour laquelle il a déposé lors de la
discussion du projet de loi de finances pour 1997 un amendement restreignant le
bénéfice d'exonération en ce qui concerne les personnes
âgées, aux seules titulaires de l'allocation supplémentaire
du Fonds national de solidarité.
L'initiative n'obtint guère de soutien, ni du Sénat, ni du
ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, soucieux,
déclare-t-il de ne pas aggraver la " fracture sociale ".
Mais,
miraculeusement, elle se " réincarna ", en partie du moins,
dans le décret n° 96-1220 du 30 décembre 1996.
A partir de 1998, pour être exonéré de la redevance, il
conviendra
, pour les personnes remplissant la condition d'âge (avoir
65 ans au 1er janvier 1998),
d'être titulaire de l'allocation
supplémentaire définie aux articles L 815-2 et suivants du
code de la sécurité sociale
. Les conditions de revenus
resteront toutefois inchangées pour les invalides.
Cette mesure ne s'appliquant qu'aux nouvelles demandes d'exonérations,
le service de la redevance
devra, à compter de 1998,
gérer
deux fichiers d'exonérés au titre des
personnes âgées
: le premier concernant toutes les
demandes acceptées avant le 1er janvier 1998 (les " droits
acquis " devant continuer à être soumis à la condition
de revenu antérieure, - être non imposable - pour
être renouvelés) et le second s'appliquant aux demandes
présentées à compter du 1er janvier 1998 et soumises
à la condition de revenu nouvellement définie, le
bénéfice de l'allocation supplémentaire du Fonds national
de solidarité.
Loin de se satisfaire de ce qui n'est qu'une demi-mesure, votre rapporteur
considère que ce nouveau décret, critiquable au regard de
l'égalité des citoyens, n'est pas à la hauteur des
problèmes de financement du secteur public.
Le correctif apporté par le décret de décembre 1996
est, en effet, non seulement injuste - peut-on vraiment parler de
" droits acquis " pour certains et créer deux régimes
différents pour des personnes placées dans des situations
identiques - mais insuffisant car il ne règle pas le
problème de fond qui est la structure du financement de l'audiovisuel
public.
La situation française reste profondément malsaine. Non seulement
le taux de la redevance est plus faible qu'ailleurs. Le poids de ces
exonérations
8(
*
)
pèse de toute façon sur les
contribuables-téléspectateurs-consommateurs par le biais du
remboursement d'une partie, via le budget de l'État et, pour le reste,
via le marché publicitaire.
3. La suppression de l'automaticité des exonérations de redevance : une mesure nécessaire à l'assainissement du financement de l'audiovisuel public.
Les dispositions du décret de décembre 1996
doivent donc être étendues à tous, sans qu'il soit tenu
compte des situations acquises. Il s'agit d'une mesure conforme à
l'équité, mais également aux intérêts du
secteur public.
Le montant annuel des pertes de recettes dues aux exonérations de
redevance est estimé à 2 614 millions de francs en 1997.
L'application intégrale, sans " droits acquis ", du nouveau
régime institué par le décret de 1996 devrait rapporter
presque 1,7 milliard de francs. En effet, sachant qu'il y a actuellement
3 190 000 comptes exonérés " personnes
âgées " et que le nombre de ces comptes correspondant
à des bénéficiaires du Fonds national de solidarité
peut être estimé à 900 000, la mesure proposée
par votre rapporteur devrait a priori rapporter
(3 190 000 - 900 000) x 735 francs, soit
1 683 millions de francs
9(
*
)
.
Le dispositif actuel a, au surplus, l'inconvénient d'accroître les
frais de perception puisque le service de la redevance doit maintenant
gérer une catégorie de redevables supplémentaire.
4. La lutte contre l'évasion : un complément nécessaire
Même si l'évolution du produit de la redevance
fait apparaître d'année en année une augmentation
supérieure à celle de la taxe, traduisant les efforts entrepris
par le service de la redevance, l'évasion reste un
phénomène considérable, de l'ordre de 7 à 8 %
des ménages équipés.
L'évaluation de ce qu'il est convenu d'appeler la fraude à la
redevance recouvre en fait plusieurs situations
:
- la non déclaration d'appareils récepteurs,
- la non déclaration de la détention d'un appareil
" couleur ", pour un ménage titulaire d'un compte
" noir
et blanc ", situation qui devient marginale,
- la non déclaration d'une modification dans la situation d'un
ménage, pouvant conduire à suspendre le bénéfice de
l'exonération et à remettre le compte exonéré en
catégorie payante,
- la non déclaration d'un changement d'adresse qui, temporairement ou
définitivement, peut conduire à l'arrêt du fonctionnement
du compte.
Les cas de non déclaration de détention d'appareils
récepteurs correspondent eux-mêmes à diverses situations,
dont la fraude véritable ne représente qu'une partie :
réelle volonté d'échapper à la redevance, ou
à l'opposé, méconnaissance de la réglementation ou
bien encore négligence.
C'est pourquoi le terme " évasion ", de sens plus large,
paraît plus approprié que celui de fraude pour évoquer ces
divers types de situation, que l'on estime de la façon suivante :
A partir de l'estimation annuelle du nombre de ménages (INSEE) et du
taux de premier équipement en appareils de télévision
(INSEE, Médiamétrie ; ce taux semble maintenant
stabilisé à 95 %), le service de la redevance compare le
nombre de ménages statistiquement équipés au nombre de
comptes redevance ouverts dans ses fichiers au titre des résidences
principales (après déduction des comptes de redevance ouverts au
titre d'une activité professionnelle et des comptes de résidence
secondaire). Cette différence donne une estimation des ménages
équipés ne figurant pas dans le fichier redevance.
Ainsi, la dernière évaluation effectuée en juin 1997 a
fait apparaître un nombre de comptes manquants égal à
1,7 million correspondant à un taux d'évasion de 7,7 %.
Ce calcul
10(
*
)
permet
d'approcher assez précisément (avec une fourchette de 1 %)
le taux d'évasion à la taxe, apprécié en importance
et en pourcentage du nombre de comptes manquants. Ce taux représente,
bien entendu, la valeur de référence moyenne pour l'ensemble du
territoire, avec des variations selon les secteurs géographiques.
Ces chiffres doivent néanmoins être remis dans leur contexte, si
l'on veut apprécier les gains à escompter d'un renforcement des
contrôles.
D'une part, le fait qu'il y ait un nombre plus important de
ménages
11(
*
)
ne
signifie pas pour autant qu'il y ait un nombre plus important de redevables, au
regard de la " notion de foyer " retenue par l'assiette de
la
redevance (ainsi plusieurs ménages, au sens fiscal, vivant sous le
même toit, ne sont redevables que d'une redevance par foyer).
D'autre part, dans les 1,7 million de comptes manquants, existe une part
d'évasion incompressible en raison de son constant renouvellement
dû aux mouvements de population, à l'arrivée de nouveaux
détenteurs et au renouvellement permanent du fichier.
Cette évasion incompressible est estimée par le service de la
redevance à 4 % du nombre de détenteurs d'appareils.
L'enjeu des contrôles porte donc sur 3 à 4 % des
ménages équipés, soit près de
800 000 comptes à ouvrir, correspondant à environ
500 millions de recettes supplémentaires.
Des mesures ont déjà été prises pour réduire
cette évasion. En particulier à l'initiative de votre rapporteur,
la loi n° 96-314 du 12 avril 1996 permet la communication du
fichier de la taxe d'habitation au service de la redevance de l'audiovisuel.
En effet, il a fallu tenir compte de l'avis de la Commission nationale de
l'informatique et des libertés - délibération
n° 93-058 et avis n° 95-154 - selon lequel
" l'utilisation par un service, qui n'est pas chargé du
recouvrement d'un impôt ou d'un droit, d'informations couvertes par le
secret fiscal doit être autorisée par une disposition
législative levant expressément le secret professionnel ".
Cette mesure, opérationnelle dès 1997, a pour effet
d'accroître la productivité du service puisque le rapprochement
des fichiers redevance et taxe d'habitation permet, à moyens en
personnels équivalents, d'augmenter sensiblement les ouvertures de
comptes et d'élargir dans les meilleures conditions de rendement,
l'assiette de la taxe.
Maintenant,
des progrès pourraient encore être faits dans la
lutte contre l'évasion.
Si l'on peut comprendre qu'on ne puisse
avoir accès aux fichiers des sociétés qui commercialisent
les abonnements au câble et au satellite, il devrait être possible
d'exiger des vendeurs qu'ils demandent aux souscripteurs de fournir nom et
adresse, voire le numéro de compte redevance, et qu'ils satisfassent aux
mêmes types d'obligation que celles imposées pour la vente des
téléviseurs. Dans le même ordre d'idée, la vente de
paraboles pourrait être soumise au même régime administratif
- tenue d'un registre - que les appareils de télévision
Situation au 31 juillet 1997
Répartition générale
|
Payants |
Non payants |
Total |
Métropole |
16 544 524 |
3 755 131 |
20 299 655 |
Outre-mer |
255 772 |
48 803 |
304 575 |
|
16 800 296 |
3 803 934 |
20 604 230 |
Comptes en instance de transfert |
34 037 |
1 139 |
35 176 |
Total général |
16 834 333 |
3 805 073 |
20 639 406 |
Répartition par région
N° |
Région |
Payants |
Non payants |
Total |
|
Nord |
|
|
|
59 |
Nord |
692 551 |
164 153 |
856 704 |
62 |
Pas-de-Calais |
382 773 |
118 634 |
501 407 |
|
|
1 075 324 |
282 787 |
1 358 111 |
|
Picardie |
|
|
|
2 |
Aisne |
152 066 |
38 801 |
190 867 |
60 |
Oise |
216 196 |
34 511 |
250 707 |
80 |
Somme |
155 885 |
42 947 |
198 832 |
|
|
524 147 |
116 259 |
640 406 |
|
Haute-Normandie |
|
|
|
27 |
Eure |
154 078 |
28 359 |
182 437 |
76 |
Seine-Maritime |
369 436 |
74 871 |
444 307 |
|
|
523 514 |
103 230 |
626 744 |
|
Basse-Normandie |
|
|
|
14 |
Calvados |
181 083 |
41 265 |
222 348 |
50 |
Manche |
132 867 |
46 383 |
179 250 |
61 |
Orne |
79 540 |
27 510 |
107 050 |
|
|
393 490 |
115 158 |
508 648 |
|
Ile-de-France |
|
|
|
75 |
Paris |
674 079 |
82 329 |
756 408 |
77 |
Seine-et-Marne |
330 584 |
36 938 |
367 522 |
78 |
Yvelines |
388 080 |
29 675 |
417 755 |
91 |
Essonne |
321 167 |
26 504 |
347 671 |
92 |
Hauts-de-Seine |
431 185 |
38 973 |
470 158 |
93 |
Seine-Saint-Denis |
357 610 |
51 167 |
408 777 |
94 |
Val-de-Marne |
358 604 |
39 842 |
396 446 |
95 |
Val d'Oise |
304 765 |
31 115 |
335 880 |
|
|
3 166 074 |
336 543 |
3 502 617 |
|
Champagne |
|
|
|
8 |
Ardennes |
83 082 |
22 305 |
105 387 |
10 |
Aube |
91 712 |
19 069 |
110 781 |
51 |
Marne |
172 222 |
27 992 |
200 214 |
52 |
Haute-Marne |
58 085 |
16 790 |
74 875 |
|
|
405 101 |
86 156 |
491 257 |
N° |
Région |
Payants |
Non payants |
Total |
|
Lorraine |
|
|
|
54 |
Mthe et Melle |
207 148 |
44 066 |
251 214 |
55 |
Meuse |
56 602 |
16 765 |
73 367 |
57 |
Moselle |
287 816 |
64 122 |
351 838 |
88 |
Vosges |
109 952 |
30 459 |
140 411 |
|
|
661 518 |
155 412 |
816 930 |
|
Alsace |
|
|
|
67 |
Bas-Rhin |
293 411 |
48 161 |
341 582 |
68 |
Haut-Rhin |
214 303 |
33 026 |
247 329 |
|
Bretagne |
|
|
|
22 |
Côtes d'Armor |
156 158 |
57 343 |
213 501 |
29 |
Finistère |
243 453 |
77 311 |
320 764 |
35 |
Ille-et-Vilaine |
233 464 |
61 643 |
295 107 |
56 |
Morbihan |
181 977 |
55 790 |
237 767 |
|
|
815 052 |
252 087 |
1 067 139 |
|
Pays de la Loire |
|
|
|
44 |
Loire-Atlantique |
322 805 |
68 107 |
390 912 |
49 |
Maine et Loire |
194 665 |
52 684 |
247 249 |
53 |
Mayenne |
76 338 |
26 227 |
102 565 |
72 |
Sarthe |
157 780 |
38 983 |
196 763 |
85 |
Vendée |
147 860 |
47 274 |
195 763 |
|
|
899 448 |
233 175 |
1 132 623 |
|
Centre |
|
|
|
18 |
Cher |
97 499 |
26 440 |
123 939 |
28 |
Eure-et-Loir |
120 705 |
22 625 |
143 330 |
36 |
Indre |
69 653 |
24 235 |
93 888 |
37 |
Indre-et-Loire |
163 468 |
36 949 |
200 417 |
41 |
Loir-et-Cher |
94 916 |
24 015 |
118 931 |
45 |
Loiret |
186 242 |
31 775 |
218 020 |
|
|
732 483 |
166 042 |
898 525 |
|
Bourgogne |
|
|
|
21 |
Côte d'Or |
149 918 |
28 911 |
178 829 |
58 |
Nièvre |
71 664 |
20 245 |
91 909 |
71 |
Saône-et-Loire |
163 143 |
46 778 |
209 921 |
89 |
Yonne |
104 177 |
23 331 |
127 508 |
|
|
488 902 |
119 265 |
608 167 |
B. LA PART EXCESSIVE DES RECETTES PUBLICITAIRES
L'année dernière notre rapport tirait une fois de plus la sonnette d'alarme : il y a trois fois plus de messages publicitaires à la télévision qu'il y a 10 ans !
Trois fois plus de messages publicitaires à la
télévision en dix ans
|
1986 |
1987* |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992** |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Nombre de spots |
140 317 |
174 819 |
167 964 |
228 381 |
252 164 |
294 221 |
307 216 |
329 432 |
374 105 |
429 928 |
|
Durée annuelle (1) |
52 970 |
62 806 |
57 962 |
78 743 |
89 306 |
102 127 |
106 261 |
110 271 |
126 646 |
148 540 |
|
Nombre de marques |
1 746 |
2 049 |
2 023 |
2 221 |
2 436 |
2 567 |
2 731 |
3 059 |
3 423 |
3 577 |
|
* Début de M6
** Arrêt de La 5
(1) En minutes
Les excès de publicité sur les écrans publics sont
responsables de cette course à l'audience qui ont pu faire
dériver France Télévision mais ils pourraient
également faire déraper l'ensemble du secteur car trop de pub tue
la pub !
Il faut rétrospectivement comprendre qu'il n'est pas possible
d'accorder de généreuses exonérations, de créer de
nouvelles chaînes sans donner au secteur public les ressources dont il a
besoin
.
Faire reposer le financement du secteur public sur la publicité,
c'est changer les règles du jeu et substituer une logique commerciale
à celle du service public.
Dépasser le seuil de 50% de recettes publicitaires et de parrainage, ce
qui s'est produit pour la première fois en 1997 pour France 2, c'est
franchir une ligne au-delà de laquelle on est sûr de changer la
nature du système.
De ce point de vue, votre rapporteur attire l'attention sur le fait que
l'engouement actuel pour le format de 52 minutes par opposition à celui
de 90 minutes qui caractérise traditionnellement la fiction
française, doit être remis dans son contexte.
Certes, le choix de ce format qui domine le marché international est une
bonne chose du point de vue des exportations et votre rapporteur s'en
félicite.
Mais, derrière les affirmations du type " la
télévision doit revenir à une écriture qui lui soit
propre ", il y a des réalités commerciales : passer des
formats de 52 minutes en prime time permet de multiplier les écrans
publicitaires aux moments les plus rentables de la soirée
.
L'engagement pour le 52 minutes, voire le 26 minutes, tient tout autant
à la nécessité de faire des séries plus vivantes
qu'à des arrière-pensées commerciales.
Bien avant le seuil de 50 % de recettes d'origine publicitaire, il est
clair que les impératifs d'audience prennent le pas sur ceux
résultant des missions de service public : l'affaire dite des
animateurs-producteurs en est la manifestation la plus caricaturale mais
d'autres, en elles-mêmes non critiquables comme celle des provisions pour
dépréciation de programmes, montrent que c'est l'audimat qui
dicte sa loi indépendamment des considérations de qualité
des programmes.
Il est clair que, depuis cinq ans, c'est sur les écrans publics que la
publicité a le plus augmenté tant en termes de durée que
de nombre de spots.
Ensemble de la journée
Minutes/Jour |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
TF1 |
92,7 |
102,2 |
107,8 |
118,2 |
122,1 |
M6 |
72,5 |
71,6 |
87,6 |
101,9 |
101 |
France 2 |
58,7 |
68,9 |
80,0 |
95,5 |
97,6 |
France 3 |
33,9 |
44,7 |
56,1 |
74,6 |
69,2 |
France Télévision |
|
|
|
|
|
Tranche 19 heures - 24 heures
Minutes/Jour |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Différence 96-92 |
TF1 |
30,0 |
33,6 |
34,7 |
37,8 |
39,7 |
9,7 |
M6 |
29,8 |
31,0 |
33,7 |
36,3 |
36,1 |
6,3 |
France 2 |
22,6 |
23,9 |
26,9 |
26,9 |
32,9 |
10,3 |
France 3 |
19,3 |
25,2 |
27,5 |
31,6 |
30,2 |
10,9 |
France Télévision |
41,9 |
49,1 |
54,4 |
58,5 |
63,1 |
21,2 |
En nombre de messages, l'évolution est la suivante :
Messages diffusés (milliers) |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Différence 96-92 |
TF1 |
100,5 |
112,5 |
115,6 |
125,7 |
126,0 |
25,5 |
M6 |
74,1 |
76,8 |
95,7 |
107,0 |
100,1 |
26,0 |
France 2 |
62,5 |
74,4 |
83,3 |
98,4 |
98,4 |
35,9 |
France 3* |
36,6 |
50,2 |
62,8 |
81,1 |
73,3 |
36,7 |
France Télévision |
99,1 |
124,6 |
146,1 |
179,5 |
171,7 |
72,3 |
* Spots à diffusion nationale
C'est ce constat qui conduit votre rapporteur à prendre une
initiative tendant de stopper l'inflation publicitaire sur les chaînes
publiques
.
Ainsi,
la suppression des exonérations proposées au paragraphe
précédent permettrait de réduire de 1/4 d'heures sur
chaque chaîne publique la durée des écrans publicitaires en
1996
. Encore faut-il remarquer que cet effort important soit 1,4 milliards
de francs ne nous ramènerait guère en deçà de la
situation de 1992. De 1992 à 1996, la durée des écrans
publicitaires sur France Télévision est passée entre 19
heures et 24 heures de 41,9 minutes à 63,1 minutes, soit un
accroissement de plus de 21 minutes pour l'ensemble des deux chaînes.
C. L'INSTABILITÉ DES RESSOURCES DES CHAÎNES PUBLIQUES
Il n'est pas normal que le secteur public ne
bénéficie pas d'un horizon financier relativement stable, qu'il
ne sache pas à peu près sur quels revenus il peut compter.
Or, actuellement, et même s'il l'on peut comprendre que l'on ne puisse
rigidifier à l'excès le budget de l'Etat, il faut bien
reconnaître que beaucoup de facteurs concourent à rendre
incertaines les perspectives du financement des opérateurs.
On ne connaît à l'avance ni le montant de la redevance, ni sa
répartition entre les organismes. Celle-ci peut d'ailleurs être
modifiée par des lois de finances rectificatives comme en 1996.
Quant aux crédits budgétaires, ils sont non seulement incertains
et variables au niveau de la loi de finances mais également
précaires dans la mesure où ils sont très facilement
visés par les annulations de crédits en cours d'année.
Tout cela contribue à susciter avant chaque loi de finances une
agitation fébrile, voire un climat malsain, fait de rumeurs et de
craintes, peu propice à une gestion sereine.
Certes, cette fébrilité avait été largement
démontrée par les tentatives du précédent
Gouvernement pour imposer des efforts d'économies trop brutaux pour
être vraiment efficaces et ne pas affaiblir les entreprises.
L'anlyse rétrospective des dotations démontrerait cette
variabilité de ressources aussi bien pour celles tirées de la
redevance que pour celles provenant de sources budgétaires, même
si c'est pour ces dernières que l'instabilité est la plus
chronique.
On ne peut à cet égard qu'approuver les déclarations
faites sur le sujet devant notre commission des finances par Madame Catherine
Trautmann, ministre de la culture et de la communication (cf annexe ) :
" D'abord, assurer la pérennité des ressources. J'ai
pleinement conscience du fait que ce budget n'est qu'une étape, et qu'il
faudra poursuivre nos efforts. L'audiovisuel sort d'une période de
récession, qui a fragilisé les entreprises. J'ai souhaité
sécuriser leurs ressources, leur donner une visibilité à
long terme, qui leur permette de mettre en place une stratégie
dépassant les douze mois. En effet, une partie de l'augmentation de la
redevance va servir à compenser une diminution des crédits
budgétaires. Mais soyons clairs : ces crédits ont diminué
de 798 millions en 96 et de 386 millions en 97. Il est très peu
probable qu'ils atteignent à nouveau le montant initial d'1,4 milliard.
Dans ces conditions, et pour parler franchement, je préfère la
pérennité d'une ressource affectée à des
crédits toujours susceptibles d'une régulation budgétaire,
encore à l'heure où nous parlons.
"
Le secteur public ne peut pas se développer sous la menace permanente
de l'épée de Damoclès des mesures de régulations
budgétaires
.
Or, aujourd'hui, alors que le Gouvernement affiche une priorité pour la
culture et la communication, le risque n'est pas écarté de l'aveu
même du Ministre.
Telle est la raison pour laquelle, il s'oppose à l'initiative de son
homologue de la commission des finances de l'Assemblée nationale, M. Le
Guen, lorsqu'il tend à supprimer la redevance dont
bénéficie RFI pour lui substituer des crédits
budgétaires.
Sur le fond, l'argumentation de M. Le Guen n'est pas dépourvue de
logique dans la mesure où la redevance ayant un caractère de
service rendu, il n'est pas normal de la faire servir au financement de RFI,
qui en principe du moins, émet vers l'étranger. Mais la raison
pratique étant parfois préférable à la raison pure,
il faut reconnaître que cela expose inutilement RFI à des risques
dont on a compris qu'ils n'étaient pas définitivement
écartés.