RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 7 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998, ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
M. Jean CLUZEL, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 7 - 1997-1998
Table des matières
- PRÉSENTATION
-
OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
- A. TROIS CONSTATS
-
B. TROIS IMPÉRATIFS
- 1. Clarifier les responsabilités de gestion par deux réformes urgentes : la procédure de nomination des présidents de chaînes et la transformation de France Télévision en holding
- 2. Élargir l'assiette de la redevance et réduire la dépendance vis-à-vis de la publicité
- 3. Soutenir les exportations des industries de programmes
- PRÉSENTATION
-
CHAPITRE PREMIER : LES RESSOURCES DU SECTEUR PUBLIC DE LA COMMUNICATION
AUDIOVISUELLE
- I. L'AUGMENTATION DU TAUX DE LA REDEVANCE : UNE MESURE NÉCESSAIRE
-
II. LA PERSISTANCE DES DIFFICULTÉS DE FINANCEMENT
-
A. L'INSUFFISANCE DE L'ASSIETTE DE LA REDEVANCE
- 1. Le décret " télécide " de novembre 1992 et ses conséquences
- 2. Le décret n° 96-1220 du 30 décembre 1996 et ses inconséquences
- 3. La suppression de l'automaticité des exonérations de redevance : une mesure nécessaire à l'assainissement du financement de l'audiovisuel public.
- 4. La lutte contre l'évasion : un complément nécessaire
- B. LA PART EXCESSIVE DES RECETTES PUBLICITAIRES
- C. L'INSTABILITÉ DES RESSOURCES DES CHAÎNES PUBLIQUES
-
A. L'INSUFFISANCE DE L'ASSIETTE DE LA REDEVANCE
-
CHAPITRE II : LE PAYSAGE AUDIOVISUEL EN MUTATION
- I. LES GRANDES MANOEUVRES DU SATELLITE
- II. ANALYSE DE LA SITUATION DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AUDIOVISUEL
- III. LES POUVOIRS PUBLICS FACE AU SATELLITE
-
CHAPITRE III : IDENTITE CULTURELLE ET PRESENCE AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
- I. LA POLITIQUE COMMUNAUTAIRE DE L'AUDIOVISUEL
- II. L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR
- III. LES MOYENS DE L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
- IV. LES INDUSTRIES DE PROGRAMME FACE AU NOUVEAU DÉFI AMÉRICAIN
-
CHAPITRE IV - LES SOCIÉTÉS DU SECTEUR PUBLIC DE L'AUDIOVISUEL
-
I. FRANCE TÉLÉVISION
-
A. LES QUESTIONS COMMUNES
- 1. La cicatrisation de l'affaire dite des animateurs-producteurs
- 2. Deux réformes urgentes : la procédure de nomination des présidents de chaînes et la transformation de France Télévision en holding
- 3. Le siège commun
- 4. Les provisions pour dépréciation de programmes
- 5. La participation de France Télévision aux chaînes thématiques
- 6. La convention collective nationale unique des personnels de l'audiovisuel
- B. FRANCE 2
- C. FRANCE 3
-
A. LES QUESTIONS COMMUNES
- II. LE CINQUIÈME RÉSEAU
- III. L'INSTITUT NATIONAL DE L'AUDIOVISUEL
- IV. RADIO FRANCE OUTRE-MER
- V. LA SFP
-
I. FRANCE TÉLÉVISION
-
CHAPITRE V : LE SECTEUR PUBLIC DE LA RADIO
-
I. LA RÉGULATION DU PAYSAGE RADIOPHONIQUE N'A PU EMPÊCHER D'INÉLUCTABLES
ÉVOLUTIONS
- A. LE DÉVELOPPEMENT DES RADIOS PRIVÉES : UN BILAN CONTRASTÉ.
- B. LES RÉSEAUX RADIOPHONIQUES COMMERCIAUX SE SONT PEU A PEU IMPOSÉS
- II. VERS UN ASSOUPLISSEMENT ET UNE SIMPLICATION DES MODES D'ATTRIBUTION DES FRÉQUENCES ?
- III. POUR UNE MEILLEURE UTILISATION DES FRÉQUENCES RADIOPHONIQUES
- IV. RADIO FRANCE
-
I. LA RÉGULATION DU PAYSAGE RADIOPHONIQUE N'A PU EMPÊCHER D'INÉLUCTABLES
ÉVOLUTIONS
- CHAPITRE VI : LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AUDIOVISUEL
- EXAMEN EN COMMISSION
-
ANNEXE : AUDITION DE MME CATHERINE TRAUTMANN DEVANT LA COMMISSION DES
FINANCES
LE JEUDI 30 OCTOBRE 1997
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 7
COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
Rapporteur spécial
: M. Jean CLUZEL
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
&&ééé
Lois de finances. |
PRÉSENTATION
Le paysage audiovisuel change sous nos yeux et peu de
Français en ont conscience.
L'espace audiovisuel est désormais sans frontières et cet espace
est ouvert sur le monde, qu'on le veuille ou non.
Dans sa croisade en faveur de l'exception culturelle,
la France est
isolée
. Le renouvellement de la directive
" Télévision sans Frontières " l'a bien
montré.
Dans sa lutte face à la concurrence internationale,
la France est
divisée
. Au moment des grandes manoeuvres sur le numérique,
les Français sont partis au combat en ordre dispersé. Il y a trop
de chaînes publiques aux vocations respectives mal définies,
notamment sur le plan international.
Les opérateurs privés sont eux aussi divisés. Il est
significatif que les premières manifestations de la compétition
entre bouquets satellite ont entraîné des surenchères pour
l'acquisition de catalogues de films étrangers. Nul doute que cette
concurrence franco-française - et le problème des droits en
est une autre manifestation presque caricaturale - sera finalement
nuisible à la diffusion de la culture française.
Mais, surtout,
la France est aveuglée
. Elle ne veut pas voir la
réalité : ni la puissance des forces économiques et
sociologiques, qu'elle croit pouvoir endiguer, ni même que - sur son
propre sol - les règles du jeu audiovisuel ont changé.
En conséquence, de ce bref mais douloureux constat, peut-on toujours
discuter d'un budget de l'audiovisuel dans une enceinte parlementaire ?
alors que celui-ci est, en ce qui concerne France 2 notamment,
constitué, pour moitié, de ressources tirées de la
publicité et donc provenant du marché.
L'année dernière, votre rapporteur avait non seulement
contesté l'importance des recettes publicitaires et
dénoncé les dérives qui en résultaient, mais il
s'était également interrogé sur la portée d'un vote
portant sur de simples prévisions de recettes commerciales, au demeurant
aléatoires.
Il y a vingt-cinq ans, du temps de l'ORTF, quand les ressources de
l'audiovisuel provenaient pour l'essentiel de la redevance, avec quelques
ressources d'appoint, on pouvait effectivement voter un budget de l'audiovisuel.
Aujourd'hui, la signification de l'exercice est moins évidente. Et
d'ailleurs, il n'est pas facile de définir les dotations de
référence : s'agit-il des subventions accordées en
remboursements forfaitaires des exonérations ou des autres subventions
qui sont en baisse ? de la redevance, dont le produit, lui, augmente ?
Une chose est sûre, c'est que si le chiffre de 3,3% affiché
correspond bien aux budgets des chaînes et donc aux moyens du secteur
public, il prend en compte pour une large part des recettes commerciales
prévisionnelles.
Le débat porte d'ailleurs, moins sur la croissance du budget des
chaînes, lui-même, que sur la part des recettes publicitaires.
*
* *
A cet égard, le budget de l'audiovisuel pour 1998
n'améliore guère la situation par rapport à l'année
dernière.
Certes, Madame la Ministre de la Communication a pris la décision de
relever la redevance de 5 % sans modification de l'assiette. Mais il faut
tenir compte des besoins du secteur public avec l'arrivée des
technologies numériques ; il est indispensable de faire baisser la
part de la publicité à la télévision si l'on ne
veut pas que se brouille définitivement l'image de chaînes
publiques, qui, faute d'afficher leur différence avec le secteur
privé, finiront par justifier les discours de ceux qui souhaitent les
privatiser.
Votre rapporteur persiste à considérer que seule la limitation
des exonérations de redevance aux cas sociaux pourrait donner au secteur
public les ressources dont il a besoin pour faire régresser la part de
la publicité et échapper à cette course à
l'audience, qui empêche les grandes chaînes publiques
généralistes de jouer pleinement leur rôle.
Le calcul a été fait. Cet élargissement de l'assiette
permettrait de réduire d'un quart d'heure sur chaque chaîne, le
soir, aux heures de grande écoute la durée de la
publicité, réduisant d'autant la ponction opérée
par les chaînes publiques sur le marché publicitaire.
*
* *
Le sentiment de votre rapporteur est que nous vivons
certainement la fin d'une époque.
Les mécanismes de mutualisation et de péréquation
financières, mis en place dans les années 80, montrent
déjà leurs limites ; le probable ralentissement de la
croissance des recettes publicitaires sur lesquelles les ressources du compte
de soutien sont assises, l'arrivée à maturité des recettes
d'abonnements, la difficulté qu'il y aura de faire participer les
chaînes satellite au financement font anticiper un comportement moins
dynamique du système de soutien.
Heureusement, ces mécanismes d'aide à la production audiovisuelle
fonctionnent encore. Ils peuvent, si on leur donne l'impulsion, jouer pendant
qu'il est encore temps un rôle décisif dans la promotion de nos
industries de programmes.
Car, la France ne gagnera pas cette bataille pour sa survie audiovisuelle
à coups de règlements. Les quotas, comme tout protection, comme
toute barrière non tarifaire - pour reprendre l'expression en usage
en matière de commerce international - ne jouent de rôle
positif que pendant un temps limité. A partir d'un certain moment, ils
affaiblissent au lieu de protéger, assurant une survie artificielle, et
toujours inefficace.
La France a manifesté parfois une ignorance narcissique du monde qui
l'entoure. Le risque existe, dans le domaine de l'audiovisuel, de la voir
vainement livrer des batailles d'arrière-garde. Sans doute, ferait-elle
bien de lever la tête et de voir se qui s'annonce ; elle verrait
l'immensité du flot d'images qui vont se déverser sur elle ;
elle pourrait enfin comprendre qu'elle aura dans l'audiovisuel mondial la place
qu'elle méritera.
OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
A partir de trois constats, votre rapporteur expose les trois principes sur lesquels devrait se fonder une politique cohérente de l'audiovisuel.
A. TROIS CONSTATS
Les deux premiers sont relatifs au problème de financement du secteur public ; insuffisance des ressources provenant de la redevance et excès des recettes publicitaires. Votre rapporteur a eu maintes fois l'occasion de les développer. Le troisième, relatif à l'inadaptation des structures des chaînes sera l'occasion d'évoquer la situation des organismes en 1997 et les perspectives pour 1998.
1. L'insuffisance du financement public et l'excès des ressources publicitaires
L'étroitesse de l'assiette de la taxe parafiscale
finançant l'audiovisuel public est l'une des caractéristiques les
plus singulières de notre pays. Aucun autre pays démocratique ne
compte autant de foyers de téléspectateurs
exonérés. Il s'agit de la conséquence d'un
décret " télécide " datant de novembre
1982
. Ce décret, en exonérant les personnes
âgées de plus de 60 ans non imposables,
a eu pour
conséquences de quadrupler le nombre de comptes exonérés
passés de 1 à 4 millions en 10 ans.
Un premier correctif est intervenu en décembre 1993, avec le
relèvement de la condition d'âge à 65 ans mais sans grands
résultats
Le décret n° 96-1220 du 30 décembre 1996
prévoit qu'à partir de 1998, pour être
exonéré de la redevance, il conviendra, pour les personnes
remplissant la condition d'âge (avoir 65 ans au 1er janvier 1998),
d'être titulaire de l'allocation supplémentaire définie aux
articles L 815-2 à L 815-8 du code de la
sécurité sociale (soit 73 906 F pour un couple). Les conditions
de revenus resteront toutefois inchangées pour les invalides ( soit 86
160 F pour un couple).
Le changement apporté par le décret de décembre 1996
ne règle pas le problème de fond qui est l'insuffisance du
financement de l'audiovisuel public
1(
*
)
. et
l'excès de ressources publicitaires. Cette situation explique
l'existence de trois fois plus de messages publicitaires à la
télévision actuellement qu'il y a 10 ans !
Les excès de publicité sur les écrans publics sont
responsables de cette course à l'audience qui ont pu faire
dériver France Télévision mais ils pourraient
également faire déraper l'ensemble du secteur, car
trop de pub
tue la pub
!
Faire reposer une trop grande partie du financement du secteur public sur la
publicité, c'est substituer une logique commerciale à celle du
service public.
Dépasser le seuil de 50% de recettes publicitaires et de parrainage, ce
qui s'est produit pour la première fois en 1997 pour France 2, c'est
franchir une ligne au delà de laquelle on est certain de changer la
nature du système.
Bien avant ce seuil, il est clair que les impératifs d'audience prennent
le pas sur ceux qui résultent des missions de service public : l'affaire
- avril/mai 1996 - dite des animateurs producteurs en est la
manifestation la plus caricaturale mais d'autres, en elles-mêmes non
critiquables comme celle des provisions pour dépréciations de
programmes, montrent que l'audimat dicte sa loi indépendamment des
considérations de qualité des programmes.
Il est clair que, depuis cinq ans, c'est sur les écrans publics que
la publicité a le plus augmenté tant en termes de durée
que de nombre de spots.
2. L'inadaptation des structures de gestion
La perte enregistrée par France 2 pour 1996, soit
près de 200 millions, est largement due à la constitution
d'importantes provisions pour la dépréciation programmes.
·
Les provisions pour dépréciation de programmes
L'annonce de
235 millions de francs pour
dépréciations
a été d'autant plus
remarquée qu'elle a été faite au moment où
France 2 exprimait le souhait de recevoir un complément de
65 millions de francs.
Provisions pour dépréciation des stocks de
programmes
(en millions de francs)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996* |
Moyenne |
205 |
120 |
200 |
93 |
105 |
95 |
235 |
135 |
*nette de reprise de provision |
Il est légitime pour France 2 de ne pas conserver
dans ses actifs des émissions non diffusables et donc de procéder
à des dépréciations de stocks. Mais les critères
appliqués ne sont-ils pas trop subjectifs ?
Des provisions pour dépréciation sont constituées pour
faire face aux risques d'abandon de projets et productions ainsi qu'aux risques
de non diffusion des programmes provenant de modifications de la grille, de
raisons relatives à la qualité des produits, de préemption
des droits ou de litiges juridiques. On note que les programmes non
diffusés, dont les droits sont échus à la date de
clôture, sont sortis de l'actif.
Le problème est que ces dépréciations parfois
importantes correspondent à des commandes d'une ancienne gestion, ce qui
ne facilite pas la détermination des responsabilités.
·
L'affaire du siège commun
C'est bien le même constat de la difficulté que l'on rencontre
à établir une responsabilité, qui caractérise la
seconde
"
affaire ", dite du siège commun.
Par un processus d'indiscrétion désormais classique, un organe de
presse s'est procuré quelques pages du relevé de constations
provisoires de la Cour des Comptes relatives à la construction du
siège social commun de France 2 et France 3. Le nouvel
immeuble est situé dans le XVe arrondissement près du parc
André Citroën. Cette opération, souhaitée par M.
Hervé Bourges en décembre 1992, a été mise en
oeuvre par M. Jean-Pierre Elkabbach.
Ce prérapport, qui n'est qu'une étape dans la procédure
contradictoire de la Cour dans la mesure où les intéressés
n'ont pas encore fait connaître leurs observations et où la
juridiction n'a pas statué, souligne un certain nombre
" d'irrégularités " relatives à l'information
des conseils d'administration et à la mise devant le fait accompli des
autorités de tutelle. Voici les éléments d'information que
votre rapporteur a pu recueillir auprès des responsables en attendant le
rapport définitif prévu pour le début 1998.
1. Aucune étude comparative des coûts n'aurait été
effectuée,
2. Des surcoûts n'auraient pas été pris en compte :
· on a dû isoler l'immeuble des vibrations provoquées par la
ligne voisine du RER ;
· il a fallu acheter au prix fort à la Ville de Paris une enclave
non initialement prévue ;
· dans cette enclave, on constate la présence d'une plate-forme
technique de la SNCF ;.
· enfin,
des contrats ont été passé avec la SEMEA
15 pour l'aménagement des abords, sans planning précis de
réalisation, et avec des paiements largement anticipés.
Dans le coût total (hors taxe) de l'opération, 1 738 millions,
il faut distinguer :
1/ la construction proprement dite : 1 625 000 millions.
Cette somme se décompose en :
562 millions de charges foncières (terrain et charges
d'aménagement)
133 millions de charges diverses (architecte, bureau d'étude)
218 millions d'aménagements techniques (régies, studios)
553 millions de constructions
124 millions d'aménagements intérieurs
35 millions de mobilier
et
2/ 113 millions de frais financiers (prévisions).
Cette enveloppe ne devrait pas être entièrement
consommée et devrait permettre de dégager une économie de
30 millions.
Le crédit bail a une durée de 20 ans pour évaluer
la somme qui aura été versée au cours de cette
période, il faut faire des hypothèses au niveau des taux
d'intérêts.
Compte tenu des taux actuels et dans l'hypothèse où ceux-ci
seraient maintenus au-delà des dix premières années, le
montant total (capital et intérêts) peut être
évalué à 2,9 milliards hors taxe. Pour la
première année, l'annuité de remboursement se monte
à 115 millions de francs. Selon les estimations fournies par France
Télévision, si on ajoute à cette somme les charges
locatives du nouvel immeuble, que l'on peut évaluer à
112 millions de francs, la dépense reste inférieure au
montant des loyers payables en 1998 (108 millions hors taxe) sur les
16 implantations et aux charges locatives correspondantes
(122 millions).
Dernière remarque : dans cette accumulation d'erreurs de gestion,
le bail des locaux de l'avenue Montaigne ne pourra être interrompu
à la date prévue pour l'installation.
France
télévision aura à supporter la charge du
crédit-bail et celle des loyers restant à courir jusqu'à
une date en cours de négociation au moment de la rédaction de
cette note
. A ce sujet, un questionnaire a été adressé
au Président de France Télévision.
La réunion de France 2 et France 3 sur un site commun va rendre plus
aigu le problème largement évoqué dans le rapport
écrit, de l'adaptation de
la convention nationale des personnels de
l'audiovisuel
. L'actualité confirme les appréhensions de
votre rapporteur.
Il y a là un problème de structures de gestion
. Une fois
de plus, l'audiovisuel public est resté au milieu du gué. Le
précédent gouvernement avait déposé et fait adopter
en première lecture par les deux assemblées, un projet de loi
audiovisuelle , qui, sans répondre totalement aux attentes de votre
rapporteur, apportait des solutions aux problèmes les plus urgents. Le
nouveau Gouvernement étudie un autre texte. C'est de bonne
méthode, étant donné la complexité des
problèmes existants.
Mais, en attendant, l'inadaptation des structures s'ajoute aux
déséquilibres budgétaires pour aboutir à la
multiplication de dysfonctionnements et des gaspillages.
S'il y a une
leçon à tirer de la crise des
animateurs-producteurs
, c'est que la pression publicitaire qui
résulte d'un désengagement relatif de l'État sur le plan
financier,
place les chaînes publiques à cheval entre deux
logiques, celle du secteur public et celle de l'entreprise commerciale
.
Il existe, en effet,
une éthique du service public
que
l'évolution actuelle a tendance à occulter pour des raisons
d'efficacité commerciale
. Pour l'avoir oublié, certains ont
dû quitter prématurément leur poste. Mais plutôt que
de s'en souvenir à intervalles irréguliers, à l'occasion
de telle ou telle affaire, ne devrait-on pas chercher à mettre en place
des structures qui ne favoriseraient pas une dérive commerciale si
souvent dénoncée ?
On peut se demander si la pratique qui consiste à substituer au
cachet traditionnel le contrat avec des sociétés de production
n'est pas en elle-même la cause de ces dérives
. Non seulement
parce qu'elle permet aux animateurs-producteurs d'obtenir des avantages directs
et indirects excessifs, mais encore parce qu'elle leur donne la
possibilité de faire monter les enchères en menaçant de
partir avec armes et bagages chez le concurrent. Le suspense des
" transferts ", préalables à la présentation des
grilles de rentrée, ne serait pas possible sans la
généralisation de ces sociétés de production
indépendantes.
Sans doute le retour aux principes d'origine du service public paraît-il
utopique. Mais il convenait d'attirer l'attention du Sénat sur le fait
que les chaînes publiques subissent un mode de fonctionnement et des
structures juridiques qui les mettent en situation de faiblesse dans la
négociation, aboutissant à une surenchère
générale qui pousse les prix à la hausse sans gains
véritables pour le téléspectateur.
Les chaînes publiques ne se privent-elles pas de l'atout que constitue
leur position de force à l'achat au détriment et de leurs
intérêts commerciaux et de ceux du service public ?
La confusion des genres se retrouve également au niveau de la structure
juridique d'ensemble.
Tout se passe comme si le recours accru aux ressources
publicitaires avait conduit France 2 dans sa concurrence frontale avec
TF1, à fonctionner comme une entreprise commerciale, mais sans les
contraintes, sans les sanctions du marché et sans les contrôles
qui résultent du droit des sociétés
.
·
La Société française de production
Cette société créée par la loi du 7 août 1974
n'est pas née sous une bonne étoile.
Déjà en 1978, votre rapporteur spécial, en qualité
de rapporteur d'une commission d'enquête sur les conditions
financières dans lesquelles sont produites les programmes des
sociétés nationales de télévision, la question en
ces termes : comment cette société a-t-elle pu être
amenée à une situation de faillite virtuelle ? Elle avait
déjà, en trois ans accumulé pour 236 millions de pertes.
Les raisons de cet échec sont multiples : pas de capital - car les
apports avaient été faits en nature, d'où la
responsabilité initiale de l'État - et donc des charges
financières très importantes, des coûts de production
élevés dus notamment à un appareil de production fait pour
la fiction lourde, une politique trop ambitieuse, enfin. C'était une
mission impossible, d'autant plus que les garanties de débouchés
auprès de chaînes furent rapidement dégressives.
Dès le départ, il était clair que la SFP ne pouvait pas
faire face, en dépit de son capital de compétence, à la
concurrence des sociétés privées, plus souples, plus
adaptables et, surtout, dépourvues de ces coûts fixes qui
handicapent la société publique.
Si votre rapporteur revient aussi sur le passé, c'est pour souligner que
la crise actuelle était prévisible et d'ailleurs
annoncée, dès 1978, par le Sénat.
La responsabilité en incombe aux gouvernements successifs qui ont
laissé la SFP accumuler les pertes pour aboutir à une situation
quasi inextricable. Tout se cumule pour enfoncer un peu plus cette
société dans la crise.
On trouve dans le rapport écrit le détail des
péripéties qui ont conduit à
l'échec du
processus de privatisation.
La procédure de privatisation a été lancée en
application des articles 52 et 53 de la loi du 12 avril 1996 portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier et précisée
par les décrets d'application du 16 juillet 1996.
Le gouvernement avait finalement, marqué sa préférence
pour l'offre de reprise de Havas/Générale des Eaux. A l'issue de
la consultation du personnel organisée le 27 mars, une large
majorité du personnel a exprimé son désaccord sur la
clause sociale du plan de reprise.
" A la suite du retrait de l'offre d'acquisition déposée par
Havas/Générale des Eaux, le gouvernement a décidé
de suspendre le processus de privatisation de la SFP et de mettre fin à
la procédure de recueil d'offres d'acquisitions qu'il avait
engagée en juillet 1996. Les offres qui ont été
déposées dans le cadre de cette procédure sont donc
caduques " (communiqué du 30 avril 1997).
Le gouvernement de M. Jospin se trouve face au dossier, alors que de nouvelles
suppressions d'emplois semblent inévitables. Tous les plans de reprise
comportaient entre 300 et 400 suppressions d'emplois, y compris celui qu'avait
proposé le P.D.G., aujourd'hui démissionnaire, M. J. Bayle,
après l'arrêt du processus de privatisation.
En attendant, Bruxelles commence à surveiller de près
une aide
de l'État
qui, en quelques années, a déjà
atteint plus
de 2,5 milliards de francs
.
La Commission a
entamé du reste une procédure à l'encontre de la France
pour le remboursement de 1,134 milliards de francs.
Au début octobre, Madame la ministre de la Culture et de la
Communication fait connaître sa décision : le processus de
privatisation est définitivement abandonné.
Mais, les problèmes ne sont pas résolus pour autant. Bruxelles
veille, tandis que les dures réalités financières et
commerciales persistent.
Depuis 1993, on constate des chiffres d'affaires en baisse constante, des
déficits d'exploitation qui ont tendance à fluctuer entre 150 et
200 millions.
En 1996, les comptes du groupe, se traduisent par un résultat net (part
du groupe) déficitaire
de 232 millions (dont 46 millions de
provisions pour départs) contre une perte de 271 millions en 1995 ainsi
qu'un chiffre d'affaires
(incluant les productions immobilisées, les
stocks et le compte de soutien) de
713 millions contre 818 millions en
1995
.
Le 30 septembre, Madame la ministre de la communication a dû plaider la
cause de la société auprès de M. Karel Van Miert,
commissaire européen chargé de la concurrence. Celui a
répété devant la Commission des finances du Sénat
qu'il faut entreprendre un plan de restructuration draconien pour redresser
l'entreprise.
La SFP, légitimement fière de ses réalisations
passées comme de ses capacités techniques actuelles, n'a en fait
que peu de moyens pour lutter contre des entreprises à
géométrie variable - dont la souplesse n'est pas
étrangère à l'existence du régime des intermittents
du spectacle.
3. Le nouveau défi américain
Il faut replacer tous ces dysfonctionnements dans le contexte
de cette fin de siècle : il n'y a pas de temps à perdre.
En ce début de législature, le Parlement doit prendre
conscience que, sous ses yeux, dans ce domaine, les États-Unis passent
d'une situation de suprématie, où ils étaient les
meilleurs, à une situation d'hégémonie, où ils
seront les seuls.
Le marché mondial est dominé par de grands groupes, dont se
dégagent MM. Gates, Turner et Murdoch. Ils sont certes concurrents,
mais en s'avançant masqués derrière les idées de
liberté et d'innovation, ils sont solidaires, dès qu'il s'agit
d'étendre l'emprise du complexe médiatico-financier sur le monde,
désormais intégré, de la communication.
Derrière les écrans, il y a des flux financiers et, en
définitive, des emplois : le secteur de l'audiovisuel
(cinéma et télévision) représente, en France, plus
de 70.000 personnes travaillant dans 6 000 entreprises, et plus de 80
milliards de francs de chiffre d'affaires. Mais les produits américains
continuent de dominer le marché des produits audiovisuels en France
même.
Pour le cinéma, la part de marché - en termes de nombres
d'entrées - des films américains est passée, en quinze
ans, de 31 à 54%, tandis que celle des films français baissait de
50 à 37,5%. Et encore, les derniers chiffres connus, qui datent de 1996,
sont-ils relativement favorables.
La domination américaine est également très nette sur le
petit écran, même si la tendance semble être à
l'amélioration. En 1992, plus de 55% des oeuvres de fiction
télévisuelles diffusées sur les chaînes nationales
étaient d'origine américaine. Toutefois, en 1996, cette
proportion a baissé pour atteindre 46,5%.
Cette évolution récente ne change pas fondamentalement la
situation caractérisée par la faiblesse de nos industries de
programmes face à la concurrence américaine, en dépit des
protections dont elles bénéficient.
D'une part, les résultats de notre commerce extérieur sont
toujours aussi médiocres, malgré de louables efforts. Il suffit
de remarquer que les quelque 490 millions de francs de programmes
audiovisuels, que nous avons réussi à exporter en 1996, ne
représentent qu'environ la centième partie de ce que les
Américains ont, la même année, vendu à l'Europe en
produits audiovisuels.
D'autre part, les performances accomplies par les productions françaises
sur le marché national et même l'amorce d'une certaine
reconquête du marché intérieur, tiennent pour une
très large part aux régimes des quotas d'oeuvres nationales et
européennes, que l'on a pu imposer au nom de " l'exception
culturelle ".
B. TROIS IMPÉRATIFS
1. Clarifier les responsabilités de gestion par deux réformes urgentes : la procédure de nomination des présidents de chaînes et la transformation de France Télévision en holding
Votre rapporteur estime regrettable que l'on n'ait pas
donné à la présidence commune de France 2 et
France 3 voulue par la loi du 2 août 1989, la
personnalité juridique ni les structures de pilotage et donc de
contrôle qui en découlent, comme il le demandait dans sa
proposition de loi n° 477 du 27 juin 1996.
Actuellement, France Télévision constitue une fiction juridique.
Il est bon de le rappeler. Elle n'a ni personnalité morale, ni budget
propre. Le groupe dit " France Télévision "
résulte d'une sorte " d'union personnelle " à la
manière de l'ancienne Autriche-Hongrie où l'empereur d'Autriche
était également roi de Hongrie.
La création d'une société holding s'accompagnerait de
la mise en place d'un conseil d'administration et donc naturellement d'un
renforcement des contrôles et d'une responsabilisation accrue du
président.
On doit souligner que cette réorganisation pourrait utilement
s'accompagner d'une
clarification de la procédure de nomination de
président de France Télévision.
Les dispositions actuelles de la loi du 30 septembre 1986 ne fixent aucune
condition pour révoquer un président d'une société
nationale de programme.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel dispose d'une totale
liberté d'appréciation quant à l'opportunité d'une
révocation. Celle-ci s'opère néanmoins sous le
contrôle que pourrait exercer le Conseil d'État.
L'éviction d'un président de chaîne doit constituer la
sanction majeure du non-respect par celle-ci de ses obligations ou d'une faute
lourde de gestion de la part du président. En réalité, la
révocation est d'un maniement délicat et d'un usage improbable,
dans la mesure où le Conseil supérieur de l'audiovisuel n'est que
consulté pour la rédaction du cahier des charges des
chaînes publiques et où il ne dispose pas de compétence
pour contrôler leur exécution, y compris sous l'angle de la
gestion. Le contrôle des actes de gestion est, en effet, de la
responsabilité des conseils d'administration où siègent
quatre représentants de l'État-actionnaire.
L'État, unique actionnaire, se trouve dans la situation paradoxale de
devoir contrôler la gestion d'un président d'une entreprise
publique qu'il ne peut ni nommer ni révoquer, tandis que l'instance qui
le nomme et peut le révoquer, ne peut contrôler sa gestion.
L'État fixe déjà les statuts, approuve les comptes, joue
un rôle prépondérant au sein du conseil d'administration de
France 2 et de France 3, et contrôle, via le contrôleur
d'État et la direction du Budget, la gestion de ces deux entreprises. Il
détermine le montant des ressources publiques, approuvées par le
Parlement, et établit les charges et les missions de chaque chaîne.
Dans le même ordre d'idées, il conviendrait de
relancer le
projet d'allongement de la durée du mandat des présidents de
chaînes
qui avait fait l'objet d'une
proposition de loi
adoptée par le Sénat le 15 novembre 1995
( au scrutin public
à l'unanimité moins une voix). En dépit de l'accord des
ministres concernés, ce texte ne fut jamais inscrit à l'ordre du
jour de l'Assemblée Nationale. Pour votre rapporteur, il y a là
une inertie regrettable, car l'allongement de la durée du mandat des
présidents de chaîne serait de nature à clarifier les
responsabilités et à leur permettre de mener des politiques
à long terme.
Cette situation explique nettement les conséquences regrettables que
chacun peut constater.
2. Élargir l'assiette de la redevance et réduire la dépendance vis-à-vis de la publicité
Il est impératif d'alléger pour les
sociétés du secteur public la contrainte de l'audimat, en
réduisant la part des ressources publicitaires de France 2, afin
d'assurer plus d'indépendance à cette chaîne à
l'égard du pouvoir politique, comme à l'égard du pouvoir
commercial
. De façon générale, il serait
nécessaire de garantir les moyens de financement du secteur public, en
améliorant les cahiers des charges et en veillant au respect des
missions de service public. On doit également savoir que
l'évolution des technologies risque de faire disparaître la base
réglementaire de la redevance, puisque, bientôt, on pourra
recevoir les programmes sur les ordinateurs.
Le montant annuel des pertes de recettes dues aux exonérations de
redevance est estimé à 2 614 millions de francs en
1997.
3. Soutenir les exportations des industries de programmes
Si les quotas constituent une protection nécessaire,
celle-ci est certainement provisoire. En effet, l'exception culturelle ne sera
pas forcément durable, tant la France se trouve souvent seule - ou
presque - à la défendre ;
la renégociation de la
nouvelle directive Télévision sans Frontières l'a bien
montré ; chacun a conscience que les quotas présentent tous les
caractères d'une ligne Maginot, dont le destin est d'être
contournée ; et ceci, en raison même de l'évolution de
la technologie.
La seule solution durable consiste donc à favoriser l'apparition d'une
forte industrie française de programmes audiovisuels exportables.
La France peut y parvenir, si elle en a la volonté et si elle se donne
les moyens opérationnels et financiers de passer à l'offensive.
Madame la ministre de la culture et de la communication a annoncé fin
septembre au MIPCOM de Cannes le lancement d'un plan en faveur de la production
audiovisuelle. L'intention est louable mais les mesures envisagées
sont-elles à la hauteur de la situation ?
Réformer le COSIP
, dont le mode de fonctionnement fait une trop
large place aux mécanismes automatiques,
n'est pas suffisant
.
La solution pourrait être de
créer un fonds d'aide à
l'exportation de produits audiovisuels français
" exportables ",
construits selon les normes
internationales de
durée, d'épisodes, de rythme, de scénario, comme l'ont
fait les Canadiens, depuis le début des années 80 et comme
le font les Brésiliens depuis le début des années 90.
L'objectif est de réduire notre dépendance dans les domaines de
l'animation, des documentaires et de la fiction . Mais, la
compétitivité ne se décrète pas. Le rôle de
l'État, c'est de préparer, d'organiser l'adaptation au
marché. Et c'est bien la leçon que l'on peut tirer des
expériences réussies hier au Canada aujourd'hui au Brésil,
qui peuvent servir de référence.
Il s'agit d'opérer pour les industries françaises de programmes
audiovisuels une révolution du même ordre que celle voulue par
l'agriculture française des années 60 : lorsqu'elle a
cessé de produire essentiellement pour le marché domestique et
qu'elle s'est résolument tournée vers les marchés
extérieurs faisant passer la France au deuxième rang mondial des
exportations agro-alimentaires.
La mondialisation n'est pas seulement économique. Elle prend
également l'allure d'une
américanisation culturelle
. Avec
l'avènement de la technologie numérique et des satellites, le
flot va prendre l'allure d'un véritable cyclone : les vagues
d'images et de sons, que les satellites commencent à déverser,
vont mettre à l'heure américaine nos modes de consommation et,
bientôt, nos modes d'expression.
Sans verser dans un anti-américanisme de mauvais aloi, il existe
là un risque mortel pour notre pays, car, si on se relève d'une
défaite diplomatique ou d'une défaite militaire, on ne se
relève jamais d'une défaite culturelle. L'histoire des
civilisations est là pour le rappeler.
Enfin, votre rapporteur voudrait évoquer
l'action audiovisuelle
extérieure
de la France - non pas sur le fond, il y a
beaucoup à dire et le rapport écrit comporte de longs
développements à ce sujet - mais sur le plan du
contrôle parlementaire.
L'an passé, les Assemblées ont adopté à
l'initiative de votre rapporteur, à l'occasion du vote du budget, une
disposition insérant un nouvel article 53-1 dans la loi du
30 septembre 1986 relative à la liberté de
communication :
" Art. 53-1. - Un document retraçant les crédits, de toute
nature, qui concourent au fonctionnement des opérateurs intervenant dans
le domaine de l'action audiovisuelle extérieure et dont l'État ou
les sociétés nationales de programme mentionnées à
l'article 44 détiennent directement plus de la moitié du
capital, à la clôture du dernier exercice, est annexé au
projet de loi de finances de l'année.(...). "
Or la parution du fascicule " jaune " prévue par ce texte
ne
semble pas avoir été envisagée. Le directeur de cabinet du
secrétariat d'État au Budget m'a fait savoir que les trois pages
consacrées au sujet dans le jaune " audiovisuel "
constituaient la mesure d'application de l'article 79 du projet de loi de
finances pour 1997. Il y a là une attitude quelque peu désinvolte
au regard de la volonté du Parlement à être mieux
informé sur des interventions extrêmement diverses
dispersées sur des multiples chapitres budgétaires.
Il est
regrettable qu'une disposition concernant l'exercice du contrôle
parlementaire, qui ne soulève pas de difficulté matérielle
particulière, ne soit pas suivie d'effet.
PRÉSENTATION
Le paysage audiovisuel change sous nos yeux et peu de
Français en ont conscience.
L'espace audiovisuel est désormais sans frontières et cet espace
est ouvert sur le monde, qu'on le veuille ou non.
Dans sa croisade en faveur de l'exception culturelle,
la France est
isolée
. Le renouvellement de la directive
" Télévision Sans Frontières " l'a bien
montré.
Dans sa lutte face à la concurrence internationale,
la France est
divisée
. Au moment des grandes manoeuvres sur le numérique,
les Français sont partis au combat en ordre dispersé. Il y a trop
de chaînes publiques aux vocations respectives mal définies,
notamment sur le plan international.
Les opérateurs privés sont eux aussi divisés. Il est
significatif que les premières manifestations de la compétition
entre bouquets satellite ont entraîné des surenchères pour
l'acquisition de catalogues de films étrangers. Nul doute que cette
concurrence franco-française - et le problème des droits en
est une autre manifestation presque caricaturale - sera finalement
nuisible à la diffusion de la culture française.
Mais, surtout,
la France est aveuglée
. Elle ne veut pas voir la
réalité : ni la puissance des forces économiques et
sociologiques, qu'elle croit pouvoir endiguer, ni même que - sur son
propre sol - les règles du jeu audiovisuel ont changé.
En conséquence, de ce bref mais douloureux constat, peut-on toujours
discuter d'un budget de l'audiovisuel dans une enceinte parlementaire ?
alors que celui-ci est, en ce qui concerne France 2 notamment,
constitué, pour moitié, de ressources tirées de la
publicité et donc provenant du marché.
L'année dernière, votre rapporteur avait non seulement
contesté l'importance des recettes publicitaires et
dénoncé les dérives qui en résultaient, mais il
s'était également interrogé sur la portée d'un vote
portant sur de simples prévisions de recettes commerciales, au demeurant
aléatoires.
Il y a vingt-cinq ans, du temps de l'ORTF, quand les ressources de
l'audiovisuel provenaient pour l'essentiel de la redevance, avec quelques
ressources d'appoint, on pouvait effectivement voter un budget de l'audiovisuel.
Aujourd'hui, la signification de l'exercice est moins évidente. Et
d'ailleurs, il n'est pas facile de définir les dotations de
référence : s'agit-il des subventions accordées en
remboursements forfaitaires des exonérations ou des autres subventions
qui sont en baisse ? de la redevance, dont le produit, lui, augmente ?
Une chose est sûre, c'est que si le chiffre de 3,3% affiché
correspond bien aux budgets des chaînes et donc aux moyens du secteur
public, il prend en compte pour une large part des recettes commerciales
prévisionnelles.
Le débat porte d'ailleurs, moins sur la croissance du budget des
chaînes, lui-même, que sur la part des recettes publicitaires.
*
* *
A cet égard, le budget de l'audiovisuel pour 1998
n'améliore guère la situation par rapport à l'année
dernière.
Certes, Madame la Ministre de la Communication a pris la décision de
relever la redevance de 5 % sans modification de l'assiette. Mais il faut
tenir compte des besoins du secteur public avec l'arrivée des
technologies numériques ; il est indispensable de faire baisser la
part de la publicité à la télévision si l'on ne
veut pas que se brouille définitivement l'image de chaînes
publiques, qui, faute d'afficher leur différence avec le secteur
privé, finiront par justifier les discours de ceux qui souhaitent les
privatiser.
Votre rapporteur persiste à considérer que seule la limitation
des exonérations de redevance aux cas sociaux pourrait donner au secteur
public les ressources dont il a besoin pour faire régresser la part de
la publicité et échapper à cette course à
l'audience, qui empêche les grandes chaînes publiques
généralistes de jouer pleinement leur rôle.
Le calcul a été fait. Cet élargissement de l'assiette
permettrait de réduire d'un quart d'heure sur chaque chaîne, le
soir, aux heures de grande écoute la durée de la
publicité, réduisant d'autant la ponction opérée
par les chaînes publiques sur le marché publicitaire.
*
* *
Le sentiment de votre rapporteur est que nous vivons
certainement la fin d'une époque.
Les mécanismes de mutualisation et de péréquation
financières, mis en place dans les années 80, montrent
déjà leurs limites ; le probable ralentissement de la
croissance des recettes publicitaires sur lesquelles les ressources du compte
de soutien sont assises, l'arrivée à maturité des recettes
d'abonnements, la difficulté qu'il y aura de faire participer les
chaînes satellite au financement font anticiper un comportement moins
dynamique du système de soutien.
Heureusement, ces mécanismes d'aide à la production audiovisuelle
fonctionnent encore. Ils peuvent, si on leur donne l'impulsion, jouer pendant
qu'il est encore temps un rôle décisif dans la promotion de nos
industries de programmes.
Car, la France ne gagnera pas cette bataille pour sa survie audiovisuelle
à coups de règlements. Les quotas, comme tout protection, comme
toute barrière non tarifaire - pour reprendre l'expression en usage
en matière de commerce international - ne jouent de rôle
positif que pendant un temps limité. A partir d'un certain moment, ils
affaiblissent au lieu de protéger, assurant une survie artificielle, et
toujours inefficace.
La France a manifesté parfois une ignorance narcissique du monde qui
l'entoure. Le risque existe, dans le domaine de l'audiovisuel, de la voir
vainement livrer des batailles d'arrière-garde. Sans doute, ferait-elle
bien de lever la tête et de voir se qui s'annonce ; elle verrait
l'immensité du flot d'images qui vont se déverser sur elle ;
elle pourrait enfin comprendre qu'elle aura dans l'audiovisuel mondial la place
qu'elle méritera.
CHAPITRE PREMIER : LES RESSOURCES DU SECTEUR PUBLIC DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
Le budget du secteur public de la communication
audiovisuelle,
tel qu'il résulte du fascicule jaune joint à la loi de finances,
s'élève à 18 001,2 millions de francs en
augmentation de 3,3 % par rapport à la loi de finances initiale de
1997. Après corrections techniques pour le rendre comparable aux
17 milliards de francs de 1997, il se monte à
17 429,7 millions de francs
2(
*
)
.
Une telle présentation, qui associe crédits publics et ressources
propres d'origine essentiellement publicitaire, permet d'évaluer les
moyens dont dispose le secteur public. Mais elle mélange des recettes et
de simples prévisions de recettes, qui dépendent de l'état
du marché publicitaire. En outre, le terme " budget "peut se
révéler trompeur, dans la mesure où son accroissement peut
masquer un désengagement de l'État.
Telle est bien la tendance que l'on a constatée et
déplorée ces dernières années.
L'augmentation de 5 % de la redevance décidée par le
Gouvernement est une mesure qui va dans le bon sens, même si, pour votre
rapporteur, elle ne suffit pas à renverser la tendance. Elle marque
cependant un coup d'arrêt dans le fléchissement relatif de
l'effort public et dans la montée des recettes publicitaires.
I. L'AUGMENTATION DU TAUX DE LA REDEVANCE : UNE MESURE NÉCESSAIRE
A. L'EFFORT PUBLIC EN MATIÈRE AUDIOVISUELLE
La croissance à long terme reste appréciable mais l'expérience récente montre que dans une conjoncture budgétaire restrictive, la part de crédits budgétaires proprement dits avait tendance à se réduire.
1. Une évolution à long terme
L'effort public se décompose en deux parties : les
ressources de redevance d'une part, des crédits budgétaires de
l'autre, qu'ils correspondent à des remboursements d'exonérations
de redevance ou qu'ils constituent des subventions spécifiques,
émanant du ministère des Affaires étrangères ou du
ministère de la Coopération.
Les ressources entre deux lois de finances croissent de + 3,3 % pour
atteindre 571,2 millions de francs. Cette progression est assurée
pour les 2/3 par les ressources publiques (377,8 millions de francs) et
pour 1/3 seulement par les ressources propres des organismes
(193,4 millions de francs). Ce financement équilibré permet
de
maintenir la structure de financement à son niveau 1997, soit
69 % pour les ressources publiques et 31 % pour les ressources
propres des organismes.
En % |
1996* |
1997* |
1998 |
Ressources publiques |
72,9 |
69,1 |
69,0 |
Publicité parrainage |
21,1 |
25,7 |
26,1 |
Autres ressources propres |
6,0 |
5,2 |
4,9 |
Total |
100 |
100 |
100 |
* Les taux indiqués pour 1996 et 1997 ont été retraités afin d'être comparables à 1998 (qui intègre la filière de production exécutive de France 3 en autres ressources propres et accroît les recettes publicitaires du montant correspondant au prélèvement COSIP).
Effort public en faveur du secteur public de
l'audiovisuel
Année |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
||||||
|
Montant |
Indice |
Montant |
Indice |
Montant |
Indice |
Montant |
Indice |
Montant |
Indice |
Montant |
Indice |
Redevance |
8 718,5 |
100 |
9 431,9 |
108 |
10 239,5 |
117 |
10 743,6 |
123 |
10 922,0 |
125 |
11 681,5 |
134 |
Subventions |
1 126,2 |
100 |
1 683,5 |
149 |
2 094,2 |
186 |
1 799,4 |
160 |
1 116,0 |
99 |
738,1 |
66 |
dont exonérations |
370,8 |
100 |
1 281,4 |
329 |
1 466,0 |
395 |
1 413,3 |
381 |
669,0 |
180 |
286,1 |
77 |
dont subventions ministères |
513,0 |
100 |
465,1 |
91 |
628,2 |
122 |
386,1 |
75 |
447,0 |
75 |
452,0 |
88 |
Total |
9 844,7 |
100 |
11 115,4 |
113 |
12 333,7 |
125 |
12 543,0 |
127 |
12 038,0 |
1,22 |
12 419,6 |
126 |
Depuis 1993, le montant total de cet effort est passé
de 9 845 millions de francs à 13 038 millions de
francs en 1997, soit une augmentation de plus de 20 % en cinq ans.
La part représentée par la redevance dans le total a eu tendance
à augmenter passant de 85,6 en 1993 à 90,7 % en 1997. Le
ratio pour 1998 est de 94 %.
2. Les fluctuations récentes : modification de nomenclature et annulation de crédits
En 1996, les crédits correspondants aux remboursements
des exonérations de redevance avaient été répartis
sur deux supports budgétaires distincts, le chapitre 46-01 des services
généraux du Premier Ministre et le chapitre 43-70 du
ministère de la Culture, ce dernier accueillant les crédits
correspondants au financement d'activités culturelles (Inathèque,
orchestres de Radio France, programmes culturels de La SEPT-ARTE).
Les différentes administrations se sont concertées au cours du
dernier trimestre 1995 afin de coordonner leurs procédures de versements
de crédits aux organismes. Ainsi, en dépit de l'existence de deux
chapitres budgétaires, les ordonnancements ont été
effectués aux mêmes périodes de l'exercice 1996.
A la fin de l'exercice 1996, une importante modification budgétaire a
cependant affecté les crédits des chapitres 46-01 et 43-70 et
plus généralement, le collectif budgétaire de fin
d'année a réduit les ressources publiques contribuant au
financement du secteur tout en modifiant leur répartition.
En effet, deux arrêtés d'annulation ont préalablement
soustrait 183 millions de francs hors taxe (soit 186,8 millions de
francs toutes taxes comprises) au secteur, avant que le collectif pour 1996 ne
procède à une opération de nature identique à celle
réalisée en 1995, c'est-à-dire à une modification
des montants de redevance initialement attribués à 6 des
8 organismes affectataires
3(
*
)
.
Comme en 1995, cette modification de la répartition de la redevance
avait pour objet de prendre en compte des perspectives d'excédents de
recettes de publicité sur France Télévision. Les tableaux
ci-contre détaillent les variations intervenues. En revanche, le montant
total de redevance n'a pas été modifié par rapport
à la loi de finances initiale 1996, le très faible
excédent de redevance 1995 (3,83 millions de francs hors taxe)
ayant été reporté pour attribution en 1997.
En 1997, le chapitre 43-70 du budget du ministère de la Culture a subi
des mesures de régulations budgétaires, alors que le chapitre
Services Généraux du Premier Ministre 46/01
4(
*
)
a
été jusqu'à ce jour
épargné.
Au premier semestre 1997, le chapitre 43-70 du ministère de la Culture,
doté de 557,2 millions de francs hors taxe (568,92 millions de
francs toutes taxes comprises) a fait l'objet d'un gel de 50 millions de
francs toutes taxes comprises.
En revanche, le chapitre 46-01 Services Généraux du Premier
Ministre qui a bénéficié d'un report en début
d'année, n'a fait l'objet d'aucun gel de crédits. Par
conséquent à ce jour, les trois premiers versements trimestriels
ont été effectués comme convenu.
En ce qui concerne le chapitre 43-70 Culture, dans la mesure où le
versement de ces crédits est opéré à un rythme
trimestriel, les deux versements prévus au premier semestre ont
été effectués régulièrement. Il en va de
même pour le troisième versement annuel (opéré en
août 1997), le gel étant reporté sur le dernier trimestre
1997.
Un arrêté en date du 9 juillet 1997 a annulé
34,28 millions de francs hors taxe (35,0 millions de francs toutes
taxes comprises) sur le chapi-tre 43-70. L'INA a contribué à
hauteur de 6 millions de francs toutes taxes comprises et Radio France
à hauteur de 29 millions de francs toutes taxes comprises. La
SEPT-ARTE a été épargnée du fait des risques pesant
sur l'exécution de son budget 1997.
3. Les modifications apportées par l'Assemblée nationale
L'Assemblée nationale a majoré de 2,5 millions
de francs les crédits du chapitre 46-01, article 10,
Contribution
forfaitaire de l'État au remboursement des exonérations de
redevance
.
La dotation de ce chapitre est portée en conséquence à
294,6 millions de francs, soit une croissance de 0,8%.
B. LE PRODUIT DE LA REDEVANCE
Votre rapporteur reviendra sur le problème
résultant de la faiblesse structurelles que constitue pour le secteur
public son niveau de redevance relativement peu élevé et surtout
son nombre très important d'exonérations.
Des efforts récents de recouvrement combinés à des
modifications à la marge du régime des exonérations
expliquent la progression récente des recettes.
1. Perspectives du recouvrement pour 1997 et 1998
Le Service de la redevance confirme sur l'ensemble de
l'année 1997 la prévision inscrite dans la loi de finances, de
même que les éléments de base du calcul de l'objectif
(notamment la progression d'ensemble des comptes payants, qui a
été pour les six premiers mois de l'année de
141 429 unités, conforme aux prévisions).
Les résultats d'encaissement fin juin sont légèrement
supérieurs à ceux de l'échéancier mensuel
prévisionnel (+ 58 millions de francs) grâce à une
nouvelle progression du taux de recouvrement sur exercice courant
(+ 1,71 % par rapport au 30 juin 1996) permis notamment par le
recours aux moyens modernes de paiement.
L'évolution du produit de la redevance fait apparaître une
augmentation supérieure d'année en année à celle du
taux de la taxe qui met en évidence l'action du service de la
redevance
5(
*
)
.
L'ensemble des recettes collectées sur l'année 1996 a
été de 11 527,1 millions de francs. L'accroissement a
été de 608,7 millions de francs (+ 5,58 %) par
rapport au montant atteint en 1995, soit 10 918,4 millions de francs,
dégageant un excédent de 77,9 millions de francs, par
rapport au montant de 11 449,2 millions de francs prévu par la
loi de finances.
Le supplément de recettes de 608,7 millions de francs se
décompose ainsi :
- l'impact de l'augmentation annuelle du taux de la taxe (+ 4,48 %)
est voisin de 400 millions de francs
- l'action propre au Service a été en grande partie à
l'origine du gain supplémentaire :
L'accroissement de l'assiette (+ 312 911 comptes payants),
permis principalement par les recherches de postes non déclarés
et les contrôles sur comptes exonérés, a engendré
une progression de recettes de 180 millions de francs.
La poursuite de la progression des taux de recouvrement sur exercice courant
(81,50 %) au lieu de 80,93 % fin 1995), et du taux à n +
1 est due notamment à un effet d'accélération des
délais de traitement des moyens de paiement reçus, lié
particulièrement au T.I.P., à son mode de traitement et à
un bon taux d'adhésion par les redevables (42,4 % au
31 décembre 1996).
Cet effet de trésorerie sur l'exercice courant est évalué
à 70 millions de francs. Son impact sur les recettes de
l'année 1996 a plus que compensé la baisse - attendue -
du taux de recouvrement et des restes à recouvrer sur exercice
précédent, entraînés naturellement et
mécaniquement par le rythme accru des encaissements en phase amiable
déjà engagé au cours des années
précédentes.
Évolution des ressources du secteur public de
l'audiovisuel depuis 1994
(en milliards de francs)
Ressources |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|||||
|
|
% de l'ensemble |
|
% de l'ensemble |
|
% de l'ensemble |
|
% de l'ensemble |
|
% de l'ensemble |
Redevance |
9 431,9 |
61,9 |
10 239,5 |
61,3 |
10 743,6 |
62,5 |
10 922,0 |
62,7 |
11 681,5 |
64,9 |
Concours de l'État |
1 697,8 |
11,1 |
2 099,6 |
12,6 |
1 790,5 |
10,4 |
1 119,8 |
6,4 |
738,1 |
4,1 |
Publicité et parrainage |
3 175,0 |
20,8 |
3 306,3 |
19,8 |
3 622,3 |
21,1 |
4 473,9 |
25,7 |
4 690,3 |
26,1 |
Autres ressources |
941,7 |
6,2 |
1 068,4 |
6,4 |
1 036,4 |
6,0 |
914,0 |
5,2 |
891,3 |
5,0 |
Total |
15 246,4 |
100,0 |
16 713,8 |
100,0 |
17 192,8 |
100,0 |
17 429,7 |
100,0 |
18 001,2 |
100,0 |
Croissance du budget en %
1994/1995 |
1995/1996 |
1996/1997 |
1997/1998 |
Moyenne |
9,62 |
2,87 |
1,38 |
3,28 |
4,29 |
Au total, l'amélioration globale des taux de
recouvrement, tous exercices confondus, a permis d'accroître le produit
1996 de la taxe d'environ 30 millions de francs.
Pour 1997, les prévisions ont été établies sur la
base de 16 885 000 comptes payants, soit environ 235 000 de
plus que le niveau atteint fin 1996 (16 650 000) ; elles
intègrent une augmentation du nombre de comptes " couleur "
payants de 265 000 unités. Le pourcentage d'accroissement du
produit fixé par la loi de finances (11 638,4 millions de
francs) par rapport à celui de 1996 est de + 1,65 %, les taux
de la taxe n'ayant pas été modifiés.
Pour 1998, les prévisions d'encaissement peuvent être
établies comme suit :
· A taux constants le produit de la redevance serait de
11 900 millions de francs, soit environ 260 millions de francs
de plus que l'objectif pour 1997.
Cette importante augmentation de recettes (supérieure à
2 %)
intègre en effet un fort élargissement de l'assiette
de 385 000 comptes payants
(+ 435 000 comptes payants
" couleur " et 50 000 comptes payants
" noir et
blanc ").
Cet élargissement de l'assiette sera rendu possible par l'application
à partir du 1er janvier 1998 de la condition de perception de
l'allocation du Fonds de solidarité vieillesse pour le droit à
l'exonération des nouveaux postulants (décret n° 96/1220 du
30 décembre 1996) et par les nouvelles possibilités de
contrôle (rapprochement avec les fichiers de taxe d'habitation)
prévues pour l'application de l'article 46 de la loi
n° 96-314 du 12 avril 1996.
· Compte tenu de l'augmentation, le montant toutes taxes comprises des
prévisions d'encaissement s'établit à
12 415 millions de francs, soit une progression de
759,5 millions de francs.
2. L'augmentation de la redevance, un rattrapage indispensable
La redevance a eu tendance à évoluer en moyenne
au même rythme que l'indice des prix.
Il était donc légitime, après une année, 1997, sans
augmentation, de procéder à un réajustement,
indépendamment de la volonté affichée par le ministre de
rééquilibrer la structure de financement des organismes publics
pour affirmer leurs missions de service public :
"
Il faut assurer au service public des sources stables et
suffisantes
de financement. Il est donc indispensable d'augmenter la redevance. Elle
augmentera de 5 % en 1998 et je m'engage à ce que cette
augmentation corresponde à une amélioration du service rendu au
public. Les radios et télévisions publiques auront les moyens de
remplir leurs missions pour les téléspectateurs et les
auditeurs
", a déclaré Madame la Ministre de la
Communication à Hourtin.
Aussi, des tarifs de la redevance pour droit d'usage augmentent de 5 %
et portent à 735 francs (contre 700 francs en 1997) le montant
dû pour un récepteur " couleurs " et 471 francs (contre
449 francs en 1997) pour un récepteur " noir et blanc ".
Nécessaire cette augmentation n'est pas suffisante.
Elle ne donne pas véritablement les moyens au secteur public de faire
face aux défis des nouvelles technologies.
"
Être présent dans la télévision
numérique par satellite est un impératif aujourd'hui pour le
développement du secteur public
, a affirmé Madame Catherine
Trautmann, dans le discours précité. "
Le secteur public
audiovisuel, a-t-elle ajouté, peut développer des chaînes
thématiques, éventuellement en association avec des
opérateurs privés ".
Une
première question
est, en effet, de
savoir si cette
augmentation offre au service public les moyens de son développement
à un moment
où il faut que les besoins d'investissements
soient considérables.
Le nouveau paysage audiovisuel se caractérise par une forte concurrence.
En matière de chaînes thématiques, les
sociétés du secteur public sont des entreprises comme les autres.
L'audiovisuel public devra choisir ses partenaires, ses programmations, son
bouquet. S'il ne fait pas, s'il ne prend pas les bonnes options, s'il
n'investit pas suffisamment, il risque d'être marginal et donc de ne pas
trouver de rentabilité
: non seulement l'argent investi aura
été perdu, mais la volonté prévisible de poursuivre
les tentatives provoquera des pertes d'exploitation qui entraveront
l'accomplissement des missions de service public. Toutes ces questions seront
examinées, ultérieurement à l'occasion de l'analyse des
mutations du paysage audiovisuel mondial.
Une
seconde question
est de
se demander si cette augmentation
, ou
plutôt cet ajustement, permettra au secteur public d'échapper
à la course à
l'audience
dénoncée par le
Ministre dans son discours d'Hourtin.
L'examen de l'évolution des recettes publicitaires montre que
l'augmentation du montant de la redevance ne devrait pas suffire à faire
baisser la part de ce type de ressources dans le financement de l'audiovisuel
public.
C. L'ÉVOLUTION DE LA PUBLICITÉ ET DU PARRAINAGE
La montée des recettes tirées de la publicité et du parrainage qui est la contrepartie du désengagement budgétaire et de l'importance croissante des exonérations de redevance a aussi pour effet de rendre les chaînes plus dépendantes du marché publicitaire. Celui-ci, qui s'est révélé dynamique ces dernières années, pourrait connaître un certain ralentissement.
1. L'évolution de la place de la télévision sur le marché publicitaire
Part de marché en valeur des différents
" grands médias "
(en pourcentage)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Télévision |
31,2 |
31,9 |
33,0 |
33,5 |
Radio |
7,7 |
7,6 |
7,4 |
7,0 |
dont généralistes |
5,1 |
4,8 |
4,4 |
4,0 |
dont réseaux nationaux et stations locales |
2,6 |
2,8 |
3,0 |
3,0 |
Presse écrite (y compris presse gratuite, y compris petites annonces) |
48,5 |
48,1 |
47,4 |
47,3 |
Affichage(sous toutes ses formes) |
12,0 |
11,8 |
11,6 |
11,6 |
Cinéma |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
Ensemble des médias |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
Source IREP
On note, sur un plan plus général, que la presse écrite (y
compris la presse gratuite) reste encore le premier média en termes de
chiffre d'affaires (en prenant en compte les petites annonces), et sa part de
marché, après avoir régressé
régulièrement, semble s'être stabilisée en 1996,
tout comme celle de l'affichage.
La part de marché publicitaire des stations de radio
généralistes, quant à elle , chute d'un point soit le
cinquième de sa valeur, en trois ans.
Taux de croissance des recettes publicitaires des
" grands médias "
(en pourcentage)
|
1994 |
1995 |
1996 |
Télévision |
+ 7,3 % |
+ 7,7 % |
+ 4,5 % |
Radio |
+ 4,0 % |
+ 1,2 % |
- 3,0 % |
dont généralistes |
- 1,0 % |
- 4,9 % |
- 7,3 % |
dont réseaux nationaux et stations locales |
+ 14,1 % |
+ 12,0 % |
+ 3,5 % |
Presse écrite (y compris presse gratuite, y compris petites annonces) |
+ 4,2 % |
+ 2,6% |
+ 2,7 % |
Affichage(sous toutes ses formes) |
+ 3,5 % |
+ 2,2 % |
+ 3,2 % |
Cinéma |
+ 3,0 % |
+ 7,8 % |
+ 10,0 % |
Ensemble des médias |
+ 5,0 % |
+ 4,1 % |
+ 3,0 % |
Source IREP
L'évolution des parts de marché est confirmée par celles
des taux de croissance. Le tableau ci-dessus montre que si la publicité
radio diminue sensiblement, surtout pour les radios
généralistes, on constate un ralentissement de la progression des
recettes publicitaires des télévisions.
Toute la question est de savoir si ce fléchissement du taux de
croissance est durable. Il convient d'en analyser les causes en séparant
ce qui est structurel de ce qui est conjoncturel dans cette évolution.
2. Évolution de la position du secteur public sur le marché publicitaire
La part de marché, en valeur, du service public de télévision dans l'ensemble des investissements publicitaires dans les cinq " grands médias " croît régulièrement pour atteindre près de 10 % en 1996, ce qui correspond à un gain de 1,6 point de part de marché en trois ans, tandis que celle du secteur privé progresse plus lentement avec + 0,7 point de marché en trois ans.
Estimation de la part du secteur public de
télévision
dans l'ensemble des cinq " grands
médias "
(en pourcentage)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Télévision publique |
8,2 |
8,7 |
9,5 |
9,8 |
Télévision privée |
23,0 |
23,2 |
23,5 |
23,7 |
Ensemble télévision hertzienne |
31,2 |
31,9 |
33,0 |
33,5 |
Estimation SJTIC à partir des données IREP et
SECODIP
Selon la SECODIP,
29,4 % des investissements publicitaires dans le
média télévision se sont portés en 1996 sur le
service public
, c'est-à-dire France 2, France 3 (total des
écrans publicitaires nationaux et régionaux) et La
Cinquième
6(
*
)
Cette proportion s'élevait à 28,9 % en 1995, 27,2 % en
1994 et 26,3 % en 1993.
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Télévision publique |
26,3 |
27,2 |
28,9 |
29,4 |
Télévision privée |
73,7 |
72,8 |
71,1 |
70,6 |
Ensemble télévision hertzienne |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
Source SECODIP
3. La position concurrentielle de France 2 et France 3
L'audiovisuel public à tendance à gagner des
parts de marché. Mais
le fléchissement de la croissance du
marché publicitaire de la télévision suscite une
concurrence accrue qui fait peser une menace sur les recettes des chaînes
publiques
.
·
La tendance récente
Les parts de marché de France Télévision ont
évolué comme suit depuis 1993 :
En % |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997* |
France 2 |
|
|
|
|
|
Part d'audience/ émission (4 ans +) |
24,8 |
25,0 |
23,8 |
24,2 |
24,3 |
Part d'audience/émission (mén. < 50) |
22,3 |
22,0 |
21,5 |
21,4 |
21,3 |
Part de marché publicitaire |
17,3 |
18,0 |
17,2 |
17,4 |
17,9 |
France 3 |
|
|
|
|
|
Part d'audience/ émission (4 ans +) |
14,6 |
15,6 |
17,6 |
17,7 |
17,5 |
Part d'audience/émission (mén. < 50) |
12,0 |
12,3 |
13,8 |
13,3 |
13,3 |
Part de marché publicitaire |
9,1 |
9,2 |
11,6 |
11,7 |
12,3 |
France Télévision |
|
|
|
|
|
Part d'audience/ émission (4 ans +) |
39,4 |
40,6 |
41,4 |
41,9 |
41,8 |
Part d'audience/émission (mén. < 50) |
34,3 |
35,3 |
34,7 |
34,6 |
|
Part de marché publicitaire |
26,3 |
27,1 |
28,8 |
29,1 |
30,2 |
Source Médiamétrie/Médiamat et SECODIP
* Premier semestre
Malgré la baisse de la part d'audience
" commercialisable "
- c'est-à-dire les fameuses " ménagères " de
moins de 50 ans - de France Télévision depuis 1995, la
part de marché publicitaire s'accroît de façon sensible
depuis 1995, progressant de 1,4 point pour s'établir à
30,2 % au premier semestre 1997.
L'évolution observée depuis 1993 met en évidence un gain
de part de marché publicitaire de + 3,9 point, à
comparer à une très légère augmentation de la part
d'audience Ménagères de moins de 50 ans (+ 0,3 point),
nettement inférieure à celle de l'audience 4 ans et plus
(+ 2,4 points).
·
Les prévisions et réalisations en matière de
recettes publicitaires
Longtemps par prudence - ou par pudeur -, les recettes publicitaires
figurant au budget de l'audiovisuel public ont été plutôt
sous évaluées.
Comme permet de le constater le tableau ci-dessous, le décalage s'est
accentué à partir de 1995 et surtout de 1996 où, en
dépit des résultats de l'année précédente,
on a persisté à sous évaluer les recettes publicitaires
de France 3.
L'importance des différences, plus de 450 millions de francs chaque
année, avait conduit votre rapporteur à s'interroger sur les sens
de l'approbation parlementaire.
Pour 1997, votre rapporteur avait craint
que l'on soit tombé dans
l'excès inverse
en prévoyant de façon
délibérément optimiste la poursuite de la progression
à deux chiffres des recettes publicitaires de France 3. Non sans
raison il avait souligné que, dans un contexte économique morose,
les recettes publicitaires pourraient fléchir en 1997 car les budgets de
communication sont les premiers touchés en cas de ralentissement de
l'activité économique.
Recettes de publicité
des sociétés
nationales de programme depuis 1993
(en millions de francs)
Recettes nettes de publicité |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 (LFI) |
1998 (LFI) |
|
France 2 |
|
|
|
|
|
|
|
Prévision (LFI) |
1 862,40 |
1 915,30 |
1 974,00 |
2 111,50 |
2 417,20 |
2 513,80 |
|
Réalisation |
1 743,70 |
1 987,10 |
2 133,70 |
2 306,00 |
|
|
|
France 3 |
|
|
|
|
|
|
|
Prévision (LFI) |
804,2 |
931,2 |
931,2 |
1 084,70 |
1 676,90 |
1 744,00 |
|
Réalisation |
869,9 |
1 004,20 |
1 446,60 |
1 527,90 |
|
|
|
La Cinquième |
|
|
|
|
|
|
|
Prévision (LFI) |
|
|
26,5 |
10,6 |
14,1 |
19,3 |
|
Réalisation |
|
|
6,4 |
14,9 |
|
|
|
RFO |
|
|
|
|
|
|
|
Prévision (LFI) |
90,2 |
88,9 |
87 |
76,2 |
31 |
50,0* |
|
Réalisation |
90,2 |
91,2 |
74,3 |
75,7 |
|
|
|
Radio France |
|
|
|
|
|
|
|
Prévision (LFI) |
60 |
61,3 |
70,7 |
60,7 |
81,2 |
87,2 |
|
Réalisation |
83 |
73,1 |
97,2 |
105,8 |
|
|
|
RFI |
|
|
|
|
|
|
|
Prévision (LFI) |
5,5 |
5,5 |
4,5 |
4,5 |
5,5 |
5,5 |
|
Réalisation |
2,8 |
2,5 |
4,8 |
4,4 |
|
|
|
Total réalisations |
2 789,60 |
3 158,10 |
3 763,00 |
4 034,70 |
|
|
|
% d'évolution n/n-1 |
|
13,21% |
19,15% |
7,22% |
|
|
|
Les recettes publicitaires initiales ainsi que celles
réalisées par les sociétés incluent le COSIP, mais
sont nettes de frais de régies
La Cinquième a commencé à diffuser le
13 décembre 1994
Les ressources publicitaires de RFI incluent celles du parrainage
*
La progression apparemment importante de la publicité sur RFO est
en réalité un réajustement de l'évaluation
pessimiste faite dans le projet de loi de finances 1997 des effets pour RFO de
la suppression de la publicité sur le second canal de
télévision et l'alignement de la publicité radio sur les
règles appliquées à Radio France. Ces mesures,
conjuguées avec le retrait progressif des programmes de TF1 sur le
premier canal, ont eu inévitablement un effet négatif sur la
publicité mais moindre que celui finalement observé en fin
d'exercice. En conséquence, les chiffres pour 1998 ne reflètent
pas une croissance de la publicité sur RFO mais un réajustement
de la base sous-estimée.
Recettes de parrainage
des sociétés
nationales de programmes depuis 1993
(en millions de francs)
Recettes nettes de parrainages |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 (LFI) |
1997 (LFI) |
1998 (LFI) |
France 2 |
|
|
|
|
|
|
Prévision LFI |
80,0 |
91,8 |
111,7 |
142,1 |
125,0 |
136,0 |
Réalisation |
126,2 |
164,7 |
151,0 |
179,0 |
|
|
France 3 |
|
|
|
|
|
|
Prévision LFI |
65,0 |
51,0 |
60,2 |
101,5 |
87,0 |
100,9 |
Réalisation |
72,6 |
92,9 |
91,9 |
113,1 |
|
|
La Cinquième* |
|
|
|
|
|
|
Prévision LFI |
|
|
10,0 |
0,0 |
6,0 |
2,6 |
Réalisation |
|
|
2,7 |
1,9 |
|
|
RFO |
|
|
|
|
|
|
Prévision LFI |
|
|
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Réalisation |
9,7 |
8,3 |
7,6 |
13,7 |
|
|
Radio France |
|
|
|
|
|
|
Prévision LFI |
30,0 |
30,0 |
30,5 |
30,5 |
30,0 |
31,0 |
Réalisation |
22,5 |
25,4 |
31,2 |
34,9 |
|
|
RFI |
|
|
|
|
|
|
Prévision LFI |
|
|
|
4,5 |
5,5 |
5,5 |
Réalisation |
1,4 |
2,1 |
4,0 |
3,3 |
|
|
Total réalisation |
232,4 |
293,4 |
288,4 |
345,9 |
|
|
% d'évolution n/n-1 |
|
26,25 % |
- 1,70 % |
19,94 % |
|
|
* La Cinquième a commencé à diffuser
le 13 décembre 1994
De fait, les premières données connues pour 1997 font
apparaître que France 3 a rencontré des difficultés
pour réaliser les objectifs - irréaliste 8 qui lui
avaient été assignés.
·
Les objectifs 1998
L'objectif de ressources publicitaires pour l'ensemble du secteur a
été fixé à 4 419,8 millions de francs
soit une hausse de 182,7 millions de francs (+ 4,3 %) par
rapport au montant inscrit dans les budgets votés lors des conseils
d'administration des sociétés.
L'évolution de la publicité sur France et France 3 a
été limitée à 4 % ce qui est
présenté comme un taux modéré compte tenu des
perspectives du marché.
(en millions de francs)
|
France 2 |
France 3 |
||||
|
1997 |
1998 |
% |
1997 |
1998 |
% |
Publicité |
2 417,2 |
2 513,8 |
4,00 |
1 676,9 |
1 744,0 |
4,00 |
Parrainage |
125,0 |
136,0 |
8,80 |
87,0 |
100,9 |
15,98 |
Total |
2 542,2 |
2 649,8 |
4,23 |
1 763,9 |
1 844,9 |
4,59 |
Si le gonflement des recettes de parrainage peut se
justifier par la perspective de la Coupe du monde de football, la croissance de
4 % des recettes publicitaires n'est pas aussi modeste qu'il n'y
paraît, compte tenu de l'évolution récente du marché
de publicité télévisée.
Cette prudence se fonde sur
l'essoufflement de TF1 dont l'audience se tasse
et les recettes publicitaires stagnent, en dépit du ballon
d'oxygène que le Conseil supérieur de l'audiovisuel lui a offert
en lui permettant de revenir sur son engagement d'autolimitation à
4 minutes de la durée des coupures au milieu des films et de
porter, en conséquence, la durée des coupures à
6 minutes comme pour M6.
L'on sait que les résultats de TF1 publicité ont
légèrement concouru à la croissance du chiffre d'affaires
de la chaîne qui a plus que doublé en dix ans : en 1996, les
recettes publicitaires ont représenté presque les trois quarts du
chiffre d'affaires consolidé du groupe, 9,4 milliards de francs.
Pour le premier semestre 1997, la société a annoncé des
recettes publicitaires nettes de 4 026 millions de francs contre
3 959 millions de francs au cours de la même période de
1996, soit une croissance de 1,7 % seulement.
Le plus inquiétant pour la tenue du marché est que ces
résultats ont été obtenus au moyen d'un accroissement des
remises faisant apparaître un taux moyen de remise de 39 %.
Évolution des recettes publicitaires de TF1 au
premier semestre de l'année
(en millions de francs hors
taxe)
Année |
1995 |
1996 |
Diffusion 96-95 |
1997 |
Diffusion 97-96 |
Recettes brutes |
5 476 |
5 878 |
402 |
6 194 |
316 |
Recettes nettes |
3 809 |
3 967 |
158 |
4 025 |
58 |
Différence |
1 667 |
1 911 |
244 |
2 169 |
258 |
Taux de remise moyen |
0,30 |
0,33 |
|
0,35 |
|
Le tableau ci-dessus permet de constater que si les recettes
brutes ont augmenté de 316 millions de francs d'un semestre
à l'autre, les recettes nettes ne se sont accrues que de
58 millions de francs, ce qui veut dire qu'il a fallu accorder des
ristournes supplémentaires équivalentes à
258 millions de francs. En d'autres termes,
l'augmentation de la
durée des espaces publicitaires n'a pu compenser qu'à la marge
l'accroissement des taux de remise
.
Il y a des raisons de croire qu'un décalage du même type,
même s'il est moindre, existe pour toutes les chaînes.
Parts de marchés publicitaires au 1er semestre
1997
(en millions de francs hors taxe
)
|
1er semestre 1996 |
1er semestre 1997 |
Évolution |
|||
|
C.A. brut* |
Parts en % |
C.A. brut* |
Parts en % |
C.A. brut en % |
Part en point |
TF1 |
5 874 |
50,5 |
6 194 |
49,2 |
+ 5,4 |
- 1,3 |
France 2 |
2 024 |
17,4 |
2 250 |
17,9 |
+ 11,2 |
+ 0,5 |
France 3 |
1 464 |
12,6 |
1 553 |
12,3 |
+ 6,1 |
- 0,3 |
France Télévision |
3 488 |
30,0 |
3 803 |
30,2 |
+ 9,0 |
+ 0,2 |
M6 |
1 845 |
15,9 |
2 104 |
16,7 |
+ 14,0 |
+ 0,8 |
Total télévision |
11 640 (100 %) |
12 584 (100 %) |
+ 8,1 % |
* Source : SECODIP
Les tarifs des écrans en " access prime time "
connaîtraient des baises comprises entre 10 et 20 %.
Il y a donc
un risque de guerre des prix qui pourrait affecter les recettes du secteur
public.
Ainsi le directeur du marketing de France Espace :
"
Nous avons baissé les tarifs de 20 % par rapport à
la grille de la rentrée de France 2, ce qui ramène le coup
du GRP ménagère
7(
*
)
autour de
25 000 francs. S'il le faut, nous ajusterons encore nos tarifs pour nous
maintenir à ce niveau
".
On note que les tarifs de France 2 avaient ainsi augmenté de 60 %
par rapport à la rentrée de septembre 1996. A l'inverse, les
tarifs du 19-20 sur France 3, qui étaient restés identiques
à la rentrée, ont augmenté de 7 % au bout des deux
premières semaines de septembre, afin de valoriser les cinq points
de part de marché que les actualités régionales et
nationales ont grignoté durant cette période.
C'est d'ailleurs
cette bonne tenue de l'audience de France 3, qui
permet d'espérer que cette chaîne sera en mesure d'atteindre les
objectifs de recettes publicitaires pour 1997.
En publicité télévisée, c'est l'audience qui
régule le marché :
· pour être " vendable ", un écran doit
satisfaire à deux conditions impératives :
- une audience minimale sur une catégorie de
téléspectateurs (cible la plus recherchée par les
annonceurs : les ménagères de moins de 50 ans :
56 % des investissements en télévision proviennent des seuls
secteurs : alimentation, toilette, beauté, entretien, boisson,
appareils ménagers, pharmacie, habillement.
- un prix de revient effectif par point d'audience (" coût
GRP "), en cohérence avec la moyenne des prix constatés sur
l'ensemble des télévisions.
· plus l'audience d'un écran est forte, plus le marché
accepte de payer un " coût GRP " élevé :
prime à la puissance.
Audience des écrans et coût /GRP - Prime
Time
(cible : ménagères de moins de 50 ans)
|
1994 |
1995 |
1996 |
Audience moyenne des écrans (en %) |
|
|
|
TF1 |
10,3 |
9,9 |
9,3 |
France 2 |
6,0 |
4,9 |
5,0 |
France 3 |
3,4 |
4,2 |
3,9 |
M6 |
4,2 |
4,1 |
4,5 |
Coût/GRP * (en milliers de francs) |
|
|
|
TF1 |
24,5 |
26,6 |
29,1 |
France 2 |
23,1 |
25,2 |
24,9 |
France 3 |
19,2 |
19,6 |
23,8 |
M6 |
22,5 |
20,6 |
21,0 |
*
Great Rating Point : coût nécessaire pour
diffuser un message susceptible de toucher 1 % de la cible choisie
.
Il faut donc être particulièrement attentif à
l'évolution du taux de revenu ? moyen (hors abattement forfaitaire
de 10 % ?) qui évolue comme suit :
(hors accords chaîne) |
1992* |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
France Télévision |
(19,4 %) |
19,3 |
21,3 |
21,4 |
22,8 |
* Avant la loi Sapin
Cette augmentation pourrait s'accélérer et remettre en question
les équilibres budgétaires.
II. LA PERSISTANCE DES DIFFICULTÉS DE FINANCEMENT
Quoique contesté par les chaînes privées,
le principe d'un financement mixte combinant ressources publiques et
privées ne peut pas être remis en cause.
En revanche, ce qui perturbe le développement du secteur public, c'est
un certain nombre de déficiences structurelles qui affectent le mode et
le volume du financement public de l'audiovisuel.
Le secteur public pâtit, d'une part, de l'insuffisance de l'assiette de
la redevance et du manque de prévisibilité des fonds publics
affectés aux chaînes et, d'autre part, de la part excessive des
recettes publicitaires dans les ressources des chaînes.
A. L'INSUFFISANCE DE L'ASSIETTE DE LA REDEVANCE
L'étroitesse de l'assiette de la taxe parafiscale
finançant l'audiovisuel public est l'une des caractéristiques les
plus singulières de notre pays. Aucun autre pays démocratique ne
compte autant de foyers de téléspectateurs
exonérés. Il s'agit de la conséquence d'un décret
" télécide " datant de novembre 1982, dont il
était alors convenu de considérer qu'il s'agissait d'un geste de
solidarité sociale.
Un correctif est intervenu en décembre 1996, qui, tout en étant
contestable au regard de l'égalité entre les citoyens, ne fait
pas disparaître le besoin d'une adaptation du régime
d'exonération de la redevance.
1. Le décret " télécide " de novembre 1992 et ses conséquences
Il faut, en effet, rappeler que, si le principe des
exonérations est confirmé par l'ordonnance du
14 février 1959, leur champ d'application s'est trouvé
considérablement étendu par le décret n° 92-971
du 17 novembre 1982.
En application de ce décret, repris et complété par le
décret n° 92-304 du 30 mars 1992, sont
exonérés :
1°) les personnes physiques remplissant les conditions suivantes :
- avoir 60 ans révolus au 1er janvier de l'année en cours,
- ou bien
- être infirme ou invalide au taux minimum de 80 %,
- ne pas être passible de l'impôt sur le revenu,
c'est-à-dire avoir une cotisation d'impôt sur le revenu
inférieure au minimum de recouvrement. Cette limite est
appréciée, après réintégration des avoirs
fiscaux ou crédits d'impôts, des réductions d'impôts
et de certains revenus exonérés en France,
- ne pas être passible de l'impôt de solidarité sur la
fortune,
- vivre seul ou avec son conjoint et, éventuellement, avec des
personnes à charge ou avec d'autres personnes non passibles de
l'impôt sur le revenu, avec une tierce personne chargée d'une
assistance permanente, ou avec ses parents en ligne directe, si ceux-ci ne sont
pas eux-mêmes passibles de l'impôt sur le revenu.
2°) les établissements hospitaliers, sous réserve de ne pas
être assujettis à la TVA, habilités à recevoir les
bénéficiaires de l'aide sociale, et les établissements
hospitaliers ou de soins, à l'exception des appareils destinés
à l'usage privatif des personnels de ces établissements.
Ainsi, comme permet de le constater le tableau ci-joint,
le nombre des
comptes de redevance exonérés est passé de
1 054 000 en 1983 à 4 335 000 en 1992.
Ce quadruplement, qui aboutit à ne pas faire payer la redevance par
presque un Français sur cinq
, résulte des critères,
essentiellement d'âge et de revenus, à partir desquels sont
définies les conditions d'exonération.
Or une telle définition est lourde de conséquences pour le
rendement de la redevance en raison du vieillissement de la population et de
l'augmentation des personnes non imposables.
Certes, on s'est efforcé de réagir mais de façon trop
timide.
Ainsi,
le décret, n° 93-1314 du 20 décembre
1993, a prévu de faire passer progressivement l'âge requis pour
pouvoir bénéficier de l'exonération de la redevance de
60 à 65 ans dans les conditions suivantes
:
- relèvement de l'âge minimal de 60 à 61 ans en 1994,
- de 61 à 62 ans en 1995,
- de 62 à 63 ans en 1996,
- de 63 à 64 ans en 1997,
- de 64 à 65 ans en 1998.
Mais, après les deux premières années de mise en oeuvre,
il s'avère que l'effet de cette mesure sur l'évolution du nombre
de comptes exonérés n'a pas été celui
escompté. En effet, les comptes exonérés n'ont
diminué que de 8 483 unités en 1994 et
28 660 unités en 1995.
Une étude réalisée par le service de la redevance au
premier semestre 1996 permet d'expliquer les résultats relativement
décevants de cette mesure.
Il apparaît, en effet, que les " entrées " en
exonération se font très majoritairement au-delà de
65 ans ; près de 90 % des nouveaux exonérés
recensés par l'enquête portant sur 2 400 dossiers
reçus en avril-mai 1996, sont en effet nés avant 1931.
Dans plus de la moitié des cas, le caractère tardif de demandes
d'exonération trouve son origine dans la mise en jeu de dispositifs
fiscaux spécifiques ou concernant naturellement plus les personnes
âgées :
- soit que ces dispositifs leur bénéficient directement :
abattement accordé aux personnes de plus de 65 ans, abattement pour les
veufs ou veuves de plus 75 ans ayant une carte d'ancien combattant ou une
pension militaire d'invalide...,
- soit qu'ils intéressent plus particulièrement les personnes
âgées du fait que certaines situations sont plus fréquentes
dans cette catégorie de la population (baisse des revenus,
décès du conjoint...).
En définitive, la nouvelle mesure relative à la condition
d'âge a évité jusqu'en 1995 une réduction du produit
de la redevance liée à l'exonération, mais n'a pas
apporté véritablement de ressources nouvelles.
Ce n'est qu'à partir de l'année 1996 qu'elle a
véritablement commencé à avoir des effets significatifs
sur l'évolution du nombre de comptes exonérés : au 31
décembre 1996, celui-ci a baissé de 116 000 par rapport
à la fin 1995 et si l'on compare le niveau des comptes
exonérés au 30 juin 1997 par rapport à celui au
30 juin 1996, la baisse est encore plus nette sur ces 12 derniers
mois, puisqu'elle est voisine de 168 000 unités.
2. Le décret n° 96-1220 du 30 décembre 1996 et ses inconséquences
Pour votre rapporteur, il était clair que le
décret de 1993 n'avait pas stoppé la dynamique des
exonérations.
Telle est la raison pour laquelle il a déposé lors de la
discussion du projet de loi de finances pour 1997 un amendement restreignant le
bénéfice d'exonération en ce qui concerne les personnes
âgées, aux seules titulaires de l'allocation supplémentaire
du Fonds national de solidarité.
L'initiative n'obtint guère de soutien, ni du Sénat, ni du
ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, soucieux,
déclare-t-il de ne pas aggraver la " fracture sociale ".
Mais,
miraculeusement, elle se " réincarna ", en partie du moins,
dans le décret n° 96-1220 du 30 décembre 1996.
A partir de 1998, pour être exonéré de la redevance, il
conviendra
, pour les personnes remplissant la condition d'âge (avoir
65 ans au 1er janvier 1998),
d'être titulaire de l'allocation
supplémentaire définie aux articles L 815-2 et suivants du
code de la sécurité sociale
. Les conditions de revenus
resteront toutefois inchangées pour les invalides.
Cette mesure ne s'appliquant qu'aux nouvelles demandes d'exonérations,
le service de la redevance
devra, à compter de 1998,
gérer
deux fichiers d'exonérés au titre des
personnes âgées
: le premier concernant toutes les
demandes acceptées avant le 1er janvier 1998 (les " droits
acquis " devant continuer à être soumis à la condition
de revenu antérieure, - être non imposable - pour
être renouvelés) et le second s'appliquant aux demandes
présentées à compter du 1er janvier 1998 et soumises
à la condition de revenu nouvellement définie, le
bénéfice de l'allocation supplémentaire du Fonds national
de solidarité.
Loin de se satisfaire de ce qui n'est qu'une demi-mesure, votre rapporteur
considère que ce nouveau décret, critiquable au regard de
l'égalité des citoyens, n'est pas à la hauteur des
problèmes de financement du secteur public.
Le correctif apporté par le décret de décembre 1996
est, en effet, non seulement injuste - peut-on vraiment parler de
" droits acquis " pour certains et créer deux régimes
différents pour des personnes placées dans des situations
identiques - mais insuffisant car il ne règle pas le
problème de fond qui est la structure du financement de l'audiovisuel
public.
La situation française reste profondément malsaine. Non seulement
le taux de la redevance est plus faible qu'ailleurs. Le poids de ces
exonérations
8(
*
)
pèse de toute
façon sur les contribuables-téléspectateurs-consommateurs
par le biais du remboursement d'une partie, via le budget de l'État et,
pour le reste, via le marché publicitaire.
3. La suppression de l'automaticité des exonérations de redevance : une mesure nécessaire à l'assainissement du financement de l'audiovisuel public.
Les dispositions du décret de décembre 1996
doivent donc être étendues à tous, sans qu'il soit tenu
compte des situations acquises. Il s'agit d'une mesure conforme à
l'équité, mais également aux intérêts du
secteur public.
Le montant annuel des pertes de recettes dues aux exonérations de
redevance est estimé à 2 614 millions de francs en 1997.
L'application intégrale, sans " droits acquis ", du nouveau
régime institué par le décret de 1996 devrait rapporter
presque 1,7 milliard de francs. En effet, sachant qu'il y a actuellement
3 190 000 comptes exonérés " personnes
âgées " et que le nombre de ces comptes correspondant
à des bénéficiaires du Fonds national de solidarité
peut être estimé à 900 000, la mesure proposée
par votre rapporteur devrait a priori rapporter
(3 190 000 - 900 000) x 735 francs, soit
1 683 millions de francs
9(
*
)
.
Le dispositif actuel a, au surplus, l'inconvénient d'accroître les
frais de perception puisque le service de la redevance doit maintenant
gérer une catégorie de redevables supplémentaire.
4. La lutte contre l'évasion : un complément nécessaire
Même si l'évolution du produit de la redevance
fait apparaître d'année en année une augmentation
supérieure à celle de la taxe, traduisant les efforts entrepris
par le service de la redevance, l'évasion reste un
phénomène considérable, de l'ordre de 7 à 8 %
des ménages équipés.
L'évaluation de ce qu'il est convenu d'appeler la fraude à la
redevance recouvre en fait plusieurs situations
:
- la non déclaration d'appareils récepteurs,
- la non déclaration de la détention d'un appareil
" couleur ", pour un ménage titulaire d'un compte
" noir
et blanc ", situation qui devient marginale,
- la non déclaration d'une modification dans la situation d'un
ménage, pouvant conduire à suspendre le bénéfice de
l'exonération et à remettre le compte exonéré en
catégorie payante,
- la non déclaration d'un changement d'adresse qui, temporairement ou
définitivement, peut conduire à l'arrêt du fonctionnement
du compte.
Les cas de non déclaration de détention d'appareils
récepteurs correspondent eux-mêmes à diverses situations,
dont la fraude véritable ne représente qu'une partie :
réelle volonté d'échapper à la redevance, ou
à l'opposé, méconnaissance de la réglementation ou
bien encore négligence.
C'est pourquoi le terme " évasion ", de sens plus large,
paraît plus approprié que celui de fraude pour évoquer ces
divers types de situation, que l'on estime de la façon suivante :
A partir de l'estimation annuelle du nombre de ménages (INSEE) et du
taux de premier équipement en appareils de télévision
(INSEE, Médiamétrie ; ce taux semble maintenant
stabilisé à 95 %), le service de la redevance compare le
nombre de ménages statistiquement équipés au nombre de
comptes redevance ouverts dans ses fichiers au titre des résidences
principales (après déduction des comptes de redevance ouverts au
titre d'une activité professionnelle et des comptes de résidence
secondaire). Cette différence donne une estimation des ménages
équipés ne figurant pas dans le fichier redevance.
Ainsi, la dernière évaluation effectuée en juin 1997 a
fait apparaître un nombre de comptes manquants égal à
1,7 million correspondant à un taux d'évasion de 7,7 %.
Ce calcul
10(
*
)
permet d'approcher assez
précisément (avec une fourchette de 1 %) le taux
d'évasion à la taxe, apprécié en importance et en
pourcentage du nombre de comptes manquants. Ce taux représente, bien
entendu, la valeur de référence moyenne pour l'ensemble du
territoire, avec des variations selon les secteurs géographiques.
Ces chiffres doivent néanmoins être remis dans leur contexte, si
l'on veut apprécier les gains à escompter d'un renforcement des
contrôles.
D'une part, le fait qu'il y ait un nombre plus important de
ménages
11(
*
)
ne signifie pas pour autant
qu'il y ait un nombre plus important de redevables, au regard de la
" notion de foyer " retenue par l'assiette de la redevance
(ainsi
plusieurs ménages, au sens fiscal, vivant sous le même toit, ne
sont redevables que d'une redevance par foyer).
D'autre part, dans les 1,7 million de comptes manquants, existe une part
d'évasion incompressible en raison de son constant renouvellement
dû aux mouvements de population, à l'arrivée de nouveaux
détenteurs et au renouvellement permanent du fichier.
Cette évasion incompressible est estimée par le service de la
redevance à 4 % du nombre de détenteurs d'appareils.
L'enjeu des contrôles porte donc sur 3 à 4 % des
ménages équipés, soit près de
800 000 comptes à ouvrir, correspondant à environ
500 millions de recettes supplémentaires.
Des mesures ont déjà été prises pour réduire
cette évasion. En particulier à l'initiative de votre rapporteur,
la loi n° 96-314 du 12 avril 1996 permet la communication du
fichier de la taxe d'habitation au service de la redevance de l'audiovisuel.
En effet, il a fallu tenir compte de l'avis de la Commission nationale de
l'informatique et des libertés - délibération
n° 93-058 et avis n° 95-154 - selon lequel
" l'utilisation par un service, qui n'est pas chargé du
recouvrement d'un impôt ou d'un droit, d'informations couvertes par le
secret fiscal doit être autorisée par une disposition
législative levant expressément le secret professionnel ".
Cette mesure, opérationnelle dès 1997, a pour effet
d'accroître la productivité du service puisque le rapprochement
des fichiers redevance et taxe d'habitation permet, à moyens en
personnels équivalents, d'augmenter sensiblement les ouvertures de
comptes et d'élargir dans les meilleures conditions de rendement,
l'assiette de la taxe.
Maintenant,
des progrès pourraient encore être faits dans la
lutte contre l'évasion.
Si l'on peut comprendre qu'on ne puisse
avoir accès aux fichiers des sociétés qui commercialisent
les abonnements au câble et au satellite, il devrait être possible
d'exiger des vendeurs qu'ils demandent aux souscripteurs de fournir nom et
adresse, voire le numéro de compte redevance, et qu'ils satisfassent aux
mêmes types d'obligation que celles imposées pour la vente des
téléviseurs. Dans le même ordre d'idée, la vente de
paraboles pourrait être soumise au même régime administratif
- tenue d'un registre - que les appareils de télévision
Situation au 31 juillet 1997
Répartition générale
|
Payants |
Non payants |
Total |
Métropole |
16 544 524 |
3 755 131 |
20 299 655 |
Outre-mer |
255 772 |
48 803 |
304 575 |
|
16 800 296 |
3 803 934 |
20 604 230 |
Comptes en instance de transfert |
34 037 |
1 139 |
35 176 |
Total général |
16 834 333 |
3 805 073 |
20 639 406 |
Répartition par région
N° |
Région |
Payants |
Non payants |
Total |
|
Nord |
|
|
|
59 |
Nord |
692 551 |
164 153 |
856 704 |
62 |
Pas-de-Calais |
382 773 |
118 634 |
501 407 |
|
|
1 075 324 |
282 787 |
1 358 111 |
|
Picardie |
|
|
|
2 |
Aisne |
152 066 |
38 801 |
190 867 |
60 |
Oise |
216 196 |
34 511 |
250 707 |
80 |
Somme |
155 885 |
42 947 |
198 832 |
|
|
524 147 |
116 259 |
640 406 |
|
Haute-Normandie |
|
|
|
27 |
Eure |
154 078 |
28 359 |
182 437 |
76 |
Seine-Maritime |
369 436 |
74 871 |
444 307 |
|
|
523 514 |
103 230 |
626 744 |
|
Basse-Normandie |
|
|
|
14 |
Calvados |
181 083 |
41 265 |
222 348 |
50 |
Manche |
132 867 |
46 383 |
179 250 |
61 |
Orne |
79 540 |
27 510 |
107 050 |
|
|
393 490 |
115 158 |
508 648 |
|
Ile-de-France |
|
|
|
75 |
Paris |
674 079 |
82 329 |
756 408 |
77 |
Seine-et-Marne |
330 584 |
36 938 |
367 522 |
78 |
Yvelines |
388 080 |
29 675 |
417 755 |
91 |
Essonne |
321 167 |
26 504 |
347 671 |
92 |
Hauts-de-Seine |
431 185 |
38 973 |
470 158 |
93 |
Seine-Saint-Denis |
357 610 |
51 167 |
408 777 |
94 |
Val-de-Marne |
358 604 |
39 842 |
396 446 |
95 |
Val d'Oise |
304 765 |
31 115 |
335 880 |
|
|
3 166 074 |
336 543 |
3 502 617 |
|
Champagne |
|
|
|
8 |
Ardennes |
83 082 |
22 305 |
105 387 |
10 |
Aube |
91 712 |
19 069 |
110 781 |
51 |
Marne |
172 222 |
27 992 |
200 214 |
52 |
Haute-Marne |
58 085 |
16 790 |
74 875 |
|
|
405 101 |
86 156 |
491 257 |
N° |
Région |
Payants |
Non payants |
Total |
|
Lorraine |
|
|
|
54 |
Mthe et Melle |
207 148 |
44 066 |
251 214 |
55 |
Meuse |
56 602 |
16 765 |
73 367 |
57 |
Moselle |
287 816 |
64 122 |
351 838 |
88 |
Vosges |
109 952 |
30 459 |
140 411 |
|
|
661 518 |
155 412 |
816 930 |
|
Alsace |
|
|
|
67 |
Bas-Rhin |
293 411 |
48 161 |
341 582 |
68 |
Haut-Rhin |
214 303 |
33 026 |
247 329 |
|
Bretagne |
|
|
|
22 |
Côtes d'Armor |
156 158 |
57 343 |
213 501 |
29 |
Finistère |
243 453 |
77 311 |
320 764 |
35 |
Ille-et-Vilaine |
233 464 |
61 643 |
295 107 |
56 |
Morbihan |
181 977 |
55 790 |
237 767 |
|
|
815 052 |
252 087 |
1 067 139 |
|
Pays de la Loire |
|
|
|
44 |
Loire-Atlantique |
322 805 |
68 107 |
390 912 |
49 |
Maine et Loire |
194 665 |
52 684 |
247 249 |
53 |
Mayenne |
76 338 |
26 227 |
102 565 |
72 |
Sarthe |
157 780 |
38 983 |
196 763 |
85 |
Vendée |
147 860 |
47 274 |
195 763 |
|
|
899 448 |
233 175 |
1 132 623 |
|
Centre |
|
|
|
18 |
Cher |
97 499 |
26 440 |
123 939 |
28 |
Eure-et-Loir |
120 705 |
22 625 |
143 330 |
36 |
Indre |
69 653 |
24 235 |
93 888 |
37 |
Indre-et-Loire |
163 468 |
36 949 |
200 417 |
41 |
Loir-et-Cher |
94 916 |
24 015 |
118 931 |
45 |
Loiret |
186 242 |
31 775 |
218 020 |
|
|
732 483 |
166 042 |
898 525 |
|
Bourgogne |
|
|
|
21 |
Côte d'Or |
149 918 |
28 911 |
178 829 |
58 |
Nièvre |
71 664 |
20 245 |
91 909 |
71 |
Saône-et-Loire |
163 143 |
46 778 |
209 921 |
89 |
Yonne |
104 177 |
23 331 |
127 508 |
|
|
488 902 |
119 265 |
608 167 |
B. LA PART EXCESSIVE DES RECETTES PUBLICITAIRES
L'année dernière notre rapport tirait une fois de plus la sonnette d'alarme : il y a trois fois plus de messages publicitaires à la télévision qu'il y a 10 ans !
Trois fois plus de messages publicitaires à la
télévision en dix ans
|
1986 |
1987* |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992** |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Nombre de spots |
140 317 |
174 819 |
167 964 |
228 381 |
252 164 |
294 221 |
307 216 |
329 432 |
374 105 |
429 928 |
|
Durée annuelle (1) |
52 970 |
62 806 |
57 962 |
78 743 |
89 306 |
102 127 |
106 261 |
110 271 |
126 646 |
148 540 |
|
Nombre de marques |
1 746 |
2 049 |
2 023 |
2 221 |
2 436 |
2 567 |
2 731 |
3 059 |
3 423 |
3 577 |
|
* Début de M6
** Arrêt de La 5
(1) En minutes
Les excès de publicité sur les écrans publics sont
responsables de cette course à l'audience qui ont pu faire
dériver France Télévision mais ils pourraient
également faire déraper l'ensemble du secteur car trop de pub tue
la pub !
Il faut rétrospectivement comprendre qu'il n'est pas possible
d'accorder de généreuses exonérations, de créer de
nouvelles chaînes sans donner au secteur public les ressources dont il a
besoin
.
Faire reposer le financement du secteur public sur la publicité,
c'est changer les règles du jeu et substituer une logique commerciale
à celle du service public.
Dépasser le seuil de 50% de recettes publicitaires et de parrainage, ce
qui s'est produit pour la première fois en 1997 pour France 2, c'est
franchir une ligne au-delà de laquelle on est sûr de changer la
nature du système.
De ce point de vue, votre rapporteur attire l'attention sur le fait que
l'engouement actuel pour le format de 52 minutes par opposition à celui
de 90 minutes qui caractérise traditionnellement la fiction
française, doit être remis dans son contexte.
Certes, le choix de ce format qui domine le marché international est une
bonne chose du point de vue des exportations et votre rapporteur s'en
félicite.
Mais, derrière les affirmations du type " la
télévision doit revenir à une écriture qui lui soit
propre ", il y a des réalités commerciales : passer des
formats de 52 minutes en prime time permet de multiplier les écrans
publicitaires aux moments les plus rentables de la soirée
.
L'engagement pour le 52 minutes, voire le 26 minutes, tient tout autant
à la nécessité de faire des séries plus vivantes
qu'à des arrière-pensées commerciales.
Bien avant le seuil de 50 % de recettes d'origine publicitaire, il est
clair que les impératifs d'audience prennent le pas sur ceux
résultant des missions de service public : l'affaire dite des
animateurs-producteurs en est la manifestation la plus caricaturale mais
d'autres, en elles-mêmes non critiquables comme celle des provisions pour
dépréciation de programmes, montrent que c'est l'audimat qui
dicte sa loi indépendamment des considérations de qualité
des programmes.
Il est clair que, depuis cinq ans, c'est sur les écrans publics que la
publicité a le plus augmenté tant en termes de durée que
de nombre de spots.
Ensemble de la journée
Minutes/Jour |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
TF1 |
92,7 |
102,2 |
107,8 |
118,2 |
122,1 |
M6 |
72,5 |
71,6 |
87,6 |
101,9 |
101 |
France 2 |
58,7 |
68,9 |
80,0 |
95,5 |
97,6 |
France 3 |
33,9 |
44,7 |
56,1 |
74,6 |
69,2 |
France Télévision |
|
|
|
|
|
Tranche 19 heures - 24 heures
Minutes/Jour |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Différence 96-92 |
TF1 |
30,0 |
33,6 |
34,7 |
37,8 |
39,7 |
9,7 |
M6 |
29,8 |
31,0 |
33,7 |
36,3 |
36,1 |
6,3 |
France 2 |
22,6 |
23,9 |
26,9 |
26,9 |
32,9 |
10,3 |
France 3 |
19,3 |
25,2 |
27,5 |
31,6 |
30,2 |
10,9 |
France Télévision |
41,9 |
49,1 |
54,4 |
58,5 |
63,1 |
21,2 |
En nombre de messages, l'évolution est la suivante :
Messages diffusés (milliers) |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Différence 96-92 |
TF1 |
100,5 |
112,5 |
115,6 |
125,7 |
126,0 |
25,5 |
M6 |
74,1 |
76,8 |
95,7 |
107,0 |
100,1 |
26,0 |
France 2 |
62,5 |
74,4 |
83,3 |
98,4 |
98,4 |
35,9 |
France 3* |
36,6 |
50,2 |
62,8 |
81,1 |
73,3 |
36,7 |
France Télévision |
99,1 |
124,6 |
146,1 |
179,5 |
171,7 |
72,3 |
* Spots à diffusion nationale
C'est ce constat qui conduit votre rapporteur à prendre une
initiative tendant de stopper l'inflation publicitaire sur les chaînes
publiques
.
Ainsi,
la suppression des exonérations proposées au paragraphe
précédent permettrait de réduire de 1/4 d'heures sur
chaque chaîne publique la durée des écrans publicitaires en
1996
. Encore faut-il remarquer que cet effort important soit 1,4 milliards
de francs ne nous ramènerait guère en deçà de la
situation de 1992. De 1992 à 1996, la durée des écrans
publicitaires sur France Télévision est passée entre 19
heures et 24 heures de 41,9 minutes à 63,1 minutes, soit un
accroissement de plus de 21 minutes pour l'ensemble des deux chaînes.
C. L'INSTABILITÉ DES RESSOURCES DES CHAÎNES PUBLIQUES
Il n'est pas normal que le secteur public ne
bénéficie pas d'un horizon financier relativement stable, qu'il
ne sache pas à peu près sur quels revenus il peut compter.
Or, actuellement, et même s'il l'on peut comprendre que l'on ne puisse
rigidifier à l'excès le budget de l'Etat, il faut bien
reconnaître que beaucoup de facteurs concourent à rendre
incertaines les perspectives du financement des opérateurs.
On ne connaît à l'avance ni le montant de la redevance, ni sa
répartition entre les organismes. Celle-ci peut d'ailleurs être
modifiée par des lois de finances rectificatives comme en 1996.
Quant aux crédits budgétaires, ils sont non seulement incertains
et variables au niveau de la loi de finances mais également
précaires dans la mesure où ils sont très facilement
visés par les annulations de crédits en cours d'année.
Tout cela contribue à susciter avant chaque loi de finances une
agitation fébrile, voire un climat malsain, fait de rumeurs et de
craintes, peu propice à une gestion sereine.
Certes, cette fébrilité avait été largement
démontrée par les tentatives du précédent
Gouvernement pour imposer des efforts d'économies trop brutaux pour
être vraiment efficaces et ne pas affaiblir les entreprises.
L'anlyse rétrospective des dotations démontrerait cette
variabilité de ressources aussi bien pour celles tirées de la
redevance que pour celles provenant de sources budgétaires, même
si c'est pour ces dernières que l'instabilité est la plus
chronique.
On ne peut à cet égard qu'approuver les déclarations
faites sur le sujet devant notre commission des finances par Madame Catherine
Trautmann, ministre de la culture et de la communication (cf annexe ) :
" D'abord, assurer la pérennité des ressources. J'ai
pleinement conscience du fait que ce budget n'est qu'une étape, et qu'il
faudra poursuivre nos efforts. L'audiovisuel sort d'une période de
récession, qui a fragilisé les entreprises. J'ai souhaité
sécuriser leurs ressources, leur donner une visibilité à
long terme, qui leur permette de mettre en place une stratégie
dépassant les douze mois. En effet, une partie de l'augmentation de la
redevance va servir à compenser une diminution des crédits
budgétaires. Mais soyons clairs : ces crédits ont diminué
de 798 millions en 96 et de 386 millions en 97. Il est très peu
probable qu'ils atteignent à nouveau le montant initial d'1,4 milliard.
Dans ces conditions, et pour parler franchement, je préfère la
pérennité d'une ressource affectée à des
crédits toujours susceptibles d'une régulation budgétaire,
encore à l'heure où nous parlons.
"
Le secteur public ne peut pas se développer sous la menace permanente
de l'épée de Damoclès des mesures de régulations
budgétaires
.
Or, aujourd'hui, alors que le Gouvernement affiche une priorité pour la
culture et la communication, le risque n'est pas écarté de l'aveu
même du Ministre.
Telle est la raison pour laquelle, il s'oppose à l'initiative de son
homologue de la commission des finances de l'Assemblée nationale, M. Le
Guen, lorsqu'il tend à supprimer la redevance dont
bénéficie RFI pour lui substituer des crédits
budgétaires.
Sur le fond, l'argumentation de M. Le Guen n'est pas dépourvue de
logique dans la mesure où la redevance ayant un caractère de
service rendu, il n'est pas normal de la faire servir au financement de RFI,
qui en principe du moins, émet vers l'étranger. Mais la raison
pratique étant parfois préférable à la raison pure,
il faut reconnaître que cela expose inutilement RFI à des risques
dont on a compris qu'ils n'étaient pas définitivement
écartés.
CHAPITRE II : LE PAYSAGE AUDIOVISUEL EN MUTATION
I. LES GRANDES MANOEUVRES DU SATELLITE
A. L'APPARITION DE GÉANTS DE LA COMMUNICATION
1. Les nouveaux poids lourds mondiaux
En 1987, neuf des douze premières entreprises
étaient des radiodiffuseurs hertziens, les trois networks
américains traditionnels (Capital Cities/ABC, NBC, CBS), l'ARD,
Fujisankei (Fuji Television Network, Nippon Broadcasting System), la NUK, la
Fininvest, la BBC et la RAI. On retrouve seulement quatre de ces entreprises
dans le classement de 1995.
Le classement 1995 est du reste sensiblement différent du classement
1994 : Viacom (classée 16e en 1994) devient la première
entreprise mondiale, à la suite de l'absorption de Blockbuster et de
Paramount. Il faut souligner que le classement de Fujisankei et du groupe Kirch
est approximatif, compte tenu de la discrétion de ces
sociétés sur leurs résultats financiers.
L'année 1996 a été, sur le plan mondial, l'occasion de
nouvelles fusions de grande importance.
Aux États-Unis, les principales opérations ont été
les suivantes :
- En février 1996,
Walt Disney Company
a fait
l'acquisition de Capital Cities/ABC
. Le prix d'achat a été
réglé comme suit : 10,1 milliards de dollars US et la
cession de 155 millions d'actions pour une valeur de 8,8 milliards de
dollars US. Pour la première fois, un studio d'Hollywood contrôle
l'un des trois grands réseaux de radiotélévision,
desservant 223 stations TV affiliées. Le chiffre d'affaires total de
Walt Disney pour l'année 1996 a atteint 18,7 milliards de dollars
US, soit une augmentation de 47 % par rapport à 1995.
-
la fusion Time Warner/Turner Broadcasting Group
, annoncée en
septembre 1995, a été finalisée en octobre 1996. En
1996, le chiffre d'affaires consolidé de Time Warner Inc. s'est
élevé à 10,06 milliards de dollars US (soit une
croissance de 74,6 % par rapport à 1995).
-
l'acquisition du réseau NBC par Westinghouse Electric Inc
., en
novembre 1995, a été complétée par l'acquisition
d'une autre société de diffusion, Infinity, en décembre
1996, et de The Nashville Network et The Country Music Television,
achetés en février 1997 au groupe Gaylord Entertainment. Le
chiffre d'affaires " Média " de Westinghouse Electric Inc.,
en
1996, a été de 4,145 milliards de dollars US (contre
1,016 milliard de dollars US en 1995).
En Grande-Bretagne, également, on assiste à des regroupements
importants. Ainsi, le propriétaire du " Financial Times " -
et, en France, du journal " Les Échos ",
le groupe de
communication britannique Pearson
, déjà très
présent dans l'audiovisuel avec des filiales de production comme Thames
TV ou Grundy (" La roue de la fortune ",
" Questions pour un
champion ") et une participation dans la chaîne privée
britannique Channel 5, a annoncé en octobre 1997, l'acquisition pour 2,2
milliards de francs de la société de production californienne All
American Communication. Cette société, qui a notamment
lancé la série télévisée " Alerte
à Malibu ", est aussi le premier détenteur et distributeur
mondial de jeux télévisés avec 90 " game shows "
(dont " Le juste prix ", " Tournez
manèges ")
distribués dans 29 pays. Grâce à cette acquisition,
Pearson television est devenu l'un des premiers producteurs mondiaux de
séries et de jeux pour la télévision.
2. L'offensive américaine
Forts de leur puissance financière, forts des avantages
que leur donne une intégration économique et notamment
l'accès direct à des stocks de programmes considérables,
forts enfin et surtout de leur expérience commerciale, qui leur a permis
de mettre au point des concepts de chaînes thématiques
sophistiqués, les Américains commencent à débarquer
en Europe.
On connaissait surtout la chaîne d'information CNN, qui, pour l'instant,
a plus d'imitateurs que de véritables concurrents, soit que, comme
Euronews, ils n'aient pas trouvé leur public, soit que, telle LCI, le
concept reste essentiellement national.
Mais les choses vont très rapidement changer. D'une part, les
progrès de la technologie vont faciliter l'adaptation des programmes aux
habitudes locales, tout en bénéficiant de l'effet d'image
très positif que le public associe à tout ce qui vient
d'Outre-Atlantique. D'autre part, l'interprétation de plus en plus
stricte des dispositions de la directive " Télévision Sans
Frontières " relatives à la libre circulation va se traduire
par une application rigoureuse du principe de reconnaissance mutuelle des
autorisations d'émettre : il ne sera pas difficile aux
chaînes américaines de trouver des pays susceptibles de servir de
tête de pont, d'où elles pourront arroser avec un minimum de
contraintes le reste de l'Europe.
D'une façon générale, la segmentation, voire
l'éclatement du marché, en tous cas, la spécialisation
thématique à outrance qui semblent se dessiner vont dans toute
une série de domaines offrir aux chaînes américaines
l'occasion de valoriser à moindre coût un savoir-faire
incontestable.
Deux genres,
l'animation et le documentaire
, constituent, en raison de
la facilité de doublage et du caractère transnational des
contenus, la
première cible des groupes américains
, dont
l'objectif est d'imposer leur concept à l'ensemble du monde.
Première zone stratégique, les chaînes Jeunes
.
Après Cartoon Network et Disney Channel, les nouveaux venus s'appellent
Fox Kids du groupe Murdoch et Nickelodeon de Viacom.
Pour mesurer la puissance de ces entreprises, il faut savoir qu'elles se sont
développées sur un marché, les États-Unis,
où 60% des enfants ont la télévision dans leur chambre.
Ainsi, Cartoon Network du groupe Turner, fondé en 1992, peut revendiquer
31 millions d'abonnés, tandis que Nickelodeon, du groupe Viacom,
fondé en 1979, dépasse les 60 millions. Cette chaîne
est reçue dans pratiquement tous les foyers abonnés au
câble. L'une et l'autre se placent en terme d'audience très
régulièrement parmi les toutes premières chaînes du
câble.
La menace est d'autant plus grave qu'elles viennent de comprendre la
nécessité de s'appuyer non seulement sur un important stock de
programmes et une identité visuelle établie, mais aussi sur
l'adaptation aux cultures locales.
D'une région du monde à l'autre, les préférences du
public sont analysées, étudiées de façon
systématique avec toute la précision que donnent les techniques
du marketing. C'est ainsi que l'âge des protagonistes varie selon le
continent pour répondre aux attentes du jeune public. Dans d'autres cas,
les techniques d'incrustation d'images permettent de faire varier les
animateurs en fonction du marché et donc de délocaliser à
moindre prix certaines émissions.
Mais le fait nouveau, qui rappelle les lois générales de
développement des firmes multinationales, est que ces groupes
américains créent des filiales faisant une place à la
production locale, allant même jusqu'à solliciter un
conventionnement auprès des autorités de régulation.
Lancée en mars 1997, Disney Channel se présente comme une
chaîne " 100 % française ". On note que Disney
Channel a, pour la reprise de son programme sur le câble,
sollicité et obtenu son conventionnement du Conseil supérieur de
l'audiovisuel. Elle s'est ainsi engagée à consacrer au moins 10%
du temps à la diffusion d'oeuvres cinématographiques et
audiovisuelles ou 10% de son budget de programmation à des oeuvres
européennes. Elle fait état de résultats encourageants en
affichant un objectif de 300 000 abonnés pour la fin 1997. Le
président du directoire de cette entreprise a prévu d'atteindre
une rentabilité à cinq ans. Il a annoncé la volonté
de la chaîne de mettre en place un réseau européen ainsi
que de multiplier les coproductions, montrant que Disney avait choisi la France
comme base de départ pour une offensive qui conduira son entreprise,
dès 1998, en Italie, puis en Espagne, avant l'Allemagne et les pays
scandinaves.
La chaîne Fox kids, qui doit être lancée au dernier
trimestre 1997 en exclusivité sur CanalSatellite, est un autre exemple
de stratégie d'intégration. Elle résulte d'une
" joint venture " entre Fox du groupe News corp. et de la
société Saban. La société, dont le budget est
actuellement de 40 millions de francs, a été
implantée à Paris pour être " en prise directe avec le
marché " ; elle a fait savoir qu'elle respectera la
législation en vigueur.
Le cas de la chaîne Cartoon de Ted Turner est très
représentatif d'une stratégie moins coopérative. Par deux
fois en 1993 et 1994, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a
refusé son conventionnement sur le câble, au motif que le groupe
Turner n'offrait pas de garanties suffisantes pour la programmation
d'émissions d'origine européenne. Mais cette
société saura faire le nécessaire pour être
conventionnée en France.
Le
secteur des documentaires
(voyages, animaux ou savoir en
général) constitue un
autre objectif
privilégié
des chaînes américaines.
Ainsi " Discovery Channel ", dont le patron John Hendricks a
été sacré " homme de l'année " au Mipcom
de Cannes en 1997, a connu en une douzaine d'années, un
développement phénoménal : troisième
chaîne câblée américaine en nombre d'abonnés,
elle est présente dans 112 millions de foyers répartis dans
145 pays. Cette société qui, avec les autres chaînes du
groupe, The Learning Channel, Animal Planet, ainsi que les produits
dérivés, a dégagé des revenus de 600 millions de
dollars, déclare " avoir entamé des négociations avec
TPS et CanalSatellite pour être diffusée en France ".
En définitive, il apparaît que si l'offensive des groupes
américains peut se développer de façon aussi puissante,
c'est qu'ils disposent
d'une position de force
à trois
niveaux :
La
maîtrise des contenus
en stocks mais aussi en flux : les
diffuseurs européens ont dû payer le prix fort pour s'assurer
l'accès aux produits d'appel que constituent les films et les programmes
de fiction américains, ce qui représente un handicap par rapport
à ceux de leurs concurrents qui détiennent les droits sur les
stocks. On a certainement raison de penser que la situation ne devrait pas
s'améliorer compte tenu de l'évolution des techniques de
commercialisation, car celles-ci pourraient bien accroître encore
l'impact commercial des produits américains. Au développement de
concepts de produits dans le cadre mondial, à l'uniformisation des
goûts dont cette stratégie se nourrit, s'ajoute désormais
l'application des techniques de distribution de masse à l'audiovisuel.
L'actualité récente, qui s'est traduite par l'annonce de
l'ouverture en Allemagne de 17 multiplexes par United Cinemas International -
société qui réunit les activités en Europe des
compagnies Paramount et Universal - , démontre un changement de mode de
distribution. Il s'agit désormais d'offrir aux consommateurs les
avantages de la grande distribution : le choix, c'est-à-dire le
nombre, et, tôt ou tard, le prix car le groupement des salles devrait
permettre des formules de vente - groupées par exemple -
intéressantes pour le consommateur.
Bref, on s'oriente vers un mode de distribution à l'américaine,
où la structure de base sera un
parking avec des services autour
.
La multiplicité des prestations annexes fournies n'aura d'égale
que l'uniformité de la programmation, toute entière
orientée vers la consommation de masse suivant les principes d'un
marketing désormais mondial.
Nul doute alors que l'attrait des produits américains se renforcera en
aval, au niveau des chaînes du satellite ; du coup, la
compétitivité des groupes américains qui en
contrôlent la production sera améliorée ; en fin de
compte, les revenus qu'ils tireront des ventes de programmes seront accrus.
Déjà, les Américains hésitent à vendre leurs
meilleurs dessins animés à des chaînes européennes
concurrentes en s'en réservant l'exploitation directe.
Le deuxième mode de pénétration du marché
européen est l'
investissement
, soit sous forme de
prises de
participations
, soit sous forme
d'implantations de filiales
en
Europe.
Dans ce dernier cas, il s'agit de valoriser un savoir-faire commercial en
créant des sociétés destinées à reprendre,
avec plus ou moins de latitude, les concepts mis au point pour dominer le
marché américain.
On peut en constater les premiers effets pour les programmes destinés
à la jeunesse avec tous les risques que cela comporte pour les
chaînes françaises ou européennes déjà
présentes sur ce créneau. Certes, celles-ci disposent encore
(mais est-ce pour longtemps ?) de
l'atout de la proximité
culturelle
.
Cet avantage pourrait s'estomper au fur et à mesure que les
chaînes américaines développeront des programmes locaux, ce
qui devrait être le cas de la plupart d'entre elles, y compris Cartoon
Network, rendant la concurrence des entreprises américaines d'autant
plus irrésistible, qu'opérant au niveau mondial, elles disposent
de budgets de développement considérables.
Mais, l'offensive américaine prend également des formes
classiques, telles que la prise de participation dans les réseaux - Time
Warner est en discussion avec Canal + pour la reprise des 33
réseaux de la Compagnie Générale de
Vidéocommunication, filiale câble de la Compagnie
Générale des Eaux - ou dans les diffuseurs : Direct TV,
leader de la télévision à péage au niveau mondial,
est sur le point d'acquérir en Espagne, une participation importante
dans Via Digitale, le bouquet contrôlé par Telefonica, concurrent
de CanalSatellite Digital de Canal +.
La troisième voie, que pourraient emprunter les firmes
américaines pour transformer leur suprématie en
hégémonie, est de pouvoir
imposer
du fait de leur
puissance commerciale
les
technologies
qui vont déterminer
les modes de consommation du futur. Il va falloir gérer cette
prolifération des chaînes et cette convergence, qui
caractérisent l'évolution des modes de communication avec le
développement d'Internet.
A cet égard, la stratégie de Microsoft - qui s'est
déjà livré à des expériences de
télévision interactive avec DirectTV - est claire :
développer pour les télévisions un système
d'exploitation aussi simple et convivial que celui mis au point pour les
ordinateurs personnels en s'efforçant d'imposer, dans la perspective de
l'arrivée de la télévision numérique, sa propre
norme technique, en l'occurrence la Digital Television. Et, tandis qu'il a
investi 1 milliard de dollars dans Comcast, quatrième compagnie du
câble sur le marché américain, Microsoft va certainement
développer en priorité les systèmes de
" navigation ", qui permettront dans l'avenir aux
consommateurs du
futur, noyés sous des flots d'images, de mieux composer un programme,
sinon sur mesure du moins répondant au mieux à leurs goûts.
A la course aux contenus, va sans doute succéder la course aux
outils
ou plutôt aux types d'outils, qu'il s'agisse des outils
logiciels - instruments de " navigation " - ou des outils
matériels avec le choix de normes pour les nouveaux écrans de la
télévision numérique à haute définition.
B. LES RÉPERCUSSIONS EN EUROPE
1. La constitution de groupes transnationaux
En 1996, on a également assisté à des
opérations de fusion importante sur la scène européenne.
·
La naissance de CLT-UFA
En juillet 1996, a été signé à Luxembourg l'accord
de mise en commun des activités audiovisuelles de Bertelsmann AG et
d'Audiofina S.A., la société-mère de la CLT. Cette
alliance fait naître en Europe la première entreprise
audiovisuelle par le chiffre d'affaires, CLT-UFA, et un groupe très
performant en mesure de s'imposer dans la concurrence internationale. Audiofina
et Bertelsmann contrôleront à parts égales 98 % de la
CLT-UFA. CLT-UFA réunira l'ensemble des activités et
participations de la CLT et celles de UFA Film und Fernseh GmbH & Co KG. Le
rapprochement CLT-UFA ne sera effectif qu'à partir du moment où
toutes les autorisations des autorités nationales et européennes
auront été obtenues. Jusqu'à cette date, les deux
entreprises continueront à travailler de façon autonome et
indépendante, tout en préparant d'ores et déjà la
mise en place de leurs nouvelles structures. Outre l'apport de
l'intégralité de ses activités audiovisuelles à la
CLT, Bertelsmann a prévu le versement à Audiofina d'une soulte en
espèce d'environ 1,5 milliard de DM, payable début 1997.
·
L'internationalisation de Canal +
En septembre 1996, Canal + a annoncé sa fusion avec Nethold, le
troisième groupe européen de télévision à
péage. Avec 14,9 %, la Compagnie financière Richemont (qui
détenait 50 % du capital de Nethold) est devenu le troisième
actionnaire de Canal +, après Havas (17,3 %) et la
Générale des Eaux (15 %).
La fusion a pour objectif de permettre à Canal + de
pénétrer de nouveaux marchés, au nord et au sud de
l'Europe, en prenant le contrôle des chaînes à péage
FilmNet (en Scandinavie, aux Pays-Bas, dans la Communauté flamande, en
Europe centrale, en Grèce) et Telepiù (en Italie).
Mais cette opération était aussi la conséquence des
retournements d'alliances intervenus sur le marché allemand qui
aboutissaient à une marginalisation de fait du groupe français.
En contrepartie du retrait de Canal + de Premiere, Kirch cède au
groupe français les 45 % qu'il détenait dans les chaînes
à péage italiennes Telepiù. Compte tenu de
" l'avancée des plates-formes numériques dans chaque pays,
des résultats financiers des chaînes et des perspectives de
marché ", la transaction s'est effectuée sur la base
" d'un abonné Première pour un abonné
Telepiù ". La valorisation de cet abonné a été
fixée à 1 250 dollars, un seuil plus
élevé que celui arrêté quand Rupert Murdoch avait
cherché à entrer dans Premiere. La participation de Canal +
dans la chaîne allemande, qui compte 1,45 million d'abonnés,
s'élève donc à 3,94 milliards de francs. Leo Kirch
s'était engagé à payer cette somme par des actions
Telepiù (évaluées selon cette base à
2,8 milliards de francs pour 0,88 million d'abonnés), ainsi
que par une soulte en numéraire de 1,2 milliard de francs, qui ira
grossir la trésorerie de Canal +.
Si le groupe français se retire du marché allemand faute d'avoir
pu y trouver sa place, ce départ s'effectue dans le cadre d'une
stratégie cohérente, et dans de bonnes conditions
financières : Canal + a investi au total près de 600
millions dans Premiere et récupérera in fine près de cinq
fois sa mise. Ce gain vient à point nommé pour permettre au
groupe français de supporter la charge que constitue la reprise des
activités de Nethold encore déficitaires.
2. La germanisation du marché allemand
1997 a vu des bouleversements importants se produire sur le
marché allemand. D'abord, le groupe de communication de M. Rupert
Murdoch a décidé, le 7 mars 1997, de se retirer
jusqu'à nouvel ordre du marché allemand de la
télévision numérique, en dénonçant ses
accords avec le groupe Kirch. Mais, de façon encore plus radicale, ce
dernier a renoncé à exploiter son bouquet DF 1 pour se
rapprocher de Premiere.
Après l'explosion d'un premier projet d'alliance avec Canal + et
Bertelsmann, BSkyB était entré, en juillet 1996, à hauteur
de 49 % dans le capital de DF 1, la plate-forme numérique de
M. Leo Kirch. Cette alliance devait permettre de tirer parti au mieux du
lancement de la technologie numérique sur le marché le plus riche
d'Europe : l'Allemagne. Cependant, le marché allemand n'a pas -dans
ce domaine- tenu ses promesses. M. Murdoch s'est retiré d'Allemagne,
passée en quelques mois du marché le plus prometteur d'Europe
à celui de marché incertain. "
La situation était
très risquée pour BSkyB sur le marché allemand, où
il y a déjà beaucoup de choix
" dans le secteur de la
télévision payante ; de plus, le lancement de services
numériques en Grande-Bretagne pouvait se révéler beaucoup
plus rentable.
En fait, le bouquet numérique DF 1 n'a jamais réussi
à décoller du fait de la dure concurrence de Premiere, la
chaîne de télévision à péage
contrôlée par Bertelsmann et Canal +, et dans laquelle Kirch
possède aussi une participation minoritaire de 25 %. Premiere
compte 1,5 million de clients en Allemagne. "
Le décollage
de DF 1 a été terriblement lent, avec seulement 30 000
abonnés à la fin de l'année dernière, alors que
l'objectif était de 200 000 "
.
M. Murdoch voulait développer des passerelles entre DF 1 et
Premiere, et éventuellement intégrer Premiere au bouquet
DF 1. Tel serait cependant l'un des principaux points de désaccord
entre MM. Kirch et Murdoch.
Les possibilités d'expansion en Europe sont limitées pour
M. Murdoch et BSkyB, qui devraient désormais se tourner vers les
États-Unis et d'autres marchés moins saturés. Il dispose
cependant d'une place-forte en Europe, la Grande-Bretagne, où BSkyB, son
réseau de télévision payante par satellite et par
câble, n'a pas de concurrence. Plus de six millions de Britanniques y
sont abonnés et BSkyB est considérée comme l'une des plus
rentables sociétés britanniques cotées à la Bourse
de Londres.
Le marché du numérique en Allemagne est difficile d'accès,
même pour les plus grands groupes de communication.
Terre promise des grands groupes de communication, le marché allemand de
la télévision numérique est devenu une place-forte
décourageant les mieux armés. Présenté comme une
diversification rendue possible grâce aux énormes capacités
de transmission de la technologique numérique, le développement
de la télévision du futur en Allemagne apparaît depuis 1995
comme incertain. En septembre 1996, le groupe Bertelsmann, numéro trois
mondial de la communication, déclarait forfait, enterrant ses propres
projets de peur d'y perdre trop d'argent.
Ce nouveau loisir télévisuel -l'arrivée du
numérique- a du mal à trouver sa place dans un paysage
audiovisuel déjà encombré par une pléthore de
programmes accessibles pour un prix dérisoire. Une bonne moitié
des foyers reçoit déjà la trentaine de chaînes du
câble pour moins de 30 DM mensuels
(1 DM = 3,37 francs). "
La télé
numérique est un complément qui va se développer, mais
lentement, et qui devra offrir de très bons programmes et un excellent
rapport qualité-prix
". La chaîne à péage
Premiere ne compte d'ailleurs, après six ans d'existence, que 1,417
million d'abonnés.
Mais, coup de théâtre, le groupe Kirch, las d'accumuler les
pertes, saborde son bouquet DF 1 et se rapproche, en dépit de leurs
rivalités commerciales et même judiciaires, de Bertelsmann.
Après le retrait pur et simple du projet concocté par la CLT
(Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion), c'est donc au tour
du groupe Kirch de déclarer forfait.
DF 1 n'avait pas, malgré ses 38 chaînes payantes, conquis plus de
40 000 abonnés, alors que ses objectifs étaient dix fois
supérieurs. Cet échec a des raisons structurelles, car une large
majorité de foyers allemands a déjà accès à
une trentaine de chaînes câblées ce qui a largement
contribué à saturer le marché allemand ; mais il
s'explique aussi par des erreurs, en particulier le fait qu'il a fallu
longtemps acheter et non pas louer un décodeur numérique au prix
prohibitif de 890 DM, soit près de 3 000 francs.
De plus, en raison d'un désaccord persistant avec les
câblo-opérateurs allemands, qui desservent plus de 17 millions de
foyers, les chaînes de DF 1, non distribuées par ce biais, n'ont
pas pu trouver le moyen d'améliorer leur rentabilité.
Depuis son lancement, DF 1 a admis avoir perdu 3,3 milliards de francs la
première année, un fardeau en fait trop lourd pour les finances
d'un groupe déjà endetté de près de 10 milliards de
francs, en raison notamment de l'acquisition d'un très important
catalogue de droits.
Fin août 1997, les responsables du groupe annoncent que DF 1 en tant
que société indépendante sera dissoute. Et que ses
programmes seront fondus au sein de la chaîne Première dès
que possible, en 1998. Premiere va donc occuper l'ensemble du marché.
Les deux géants de la télévision allemande ont ainsi
décidé de se partager le capital de Premiere, ce qui a eu pour
conséquence le départ de Canal + du marché allemand.
Les chaînes numériques regroupées autour de Premiere
devraient faire l'objet d'une diffusion plus vaste sur le satellite ainsi que
sur le câble, grâce à un accord de principe conclu avec
Deutsche Telekom. Toutefois cette alliance tripartite entre Kirch, CLT-UFA et
l'opérateur de télécommunications n'avait pas encore (en
octobre 1997) reçu le feu vert des autorités. Cette situation
pourrait soulever des critiques du point de vue de la concurrence notamment de
la part des chaînes publiques. ARD et ZDF ont du reste saisi la
Commission de Bruxelles. Ces dernières ont d'ailleurs annoncé le
lancement d'un bouquet numérique gratuit sur Astra. Celui-ci devrait
proposer 19 chaînes thématiques, qui s'apparentent surtout
à une nouvelle présentation des stocks des chaînes,
informations, longs métrages en boucle, programmes régionaux...
En définitive, on peut dire que cette restructuration a abouti à
une
germanisation du paysage audiovisuel allemand.
D'une part, Canal + a, au début du mois de juillet 1997,
entériné son départ du marché allemand, en
cédant au groupe Kirch ses 37,5 % dans la chaîne à
péage Premiere, qui, en échange, vend au groupe français
les 45 % qu'il détenait dans les chaînes à
péage italiennes Telepiù (cf. supra).
D'autre part, la WAZ, second groupe de presse quotidienne allemand, très
présent aussi dans la radio, est entrée dans le principal groupe
audiovisuel européen, CLT-UFA, en achetant à Bertelsmann 20 % du
holding BWTV qui contrôle directement et indirectement 50 % de CLT-UFA
Holding, la maison mère de CLT-UFA. Cette opération s'accompagne
de l'apport, par la WAZ, de ses 11 % dans la première chaîne
privée allemande RTL (le reste étant déjà
détenu par CLT-UFA).
On peut souligner que le numérique va désormais pouvoir conforter
son expansion en s'adossant aux réseaux de Deutsche Telekom. Celui-ci en
a d'ailleurs profité pour augmenter le coût de son abonnement qui
passe à 29,5 DM.
3. La restructuration de l'ensemble Havas-Générale des Eaux
Au début du mois de février 1997, la Compagnie
Générale des Eaux a annoncé sa volonté de clarifier
ses positions dans le secteur audiovisuel avec une opération qui
concerne essentiellement l'apport à Havas de sa participation dans
Canal + en échange d'une montée à environ 30 %
au capital de cette société.
Cette opération s'inscrit dans la nouvelle stratégie de la
Compagnie Générale des Eaux tendant à la restructuration
d'un empire de quelque 2 600 sociétés. C'est ainsi
qu'au début 1997, le groupe avait déjà cédé
pour 13,3 milliards de francs d'actifs.
L'idée serait de restructurer la Compagnie autour de trois grands
pôles : services à l'environnement, pour une moitié du
chiffre d'affaires, travaux et immobilier pour 30%,
télécommunications et images avec un objectif d'au moins 15% du
chiffre d'affaires.
Le secteur des télécommunications (téléphonie
mobile SFR, radiomessagerie...) est déjà réorganisé
autour d'un pôle fort, Cegetel, qui associe la compagnie au Britannique
British Telecom, à l'Américain SBC et à l'Allemand
Mannesmann.
Dans l'audiovisuel, outre la participation de 19,3% dans Canal + qui
serait apportée à Havas, la Compagnie gère nombre de
participations très diverses.
L'apport éventuel de certaines d'entre elles à Havas favoriserait
l'émergence d'un champion européen de l'audiovisuel face aux
poids lourds que sont Bertelsmann et Hachette. Les actifs de la
Générale dans le secteur vont des studios de Babelsberg en
Allemagne (75 %) à Phénix Studios en France, en passant par
une participation importante dans UGC (33,6 %).
La Générale d'Images, qui avait été associée
à Havas dans son projet de reprise de la SFP (Société
Française de Production), rassemble des participations dans huit
chaînes thématiques diffusées par le câble et
CanalSatellite, dont Planète (détenue à 35 %), Jimmy
(42,5 %), Ciné Cinémas et Ciné Cinéfil
(30 %), MCM Euromusique (33 %), ainsi qu'un certain nombre de
télévisions locales actuellement déficitaires. En outre,
c'est La Monégasque des Ondes (détenue par Canal +,
Bertelsmann et la Générale d'Images) qui détient Monte
Carlo TMC.
Enfin, toujours dans le domaine audiovisuel mais plus proche des métiers
de l'infrastructure, il faut mentionner que la Générale de
Vidéocommunication (CGV), qui gère le développement du
câble, au prix de gros investissements, a raccordé 550 000
foyers mais avec seulement 330 000 abonnés.
En définitive, cette vaste opération a pour conséquence de
faire émerger au sein d'Havas un trio constitué de la Compagnie
Générale des Eaux (à près de 30 % de Havas),
la Société Générale (à environ 9 %) et
Alcatel (à environ 10 %).
Restait à régler, pour Havas, la situation créée
par la fusion de la CLT avec le groupe Bertelsmann qui a eu pour
conséquence la marginalisation de sa position au sein du groupe CLT-UFA.
A l'automne 1997, Havas annonce la clarification de ses liens avec la CLT-UFA.
Havas affiche au premier semestre un bénéfice record, plus du
double de celui obtenu au premier semestre de 1996, grâce notamment
à la soulte versée par Audiofina en contrepartie de la fusion
avec Bertelsmann et de plusieurs cessions (Capital Radio, Métrobus,
Médiavision).
Hors résultat exceptionnel (880 millions de francs), le
bénéfice net atteint 663 millions de francs, en hausse de
33 %.
Havas a rendu public le résultat de laborieuses négociations
menées depuis plusieurs mois avec le Groupe Bruxelles-Lambert (GBL) du
financier Albert Frère, concernant la participation de Havas dans la
Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion.
Havas a obtenu de faire " descendre " sa participation de
40 %
dans une holding non cotée (CLMM, qui détenait 47,8 %
d'Audiofina) au niveau plus direct de la holding Audiofina, une
société cotée, puisque la participation de Havas est
désormais cessible sur le marché.
L'accord prévoit qu'Havas détiendra une participation de
19,6 % dans le capital dilué d'Audiofina, une holding cotée
à Luxembourg, Paris et Bruxelles, qui possède près de
50 % de CLT-UFA. Cette décision a été
interprétée comme le prélude à une cession par
Havas de sa participation en Bourse.
Ce désengagement mettrait fin à un véritable imbroglio.
Marginalisé depuis l'accord entre CLT et Bertelsmann, le groupe
français se retrouve, via sa participation dans CLT, dans le capital de
TPS, le bouquet numérique concurrent de CanalSatellite, alors qu'il est,
avec 34 %, le principal actionnaire de Canal +.
Au surplus, Havas a fait un pas de plus dans le divorce avec la CLT en lui
rétrocédant sa filiale Havas Intermédiation -
4,5 milliards de francs de chiffre d'affaires et 210 millions de
francs de résultat courant pour 1996 -, dont l'essentiel de
l'activité, IP, est constitué des régies publicitaires des
radios et télévisions de la CLT.
IP est liée par un contrat de régie publicitaire au groupe
CLT-UFA jusqu'à l'an 2000. Sa valorisation ne peut que se
dégrader à l'approche de l'échéance de l'accord.
C'est sans doute ce qui explique qu'Havas ne retire de cette cession que le
montant relativement modeste de 860 millions de francs.
Toutefois, la CLT ne reprend pas plusieurs activités annexes d'Havas
Intermédiation, comme les régies des magazines de bord des avions
(RCI, IMM), la régie des journaux officiels OSP, la
société de mesure d'audience Peaktime, ou encore Adways,
détenue avec l'agence Reuter et spécialisée dans les
réseaux électroniques d'information.
On assiste donc à un recentrage d'Havas sur l'audiovisuel et
l'édition, c'est-à-dire un désengagement des secteurs de
la publicité et du voyage, conformément aux souhaits de son
actionnaire de référence, la Compagnie Générale des
Eaux.
II. ANALYSE DE LA SITUATION DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AUDIOVISUEL
En Europe, la télévision numérique par
satellite est rapidement devenue le centre de la stratégie de
développement de tous les groupes de communication.
Or, l'espace européen présente une
hétérogénéité culturelle et linguistique qui
morcelle ce marché en plusieurs zones d'influence. Parmi ces
différents marchés, la France apparaît comme le pays qui
présente a priori le marché potentiel le plus important avec plus
de 18 millions de foyers TV qui ne reçoivent ni les chaînes du
câble, ni les chaînes par satellite. En effet, la
pénétration modeste du câble, en France et en
Grande-Bretagne, peut avantager le développement du satellite, alors
qu'en Allemagne le câble est devenu en dix ans un vecteur majeur de
diffusion de la télévision.
A. L'ORGANISATION DU MARCHÉ DE LA TÉLÉVISION PAR SATELLITE
Une analyse de l'offre actuelle des services audiovisuels
démontre que sa constante augmentation repose, même si les
services de radiodiffusion "traditionnels" demeurent en grande partie
majoritaires dans les bouquets en cours de constitution, sur trois types de
développement :
- une thématisation et spécialisation toujours accrues de l'offre
vers des publics cibles de plus en plus précis (chaînes Femmes,
chaînes météorologiques, chaînes Spectacle, offre
radiophonique démultipliée et thématisée) ;
- une offre commerciale au sens premier du terme avec le développement
du télé-achat, du téléchargement, du paiement
à la séance ou de l'offre à la demande ;
- un éclatement de la programmation traditionnelle et des notions
mêmes de radio ou de télévision : offre de services
auxiliaires des opérateurs DAB, développement de services de
données de toutes sortes, téléchargement de logiciels,
etc.
Avec la numérisation des réseaux qui a mis fin au
développement d'un support spécialisé par type de service
(radio, télévision, téléphone etc.), on est
aujourd'hui entré dans ce qu'il est convenu d'appeler une phase
historique de "convergence".
Cette situation n'a d'ailleurs rien de surprenant. L'importante imbrication
capitalistique des opérateurs du secteur audiovisuel, dans la plupart
des pays, faisait depuis longtemps prévoir cette convergence.
De ce point de vue, le rapprochement avec le secteur des
télécommunications est encore assez proche de celle qui existait
déjà avec la diffusion analogique. Mais si les opérateurs
de télécommunications sont déjà fortement
présents dans le secteur audiovisuel en Europe, cette tendance se
renforce quotidiennement, puisque les groupes audiovisuels, en France
notamment, sont de plus en plus présents sur le marché des
télécommunications.
La déréglementation totale de ce secteur au 1er janvier 1998
devrait accélérer sensiblement cette convergence intersectorielle
en raison de la multiplication des opérateurs de
télécommunications et de la possibilité, notamment pour
les câblo-opérateurs, d'offrir des services de
téléphonie vocale
12(
*
)
.
Pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel, le fait nouveau
réside, au-delà de l'accroissement de la concurrence
européenne et extra-communautaire, dans l'émergence de nouveaux
opérateurs, ainsi que dans la fusion fonctionnelle qui justifie, pour
l'organe français de régulation, la nécessité de
prendre en compte les autres supports de diffusion dans la poursuite de ses
réflexions.
1. Les nouveaux opérateurs
Le marché de la télévision
numérique à péage par satellite est en phase de
démarrage mais il bénéficie d'une forte croissance. Il
fait intervenir de nombreux acteurs qui exercent des métiers
différents en utilisant des savoir-faire distincts.
L'arrivée des technologies numériques permet de redistribuer les
cartes du marché, en instaurant de nouvelles relations entre quatre
groupes d'acteurs, qui exercent chacun des fonctions spécifiques : les
opérateurs de satellites, les éditeurs de programmes, les
ensembliers, les propriétaires et les exploitants de systèmes de
contrôle d'accès.
·
Les opérateurs de satellites
L'opérateur de satellites loue ou vend des capacités
satellitaires pour la diffusion des services de communication audiovisuelle. Il
convient de préciser que la liaison montante vers le satellite est assez
fréquemment prise en charge par un prestataire technique autre que
l'opérateur du satellite.
Généralement, deux catégories d'opérateurs de
satellites apparaissent : les opérateurs continentaux et les
opérateurs régionaux ou nationaux qui desservent une zone
linguistique homogène ou un pays.
En Europe, le paysage satellitaire est dominé par deux opérateurs
continentaux :
la Société européenne des satellites
(
SES
)
et Eutelsat. A eux seuls, ils totalisaient au début de
l'année 1996 près de 60 % des canaux utilisés en
réception directe.
La SES est une société privée implantée au
Luxembourg. Elle est l'opérateur du système de satellites Astra
qui dispose aujourd'hui d'une flotte de six satellites co-positionnés
à 19,2° Est. Avant l'an 2000, la SES
va mettre en
orbite quatre nouveaux satellites dont deux sur une nouvelle position orbitale
à 28,2° Est. Cette nouvelle position orbitale sera destinée
aux marchés de l'Europe de l'Est.
Eutelsat
,
organisation européenne de
télécommunications par satellite, regroupe 44 Etats
désireux de bénéficier aussi bien de services de
télécommunications que de services audiovisuels. Eutelsat, qui
exploite six satellites répartis sur quatre positions orbitales, a
développé, depuis 1995, une stratégie de co-positionnement
orbital sur 13°Est. Cette stratégie sera complétée
par le lancement de trois nouveaux satellites avant fin 1998.
Ces opérateurs ont à eux deux réalisé en 1995 un
chiffre d'affaires de 3 471 millions de francs pour un résultat net de
913 millions de francs.
(En millions de francs)
|
1994 |
1995 |
SES |
|
|
Chiffre d'affaires |
1 480 |
1 723 |
Résultat net |
665 |
480 |
Eutelsat |
|
|
Chiffre d'affaires |
1 615 |
1 748 |
Résultat net |
330 |
433 |
Source : Astra, Eutelsat
Le poids financier de ces opérateurs est aujourd'hui comparable. Il
convient de signaler qu'Eutelsat a une activité d'opérateur de
satellites sur le marché des télécommunications et de la
télévision. Ainsi, Eutelsat a réalisé, en 1995, un
chiffre d'affaires de 1 358 millions de francs par la location de
répéteurs de télévision.
Eutelsat est l'opérateur de satellites qui bénéficie en
Europe de la flotte de satellites la plus nombreuse. Jusqu'en 1993, Eutelsat
était le principal opérateur de satellites de
télévision en Europe comme l'indique l'évolution de son
chiffre d'affaires sur l'activité de transport de programmes de
télévision.
Avec ses cinq satellites, France Télécom est le premier
opérateur sur le marché français. Il fut le premier
opérateur à proposer des programmes français. Il
bénéficie donc de la plus forte initialisation.
Toutefois, le système satellitaire de France Télécom, de
capacité limitée, est national et assure avant tout des missions
de télécommunications civiles et militaires. En
conséquence, les opérateurs de bouquets numériques ont
préféré se tourner vers la SES et Eutelsat pour la
diffusion de leurs programmes.
Le dernier satellite lancé par l'opérateur national,
Télécom 2D, est destiné, faute de clients, à
sécuriser les trois autres satellites du système
Télécom 2. Compte tenu de la participation de France
Télécom dans le capital d'Eutelsat (15%), la filière
satellitaire française n'apparaît plus comme l'axe
stratégique prioritaire de l'opérateur national de
télécommunications.
·
Les éditeurs de programmes
Un éditeur de programmes compose la grille de programmation d'une
chaîne. Il en assure par conséquent la responsabilité
éditoriale.
Au début de l'année 1996, on comptait 192 chaînes
diffusées par satellite, privées pour 80 % d'entre elles, dont la
moitié diffusée en clair. Cependant, depuis deux ans, le nombre
de chaînes soumises à condition d'accès est en nette
augmentation, tendance qui semble se poursuivre. Le système de cryptage
le plus fréquent est Vidéocrypt (utilisé notamment par le
bouquet BSkyB), suivi par Nagravision utilisé par les chaînes de
CanalSatellite analogique.
En France, toutes les chaînes à vocation nationale, tant les
chaînes hertziennes que les chaînes thématiques du
câble, sont également diffusées par satellite. La diffusion
satellitaire permet aux chaînes nationales hertziennes d'alimenter
l'ensemble de leurs réseaux d'émetteurs et d'atteindre les
téléspectateurs situés dans des zones d'ombre.
Pour les chaînes thématiques du câble, la diffusion
satellitaire présente le double avantage d'acheminer
instantanément le signal de la chaîne à l'ensemble des
réseaux câblés français, et d'accéder au
financement complémentaire issu de la commercialisation des bouquets de
programmes en réception individuelle par satellite.
Au 31 janvier 1997, le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait
conventionné 97 chaînes thématiques au titre de leur
distribution sur le câble, dont 74 françaises. La plupart de ces
chaînes sont directement liées à des chaînes
nationales comme Canal +, TF1, M6 ou France Télévision, tant
au niveau de leur capital que de leur régie publicitaire. Elles sont,
par ailleurs, indirectement liées aux chaînes nationales par le
biais d'actionnaires communs, notamment la Compagnie Générale des
Eaux et la Lyonnaise des Eaux.
Ainsi, Thématiques Régie, filiale de Canal +, assure la
régie de Planète, Canal J, La Chaîne Météo,
Canal Jimmy, Eurosport France, MCM, TMC, Ciné-Cinémas et
Ciné-Cinéfil, TF1 celle de LCI, Odyssée,
Télétoon et d'Eurosport International, M6 celle de Paris
Première, Série Club et Téva, France
Télévision, celle d'Euronews, TV5 et Festival.
Il convient également de souligner l'émergence de services autres
que les services de télévision au travers du développement
de l'offre de bouquets radiophoniques numériques comme Multiradio,
Multimusic ou Music Choice et de services nouveaux comme le
téléchargement de données, via le terminal
numérique " Médiasat " avec le service C.
·
Les ensembliers
Au sens strict, l'ensemblier réserve des capacités satellitaires
auprès de l'opérateur de satellites, choisit les chaînes
qui seront commercialisées au sein d'un bouquet et assure la
commercialisation du bouquet. Il peut également gérer les
abonnés.
En France, trois acteurs se positionnent sur l'activité d'ensemblier
satellitaire. CanalSatellite, filiale de Canal +, AB Sat filiale du
groupe AB Production et TPS société regroupant TF1, France
Télévision, France Télécom, M6 et la CLT.
Actionnariat des ensembliers
CanalSatellite (1992) |
AB Sat
|
TPS
|
70 % Canal + |
50 % MMP 13( * ) |
25 % TF1 |
20 % Chargeurs |
40 % Claude Berda |
20 % M6 |
10 % CGE |
10 % JL Azoulay |
20 % CLT |
|
|
16,7 % France Télécom |
|
|
10 % Lyonnaise des Eaux |
|
|
8,3 % France Télévision |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Plus précisément, les participations de France 2, France 3 et
France Télécom au sein de TPS sont détenues au sein d'une
société holding commune, France Télévision
Entreprise, dont le capital est détenu à 66 % par France
Télécom, à 16,67 % par France 2 et à 16,67 % par
France 3.
En matière de contrôle d'accès
, cinq fonctions
doivent être distinguées :
- L'éditeur de programmes
: tout service ayant recours à
un système d'accès doit rémunérer le titulaire des
droits de propriété industrielle sur le système de
contrôle d'accès qu'il utilise. La question clé qui se pose
à lui est celle de la gestion des abonnements.
- Le gestionnaire du bouquet de programmes
est l'intermédiaire
entre tout éditeur souhaitant intégrer ce bouquet et utiliser le
même système de contrôle d'accès et les
abonnés du bouquet. Il peut ainsi être regardé comme un
distributeur.
- Le titulaire des droits de propriété industrielle du
contrôle d'accès
: deux systèmes de contrôle
d'accès numérique existent actuellement sur le marché
français : Médiaguard de la société SECA
(Société Européenne de Contrôle d'Accès),
filiale de Canal + et de Bertelsmann, et Viaccess de France
Télécom.
- Le gestionnaire des abonnements
: la gestion des abonnements peut
être effectuée par l'éditeur de service ou par le
gestionnaire du bouquet de programmes (câblo-opérateur ou
opérateur satellitaire). La gestion des abonnements est fondamentale car
elle confère la gestion du fichier d'abonnés correspondant au
fonds de commerce de l'activité.
- L'industriel
: Le terminal Médiasat, utilisé par
CanalSatellite, est fabriqué par Philips, Thomson, Pioneer, Sagem et
Sony. La fabrication à grande échelle de ces terminaux est en
préparation. Canal + a commandé d'ici mars 1997 un peu plus
de 480 000 terminaux.
Les relations entre ces différents acteurs sont relativement complexes
et déterminent en grande partie une problématique
spécifique pour le contrôle d'accès.
Architecture de la diffusion par satellite d'un signal numérique crypté
Les trois bouquets sur le marché français utilisent des terminaux
numériques dont les caractéristiques sont différentes.
Caractéristiques des terminaux numériques en France
Utilisateurs |
Nom du système de contrôle d'accès |
Propriétaire |
Système d'interactivité |
Nom du terminal |
CanalSatellite |
Médiaguard |
SECA |
Mediahighway |
Médiasat |
TPS |
Eurocrypt/Viaccess |
France Télécom |
Open TV |
Viaccess |
AB Sat |
Eurocrypt/Viaccess |
France Télécom |
n.c. |
Viaccess |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
2. Les relations entre les opérateurs
Les relations entre les acteurs de la filière
satellitaire sont complexes. Deux principaux schémas d'organisation de
diffusion des chaînes cryptées par satellite se dessinent en
fonction de l'appartenance ou non du diffuseur à un bouquet de
programmes.
L'ensemblier a donc la faculté de décider de la plupart des choix
stratégiques. De surcroît, il est l'utilisateur du système
de contrôle d'accès qui lui permet de gérer ses
abonnements. En effet, sans système de contrôle d'accès
tout l'édifice des relations financières entre les
différents acteurs disparaît. Il apparaît clairement que la
maîtrise du système de contrôle d'accès est la
clé de voûte du système de la télévision
à péage.
Ce modèle d'organisation est en réalité très proche
de ce qui existe dans le secteur de la câblodistribution. En effet, le
câblo-opérateur est un véritable ensemblier qui assure la
commercialisation de son plan de services, qui gère ses abonnements, qui
choisit ses programmes ainsi que son opérateur technique et son
système de contrôle d'accès.
Les métiers de
câblo-opérateurs et d'ensembliers satellitaires sont très
similaires même s'ils ne sont pas soumis aux mêmes contraintes
économiques et réglementaires
. Toutefois,
câblo-opérateurs et ensembliers satellitaires sont
confrontés aux mêmes choix économiques en matière,
notamment, de systèmes de contrôle d'accès.
3. Un marché en forte croissance
Toutes les études indiquent que la
télévision par satellite va connaître un fort
développement dans les années à venir. En effet, le
satellite est un support qui offre une couverture nationale et internationale
immédiate et à moindre coût. De surcroît, la
numérisation des réseaux de diffusion satellitaire est
immédiate. Par conséquent, les capacités de transport du
satellite vont augmenter grâce à l'arrivée de la
compression numérique facilitant ainsi l'émergence de nouveaux
concepts télévisuels ou de nouvelles thématiques.
Parallèlement, l'équipement des foyers en matériel de
réception ne cesse de croître en raison notamment d'une diminution
spectaculaire du prix d'achat des équipements.
·
L'offre satellitaire
En trois ans, les capacités de diffusion par satellite en Europe se sont
accrues de plus de 34 %. Parallèlement, le nombre de chaînes
diffusées a augmenté de 39 %, pour atteindre le nombre de 192.
Cette évolution va s'accentuer car les capacités d'accueil des
satellites vont connaître un accroissement sous le double effet de la
compression numérique et de la mise en service de nouveaux satellites.
En effet, la compression numérique permet de multiplier, par un
coefficient aujourd'hui compris entre quatre et huit, le nombre de programmes
par canal, là où en analogique il n'est possible de diffuser
qu'une seule chaîne.
De plus, la SES
et Eutelsat prévoient de lancer de nouveaux
satellites dans les années à venir qui vont encore étendre
le nombre de transpondeurs disponibles.
Néanmoins, il serait illusoire de croire que l'extension des
capacités satellitaires est infinie dans la mesure où les
" bonnes " positions orbitales sur l'Europe et les bandes
passantes
associées à ces positions orbitales sont limitées.
·
La réception satellitaire
Le marché français de la réception satellitaire
individuelle est estimé selon les sources de
1 030 000
14(
*
)
à
1 418 000
15(
*
)
foyers. Selon
l'enquête INSEE/Conseil supérieur de l'audiovisuel
réalisée au premier semestre 1996
16(
*
)
, le
nombre de foyers équipés d'antennes
paraboliques est évalué à 1 227 000 soit
environ 5,8 % des foyers TV français. Depuis 1992, année de
lancement de Canalsatellite, le nombre de foyers équipés en
matériels de réception satellitaire a décollé avec
une progression annuelle supérieure à 20 %.
Actuellement, l'opérateur de satellites dominant en France est France
Télécom qui a développé un système
satellitaire national de chaînes en clair et cryptées. En effet,
Télécom 2A et Télécom 2B assurent la diffusion du
bouquet analogique Canalsatellite qui compte aujourd'hui plus de
226 000 abonnés et également la diffusion de TF1,
France 2, France 3, M6, La Cinquième, Arte à destination des
foyers situés dans des zones d'ombre.
Les phénomènes de multi-équipement et l'existence de
paraboles pouvant recevoir plusieurs satellites rendent très difficile
la détermination des parts de marché respectives de ces
opérateurs.
Toutefois, au regard des différentes évaluations, il est possible
de classer les satellites par ordre d'importance :
1. Télécom 2 B
2. Télécom 2 A
3. Eutelsat II F3
4. Astra
5. Eutelsat Hot Bird
Il convient de souligner qu'aujourd'hui des antennes paraboliques à
double tête permettent la réception de satellites
co-positionnés jusqu'à 6° d'écart. Ainsi, il est donc
possible de recevoir avec une seule antenne parabolique à double
tête les satellites Astra à 19,2° Est et les satellites
d'Eutelsat à 13 ° Est. Une telle évolution technologique va
contribuer à unifier le marché de la réception
satellitaire.
B. LES PHÉNOMÈNES DE CONCENTRATION
Traditionnellement, la concentration sur un marché s'analyse de manière horizontale et verticale.
1. La concentration horizontale
La concentration horizontale peut être définie
comme " le processus (ou le résultat de processus) qui tend
à accroître la taille absolue ou l'importance relative de
certaines unités au sein de l'ensemble auquel elles appartiennent ".
Dans la phase actuelle, les principaux éléments de concentration
concernent l'offre de programmes et l'offre de chaînes thématiques.
·
L'offre de programmes
La concentration dans l'offre de programmes s'effectue au niveau de
l'organisation du commerce des droits, et non au niveau de la production dont
l'organisation n'a pas pour l'instant été bouleversée par
l'émergence du numérique.
- Le commerce des programmes
Le commerce des images s'organise autour de la détention des droits sur
les contenus.
En matière cinématographique, la position des majors
américaines est dominante sur le marché mondial et
européen puisqu'elles détiennent les catalogues
cinématographiques les plus importants et qu'elles sont globalement les
principaux producteurs de films ayant une valeur sur le marché
international.
Volume des catalogues des studios Américains en 1996
Studios |
Longs métrages |
Propriétaire |
Paramount |
896 |
Viacom |
MGM |
1 559 |
K. Kerkorian |
Buena Vista |
330 |
Disney |
Warner Bros |
990 |
Time Warner |
Columbia / TriStar |
2 331 |
Sony |
Universal |
3 072 |
Seagram |
20th Century Fox |
2 065 |
New Corp |
New Line |
3 458 |
Turner Broadcasting |
Sources : PKA/Conseil supérieur de l'audiovisuel
Les différents bouquets se sont trouvés en concurrence pour la
négociation des droits de diffusion des films des majors.
Le groupe Canal + a signé des accords avec les studios Disney,
MCA/Universal, Columbia/TriStar, Fox et Warner afin d'accéder aux
catalogues de ces studios. Il convient également de souligner que
Canal + a racheté UGC DA un des plus importants détenteurs
de droits français.
Pour sa part, TPS a acquis les droits de diffusion pour la
télévision à péage et en paiement à la
séance de la production passée, récente et à venir
des films des majors MGM et Paramount. Il a par ailleurs négocié
la deuxième fenêtre de diffusion à péage de la
production récente et à venir de Colombia/TriStar, MCA/Universal
et des sociétés de production filiales de Disney (Touchtone,
Miramax...).
Ainsi, les deux principaux opérateurs de bouquets satellitaires ont
chacun conclu des accords avec les plus importants détenteurs de droits
cinématographiques.
·
L'offre de chaînes thématiques
Actuellement, l'ensemble des chaînes thématiques françaises
sont diffusées par satellite. Elles correspondent à des
thématiques diversifiées et sont contrôlées par
plusieurs opérateurs.
Le nombre de participations détenues par les principaux acteurs du
marché de l'édition de programmes est assez homogène.
Toutefois, sur le marché des programmes thématiques, le groupe
Canal + est un acteur important puisqu'il détient des
participations non pas forcément dans le plus grand nombre de
chaînes thématiques, mais dans celles qui sont les plus anciennes
et qui bénéficient de la meilleure pénétration sur
le câble et du plus grand nombre d'abonnés à son bouquet
satellitaire numérique.
Les tableaux suivants répertorient les participations des entreprises,
par ailleurs actionnaires des bouquets, dans les chaînes
thématiques. Cette information est primordiale dans la mesure où
la reprise de ces chaînes thématiques par un ensemblier
dépend des liens capitalistiques ou économiques existant entre
ces chaînes et les actionnaires des bouquets.
Participations de Canal +
C: |
100 % |
Spectacle |
100 % |
Kiosque |
100 % |
Seasons |
33,33 % |
Canal Jimmy |
29,33 % |
Planète |
24 % |
MDO 17( * ) |
23,75 % |
Ciné-Cinémas |
21 % |
Ciné-Cinémas' |
21 % |
Ciné-Cinémas'' |
21 % |
Ciné-Cinéfil |
21 % |
MCM |
19,13 % |
Muzzik |
19,13 % |
Canal J |
18,85 % |
Paris Première |
15 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
En outre, Canal
+
assure la régie publicitaire de la plupart
des chaînes thématiques à savoir, Canal J, Planète,
Canal Jimmy, La Chaîne Météo, MCM, Eurosport France, TMC,
Ciné-Cinémas, Ciné-Cinéfil.
La Compagnie Générale des Eaux, actionnaire de Canal +,
détient des participations dans différentes chaînes
thématiques par l'intermédiaire de la Générale
d'Images. Sa filiale détient en effet des participations dans MCM, TV
Sport, MDO, Ellipse ainsi que 33,3% de Multithématiques aux
côtés de Canal + et de Tele-Communications International Inc
(TCI), également actionnaires de la société à
hauteur de 33,3%.
Participations de la Compagnie générale des Eaux
MDO |
52,5% |
Seasons |
33,33 % |
MCM |
33,14 % |
Muzzik |
33,14 % |
Canal Jimmy |
29,33 % |
Eurosport France |
25 % |
Planète |
23,99 % |
Ciné-Cinémas |
20,99 % |
Ciné-Cinémas' |
20,99 % |
Ciné-Cinémas'' |
20,99 % |
Ciné-Cinéfil |
20,99 % |
Canal J |
3,5 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Les participations des différents actionnaires de TPS dans des
chaînes thématiques vont maintenant être
présentées.
Le groupe Lyonnaise des Eaux, au travers de sa filiale Lyonnaise Câble,
détient des participations dans les chaînes thématiques
suivantes.
Participations du groupe Lyonnaise des Eaux
Paris Première |
50,5 % |
TV Guide |
34,35 % |
Canal J |
32,68 % |
Cinéstar1 |
30 % |
Cinéstar2 |
30 % |
Cinétoile |
30 % |
Télétoon |
30 % |
Multivision |
26 % |
Ciné-Cinémas |
18 % |
Ciné-Cinémas' |
18 % |
Ciné-Cinémas'' |
18 % |
Ciné-Cinéfil |
18 % |
Planète |
13 % |
Canal Jimmy |
13 % |
MCM |
11,8 % |
Muzzik |
11,8 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de M6
Serie Club |
100% |
Téva |
51% |
Cinéstar 1 |
20% |
Cinéstar 2 |
20% |
Cinétoile |
20% |
Télétoon |
20% |
Paris Première |
10% |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de la CLT
RTL 9 |
100% |
Cinéstar 1 |
20% |
Cinéstar 2 |
20% |
Cinétoile |
20% |
Télétoon |
20% |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de France Télévision
France Supervision |
100 % |
Festival |
56 % |
Euronews |
18,68 % |
Cinéstar 1 |
8,3 % |
Cinéstar 2 |
8,3 % |
Cinétoile |
8,3 % |
Télétoon |
8,3 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de TF1
LCI |
100 % |
Odyssée |
100 % |
Eurosport International |
34 % |
Eurosport France |
31 % |
Cinéstar 1 |
25 % |
Cinéstar 2 |
25 % |
Cinétoile |
25 % |
Télétoon |
25 % |
Multivision |
24,5 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de France Télécom
La Chaîne Météo |
47,46 % |
Multivision |
25 % |
TV Guide |
16,8% % |
Cinéstar 1 |
16,7 % |
Cinéstar 2 |
16,7 % |
Cinétoile |
16,7 % |
Télétoon |
16,7 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Il convient enfin de rappeler que le groupe AB détient 100 % des
18 chaînes actuellement diffusées sur son bouquet
satellitaire.
Participations du groupe AB Production
AB1 |
100 % |
AB Cartoons |
100 % |
Encyclopedia |
100 % |
Melody |
100 % |
Musique classique |
100 % |
Vive la vie |
100 % |
Action |
100 % |
Ciné Palace |
100 % |
Polar |
100 % |
Rire |
100 % |
Romance |
100 % |
AB Sports |
100 % |
Animaux |
100 % |
Automobile |
100 % |
Chasse et pêche |
100 % |
Escales |
100 % |
XXL |
100 % |
France Courses |
100 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Il importe d'indiquer que les liens entre les différents groupes de
communication et les chaînes thématiques peuvent être
appréciés, d'une part, au regard de la composition des organes
dirigeants de chaque chaîne et, d'autre part, des contrats de fourniture
de programmes qu'elles peuvent avoir avec des sociétés externes.
La notion parfois complexe de liens économiques peut également
servir d'indicateur afin de déterminer la nature des relations entre une
chaîne thématique, une chaîne hertzienne, un
opérateur de satellite, un câblo-opérateur ou un groupe de
communication.
2. L'intégration verticale
Une entreprise verticalement intégrée
contrôle plusieurs stades d'une filière de production.
Les avantages en termes de coûts que confère l'intégration
verticale peuvent constituer une véritable " barrière
à l'entrée ". En effet, tout nouvel entrant potentiel ne
peut envisager de concurrencer une firme verticalement intégrée
que s'il bénéficie d'avantages similaires. Pour ce faire, le
nouvel entrant doit consentir un volume d'investissement important.
Trois acteurs sont présents sur le marché des bouquets
numériques diffusés par satellite. Canalsatellite
bénéficie cependant d'une avance sur ses concurrents compte tenu,
d'une part, de son parc d'abonnés analogiques et, d'autre part, de sa
situation de premier arrivé sur le marché du numérique.
Le positionnement des trois ensembliers sur le marché n'est pas
exactement homogène. Alors que Canalsatellite et TPS se positionnent
clairement en concurrence frontale sur le même marché, AB Sat
adopte une stratégie plus proche de son métier d'origine,
c'est-à-dire plus en amont de la filière en assurant directement
la conception des programmes qui constituent son bouquet. Les fonctions en aval
de la filière sont déléguées à des
partenaires externes. Le développement de la position d'AB Sat sur le
marché de la télévision numérique par satellite
dépendra essentiellement de la nature des partenaires qui seront
associés au développement de ce bouquet.
Toutefois, il convient de souligner que seul le groupe Canal + est
présent aux deux extrémités de la filière : il est
présent sur le marché de la détention des droits, dans
l'édition de programmes thématiques, dans l'assemblage et la
commercialisation de bouquets, de plus il est propriétaire d'un
système de contrôle d'accès. Ce positionnement illustre la
cohérence des choix de développement stratégique du groupe
Canal +.
Aujourd'hui Canal + est le seul acteur à bénéficier,
en propre, de cette position puisqu'il fut le pionnier de la
télévision à péage.
Depuis la fin de l'année 1995, TPS et AB Sat sont présents dans
l'édition de programmes, dans l'assemblage et la commercialisation de
bouquet. En outre, France Télécom, partenaire de TPS, est un
opérateur de satellite (et deuxième signataire d'Eutelsat) ; il
est également propriétaire du système de contrôle
d'accès utilisé par TPS et AB Sat. Compte tenu du positionnement
respectif des différents acteurs réunis au sein de TPS, ce
dernier est présent sur toute la filière.
L'intégration verticale dans l'audiovisuel peut prendre diverses formes,
de l'intégration pure et simple au sein d'une même
société des activités de production, de diffusion et de
commercialisation, à la prise de participation capitalistique dans des
sociétés externes, à la conclusion d'accords entre
sociétés. Or, la connaissance des termes précis d'accords
pouvant exister entre des sociétés du milieu audiovisuel
nécessite des moyens juridiques d'investigation dont le Conseil
supérieur de l'audiovisuel est en fait dépourvu et qui
relèvent de la compétence du Conseil de la concurrence
18(
*
)
.
C. LES QUESTIONS SENSIBLES
1. La gestion des droits
L'acquisition de droits de retransmission
télévisuelle est à la source même de
l'activité de diffusion de toutes les chaînes de
télévision. Ce marché est organisé autour de droits
incorporels généralement exclusifs sur des programmes clairement
identifiés. Ce marché fait donc l'objet d'une réelle
concurrence car certains types de programmes sont soumis à une relative
rareté et font, par conséquent, de plus en plus l'objet d'enjeux
financiers importants.
Trois types de programmes sont ainsi particulièrement recherchés
par les chaînes de télévision : les programmes sportifs,
les oeuvres cinématographiques et les oeuvres audiovisuelles.
·
Les événements sportifs
Le sport est un programme très populaire à la
télévision, et donc recherché tant par les chaînes
généralistes en clair que par les chaînes à
péage. En proposant les événements sportifs les plus
porteurs, les premières espèrent doper leur audience et les
secondes espèrent augmenter leur nombre d'abonnés.
La concurrence entre les chaînes pour l'acquisition de ces programmes ne
cesse de se renforcer, ce qui explique l'augmentation du prix des droits de
diffusion pour les sports les plus attractifs.
A la différence des oeuvres audiovisuelles ou cinématographiques,
la diffusion des événements sportifs met en concurrence
l'ensemble des chaînes quel que soit leur support de diffusion. En effet,
il n'existe aucune chronologie de diffusion des événements
sportifs. Par conséquent, les chaînes à péage, les
services de paiement à la séance, les chaînes du
câble ou du satellite, les chaînes nationales hertziennes en clair
sont toutes en concurrence. Cela explique en partie la surenchère dont
font actuellement l'objet les droits des principales manifestations sportives.
La loi du 16 juillet 1984 dans son article 18-1 précise
que " le
droit d'exploitation d'une manifestation sportive appartient à
l'organisateur de cet événement
". Ainsi la
fédération sportive, les clubs ou l'organisateur de
l'événement sont-ils les titulaires originels des droits. La
situation de la titularité des droits est extrêmement complexe et
variée selon les sports. En effet, la cession des droits peut, selon la
situation, être négociée par la fédération,
les clubs ou des sociétés commerciales intermédiaires. A
cet égard, l'exemple du football illustre l'ensemble des cas de figure.
Pour les matches entre équipes étrangères se
déroulant à l'étranger, les chaînes de
télévision ne négocient pas directement les droits de
retransmission avec les clubs ou les fédérations
étrangères, du fait du rôle joué par l'UER qui
détient, directement ou indirectement, l'exclusivité d'un grand
nombre de rencontres.
L'UER, l'Union Européenne de radiodiffusion, qui regroupe principalement
les chaînes publiques européennes, joue un rôle important
dans le négoce des droits sportifs. En effet, cet organisme acquiert,
pour le compte de ses membres, les droits de diffusion pour l'Europe des
principales manifestations sportives. C'est elle qui, par exemple,
détient les droits de diffusion des Jeux olympiques, ainsi que ceux de
la Coupe du monde de football qui sera organisée en 1998 en France. Elle
joue le rôle d'une centrale d'achat et d'une bourse d'échanges au
bénéfice de ses membres.
Le marché des droits sportifs, qui se caractérisait par un
petit nombre de vendeurs, les fédérations, et un gros acheteur,
l'UER, évolue vers un marché comportant un grand nombre de
vendeurs et d'acheteurs.
Ce mouvement n'a pas eu pour effet une baisse des
prix, mais, au contraire, il a des
effets inflationnistes
. C'est
pourquoi l'UER a désormais des difficultés à
acquérir les droits des manifestations les plus importantes. En effet,
de plus en plus, les grands groupes audiovisuels internationaux concurrencent
l'organisme européen en proposant de fortes sommes pour l'acquisition
des droits des grands événements sportifs de dimension mondiale.
Ainsi, Bertelsmann a essayé, sans succès, d'acquérir les
droits de diffusion des Jeux olympiques pour l'an 2000. Les droits ont
finalement été vendus à l'UER. En revanche, le groupe
Kirch a acheté les droits mondiaux de diffusion de la Coupe du Monde de
football de 2002 et de 2006.
Cette ouverture du marché permet dorénavant à chaque
opérateur, à condition qu'il en ait les moyens, d'avoir
accès aux événements sportifs. Il est cependant
prévisible que les groupes qui ont des participations à la fois
dans des chaînes en clair, dans des chaînes payantes et dans des
services de paiement à la séance seront avantagés. En
effet, ils pourront négocier au mieux des droits sportifs groupés
et les diffuser sur l'une ou l'autre de leurs chaînes selon les
potentialités de chaque événement.
Ces exemples illustrent bien les évolutions du marché de
l'acquisition des droits sportifs. Ainsi,
les téléspectateurs
risquent de ne plus avoir accès gratuitement aux grands
événements sportifs mondiaux
. En matière sportive,
l'appropriation exclusive par les chaînes à péage des
droits de retransmission de rencontres sportives est susceptible de contrarier
le droit à l'information du public.
Pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel, il n'est évidemment
pas question de remettre en cause la négociation de droits exclusifs,
pratique ancienne et nécessaire qui participe d'une concurrence logique
entre diffuseurs. En revanche, il ne semble guère satisfaisant que les
épreuves intéressant le plus grand nombre ne soient accessibles
qu'aux seuls abonnés d'un bouquet de programmes cryptés.
Il apparaît donc primordial que les pouvoirs publics français
prennent des dispositions tendant à favoriser l'accès de
l'ensemble des téléspectateurs à des manifestations
sportives présentant objectivement un intérêt certain.
Il serait, par exemple, intéressant d'intégrer dans la loi du 16
juillet 1984, modifiée notamment par la loi du 13 juillet 1992, relative
à l'organisation et à la promotion des activités physiques
et sportives, la disposition suivante :
"Un décret en Conseil d'Etat
fixe la liste des manifestations sportives ne pouvant faire l'objet d'une
cession en exclusivité à des chaînes payantes".
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel semblerait très
favorable à une telle disposition qui s'inspire à la fois de
l'article 9 de la convention du Conseil de l'Europe sur la
télévision transfrontière du 5 mai 1989, et de la nouvelle
directive " Télévision Sans Frontières ".
Enfin, d'une manière plus générale et comme pour les
oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles, le dépôt des
contrats de retransmission négociés auprès d'un registre
national pourrait être rendu obligatoire. Ces contrats seraient ainsi
consultables, ce qui favoriserait la transparence des négociations.
·
Les oeuvres audiovisuelles et cinématographiques
L'accès de l'ensemble des opérateurs à ce type de
programmes, et cela dans un contexte de libre concurrence, apparaît comme
une dimension essentielle au développement de ce nouveau secteur, pour
assurer à la fois le pluralisme de l'offre et la diversité des
acteurs.
Or les droits sur les oeuvres audiovisuelles peuvent se révéler,
pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel, des entraves à la
concurrence. Les producteurs bénéficient d'une cession de droits
sur les oeuvres qu'ils ont produites pour une durée qui est
définie contractuellement avec les auteurs et les ayants droit, et qui
est généralement de 30 ans. Les oeuvres sont, dans la très
grande majorité des cas, financées et coproduites par les
chaînes hertziennes. Les droits de diffusion exclusifs sur tout support
de ces coproductions sont systématiquement acquis par les chaînes
coproductrices pour une durée variable, négociée
contractuellement.
Cet " accaparement " des droits sur période longue par
les
diffuseurs hertziens est un frein à la circulation des oeuvres et
à l'émergence d'un véritable second marché
qui
pourrait s'instaurer avec les chaînes satellitaires. C'est pourquoi, les
pouvoirs publics ont introduit des mécanismes visant à favoriser
la circulation des droits sur les oeuvres audiovisuelles.
Les commandes d'oeuvres audiovisuelles d'expression originale française
ou européenne que les chaînes hertziennes nationales
diffusées en clair sont tenues d'exécuter doivent,
conformément à l'article 10 du décret n° 90-67
du 17 janvier 1990 modifié, à concurrence d'au moins 10 % du
chiffre d'affaires annuel net de l'exercice précédent, remplir
trois conditions. Outre que les contrats doivent être conclus avec une
entreprise de production indépendante du diffuseur et que ce dernier ne
peut prendre l'initiative et la responsabilité financière,
technique et artistique de la réalisation des oeuvres, la
dernière condition est ainsi rédigée :
" la
durée des droits de diffusion exclusifs cédés à la
société ou au service n'est pas supérieure à quatre
ans à compter de la livraison de l'oeuvre; elle peut être de cinq
ans au total lorsque plusieurs sociétés ou services participent
au financement de l'oeuvre ".
Le décret n° 95-1162 du 6 novembre 1995 est venu modifier cet
article en prévoyant la disposition suivante :
" Toutefois, les
conventions ou les cahiers des charges visés à l'article 9-1
ci-dessus peuvent porter ces durées respectivement à cinq et sept
ans ".
Cette possibilité offerte aux diffuseurs
d'acquérir pour une durée plus longue les droits de diffusion des
oeuvres coproduites est conditionnée par l'engagement d'investir dans la
production d'oeuvres audiovisuelles au-delà de l'investissement minimum
de 15 % du chiffre d'affaires inscrit dans les textes (article 9-1 du
décret). TF1 excepté, France 2, France 3, La Cinquième et
M6, bénéficient de cette nouvelle disposition.
De plus, un type d'oeuvre est particulièrement
" protégé ", ce sont les oeuvres d'animation. En effet,
TF1 et M6 s'engagent dans leurs conventions respectives " à ce que
pour les deux tiers des commandes d'oeuvres d'animation européennes ou
d'expression originale française, la durée des droits de
diffusion qu'elle détient ne dépasse pas celles fixées par
le 3° de l'article 10 du décret n° 90-67 du 17 janvier 1990
modifié ", soit respectivement pour chacune des chaînes,
quatre et cinq ans, et cinq et sept ans.
Il convient cependant de signaler qu'un avenant aux accords signés entre
l'USPA et France Télévision le 7 octobre 1994 a été
signé fin janvier 1997. L'application de cet avenant, dès le 1er
janvier 1997, est assujettie à la modification du cahier des missions et
des charges de chaque chaîne par son autorité de tutelle. Il
ramène pour France 2 la durée des droits d'exploitation terrestre
acquis à une durée de trois ans
19(
*
)
. Par
ailleurs, la durée des droits
correspondant à la première multidiffusion câble et
satellite acquise par France 2 et par France 3, simultanément aux droits
terrestres, est limitée à deux ans, les deux chaînes
conservant néanmoins un droit de priorité d'achat pour toute
cession intervenant ultérieurement.
Les dispositions réglementaires précisées ci-dessus sont
importantes. En effet, la durée des droits câble et satellite
inscrite dans les contrats d'achat de droits des chaînes hertziennes en
clair est, dans la plupart des cas, identique à celle des droits
hertziens. Les conventions de TF1 et M6 rendent cet alignement obligatoire en
précisant que "
la société s'engage, lorsqu'elle
acquiert des droits de diffusion d'oeuvres audiovisuelles par voie hertzienne
terrestre, par satellite et par câble, à les acquérir pour
la même durée
".
Le Code de la propriété intellectuelle, qui dans son article L
131-3 du titre III consacré à l'exploitation des droits, dispose
que
" la transmission des droits d'auteur est subordonnée
à la condition que chacun des droits cédés fasse l'objet
d'une mention distincte dans l'acte de cession et que le domaine d'exploitation
des droits cédés soit délimité quant à son
étendue et à sa destination, quant au lieu et quant à la
durée ".
Les chaînes de télévision hertziennes ne procèdent
pas systématiquement à une valorisation claire et précise
des droits qu'elles acquièrent. Dans les contrats d'achats de droits,
les chaînes avaient coutume d'acquérir les droits de diffusion sur
tout support pour un territoire donné pour un montant global.
Dorénavant, les contrats que les chaînes concluent en vue de
l'acquisition de droits de diffusion doivent comporter un chiffrage de chaque
droit acquis, individualiser chaque support de diffusion, le nombre de passage,
leur durée de détention et les territoires concernés. Ces
obligations sont inscrites dans le cahier des missions et des charges des
chaînes publiques et dans les conventions conclues entre le Conseil
supérieur de l'audiovisuel et TF1 et M6 à compter du 1er janvier
1997 pour 5 ans. Les contrats signés par France 2 et France 3
répondent d'ores et déjà à ces dispositions.
Après l'exercice de cette multidiffusion, la chaîne coproductrice
perd l'exclusivité de la diffusion mais peut conserver un droit de
priorité pour l'acquisition des droits de rediffusion. Le producteur est
lié par contrat et doit informer préalablement la chaîne
coproductrice des éventuelles offres qu'il reçoit des
réseaux de distribution. Lorsque la durée d'exercice des droits
est échue, le producteur soit se charge directement de leur
commercialisation, soit confie un mandat de commercialisation à un
distributeur. Ces derniers sont très nombreux. Les principaux seraient
AB (qui a notamment racheté le catalogue Télécip ainsi que
plus récemment Hamster), Canal + Distribution, Telfrance, l'INA,
Technisonor, Europe Image, Son et Lumière, Expand, M5, la SFP, l'INA,
FTD (France Télévision Distribution). Aucune étude n'a
été menée jusqu'ici précisant le poids respectif de
ces différents catalogues.
Cette organisation du marché confère
un rôle clé
aux diffuseurs hertziens en clair dans la circulation des programmes
audiovisuels sur le câble
et le satellite, et cela pour trois raisons
essentielles :
- Ils ont le pouvoir de décider quelle chaîne payante diffusera en
premier lieu les oeuvres audiovisuelles coproduites, dont elles ont les droits ;
- Ils jouent un rôle clé dans les décisions de rediffusion,
pendant la durée d'exercice des droits hertziens ;
- Ils peuvent " orienter " les décisions de vente des
diffusions ultérieures par le biais de leur filiale de production ou de
distribution.
Au regard de ces trois constatations, il est important de rappeler que :
- TPS, dont le capital est détenu par quatre chaînes hertziennes
en clair, aurait quelques facilités pour négocier l'achat de
programmes en première diffusion cryptée. En effet, il
paraîtrait surprenant que TF1, France 2, France 3 et M6 refusent de
vendre les droits câble et satellite qu'elles possèdent aux
chaînes thématiques présentes sur TPS.
Cependant, des incertitudes pèsent sur le rang de diffusion de ces
programmes : seront-ils diffusés sur une chaîne payante, avant ou
après leur première diffusion en clair ? Actuellement, la
chaîne Festival, filiale de France Télévision, diffuse
quelques programmes avant leur diffusion en clair sur France 2 ou sur France 3.
Il serait utile que cette pratique s'étende. En effet, cela permettrait
d'accélérer l'apparition sur le second marché d'oeuvres
récentes, et cela dans l'hypothèse où se
généralisent sur toutes les chaînes les achats de droits
câble et satellite par la chaîne coproductrice d'une seule
multidiffusion.
- Canal + a jusqu'ici joué un rôle secondaire dans la
commande d'oeuvres audiovisuelles, n'ayant jusqu'en 1995 aucune obligation de
production. Cette situation est appelée à changer. En effet,
à l'instar des autres chaînes hertziennes, elle est assujettie
depuis 1996 à une obligation de production d'oeuvres audiovisuelles
européennes, qui est de 2,5% de son chiffre d'affaires pour 1996. Ce
pourcentage devra être de 4,5% en l'an 2000. Les oeuvres qu'elle
coproduit ont souvent un second diffuseur hertzien en clair. Jusqu'ici, ce
dernier gardait les droits câble et satellite. Cette situation pourrait
également évoluer.
- Tant Canal + que TF1 et M6 ont engagé depuis quelques
années une politique active de prises de participation dans des
sociétés de production audiovisuelle
20(
*
)
.
Canal + a des participations souvent
majoritaires dans une douzaine de sociétés de production de
programmes de fiction, d'animation comme de documentaires. Ces
sociétés travaillent pour la plupart avec les chaînes
hertziennes en clair qui actuellement pré-achètent
systématiquement les droits de diffusion câble et satellite.
Les filiales de production dépendantes de TF1 et de M6 produisent, quant
à elles, très majoritairement pour leur maison mère.
TPS et Canal + pourraient, grâce à leurs filiales de
production, se voir assurer l'accès aux droits satellitaires à
long terme d'un volant non négligeable de productions audiovisuelles. AB
Productions (premier producteur de fictions en volume horaire) a pris une
participation majoritaire dans la société de production Hamster,
premier producteur de fictions " lourdes " par nature
facilement
rediffusables comme " Navarro " ou
" L'instit ".
·
Droits sur les oeuvres cinématographiques
Les oeuvres cinématographiques sont sans conteste les produits phares
des bouquets satellitaires numériques en développement. Cette
abondance de chaînes thématiques diffusées par satellite
crée une forte demande d'oeuvres cinématographiques sans que pour
autant le marché soit suffisamment développé pour offrir
aujourd'hui les conditions nécessaires à l'amortissement de ces
oeuvres sur le marché du satellite seul.
Les films français récents
Comme la production audiovisuelle, la production cinématographique est
largement financée par les chaînes de télévision.
En effet, les chaînes hertziennes en clair ont l'obligation d'investir
3 % de leur chiffre d'affaires dans la production
cinématographique
21(
*
)
et Canal +
doit consacrer 9 % de son chiffre d'affaires à l'acquisition d'oeuvres
cinématographiques d'expression originale française. La
chaîne cryptée remplit notamment cette obligation en
pré-achetant de nombreux films français.
Les chaînes acquièrent les droits - mais les contrats sont
parfois peu clairs - de diffusion des oeuvres cinématographiques
pour une durée qui est négociée avec le producteur.
Néanmoins la directive " Télévision Sans
Frontière " dispose dans son article 7 que "
les
états membres veillent à ce que les organismes de radiodiffusion
télévisuelle ne procèdent à aucune diffusion
d'oeuvre cinématographique avant l'expiration d'un délai de deux
ans après le début de l'exploitation de cette oeuvre dans les
salles de cinéma dans un des Etats membres de la Communauté ;
dans le cas d'oeuvres cinématographiques coproduites par l'organisme de
radiodiffusion télévisuelle, ce délai est d'un
an
".
En France, les règles concernant la chronologie des médias
résultent tant des textes
22(
*
)
que de la
pratique et en particulier des accords signés entre les chaînes
à péage et le Bureau de Liaison des Industries
Cinématographiques (BLIC).
Elles peuvent être résumée comme suit :
Chronologie des médias
Source : Conseil
supérieur de l'audiovisuel
Chaque mode de communication au public bénéficie d'une
fenêtre de diffusion particulière lui conférant une
exclusivité d'exploitation afin que les recettes de chaque support
soient maximisées et que les producteurs puissent exploiter
successivement au mieux ces différents marchés. Cette chronologie
n'est bien entendu importante que pour les oeuvres cinématographiques
récentes.
L'analyse des contrats d'achats de droits de diffusion passés entre les
diffuseurs en clair et les producteurs indique que ces derniers
acquièrent rarement les droits de diffusion câble et satellite.
Néanmoins, compte tenu des enjeux sur le satellite, il est probable que
cette situation évoluera. C'est pourquoi, comme pour les droits sur les
oeuvres audiovisuelles, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a inscrit
dans les conventions passées avec TF1 et M6, l'obligation pour ces
dernières d'individualiser et de chiffrer ces droits dans les contrats
d'achats de droits.
De plus, Canal + joue un rôle prépondérant sur le
marché des droits cinématographiques tant par le nombre de films
pré-achetés que par l'étendue des droits qu'elle se
réserve dans ses contrats de pré-achat. En effet, les droits de
première diffusion sur une télévision à
péage de l'essentiel de la production française sont actuellement
détenus par Canal +.
80 % de la production française,
sont pré-achetés
23(
*
)
par
Canal + chaque année, ce qui représente pour 1995 un
investissement de plus de 720 millions de francs.
La situation n'est cependant pas figée. Rien n'interdit en effet aux
autres opérateurs de pré-acheter également des films
français et ainsi de disposer des droits câble et satellite, avec
cependant un handicap de taille : devoir s'aligner sur les prix actuellement
pratiqués par Canal + (7 millions de francs en moyenne pour les
pré-achats en 1995, et pouvant aller jusqu'à 20 millions de
francs pour des films comme
Beaumarchais
et
La belle Verte
) pour
un nombre d'abonnés largement inférieur. Une telle solution
apparaît donc très onéreuse.
Concernant le marché actuel des droits de diffusion sur les
chaînes en paiement à la séance, les producteurs peuvent
vendre d'une part les droits de diffusion à une télévision
payante et d'autre part à une ou plusieurs chaînes en paiement
à la séance.
En effet, la notion d'exclusivité pour ce type de droits peut ne pas
jouer, et l'on peut imaginer plusieurs chaînes de pay per view proposant
au même moment la diffusion d'un même film. Le pay per view peut se
rapprocher dans son mode d'exploitation de la vidéo ayant de plus la
même fenêtre d'exploitation. Lors de la sortie en
vidéocassette d'un film, ce dernier est distribué dans plusieurs
points de vente, il n'est pas envisageable de donner à un loueur de
vidéocassettes l'exclusivité de la location. Ce même
raisonnement peut être élargi au paiement à la
séance, ce qui est fait actuellement aux États-Unis. On peut par
ailleurs rappeler que la MGM a récemment vendu à TPS les droits
de paiement à la séance de ses films de façon non
exclusive.
Jusqu'ici cependant, il semblerait que Canal + ait refusé de
pré-acheter un film dont les droits de pay per view aurait
été préalablement vendus. C'est une des raisons pour
lesquelles Multivision
24(
*
)
, premier service de
paiement à la séance apparu sur le marché français
(création en 1994), a rencontré de très grandes
difficultés à diffuser des films français récents.
De même il semblerait que Kiosque, chaîne en paiement à la
séance présente sur Canalsatellite depuis mars 1996 n'ait pas non
plus eu accès aux films français récents, Canal +
préférant garder pour elle la première diffusion
télévisuelle nationale des films français récents.
Afin de faire évoluer la situation, il serait souhaitable, selon le
Conseil supérieur de l'audiovisuel, que Canal + accepte de
" laisser vendre " les droits de paiement à la séance
des films qu'elle a pré-achetés. En effet, cela pénalise
les films français, les majors américaines ayant toujours vendu
séparément et simultanément leurs films récents aux
chaînes de pay per view et aux télévisions payantes.
Pour remédier à ces difficultés, des négociations
sont actuellement menées entre le BLIC et les représentants de
TPS afin d'ouvrir une seconde fenêtre de diffusion payante, fenêtre
située après celle de Canal + et avant celle des
chaînes hertziennes en clair.
Pour les films plus anciens, qui ont déjà fait l'objet d'une
première diffusion sur une chaîne en clair, les programmateurs
devront s'approvisionner soit auprès des producteurs qui ont
récupéré les droits de leurs films après une
première diffusion, soit auprès de gestionnaires de droits
audiovisuels. Les opérateurs peuvent théoriquement avoir
librement accès à ces deux sources d'approvisionnement.
De plus, le catalogue le plus important de droits de films français
(2 000 titres), UGC DA, est depuis peu dans le groupe Canal +. Pour
mesurer son importance, il faut rappeler que 50 % des films achetés par
TF1 et France 2 pour une diffusion, en première partie de
soirée, proviennent de ce catalogue. Il ne faudrait donc pas, selon le
Conseil supérieur de l'audiovisuel, que Canal + ayant une position
privilégiée dans le commerce de droits de films français,
abuse de cette position et entrave la libre circulation des oeuvres.
Le cinéma américain est appelé à occuper une place
stratégique et déterminante dans l'offre de programmes des
bouquets numériques. Les droits de ces films sont pour la plupart
détenus par les Majors. Afin de sécuriser leur approvisionnement
en films américains, les deux principaux opérateurs satellitaires
français ont conclu avec ces entreprises des accords de grande envergure.
L'essentiel de la production américaine est donc actuellement entre les
mains de deux opérateurs, Canal + et TPS, ce qui limiterait les
capacités d'approvisionnement en programmes américains de tout
nouvel entrant ainsi que d'AB Sat.
L'amélioration des conditions de la concurrence en matière
satellitaire impliquerait de préciser les règles du jeu
concernant la détention des droits et leur exploitation, dans une double
perspective : favoriser un développement pluraliste de l'offre,
préserver un secteur indépendant des diffuseurs en matière
de production et de distribution.
Plusieurs propositions
, plus ou moins contraignantes et plus ou moins
réalistes,
ont déjà été
avancées
dans ce sens par les organismes représentatifs des
producteurs :
-
Limiter les droits des diffuseurs hertziens aux seuls droits de diffusion
gratuite en clair.
Le mode de production des oeuvres audiovisuelles, ainsi que d'ailleurs de la
production cinématographique, permet aux diffuseurs en clair de jouer un
rôle prépondérant dans le négoce des droits
satellitaires. Les mesures prises dernièrement obligeant le diffuseur
coproducteur à valoriser ses droits, et ne lui permettant plus de les
inclure dans le calcul de ses obligations de production ne semblent pas
suffisantes. Compte tenu du prix modique actuellement pratiqué pour le
pré-achat de ces droits audiovisuels, les deux mesures
énoncées ci-dessus ne jouent pas de rôle dissuasif
permettant le libre jeu de la concurrence dans l'acquisition de ces droits.
C'est pourquoi, il pourrait être décidé de limiter
l'accès des diffuseurs hertziens aux seuls droits hertziens.
- Limiter la durée des droits.
Afin de voir apparaître rapidement sur le second marché des
productions récentes dont les droits satellitaires sont libres, il
serait nécessaire de limiter, par exemple, à deux ans la
durée des droits d'exclusivité acquis par les diffuseurs
hertziens.
- Rendre obligatoire la signature de contrats distincts pour chaque type de
support et chaque mode d'exploitation.
Il apparaît en effet absolument nécessaire de clarifier les
contrats d'achat de droits et de susciter une vraie négociation pour
chaque droit. Ainsi, les producteurs pourraient valoriser au mieux la cession
de leur droits de diffusion tout en évitant les contestations sur
l'étendue de la cession de ces droits.
- Limiter les participations des diffuseurs dans des sociétés
de production audiovisuelles ou cinématographiques.
La présence dans le capital d'une société de production
d'un opérateur satellitaire, peut conduire à des pratiques
commerciales non concurrentielles. En effet, le producteur peut pratiquer une
politique de prix élevé, pouvant avoir un effet dissuasif, pour
la vente des droits à un bouquet concurrent, tout en vendant à
moindre coût pour les chaînes liées.
-
Assurer la transparence des prix pratiqués par les diffuseurs et
des catalogues de droits
.
Il pourrait, dans cette perspective, être utile d'envisager l'inscription
au registre public de la cinématographie et de l'audiovisuel de tous les
actes d'achat de programmes, de manière à pouvoir relever toutes
les pratiques anti-concurrentielles.
2. Le contrôle d'accès
Le développement de la télévision payante
s'est accompagné d'une grande sophistication des systèmes
permettant de gérer l'accès des seuls
téléspectateurs abonnés au contenu des programmes
diffusés. A cet effet, le signal est embrouillé dès son
émission par le diffuseur (les signaux sont ainsi rendus inintelligibles
pour des tiers), le désembrouillage s'effectuant chez l'abonné au
moyen d'un boîtier spécifique. Ce boîtier est activé
au moyen d'un code, d'une clé ou d'une carte correspondant aux droits
d'accès au programme détenus par l'abonné.
Le contrôle d'accès consiste à gérer le
désembrouillage et la gestion des droits d'accès du
téléspectateur. A la fonction d'embrouillage s'ajoute ainsi celle
de produire des clés secrètes nécessaires au
désembrouillage et bénéficiant elles-mêmes d'une
protection particulière. Certaines clés sont liées au
programme et identiques pour tous les abonnés. D'autres sont
spécifiques à chaque abonné, mais toutes sont
émises avec le signal et changées régulièrement.
L'abonné dispose d'un moyen d'identification (carte à puce qui
diffère d'un consommateur à l'autre) permettant d'activer une
clé.
Il existe aujourd'hui une dizaine de systèmes de contrôle
d'accès. Associés aux normes analogiques en vigueur, les
principaux systèmes en Europe sont le Vidéocrypt (cryptage du
bouquet BSkyB), Nagravision (Syster de Canal +), Eurocrypt (Visiopass
développé par France Télécom associé au
D2-Mac et utilisable pour le Pal et le Secam) et le Smartcrypt. En
numérique sont notamment utilisés Irdeto, Mediaguard, Viaccess,
News Data Com, etc.
Pour l'éditeur de programmes, le gestionnaire du bouquet de programmes,
le titulaire des droits de propriété industrielle du
contrôle d'accès, le gestionnaire des abonnements, l'industriel
et,
in fine
, le téléspectateur, la problématique du
contrôle d'accès ne se pose pas dans les mêmes termes.
Comment coexistent ces différents systèmes sur le marché
français, entre bouquets et entre supports ? Quels risques cette
coexistence emporte-t-elle pour la fluidité du marché ?
La directive du 24 octobre 1995
se contente de reprendre les
dispositions du code de bonne conduite, défini entre opérateurs,
destiné à gérer l'absence de normalisation, due au
développement de la concurrence entre opérateurs.
Elle impose, notamment, que les services entièrement numériques
utilisent un système de transmission normalisé par un organisme
européen reconnu. Le système de transmission comporte les
éléments suivants : codage de source des signaux audio et
vidéo, multiplexage des signaux, codage de canal, modulation (article
2,c).
Pour la première fois, un cadre européen est imposé aux
systèmes d'accès conditionnels (article 4) :
- tous les équipements commercialisés au sein de l'Union
européenne doivent permettre le désembrouillage des signaux avec
un procédé normalisé au niveau européen.
Seule
la fonction embrouillage/désembrouillage est donc normalisée, les
systèmes de contrôle d'accès pouvant rester
propriétaires
;
- les fournisseurs de systèmes de contrôle d'accès doivent
proposer à tous les diffuseurs
" à des conditions
équitables, raisonnables et non discriminatoires "
l'utilisation de leurs systèmes d'accès et
" doivent se
conformer au droit communautaire de la concurrence, notamment dans le cas
où une position dominante apparaît. "
;
- lorsque les fournisseurs de services de contrôle d'accès
accordent des licences pour la fabrication de décodeurs aux industriels,
ils doivent le faire
" à des conditions équitables,
raisonnables et non discriminatoires "
. L'octroi de telles
licences ne
peut être subordonné à des
" conditions
interdisant, dissuadant ou décourageant "
l'inclusion, dans le
décodeur, d'une interface commune permettant la connexion de
systèmes d'accès autres que celui objet de la licence, ou de
moyens propres à un autre système d'accès, dès lors
que n'est pas mise en cause la sécurité des transactions
opérées. L'objectif est là aussi de favoriser, sans
l'imposer pour autant, la commercialisation des décodeurs dans le public
dans des conditions transparentes, par des opérateurs autres que les
diffuseurs.
Ces dispositions sont en cours de transposition en droit français. Elles
avaient été comprises dans le projet de loi modifiant la loi du
30 septembre 1986, débattu en première lecture en 1997 par
le Parlement français.
·
La gestion des systèmes de contrôle d'accès
Compte tenu du caractère irréaliste d'un système de
contrôle d'accès unique et/ou normalisé, utilisé par
tous et afin d'éviter un empilement des décodeurs chez
l'abonné, le groupe Digital Video Broadcasting, qui rassemble tous les
acteurs du numérique en Europe, a proposé deux solutions
intermédiaires ; une gestion autonome et individuelle des
différents systèmes de contrôle d'accès ; le
Simulcrypt ; le Multicrypt.
- Système de contrôle d'accès unique
et/ou
normalisé
Cette solution serait idéale pour le téléspectateur. Elle
doit pourtant être écartée dans la mesure où aucun
accord n'a pu intervenir au sein du DVB. Elle semble dès lors,
même à terme, peu probable.
- Gestion autonome des différents systèmes de contrôle
d'accès
A l'opposé, une gestion autonome, par leurs exploitants, des
différents systèmes de contrôle d'accès
présents sur le marché peut être envisagée : chacun
commercialise ses propres décodeurs et gère ses propres
abonnés. Les décodeurs mis en place ne permettent pas à
l'abonné de pouvoir accéder aux programmes d'opérateurs
tiers.
Ainsi, celui qui souhaite s'abonner à la fois à Canalsatellite
Numérique et à TPS doit se procurer les deux décodeurs.
- Le Simulcrypt
Le Simulcrypt consiste en un accord entre un opérateur de services
utilisant un système de contrôle d'accès " A " et
l'exploitant d'un système de contrôle d'accès
" B " pour pouvoir ajouter dans le signal de l'opérateur de
services les informations nécessaires au désembrouillage par le
deuxième système de contrôle d'accès
(" B "). Ainsi, les abonnés possédant le
décodeur "B " peuvent désembrouiller les programmes de
l'opérateur, initialement prévus pour le seul système
" A ". Techniquement, le Simulcrypt consiste à diffuser
simultanément les données du contrôle d'accès de
chacun des deux systèmes, chaque décodeur ne prélevant que
les informations le concernant.
Telle est la nature de l'accord passé entre AB Sat et CanalSatellite
Numérique, le décodeur des abonnés de CanalSatellite
Numérique étant désormais capable de désembrouiller
les programmes AB Sat. L'abonné Canal + Numérique peut ainsi
s'abonner au bouquet AB Sat, sans avoir à acquérir le
décodeur correspondant.
- Le Multicrypt
Le Multicrypt est une solution consistant soit à intégrer les
différents systèmes de contrôle d'accès dans le
même boîtier, soit, de préférence, à le munir
d'une interface commune permettant l'adjonction à un boîtier
unique et normalisé de plusieurs modules de contrôle
d'accès extérieurs correspondant aux différents
systèmes. Le terminal est ainsi capable de " comprendre "
les
différents systèmes, sans qu'un quelconque accord commercial soit
nécessaire.
Afin de faciliter le développement de cette solution, le groupe DVB a
normalisé une interface commune.
Avantages et inconvénients comparés du
Simulcrypt et du Multicrypt
|
SIMULCRYPT |
MULTICRYPT |
Architecture |
Fermée : système propriétaire, accord commercial |
Ouverte : interface commune |
|
|
|
Développement |
A l'initiative des diffuseurs de services privées |
Système rendu obligatoire par les pouvoirs publics nationaux |
|
|
|
Principes de fonctionnement |
Système de contrôle
d'accès exclusif
associé à un parc de décodeurs.
|
Interface européenne commune permettant le raccordement de tous les systèmes de contrôle d'accès différents |
|
|
|
Avantages |
- plus grande sécurité
face au piratage
|
- grande transparence du
système quels que soient les
rapports entre les concurrents
|
|
|
|
Inconvénients |
- renforcement des monopoles
des
chaînes
propriétaires des systèmes de contrôle d'accès
|
- délai de mise en oeuvre
|
|
|
|
·
L'articulation avec les réseaux
câblés
La situation la plus simple est celle des réseaux câblés
" transparents " qui assurent un simple transport des
signaux
reçus des satellites sans aucune intervention sur les
éléments concernant le contrôle d'accès (exemple :
transport en bande BIS). L'abonné doit donc s'adresser aux exploitants
de systèmes de contrôle d'accès comme s'il recevait ses
programmes directement par voie satellitaire. Cette hypothèse semble
réservée aux réseaux de petite taille sans exploitation
commerciale.
La situation opposée est celle où un câblo-opérateur
désembrouille et ré-embrouille avec son propre système de
contrôle d'accès. Il peut également se contenter de
substituer ses propres messages de contrôle d'accès à ceux
des éditeurs de service sans désembrouiller le signal. Il
gère ainsi son parc d'abonnés avec l'accord des éditeurs
de service. L'abonné se trouve alors avec un système de
contrôle d'accès unique (du moins s'il ne cherche pas à
recevoir des programmes autres que ceux distribués sur le réseau
câblé), et dispose d'un décodeur numérique
câble.
Des discussions entre les opérateurs concernés ont lieu
actuellement. Il semble cependant probable que les
câblo-opérateurs chercheront à avoir la maîtrise des
abonnements sur leurs réseaux. Ainsi devrait l'emporter la solution
consistant à substituer ou ajouter (sans
désembrouillage-réembrouillage) les messages de contrôle
d'accès propres à l'opérateur du réseau
câblé. L'abonné au câble devrait ainsi être
muni d'un décodeur numérique câble. Les opérateurs
satellitaires y ont d'ailleurs sans doute intérêt s'ils souhaitent
directement pouvoir bénéficier de la clientèle du
câble.
·
Contrôle d'accès et fluidité du marché
Les risques liés à la gestion des différents
systèmes de contrôle d'accès sont principalement de deux
ordres :
L'un des principaux risques de position dominante sur le marché de la
télévision à péage par satellite apparaît ici
clairement. Si l'un des trois bouquets satellitaires français se
retrouve à terme en position dominante sur ce marché, l'absence
de normalisation des systèmes de contrôle d'accès, de
développement d'une interface commune et de standardisation des
systèmes d'interactivité, constituera une barrière
technique dissuasive pour tout nouvel entrant. De la même manière
que Canal + ou BSkyB bénéficient d'une position dominante
sur leurs marchés nationaux de la télévision payante par
satellite en analogique, cette situation peut se reproduire à terme en
numérique.
Ainsi, l'irruption de deux nouveaux opérateurs sur le marché
français de la télévision par satellite est
extrêmement positive au regard des impératifs du
développement de la concurrence et de l'offre de programmes au
téléspectateur et du développement du secteur audiovisuel
français dans son ensemble. Rien ne permet pourtant de garantir que
cette situation actuelle n'aboutira pas à la constitution de nouveaux
monopoles de fait.
Les situations précédemment exposées retentissent,
naturellement, sur l'offre de programmes à la disposition du
téléspectateur. Ainsi, le nombre et la nature des accords de
Simulcrypt passés entre les opérateurs influent directement sur
l'accès du téléspectateur à l'offre globale de
programmes.
Ce risque tient en une question unique : est-il souhaitable que le
développement de la concurrence entre bouquets de programmes se traduise
par la constitution de parcs de terminaux incompatibles entre eux ?
La réponse est assurément négative au regard des seuls
intérêts du téléspectateur. Chacun s'accorde
à reconnaître qu'il est nécessaire d'éviter un
" empilement des décodeurs " chez l'abonné. Dans son
rapport à F. Fillon
25(
*
)
,
G. Vanderchmitt écrit :
" La constitution d'un parc de
décodeurs (ou terminaux) propriétaires constitue l'un des risques
principaux de fermeture du marché de la télévision
à péage. (...) L'empilage des terminaux dans les foyers (un par
bouquet de programmes) apparaît à tous comme une absurdité.
Le marché sera simple ou ne sera pas. "
Il est d'ailleurs frappant de constater que, pour la reprise de leurs
programmes sur le câble, les opérateurs satellitaires ne semblent
pas vouloir reproduire les choix opérés en matière
satellitaire et laisseront au câblo-opérateur le soin de
substituer son propre contrôle d'accès aux leurs et de
gérer l'abonnement.
L'intérêt à long terme des opérateurs actuels de la
télévision payante par satellite ne réside sans doute pas
dans le développement de systèmes concurrents.
En effet, les systèmes de contrôle d'accès ne sont pas
spécifiques à la télévision, au satellite ou
même à la communication audiovisuelle. La convergence chez
l'abonné de services de toute nature nécessite une approche plus
globale de la question.
Au regard de ces enjeux, le cadre juridique actuel semble bien pauvre.
Les
garanties introduites par la directive 95/47 restent tout à fait
insuffisantes pour plusieurs raisons :
- Elles portent sur les systèmes de contrôle d'accès et ne
règlent en rien la question des systèmes d'interactivité ;
- Elles ne s'appliquent qu'aux services de télévision et donc ni
aux services de radiodiffusion sonore, ni aux services de communication
audiovisuelle autres ;
- Ses dispositions se contentant d'un simple rappel du droit de la concurrence,
leur pertinence paraît nulle. Dans l'ensemble de leurs relations
commerciales, les opérateurs des systèmes de contrôle
d'accès sont naturellement déjà soumis au respect du droit
de la concurrence.
C'est pourquoi le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait pour sa part
souhaité que l'exercice de transposition de cette directive aille plus
loin. Dans l'avis qu'il a rendu le 8 octobre 1996 sur le projet de loi
modifiant la loi de 1986
26(
*
)
, le Conseil
supérieur de l'audiovisuel a formulé des propositions
concrètes en ce sens.
" Il remarque que le projet de loi ne
prévoit ni l'autorité en charge de mettre en oeuvre ces
dispositions des articles L. 363-1 à L. 363-5, ni la nature du
contrôle exercé ou de quelconques sanctions de leur non respect.
Le Conseil estime qu'il sera nécessaire de définir les conditions
de mise en oeuvre de ces dispositions. Il estime pouvoir y contribuer et, par
la suite, jouer un rôle opérationnel dans leur
application. "
Ainsi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel souhaite disposer du cadre
juridique et des moyens indispensables à l'exercice d'une
régulation efficace en matière de télévision
à péage par satellite.
3. La sauvegarde du pluralisme
Il est frappant de constater que la Cour de Justice des
Communautés européennes, lorsqu'elle applique un droit
économique, parle de " consommateurs " et non pas de
" téléspectateurs ". Toute la différence entre
le respect du pluralisme et le libre jeu de la concurrence se résout
dans cette différence sémantique. A un droit de nature
économique, réglant les relations concurrentielles entre
opérateurs d'un marché donné au profit du consommateur, le
droit de l'audiovisuel emporte des particularités liées soit
à une problématique culturelle, soit à la sauvegarde du
pluralisme, au profit du téléspectateur. Le meilleur service doit
être fourni au consommateur, une offre de services diversifiée,
représentative et garante de la liberté d'expression doit
être présentée au téléspectateur.
Ainsi, un opérateur pourra contrevenir au droit de la concurrence tout
en offrant une offre pluraliste de programmes au téléspectateur.
A l'inverse, une parfaite concurrence entre opérateurs ne garantira pas
nécessairement une offre pluraliste de programmes.
Ce principe est naturellement valable pour la télévision par
satellite, à péage ou pas, numérique et analogique, pour
le support comme pour les services. Il est cependant frappant de constater que,
pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel, la mise en place de l'offre
numérique par satellite s'effectue dans un vide juridique important,
à un double niveau, celui des supports et celui des services.
Le dispositif anti-concentration actuel en matière satellitaire
apparaît à la fois dual, disparate et insuffisant, tant au niveau
des modalités nationales d'attribution de la ressource satellitaire,
qu'au niveau de la gestion des systèmes satellitaires et des
assignations de fréquences, ainsi que par comparaison avec celui du
câble.
·
Les modalités d'attribution de la ressource satellitaire
Le Règlement des radiocommunications (RR), texte établi par l'UIT
- Union Internationale des Télécommunications
27(
*
)
- et ayant valeur de Traité
international, définit un certain nombre de
"services de
radiocommunication"
et leur attribue des bandes de fréquences.
Schématiquement, la réglementation française
28(
*
)
découle directement de deux catégories
de principes :
- Répartition de la ressource en fonction de la nature du service au
sens UIT (article 21) : service fixe ou service de radiodiffusion, qui se
traduisent au niveau de la répartition des compétences en droit
français entre administrations gestionnaires d'activités de
télécommunications et autorité gestionnaire de la
communication audiovisuelle ;
- Distinction entre deux modes d'attribution des ressources disponibles : appel
aux candidatures sur les canaux affectés à la France en
matière de services de radiodiffusion (article 31) ou simple gestion
France Télécom pour les canaux du service fixe. Dans les deux
cas, les services doivent conclure une convention avec le Conseil, sur des
bases réglementaires cependant différentes (décrets
d'application de l'article 27 pour les satellites SRS, décret
d'application de l'article 24 pour les satellites SFS).
En réalité, les frontières définies ci-dessus
deviennent de plus en plus artificielles.
En outre, ce double régime ne permet pas de prendre en compte l'ensemble
des situations. Ainsi, on voit mal comment justifier le recours à deux
procédures distinctes, l'une lourde et destinée à assurer
le respect du pluralisme, l'autre simplement soumise au jeu des règles
commerciales, alors que l'ensemble des services ainsi
autorisés/conventionnés pourrait être reçu par une
parabole unique. C'est la raison pour laquelle le Conseil a souhaité
à de nombreuses reprises un alignement des régimes des articles
24 et 31 de la loi de 1986, alignement dont on ignore s'il sera
opéré par la modification de la loi de 1986 actuellement en cours.
En premier lieu, contrairement aux autres supports de diffusion, aucun statut
particulier n'a juridiquement été accordé au satellite.
Appartenant soit à un opérateur privé (SES pour Astra),
soit à un opérateur public (France Télécom pour
Télécom 2), soit à un ensemble d'opérateurs
nationaux (Eutelsat, Intelsat), il utilise des fréquences
assignées par l'Etat duquel il relève, ce dernier en étant
attributaire aux termes des accords UIT. L'UIT attribue en effet aux Etats des
assignations de fréquences en respectant les procédures de
coordination destinées à protéger les assignations
déjà attribuées à d'autres Etats.
Ces procédures sont différentes pour les bandes attribuées
au service de radiodiffusion par satellite et pour les bandes attribuées
au service fixe par satellite.
- Dans le premier cas, l'UIT a établi en 1977 un plan de
fréquences garantissant une certaine ressource à tous les Etats
(5 canaux par pays). De nouvelles assignations ne sont acceptées que si
elles ne perturbent aucune des assignations du Plan. Ce Plan sera revu à
l'automne 1997, sans que ces principes soient remis en question.
- Dans le second cas, la règle est celle du
" premier
arrivé/premier servi "
. Seules les assignations
déjà inscrites par d'autres pays et déjà mises en
service ou devant l'être à court terme sont
protégées.
L'existence de ces différentes fonctions brouille les conditions
d'attribution des capacités de diffusion : attribution
systématique à l'opérateur de satellites national des
capacités de diffusion ; possibilité pour un diffuseur de faire
une option d'achat sur l'ensemble des capacités d'un futur satellite ;
choix des services admis à utiliser le satellite, notamment au niveau de
la composition des bouquets ; conditions d'entrée d'une chaîne non
liée au groupe constituant le bouquet. L'esprit dans lequel sont
attribuées les capacités au niveau international (premier
arrivé-premier servi) se retrouve ainsi au niveau national dans la
manière dont l'opérateur technique national (presque toujours
unique) contracte entièrement librement avec les diffuseurs de son
choix, ou avec un commercialisateur unique, lui-même sélectionnant
librement les diffuseurs. Tant que la puissance publique n'impose pas des
conditions de transparence dans les procédures d'attribution des
capacités de diffusion, le pluralisme ne sera pas assuré de
façon certaine.
Ainsi, le " marché des fréquences " semble à
première vue entièrement libre. Pour autant, le rôle de
l'Etat reste déterminant par le biais des négociations au sein de
l'UIT et la répartition des ressources satellitaires, mais aussi par la
constitution, sous son égide, de monopoles nationaux ou transnationaux,
publics ou privés, d'opérateurs de satellites.
Ce qui pouvait être admissible en analogique (faible nombre de
capacités de diffusion, coût élevé de la diffusion
par satellite, équilibre entre secteur public et secteur privé
dans les programmes, etc.), et le marché peu développé
jusqu'alors de la télévision par satellite, le semble moins avec
le numérique. L'augmentation des capacités de diffusion, du
nombre d'opérateurs, de la demande du public et le développement
de la télévision et de la radio payantes rendent en effet
inévitables à la fois un certain désengagement de l'Etat
et, parallèlement, l'adoption de règles destinées à
assurer le pluralisme, la libre concurrence et la transparence dans le
fonctionnement du marché de la radio et de la télévision
par satellite.
Dans ce contexte, le Conseil est favorable à la proposition
formulée par G. Vanderchmitt
29(
*
)
de mise
en place d'une
" veille stratégique et prospective sur la
question de la réservation de ces positions et des fréquences
associées... "
.
· Un dispositif anti-concentration inadapté
Les régimes du câble et du satellite sont étonnamment
disparates en matière de dispositif anti-concentration. S'agissant du
câble, le dispositif anti-concentration est tourné vers le seul
câblo-opérateur, soit directement (interdiction de dépasser
un seuil de 8 millions d'abonnés par câblo-opérateur), soit
indirectement par le biais de prérogatives dont dispose le Conseil
supérieur de l'audiovisuel vis-à-vis du
câblo-opérateur en vue de garantir une offre pluraliste de
programmes
30(
*
)
. Le décret
n° 92-881 du 1er septembre 1992 sur la base duquel le Conseil
autorise l'exploitation des réseaux câblés dispose en
effet, en son article 2, que
" le Conseil supérieur de
l'audiovisuel vérifie que l'ensemble des services distribués sur
un réseau permet d'assurer l'expression pluraliste des courants
d'opinion "
. Dans le même temps, l'article 34 de la loi du 30
septembre 1986 permet au Conseil d'imposer certaines obligations au
câblo-opérateur dans le même objectif de sauvegarde du
pluralisme (obligation de reprise de chaînes indépendantes par
exemple). Combiné avec l'application par les communes de la loi
n° 92-122 du 29 janvier 1993 relative à la
prévention de la corruption et à la transparence de la vie
économique et des procédures publiques, dite loi
" Sapin "
31(
*
)
, ce dispositif
apparaît au Conseil supérieur de l'audiovisuel relativement
complet au niveau de l'attribution des marchés par les
collectivités publiques, de la répartition des parts de
marché entre les différents câblo-opérateurs et de
l'offre pluraliste de programmes au téléspectateur.
Sans même évoquer le dispositif anti-concentration nettement plus
contraignant pour la diffusion par voie hertzienne terrestre, le régime
du satellite est à la fois dual et beaucoup plus souple.
Schématiquement, le dispositif anti-concentration en matière
satellitaire ne concerne, jusqu'à la modification de la loi de 1986, que
les seules chaînes
32(
*
)
. Ainsi en
première analyse, dans la mesure où les mêmes bouquets de
programme seront diffusés par satellite et redistribués sur le
câble, cette disparité de traitement sans véritable raison
d'être devrait être atténuée au regard du dispositif
anti-concentration. Un allégement du régime du câble
apparaît sans doute nécessaire.
· Garantir une offre pluraliste
Il convient en premier lieu de rappeler les limites et difficultés de
mise en oeuvre d'un dispositif anti-concentration en matière
satellitaire qui tiennent, pour l'essentiel, au caractère transnational
de la diffusion. Dans tous les cas de figure, on s'aperçoit en effet
qu'une régulation strictement nationale est difficile à mettre
en oeuvre
. Ainsi, la régulation des programmes est en soi
organisable pour les services français, pris individuellement ou par
bouquet, mais pour autant inefficace quant à la réception
individuelle des programmes en provenance d'autres Etats et d'une
manière générale, pour tout service ne relevant pas de la
loi française, c'est-à-dire d'un régime conventionnel avec
le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Elle est de même
très difficilement organisable pour la réception collective de
ces mêmes programmes.
La Commission européenne doit
précisément présenter un projet de directive
destinée à assurer le pluralisme et la transparence dans les
médias en Europe.
Si l'on considère que ce n'est pas le cas, il est nécessaire de
préciser les modalités de respect du pluralisme dans une offre
donnée, à trois niveaux.
Cette obligation doit-elle s'appliquer à l'ensemblier technique ou
commercial, à l'opérateur satellite lui-même, au
câblo-opérateur qui reprend le bouquet, à l'éditeur
d'un ensemble de services ? La question est essentielle (surtout si son
non-respect doit faire l'objet de sanctions pénales) mais difficile
à résoudre dans la mesure où les cas de figure
diffèrent sensiblement les uns des autres. De ce point de vue, la
modification en cours de la loi de 1986 apportera certainement des
éléments nouveaux.
Toutes les chaînes de radio et de télévision se
valent-elles pour offrir une offre pluraliste ? Doit-on prendre en compte
toutes les chaînes, quelle que soit leur origine ? Ou à l'inverse,
n'en prendre en compte que certaines, par exemple, celles diffusées en
français ? Doit-on établir une distinction par genre de
programmes ? Par ailleurs, seuls les services de radio et de
télévision doivent-ils être concernés, ou l'ensemble
des services de communication audiovisuelle ?
Comment garantir l'indépendance des uns par rapport aux autres ?
Différents critères peuvent en effet être utilisés :
ceux, traditionnels de loi de 1986
33(
*
)
, de
nouveaux critères fondés sur l'audience (réelle ou
potentielle) ou des parts de marché, une offre indépendante dans
l'offre globale, par exemple. Le projet de modification de la loi de 1986
disposait à cet égard : "
Toute personne physique ou
morale, mettant à la disposition du public une offre commune de services
de radiodiffusion sonore ou de télévision par satellite ou par
câble ou en utilisant les fréquences ou les bandes de
fréquences visées à l'article L.321-5, doit
réserver au moins 20 % de la capacité qu'elle utilise pour la
diffusion de cette offre, à des services français ou relevant de
la compétence d'un État membre de la Communauté
européenne, qu'elle ne contrôle pas directement ou
indirectement. "
Dans l'avis qu'il a rendu sur le projet de loi modifiant les dispositions du
code de la communication audiovisuelle et du cinéma relatives à
la communication audiovisuelle
34(
*
)
, le Conseil
indique ainsi, à propos de la nouvelle disposition en la matière :
"En l'état de sa rédaction,
[ce nouveau dispositif]
est
susceptible de s'appliquer tant à l'opérateur satellitaire ou au
câblo-opérateur, qu'à l'ensemblier technique ou commercial
ou à l'éditeur d'un ensemble de programmes. Par ailleurs, le
Conseil supérieur de l'audiovisuel relève que cette obligation de
réserver 20 % de la ressource à des éditeurs
indépendants peut aisément être remplie par la seule
inclusion de chaînes étrangères transnationales. Il
semblerait donc opportun de préciser que cette ressource devrait
majoritairement être réservée à des éditeurs
de programmes francophones. En outre, la notion " d'offre
commune "
pourrait également être complétée afin de
déterminer si elle concerne l'offre d'un opérateur commercial ou
l'offre globale sur un support donné.
Dans un paysage satellitaire en pleine composition, il convient d'aborder cette
question avec prudence et de légiférer pour le long terme. A cet
égard, un pouvoir inspiré de la faculté laissée
à l'instance de régulation d'imposer, en matière de
câble, à un opérateur donné le respect d'obligations
propres à assurer le pluralisme serait probablement le meilleur moyen
d'opérer. Face à des situations toujours plus complexes et
changeant très rapidement, une régulation souple est le meilleur
moyen d'atteindre cet objectif, à deux niveaux.
Pour les raisons exposées ci-dessus, liées à la
diversité de l'organisation de l'offre de programmes satellitaires,
l'existence d'un "must carry" pour le satellite apparaît comme le
moyen le plus souple d'adapter l'objectif de pluralisme aux différents
cas de figure
: tant vis-à-vis du destinataire de cette obligation
que de son contenu.
D. LES PROPOSITIONS DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AUDIOVISUEL
1. Politique générale de concurrence
.
Harmoniser les règles de contenu et les
régimes de supports
, entre le câble et le satellite, entre la
télévision numérique par voie hertzienne terrestre et le
MMDS, entre réseaux filaires de télécommunications et de
communication audiovisuelle, ainsi qu'entre les éditeurs
européens.
.
Étudier les modalités permettant de garantir la protection
du consommateur
, notamment en matière de nouveaux services, et
prévoir des dispositions garantissant l'accès d'éditeurs
indépendants aux nouveaux supports de diffusion.
.
Réfléchir aux rôles des instances de régulation
économique
, en cas de contestation de la politique tarifaire, de la
part d'un nombre significatif d'usagers, ou de contestation d'éditeurs
de programmes considérant qu'ils sont victimes d'un traitement
discriminatoire, dans la phase de montée en charge des dispositifs
techniques.
2. Droits de retransmission des événements sportifs
- Prévoir des dispositions garantissant l'accès de l'ensemble des téléspectateurs aux manifestations sportives intéressant le plus grand nombre ; et associer à la réflexion ainsi engagée les autres pays de l'Union Européenne ;
3. Droits sur les oeuvres audiovisuelles et cinématographiques
-
fragmenter les droits d'exploitation
des oeuvres
audiovisuelles pour permettre à chaque segment du marché de se
développer au mieux des intérêts des usagers et de la
diffusion des oeuvres, et pour garantir la fluidité du marché ;
-
Limiter la durée des droits
détenus par les
chaînes de télévision, pour les exploitations qui les
concernent ;
-
Distinguer dans les contrats
entre diffuseurs, distributeurs et
producteurs, les cessions correspondant à chacun des droits
d'exploitation.
-
Tendre à réduire l'écart
, entre les dates de fin
de droits et de dernière diffusion des oeuvres, au sein d'un même
contrat.
4. Contrôle d'accès
-
Établir les conditions d'une compatibilité
minimale
entre les différents systèmes de contrôle
d'accès, passant dans un premier temps par le Simulcrypt ;
-
Favoriser le développement d'une solution transparente et
universelle
pour la réception des bouquets numériques
hertziens terrestres, MMDS et satellitaires ;
-
Préciser les rôles respectifs
du Conseil supérieur
de l'audiovisuel et du Conseil de la concurrence sur le sujet.
5. Sauvegarde du pluralisme
-
Mettre en place une veille stratégique et
prospective
de nature internationale, portant sur la réservation des
positions orbitales et des fréquences associées ;
-
Aligner le régime des chaînes du câble et du
satellite
, notamment en matière de dispositif anti-concentration ;
-
Prévoir la reprise des chaînes publiques
, quel que soit
le support de diffusion utilisé.
-
Introduire une obligation des câblo-opérateurs
d'assurer
pour leurs abonnés la reprise des émissions diffusées dans
les bouquets satellitaires français, dès lors que la
capacité technique des réseaux câblés le permet.
III. LES POUVOIRS PUBLICS FACE AU SATELLITE
A. LE MARCHÉ SUR ORBITE
1. Le marché français
En quinze ans, l'offre télévisuelle
française est passée de trois chaînes à 85 (sans
compter les 74 canaux locaux du câble). Habitués depuis
plusieurs années aux sept chaînes hertziennes
généralistes, les Français ont adopté le
câble pour 2 200 000 d'entre eux et ont fait de leur pays le
premier marché européen de la télévision
satellitaire numérique tant en termes de bouquets que d'abonnés.
Le premier semestre 1997 aura été l'occasion d'une
accélération de cette explosion de l'offre. Tous les supports en
auront profité : numérisation du câble,
numérisation du satellite, expérience du MMDS numérique -
à Felletin .
La présence de trois bouquets, fait unique en Europe, gage de
concurrence, est à l'origine d'une guerre commerciale qui explique le
fort développement de la demande.
Les chaînes hertziennes terrestres
Chaînes |
Genre |
Financement |
Diffusion |
Publiques |
|
|
|
France 2 |
Généraliste |
Redev., Pub. |
Hertz, Câble, Sat |
France 3 |
Généraliste |
Redev., Pub. |
Hertz, Câble, Sat |
Arte |
Culturelle |
Redev. |
Hertz, Câble, Sat |
La Cinquième |
Educative |
Redev., Pub. |
Hertz, Câble, Sat |
RFO 1 |
Général. + locale |
Redev., Pub. |
Hertz, Câble |
RFO 2 |
Généraliste |
Redev. |
Hertz, Câble |
Commerciales |
|
|
|
TF1 |
Généraliste |
Pub., Parrainage |
Hertz, Câble, Sat |
Canal + |
Sport, cinéma |
Péage, Pub. |
Hertz, Câble, Sat |
M6 |
Généraliste |
Pub., parrainage |
Hertz, Câble, Sat |
Aqui TV (Périgord) |
Proximité |
Pub., parrainage |
Hertz, Câble |
TLT (Télé Toulouse) |
Proximité |
Pub., parrainage |
Hertz, Câble |
TLM (Télé Lyon Métrop.) |
Proximité |
Pub., parrainage |
Hertz, Câble |
TMC (Télé Monte Carlo) |
Généraliste |
Pub., péage sur Sat. |
Hertz, Câble, Sat |
Antenne Réunion |
Proximité |
Pub., parrainage |
Hertz |
TV4 (Réunion) |
Proximité |
Pub., parrainage |
Hertz |
TV Sud (Réunion) |
Proximité |
Pub., parrainage |
Hertz |
ATV (Antilles Télévision) |
Proximité |
Pub., parrainage |
Hertz, Câble |
ACG (Antenne Créole Guyane) |
Proximité |
Pub., parrainage |
Hertz, Câble |
Canal Antilles |
Sport, cinéma |
Péage |
Hertz, Câble |
Canal Guyane |
Sport, cinéma |
Péage |
Hertz |
Canal Réunion |
Sport, cinéma |
Péage |
Hertz |
Canal Calédonie |
Sport, cinéma |
Péage |
Hertz |
Canal Polynésie |
Sport, cinéma |
Péage |
Hertz |
Les bouquets satellitaires numériques
Bouquet |
Offre |
Financement |
Diffusion |
AB Sat |
20 chaînes thématiques |
Péage : de 49 à 139 francs |
Satellite Eutelsat Hot Bird (13° Est) |
CanalSatellite |
Basic :
25 chaînes
|
Péage : à partir de
98 francs
|
Satellite
|
TPS |
Cinéma : 3
chaînes
|
Péage : de 90 à 150 francs |
Satellite
|
Les chaînes thématiques françaises du
câble et du satellite
Chaîne |
Thème |
Financement |
Diffusion |
AB Cartoons |
Dessin animé |
Péage |
Câble, sat |
AB 1 |
Famille |
Péage |
Câble, sat |
Action |
Fiction/Cinéma |
Péage |
Câble, sat |
AB Animaux |
Animaux |
Péage |
Câble sat |
AB Sports |
Sport |
Péage |
Câble, sat |
Automobile |
Automobile |
Péage |
Câble, sat |
Fit TV-Vive la vie |
Santé, beauté, forme |
Péage |
Satellite |
Bloomberg TV |
Finances |
Basic, gratuit |
Câble, sat |
Canal Assemblées |
Parlememntaire |
Basic, gratuit |
Câble, sat |
Canal Auto |
Automobiles |
Péage option |
Câble, sat |
Canal Course |
Hippisme |
Péage |
Satellite |
Canal J |
Jeunesse |
Péage, Pub. |
Câble, sat |
Canal Jimmy |
Fictions |
Péage, Pub. |
Câble, sat |
Cartoon Network |
Dessins animés |
Péage, Pub. |
Câble, sat |
Chasse et pêche |
Chasse, pêche |
Péage, Pub. |
Câble, sat |
Ciné-Cinéfil |
Ciné-Club |
Péage option |
Câble sat |
Ciné-Cinéma |
Cinéma |
Péage option |
Câble, sat |
Ciné-Palace |
Cinéma |
Péage option |
Satellite |
Cinéstar 1 & 2 |
Cinéma |
Péage option |
Câble, sat |
Cinétoile |
Cinéma |
Péage option |
Câble, sat |
Contact TV |
Petites annonces |
Péage |
Câble, Sat |
C : |
Jeux, logiciels |
Péage option |
Satellite |
Disney Channel |
Enfants |
Péage option |
Câble, sat |
Encyclopedia |
Documentaires |
Péage |
Câble, sat |
Escales |
Découvertes |
Péage |
Câble, Sat |
Les chaînes thématiques françaises du câble et du satellite
Chaîne |
Thème |
Financement |
Diffusion |
Euronews |
Information |
Péage |
Câble, sat |
Eurosport |
Sports |
Péage, Pub |
Câble, sat |
Evasion |
Loisirs, voyages |
Péage, pub |
Câble, sat |
Fashion TV |
Mode |
Péage, pub |
Satellites |
Festival |
Fiction |
Péage |
Câble, sat |
France-Courses |
Hippisme |
Péage |
Satellite |
France Supervision |
Spectacles 16/9 |
Péage |
Câble, sat |
Fun TV |
Musique |
Péage, pub |
Câble, sat |
La Chaîne Histoire |
Histoire |
Péage |
Câble, sat |
Histoire |
Histoire |
Péage |
Câble, sat |
Kiosque |
PPV cinéma, sport |
Option à la séance |
Satellite |
LCI |
Information |
Péage |
Câble, sat |
La Chaîne Météo |
Météorologie |
Péage |
Câble, sat |
MCM |
Musique |
Péage, pub |
Câble, sat |
Monte Carlo TMC |
Généraliste |
Péage, pub |
Câble, sat |
Multivision |
PPV cinéma, sport, spectacle |
Option à la séance |
Câble, sat |
Musique Classique |
Musique class. |
Péage |
Satellite |
Muzzik |
Musique class., jazz |
Péage option |
Câble, sat |
Nostalgie la Télé |
Musique |
Péage |
Câble, sat |
Odyssée |
Documentaire |
Péage, pub |
Câble, sat |
Paris Première |
Culture |
Péage, pub |
Câble, sat |
Planète |
Documentaire |
Péage, pub |
Câble, sat |
Polar |
Fictions/Cinéma |
Péage |
Câble, sat |
Rendez-vous |
Spectacles |
Péage |
Câble, sat |
Rire |
Fictions/Cinéma |
Péage |
Câble, sat |
Romance |
Fictions/Cinéma |
Péage |
Câble, sat |
RTL 9 |
Généraliste |
Péage, pub |
Câble, sat |
Seasons |
Chasse, pêche |
Péage option |
Satellite |
Série Club |
Séries |
Péage |
Câble, sat |
Spectacle |
TV Achat culturel |
Péage |
Câble, sat |
Télétoon |
Dessins animés |
Péage, pub |
Câble, sat |
Télézoom |
Fictions |
Péage, pub |
Satellite |
Téva |
Femmes |
Péage, pub |
Câble, sat |
TV5 |
Généraliste |
Gratuit |
Câble, sat |
Voyage |
Loisirs |
Péage |
Câble, sat |
VH-I |
Musique |
Péage |
Satellite |
XXL |
Érotisme |
Péage |
Câble, sat |
Source : les opérateurs AB Sat, CanalSatellite
et TPS, septembre 1997
En complément de ces données, on peut citer, pour évaluer
le potentiel à court terme du marché de la
télévision numérique, une étude par sondage selon
laquelle :
- 71 % des Français se contentent d'une installation hertzienne de
base,
- 25 % possèdent en plus un abonnement à un système
de télévision à péage (19 % pour Canal +,
9 % pour le câble et 3 % pour le satellite).
On note que, selon cette enquête, 4 % des foyers français ne
possèdent pas de téléviseur. A partir de ces chiffres, il
était possible d'estimer à 800 000 foyers le marché
potentiel, pour les prochains mois, de la télévision
numérique.
A l'heure actuelle, les deux principaux bouquets, Canal + et TPS,
affichent des résultats encourageants. TPS, qui compte
déjà 230 000 abonnés, en espère au moins
300 000 pour la fin de l'année et se fixe comme objectif le million
d'abonnés pour l'an 2000. Son concurrent, CanalSatellite, revendique de
son côté quelque 400 000 abonnés et affirme pouvoir
atteindre le nombre de 600 000 abonnements fin 1997.
Un autre fait significatif est l'annonce par le troisième bouquet
français, AB Sat, de son articulation sur le dispositif technique de
CanalSatellite. Les abonnés pourront effectivement recevoir les deux
bouquets sur le même décodeur.
Cette initiative s'explique par des raisons politiques pour Canal + et
économiques pour AB Sat. Le premier démontre ainsi qu'il est
ouvert à la concurrence, tandis que le second se donne les moyens
d'éviter le handicap résultant de sa petite taille avec ses seuls
20 000 abonnés.
Les deux sociétés restent concurrentes, mais ont
considéré qu'elles progresseront plus vite, chacune de leur
côté, en utilisant le même matériel de
réception. Peut-être veulent-elles aussi encourager les pouvoirs
publics à accélérer la mise en place d'accords permettant
la mise en place de décodeurs, sinon uniques du moins compatibles,
à travers toute l'Europe ?
A moyen terme, les perspectives de la télévision payante en
France apparaissent particulièrement florissantes. Une étude
récente fait état d'une croissance rapide du chiffre d'affaires
de ce secteur, qui passerait de plus de 15 milliards de francs en 1997
à plus de 23 milliards de francs en 2001.
La TV payante en France *
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Câble |
3 518 040 |
3 705 000 |
3 823 560 |
3 915 900 |
3 975 180 |
Satellite |
2 145 840 |
3 379 680 |
4 750 320 |
6 166 560 |
7 582 800 |
Canal + |
9 702 090 |
10 187 195 |
10 696 554 |
11 231 382 |
11 792 951 |
Total |
15 365 970 |
17 271 875 |
19 270 434 |
21 313 842 |
23 350 931 |
* Chiffre d'affaires en francs
2. Le contexte européen
Pour placer dans leur contexte ces données, on peut
faire état d'une dernière étude, publiée à
l'occasion du MIPCOM de Cannes, qui analyse le développement de la
télévision numérique en Europe.
Selon celle-ci, le marché européen de la
télévision, du câble et du satellite " dépasse
celui des États-Unis ".
L'Europe compte, en effet, 80 millions de foyers
35(
*
)
équipés pour recevoir le câble et
le satellite contre 70 millions aux États-Unis. Cependant
relève l'étude, " la pénétration du
câble et du satellite est moins importante en Europe avec un taux de
33 % comparé aux 73 % du marché nord
américain ", ce qui fait espérer un important potentiel de
croissance.
L'offre télévisuelle a fortement progressé sur le vieux
Continent avec 400 chaînes en 1996 - contre 303 l'année
précédente - qui se répartissent en 7 bouquets
numériques. Sur ces 400 chaînes, 111 sont publiques et 40 sont des
chaînes payantes, tandis que 25 sont paneuropéennes. Contrairement
à ce qui se passe en Amérique où les chaînes leaders
en terme d'audience sont privées, en Europe, la chaîne de
tête dans 16 des 33 pays observés reste une chaîne
publique, et, quand ce n'est pas le cas, celle-ci reste dans les toutes
premières places du palmarès. En ce qui concerne les
chaînes paneuropéennes, l'enquête montre que les
chaînes les plus regardées sur le câble et le satellite,
sont Eurosport avec 72,1 millions de foyers, CNN (62,2 millions), NBC
(47,6) et MTV Europe (43,5).
Le marché de la télévision payante représente
4 milliards de dollars (environ 20 milliards de francs), en Europe,
où l'on dénombre 15 millions de foyers abonnés
à au moins une chaîne de télévision payante. Enfin
pour la télévision numérique, l'étude note que
" 1996 restera comme une année de transition car la
télévision elle-même est entrée dans l'ère du
numérique mais pas encore les téléspectateurs ". Le
marché du numérique en Europe devrait atteindre 1 milliard
de dollars de chiffre d'affaires d'ici 2001.
B. LA PARTICIPATION DU SECTEUR PUBLIC AUX BOUQUETS NUMÉRIQUES
Un simple regard sur les évolutions en cours et, plus encore, sur les évolutions à venir, conduit à considérer que, sauf à accepter de perdre progressivement son audience - à mesure que la multiplication de l'offre numérique réduira l'écoute des chaînes hertziennes analogiques - et par voie de conséquence, de voir s'éroder ses sources de financement et mettre en cause sa légitimité, la télévision publique doit être présente sur le marché de la télévision numérique.
1. Exclusivité ou libre accès au service public?
Même si la question semble aujourd'hui tranchée
par le Gouvernement en faveur du libre accès, il n'est pas inutile de
rappeler en quels termes se pose le problème et en particulier les
arguments de ceux qui défendaient le principe d'une participation active
aux bouquets numériques.
Si les chaînes publiques se cantonnent dans un rôle
d'éditrices de
programmes, elles deviennent dépendantes des
opérateurs de bouquets pour la diffusion de ces programmes
. A terme,
les distributeurs pourraient même estimer que les programmes des
chaînes publiques n'ont plus leur place sur un bouquet qu'ils ne
valorisent pas suffisamment. Certains, dès lors, admettent une prise de
participation - mais minoritaire - au sein de sociétés
avec des opérateurs privés.
A cet égard, quelques principes fondamentaux nous paraissent devoir
être retenus :
-
il y a place pour une offre spécifique de programmes publics sur
le satellite
. Il est d'abord normal que les citoyens aient accès au
progrès technologique apporté par le satellite à la
diffusion des programmes des télévisions publiques. Par ailleurs,
le multiplexage devrait permettre aux chaînes publiques une programmation
décalée et diversifiée de toute la gamme
d'émissions de leur grille. En outre, avec le satellite, les programmes
des chaînes publiques pourraient couvrir un territoire plus étendu
que le seul territoire national, contribuant ainsi à une meilleure
diffusion des programmes français hors de l'Hexagone, et donc au
renforcement de la présence française à
l'étranger ;
- D'une façon générale, il est clair que,
conformément aux principes du service public, ceux d'entre eux
qui reprennent les chaînes publiques existantes devront, à
terme, être gratuits et librement accessibles grâce à un
système ouvert de décodage.
- enfin, ainsi que l'a souligné à juste titre le rapport Chazal,
les objectifs ambitieux assignés à la télévision
publique impliquent, eu égard à l'importance des moyens à
engager,
une nécessaire coordination des moyens
techniques,
artistiques (notamment les programmes) et commerciaux propres à assurer
à la fois des économies d'échelle et une plus forte
efficacité des actions.
Or jusqu'ici, en dépit de certaines coopérations ponctuelles, les
initiatives publiques sont le plus souvent dispersées, les
opérateurs du secteur public mettant le plus souvent en avant leurs
intérêts particuliers d'entreprise.
2. La chaîne Histoire et le problème de la participation du secteur public au montage de chaînes thématiques
Après des mois d'hésitations, la chaîne
" Histoire " a enfin vu le jour. Les premières
émissions ont été diffusées depuis juillet 1997 sur
les réseaux de Paris de la Lyonnaise Câble et depuis septembre sur
TPS.
·
Le montage juridique et financier
Après l'échec d'un premier projet comprenant Pathé, un
nouveau schéma a pu être monté. Par arrêté du
27 mai 1997, l'Institut National de l'Audiovisuel a été
autorisé " à prendre une participation financière de
1 440 000 francs représentant 16 % du capital de la
société anonyme à créer, chargée
d'acquérir 60 % du capital, fixé à
15 000 000 francs, de la société d'édition
du programme thématique de télévision consacré
à l'histoire et destiné à être distribué sur
les réseaux câblés et les satellites de diffusion en
direct ".
Ce texte décrit avec précision la démarche de
l'opération qui se développe avec la participation de
PATHÉ à deux niveaux :
- Mise en oeuvre d'une holding, dénommée " holding
histoire ", regroupant les intérêts des organismes
publics ;
- Création d'une société d'édition, dite
" chaîne Histoire ".
La holding histoire
Créée en juin 1997, la " holding histoire ",
société anonyme à conseil d'administration, a permis de
constituer dans l'opération un pôle public fort. L'apport
financier des différents actionnaires de la holding a été
fixé à 9 millions de francs, représentant 60 %
du capital de la société d'édition de la chaîne
Histoire (fixé à 15 millions de francs). Cet apport
financier est réparti comme suit :
- France Télévision : 42 %, soit 3 780 000 francs,
- La Sept Arte : 42 %, soit 3 780 000 francs,
- l'INA : 16 %, soit 1 440 000 francs.
La société d'édition
La chaîne "Histoire" est également une société
anonyme à conseil d'administration. Son objet social est la production
et l'édition d'un programme consacré à l'histoire,
destiné à être diffusé par les réseaux
câblés et les satellites.
Son capital, fixé à 15 millions de francs, a
été souscrit à hauteur de :
- 60 % (soit 9 millions) par la holding décrite ci-dessus,
constituée par France Télévision, la Sept-Arte et l'INA,
- 20 % (soit 3 millions de francs) par ARCHIMEDIA, fonds de placement
constitué par le GAN et le CIC,
- 10 % (soit 1,5 million de francs) par France Télécom
Multimédia,
- 10 % (soit 1,5 million de francs) par la Lyonnaise de Communication.
Un financement complémentaire est prévu sous la forme d'avances
d'actionnaires, pour un montant total de 35 millions de francs,
versées au cours des années 2 à 4, à raison de :
- 20 millions de francs en année 2,
- 12 millions de francs en année 3,
- 3 millions de francs en année 4.
Ces avances, rémunérées au prix du marché, sont
remboursables par tranche, en trois ans, à partir de l'année 5.
Elles sont versées par les actionnaires au prorata de leur participation
au capital de la chaîne "Histoire", soit 9,6 % pour l'INA
(16 %
de 60 %).
Enfin, la chaîne "Histoire" est dotée de moyens en personnels
limités comportant, outre un président-directeur
général et un responsable de la promotion à temps partiel,
un effectif (directeur général y inclus) de six agents permanents.
·
Le programme de la chaîne "Histoire"
Son lancement a eu lieu le 12 juillet 1997 dans le bouquet satellitaire de
TPS, dans l'option thématique des réseaux de la Lyonnaise de
Communication et, avec une montée en charge progressive, dans ceux de
France Télécom.
Les distributeurs rémunèrent le programme histoire au prix de
3 francs par mois et par abonné desservi (quel que soit le support,
câble ou satellite).
La chaîne "Histoire" diffuse tous les jours 12 heures de
programmes.
Ceux-ci commencent à midi pour s'achever autour de minuit. La
chaîne propose au moins 14 heures nouvelles par semaine.
La grille ne comporte pas de direct. Il est prévu une montée en
charge progressive des programmes, avec en septembre, si les conditions
économiques le permettent, la mise en place d'un rendez-vous quotidien.
Dans la construction de la grille, les responsables de la chaîne ont eu
le souci d'offrir aux téléspectateurs des rendez-vous simples,
faciles à identifier et à mémoriser.
Ainsi, tous les programmes sont proposés en première diffusion,
entre 20 heures 30 et 22 heures 30 et sous forme de modules de deux heures
soit thématiques, soit composés de deux rendez-vous.
Chaque module, ensuite, est multidiffusé six fois en quinze jours
maximum.
La multidiffusion est organisée selon un système simple et unique
quel que soit le genre du programme ou le module.
Tous les rendez-vous sont aujourd'hui hebdomadaires. Il est prévu par la
suite d'installer un ou deux rendez-vous quotidiens. Les programmes sont,
autant que possible, choisis pour répondre aux exigences de
l'actualité et au calendrier des anniversaires historiques.
·
La question de principe
Les uns estiment qu'en tant qu'entreprises, les chaînes publiques doivent
être libres de valoriser leurs atouts et leur savoir-faire en
développant les chaînes thématiques de leur choix et en
assurant les collaborations correspondant à leurs meilleurs
intérêts commerciaux, dès lors qu'elles se financent sur
leurs ressources propres et ne bénéficient pas à ce titre
d'un financement public.
Le secteur public étant de loin le plus grand détenteur de droits
sur des programmes fort recherchés, à savoir les programmes de
patrimoine, on peut considérer effectivement comme normal que ce soit
lui qui exploite cette richesse en éditant lui-même des programmes
et services thématiques
36(
*
)
.
Les autres se demandent si le lancement de chaînes thématiques
rentre bien dans les missions de service public.
Le rôle du secteur public est avant tout de diffuser des programmes
généralistes, dont on a souligné l'importance du point de
vue de ce renforcement du lien social dans une société
menacée, si ce n'est d'éclatement, du moins de fragmentation.
Il n'est pas évident de ce point de vue, qu'il soit dans la vocation de
service public de prendre l'initiative de chaînes thématiques, ce
qui est certes mettre en valeur un capital de compétence mais aussi
prendre un risque entrepreneurial, d'autant plus contestable qu'il ne peut
être pris qu'en association avec des partenaires privés. On se
retrouve alors face aux risques de pertes qu'encourt inéluctablement
toute société publique cherchant à commercialiser
directement des produits dérivés, alors qu'elle pourrait se
contenter simplement d'être prestataire de services ou vendeur de droits.
Au surplus, on peut faire remarquer que le financement de ce type d'initiative
sur les fonds propres du secteur public ne constitue pas une règle
claire dans la mesure où les ressources publiques ne sont ni
définies ni affectées à l'avance à un certain type
de dépense. Car c'est seulement dans ce cas que l'on pourrait
considérer que l'entreprise publique a le droit de conserver le
bénéfice de ses gains de productivité ou celui de ses
efforts de commercialisation.
En définitive, on s'oriente vers la superposition de deux logiques :
celle du service public, satisfaisante sur le plan des principes, pour les
chaînes généralistes, celle d'entreprise, à
l'évidence porteuse de dynamisme, pour les chaînes
thématiques.
Une telle dichotomie est-elle parfaitement cohérente ? Sans doute
pas, notamment au regard de l'objectif d'indépendance vis-à-vis
du secteur privé qui conduit à proscrire tout lien
d'exclusivité avec un bouquet numérique particulier.
D'une part, la position des éditeurs publics pourrait se
révéler à terme fragile, dès lors qu'ils ne sont
pas eux-mêmes actionnaires de l'opérateur du bouquet. Les
opérateurs devraient normalement demander au service public de payer
leur diffusion.
C'est d'ailleurs ce qui devrait se produire d'ores et déjà
puisque la remise en cause de l'exclusivité conférée
à TPS
devrait, selon les réponses fournies à votre
rapporteur spécial,
conduire les chaînes publiques à
financer leur canal de diffusion.
D'autre part, le lancement de chaînes thématiques suppose une mise
de fonds dont le secteur public ne trouve que laborieusement les moyens ce qui
pourrait le condamner à être "à la remorque" de ses
partenaires privés, surtout si les recettes escomptées se font
attendre.
A cet égard, les perspectives à cinq ans définies par
France Télévision apparaissent relativement optimistes : les
recettes pour les trois chaînes considérées,
Festival
37(
*
)
, Histoire et Euronews, passeraient
de 10 millions de francs en 1998 à plus de 40 millions de francs en
200/2001, moment où le petit équilibre devrait être
atteint. Tant pour Festival que pour Histoire, le grand équilibre
devrait être atteint en 2003. Pour Euronews un processus a
été enclenché du fait, notamment, de sa commercialisation
par CanalSatellite, pour que cette chaîne devienne payante. Le tableau
ci-dessous précise, en l'état actuel des plans d'affaires, les
besoins de financement des chaînes thématiques à couvrir
par France Télévision.
|
Festival (1) |
Euronews (2) |
Histoire (3) |
|
Participation de France Télévision |
56 % |
14,8 % |
25,2 % (4) |
|
dont France 2 |
28 % |
7,4 % |
12,6 % |
|
France 3 |
28 % |
7,4 % |
12,6 % |
|
Évolution de la
distribution
|
|
|
|
|
1997 |
350 000 |
européenne |
300 000 |
|
1998 |
467 000 |
câble, |
696 000 |
|
2000 |
992 000 |
satellite, |
1 302 000 |
|
2002 |
1 501 000 |
hertzien |
1 864 000 |
|
Date du petit équilibre |
2000 |
|
2000 |
|
Date du grand équilibre |
2003 |
|
2003 |
|
Besoin de financement (5) : |
|
|
|
Totaux |
1997 : capital |
- |
- |
3,8 |
|
comptes courants |
5,6 |
1,7 |
- |
26,4 |
1998 : capital |
- |
4,5 |
- |
|
comptes courants |
7,7 |
17 |
4,7 |
33,9 |
1999 : capital |
- |
- |
- |
|
comptes courants |
4,3 |
17 |
2,8 |
24,1 |
2000 : capital |
- |
- |
- |
|
comptes courants |
- |
17 |
0,6 |
17,6 |
2001 : capital |
- |
- |
- |
|
comptes courants |
- |
- |
- |
0 |
TOTAUX |
17,6 |
72,5 |
11,9 |
102 |
(1) source : plan d'affaires (juin 97)
(2) source : plan de développement Euronews
(3) source : plan d'affaires de référence (avril 97)
(4) France Numérique Télévision
(5) en millions de francs
Depuis le 27 juin 1996, le groupe France Télévision est
associé avec France Télécom au sein du holding France
Télévision Entreprises, dont France Télécom
détient 66 % et France Télévision Numérique
34 %, le holding détenant 25 % du capital de TPS.
Selon le pacte d'associés, les actionnaires doivent investir
1,5 milliard de francs dans une première phase de 18 mois au
plus suivant le démarrage commercial de l'offre, dont 750 millions
de francs en capital et compte courant et 750 millions de francs en
garantie d'emprunt. Une phase 2 prévoit un financement
complémentaire de 1 milliard de francs dont 500 millions de
francs en compte courant et 500 millions de francs en garantie d'emprunt.
Certes, les besoins d'investissements sont plus faibles que ceux exigés
de l'actionnaire d'un bouquet numérique. Mais on peut craindre qu'ils
restent suffisamment importants pour que le principe d'autofinancement des
chaînes thématiques ne manifeste tôt ou tard ses limites,
contraignant les pouvoirs publics à trouver des ressources publiques ou
à systématiser les "joint ventures" avec le secteur privé,
au risque d'affaiblir la position de principe prise pour les chaînes
généralistes.
C. LE CONTRÔLE DES CONCENTRATIONS ET DES ABUS DE POSITION DOMINANTE
Quand, en janvier 1996, la commission des finances du
Sénat demandait au Conseil supérieur de l'audiovisuel
d'évaluer les risques de position dominante consécutifs à
l'apparition de la télévision à péage par
satellite, elle pressentait que l'émergence de ce marché posait
effectivement des problèmes du point de vue de la garantie de la
concurrence et du pluralisme.
De fait, la succession de grosses opérations de concentration auxquelles
l'on a assisté de part et d'autre de l'Atlantique, comme la
multiplication des rapprochements en Europe où l'on a vu se faire et se
défaire les alliances, ont démontré la vitalité du
secteur de la communication mais aussi les menaces que pouvait comporter le
développement de la télévision par satellite.
L'étude du Conseil supérieur de l'audiovisuel, dont on vient de
rendre compte de façon exhaustive, a le mérite de proposer une
vision de synthèse, qui, quelle que soit sa légitime prudence,
étant donné l'absence de lisibilité des évolutions
commerciales et technologiques, fournit un cadre d'analyse, ainsi que des
propositions de réforme de la réglementation.
Cette étude vient donc à point nommé au moment où,
par suite d'un changement de Gouvernement, il est envisagé de
déposer une nouvelle loi sur l'audiovisuel en vue d'" actualiser
les mécanismes anti-concentration tant au niveau national que
régional ", pour reprendre les termes mêmes employés
par le Premier Ministre dans une interview publiée par le Figaro le
22 mai dernier.
Mais, l'intérêt du travail de l'instance de régulation
vient aussi de ce qu'elle nous montre que la question est complexe et surtout
que les données sont mouvantes, justifiant une attitude prudente, tenant
compte d'un contexte économique désormais international.
1. Tirer les leçons de l'application de la loi modifiée du 30 septembre 1986
Si, en vertu de cette loi
38(
*
)
,
le respect du droit de la concurrence incombe au Conseil de la concurrence ou
à la Commission européenne, l'application du dispositif
anti-concentration en vue de garantir le pluralisme est de la compétence
du Conseil supérieur de l'audiovisuel.
Il faut effectivement rappeler qu'il y a là deux domaines connexes, mais
distincts, même si l'instance de régulation audiovisuelle est
habilitée à faire des recommandations, voire saisir les
autorités administratives ou judiciaires compétentes en
matière de pratiques restrictives et de concentrations
économiques
39(
*
)
.
·
Le dispositif existant
Le dispositif anti-concentration relevant du Conseil supérieur de
l'audiovisuel est défini aux articles 39 à 41-3 de la loi du
30 septembre 1986 modifiée. Il consiste en une série de
règles relatives à la transparence, aux limites imposées
à une même personne en matière de détention du
capital ou des droits de vote, ainsi qu'aux limites imposées en
matière de cumul d'autorisations. Ce dispositif comporte des sanctions
à la fois légales et conventionnelles.
Règles en matière de transparence
Ainsi, la loi impose aux titulaires d'autorisations un ensemble d'obligations
destinées à assurer la transparence des informations :
interdiction de prête-nom (article 35) ; caractère nominatif
des actions (article 36) ; obligation de tenir en permanence à
la disposition du public des informations relatives à la
dénomination ou la raison sociale des sociétés, au
siège social, au nom du directeur de publication, etc.
(article 37) ; information du Conseil en cas de détention de
plus de 20 % du capital ou des droits de vote d'une société
autorisée (article 38).
L'instance de régulation a également pris soin, dans les
conventions passées avec les opérateurs, de prévoir que
tout projet de modification du capital du titulaire de l'autorisation doit
être soumis à l'agrément du Conseil supérieur de
l'audiovisuel.
Cette disposition a été adoptée afin d'éviter que
ce dernier ne se trouve mis devant le fait accompli : admettre la
modification proposée ou décider de lancer la procédure de
retrait prévue à l'article 42-3 de la loi, arme par
définition très lourde : l'autorisation peut en effet
être retirée, sans mise en demeure préalable, en cas de
modification substantielle des données au vu desquelles l'autorisation
avait été délivrée.
Règles relatives aux limites imposées à une même
personne en matière de détention de capital ou des droits de
vote
Les limites en termes de capital ou de droits de vote des
sociétés s'appliquent tant aux opérateurs étrangers
hors Union Européenne (plafond de 20 %, article 40), qu'aux
opérateurs nationaux et communautaires (article 39) et prennent en
compte l'ensemble des supports de diffusion.
La loi du 1er février 1994 a introduit un nouvel article 39-1
permettant à une même personne de détenir 49 % du
capital ou des droits de vote d'une société autorisée.
Elle introduit par ailleurs la notion d'action de concert entre plusieurs
personnes afin, comme l'a souligné le Conseil constitutionnel dans sa
décision du 21 janvier 1994, de protéger le pluralisme.
Règles en matière de cumul d'autorisations
De la même manière, les règles relatives au cumul
d'autorisations (articles 41 à 41-3) donnent au Conseil supérieur
de l'audiovisuel les moyens de garantir la sauvegarde du pluralisme entre les
opérateurs. Elles prennent en compte l'ensemble des supports et les
zones géographiques de diffusion.
La loi du 1er février 1994 a entendu définir juridiquement
la notion de réseau radiophonique et a porté à
150 millions la somme des audiences potentielles susceptibles d'être
desservies par une même personne exploitant plusieurs de ces
réseaux. Le seuil ainsi fixé peut permettre à un groupe de
développer, théoriquement, quatre réseaux de taille
nationale.
Tout manquement au dispositif anti-concentration peut faire l'objet de
sanctions. Les moyens juridiques, dont dispose le Conseil supérieur de
l'audiovisuel à cet effet, relèvent soit de la loi, soit des
conventions passées avec les opérateurs.
Les sanctions
L'absence d'information de l'instance de régulation pour toute
modification du capital supérieur à 20 % peut être
sanctionnée par le biais de l'article 75 de la loi qui
dispose : " Sont punis d'une amende de 6 000 francs
à 120 000 francs les personnes physiques et les dirigeants de
droit ou de fait des personnes morales qui n'auront pas fourni les informations
auxquelles ces personnes physiques ou morales sont tenues, en application de
l'article 38, du fait des participations ou des droits de vote qu'elles
détiennent. "
Par ailleurs, pour tout manquement aux obligations légales, le Conseil
supérieur de l'audiovisuel dispose des sanctions prévues par les
articles 42 et suivants de la loi, sanctions qui vont de la suspension au
retrait de l'autorisation.
Concernant les services diffusés par voie hertzienne, celui-ci dispose,
en sus des sanctions légales, de sanctions conventionnelles. Le non
respect des stipulations évoquées ci-dessus peut ainsi
entraîner la mise en oeuvre d'une sanction pécuniaire, voire la
réduction de la durée de l'autorisation.
Concernant les services distribués par câble, la loi ne
définit pas de régime de sanction et renvoie à la
convention le soin de déterminer un régime de
pénalités contractuelles. Le non respect des stipulations
évoquées ci-dessus peut entraîner la mise en oeuvre d'une
sanction pécuniaire, voire la réduction de la durée de la
convention.
·
Les améliorations possibles
Une meilleure information
D'une manière générale, l'information du Conseil
supérieur de l'audiovisuel pourrait être améliorée
dans la mesure où les changements dans l'actionnariat sont aujourd'hui
difficiles à suivre. Si l'on connaît avec précision la
composition du capital de chaque société autorisée, tel
n'est pas toujours le cas de leurs actionnaires majoritaires ou de
l'intégralité des accords de toute nature que ceux-ci ont pu
passer.
Les montages juridiques sont de plus en plus complexes, alors que de nombreux
actionnaires ne relèvent pas de la loi française. Au surplus, la
mise en oeuvre du dispositif anti-concentration implique une adaptation aux
nouvelles pratiques boursières et à l'évolution du droit
des sociétés. On peut, par exemple, penser à
l'introduction, dans la loi du 1er février 1994, de la notion
d'action de concert entre actionnaires.
S'agissant de l'interdiction de prête-nom (article 35), le Conseil
supérieur de l'audiovisuel a acquis la conviction qu'il existait dans
certains cas des conventions passées entre actionnaires d'une
société titulaire d'une autorisation, ou entre actionnaires et
tiers, dans le but de contourner le dispositif anti-concentration.
Pour remédier à cette difficulté, l'instance de
régulation avait proposé, dans son rapport annuel pour 1991,
qu'une modification législative qualifie de nulle et non avenue toute
convention entre actionnaires d'une société autorisée, ou
entre actionnaires et des tiers, non présentée au Conseil et
ayant pour objet ou pour effet de faire obstacle aux règles relatives au
contrôle des sociétés de l'audiovisuel ou à celles
relatives à la concentration.
Un rapprochement entre Conseil de la concurrence et Conseil supérieur
de l'audiovisuel
Une coopération plus étroite entre le Conseil supérieur de
l'audiovisuel et le Conseil de la concurrence ne peut qu'être
précieuse pour la préservation des conditions du pluralisme et de
concurrence entre les médias. Cette meilleure coopération
relève moins des textes législatifs et réglementaires que
de rapprochements au cas par cas entre les services des deux instances. Dans
certains dossiers, le rapporteur chargé de l'instruction devant le
Conseil de la concurrence pourrait se rapprocher des services du Conseil
supérieur de l'audiovisuel.
Un dispositif plus égal entre les supports
Il est, par ailleurs, frappant de constater que le dispositif
anti-concentration ne s'applique pas de façon uniforme aux
différents supports de communication.
Rigoureux pour les radios et télévisions hertziennes terrestres,
ce dispositif comporte des lacunes pour les autres modes de diffusion :
- Il ne couvre, en certaines de ses dispositions seulement, la diffusion par
satellite de télécommunications qu'à partir d'un seuil qui
ne sera pas atteint avant plusieurs années (article 24, III datant
pourtant de 1989) :
- il ne s'applique aucunement aux chaînes du câble. Sauf en ce qui
concerne les règles d'obligation de reprise (article 34) dont
l'équivalent n'existe d'ailleurs pas pour le satellite ;
- quoique l'exploitation de leurs réseaux soit sujette à
autorisation, les câblo-opérateurs ne sont pas couverts par les
restrictions de l'article 40 (limite à 20 % aux
détentions en capital ou en droits de vote des opérateurs
étrangers hors Union Européenne) ;
- les services autres que ceux de radiodiffusion ou de
télédiffusion, pourtant de plus en plus nombreux, ne sont pas
concernés par le dispositif anti-concentration.
2. Faire évoluer le système français de régulation
Comme l'a montré l'étude du Conseil
supérieur de l'audiovisuel, l'environnement mondial est
particulièrement incertain. Les rapports de force entres les
différents acteurs économiques ne sont pas encore
stabilisés. En outre, on ne sait laquelle des technologies en
concurrence et lequel des modes de distribution des images et des sons vont
finalement s'imposer. Dans un tel contexte, il est nécessaire de
s'avancer avec précaution et pragmatisme, en prenant en
considération le caractère international des évolutions en
cours.
Telle est bien l'attitude de M. Hervé Bourges dans l'article qu'il a
publié dans le Monde de 26 août 1997, et qui vient éclairer
ce dossier des leçons de l'expérience de la haute
autorité. Il est intéressant d'en citer un long passage :
" C'est le Gouvernement constitué au lendemain des
législatives de 1993 qui a accentué les phénomènes
de concentration en faisant adopter une loi autorisant les groupes de
tête des opérateurs de télévision à monter
jusqu'à 49 % des parts sociales. La loi dite Carignon, portant
également le plafond d'audience potentielle des groupes radiophoniques
à 150 millions d'auditeurs, a favorisé les regroupements de
réseaux autour des principaux acteurs du secteur (NRJ, Europe, CLT,
RMC), tout en privant le CSA de l'exercice effectif de son contrôle sur
les opérateurs à travers un système de reconduction
automatique des autorisations dont on a pu mesurer les effets pervers.
" Faut-il désormais inverser le mouvement ? Peut-on le limiter ?
Est-ce l'heure de le faire ? La concentration est un phénomène
mondial. Les géants du disque, qui contrôlent 80 % de la
production musicale mondiale sont des groupes multimédias et
multinationaux : Sony Music, BMG (Bertelsmann Music Group), Polygram/Philips,
Thorn-EMI... On les retrouve dans l'audiovisuel, comme constructeurs ou comme
producteurs. Du côté des supports, l'administration
américaine fait tout son possible pour favoriser les fusions entre
câblo- distributeurs et opérateurs de télécoms en
vue de doper la concurrence sur les autoroutes de l'information.
Outre-Atlantique, à vrai dire, il y a belle lurette que certains tabous
sont tombés. Ainsi, les règles de la Commission
fédérale pour la communication (FCC) garantissant
l'indépendance de la production audiovisuelle à l'égard
des réseaux nationaux de télévision (networks) à
laquelle se réfèrent en toute occasion les milieux
français du cinéma et de la télévision ont
été rangées au rayon des affaires classées depuis
qu'un juge a estimé qu'aucun réseau n'occupait désormais
plus de position dominante, dans la mesure où ni ABC, ni CBS, ni NBC
n'étaient en mesure de contrôler plus de 15 % du marché
audiovisuel américain.
" La FCC a dû réviser les règles qu'elle avait
précédemment fixées. D'ailleurs, aujourd'hui, ce sont les
studios (les fabricants de contenus) qui contrôlent les diffuseurs.
Est-ce à dire qu'il n'y a qu'à laisser faire les lois du
marché et tout attendre des opérations de Bourse ?
Assurément non. Mais il n'est plus ni possible, ni raisonnable de penser
dans un cadre étroitement hexagonal en matière de communication.
" Il convient de prendre la juste mesure des choses. TF 1 continue de
peser d'un poids particulier sur notre industrie de programmes. Idem pour
Canal + dans l'univers de la télévision payante et,
indirectement, du cinéma et du spectacle sportif. Sans les
investissements de ces deux poids lourds du privé, l'industrie des
programmes serait presque totalement dépendante des chaînes
publiques.
" De pareilles influences ne peuvent s'exercer sans contrepoids.
Certains
ont suggéré l'instauration de plafonds d'audience, tous supports
audiovisuels confondus, par groupe de communication, suivant un exemple
allemand, pour prévenir le risque de position dominante... Tout
dépend du seuil : on a évoqué le chiffre de 15 % de
l'audience. L'idée serait irréaliste sur un marché aussi
étroit que la France : à un tel niveau d'écoute (et par
conséquent de recettes), La Cinq n'a pas survécu ; TF 1 ne s'en
tirerait pas davantage ; une chaîne publique telle que France 2, non
plus. En revanche, le chiffre de 35 % - 40 % pourrait constituer un objectif
raisonnable.
" Il convient, en outre, de garantir davantage l'indépendance des
médias vis-à-vis de leurs actionnaires, voire de leurs
régies publicitaires. L'idée d'un dispositif anti-concentration
peut y contribuer, et favoriser à terme l'entrée de nouveaux
acteurs dans l'industrie audiovisuelle.
" Mais chacun doit être conscient qu'il s'agit là d'un choix
prospectif et à longue échéance. Quel que soit le seuil de
contrôle retenu 25 % du capital, par exemple, une loi anticoncentration
adoptée aujourd'hui ne pourra vraisemblablement avoir d'effets que dans
le futur : lors de l'attribution de nouvelles autorisations à de
nouveaux opérateurs. C'est-à-dire en pratique dans quatre ou dans
neuf ans. Le juge constitutionnel déjà appelé à se
prononcer en octobre 1984 sur un texte anticoncentration, alors baptisé
" loi Hersant ", l'avait privé d'efficacité, considérant
que le législateur pouvait adopter pour l'avenir des règles plus
rigoureuses concernant l'exercice d'une liberté publique, mais qu'il ne
pouvait remettre en cause les situations acquises que dans deux
hypothèses : si ces situations ont été obtenues
illégalement ou s'il apparaît nécessaire de restaurer un
pluralisme effectif.
" Dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, les opérateurs
ont été désignés à l'issue de
procédures légales et la composition de leur capital a
été approuvée, à l'époque. Quant au
pluralisme, celui-ci n'est-il pas garanti au premier chef par la loi
audiovisuelle ? On recherchera en vain dans les autres législations une
règle imposant la répartition des temps de parole entre
Gouvernement, majorité et opposition à l'ensemble des diffuseurs,
y compris les opérateurs privés. Quoi qu'il en soit, il sera
toujours bon de fixer des principes anti-concentration pour les temps, et les
médias, à venir.
" Et dans l'immédiat ? Si l'on désire répondre aux
inquiétudes légitimes des acteurs de l'industrie audiovisuelle,
ne serait-il pas souhaitable d'accorder au CSA une plus importante marge
d'intervention en matière de régulation économique ? Ne
serait-il pas utile, par exemple, que le conseil soit en mesure de
contrôler effectivement les risques de distorsion de la concurrence
résultant de contrats de coproduction avec des diffuseurs, voire des
interférences existant entre achat de droits de diffusion et
distribution cinématographique ?
" Le droit français hésite à confier à une
autorité indépendante le traitement de dossiers impliquant
l'adoption de décisions de caractère réglementaire ; c'est
même une doctrine constante du juge constitutionnel, là aussi.
Dont acte. Mais ne pourrait-on définir des domaines de régulation
économique pour lesquels le CSA serait compétent, au moins au
stade de l'instruction et de la recommandation ?
" Il appartient au Gouvernement, et sans doute au législateur,
d'ouvrir la voie à un tel aggiornamento de la régulation
audiovisuelle. En même temps, n'oublions jamais que la véritable
concentration se joue ailleurs. Les " géants " de
l'audiovisuel français, TF 1 et Canal Plus se situent aux alentours du
dixième rang européen... et du trentième rang mondial en
termes de chiffre d'affaires. Ce qui pose un problème tout aussi
sérieux, à la réflexion. "
Au-delà des propositions très pragmatiques qu'il contient, cet
article est de nature à orienter la réflexion sur
l'évolution du système français de régulation de
l'audiovisuel.
En effet, par son titre même " Pour une régulation
économique de l'audiovisuel ", il incite le législateur
à considérer le rôle des mécanismes
économiques dans la garantie de nos libertés politiques,
même si l'on peut toujours s'interroger sur l'opportunité
d'introduire des garde-fous spécifiques.
Quoi qu'il en soit, si l'on prolonge les analyses du président de la
Haute Autorité, on a le sentiment que, dans le contexte actuel
très ouvert sur le marché mondial, la concurrence
économique joue un rôle déterminant dans le maintien de la
diversité des courants d'opinion.
Prolongeant l'analyse du président du Conseil supérieur de
l'audiovisuel, il semble que l'on puisse s'inspirer des méthodes de
régulation de la concurrence économique pour assurer de
façon efficace et réaliste la garantie du pluralisme politique.
·
L'adaptation du mode de régulation de l'audiovisuel
Dans cette perspective, une voie à explorer pour faire évoluer le
système français serait, d'une part, de réaffirmer les
principes qui doivent présider à l'action des instances de
régulation et, d'autre part, de rendre dynamiques les objectifs qu'on
leur assigne.
La réaffirmation des principes
La loi comme la jurisprudence fournissent déjà les
éléments de nature à guider les décisions de
l'instance de régulation. Deux exemples, particulièrement clairs,
peuvent ainsi en être donnés.
On peut d'abord considérer que le principe général
affirmé par le Conseil constitutionnel dans sa décision du
18 septembre 1986 reste plus que jamais à la base de notre
système de régulation : "
l'objectif à
réaliser est que les auditeurs et les téléspectateurs qui
sont au nombre des destinataires essentiels de la liberté
proclamée par l'article 11 de la Déclaration de 1789 soient
à même d'exercer leur libre choix sans que ni les
intérêts privés ni les pouvoirs publics puissent y
substituer leurs propres décision, ni qu'on puisse en faire les objets
d'un marché. "
De même, sur le plan économique, on peut notamment estimer que la
notion de position dominante peut servir de référence. Comment ne
pas estimer qu'une position dominante sur le plan commercial, par exemple, ne
comporte pas des risques du point de vue économique qui ne la rendent,
indépendamment de toute question d'abus, potentiellement
préjudiciable au pluralisme et donc non souhaitable. On
décèle dans la définition donnée par la Cour de
Justice des Communautés Européennes dans l'affaire United
Brands
40(
*
)
des critères
intéressants pour analyser une situation de fait.
Si les principes fondamentaux, tels qu'ils résultent de la loi ou de la
jurisprudence doivent rester stables, il est souhaitable
de laisser aux
autorités compétentes une plus grande liberté
d'appréciation pour les appliquer
. Sans doute parce qu'il semble que
l'on a désormais moins de besoin de règles précises que de
principes.
Des objectifs dynamiques
Fixer des limites déterminées pour la part qu'une même
personne peut détenir dans une société audiovisuelle en
termes de capital ou de droits de vote est un garde-fou nécessaire mais
certainement pas suffisant.
D'abord parce que ce type de limite est en l'état actuel de la
législation assez facile à contourner et restera toujours
possible même si celle-ci est modifiée dans ce but. Ensuite, parce
que des plafonds ont un effet relatif qui dépend de la structure de
l'actionnariat et surtout que les vrais problèmes sont ailleurs. Une
situation abusive du point de vue de la liberté d'expression doit
s'apprécier en effet
in concreto
, tout comme une position
dominante en tenant compte pas seulement de la répartition de
propriété, mais du mode de fonctionnement de la
société et surtout du marché de référence.
De ce point de vue, la prise en considération du marché
international, comme nous y invite M. Hervé Bourges, est de nature
à relativiser la menace pour le pluralisme. Ainsi, la structure de
l'actionnariat de TF1 doit-elle être mise dans son contexte non seulement
européen - les entreprises françaises sont comme le rappelle le
président du Conseil supérieur de l'audiovisuel, de taille bien
modeste à l'échelle internationale - mais aussi temporel :
la première chaîne française va sans doute voir sa part
d'audience se tasser en pourcentage si l'Europe connaît la même
évolution que les États-Unis, où les chaînes
hertziennes généralistes ont tendance désormais à
perdre des parts de marché au profit des chaînes
thématiques. En revanche, on pourrait estimer que l'existence d'une
seule chaîne d'information continue n'est peut-être pas suffisante
pour garantir une parfaite liberté d'expression. En définitive,
la question ne se pose pas tant en terme de propriété que de
marchés. Et c'est pourquoi la suggestion de M. Bourges tendant
à
définir pour l'audiovisuel un seuil de concentration en
termes de parts de marché
, suivant en cela l'orientation prise par
une directive européenne en préparation sur la transparence en
matière de médias, semble prometteuse.
Plus fondamentalement, la capacité d'une structure à
préserver le pluralisme doit être appréciée de
façon dynamique et globale.
D'une part, il est nécessaire, qu'il s'agisse de concurrence ou de
pluralisme,
d'apprécier les phénomènes sur un plan
mondial
. A cet égard la décision du 20 février 1997
autorisant la prise de contrôle par Canal + de Nethold BV est
exemplaire en ce qu'elle rappelle que toute concentration atteignant les seuils
de l'ordonnance de 1986 et susceptible d'avoir des effets sur le marché
français est soumise à contrôle ministériel et ce
même en l'absence de toute activité sur le territoire national de
l'une des entreprises concernées.
D'autre part, ce qui est fondamental, c'est de maintenir une concurrence
ouverte et, en particulier, d'offrir la
possibilité pour de nouvelles
entreprises de venir sur le marché
. Il paraît plus efficace
d'encourager une concurrence que de s'efforcer de revenir de façon
autoritaire et rétroactive sur la structure d'un actionnariat. De ce
point de vue, s'il paraît discutable d'abaisser, en dehors de tout abus
caractérisé les seuils de propriété définis
par la loi du 30 septembre 1986, il ne serait pas absurde de revenir dans
certains cas sur la procédure de reconduction automatique, qui,
même si elle se justifie du point de vue de l'amortissement des
investissements des opérateurs, aboutit objectivement à figer le
paysage audiovisuel français.
Le maintien d'une concurrence ouverte est-il suffisant pour préserver le
pluralisme? Tandis que les uns tenant d'un libéralisme à
l'anglo-saxonne, auront tendance à se satisfaire des mécanismes
du marché, les autres, et en particulier les Allemands, seront
portés à considérer que la notion de pluralisme a son
autonomie par rapport à l'économie et donc que des règles
spécifiques doivent venir se surajouter à celles régissant
la concurrence et les abus de position dominante : c'est ainsi que pour
maintenir une certaine diversité éditoriale, il a
été décidé d'exiger pour toutes les chaînes
dépassant 10% d'audience qu'elles prévoient des
décrochages qui doivent être gérés par des
opérateurs indépendants.
Ce genre de projet, qui sera sans doute évoqué à
l'occasion de l'examen du projet de loi sur la communication audiovisuelle
annoncé par le Gouvernement, soulève une question fondamentale :
les entreprises audiovisuelles sont-elles des entreprises comme les autres?
Doit-on, au nom de la liberté d'entreprise respecter leur autonomie de
gestion ou faut-il leur imposer des contraintes - comme l'obligation de
décrochage pas forcément compatible avec la cohérence de
l'image de la chaîne - du fait de leur responsabilité
éminente en matière de pluralisme?
En définitive, la difficulté pour faire évoluer le
système français semble être de nature structurelle.
Comment passer du modèle juridique français où tout doit
être défini dans les textes, où il y a d'un
côté le règlement et de l'autre les autorités
chargées de l'appliquer, à un mode de régulation souple
à l'anglo-saxonne où le juge a plus de latitude pour adapter le
droit à chaque cas d'espèce et rechercher, à partir
d'éléments de fait, une solution en équité sinon en
opportunité.
Il y a là une évolution qui peut se révéler
dangereuse, non seulement parce qu'elle heurte nos traditions juridiques, en
particulier en ce qui concerne le pouvoir réglementaire, mais encore
parce qu'elle pourrrait conférer un certain pouvoir
discrétionnaire à une instance administrative.
CHAPITRE III : IDENTITE CULTURELLE ET PRESENCE AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
Toute imprégnée de la culture du service public,
la France espère pouvoir échapper à des changements qui la
dépassent, sans réaliser que, dans le domaine audiovisuel
désormais complètement international, il est vain de vouloir
imposer ses propres règles du jeu. Tenter de le faire, c'est s'exposer
à la marginalisation économique et culturelle, et, tôt ou
tard, au dépérissement.
Si l'on ne peut ignorer les évolutions du monde qui nous entoure et
bientôt nous envahira, balayant toutes les digues que nous croirons avoir
construites, on ne doit pas pour autant accepter comme un fait presque accompli
l'irrésistible montée en puissance des lois du marché.
Entre la " bunkerisation " irréaliste et la soumission
complaisante au complexe médiatico-financier dominé par les
États-Unis, il y a une voie pour notre pays et surtout pour l'Europe,
dont la stratégie doit être d'accepter le jeu du marché
sans pour autant se plier à la dérégulation à
outrance voulue par les grands groupes anglo-saxons.
Ceux-ci s'avancent masqués derrière les idéaux de
liberté et de créativité, pour imposer leur pouvoir et
surtout leur logique financière.
Mais cette logique existe. Il faut le savoir et faire prendre conscience de ses
dangers à nos partenaires, au niveau européen, mais
également adapter en conséquence notre politique de
présence extérieure.
I. LA POLITIQUE COMMUNAUTAIRE DE L'AUDIOVISUEL
La France est isolée pour faire valoir une " exception culturelle " que l'évolution des mentalités - surtout au nord de l'Europe - mais aussi celle des techniques et des pratiques commerciales, rendent de plus en plus difficile à défendre.
A. EN EUROPE : ÉCHEC DU RENFORCEMENT DE LA DIRECTIVE TÉLÉVISION SANS FRONTIÈRES
Dans un premier temps, le débat devant le Parlement
européen avait été favorable aux positions de la France.
Le Parlement avait converti la clause envisagée de suppression des
quotas dans un délai de dix ans en clause de révision, tout en
optant pour une définition plus stricte de l'oeuvre audiovisuelle en
excluant les émissions majoritairement réalisées en
plateau ; il avait étendu le champ de la directive aux nouveaux
services, tels que la vidéo à la demande ou le paiement à
la séance. Le Parlement avait adopté en février 1996 un
texte plus protecteur que celui élaboré par la Commission, fruit
d'un compromis entre défenseurs d'une réglementation
contraignante (France, Espagne) et partisans d'un assouplissement des
règles (pays du Nord).
La France avait donc obtenu le maintien de la politique des quotas de diffusion
qu'elle considère comme l'arme essentielle dans sa bataille pour
l'exception culturelle, alors qu'une grande partie de ses partenaires y est
opposée. Mais il fallait que ce texte soit accepté par le Conseil
des ministres - en vertu de la co-décision - avant la fin de
l'année 1996.
Or, le Conseil a décidé, durant l'été 1996,
d'assortir le respect des quotas d'une mention " chaque fois que cela
est
réalisable ". Elle confirmait ainsi le caractère flexible du
régime des quotas tout en excluant les nouveaux services de
l'application de la directive Télévision sans frontières.
La France insistait pour rendre les quotas obligatoires mais l'Allemagne et le
Royaume-Uni souhaitaient leur disparition. En définitive, le compromis
adopté a prévu une renégociation dans cinq ans.
Mais, ce compromis, qui porte la date du 16 avril 1997, entre le
Parlement européen et le Conseil des ministres constitue un recul. Non
seulement les nouveaux services interactifs demeurent exclus du champ de la
directive. Et surtout, l'obligation de diffusion d'une majorité
d'oeuvres européennes reste imprécise, pour ne pas dire purement
théorique, puisque la règle des quotas est un objectif non
contraignant. Le plus grave est que cette affaire, capitale pour l'avenir des
cultures européennes, a finalement donné lieu à moins de
discussions et de réserves que celles de la puce anti-violence et de la
retransmission en clair des grands événements sportifs. Un espoir
demeure toutefois ; c'est le dessein de rédiger un rapport
d'évaluation après trois ans ; De plus, une clause de
réexamen a été décidée pour permettre, le
cas échéant, une révision du texte actuel.
Faute d'être garantie par des quotas, " l'exception
culturelle " pourrait être beaucoup plus efficacement
préservée sur le plan économique par le renforcement du
poids économique et financier des opérateurs nationaux, ainsi que
par l'instauration d'un fonds européen de soutien aux industries
audiovisuelles. Or, sur ce plan également, notre pays paraît, en
dépit de propositions réitérées, bien seul pour
défendre l'Europe.
B. LE RISQUE DE DISPARITION DE L'EXCEPTION CULTURELLE
L'intégration du secteur audiovisuel, ce n'est pas
seulement la constitution d'un certain nombre de groupes géants. C'est
aussi l'apparition de nouveaux métiers intégrés, du
contenu au contenant, des programmes aux moyens de communication et,
corrélativement, de l'émergence d'un nouveau mode de consommation
audiovisuelle.
On a toutes les raisons de penser que, sous l'influence des grands groupes
intégrés, la consommation de produits audiovisuels va se
transformer.
La multiplication des chaînes, combinée avec la convergence des
réseaux, va sans doute entraîner une certaine
destructuration
du paysage audiovisuel
. Certes, les chaînes
généralistes existeront encore et pour longtemps, mais leur part
d'audience va sans doute régresser peu à peu au profit des
chaînes thématiques et des programmes spécialisés
à la demande.
Un enjeu important sera la gestion de l'interactivité entre l'offre et
la demande et, en particulier, la maîtrise des instruments de
" navigation " qui permettront soit de repérer les
programmes
susceptibles de répondre aux exigences du consommateur, soit de se
constituer son propre programme à partir des bouquets d'émission
disponibles sur réseau.
La course au contenu
, à laquelle on a assisté ces
dernières années,
va peut-être laisser la place à
une concurrence au niveau
, plus technique,
des moyens d'accès
à ce contenu que, seuls, de grands groupes très performants sur
le plan technologique auront les moyens d'affronter.
Dans cette perspective, c'est seulement au niveau continental et donc
européen que l'on a une chance d'infléchir une dynamique
technologique et commerciale qui risque, faute de réaction
cohérente, de rendre caduque la notion même d'exception
culturelle, en paralysant tous les mécanismes de protection
laborieusement mis en place au cours des dernières années.
1. Les nouveaux services, facteurs de dérégulation
La renégociation de la directive TSF ne concernait pas
seulement les quotas de diffusion, mais également le régime
envisageable pour les nouveaux services audiovisuels. Or, si leur statut en
droit communautaire reste encore incertain, on s'aperçoit
déjà qu'il tend à s'écarter des positions
juridiques défendues par la France.
La doctrine en cours d'élaboration à Bruxelles laisse craindre,
en effet, que les nouveaux services - chaînes de télévision
numérique ou services de vidéo à la demande - ne
soient englobés dans le régime des
télécommunications et échappent ainsi à toute
préoccupation culturelle. Dans la conception française, et comme
l'a montré la loi du 10 avril 1996 relative aux
expérimentations, ces nouveaux services relèvent de la
communication audiovisuelle. Or, ceux-ci sont plutôt qualifiés de
services de télécommunications par Bruxelles, en particulier dans
le Livre vert, en cours d'élaboration, relatif aux nouveaux services de
télécommunications. Pour la Commission mais aussi pour la plupart
des États membres, l'ensemble des services fournis sur appel individuel,
tels le paiement à la séance et la vidéo à la
demande, échappent au champ d'application de la directive TSF. Ils
peuvent donc être juridiquement assimilés aux services disponibles
sur Internet ou aux services télématiques soumis à simple
déclaration
41(
*
)
. Dans la conception
française, au contraire, les services audiovisuels mixtes, qui ont une
dimension d'ordre économique et culturel, ne peuvent être
assimilés à Internet dont le régime ne soulève que
des questions liées au droit pénal international et à la
protection du droit d'auteur. Pour la Commission européenne, en
revanche, la préoccupation majeure demeure la libéralisation des
structures et des services de télécommunication.
2. Le système des quotas
La négociation en cours relative aux quotas de
diffusion et de production et aux nouveaux services audiovisuels fait
apparaître l'écart qui sépare actuellement les positions
françaises de celles de la Commission et de la plupart de ses
partenaires.
Mais, au-delà de cette incertaine bataille diplomatique, doit être
posée la question de savoir si le système des quotas est
adapté en lui-même aux mutations technologiques que connaît
la télévision. En effet, ce système semble peu
adapté pour des services qui ne sont pas articulés sur le concept
de chaînes.
Jusqu'à présent, les bilans chiffrés s'accordent à
leur reconnaître une certaine efficacité. Le deuxième
rapport sur l'application des quotas de diffusion, adopté en juillet
1996 par la Commission, fait état d'un nombre croissant de chaînes
respectant les quotas : 119 chaînes sur 148 examinées
ont diffusé une proportion majoritaire d'oeuvres européennes en
1994 contre 70 sur 105 en 1992. Les chaînes thématiques, en
revanche, respectent moins les quotas que les chaînes hertziennes.
Or les chaînes thématiques se multiplient. Comment faire respecter
des quotas de production et de diffusion par des chaînes
thématiques axées sur un centre d'intérêt exclusif,
par des services de vidéo à la demande ou par des chaînes
satellitaires diffusant depuis un État non membre de la
Communauté ?
Jack Valenti, le représentant de la MPAA (
Motion Pictures Association
of America
), qui regroupe les grands studios américains, estimait,
lors du festival de Deauville de 1996, que l'Europe ne pourra pas se
protéger de l'invasion audiovisuelle en dressant des barrières
comme les quotas de diffusion et de production, car l'avènement de la
télévision numérique rend ces mesures illusoires et le
téléspectateur déterminera lui-même ce qu'il veut
voir.
Les techniques numériques engendrent, en effet, une concurrence accrue
entre opérateurs, au niveau européen et international. Si les
opérateurs extra-communautaires s'établissent dans l'Europe
communautaire, ils devront respecter la directive Télévision sans
frontières mais si le bouquet de programmes est diffusé depuis un
pays non membre, ils échapperont à toute réglementation.
De plus, la directive restant très souple pour l'application des quotas
de diffusion, chaque État peut adopter une législation assortie
d'obligations de contenus très variables. Le principe de liberté
de réception et de retransmission édicté par la directive
peut créer une concurrence déloyale entre chaînes
domestiques et chaînes venues d'ailleurs. Les chaînes TNT/Cartoon,
d'origine américaine, sont titulaires d'une licence
délivrée par les autorités britanniques, en application du
régime britannique de satellite non national, qui exige des proportions
de diffusion d'oeuvres européennes et de production indépendante
nettement moins sévères que pour les autres chaînes. Elles
diffusent entre 95 % et 100 % de programmes d'origine
américaine et n'ont pas obtenu leur autorisation de reprise sur le
câble en France pour ce motif mais elles sont accessibles par satellite.
Le principe de libre circulation des ondes soulève plus
généralement la question du rattachement national du
radiodiffuseur, et le développement de la télévision par
satellite va accentuer ce problème. Les ambiguïtés de la
directive et les contradictions entre les législations nationales
peuvent conduire à considérer qu'une chaîne ne
relève d'aucun droit national (cas de Red Hot Television diffusée
à partir des Pays-Bas et établie en Grande-Bretagne ou de
RTL TV qui dépend de la Belgique et du Luxembourg).
On peut se demander si l'Europe ne devrait pas cesser de donner la
priorité au renforcement de mesures défensives aisément
contournables et qui, en tout état de cause, ne sont pas de nature
à éviter un déferlement de programmes américains
sur nos téléviseurs. Il serait sans doute plus efficace pour elle
de s'orienter, pour protéger son industrie et sa culture, dans la voie
de l'harmonisation des réglementations anti-concentration qui dissuade
les délocalisations et assure au téléspectateur le
pluralisme des programmes.
La Commission a également approuvé une proposition de directive
visant, à des fins d'amélioration de la société de
l'information, à obliger les États membres à lui notifier
préalablement leurs projets de loi relatifs à l'information. Elle
souhaite surveiller les modifications de réglementations afin
d'éviter les disparités ; la plupart des États
membres, en effet, préparent des réglementations concernant les
nouveaux services dans un souci de protection des mineurs, des droits du
consommateur, de protection de la liberté d'expression et de la vie
privée. La Commission considère que l'adoption de mesures
réglementaires nationales isolées et non coordonnées
risque de fragmenter ce secteur clé du marché unique mais que des
précautions de procédure suffisent, une harmonisation des droits
nationaux semblant prématurée au regard du caractère
encore embryonnaire de ces services
42(
*
)
.
L'harmonisation des législations relatives à la concurrence et
à la concentration, ainsi que des régimes juridiques
adaptés à la nature des nouveaux services audiovisuels doivent
constituer les futurs axes d'une politique communautaire audiovisuelle qui
irait ainsi au-delà de la défense de l'exception culturelle par
le système des quotas.
3. La stratégie audiovisuelle globale des États-Unis
Dans un document d'avril 1995, le département
d'État américain a tiré les leçons du
différend qui avait opposé l'Europe aux États-Unis lors
des négociations sur l'Uruguay Round et qui avait abouti à
l'exclusion du secteur audiovisuel de la libéralisation des
échanges. Concernant l'Europe, ce document " US Global Audiovisual
Strategy " mettait l'accent sur sept points principaux :
1. Éviter un renforcement des mesures restrictives (quotas...) et
veiller à ce que ces mesures ne s'étendent pas aux nouveaux
services de communication.
2. Améliorer les conditions d'investissement pour les firmes US en
libéralisant les régulations existantes.
3. Éviter des drames et des querelles inutiles sur les questions
culturelles. Rechercher plutôt des zones d'intérêts communs.
4. Lier les questions audiovisuelles et le développement des
nouveaux services de communication et de télécommunication dans
le sens de la déréglementation.
5. S'assurer que les restrictions actuelles liées aux prestations
culturelles ne constituent pas un précédent pour les discussions
qui vont s'ouvrir dans d'autres enceintes internationales.
6. Multiplier les alliances et les investissements américains en
Europe.
7. Rechercher
discrètement
l'adhésion aux positions
US des opérateurs européens affectés par les quotas ou les
réglementations : télévisions privées,
publicitaires, opérateurs de télécommunication...
Sur la base de ces objectifs, une action conjointe de l'administration et des
représentants des groupes de pression américains a
été entreprise en Europe, pour " resserrer " les liens
avec les acteurs publics et privés de l'audiovisuel en Europe,
créer un climat de confiance, changer l'état d'esprit de la
presse envers les Américains.
Un an et demi après la fixation de cette stratégie, nous pouvons
constater qu'elle se déroule exactement comme ce fut annoncé.
·
La mise en cause des systèmes de protection, d'encouragement
et de soutien existant en Europe
Après leur échec au GATT, la stratégie des
Américains a été de prôner la convergence des
régimes applicables à l'audiovisuel et aux
télécommunications sous le prétexte que les technologies
allaient fusionner. Jack Valenti fait campagne en Europe sur le thème
" the digital TV revolution requires a free market
approach " :
satellites, fibres optiques, numérisation créent une nouvelle
situation donnant au consommateur le choix ultime des programmes qu'il souhaite
voir... il est donc raisonnable de suivre une politique de
dérégulation. C'est le point 4 de la stratégie
américaine, mentionné plus haut.
Cette approche est également celle de la DG XIII de la Commission
Européenne qui entend faire adopter l'idée d'une convergence
inéluctable entre le régime de régulation de l'audiovisuel
et le régime de régulation des télécommunications.
C'est-à-dire une dérégulation de l'audiovisuel. Elle a
fait réaliser une étude à ce sujet par un cabinet
anglo-saxon. Étude qui pose le postulat que les développements
technologiques vont effacer les frontières entre la régulation de
l'audiovisuel et celle des télécommunications, et qu'une
convergence est, dès lors, indispensable. Dans cette optique
l'étude recommande à l'Union européenne " d'adopter
une méthode de régulation qui ressorte de la logique du
marché, c'est-à-dire une approche fondée sur les
règles de la concurrence, évitant de perturber le marché
et qui doit réduire au minimum l'intervention de la puissance
publique ". Ceci vise clairement à faire voler en éclats les
systèmes de soutien et de protection des États membres et de
l'Union européenne.
A la suite de cette étude qui évacue par ailleurs toute
idée de service universel (service public) dans le secteur des
médias, la DG XIII a édité un Livre Vert
développant ce projet de " convergence "
audiovisuel-télécom et invitant à en tirer les
conséquences pour les systèmes de régulation existant dans
l'Union européenne. Un Livre Vert est un document officiel
proposé par la Commission européenne aux autres institutions de
l'Union pour servir de base au lancement d'une nouvelle politique.
On retrouve dans les textes de la DG XIII, mot pour mot, trace de la
stratégie américaine et celles de lobbies qui la soutiennent.
Ainsi l'association ECTEL, European Telecommunications and Professionnals
Electronics Industry, basée à Londres, a-t-elle fait parvenir aux
Commissaires européens un memorandun sur " la société
de l'Information " dans lequel elle estime " qu'avec la
convergence
technologique vient la convergence du marché. Mais aucun marché
ne peut décoller s'il n'est régi par des règles
différentes, imposées par des institutions différentes.
Ainsi une convergence des régulations (audiovisuel et
télécom) et leur simplification est-elle absolument
nécessaire ".
·
Une politique d'intimidation destinée à éviter
l'extension géographique du modèle européen
Fin 1995 à Strasbourg, la délégation hongroise au Conseil
de l'Europe informait ses partenaires européens que les
États-Unis étaient intervenus la veille du vote au Parlement
hongrois du projet de sur l'audiovisuel afin de faire supprimer les
dispositions relatives à l'instauration de quotas européens de
diffusion. Les États-Unis auraient, d'après cette
délégation, menacé la Hongrie de s'opposer à son
entrée à l'OCDE comme membre à part entière si elle
choisissait le modèle européen de politique audiovisuelle. Une
pression identique a été faite avec succès par les
États-Unis auprès de la République tchèque
où les mêmes conditions d'accès à l'OCDE ont
été posées. Idem en Pologne, mais là, sans
résultat immédiat.
Les États-Unis surveillent avec la plus grande attention l'instauration
du cadre réglementaire pour l'audiovisuel dans les pays de l'Est. Le
problème pour eux est que ces pays, ayant choisi d'intégrer
à terme l'Union européenne et ayant signé des accords
d'association en ce sens avec l'UE, se doivent de transposer dans leur droit
interne le droit communautaire, dont le droit européen de l'audiovisuel
constitué essentiellement de la directive
" Télévision sans Frontières ".
Pour les États-Unis, il convient d'éviter absolument que le
" modèle européen " ne fasse tâche d'huile, et
que des quotas ne soient utilisés dans d'autres régions du monde.
·
La contre-offensive américaine dans les enceintes
internationales
Contrairement à ce qui a été hâtivement
claironné
, les accords de l'Uruguay Round (GATS) concernant les
services n'excluent pas le secteur de l'audiovisuel. Ils prévoient
l'ouverture de négociations - qui vont reprendre - au sein de
l'OMC pour développer des règles communes sur les systèmes
d'aide. Les Américains sont très attachés à ces
négociations afin de poursuivre le processus de libéralisation
engagé par l'Uruguay Round.
Dans cette perspective, il faut veiller à ce que les mesures
générales de libéralisation, décidées au
niveau international, ne conduisent pas à la disparition du traitement
particulier réservé à l'audiovisuel. Tel est l'enjeu des
négociations actuelles au sein de l'OCDE concernant l'éventuelle
signature d'un Accord Multilatéral sur les Investissements
destiné à libéraliser les régimes encadrant les
investissements étrangers dans chaque pays. Cet accord est d'application
générale et concerne donc, à priori, tous les secteurs, y
compris l'audiovisuel.
·
Le risque de captation des aides nationales
Si un tel accord était conclu, les investissements américains en
Europe seraient considérés comme des investissements
européens et les entreprises américaines auraient accès
aux systèmes d'aide européens et nationaux qui serviraient
à renforcer les capacités de production des majors
américaines et contribueraient à l'enrichissement de leurs
catalogues qui sont déjà les plus importants du monde.
Tant pour le cinéma que pour la production audiovisuelle, il est
évident que les firmes américaines installées en Europe
vont pouvoir prétendre aux aides nationales. En France, le Compte de
soutien pourrait bien venir alimenter la production américaine. Une
réponse serait alors de réduire les montants budgétaires
des systèmes de soutien et de faire davantage jouer le marché,
exactement ce que recherchent à terme les Américains.
·
La multiplication des alliances et le développement des
investissements américains en Europe
Depuis la signature des accords du GATT, l'industrie américaine de la
production et de la diffusion de programmes audiovisuels a subi de profondes
transformations qui ont conduit à la constitution d'entreprises
géantes auprès desquelles les entreprises européennes font
pâle figure. Cette restructuration sur le sol américain s'est
prolongée par un développement massif des investissements
américains en Europe. Achats de studios, intervention dans les
réseaux câblés, construction de multiplex de cinéma
et surtout création et diffusion de chaînes américaines en
Europe.
Il y a quinze ans aucune chaîne de télévision
américaine n'était diffusée en Europe, aujourd'hui on en
compte une cinquantaine (généralistes ou thématiques,
information, cinéma...).
A ce rythme et dans cinq ans, dans chaque pays de l'Europe centrale, la
première chaîne de télévision privée sera
américaine
.
Ces investissements et cette présence massive des États-Unis dans
l'audiovisuel européen est à même de modifier très
sensiblement le rapport des forces et de peser lourdement, dans le
débat, sur l'opportunité de toute politique audiovisuelle
(mesures réglementaires et de soutien) nationale.
Cette évolution annonce une domination écrasante et totale de
l'audiovisuel américain sur l'Europe.
Les Américains réalisent déjà 80 % du chiffre
d'affaires du cinéma en Europe et 60 % de la fiction sur les
chaînes de télévision. Ils possèdent la majeure
partie des réseaux de distribution et des multiplex existant en Europe.
Ils possèdent la majorité des chaînes de
télévision transnationales (information, cinéma...) en
Europe.
L'expansion du marché européen de la télévision est
particulièrement bénéfique pour les compagnies
américaines. En 1995, elles ont augmenté leurs ventes de
programmes de télévision de 22 % en Europe. Le
déficit commercial de l'Europe vis-à-vis des États-Unis
s'est creusé pour atteindre 6,3 milliards de dollars en 1995
(+ 14,5 % par rapport à 1994). Ce déficit
n'était que de 2,1 milliards en 1988.
Le texte se conclut par le jugement suivant : " l'Europe peut
faire
le choix de renoncer à son identité, à sa diversité
culturelle et linguistique. Elle peut faire le choix de laisser à ses
créateurs comme unique solution d'aller présenter leurs projets
à une compagnie d'Hollywood. L'Europe, qui possédait des agences
de presse mondiales, peut faire le choix d'être désormais
informée par les networks américains. L'Europe peut enfin
considérer, que dans cette société de l'information dont
elle célèbre chaque jour les louanges, l'image n'a aucune
importance... Ou bien l'Europe peut manifester son envie d'exister. Mais il
faut alors en tirer les conséquences et mettre en oeuvre une
véritable politique audiovisuelle.
Contrairement aux États-Unis, où l'audiovisuel est
considéré comme une cause nationale mobilisant de façon
coordonnée l'administration fédérale (commerce, industrie,
diplomatie...), l'Europe n'accorde à ces questions qu'une attention
épisodique, souvent sous forme émotionnelle. Aucun dispositif
n'existe qui puisse rivaliser sur le plan politique avec la
détermination américaine. Les résultats sont
là ".
ANNEXES
Annexe 1
Résolution du Parlement européen du 28 octobre 1996 sur le
rôle de la télévision de service public dans une
société plurimédiatique
(extraits)
Le Parlement européen,
(...)
1. considérant qu'il est essentiel que, par leur qualité
inhérente et leur contenu, les programmes populaires des chaînes
de service public, y compris les programmes intéressant plus
spécifiquement des audiences minoritaires, se différencient
clairement, dans l'esprit du public, des programmes des chaînes
commerciales, qui sont contraintes d'accorder la priorité à la
recherche de taux d'audience élevés et à la
rentabilité, du fait de leur responsabilité directe à
l'égard de leurs actionnaires : considérant que,
malgré les chevauchements inévitables en ce qui concerne les
programmes populaires - sport, théâtre, informations et
affaires courantes -, le public doit continuer à avoir conscience
de l'importance que revêt l'indépendance d'esprit et
l'impartialité du commentaire social des chaînes de service public
(...).
(...)
9. invite la Commission à proposer aussi rapidement que possible des
adaptations du traité permettant à l'Union de mener une politique
positive à l'égard des chaînes de service public,
reconnaissant leur importance extrême pour le développement de la
citoyenneté nationale et européenne, plutôt qu'une
politique fondée exclusivement sur des dérogations aux
règles de concurrence et du marché intérieur.
10.
demande à la Commission de continuer à considérer
le financement public comme légitime pour les chaînes
publiques
dans la mesure où elles doivent respecter strictement
leurs obligations de service public, se félicite de ce que la Commission
est actuellement en train d'élaborer des directives relatives aux aides
d'État dans les secteurs de la culture, des arts et de l'audiovisuel,
aux fins de clarifier le régime des aides d'État dans ce
domaine ; estime que
le financement public des chaînes de service
public ne saurait constituer une aide d'État dès lors que le
financement global, y inclus les recettes commerciales procurées par la
publicité et le parrainage, est proportionné aux obligations de
service public du diffuseur
, confirme que
les redevances
acquittées par les usagers aux organismes de radiodiffusion ne
relèvent pas de l'article 92 du traité sur l'Union
européenne
; (...)
13. invite la Commission à renoncer à toute mesure qui serait de
nature à compromettre l'autonomie des États membres quant aux
systèmes de financement de leurs chaînes de service public ;
(...)
39. invite les États membres à garantir aux chaînes de
service public un financement cohérent, stable et réaliste pour
assurer leur viabilité dans un marché concurrentiel sans
être pour cela entièrement dépendantes des recettes
publicitaires et leur permettant de s'acquitter de leurs obligations de service
public ; (...)
47. invite les États membres à disposer que dans le cas où
d'autres manifestations sportives, spectacles ou manifestations scientifiques
d'une valeur et d'un intérêt particuliers ne sont retransmises que
par la télévision payante, leurs moments les plus marquants
doivent pouvoir être diffusés largement par la
télévision non payante ; (...)
C. ANNEXE 2
Communication de la Commission du 11 septembre 1996
Les
services d'intérêt général en Europe
51. Dans la plupart des États membres, la
télévision ou la radio revêtent un caractère
d'intérêt général, quels que soient les changements
structurels ou technologiques qui affectent ces marchés. Les
considérations d'intérêt général en cause
dans ce secteur concernent essentiellement le contenu des programmes
radiodiffusés et sont liées aux valeurs morales et
démocratiques. Il s'agit, par exemple, du pluralisme, de la
déontologie de l'information, de la protection de la personne. Les
moyens mis en oeuvre au service de ces considérations
d'intérêt général varient substantiellement d'un
État membre ou d'une région à l'autre, en particulier le
mode de financement.
52. L'incidence directe de la législation communautaire dans ce secteur
provient essentiellement de la directive " Télévision sans
Frontières " de 1989. Celle-ci prévoit le cadre juridique
pour assurer la libre circulation des émissions de
télévision en coordonnant les règles nationales qui
étaient de nature à créer des obstacles juridiques
à la libre circulation. Les domaines coordonnés sont le droit
applicable, la promotion de la distribution et de la production de programmes
télévisés, la publicité et le parrainage, la
protection des mineurs et le droit de réponse. Les États membres
doivent assurer la liberté de réception et ne doivent pas
entraver la retransmission des émissions en provenance d'autres
États membres pour des raisons relevant des domaines coordonnés.
Ce texte est en cours de révision au Parlement européen et au
Conseil, afin de clarifier et d'ajuster les règles actuelles.
53. De plus, les règles en matière de concurrence permettent
essentiellement de combattre les abus de position dominante, ainsi que, sur la
base du contrôle des concentrations, la création de structures de
marché oligopolistiques ou monopolistiques.
II. L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR
Le dernier Conseil audiovisuel extérieur de la France
du 23 novembre 1995 avait défini trois orientations : rationaliser
le dispositif audiovisuel extérieur en constituant deux pôles
opérationnels, adapter l'offre à la demande internationale et
multiplier l'offre de programmes.
Si une certaine convergence semble se manifester autour de ces objectifs
généraux, il n'en est pas de même des moyens et, en
particulier, du choix des structures opérationnelles. Au moment
où un choix avait été arrêté par le
précédent Gouvernement, M. Lionel Jospin a interrompu le
processus et demandé une expertise de la holding Téléfi
qui devait fédérer les initiatives françaises.
Pour regrettable qu'il soit, ce retard n'empêche pas les
opérateurs publics d'infléchir leur action en fonction des
orientations définies en décembre 1995.
Le plus important est que ces objectifs témoignent, de la prise de
conscience de ce que l'action culturelle ne peut être
considérée indépendamment de l'action économique.
Voilà le point essentiel pour votre rapporteur. S'il convient de veiller
à ce que la promotion de la langue et de la culture française
soit en cohérence avec le développement de nos exportations
audiovisuelles, il faut également et surtout réaliser que c'est
sur le dynamisme de notre industrie de programmes, que repose, en
définitive, la présence culturelle de la France à
l'étranger. Tel est le sens de l'initiative prise
43(
*
)
- début septembre, quelques semaines
avant que le nouveau Gouvernement n'annonce son plan - pour soutenir
l'exportation de programmes français.
A. LA RESTRUCTURATION DE L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE EN SUSPENS
A l'origine de la nouvelle politique, se trouve le rapport
remis fin 1995 par M. Francis Balle sur " L'Action audiovisuelle
extérieure ". Ce rapport, dont a largement rendu compte le rapport
de la Commission des Finances (en décembre 1996), proposait, sur la base
d'une analyse des ambiguïtés et des faiblesses de notre dispositif
dans un monde de plus en plus concurrentiel, de créer une nouvelle
structure
, l'agence audiovisuelle extérieure
. Cet organisme
aurait eu pour objet, en prenant appui sur une charte de l'audiovisuel soumise
au Parlement, de contrôler les holdings opérationnelles.
Bien que ses propositions à caractère institutionnel n'aient pas
été reprises, le rapport paraît avoir inspiré la
nouvelle politique et les premières mesures de rationalisation des
structures administratives.
1. La mise en oeuvre des orientations définies par le Conseil audiovisuel extérieur de la France du 23 novembre 1995
Les pouvoirs publics se sont efforcés de mettre en oeuvre les orientations de ce Conseil. Mais l'un des éléments majeurs du nouveau dispositif, la constitution d'un pôle télévisuel extérieur, n'a pu encore être réalisé par suite des hésitations du précédent Gouvernement et du délai de réflexion souhaité par son successeur.
a) Les premières mesures
Si la forme que prendra la rationalisation de l'Action
audiovisuelle extérieure n'est pas encore arrêtée, le
regroupement des actions radiophoniques extérieures autour de RFI a
été réalisé en 1996 avec le rattachement à
cette société de la SOMERA (RMC Moyen-Orient) et Radio Paris
Lisbonne.
La volonté d'adaptation des programmes à la demande
internationale, - deuxième grande orientation fixée par
le Conseil de l'Action audiovisuelle extérieure - s'est traduite
par une régionalisation accrue des programmes radiophoniques et
télévisuels :
1°/ RFI a mis en place en 1996 trois programmes permettant localement des
reprises à la carte :
- une chaîne d'information continue en français (RFI 1),
dont la thématique évolue dans la journée en fonction des
heures de grande écoute par région ;
- une chaîne en langues étrangères (RFI 2),
découpée en modules d'une demi-heure susceptibles de
s'insérer dans la grille de RFI 1 ;
- une banque de programmes majoritairement musicaux (RFI 3).
2°/ Canal France International, banque de programmes, décline ses
programmes par blocs régionaux en ayant recours autant que possible au
doublage ou sous-titrage en langues étrangères. La banque
d'images a lancé des modules cryptés en Afrique, en Asie et en
Europe, permettant de faire coexister diffusion culturelle et commercialisation
de programmes en concertation avec les professionnels.
3°/ TV5 dispose actuellement d'un signal pour l'Europe, utilisé
également en Afrique et en Asie avec des décrochages
spécifiques, d'un signal pour le Canada et d'un signal pour les
États-Unis (2 heures quotidiennes), ainsi que d'un signal pour
l'Amérique latine.
4°/ MCMI a créé un programme spécifique pour
l'Afrique.
Pour répondre au troisième objectif, l'offre de programmes a
été multipliée avec la constitution de bouquets satellite
dans les principales régions du monde.
En Europe, depuis 1995, outre TV5, Euronews et Radio France,
4 chaînes françaises ont rejoint la position orbitale
13° Est d'Eutelsat : la SEPT-ARTE, La Cinquième, MCMI et
Canal Horizons (cryptée).
En Asie, depuis mai 1996, TV5 et MCMI sont diffusées en numérique
sur Asiasat 2 dans le cadre d'un bouquet européen comportant la
Deutsche Welle, la RAI et la TVE. RFI devrait prochainement les rejoindre. En
outre, CFI a numérisé son signal sur Intelsat 704 afin de
multiplier et spécialiser les programmes offerts dans la zone.
En Afrique, un bouquet numérique a été lancé
à titre expérimental en mai 1997. il comprendra à terme,
outre Canal Horizons, TV5, CFI et MCM Africa déjà
présentes sur le continent africain, La Cinquième, ARTE, Euronews
(versions française et anglaise), AB Cartoon, chaîne pour
enfants, Planète, chaîne documentaire, RFI et Radio Nova.
En Amérique latine, le lancement de plusieurs bouquets satellitaires
numériques régionaux ouvre de nouvelles possibilités aux
programmes français : TV5 a déjà conclu des accords de
diffusion avec un certain ombre de bouquets locaux, et devrait prochainement
étendre sa diffusion à l'ensemble du continent grâce
à un accord général avec le groupe Sky.
2. Les premières hésitations
Pour la télévision, la rationalisation des
structures s'est avérée délicate. La désignation en
décembre 1996, plus d'un an après la fixation de l'objectif, de
M. Jean-Paul Cluzel, président-directeur général de RFI,
comme responsable du pôle télévisuel extérieur,
témoigne des difficultés que le Gouvernement de M. Alain
Juppé a rencontrées pour mettre en oeuvre les orientations du
Conseil de l'audiovisuel extérieur de la France du 23 novembre 1995.
Au-delà d'un évident conflit de personnes, ce retard
révèle d'abord une hésitation quant au choix de
l'organisme leader au sein de la nouvelle structure et, par conséquent,
de la composition du capital : celui-ci sera-t-il détenu
majoritairement par l'État ou par les sociétés publiques
du secteur audiovisuel ?
Mais ce retard est dû aussi au peu d'empressement manifesté par le
ministère de l'Économie et des Finances en raison du coût
de la réforme. On peut rappeler que les Conseils audiovisuels
extérieurs de la France de 1994 avaient prévu une augmentation
importante des crédits publics affectés à l'audiovisuel
extérieur qui devaient passer en cinq ans (entre 1994 et 1999) de moins
de 1 milliard de francs à 1,5 milliard de francs.
En fait, la situation budgétaire a conduit les pouvoirs publics à
mettre entre parenthèses les aspects financiers de la stratégie
du Conseil audiovisuel extérieur de la France. On est loin des objectifs
fixés par le rapport Balle qui proposait que la France consacre autant
de moyens que ne le font l'Allemagne avec Deutsche Welle et l'Angleterre avec
BBC World, qui, chacune, consacre environ 2,5 milliards de francs
à leur audiovisuel extérieur.
Pour sa part, votre rapporteur, estime, que l'effort de l'État est
déjà considérable dans un contexte de ralentissement de la
dépense publique et qu'il conviendrait plutôt d'engager dans
l'ensemble du secteur une vaste entreprise de restructuration. Elle pourrait
utilement commencer par une réduction drastique de multiples et
encombrantes structures. De ce point de vue, les perspectives
financières associées à la constitution de
Téléfi apparaissent plus réalistes.
B. LE PROJET DE HOLDING TÉLÉFI
Désigné par un communiqué gouvernemental du 3 décembre 1996 pour présider le futur pôle télévisuel extérieur de la France, M. Jean-Paul Cluzel, président-directeur général de RFI, a reçu du ministre des Affaires étrangères une lettre de mission, en date du 23 décembre 1996. Il lui était demandé de lui remettre des propositions dans un délai de quatre mois pour constituer une société holding Téléfi. Parallèlement, sans attendre la remise du rapport qui a fait l'objet en mai 1997 d'une présentation au comité stratégique de l'audiovisuel extérieur (structure encore supplémentaire...) présidé par M. Francis Balle, ont été accomplies la plupart des formalités nécessaires à la constitution de la société. Les projets de statuts ont été rédigés et approuvés par tous les actionnaires pressentis, les capitaux déposés à la Caisse des dépôts et consignations et les administrateurs désignés, y compris ceux de l'État (décret du 27 mai 1997)...
1. Le dispositif initialement prévu
Le projet tel qu'il fut élaboré par M. Jean-Paul
Cluzel se présentait sous la forme d'une société anonyme
ayant pour objet de :
1. promouvoir la diffusion par tous moyens techniques, à
l'étranger, des oeuvres et documents audiovisuels français et
francophones, ou d'assurer elle-même leur production ou leur diffusion,
notamment par l'intermédiaire de ses filiales ;
2. prendre et gérer des participations de l'État français
ou de personnes morales publiques françaises dans toutes entreprises
dont l'activité principale est la diffusion d'oeuvres
télévisuelles à l'étranger, dans le respect des
engagements internationaux de la France ;
3. participer à la détermination des choix stratégiques
des opérateurs publics télévisuels français dans le
cadre de leurs activités hors de France, dans le respect des engagements
internationaux de la France ;
4. développer, en tant que de besoin, des actions de coordination de
leurs activités de programmation et de diffusion hors du territoire
français, le cas échéant avec des partenaires
privés ;
5. développer des actions de coopération en matière de
fourniture de programmes avec les télévisions
étrangères notamment dans les pays du champ de la
coopération française.
Dans ce même projet, le capital, d'un montant de
5 300 000 francs divisés en 10 600 actions
nominatives de 500 francs chacune, était réparti de la
façon suivante :
1. Société Nationale de Télévision
France 2 : 18,50 % (980 500 francs),
2. Société Nationale de Télévision
France 3 : 18,50 % (980 500 francs),
3. La SEPT-ARTE : 4 % (212 000 francs),
4. La Cinquième : 4 % (212 000 francs),
5. Radio France Outre-mer : 4 % (212 000 francs),
6. État français : 50,98 %
(2 702 000 francs),
7. France Télévision numérique : 0,01 %
(500 francs),
8. une action détenue par son Président.
La société était administrée par un conseil
d'administration de onze membres, augmenté des représentants du
personnel, composé comme suit :
- six administrateurs nommés par l'assemblée
générale des actionnaires dont trois sur proposition conjointe de
France 2 et France 3, un sur proposition conjointe de La SEPT/ARTE et
de La Cinquième, et un sur proposition de RFO.
- des représentants du personnel de la société élus
conformément aux dispositions de la loi n° 83-675 du
26 juillet 1983 relative à la démocratisation du secteur
public et dont le nombre est fixé par décret en Conseil
d'État.
Le Gouvernement de M. Lionel Jospin a souhaité se donner un délai
de réflexion avant la constitution de Téléfi. Aussi a-t-il
demandé par une lettre de mission en date du 26 juin 1997, à
M. Patrick Imhaus, de faire part le plus rapidement possible de ses
observations sur la faisabilité et les mérites des
différentes options présentées par M. Jean-Paul Cluzel,
ainsi que de ses propres propositions sur les moyens d'affirmer le rôle
de TV5.
Parallèlement, le ministère des Affaires étrangères
a demandé à M. Imhaus, d'étudier les justifications
financières de " l'adossement " à France
Télévision notamment en matière de programmes et
d'informations. Il a été indiqué à votre rapporteur
que les conclusions de M. Imhaus, aussitôt connues, seront
" communiquées au Parlement. En tout état de cause, la
nécessité de rapprocher France Télévision et les
opérateurs de l'Action audiovisuelle extérieure devrait
être prise en compte ".
2. Le débat
Les discussions auxquelles ont donné lieu les projets
de M. Jean-Paul Cluzel ont eu tendance à se focaliser sur un
aspect du rapport qui lui avait été commandé :
" la faisabilité d'une chaîne vitrine de la France ".
Cette question, traitée par M. Michel Meyer, journaliste, a
suscité une controverse qui a occulté le débat de fond :
les rapports de la nouvelle structure avec France Télévision.
Un large accord paraît exister pour faire reposer le nouveau dispositif
sur TV5 - en dépit des handicaps qui résultent de la
présence de partenaires francophones, mais n'est-ce pas la règle
du jeu ? - moyennant un effort d'amélioration des programmes
et de présentation de l'information.
C'est à ces deux niveaux, programmes et information, que se situe le
problème des rapports de Téléfi avec les autres
opérateurs publics.
·
La question de l'information et la faisabilité d'une
" chaîne vitrine de la France "
Au départ, on a pu penser que l'objectif essentiel du Gouvernement de M.
Alain Juppé était la mise en place d'une chaîne
d'information internationale : " Je pense à une BBC World
à la française, pouvait ainsi indiquer le ministre de la Culture
et de la Communication, dans les colonnes du journal Le Monde du
31 octobre 1996, adossée à des services publics,
plutôt qu'à une télévision de type CNN. Il est
important que l'image et la voix de (notre) pays puissent exister
ailleurs ". Dans cette optique, la chaîne aurait
présenté un journal international mais aussi des programmes et
des magazines en provenance des différentes chaînes publiques ou
privées.
Sceptique sur le principe d'une telle chaîne, votre rapporteur
l'était également sur ses modalités, comme il l'a
indiqué dans le rapport de décembre 1996.
Si M. Michel Meyer a bien envisagé, dans le rapport
44(
*
)
qu'il a remis en juillet 1996, de bâtir la
chaîne autour de LCI, " qu'il suffirait
d'internationaliser "
pour qu'elle devienne le " coeur de la future chaîne tout
info ", le texte du rapport de M. Jean-Paul Cluzel, tenant compte des
critiques faites de toutes parts, est beaucoup plus prudent :
" LCI représente un potentiel important pour un renforcement de
la présence audiovisuelle extérieure de la France. Mais, dans
l'esprit du signataire du présent rapport, il s'agirait plutôt
d'assurer la présence de LCI, dans sa version " hexagonale "
actuelle, au sein de l'offre française, partout où la demande
d'une chaîne " tout info " privilégiant
l'actualité de notre pays le justifierait ",
notamment pour
répondre aux attentes des Français qui voyagent à
l'étranger.
En fait, considérant qu'il était difficile de demander à
des rédactions habituées à travailler pour des audiences
nationales, de faire des journaux adaptés à un auditoire
étranger, M. Jean-Paul Cluzel a préconisé la mise en place
d'un dispositif propre à Téléfi, indépendant de
France Télévision, appelé " socle " dans son
rapport. Celui-ci aurait été alimenté par les images de
France Télévision, de l'UER, d'Euronews, ainsi que par celles des
agences spécialisées, tandis que ses services de rédaction
s'appuieraient sur ceux de France Télévision et de RFI.
Cependant, Téléfi aurait privilégié les
réseaux de correspondants de RFI et de l'AFP, nettement plus
étoffés que ceux de France Télévision. Enfin,
Téléfi et France Télévision auraient pu s'associer
pour couvrir avec des images propres certains grands événements
car il est important de ne pas dépendre uniquement de sources
anglo-saxonnes " dans des situations que ces dernières
négligent ou traitent avec un parti pris marqué. Le coût de
ce " socle " serait d'environ 50 millions de francs,
mais en
tenant compte des redéploiements, le solde à financer serait plus
faible, de l'ordre de 10 à 20 millions de francs.
Sans entrer dans le fond du débat, votre rapporteur tient à
souligner l'intérêt qu'il y aurait à développer les
synergies avec l'AFP dont les missions et les moyens doivent, par ailleurs,
être de toute façon redéfinis.
·
L'amélioration des programmes et " l'adossement "
à France Télévision
L'élévation de la qualité des programmes passe par une
augmentation de la part des films et des téléfilms
- programmes de stock - par rapport à celle des jeux et
divertissements - programme de flux - Cette inflexion devrait
être facilitée par la régionalisation des programmes dans
la mesure où les droits par zone de diffusion sont, sans doute, plus
faciles à acquérir.
Bien que " l'adossement " de Téléfi sur France
Télévision aurait, selon votre rapporteur, permis d'insuffler le
vent du large dans des programmes ou des émissions d'information trop
franco-françaises, cette solution ne suffit pas à garantir
l'adaptation à la demande internationale des programmes fournis par
France Télévision.
Celle-ci tend à proposer à TV5 ou à CFI les programmes
pour lesquels elle dispose à moindre coût des droits de diffusion
à l'étranger, c'est-à-dire de programmes de flux. C'est la
raison pour laquelle ce type de programme est
" surreprésenté " dans la programmation internationale
française au détriment des programmes de stock naturellement plus
coûteux.
Il faut admettre que beaucoup de programmes produits par La Cinquième et
la SEPT-ARTE ou par Euronews sont mieux adaptés à des publics
étrangers que ceux de France Télévision plus
franco-français.
Telle est l'argumentation qui a conduit M. Jean-Paul Cluzel à plaider
pour une indépendance de programmation de l'audiovisuel extérieur
par rapport à France Télévision et corrélativement
pour une participation minoritaire de cette dernière au capital de
Téléfi.
Mais, l'indépendance a un coût. Une telle politique supposait que
soient dégagés des moyens financiers tant pour la constitution
d'équipes rédactionnelles spécifiques que pour le paiement
des droits que n'aurait pas manqué d'entraîner la programmation
d'un nombre accru de fictions.
Comme il l'avait indiqué en décembre 1996, votre rapporteur
considère que, compte tenu de la situation de nos finances publiques, ce
coût ne devrait pas être supporté par le budget de
l'État, ni financé par la redevance. Des solutions devraient
pouvoir être trouvées, par exemple, par la technique du
" bartering "
45(
*
)
permettant de
trouver sur le marché le financement de ce surcoût.
·
Susciter une " offre plurielle "
S'il est un point dans le rapport de M. Jean-Paul Cluzel de nature à
susciter un consensus, c'est bien celui de la nécessité d'une
" offre plurielle ".
L'analyse faite dans son rapport des publics de l'Action audiovisuelle
extérieure ne prête guère à contestation :
- les Français qui séjournent à l'étranger pour
leurs affaires et les quelque deux millions d'expatriés sont une cible
prioritaire ;
- les pays francophones constituent un deuxième ensemble qui devrait
bénéficier, dans une perspective volontariste - d'un statut
privilégié ;
- la population des francophiles, enfin, doit bénéficier d'un
traitement adapté considérant leur intérêt pour
notre culture et leur degré très inégal de maîtrise
du français.
A ces différents publics doit correspondre une offre diversifiée,
que la révolution numérique permet de mettre en place. Autour de
TV5, peut aussi être proposée toute une série de
chaînes qui ont une vocation internationale évidente comme La
Cinquième-ARTE, Paris Première, Euronews, LCI, sans oublier
certaines chaînes thématiques.
Le champ est ouvert à l'expression audiovisuelle française et
francophone dans le monde entier ; encore faut-il en avoir conscience ; mais
aussi savoir qu'un pays de 57 millions d'habitants dont les finances publiques
sont dans un état inquiétant a, plus que d'autres plus
peuplés, plus riches et -surtout- mieux gérés, des devoirs
de lucidité dans l'analyse, de sérieux dans les choix et de
persévérance dans l'action.
III. LES MOYENS DE L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
Lors de la discussion de la précédente loi de
finances, votre rapporteur avait fait adopter un amendement destiné
à accroître la lisibilité et la visibilité de
l'action des pouvoirs publics dans ce domaine.
En effet, si l'on dispose d'informations sur la situation des
opérateurs, il était indispensable d'obtenir la
récapitulation de tous les crédits budgétaires qui
concourent à l'action audiovisuelle extérieure.
A. L'EFFORT DE L'ÉTAT EN FAVEUR DE L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR
Le nouvel article 53-1 de la loi du 30 septembre 1986
relative à la liberté de communication est rédigé
de la façon suivante :
" Art. 53-1. - Un document retraçant les crédits, de
toute nature, qui concourent au fonctionnement des opérateurs
intervenant dans le domaine de l'action audiovisuelle extérieure et dont
l'État ou les sociétés nationales de programme
mentionnées à l'article 44 détiennent directement
plus de la moitié du capital, à la clôture du dernier
exercice, est annexé au projet de loi de finances de l'année.
" Il est accompagné des résultats financiers de
l'année précédente, des comptes provisoires de
l'année en cours ainsi que des budgets prévisionnels des
opérateurs mentionnés à l'alinéa
précédent et d'un rapport du Gouvernement sur l'action
audiovisuelle extérieure de la France et sur la situation et la gestion
de ces organismes. "
Évolution, de 1990 à 1997, des dotations
publiques affectées aux principaux opérateurs audiovisuels
extérieurs
(en millions de francs courants après
régulation budgétaire)
|
|
MAE |
SJTI |
Min. Coop. |
Total dotation publique |
Evol. annuelle dotation publique |
budget fonctionn. total |
RFI |
|
|
|
|
|
|
|
|
1990 |
236,5 |
196,4 |
0,0 |
434,9 |
|
439,9 |
|
1991 |
205,0 |
39,4 |
0,0 |
244,4 |
- 43,8 % |
481,0 |
|
1992 |
461,0 |
39,4 |
0,0 |
500,4 |
104,7 % |
505,5 |
|
1993 |
477,3 |
40,8 |
0,0 |
518,1 |
3,5 % |
548,0 |
|
1994 |
450,1 |
134,1 |
0,3 |
584,5 |
12,8 % |
593,1 |
|
1995 |
449,3 |
193,9 |
0,8 |
644,0 |
10,2 % |
651,6 |
|
1996 |
382,8 |
276,8 |
1,3 |
880,9 |
2,6 % |
735,3 |
|
1997 |
428,4 |
283,0 |
4,2 |
715,8 |
8,3 % |
723,4 |
TV5 |
|
|
|
|
|
|
|
|
1990 |
58,5 |
17,0 |
0,0 |
75,5 |
|
106,5 |
|
1991 |
87,5 |
17,0 |
0,0 |
104,5 |
38,4 % |
143,2 |
|
1992 |
118,1 |
18,0 |
0,0 |
136,1 |
30,2 % |
179,7 |
|
1993 |
131,4 |
18,0 |
0,0 |
149,4 |
9,8 % |
200,5 |
|
1994 |
133,0 |
20,0 |
12,0 |
185,0 |
10,4 % |
219,3 |
|
1995 |
158,3 |
21,0 |
12,5 |
191,8 |
16,2 % |
257,1 |
|
1996 |
173,0 |
24,4 |
13,5 |
210,9 |
10,0 % |
277,8 |
|
1997 |
178,0 |
25,9 |
15,5 |
219,4 |
4,0 % |
289,4 |
CFI |
|
|
|
|
|
|
|
|
1990 |
13,7 |
0,0 |
80,0 |
73,7 |
|
74,8 |
|
1991 |
44,0 |
0,0 |
51,3 |
95,3 |
29,3 % |
96,5 |
|
1992 |
74,6 |
0,0 |
48,0 |
122,6 |
28,6 % |
127,7 |
|
1993 |
74,3 |
0,0 |
46,3 |
120,6 |
- 1,6 % |
127,1 |
|
1994 |
85,0 |
0,0 |
50,0 |
135,0 |
11,9 % |
145,3 |
|
1995 |
111,3 |
0,0 |
50,0 |
161,3 |
19,5 % |
173,3 |
|
1996 |
129,9 |
0,0 |
52,4 |
182,3 |
13,0 % |
197,2 |
|
1997 |
121,1 |
0,0 |
52,4 |
173,5 |
- 4,8 % |
187,5 |
|
|
|
|
|
|
|
|
ensemble |
1990 |
308,7 |
215,4 |
60,0 |
584,1 |
|
621,2 |
des trois |
1991 |
336,5 |
56,4 |
51,3 |
444,2 |
- 24,0 % |
720,7 |
opérat. |
1992 |
653,7 |
57,4 |
48,0 |
759,1 |
70,9 % |
812,9 |
ci-dessus |
1993 |
683,0 |
58,8 |
46,3 |
788,1 |
3,8 % |
875,6 |
|
1994 |
668,1 |
154,1 |
62,3 |
884,5 |
12,2 % |
957,7 |
|
1995 |
718,9 |
214,9 |
63,3 |
997,1 |
12,7 % |
1 082,0 |
|
1996 |
685,7 |
301,2 |
67,2 |
1 054,1 |
5,7 % |
1 210,3 |
|
1997 |
727,5 |
308,9 |
72,1 |
1 108,5 |
5,2 % |
1 200,3 |
|
MAE |
SJTI |
Min. Coop. |
Total dotation publique |
Evol. annuelle dotation publique |
budget fonctionn. total |
|
ensemble |
1990 |
75,0 |
17,0 |
0,0 |
92,0 |
|
|
des |
1991 |
75,3 |
18,4 |
0,0 |
93,7 |
1,8 % |
|
autres |
1992 |
67,3 |
21,4 |
0,0 |
88,7 |
- 5,3 % |
|
opérat.* |
1993 |
72,1 |
24,9 |
0,0 |
97,0 |
9,4 % |
|
|
1994 |
65,7 |
31,9 |
0,0 |
97,6 |
0,6 % |
|
|
1995 |
99,4 |
32,0 |
0,0 |
131,4 |
34,6 % |
|
|
1996 |
99,4 |
17,0 |
0,0 |
116,4 |
- 11,4 % |
|
|
1997 |
96,0 |
17,4 |
0,0 |
113,4 |
- 2,6 % |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
total de |
1990 |
383,7 |
232,4 |
60,0 |
876,1 |
|
|
tous les |
1991 |
411,8 |
74,8 |
51,3 |
537,9 |
- 20,4 % |
|
opérat. |
1992 |
721,0 |
78,8 |
48,0 |
847,7 |
57,6 % |
|
|
1993 |
755,1 |
83,7 |
46,3 |
885,1 |
4,4 % |
|
|
1994 |
733,8 |
186,0 |
62,3 |
962,0 |
10,9 % |
|
|
1995 |
818,3 |
246,9 |
63,3 |
1 128,5 |
14,9 % |
|
|
1996 |
785,1 |
318,2 |
87,2 |
1 170,5 |
3,7 % |
|
|
1997 |
823,5 |
326,3 |
72,1 |
1 221,9 |
4,4 % |
|
MAE : ministère des Affaires
étrangères
SJTI : service juridique et technique de l'information
Min. Coop. : ministère de la coopération
autres opérateurs MAE : SOMERA, RMI, France 2, ARTE, RPL, RPO,
Euronews, MCMI.
autres opérateurs SJTI : Euronews France 2, Euronews France 3,
Télécom 2B, France2
La dotation MAE est la dotation régulée (en mai et juillet 1997
pour 1997) et comprend les dotations DAAE et DPIC (DAAE seule pour CFI :
66,9 en 1993 ; 77,2 en 1994 ; 102,3 en 1995 : 123,1 en
1995 : 123,1 en 1996 ; rien de la DPIC en 1997)
Ensemble des autres opérateurs : en 1995, 89,35 en comptant F2
Tunisie diffusion=10,
Les différences que l'on peut remarquer entre les dotations publiques
" opérateurs audiovisuels extérieurs " et le budget de
la Direction de l'action audiovisuelle extérieure témoignent de
l'existence, à côté des grands organismes, d'une action
plus diffuse de soutien et de promotion de l'audiovisuel extérieur.
Aussi, pour 1997, la différence constatée entre
923,3 millions de francs (budget régulé de la Direction de
l'Action audiovisuelle extérieure en 1997) et 823,5 millions de
francs (dotation du ministère des Affaires étrangères aux
opérateurs audiovisuels en 1997) correspond au fait que le budget de la
Direction de l'Action audiovisuelle extérieure comprend d'autres
dépenses que celles liées aux subventions dues aux
opérateurs :
soutien aux exportations : |
1,3 |
audiovisuel éducatif : |
2,7 |
eurêka audiovisuel : |
2,5 |
appui à la chanson française |
0,7 |
journalisme |
1,7 |
documentaire (aide à la production et à la diffusion) |
8,3 |
cinéma (aide à la production et à la diffusion) |
22,7 |
crédits d'action des postes |
50,0 |
amendements parlementaires |
4,6 |
transport (cassettes, matériel) |
6,0 |
en millions de francs |
|
Les dépenses de la Direction de l'Action audiovisuelle
extérieure, inscrites au budget du ministère des Affaires
étrangères, sont réparties sur le chapitre 42-10,
paragraphes 10 à 50. Les paragraphes 10, 20, 30 et 50 accueillent les
crédits alloués aux postes de la façon suivante :
- 10 30 10 : 6 millions de francs (dépenses de personnels
coopérants et d'experts civils) ;
- 10 30 20 : 11 millions de francs (formation de boursiers) ;
- 10 30 30 : 11 millions de francs (missions et invitations
d'experts) ;
- 10 30 50 : 18 millions de francs (appuis logistiques et
matériels pour les services culturels).
Le chapitre 42 10 30 40 recouvre l'ensemble des crédits parisiens, soit
870,2 millions de francs, dont 823,5 millions de francs
destinés aux opérateurs, le solde allant aux dépenses hors
CAEF indiquées précédemment (audiovisuel éducatif,
cinéma, documentaires, etc.) et à des dépenses (de l'ordre
de 5 millions de francs) destinées aux postes mais
gérées par l'administration centrale (documentation, subventions
à certains organismes, etc.).
Lois de finances initiales et régulées
de
la Direction de l'Action Audiovisuelle Extérieure
entre 1991 et
1997
(en millions de francs courants)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Loi de finances initiale |
749,8 |
845,1 |
971,9 |
837,5 |
900,0 |
910,0 |
949,8 |
Après régulation |
513,3 |
817,1 |
862,0 |
825,3 |
884,0 |
899,0 |
923,3 |
Régulée/initiale en % |
68,5 |
96,7 |
88,7 |
98,6 |
98,2 |
98,8 |
97,2 |
Il n'est pas possible de chiffrer avec précision
les
crédits de la Direction de l'Action Audiovisuelle Extérieure pour
1998.
Ce n'est que lorsque l'on connaîtra les choix des postes
diplomatiques pour la répartition de l'enveloppe globale qui leur est
allouée que l'on pourra établir la part de ces crédits
allant à l'Action audiovisuelle qui viendront s'ajouter aux
crédits regroupés sur le chapitre 42 10 30 40.
La dotation de ce chapitre devrait atteindre
898 millions de
francs
, soit 28 millions de plus que la base régulée de
1997 qui correspondait pour l'essentiel aux mesures nouvelles :
· rétablissement la base RFI (régulé en 1997) :
14,4 millions de francs,
· ajustement inéluctable RFI : 5,0 millions de francs,
· mesures nouvelles TV5 : 13,9 millions de francs,
compte tenu de la non reconduction de 4,6 millions de francs de la
réserve parlementaire.
Il faut souligner que
deux opérations importantes ne sont pas
complètement financées :
·
la diffusion de TV5 America,
dont le coût de
12,5 millions de francs n'est pas couvert : il manque encore
2,75 millions de francs, en dépit des redéploiements
opérés ; on note que grâce aux renseignements fournis
par le poste d'attaché audiovisuel de New-York, le contrat a
été passé avec la société Echostar et non
avec Alfastar, qui, depuis, a fait faillite.
· La diffusion de TV5 sur Arabsat
, en remplacement de CFI, à
la suite du regrettable incident évoqué par ailleurs dans ce
rapport. Pour effectuer l'opération, il faut trouver 4 à
5 millions de francs.
Les tableaux récapitulant les évolutions à moyen terme
montrent :
·
En dépit de la croissance des dotations qui sont
passées de 676 millions en 1990 à 1 222 millions
de francs en 1997, pour représenter 10 % des dotations publiques
pour l'audiovisuel, on est loin de la progression souhaitée par le
rapport Balle.
· L'importance des régulations et la relative
instabilité des dotations.
· Parmi les autres opérateurs, il faut mentionner MCMI, la
chaîne musicale internationale. Ce programme bénéficie de
17 millions de subventions pour garantir sa diffusion par satellite. On
note la présence de Radio Paris Oslo, dont on peut se demander pourquoi
cet émetteur n'est pas, comme cela a été le cas de radio
Paris Lisbonne, rattaché à RFI.
Évolutions comparées des dotations publiques
pour l'audiovisuel intérieur et extérieur
Exploitation +
investissement, régulées, de 1990 à 1997
(en
millions de francs courants)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Audiovisuel extérieur |
|
|
|
|
|
|
|
|
RFI |
434,9 |
244,4 |
500,4 |
518,1 |
584,5 |
644,0 |
660,9 |
715,6 |
TV5 |
75,5 |
104,5 |
136,1 |
149,4 |
165,0 |
191,8 |
210,9 |
219,4 |
CFI |
73,7 |
95,3 |
122,6 |
120,6 |
135,0 |
161,3 |
182,3 |
173,5 |
Autres |
92,0 |
93,7 |
88,7 |
97,0 |
97,6 |
131,4 |
116,4 |
113,4 |
Total extérieur |
676,1 |
537,9 |
847,8 |
885,1 |
982,0 |
1 128,5 |
1 170,5 |
1 221,9 |
Extérieur/Total |
7,8 % |
6,3 % |
8,4 % |
8,2 % |
8,7 % |
9,3 % |
9,2 % |
10,0 % |
Audiovisuel intérieur |
|
|
|
|
|
|
|
|
France 2 ** |
1 671,7 |
1 887,6 |
2 399,0 |
2 379,4 |
2 544,4 |
2 602,1 |
2 632,3 |
2 381,5 |
France 3 ** |
2 848,2 |
2 856,6 |
3 354,7 |
3 357,1 |
3 457,6 |
3 404,9 |
3 613,7 |
3 336,8 |
La SEPT/ARTE |
821,7 |
480,5 |
532,7 |
970,0 |
999,3 |
928,9 |
974,0 |
926,1 |
RFO |
774,6 |
792,2 |
855,5 |
922,3 |
966,0 |
1 015,1 |
1 060,8 |
1 126,6 |
Radio France |
1 916,4 |
2 017,5 |
2 099,0 |
2 235,8 |
2 309,3 |
2 385,5 |
2 467,7 |
2 492,6 |
La Cinquième |
|
|
|
|
|
700,0 |
775,7 |
698,0 |
Total intérieur |
8 032,6 |
8 034,4 |
9 240,9 |
9 864,6 |
10 276,6 |
11 036,5 |
11 524,2 |
10 961,6 |
Intérieur/total |
92,2 % |
93,7 % |
91,6 % |
91,8 % |
91,3 % |
90,7 % |
90,8 % |
90,0 % |
Audiovisuel total |
8 708,7 |
8 572,3 |
10 088,7 |
10 749,7 |
11 258,6 |
12 165,0 |
12 694,7 |
12 183,5 |
* Avec les régulations de mai et juillet 1997 |
||||||||
** ces enveloppes sont nettes des crédits versés par le ministère des Affaires étrangères |
Source : ministère des Affaires étrangères, août 1997
B. LES OPÉRATEURS PUBLICS
La volonté de mettre en oeuvre les orientations du Conseil de l'action audiovisuelle extérieure de décembre 1993 comme l'évolution du paysage audiovisuel mondial ont conduit les différents opérateurs publics de l'audiovisuel extérieur à accélérer leur adaptation, sans attendre l'issue du processus de rationalisation des structures, actuellement interrompu par suite du changement de Gouvernement.
1. Radio France Internationale
L'activité de cette société continue de
s'inscrire dans le cadre des orientations définies par le Conseil de
l'audiovisuel extérieur de la France de novembre 1995 ;
poursuite du renforcement des émissions en langues
étrangères, préparation d'une banque de programme musical,
mise en place de nouvelles reprises en MF, développement du
réseau satellitaire, rénovation du parc d'émetteurs ondes
courtes, renforcement des actions de marketing. L'année 1996 a vu la
concrétisation des décisions concernant l'organisation du
pôle radiophonique extérieur de la France autour de RFI, à
travers la filialisation de RPL (Radio Paris Lisbonne) et de la SOMERA (RMC
Moyen-Orient), filiale de la SOFIRAD.
Mais ce souci d'adaptation à son environnement s'est notamment traduit
pour RFI par l'adoption d'un nouveau format de programme, la rénovation
de l'outil informatique rédactionnel, le développement de
services sur Internet, la réservation de canaux satellitaires
numériques, enfin l'abandon du projet de construction d'un centre
émetteur ondes courtes en Thaïlande.
a) Les nouvelles orientations
·
Les programmes
RFI a adopté un nouveau format en septembre 1996 avec trois
chaînes privilégiant les formats courts et modulaires favorisant
l'adaptation aux plages horaires des pays couverts et les reprises en direct.
Une recomposition des grilles a permis de rééquilibrer et de
diversifier l'offre par rapport à l'information dominante jusqu'alors.
RFI1, consacré à l'information, est articulé en modules de
30 minutes, comprenant 20 minutes de magazines, 10 minutes
d'informations sur l'actualité immédiate. Sept décrochages
quotidiens sont réalisés à destination des pays africains.
RFI2 diffuse les programmes en langue étrangère ; une
réforme est en cours visant à proposer également une
alternance de modules, de magazines et d'informations.
RFI3, chaîne musicale alternant fil musical, à dominance de
chansons francophones, et magazines culturels et de variétés. On
note qu'en vue d'une diversification de l'offre de RFI, une première
expérimentation de banque de programme musical, destinée à
la reprise par les radios partenaires, a été mise en oeuvre
à la fin de l'année 1996 - avant le lancement officiel
intervenu à l'occasion du Midem 1997.
·
La diffusion
En ce qui concerne le dispositif de diffusion en ondes courtes, l'année
1996 a vu la mise en service de deux nouveaux émetteurs TDF avec
antennes tournantes ALLISS à Issoudun, qui ont permis notamment une
amélioration de la qualité de la diffusion vers l'Afrique et
l'Asie proche.
Pour ce qui est du développement des reprises du signal RFI, on note en
1996 la mise en place de reprises MF notamment à Philadelphie, Boston,
Chisinau, Ekaterinbourg, Kaolak, Beyrouth, et La Paz, ainsi que la
préparation des installations de relais à Bangui, Kara et
Mahé (Seychelles).
Le réseau satellitaire
46(
*
)
s'est
renforcé avec la location de canaux pour la diffusion du programme
musical en Europe (Eutelsat) et en Amérique du Sud (Panasamsat 3)
ainsi que pour une diffusion numérique du programme en français
et des langues sur l'Europe (Astra, réservation CanalSatellite pour
1997).
Enfin, on note qu'Internet offre une réelle possibilité pour
diffuser RFI, notamment aux États-Unis. Son serveur avec plus de
15 000 connexions par jour est devenu une véritable vitrine
interactive pour RFI dans le monde.
·
La constitution du pôle radiophonique extérieur
Conformément aux orientations arrêtées par le CAEFF, RFI a
repris pour le franc symbolique les participations de la SOFIRAD dans Radio
Paris Lisbonne (en juillet) et la SOMERA (en novembre). RFI dispose ainsi
d'outils complémentaires à son action propre. Elle va s'efforcer
de les restructurer compte tenu de leur situation financière
dégradée. RPL vient utilement compléter le réseau
des reprises MF de RFI en Europe. Et surtout la SOMERA, du fait à
la fois de son programme (RMC Moyen-Orient) et de ses moyens de diffusion
(centre émetteur ondes moyennes de Chypre), constitue un levier d'action
d'une importance considérable dans une zone stratégique où
RFI était insuffisamment présente.
·
Moyens logistiques
RFI continue de se réorganiser et de se moderniser. Une direction des
études a été mise en place pour améliorer la
connaissance de l'auditoire ; le plan de rénovation des structures a
été poursuivi et l'informatisation des postes de travail
accélérée.
b) Budgets 1996 et 1997
·
L'exécution du budget 1996
Pour mener à bien ces développements, la société
disposait en 1996 d'un budget de fonctionnement de 735,3 millions de
francs, en accroissement de 12,4 % par rapport à 1995. Il convient
néanmoins de rappeler que l'essentiel de cet accroissement était
financé par un prélèvement (de 60 millions de francs)
sur le fonds de roulement.
Au cours de l'année 1996, RFI a dû enregistrer - dans le
cadre de la régulation du budget de l'État - des diminutions
de crédits d'un montant total de 3,9 millions de francs. L'abandon
du projet de construction d'un centre émetteur en Thaïlande, qui
supposait le recours à l'emprunt et pour lequel avait été
prévue au budget une provision pour frais financiers, a permis de
compenser ces mesures de régulation budgétaires sans avoir
à réduire les activités. Dans ces conditions,
l'exécution du budget a été équilibrée, et
le résultat comptable, du fait du recours au fonds de roulement pour
financer une partie des activités d'exploitation, est en perte de
53,8 millions de francs.
Les effectifs permanents ont augmenté de 605 à 628 entre le
début et la fin de l'année 1996
. La moitié de cet
accroissement résulte d'intégrations de personnels intermittents.
La progression " nette " correspond notamment à
l'accroissement des effectifs de la section chinoise (heure
supplémentaire) et au renforcement des structures rédactionnelles
lié à la mise en place de la nouvelle grille de programme en
septembre.
·
Le budget 1997
Les conditions de construction du budget 1997 (dont l'enveloppe globale a
progressé de 0,7 % pour atteindre 740,3 millions de francs)
n'ont pas permis la mise en oeuvre de développements autres que ceux qui
étaient déjà définitivement engagés en
1996 :
- fin des mises en service d'émetteurs de type Alliss,
- ouverture d'un bureau de correspondants et la mise en place d'une production
locale réduite à Berlin,
- ouverture de relais millions de francs, pour lesquels les
équipements avaient été achetés en 1996 (Bangui,
Saint-Louis, Kara, et les Seychelles).
Pour 1998, l'augmentation prévue du budget, + 14,1 millions de
francs, est essentiellement consacrée au développement de
l'information et des programmes. RFI estime cependant que sa seule marge de
manoeuvre véritable est une reconversion progressive et partielle de ses
lourdes dépenses de diffusion ondes courtes vers des dépenses
plus adaptées aux nouvelles habitudes d'écoute et à de
nouvelles formes de concurrence internationale. Il existe là, si elle
est suivie d'effet, une évolution conforme à celle
préconisée par votre rapporteur : davantage d'efforts sur
les programmes ; moins de dépenses d'émission en ondes
courtes, mode de diffusion largement dépassé.
2. CFI
a) Le rapprochement avec TV5
·
Les objectifs
Canal France International et TV5 ont entrepris, depuis un an, de se
rapprocher, conformément au souhait des pouvoirs publics, afin de
supprimer les doublons, développer les synergies et surtout aboutir
à une division des tâches claire entre les deux organismes.
Toutefois le processus de rapprochement est pour l'instant suspendu dans
l'attente du rapport demandé par le Gouvernement en juin 1997 à
M. Patrick Imhaus, président de TV5 (cf. supra) sur les
propositions contenues dans le rapport de M. Jean-Paul Cluzel,
président-directeur général de RFI).
Ce rapport préconisait de :
- clarifier une fois pour toutes les rôles respectifs de TV5 et
CFI
: TV5 disposant du meilleur réseau de diffusion et d'une
notoriété constituait le centre du dispositif ; CFI serait,
en conséquence, recentrée sur son activité de banque de
programmes avec, le cas échéant, une exception sur l'Afrique
où CFI pourrait, en raison de son héritage historique, garder une
activité de chaîne de réception directe ;
- mieux utiliser les moyens consacrés aujourd'hui à
l'information
: TV5 et CFI consacrent respectivement 10 et
30 millions de francs à l'information conçue
spécifiquement pour leurs antennes. Le regroupement de ces deux
organismes améliorerait l'efficacité de l'ensemble du dispositif
et constituerait l'amorce de ce " socle " souhaité par M.
Jean-Paul Cluzel.
·
Les modalités
Sur le plan immobilier, les deux sociétés ont choisi ensemble un
lieu d'implantation commun.
Le choix du 19, rue Cognac-Jay a évité un
déménagement coûteux de TV5 et permet d'envisager
ultérieurement la constitution d'un pôle public audiovisuel
à l'intérieur d'un même immeuble ; il prépare
également une véritable collaboration dans l'utilisation des
infrastructures techniques réalisées en partage de coûts,
dans le cadre d'un appel d'offres remporté par TDF.
L'ensemble des modalités de cette opération a été
mené en commun : négociation commune avec TDF des conditions
de location, baux similaires TV5/CFI (la Mondiale/TDF), aménagements
communs (cloisonnement, signalétique,...). L'installation est effective
depuis juillet 1996.
En matière de programmation
, le recentrage de CFI sur son rôle
de banque de programmes
permet d'éviter les doublons ; les deux
Directeurs de la programmation se concertent pour coordonner les grilles. Cette
politique a été facilitée par l'approvisionnement en
programmes de plus en plus différencié (réduction de
moitié de la part de France 2 et France 3 entre 1994 et 1996
pour CFI, ce qui supprime de nombreux doublons avec TV5 qui, pour la partie
française, se fournit pour l'essentiel en programmes de France
Télévision).
CFI et TV5 mettent en commun des programmes spécifiques, magazines
africains et reportages sur certains grands événements.
b) Budgets 1996, 1997 et 1998
·
Exécution 1996
Le budget de 1996 d'un montant de 198 millions de francs a permis à
CFI de poursuivre sa
politique de régionalisation de la
programmation
:
·
en cryptant une partie de sa programmation à
destination de l'Afrique
(mai 1996) au bénéfice de la
quarantaine de télévisions partenaires africaines ; volume
quotidien : 5 heures 30 sur cinq jours (banque de programmes) ;
· le
reste du programme est resté en clair analogique,
pour la réception directe en Afrique
auprès de ses
5,4 millions de téléspectateurs (+ 51 % en un
an) ;
· en dédoublant sa programmation Afrique/Europe Centrale et
Orientale (PECO), avec la montée d'un signal CFI sur le satellite
EUTELSAT HOT BIRD 1 (en simulcast avec MCMI) à compter du mois de
novembre 1996 ;
· en changeant de satellite PALAPA (de 1 à 2CM) qui a permis
à CFI de couvrir, de manière très satisfaisante, deux
nouveaux pays : l'Australie et la Nouvelle Zélande (et le Pacifique
Sud).
Le volume des paiements aux ayants droit est resté sensiblement
identique (+ 6 %) à celui de 1995, malgré la
très forte croissance du volume global. En cours d'année 1996,
CFI a repris la gestion directe de ces paiements et adopté une gestion
rigoureuse de leur calcul.
Globalement, CFI a engagé un processus d'abandon progressif de la
diffusion culturelle, avec paiement des ayants droit, au profit de l'achat
direct auprès des producteurs et autres détenteurs de
droits ; ceci dans un souci d'assainissement des rapports entre ces
derniers et CFI et d'établir des règles saines de gestion.
CFI a également investi
dans le secteur de l'information et des
magazines spécialisés en 1996
, ce qui s'est
caractérisé par :
· le
lancement de l'information en arabe
, dans la diffusion
au Proche et au Moyen-Orient, avec la reprise du signal d'Euronews,
doublé par une équipe spéciale de France 3. Ces journaux
ont rencontré un vif succès expliquant l'augmentation de
l'audience de CFI (+ 34 % en un an) ;
· la
création d'un magazine économique mensuel
(Business Today), bilingue français/anglais, faisant la promotion des
activités industrielles, économiques et boursières
françaises pour l'ensemble du réseau de CFI ;
·
la diffusion de deux nouveaux magazines
liés au
secteur de la santé et d'un magazine sur l'apprentissage de la langue
française.
CFI répond ainsi aux souhaits maintes fois exprimés par votre
rapporteur ; cette société prend désormais la dimension
commerciale de ses activités.
La politique de passage au numérique avec l'utilisation de l'encodage et
du cryptage permet à CFI de distinguer sa fonction de banque de
programmes de celle de fournisseur potentiel d'émissions à des
télévisions solvables.
La société a ainsi remis à plat ses accords avec les pays
d'Europe Centrale et Orientale en distinguant entre partenaires non solvables
bénéficiant d'une distribution culturelle gratuite et ceux qui
relèvent d'une démarche commerciale tenant compte des prix du
marché, en liaison avec les détenteurs de droits.
En outre, la numérisation des principaux satellites utilisés par
CFI permet de dégager des capacités disponibles que la
société commence à proposer à des chaînes ou
à des détenteurs de droits (Eurosports, M6, ICTV,
France 2...) qui souhaitent acheminer ou recevoir des programmes.
CFI a cherché également à développer des ressources
propres :
· D'une part, depuis le début 97, CFI a entrepris des tests de
commercialisation auprès d'annonceurs, sur ses grilles en
réception directe. Des noms prestigieux tels que Dior, Avis, Gold Star
ou Paris Match ont utilisé CFI dans leurs plan-médias.
· D'autre part, CFI a diffusé trois événements
exceptionnells en 1996 en recourant à la " barterisation " :
la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) qui a concerné 35 pays et connu des
scores d'audience importants, l'Euro 96 et les Jeux olympiques d'Atlanta
en collaboration avec la Télévision Sud Africaine (SABC).
Ces opérations ont été fournies aux
télévisions partenaires, dans le cadre d'accords
spécifiques négociés avec le concours d'une régie
extérieure (HMI), et des contacts en direct.
De grands annonceurs ont été présents à
l'antenne : Renault, Peugeot, Colgate, Gillette, Elf, Total, OMS, etc.
Enfin, en Europe centrale et orientale, CFUI a passé plusieurs accords
de partenariat dans le cadre de sa nouvelle formule impliquant la participation
financière de télévisions partenaires.
Au Proche et Moyen-Orient où un regrettable incident de diffusion a
entraîné l'interruption de sa diffusion sur Arabsat en juillet
1997, CFI prépare la mise en place d'un service banque d'images pour les
télévisions de la région à partir du satellite Hot
Bird 3.
3. TV5
En dépit de son succès - elle est
désormais la troisième chaîne satellite en Europe
derrière Eurosport, MTV Europe et devant CNN - on reproche parfois
à TV5 d'être sinon une chaîne au rabais du moins une sorte
" d'Euro pudding " insipide à défaut d'être
indigeste ; ces critiques sont, à l'évidence, malveillantes et
non fondées. De plus, il faut être conscient des avantages
qu'apporte son caractère multinational.
Pour examiner le bilan annuel de TV5, fixer les perspectives, les moyens
nécessaires, et les intérêts de chacun des pays
contributeurs, les ministres responsables des pays bailleurs de fonds se
réunissent lors d'une conférence, annuelle , instituée en
1989 à l'initiative de la France.
La XIe conférence ministérielle de TV5 s'est tenue à
Montebello, au Canada, le 17 octobre 1996.
Les ministres des pays partenaires de la France se sont félicités
de la position qu'occupe désormais TV5 dans le monde et en particulier
en Europe (50 % des foyers raccordés à TV5 à travers
le monde). TV5 est l'une des principales chaînes satellitaires
internationales et l'une de celle dont l'image de marque est la plus connue.
Les scores d'audience de TV5 sont, en Europe, supérieurs à ceux
de BBC World, Deutsche Welle, RAI ou TVE Internationale.
La France dispose ainsi à travers TV5 Europe et ses
déclinaisons locales africaine, asiatique, latino-américaine et
canadienne, pour un coût modique, surtout si on le compare à BBC
World, Deutsche Welle, ou CNN, d'un outil de présence
télévisuelle mondial unique, que ni les opérateurs
privés, ni les autres opérateurs publics français ne
peuvent remplacer.
La remarque vaut pour les autres partenaires francophones de TV5 qui, pris
isolément, ne pourraient disposer chacun d'un tel outil. C'est le
multilatéralisme de TV5 et sa référence francophone qui
permettent souvent à TV5 de prendre place sur des réseaux
câblés saturés et peu disposés à mettre
à disposition d'une chaîne étrangère nationale
généraliste un canal entier.
a) L'activité en 1996
La S.A. Satellimages-TV5 a été dotée
,
en 1996, d'un budget global de 267,75 millions de francs
. Avec ces
moyens, et dans un contexte international de plus en plus concurrentiel, TV5 a
eu pour
objectifs prioritaires
de :
- se maintenir dans les services de base des réseaux
câblés ouest-européens grâce à une politique
de promotion étoffée et au renforcement des études
d'audience ;
- profiter des opportunités ouvertes par le développement
accéléré des réseaux câblés en Europe
de l'Est ;
- assurer sa présence en Asie, grâce au satellite le mieux
adapté à ses besoins de façon à lui permettre
d'être reprise en particulier sur les réseaux câblés
des grandes métropoles, dans le cadre d'un bouquet européen ;
- améliorer les conditions de la diffusion et de la programmation de TV5
Amérique latine en développant le sous-titrage espagnol ;
- poursuivre le décrochage hebdomadaire à destination de
l'Afrique et l'enrichissement des fenêtres africaines dans la
programmation générale de TV5 ;
- améliorer sa programmation, notamment en émission de fiction et
de programmes à destination de la jeunesse ou facilitant l'apprentissage
du français ;
- préparer le lancement de TV5 aux États-Unis et, à titre
de préfiguration, étendre la diffusion sur International Channel
et améliorer la programmation du module proposé, notamment par
l'introduction d'une soirée Cinéma hebdomadaire.
Ces objectifs ont, dans l'ensemble, été atteints, voire
dépassés, bien que les positions de TYV5 sur les
réseaux câblés d'Europe occidentale et d'Europe du Nord
nécessitent une mobilisation permanente et sans cesse accrue.
Toutefois, TV5 peine à trouver des ressources de parrainage.
b) Les perspectives 1997 et 1998
Les développements de TV5 porteront principalement sur
la régionalisation des TV5 grâce à l'enrichissement de la
grille de programmes et la mise en place de décrochages locaux pour
respecter les contraintes culturelles, linguistiques et horaires.
Le lancement de TV5 America fin 1997 et la présence systématique
des TV5 sur les réseaux câblés et sur les bouquets
satellitaires numériques régionaux et locaux seront les
principaux axes de développement des TV5.
En Europe, TV5 s'efforcera de maintenir sa position dans les réseaux
d'Europe de l'Ouest et du Nord, en même temps qu'il renforcera sa
présence en Europe centrale et orientale, et développera son
implantation en Russie et dans les pays de la CEI.
La montée de TV5 Europe sur les bouquets satellitaires de CanalSatellite
en Espagne, de Telepiù en Italie, de CanalSatellite et TPS en France,
d'Astra et de la plate-forme numérique de Leo Kirch, devrait assurer une
bonne présence en Europe dans la réception directe par satellite.
En Asie, TV5, dans l'attente de pouvoir accéder au marché de la
République populaire de Chine, va développer sa présence
récente (fin 1996) dans les réseaux câblés de toute
la zone Asie/Pacifique. Pour ce faire, un bureau permanent a été
ouvert en mars 1997 à Bangkok afin de faciliter la prospection
régionale du Département Asie de TV5.
Parallèlement, et pour mieux répondre aux contraintes horaires
locales, TV5 augmentera son décrochage quotidien, de trois heures
aujourd'hui, à 6 ou 8 heures, voire à terme créera un
programme spécifique Asie.
Enfin, des négociations sont en cours avec les responsables de bouquets
satellitaires locaux qui, sans aucun frais supplémentaires, diffuseront
le signal de TV5. Ce sera le cas pour deux bouquets japonais en 1997 et 1998,
ainsi que pour un bouquet malais, thaï et indonésien. En Inde,
malgré une législation nationale contraignante, l'implantation
sur les réseaux câblés devrait connaître en 1997 et
1998 une forte progression.
Dans tous ces projets de développement, il apparaît toutefois,
qu'outre la spécificité culturelle et horaire du programme que
permet le décrochage local, c'est le sous-titrage d'une
à deux heures quotidiennes de la chaîne qui permettra le
mieux son implantation de façon durable.
En Afrique, 1997 et 1998 devraient voir l'augmentation de la durée du
décrochage actuelle de 2 heures à 3 ou 4 heures.
De plus, TV5 Africa devrait quitter l'actuel satellite Intelsat 707 pour le
satellite 803 plus puissant.
Compte tenu du développement des réseaux MMDS en Afrique, TV5
participera, en tant que chaîne, au lancement et à l'implantation
du bouquet francophone animé par la société
française Portinvest, filiale de la Sofirad.
Enfin, si les moyens financiers le lui permettent, TV5 rapatriera à
Paris la liaison technique montante de son signal TV5 Africa
réalisée jusqu'à ce jour en Angleterre.
Au Moyen-Orient, où selon les pays, la réception de TV5 peut se
faire soit par le satellite Hot Bird 1, soit par Asiasat 2, voire
d'Intelsat 707, TV5 envisage d'être présent sur un ou deux
bouquets satellitaires régionaux plus faciles à capter.
Aux Amériques enfin, le grand axe de développement sera la
création, le lancement et l'implantation de TV5 America aux
États-Unis en RDS. Parallèlement, TV5 America continuera à
assurer la présence en Amérique latine, dans les nouvelles
conditions offertes par le développement du paysage audiovisuel
latino-américain. Le bureau permanent de TV5 ouvert à
Buenos-Aires en mars 1997 facilitera le développement de la
présence de TV5 America.
A cet égard, la réponse fournie par M. Hubert Védrine
à une question posée par M. Xavier de Villepin, Président
de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense,
sur la présence audiovisuelle de la France en Calédonie
mérite d'être citée :
" La présence télévisuelle française aux
États-Unis devrait toutefois connaître prochainement un important
développement grâce au projet de lancement de TV5 America en
novembre 1997. Il s'agit d'un programme nouveau, commun aux deux
Amériques et assorti de sous-titres partiels disponibles en anglais, en
portugais et en espagnol ; il s'adressera aux réseaux
câblés et à la réception directe grâce
à sa montée sur un satellite de diffusion directe ; les
négociations avec Echostar, l'opérateur de
télévision directe par satellite choisi, sont en cours de
finalisation. Cependant, des incertitudes demeurent quant au financement de
cette opération en 1998. En effet, le démarrage n'est possible en
1997 que grâce à l'obtention d'un crédit de
2,4 millions de francs sur la réserve parlementaire, en principe
non renouvelable, et le financement en 1998, demandé au titre des
mesures nouvelles, n'est pas encore assuré. A partir de 1999, le
coût diminuera du fait de la perception d'abonnements ; les
études de faisabilité ont en effet mis en évidence
l'existence d'un marché potentiel de deux millions de foyers
francophones. "
En matière de programmes, outre la régionalisation et
l'introduction d'un minimum de sous-titrages dans les principales langues
régionales, TV5 souhaite renforcer dans sa grille la présence de
la fiction cinématographique et télévisuelle. TV5 ne
prétend pas être une chaîne de cinéma, mais en tant
que généraliste et, compte tenu de la réputation
culturelle du cinéma français, elle se doit d'offrir ses
écrans à ces productions. Le principe en serait d'avoir sur tous
les TV5, une soirée hebdomadaire de cinéma avec un grand film et,
un ou deux plateaux d'accompagnement, voire de documentaires, et une à
deux fictions télévisuelles par semaine.
Certains de ces produits devraient pouvoir être sous-titrés afin
d'en permettre l'accès au public le plus large.
4. Euronews : un avenir encore incertain
Euronews est la première chaîne européenne
d'information qui diffuse en permanence toute l'actualité
événementielle " vue d'Europe " 20 heures par jour
et simultanément en cinq langues : français, anglais,
allemand, italien et espagnol. Une partie importante de ses programmes est
également diffusée en langue arabe.
Euronews est avant tout une chaîne d'information qui privilégie
l'association d'images et de commentaires et s'appuie fortement sur le travail
réalisé en équipe rédactionnelle. Chaque sujet
diffusé à l'antenne correspond systématiquement au travail
de 6 journalistes. Cette organisation apporte la garantie d'une
information objective sans parti pris national, pour l'ensemble des
téléspectateurs de la chaîne.
Euronews diffuse un bulletin d'information chaque demi-heure et deux tranches
tout info entre 6 heures et 9 heures ; 19 heures et 23 heures.
a) Les comptes de l'exercice 1996
En 1996, les charges ont atteint 172,1 millions de
francs
pour des recettes de 128,3 millions de francs.
Le quatrième exercice social de SOCEMIE
47(
*
)
se
traduit par une perte de 38,4 millions de
francs, après amortissements pour 6,3 millions de francs,
provisions pour dépréciations d'actifs de 2,1 millions de
francs et provisions pour risques et charges pour 19,2 millions de francs.
La perte cumulée restant à absorber s'inscrit à
58,7 millions de francs pour la période du 9 juillet 1992 au
31 décembre 1996.
b) L'adaptation de la grille des programmes
Toujours sans en modifier le concept de base, celui d'une
chaîne d'information multilingue à vocation européenne, il
a été décidé, fin 1996, de :
· se présenter davantage comme chaîne de type
" Headling News " dans un souci de complémentarité avec
les chaînes nationales ;
· créer deux tranches quotidiennes " tout info " :
le 6 h-9 h et le 19 h-23 h. Entre 6 heures et 9 heures, les
journaux réactualisés sont diffusés tous les quarts
d'heure, entre 19 heures et 23 heures, les journaux, d'un magazine
" Analysis " consacré à l'actualité politique,
économique ou sociale ;
· organiser les diffusions de magazines à partir d'une grille
structurée et fixée, et limiter les rediffusions sur une
semaine ;
· renouveler complètement l'habillage et le logo de la
chaîne afin de donner une image plus dynamique et plus précise
d'Euronews ;
· réorganiser la rédaction, en affectant les équipes
et en les spécialisant, pour accroître la qualité et la
pertinence des informations.
Ces changements, décidés fin 1996, et traduits dans le budget
pour 1997 approuvé par le Conseil d'administration du 19 décembre
1996, se sont concrétisés par la grille reformatée apparue
sur les écrans le 17 mars 1997.
c) Un début de réorganisation des structures
Après la mise en place d'une Direction Commerciale fin
1995, la création d'un bureau à Paris avec trois personnes a
donné une impulsion concrète à l'activité
commerciale, plus particulièrement à la publicité.
Ce bureau et certaines régies étrangères avec lesquelles
des contrats avaient été signés ont permis de multiplier
par trois le chiffre d'affaires publicité.
Cependant, il est vite apparu que la sous-traitance à une seule
régie, reconnue en tant que telle et travaillant déjà sur
le marché audiovisuel européen, serait la seule façon de
bénéficier d'une connaissance des marchés et des moyens
nécessaires permettant d'atteindre rapidement les objectifs ambitieux
que s'est donnés Euronews en la matière.
Cette idée s'est concrétisée par la signature le 21
février 1997 d'un contrat de régie avec IP Network, qui a repris
les activités et le personnel du bureau parisien et doit reprendre
à terme l'ensemble des activités de commercialisation de l'espace
antenne publicitaire d'Euronews.
Parallèlement et en cohérence avec les projets
développés, une profonde réorganisation
du travail
par réduction et réaménagement du temps de travail a
été élaborée fin 1996 et mise en place le 1er mars
1997.
Grâce à l'accroissement de la productivité qui en est
attendue ainsi que les augmentations d'effectifs que l'application du
dispositif de la loi de Robien a permis, grâce en particulier à
une réduction importante des charges sociales (40 % la première
année), Euronews doit pouvoir faire face sans coûts
supplémentaires aux exigences du nouveau programme.
Au cours de l'exercice 1996, 1'effectif moyen est passé à
227 emplois dont 204 affectés à l'activité
courante (184 en 1995) et 23 renforts divers, pour opérations
exceptionnelles ou commerciales (15 en 1995).
d) Perspectives 1997
1997 devrait être une année de changement en ce
qui concerne l'actionnariat. La Générale Occidentale a
souhaité se retirer. Les pouvoirs publics n'ont pas pu trouver pour lui
succéder. Des négociations sont très avancées avec
une filiale de Reuter, ITN (International Television News).
De plus, dans un contexte évolutif, devront être abordés la
préparation d'une augmentation de capital pour le premier semestre 1998,
et le renouvellement des contrats de développement avec les principaux
actionnaires publics. Ces nouveaux contrats devront comporter une part
" subvention " et une part " prestation de
services "
correspondant à des utilisations effectives du programme Euronews par
les partenaires.
L'atteinte de l'équilibre d'exploitation reste, dans les circonstances
actuelles, toujours prévue pour l'an 2002, l'estimation du
déficit 1997 étant de 36 millions de francs.
IV. LES INDUSTRIES DE PROGRAMME FACE AU NOUVEAU DÉFI AMÉRICAIN
L'arrivée des technologies numériques va donner
- paradoxalement - plus d'importance au
contenu
qu'au
contenan
t. Elle impose, dès aujourd'hui, une révision des
procédures de soutien à la production audiovisuelle et de leur
mode de financement.
Le système du COSIP, combiné aux quotas de production, a certes
favorisé l'apparition d'une industrie française des programmes.
Mais ce succès non négligeable pourrait n'être que de
courte durée. La diffusion par satellite change les règles du
jeu. Les quotas, certes indispensables, ont permis de protéger la
production française sur son marché domestique, mais non
d'affronter dans les meilleures conditions la concurrence internationale sur
les marchés extérieurs. Marginalisée sur ces
marchés, la production nationale finira par l'être en France
même.
La situation est d'autant plus préoccupante que, telle la
ligne Maginot, les quotas suscitent un sentiment de fausse
sécurité.
Ce type de protection a vocation à
être contourné, si l'on se contente d'une politique
essentiellement défensive, aboutissant à entretenir l'illusion
sur l'importance de l'industrie française de programmes.
Il faut, comme y sont parvenus les Canadiens, donner à notre
politique un caractère offensif. Exporter ou dépérir, tel
est le dilemme. L'objectif est alors d'inciter producteurs et diffuseurs
à ne pas se contenter de produits hexagonaux et à concevoir des
produits exportables. Symétriquement, il convient de se donner les
moyens financiers de cette politique dans un contexte commercial
particulièrement agressif.
A. LES INSUFFISANCES DU SOUTIEN AUX INDUSTRIES DE PROGRAMME
Le Canada nous a montré la voie. En une quinzaine d'années, ce pays est parvenu à se constituer à l'ombre de son puissant voisin une industrie audiovisuelle parmi les plus importantes du monde. Il n'y a pas de raison que la France n'y parvienne pas également. Encore faut-il que nos procédures de soutien prennent en compte cet impératif extérieur. De ce point de vue, le système français est largement insuffisant.
1. Le COSIP
Les deux principales aides accordées au titre du Compte
de soutien à l'Industrie des Programmes sont les subventions dites de
réinvestissement" (ou
"aides automatiques"
) et les
subventions
dites "d'investissement" (ou
"aides sélectives"
).
Les subventions de réinvestissement concernent les producteurs ayant
déjà produit et diffusé des oeuvres audiovisuelles sur les
réseaux français de télévision. La diffusion
télévisuelle d'oeuvres audiovisuelles leur permet en effet
d'obtenir, sous certaines conditions, l'ouverture d'un "compte
automatique"
mobilisable sous forme de "subventions de réinvestissement", afin de
financer la préparation ou la production de nouvelles oeuvres
audiovisuelles.
Les subventions d'investissement attribuées de façon
sélective par une commission, concernent les sociétés de
production n'ayant pas de compte automatique, soit parce qu'elles sont encore
jeunes, soit parce que leur volume d'activité de production
audiovisuelle est trop faible pour générer un compte automatique
au COSIP.
On peut rappeler que les sommes attribuées à la section
audiovisuelle
48(
*
)
(62% du produit total, avec
divers reports), se sont montées en 1995 à 948,85 millions
de francs, répartis en 134 millions de francs au titre du soutien
sélectif, 670,85 millions de francs au titre du soutien
automatique, 140 millions de francs au titre des avances sur droits et
4 millions de francs pour le fonds de garantie du pool bancaire
géré par l'IFCIC.
Il faut rappeler ici que pour presque 90 % de son montant, le Compte de
soutien est réinvesti automatiquement à l'initiative des
producteurs, ce qui signifie que les investissements ne sont nullement le
reflet d'une politique volontariste.
a) Le financement de l'audiovisuel en 1996
En 1996, les oeuvres aidées par le Compte de soutien
à l'industrie des programmes audiovisuels (COSIP) ont
représenté 1 604 heures de programmes. Il a accordé
856 millions de francs d'aides pour des devis d'un montant total de
5,7 milliards de francs.
Les diffuseurs ont apporté 2,8 milliards de francs ; ils financent
davantage les oeuvres de fiction et les documentaires. Les apports de
l'étranger sont de 812 millions de francs, qu'il s'agisse de
coproductions ou de préventes.
La production annuelle par genre de progrès se présente comme
suit :
·
La production de fiction en hausse
Le volume horaire de fiction progresse de 14 %. Ces oeuvres restent le
genre prédominant dans les commandes des chaînes : elles
représentent près de 40 % en durée et 56 % en
devis (présentés au COSIP).
69 % des apports des diffuseurs et 57 % des subventions du COSIP
s'orientent vers les oeuvres de fiction.
Depuis le début des
années quatre-vingt-dix, la fiction télévisée
française connaît un succès croissant en terme d'audience.
Depuis trois ans, les fictions devancent les longs métrages en terme
d'audience : en 1996, séries et feuilletons occupent 23 des 50
premières places.
Développement des séries légères
Les séries légères se développent fortement. De ce
fait, le coût horaire moyen des oeuvres de fiction diminue de 20 %
passant de 4 millions à 3,2 millions de l'heure. Le montant total des
devis baisse également, mais dans des proportions moindres
(- 9 %).
Comme en 1995, les épisodes de séries, ou feuilletons se
développent davantage que les téléfilms unitaires. Les
héros récurrents sont toujours à l'honneur ("Julie
Lescaut", "L'instit", "Da Costa",...). D'autres voient
le jour :
"Commandant Nerval", "Une femme d'honneur",...
Les oeuvres coûteuses ne constituent plus l'essentiel de la production.
Près de la moitié des heures produites ont désormais un
coût compris entre 1,2 million et deux millions.
Des oeuvres bien financées par les diffuseurs
Les diffuseurs apportent 60 % du montant total des devis. La part des apports
producteurs dans les devis continue de baisser : 15 % contre
19 % en 1995. C'est une conséquence directe de la réforme du
COSIP, puisque l'apport minimal du producteur imposé par la
réglementation n'est plus fixé à 15 % mais à
5 % du montant du devis.
Les apports étrangers en coproductions ou pré-achats restent
faibles avec 9 % du montant des devis. On note que les oeuvres
commandées par M6 et Canal + ont un niveau de financement
étranger plus important que la moyenne.
Le COSIP intervient pour environ 15 % dans le financement des devis.
·
Le documentaire : premier genre en volume de
production
1 195 heures de documentaires ont été aidées en 1996,
pour des devis d'un montant total de 1 258 millions de francs. Les
commandes progressent fortement : + 27 % en volume horaire,
+ 15 % en volume horaire. Cette croissance est toutefois plus faible
qu'en 1995, alors que la création de la Cinquième avait fortement
stimulé les commandes de documentaires.
Les diffuseurs participent à la production de documentaires, en
apportant 43 % des financements. Cette proportion est comparable à
celle de l'an dernier.
L'État (y compris le COSIP), ainsi que les collectivités locales,
participent largement au financement des documentaires. Ils apportent 27 %
du montant des devis. Le financement du COSIP est en hausse. Il
représente 17 % du total des devis, contre 15,6 % en 1995.
France 3, La Cinquième et ARTE sont les trois principaux investisseurs
dans le secteur du documentaire.
France 3 reste l'investisseur le plus important, mais son poids est en baisse
par rapport à 1995. Cette chaîne réalise en effet 22 %
des apports des diffuseurs dans le documentaire, contre un tiers l'année
précédente. France 3 a investi 117 millions pour 189 heures
commandées. Si l'on ajoute les apports des stations régionales,
l'investissement de France 3 représente 141 millions de francs, soit
26 % du total des apports diffuseurs.
La Cinquième a multiplié par 2,5 ses commandes qui
représentent 333 heures de programmes pour un investissement de 115
millions de francs.
Avec 106 millions d'investissements, ARTE représente le cinquième
des apports des diffuseurs et 14% des commandes.
Canal + augmente légèrement ses apports dans la production
de documentaires : les investissements atteignent 56 millions, soit
11 % des apports des diffuseurs. Les investissements de TF1 et France 2
sont faibles : TF1 a investi 17,8 millions de francs pour 40 heures de
programmes, et France 2, 41 millions pour 77 heures.
·
L'animation : un secteur en pleine expansion
295 heures d'animation ont été produites en 1996, pour le devis
d'un montant total de 1,1 milliard de francs, soit 2,5 fois qu'en 1995.
L'animation représente un peu plus du dixième de la production
aidée.
Cette forte progression s'explique par l'augmentation des commandes des
chaînes, par l'arrivée dans le secteur de nouveaux groupes
(Carrère Films, Marathon productions...), et par une tendance à
l'accroissement de la durée des séries en 1996.
L'animation est le genre qui attire le plus les SOFICA, avec un apport de
19,4 millions de francs qui représente 70 % des montants investis
dans l'audiovisuel.
La production d'animation est également le genre le plus tourné
vers l'international. Les apports étrangers en coproduction et
préventes représentent 40 % des devis, alors qu'ils sont de
9 % pour la fiction, et 6 % pour le documentaire.
France 3 est le principal soutien de la production d'animation
. Cette
chaîne réalise plus du tiers des investissements des diffuseurs
dans ce secteur. En deuxième position, TF1 avec 20 % des apports
des diffuseurs. Canal + est le premier diffuseur en termes de volume
commandé, avec 87 heures, associé à d'autres
diffuseurs, pour un investissement de 30 millions.
Canal J est la seule chaîne thématique commandant des oeuvres
d'animation. Elle maintient sa position avec un peu plus de 3 % des
apports des diffuseurs pour 31 heures de programmes, soit 10,5 % des
heures commandées.
b) Les prévisions d'exécution en 1997
Ce budget, tel qu'il résulte de la Loi de Finances pour
1997, est retracé dans le tableau ci-dessous en recettes et
dépenses pour ce qui est des prévisions initiales et en
réalisation de recettes arrêtées à la date du
30 juin.
·
Les recettes
Cinéma
1/ Le rendement de la taxe spéciale sur le prix des billets, soit
502 millions de francs, a été estimé sur la base
d'une fréquentation espérée de 132 millions de spectateurs.
La réalisation des recettes au 30 juin 1997, 269,504 millions
de francs, est supérieure de 8,35 % aux recettes enregistrées le
30 juin 1996 : 248,726 millions de francs. Si la tendance
se confirme, le nombre de spectateurs pourrait atteindre 140 millions
d'ici la fin de l'année, soit 10 millions de plus que prévu,
ce qui devrait avoir pour conséquence une plus-value de recettes.
2/ La clef de répartition de la taxe et du prélèvement
entre les deux sections cinéma et audiovisuel est identique à
celle de l'année précédente (38 % pour le
cinéma, 62 % pour l'audiovisuel).
Au 30 juin 1997, les recettes correspondant à la taxe et au
prélèvement s'élèvent à
306,983 millions de francs. L'objectif de 644,100 millions de francs
fixé par la loi de finances initiale pour 1997 ne sera probablement pas
atteint et l'on devrait constater sur cette ligne une moins-value de recettes.
3/ L'assujettissement de la vidéo au compte de soutien.
Le calcul a été fait sur la base des prévisions 1996
majorées de 12,5 %. La recette espérée est de
90 millions de francs. Cette recette est affectée pour 85 % au
cinéma et 15 % à l'audiovisuel.
4/ Le remboursement d'avances sur recettes.
Un nouveau mécanisme, prévoyant la réaffectation des
recettes réellement constatées à la ligne lors de
l'arrêté de report de fin d'exercice, sera mis en oeuvre à
partir de la gestion 1996. Seuls sont constatés sur cette ligne les
remboursements d'avances sur recettes antérieurs à 1996. A partir
du ler janvier 1996, les remboursements d'avances sont directement
réaffectés sur la ligne avances sur recettes et viennent en
complément de la dotation.
Audiovisuel
Pour la deuxième section, au 30 juin 1997, la remontée de
recettes s'élève à 500,866 millions de francs contre
505,419 millions de francs en 1996 à la même date. L'objectif
visé en loi de finances initiale, soit 1 050,900 millions de
francs, ne sera probablement pas atteint et l'on devrait constater sur cette
ligne une moins-value de recettes.
·
Les dépenses
S'agissant des dépenses, outre la reprise des éléments
retracés dans l'arrêté de report de 1996, les
crédits inscrits dans la colonne " crédits engagés et
ordonnancés " retracent le montant cumulé, par chapitre, des
tirages exercés sur le compte de soutien par le CNC pour la couverture
financière des différents mécanismes que gère
l'établissement dans les domaines cinématographique et
audiovisuel. A la date du 30 juin 1997, deux tirages ont été
exercés et trois autres sont prévus d'ici à la
clôture de l'exercice. Le montant de chaque tirage dépend d'une
part des besoins de l'établissement pour couvrir les engagements de
dépenses sur les différents chapitres, et d'autre part du niveau
de la trésorerie du compte de soutien (crédits non
mobilisés l'année précédente de l'année en
cours), les versements ne pouvant en aucun cas l'excéder.
COSIP : recettes 1996 et prévisions 1997
|
Prévision initiale |
Réalisation |
Loi de Finances 1997 |
Réalisation au 30/6/1997 |
A - Soutien de l'industrie cinématographique |
|
|
|
|
1- taxe spéciale cinéma |
502 000 000 |
504 283 155 |
502 000 000 |
269 503 957 |
2- remboursement des prêts |
- |
- |
- |
- |
3- remboursement des avances sur recettes |
|
|
|
|
4- prélèvement spécial sur les bénéfices des films pornographiques |
200 000 |
481 712 |
200 000 |
144 072 |
5- taxe spéciale sur les films pornographiques produits hors de France |
|
|
|
- |
6- contribution des sociétés de programmes |
|
|
|
|
7- taxe et prélèvement sur les recettes des sociétés de télévision |
586 800 000 |
586 844 320 |
644 100 000 |
306 982 810 |
8- taxe sur les vidéogrammes |
68 000 000 |
67 670 603 |
76 500 000 |
40 444 354 |
9- recettes diverses ou accidentelles |
1 500 000 |
15 310 867 |
5 000 000 |
5 038 817 |
99- contribution au budget général |
9 880 000 |
9 880 000 |
0 |
0 |
Total |
1 168 380 00 |
1 184 470 657 |
|
|
B- soutien de l'industrie de programmes audiovisuels |
|
|
|
|
10- contribution du budget général |
16 120 000 |
16 120 000 |
0 |
0 |
11- taxe et prélèvement sur les recettes des sociétés de télévision |
958 730 000 |
957 319 680 |
1 050 900 000 |
500 866 690 |
12- taxe sur les vidéogrammes |
12 000 000 |
11 941 871 |
13 500 000 |
7 137 239 |
13- remboursement des avances |
0 |
0 |
- |
- |
14- recettes diverses ou accidentelles |
- |
- |
0 |
0 |
Total |
986 850 000 |
985 381 551 |
|
|
TOTAL |
2 155 230 000 |
2 169 852 208 |
2 292 200 000 |
1 134 456 118 |
Dépenses 1996 et exécution 1997
|
LFI 1996 |
Reports 1995 sur 1996 |
Total des crédits dispon. |
Dépens. 1996 engagées et ordonnancées |
crédits non utilisées |
Loi de finances 1997 |
reports 1996 sur 1997 (J.O. du 12/7/1997) |
Total crédits engagés au 30/6/1997 |
A- Soutien financier de l'industrie cinématographique |
|
|
|
|
|
|
|
|
Art.10- subventions et garanties de recettes |
243 180 00 |
0 |
243 180 00 |
243 180 000 |
0 |
246 020 00 |
- |
100 000 000 |
art. 20 - soutien sélectif à la production : avances sur recettes |
124 000 000 |
0 |
124 000 000 |
124 000 000 |
124 000 000 |
- 145 000 000 |
- |
50 000 000 |
Art. 30 - subventions et garanties de prêts à la production de films de long métrage |
452 700 000 |
172 347 267 |
625 047 267 |
298 370 000 |
326 677 267 |
165 220 000 |
510 767 924 |
80 000 000 |
Art. 40 - subventions et garanties de prêts à l'exploitation cinématographique |
303 000 000 |
205 950 000 |
508 950 000 |
188 950 000 |
320 000 000 |
315 060 000 |
150 000 000 |
140 000 000 |
Art. 50 - frais de gestion |
45 500 000 |
0 |
45 500 000 |
45 500 000 |
0 |
56 500 000 |
2 000 000 |
0 |
Art. 60 restitutions de sommes indûment perçues |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
- |
- |
- |
Total chapitre 10 - section cinéma |
1 168 380 000 |
378 297 267 |
1 546 677 267 |
90 000 000 |
646 677 267 |
1 227 800 000 |
662 767 324 |
370 000 000 |
B - Soutien financier de l'industrie des programmes audiovisuels |
|
|
|
|
|
|
|
|
Art. 70- soutien à la production des programmes audiovisuels |
948 850 000 |
70 453 637 |
1 019 303 637 |
730 000 000 |
299 303 637 |
1 015 400 000 |
287 835 188 |
330 000 000 |
Art. 80 - frais de gestion |
38 000 000 |
2 000 000 |
40 000 000 |
40 000 000 |
0 |
49 000 000 |
0 |
0 |
Art. 90 - restitutions de sommes indûment perçues |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
- |
- |
- |
Total chapitre 11 - section audiovisuel |
986 850 000 |
72 453 637 |
1 059 303 637 |
770 000 000 |
289 303 637 |
1 064 400 000 |
287 835 188 |
330 000 000 |
Totaux |
2 155 230 000 |
450 750 904 |
2 605 980 904 |
1 670 000 000 |
935 980 904 |
2 292 200 000 |
950 603 112 |
700 000 000 |
2. Les efforts de promotion commerciale
Tout récemment les administrations intéressées, le Ministère des Affaires Etrangères, le CNC, le CFCE et les PEE à l'étranger, d'une part, les professionnels, d'autre part, se sont mobilisés pour mettre en place des structures et des actions appropriées.
a) La mobilisation du réseau des attachés audiovisuels
Les quarante attachés audiovisuels ou faisant office
d'attachés audiovisuels, répartis dans les principaux pays,
parfois avec une compétence régionale (Rio, Hong Kong, Amman)
sont un
relais essentiel pour les opérateurs privés (radios,
télévisions, exportateurs de programmes, distributeurs de films,
...) qui n'auraient pas les moyens de financer ainsi un réseau permanent
de correspondants à l'étranger
.
Le recueil systématique des informations susceptibles de les
intéresser, l'identification des partenaires étrangers les plus
adaptés à leurs besoins, le soutien et la mobilisation des
ambassadeurs à leur profit sont autant d'atouts pour nos partenaires
privés, malheureusement souvent encore trop peu nombreux à
s'intéresser à l'international.
b) Le soutien à des organismes professionnels relais des opérateurs privés
Le Ministère des Affaires étrangères
travaille en étroite liaison avec Unifrance Film et TVFI.
Il apporte son soutien à Unifrance Film International dans les pays qui
représentent ou pourraient représenter un marché
commercial pour le cinéma français.
Dans tous les pays où le marché est peu ou pas
développé, dès lors qu'Unifrance Film n'intervient pas, le
Ministère des Affaires étrangères peut mettre en oeuvre
une politique en faveur de l'exportation.
En 1994, la création de
TV France International
, association
regroupant la quasi-totalité des producteurs et distributeurs
français disposant d'un potentiel de ventes à l'étranger,
ainsi que les diffuseurs publics et privés, a constitué un
progrès déterminant.
C'est en étroite liaison avec le réseau des attachés
audiovisuels que TVFI mène une politique active de présence sur
les principaux marchés internationaux, en fédérant ou en
facilitant la représentation des professionnels français :
MIP Asie à Hongkong, NATPE à la Nouvelle Orléans, Discop
East à Budapest, CAPER à Buenos Aires, et après avoir
réalisé avec succès en 1996 un premier voyage
d'entreprises en Asie permettant à une quinzaine de ses membres de
prendre contact directement avec des acheteurs, dans trois pays de la
région, renouvelle l'expérience en 1997 en Amérique Latine
et la poursuit en Asie.
TVFI a mis en place une banque de données sur la production
française disponible sur Internet et sur CD-ROM qui permet de mieux
faire connaître les oeuvres proposées à la vente.
TVFI a, suivant en cela les recommandations du CAEF, cherché à
établir avec CFI une collaboration en matière de
commercialisation de programmes.
Le développement des exportations de programmes audiovisuels et leur
importance économique croissante a mis en évidence
la
nécessité de revoir la politique de diffusion culturelle
gratuite.
Une réflexion, menée conjointement avec l'ensemble des
professionnels, a abouti à la définition de règles
répartissant les tâches de manière à favoriser
l'ouverture de marchés tout en maintenant et poursuivant la
présence de nos programmes là où le contexte ne permet pas
encore d'envisager leur commercialisation.
B. LE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS AUDIOVISUELLES, UNE CHANCE POUR NOTRE ÉCONOMIE ET UNE QUESTION DE SURVIE CULTURELLE
La
mondialisation économique
en cours est
également une
américanisation culturelle.
Le
phénomène ne date pas d'aujourd'hui. Il y a presque 20 ans
(c'était dans le rapport d'une Commission d'enquête), le
Sénat soulignait que les séries américaines
représentaient la moitié des émissions de fiction des
chaînes françaises. Avec l'avènement de la technologie
numérique, le flot va prendre une nouvelle ampleur : les vagues
d'images et de sons, que les satellites commencent à déverser,
vont mettre à l'heure américaine nos modes de consommation et,
bientôt, nos modes d'expression.
Sans verser dans un anti-américanisme de mauvais aloi, il existe
là un risque mortel pour notre pays, car,
si on se relève
d'une défaite diplomatique ou militaire, on ne se relève jamais
d'une défaite culturelle.
L'histoire des civilisations est là
pour nous le rappeler.
Si on laissait faire, la langue française pourrait bien devenir,
à l'échelle du globe, non cette grande langue régionale
qu'appelle de ses voeux B. Boutros-Ghali, mais une langue quasi morte, tandis
que nos valeurs humanistes se dilueraient dans une civilisation de "
l'entertainment ".
Bref, ce pourrait bien être
la fin de notre civilisation universelle
qui porte la marque de la France.
Elle laisserait alors la place à
cette
monoculture
teintée d'hédonisme, qui
prédomine de l'autre côté de l'Atlantique.
Mais l'enjeu n'est pas seulement culturel, il est également
économique.
1. Le constat : l'hégémonie américaine
Dans le secteur de la communication, la suprématie
américaine se transforme sous nos yeux en hégémonie.
Le marché mondial est dominé par des grands groupes, dont se
dégagent MM. Gates, Turner et Murdoch, certes concurrents, mais qui,
s'avançant masqués derrière les idées de
liberté et d'innovation, sont solidaires, dès qu'il s'agit
d'étendre l'emprise du complexe médiatico-financier sur le monde,
désormais intégré, de la communication.
Car, ce qui compte aujourd'hui, c'est la maîtrise des contenus, pour
lesquels les différents opérateurs se livrent une concurrence
acharnée.
Derrière les écrans, il y a flux financiers et, en
définitive, des emplois : le secteur de l'audiovisuel
(cinéma et télévision) représente, en France, plus
de 70 000 personnes travaillant dans 6 000 entreprises, et plus de
80 milliards de francs de chiffre d'affaires.
En France, les produits américains continuent de dominer les
marchés des produits audiovisuels.
La France, si l'on compare sa situation à celle des autres pays
européens, ferait plutôt de la résistance et certaines
données sont souvent interprétées de façon
favorable. Pour le cinéma, la part de marché - en termes de
nombres d'entrées - des films américains est passée, en
quinze ans, de 31 à 54 %, tandis que celle des films
français baissait de 50 à 37,5 %.
La domination américaine est également très nette
sur le petit écran, même si la tendance semble à
l'amélioration. En 1992, plus de 55 % des oeuvres de fiction
télévisuelles diffusées sur les chaînes nationales
étaient d'origine américaine. Toutefois, en 1996, cette
proportion a baissé pour atteindre néanmoins 46,5 %.
Mais, pour votre rapporteur, cette présentation n'est pas
convaincante. C'est faire preuve d'un esprit de résignation
inquiétant si l'on considère que notre pays se défend bien
quand plus de la moitié des images qu'il consomme provient
d'outre-Atlantique.
Les statistiques - même insuffisamment précises en ce qui concerne
les importations - sont là pour nous rappeler à la
réalité.
D'une part, les résultats de notre commerce extérieur sont
toujours aussi médiocres, malgré de premiers efforts en direction
des marchés étrangers. Il suffit de remarquer que les quelque 490
millions de francs de programmes que nous avons réussi à exporter
en 1996 dans le monde entier, ne représentent que la centième
partie de ce que les Américains ont vendu, la même année,
à la seule Europe comme produits audiovisuels.
2. Pour un fonds de soutien aux exportations audiovisuelles
L'amélioration des
performances accomplies par
les productions françaises sur le marché national et même
l'amorce d'une certaine reconquête du marché intérieur,
tiennent pour une très large part aux régimes des quotas
d'oeuvres nationales et européennes, que l'on a pu imposer au nom d'une
" exception culturelle ",
qui
ne sera pas
forcément
durable.
De plus, dans un espace vraiment sans frontières, on a tout lieu de
craindre que
les contraintes qui pèsent sur nos diffuseurs nationaux,
ne les handicapent dans la compétition internationale
, tandis que la
fragile sécurité résultant des quotas conduit à
perpétuer une production franco-française difficilement
exportable.
La seule solution durable consisterait à favoriser le
développement d'une industrie française de programmes
audiovisuels exportables
.
La France peut y parvenir, si elle en a la volonté et si elle s'en donne
les moyens opérationnels et financiers.
Tel est l'objet de la série d'amendements que votre rapporteur a
déposés
.
a) Une démarche volontariste orientée vers le marché mondial
Du constat initial, découlent
deux
objectifs
:
·
Réduire notre dépendance dans les domaines de
l'animation, des documentaires et de la fiction ;
· Produire des émissions exportables, c'est-à-dire
conçues, dès l'origine, pour répondre à la demande
étrangère.
Mais la compétitivité ne se décrète pas. Le
rôle de l'État, c'est de préparer, d'organiser l'adaptation
au marché. Et c'est bien la leçon que l'on peut tirer des
expériences réussies, qui peuvent servir de
référence.
L'exemple canadien
est là pour montrer qu'il est possible non
seulement de reconquérir son marché intérieur, mais de
partir à la conquête des marchés extérieurs. En
moins de quinze ans, le Canada est devenu le deuxième exportateur de
programmes audiovisuels grâce à une politique intelligente de
quotas et de " contenu canadien ". Dans ce pays, le volet défensif a
été complété par un système
diversifié d'aides à la production. Celui-ci est
géré par un organisme d'État, responsable de huit fonds
d'intervention spécifiques, dont l'objectif est le développement
d'entreprises prospères, travaillant pour le marché. Le
marché international, bien évidemment.
Le modèle agricole français
démontre
également qu'il est possible à partir d'une volonté
politique, de structures efficaces et de moyens financiers, mais aussi
grâce à une adaptation des mentalités de transformer un
secteur marqué par une longue tradition d'autosuffisance, en un champion
de l'exportation. Il s'agit d'opérer pour les industries
françaises de programmes audiovisuels une révolution du
même ordre que celle qu'a su accomplir l'agriculture française des
années 60 : cesser de produire essentiellement pour le
marché domestique ; créer les structures financières et
commerciales aptes à accompagner un vaste effort d'exportation.
b) Le dispositif proposé
·
Une structure d'intervention souple
Le principe est de privilégier, au niveau de la distribution des aides,
les projets présentant
un fort potentiel à l`exportation.
Il faut donc que les producteurs français se tournent vers le
marché, qui, aujourd'hui, est mondial.
Pour les inciter à le faire, il faudrait mettre en place de nouvelles
interventions qui, sans s'accompagner de la création d'un organisme
nouveau, pourraient venir
s'appuyer sur les dispositifs existants
- et
en particulier le Compte de soutien aux industries de programmes (COSIP)
pour les compléter dans un sens favorable à l'exportation.
Les
mécanismes de financement,
gérés par le " fonds
" ainsi créé, pourraient prendre trois formes :
- des prêts à conditions favorables, sous la forme
d'avances remboursables ;
- des taux de garanties incitatifs pour les anticipations de recettes
à l'exportation ;
- des préfinancements pour les actions ayant pour but la
prospection des marchés étrangers.
Tous ces financements seraient accordés par l'intermédiaire des
organismes responsables des procédures existantes, CNC, IFCIC et Coface,
qui devraient être associés à la mise au point de ces
nouvelles aides.
·
Des moyens financiers
Les ressources initiales du " fonds " seraient de
250 millions
de francs.
Elles auraient essentiellement deux origines :
· le produit de
l'extension aux abonnements aux chaînes du
câble et du satellite de la taxe perçue au bénéfice
du COSIP.
Cette mesure, qui devrait rapporter environ
100 millions de
francs,
aurait en outre l'avantage d'égaliser les conditions de
concurrence entre les chaînes quel que soit leur mode de diffusion ;
· la dotation pourrait être alimentée par une autre
voie, en l'occurrence une fraction - 0,5% - du produit des mises sur les jeux
de la Française des jeux, soit une somme de
150 millions de francs,
une telle idée avait d'ailleurs été
évoquée dans le rapport remis par M. Jacques Rigaud au Ministre
de la Culture, intitulé " Pour une refondation de la politique
culturelle ".
Le fonds qu'il est proposé de créer ne fera pas double emploi
avec celui, qui se trouve à l'étude à Bruxelles, pour le
cinéma et la télévision. Madame la Ministre de la Culture
et de la Communication insiste pour en obtenir la création rapide. Mais,
avec 200 millions de francs de dotation seulement et un mode de gestion que
l'on devine très traditionnel, cet instrument, qui ne doit faire que des
opérations de garantie, ne semble pas à la mesure de la situation.
Pour l'Europe et pour la France en particulier, il est indispensable de
construire une véritable industrie de programmes audiovisuels. Si
celle-ci ne se tourne pas vers la demande étrangère, elle sera
isolée et, tôt ou tard, marginalisée.
Il y a urgence. Il faut réagir en se donnant les moyens d'intervenir
massivement en faveur de programmes exportables. A défaut d'une action
d'envergure, non seulement la culture française risquerait de ne pas
survivre, mais les efforts financiers déjà accomplis l'auraient
été en pure perte.
Ce que les Canadiens ont réussi à faire en moins de 15 ans, ce
à quoi les agriculteurs français sont parvenus en à peine
une vingtaine d'années, ce que les Brésiliens s'apprêtent
à entreprendre, pourquoi la France n'en serait-elle pas capable ?
CONCLUSION : l'enjeu, c'est l'identité culturelle de la France
La France fait un effort, sans doute sans équivalent dans le monde, pour
la défense et la promotion de sa langue et de sa culture. Mais, en
dépit des actions engagées à tous les niveaux par les
pouvoirs publics, en dépit des succès obtenus - comme celui
de la reconnaissance de " l'exception culturelle " -,
ce combat
n'est jamais terminé.
La presse et l'audiovisuel sont un élément clé de notre
identité culturelle. Mais les batailles ne se gagnent pas à coups
de règlements, ni même de crédits budgétaires.
Face à la déferlante américaine, le maintien de notre
culture suppose la mobilisation de tous
.
Les aides à la presse, les quotas de production nationale, qu'ils
concernent les fictions présentées à la
télévision ou la chanson sur les radios ne suffiront pas à
protéger notre culture. Tout est devenu produit de grande consommation.
Et dans le grand marché mondial, le consommateur est roi. S'il ne lit,
n'entend et ne voit pas la différence, bref, s'il ne perçoit pas
de différence entre ce qui est produit chez lui et ce qui est
importé, l'issue du combat ne fait guère de doute. La culture
française ne résistera pas indéfiniment.
" A nous de faire préférer la culture
française "
pourrait-on dire en plagiant la formule sans
complexe d'une récente campagne de publicité. Ce qui est vrai
à l'échelle du monde, l'est tout autant à celle de la
France elle-même. Car cette action, il faut d'abord la mener à
l'intérieur de nos frontières, auprès des jeunes.
C'est dès l'école que tout se joue et que peut se créer
cette citoyenneté culturelle
sans laquelle la France n'a aucune
chance de préserver son identité et, par voie de
conséquence, ses industries culturelles.
A l'école de donner les moyens et le goût de communiquer.
Maîtrise des outils intellectuels, d'abord ; initiation aux
techniques modernes de communication, ensuite, sans oublier comme le fait
remarquer Dominique Wolton dans son livre " Penser la
communication "
que le " meilleur moyen de préparer au monde multimédia de
demain ne consiste pas à suréquiper les établissements
scolaires de téléviseurs, consoles et claviers interactifs, mais
plutôt à valoriser ce qui concerne la communication
directe
49(
*
)
".
Les médias et les industries culturelles ont besoin d'une culture
française vivante ; mais réciproquement, ils sont à
la fois le miroir et un lieu d'échange essentiel, où chacun
trouve des occasions d'enrichissement personnel et d'échange avec les
autres, le moyen de construire son identité, tout en faisant
l'expérience de la diversité, garantissant ainsi vitalité
à notre culture et cohésion à la société
française.
" Seule la télévision généraliste est apte,
dit Dominique Wolton, à offrir à la fois cette
égalité d'accès, fondement du modèle
démocratique, et cette palette de programme qui peut refléter
l'hétérogénéité sociale et culturelle. La
grille des programmes permet de retrouver les éléments
indispensables à " l'être ensemble "... La force de la
télévision généraliste est là : mettre
sur un pied d'égalité tous les programmes et ne pas dire ceux qui
sont destinés à tel ou tel public. Elle oblige chacun à
reconnaître l'existence de l'autre, processus indispensable dans les
sociétés contemporaines confrontées aux
multiculturalismes
"
50(
*
)
.
A nous de faire que les produits importés d'outre-Atlantique ne
constituent pas le commun dénominateur culturel qui ferait le
" lien social " des Français du XXIe siècle !
CHAPITRE IV - LES SOCIÉTÉS DU SECTEUR PUBLIC DE L'AUDIOVISUEL
En dépit de performances remarquables parce qu'elles se
trouvent dans un environnement très compétitif, les chaînes
publiques restent fragiles : fragilité financière du fait
des restrictions de crédits publics ou d'une dépendance excessive
vis-à-vis des recettes publicitaires ; vulnérabilité
aux " affaires ", à vrai dire, trop nombreuses ;
incertitudes, enfin, sur l'aptitude du secteur public à trouver sa
place, faute de moyens financiers assurés et de directives claires des
pouvoirs publics (c'est le problème des cahiers des charges), dans le
nouveau paysage marqué par la montée des chaînes
thématiques du câble et du satellite.
A cela s'ajoute une instabilité plus institutionnelle due à la
brièveté des mandats des responsables des chaînes qui ont
à peine le temps de se familiariser avec les commandes qu'ils doivent se
préparer à céder la place.
I. FRANCE TÉLÉVISION
Après la crise de 1986, qui a entraîné le
départ de M. Jean-Pierre Elkabbach et son remplacement par
M. Xavier Gouyou Beauchamps, France Télévision a
retrouvé une certaine sérénité due, notamment,
à la réussite confirmée de France 3.
L'équilibre du budget reste cependant précaire, tandis que les
questions communes sont pour certaines autant de problèmes qui
pourraient déstabiliser l'ensemble de l'édifice.
A. LES QUESTIONS COMMUNES
Une affaire chassant l'autre, à peine la crise dite des
animateurs-producteurs semblait s'estomper, que l'on en voit poindre d'autres
avec les problèmes liés à la construction du siège
commun, et aux dépréciations de programmes, questions moins
médiatisées, mais non moins importantes.
A cela s'ajoutent des problèmes comme celui de la nécessaire
adaptation de la convention collective (unique pour l'ensemble des personnels
de l'audiovisuel).
1. La cicatrisation de l'affaire dite des animateurs-producteurs
Le rapport de décembre 1995 avait consacré
d'importants développements à cette question.
On peut rappeler que la crise, qui a souligné les conditions peu
transparentes de la passation de certains contrats conclus avec des
animateurs-producteurs et les défaillances de la tutelle, trouve son
origine dans la nécessité pour des chaînes de faire de
l'audience, et plus fondamentalement dans la structure de financement qui fait
une trop large part aux ressources publicitaires.
a) Dérives commerciales
Une politique de programmation fondée sur un rapport
coût-audience a conduit les responsables à mener une
stratégie ambitieuse où la fin voulait justifier les moyens.
C'est ainsi que France 2 a fait appel à des animateurs-vedettes,
souvent en provenance de chaînes concurrentes, afin de rajeunir sa grille
et toucher de nouveaux publics. Résultat : six contrats avaient
été signés pour un montant supérieur à
600 millions de francs pour 500 heures de programmes.
Des arguments avaient été développés pour expliquer
de telles pratiques : position de force de certaines vedettes,
nécessité de faire aboutir rapidement des négociations
compte tenu de la durée du mandat des présidents, utilité,
enfin, de ce type d'émission pour dégager des moyens financiers
affectés à la création audiovisuelle.
Mais votre rapporteur avait souligné, au contraire, à la suite de
la mission d'audit du secteur public audiovisuel de 1995, un certain nombre de
dérives graves liées à un contexte de concurrence
exacerbée avec TF1.
Dérive dans les méthodes de gestion : le goût du
secret volontiers cultivé, voire la volonté
délibérée de s'affranchir des services juridiques des
chaînes par un usage de consultants extérieurs, ont
multiplié les risques de dérapages ;
Dysfonctionnements dans les contrôles, sans que l'on ait, stricto sensu,
contrevenu aux règles juridiques en vigueur :
· le conseil d'administration avait en application de l'article 17
des statuts de la société, donné, le 7 janvier 1994,
tous pouvoirs au président sans limitation de montant, pour conclure,
modifier, résilier tout contrat de programmes et de commandes
d'émission ;
· le contrôle d'État " a priori " ne s'exerce que
sur les rémunérations salariales et non sur les contrats de ce
type qui n'ont donc pas été visés ;
· les conseils d'administration doivent être informés en
application des dispositions des articles 33 - pour France 2- et
36 - pour France 3 - des cahiers des charges
51(
*
)
. Cette disposition a été
respectée pour France 2 mais sans débat interne ;
· le Conseil supérieur de l'audiovisuel n'a pas compétence
pour contrôler la gestion des sociétés qui incombe à
l'État. Il peut seulement - à la majorité
absolue de ses membres - révoquer leur président.
b) Les conséquences administratives
La crise eut d'abord pour conséquence la
démission de M. Jean-Pierre Elkabbach et son remplacement, le
2 juin 1996, par M. Xavier Gouyou Beauchamps, alors directeur
général de France 3. Mais elle s'est aussi traduite sur le
plan des structures par :
· la renégociation des contrats, sur la base des indications
fournies par la mission d'audit ; elle a conduit à la diminution
des engagements pluriannuels de France 2 de 347 millions de francs
pour un montant total de 850 millions de francs. Les économies
nettes se montent seulement à près de 70 millions de francs,
compte tenu du coût des émissions de remplacement ;
· le renforcement du contrôle d'État en fonction d'un
arrêté du 26 septembre 1996.
Sont désormais adressées au contrôleur d'État, les
évaluations des coûts des projets de grilles de programmes, la
situation des effectifs, la situation de trésorerie, les états
d'exécution du budget et les états périodiques de suivi du
coût des grilles de programmes, les projets de contrats, conventions et
marchés ainsi que leurs avenants, supérieurs à un seuil
fixé par le contrôle d'État après consultation du
président de conseil d'administration de la société
concernée, ainsi que toutes les décisions portant sur les
rémunérations et indemnités de toute nature
supérieures à un seuil fixé selon les mêmes
modalités.
Le rapport d'instruction de la Cour des Comptes sur la gestion de France
Télévision entre 1993 et 1996 aurait, selon des informations
publiées dans la presse en mars 1997, souligné une nette
dérive commerciale.
La Cour aurait noté que la plupart des sociétés
d'animateurs-producteurs n'ont vu le jour que grâce à l'argent
public dont elles ont bénéficié et n'ont fonctionné
que pour la commande publique. Elle attire également l'attention sur les
avantages anormaux dont ont bénéficié certaines
sociétés de production :
· avances de trésorerie, alors que la trésorerie de
France 2 ayant été généralement
négative, la chaîne a dû emprunter pour réaliser
elle-même ces avances et que la plupart des sociétés de
production avouent elles-mêmes une trésorerie plus que florissante.
· les rémunérations concédées aux animateurs
et aux membres de leur famille étaient considérables.
Le prérapport mettait également l'accent sur la différence
entre le coût de production de ces types d'émission et le prix
facturé à la chaîne : un rapport du simple au double.
Enfin, le rôle d'un cabinet d'expert comptable extérieur
était mis en cause pour la perception d'avantages indus.
Pour votre rapporteur, l'affaire des animateurs-producteurs confirme une
réelle confusion des genres, dont on a vu d'autres exemples
récents qui ont donné lieu à une enquête interne
confiée à M. Jean-Charles Paracuellos :
· La diffusion dans l'émission " Culture pub " de M6
d'un faux journal télévisé de France 3,
présenté par une ex-présentatrice de ce journal,
tourné au bénéfice d'un laboratoire pharmaceutique par
l'un des réalisateurs titulaires avec les décors originaux, a
brutalement attiré l'attention sur les problèmes posés par
la participation des journalistes de sociétés du secteur public
à des manifestations commerciales.
· Un autre exemple, concernant également un laboratoire
pharmaceutique peut être donné avec le tournage - même
à l'insu du présentateur-vedette - d'une " marche
du siècle " sur le plateau et par la société de
production de l'émission.
On retrouve ici des abus de même nature que ceux de la publicité
clandestine. Il n'est d'ailleurs pas sûr que ceux-ci aient totalement
disparu comme le montre le fait que certains animateurs négocient
directement avec les annonceurs - sans passer par France Espace - les
cadeaux de l'émission dont ils portent la responsabilité.
c) Les leçons de la crise
S'il y a une leçon à tirer de cette crise, c'est
que la pression publicitaire qui résulte d'un désengagement
important de l'État sur le plan financier,
place les chaînes
publiques à cheval entre deux logiques, celle du service public et celle
de l'entreprise
.
La situation est d'autant plus inconfortable que, par un effet de boomerang, la
logique publique, souvent il est vrai perdue de vue, est susceptible
d'être invoquée de façon imprévue au risque de
déstabiliser l'ensemble que constituent France 2 et France 3.
Il existe, en effet, une éthique du service public que
l'évolution actuelle a tendance à occulter pour des raisons
d'efficacité commerciale. Pour l'avoir oublié, certains ont
dû quitter prématurément leur poste. Mais plutôt que
de s'en souvenir à intervalles irréguliers, à l'occasion
de telle ou telle affaire, ne devrait-on pas chercher à mettre en place
des structures qui ne favoriseraient pas cette dérive commerciale
dénoncée par tous ?
On peut se demander si la pratique qui consiste à substituer au
cachet traditionnel le contrat avec des sociétés de production
n'est pas en elle-même la cause de ces dérives.
Non seulement
parce qu'elle permet aux animateurs-producteurs d'obtenir des avantages directs
et indirects excessifs, mais encore parce qu'elle leur permet de faire monter
les enchères en menaçant de partir avec armes et bagages chez le
concurrent. Le suspense des " transferts ", préalables
à la présentation des grilles de rentrée, ne serait pas
possible sans la généralisation de ces sociétés de
production indépendantes.
Sans doute le retour aux principes d'origine du service public est-il utopique.
Mais il convenait d'attirer l'attention sur le fait que les chaînes
publiques ont un mode de fonctionnement et des structures juridiques qui les
mettent en situation de faiblesse dans la négociation, aboutissant
à une surenchère générale qui pousse les prix
à la hausse sans gains véritables pour le
téléspectateur.
Ne faudrait-il pas au contraire se demander si les chaînes publiques ne
se privent pas de l'atout que constitue leur position de force à l'achat
- les économistes parlent " d'oligopsone " - au
détriment et de leurs intérêts commerciaux et de ceux du
service public ?
La confusion des genres, on la retrouve aussi au niveau de la structure
juridique d'ensemble.
Tout se passe comme si le recours accru aux ressources
publicitaires avait conduit France 2 dans sa concurrence frontale avec
TF1, à fonctionner comme une entreprise privée mais sans les
contraintes et les sanctions du marché, sans les contrôles qui
résultent du droit des sociétés
.
2. Deux réformes urgentes : la procédure de nomination des présidents de chaînes et la transformation de France Télévision en holding
C'est ce genre de dérapage qui fait regretter à
votre rapporteur que l'on n'ait pas donné à la présidence
commune de France 2 et France 3 voulue par la loi du
2 août 1989, la personnalité juridique et les structures de
pilotage et donc de contrôle qui en découlent, comme il le
demandait dans sa proposition de loi n° 477 du 27 juin 1996.
Actuellement, France Télévision constitue une fiction juridique.
Il est nécessaire de le rappeler. Elle n'a ni personnalité
morale, ni budget propre. Le groupe dit " France
Télévision " résulte d'une sorte " d'union
personnelle " à la manière de l'ancienne Autriche-Hongrie
où l'empereur d'Autriche était également roi de Hongrie.
La création d'une société holding s'accompagnerait de
la mise en place d'un conseil d'administration et donc naturellement d'un
renforcement des contrôles et d'une responsabilisation accrue du
président. Ce qui supposerait cependant que ce conseil d'administration
soit un vrai conseil d'administration, mais c'est un autre
problème !
On doit souligner que cette réorganisation devrait s'accompagner d'une
clarification de la procédure de nomination de président de
France Télévision.
Les dispositions actuelles de la loi du 30 septembre 1986 ne fixent aucune
condition pour révoquer un président d'une société
nationale de programme. Elles n'opèrent, en particulier, aucun lien
entre la constatation d'un manquement grave au cahier des charges et l'adoption
d'une telle décision.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel dispose d'une totale
liberté d'appréciation quant à l'opportunité d'une
révocation. Celle-ci s'opère néanmoins sous le
contrôle que pourrait exercer le Conseil d'État.
L'éviction d'un président de chaîne doit constituer la
sanction majeure du non respect par celle-ci de ses obligations ou d'une faute
lourde de gestion de la part du président. En réalité, la
révocation est d'un maniement délicat et d'un usage improbable,
dans la mesure où le Conseil supérieur de l'audiovisuel n'est que
consulté pour la rédaction du cahier des charges des
chaînes publiques et où il ne dispose pas de compétence
pour contrôler leur exécution, y compris sous l'angle de la
gestion. Le contrôle des actes de gestion est, en effet, de la
responsabilité des conseils d'administration où siègent
quatre représentants de l'État-actionnaire.
L'État, unique actionnaire, se trouve dans la situation paradoxale de
devoir contrôler la gestion d'un président d'une entreprise
publique qu'il ne peut ni nommer ni révoquer, tandis que l'instance qui
le nomme et peut le révoquer, ne peut contrôler sa gestion.
L'État fixe déjà les statuts, approuve les comptes, joue
un rôle prépondérant au sein du conseil d'administration de
France 2 et de France 3, contrôle, via le contrôle
d'État et la direction du Budget, la gestion de ces deux entreprises. Il
détermine le montant des ressources publiques, approuvées par le
Parlement, et établit les charges et les missions de chaque chaîne.
L'affaire sera à reprendre lorsque le Gouvernement déposera un
projet de loi sur la communication audiovisuelle. Il faut espérer que ce
texte tiendra compte de l'ensemble des analyses et des propositions du
Sénat.
Corrélativement, l'allongement de la durée du mandat des
responsables est une nécessité pour bien clarifier les
responsabilités.
Le Sénat (le 15 novembre 1995) avait voté, au scrutin
public et à l'unanimité moins une voix, une proposition de loi
dont votre rapporteur avait pris l'initiative et prévoyant le
prolongement du mandat des présidents de 3 à 5 ans. Mais ni
le Gouvernement de l'époque, ni l'Assemblée nationale n'y firent
écho. Bel exemple d'irresponsabilité !
3. Le siège commun
Par un processus d'indiscrétion désormais
classique, un journal du matin s'est procuré les 80 pages du
relevé de constatations provisoires de la Cour des Comptes relatives
à la construction du siège social commun de France 2 et
France 3. Le nouvel immeuble est situé dans le XVe arrondissement
près du parc André Citroën. Cette opération,
souhaitée par M. Hervé Bourges en décembre 1992, a
été mise en oeuvre par M. Jean-Pierre Elkabbach.
·
Les points contestés
Dans
le coût total
(hors taxe) de l'opération,
1 738
millions
, il faut distinguer :
1/ la construction proprement dite :
1 625 000 millions
.
Cette somme se décompose en :
· 562 millions de charges foncières (terrain et charges
d'aménagement)
· 133 millions de charges diverses (architecte, bureau d'étude)
· 218 millions d'aménagements techniques (régies, studios)
· 553 millions de constructions
· 124 millions d'aménagements intérieurs
· 35 millions de mobilier
et
2/
113 millions de frais financiers (prévisions)
52(
*
)
.
Cette enveloppe ne devrait pas être entièrement consommée
et devrait permettre de dégager une économie de 30 millions.
Le crédit bail
a une durée de 20 ans pour
évaluer la somme qui aura été versée au cours de
cette période, il faut faire des hypothèses au niveau des taux
d'intérêts.
Compte tenu des taux actuels et dans l'hypothèse où ceux-ci
seraient maintenus au-delà des dix premières années, le
montant total (capital et intérêts) peut être
évalué à
2,9 milliards hors taxe
. Pour la
première année, l'annuité de remboursement se monte
à 115 millions de francs. Selon les estimations fournies par France
Télévision, si on ajoute à cette somme les charges
locatives du nouvel immeuble, que l'on peut évaluer à
112 millions de francs, la dépense reste inférieure au
montant des loyers payables en 1998 (108 millions hors taxe) sur les
16 implantations et aux charges locatives correspondantes
(122 millions).
·
Les réponses de France Télévision
Le dossier du siège social de France Télévision a
été approuvé par les conseils d'administration de
France 2 et France 3 en avril 1995. Il avait fait l'objet d'une
étude préalable réalisée en liaison étroite
avec les différents services des autorités de tutelle de
l'audiovisuel public.
La délibération des conseils d'administration d'avril 1995 a
été confirmée par une lettre signée par MM. les
ministres du Budget, de l'Économie et des Finances et de la
Communication, le 17 avril 1995 dans laquelle les cadres juridiques et
financiers y étaient décrits. L'appel à candidature a
été lancé en mars 1995 pour 33 lots. Les
résultats de l'appel d'offres restant supérieur
au coût d'objectif, une négociation a abouti à la
désignation du contractant général s'engageant à
réaliser avec les entreprises sélectionnées par France
télévision, le bâtiment pour un montant forfaitaire et non
révisable avec remise au 31 janvier 1998.
France Télévision souligne, qu'à quelques mois de la
livraison prévue pour le début 1998, les engagements ont
été effectués globalement dans le cadre budgétaire
prévu en avril 1995 ; avec au début septembre, une enveloppe
de 11 millions de francs pour les aléas de fin de chantier.
Votre rapporteur s'est enquis de savoir si les économies
dégagées sur les loyers couvrent le crédit bail sur
20 ans, compte tenu de la nécessité de continuer à
payer les loyers de régie finale de France 3 et certaines filiales
de France Télévision comme France Espace.
Le plan de financement de ce projet trouvait son équilibre en regroupant
dans le nouveau siège les services parisiens de France 2, de
France 3 et de France Espace, à l'exception de leurs
filiales ; les économies de loyers et de charges ainsi
réalisées finançaient le remboursement du crédit
bail contracté
53(
*
)
.
L'implantation actuelle confirme, selon France Télévision, cette
hypothèse. Seule, la régie finale de France 3
54(
*
)
conserverait, pour l'instant, ses locaux actuels
comme le prévoyait le plan de déménagement 1998 soumis aux
conseils d'administration d'avril 1995. Les filiales du groupe sont maintenues
dans leurs implantations actuelles.
Avant même la parution du prérapport de la Cour des Comptes,
des informations sur d'éventuels surcoûts avaient conduit votre
rapporteur à poser des questions sur les studios et la paroi
moulée destinée à atténuer les vibrations
causées par le passage d'une ligne RER. Voici la réponse de
France Télévision.
"
Ces deux postes étaient clairement identifiés et
chiffrés lors de la
présentation du budget
général de cette opération aux conseils d'administration
de France 2 et de France 3 en avril 1995. Ils n'apparaissent pas en
surcoûts par rapport au budget initial.
Concernant la paroi moulée, avant la vente du terrain, un protocole
d'accord avait été signé le 15 décembre 1994
entre les présidents de la SNCF et de France Télévision
qui précisait notamment que la SNCF s'engageait à traiter les
voies du RER de la ligne C pour atténuer, à la source, les
vibrations apportées par le roulement des trains.
En mars 1995, la SNCF a fait part à France Télévision
qu'elle n'était plus en mesure de tenir cet engagement. Pour maintenir
la protection acoustique souhaitée par France Télévision,
une étude technique préconisa alors, de déconnecter la
construction du bâtiment de celle de la paroi moulée, la jonction
entre ces deux ouvrages étant assurée par des boîtes
à ressorts. Cette solution technique a été estimée
à 23,5 millions de francs. Ce montant a été
déduit du prix de vente du terrain SNCF qui a été
ramené de 426,5 millions de francs à 403 millions de
francs.
La réalisation des travaux a confirmé ce chiffrage, le gros
oeuvre complémentaire a coûté 18,5 millions de francs
et les boîtes à ressorts, 5 millions de francs.
Pour la construction des studios, il est plus délicat d'identifier dans
le coût global du bâtiment le montant de cette prestation. Hors
aménagements spécifiques et hors paroi moulée, le
bâtiment revient en francs 1998 à 524 millions de francs pour
98 995 m² SHOB construits, soit un coût au mètre
carré de 5 293 francs.
A qualité de prestations équivalentes, un bâtiment dont la
destination aurait été uniquement tertiaire serait revenu
à 4 800 francs au mètre carré. On en
déduit que le surcoût résultant de la construction des
studios peut être évalué à 39 millions de
francs.
Cet écart, de 7,4 %, s'explique par la technique
particulière qui a été retenue pour répondre aux
contraintes acoustiques de tels locaux.
Pour isoler phonétiquement le studio du reste du bâtiment, on a
recourt, généralement, à une construction dite de
" la boîte dans la boîte ". Dans le cas présent,
en s'inspirant de réalisations récentes faites par l'ARD en
Allemagne, la technique retenue a été, pour la boîte
intérieure, de réaliser une dalle flottante sur laquelle repose,
par l'intermédiaire de boîtes à ressorts, une poutraison
métallique revêtue de placostil, matériau économique.
Les studios sont en cours de finition. Pour vérifier le bien
fondé de la solution retenue, une campagne de mesures acoustiques
était prévue en septembre 1997. "
Au-delà de la question de principe, que pose la parution dans la
presse du pré-rapport de la Cour des Comptes, cette affaire suscite les
réflexions suivantes :
1. Évoquer, comme cela a été fait, le montant total des
opérations, environ 3 milliards de francs, qui correspond au total
des remboursements du crédit bail immobilier
- intérêts et capital -, n'est pas une
présentation habituelle. Dès lors que l'opération
s'effectue couramment par voie d'emprunt et que celui-ci s'effectue au taux du
marché, il est plus normal de citer le montant du capital
emprunté ;
2. En revanche, quelle que soit la réponse définitive
donnée par la Cour, le respect de l'enveloppe financière
définie en accord avec la tutelle ne suffit pas à garantir la
rationalité de l'opération. Mais cela ne dispense pas des
comparaisons. Quelles autres implantations étaient possibles ?
3. Enfin, considérer que l'opération est positive parce que les
frais de crédit bail sont à peu près identiques aux
coûts de location des immeubles actuels n'est pas parfaitement
satisfaisant dans la mesure où il faut s'assurer que les frais
immobiliers étaient normaux au regard du chiffre d'affaires de
l'entreprise. Au surplus, il semblerait que les baux des immeubles actuellement
occupés par France 2, avenue Montaigne courent encore quelque temps et
qu'il faille continuer à payer les loyers jusqu'en 2002. Bien qu'une
solution de transaction soit sur le point d'être trouvée avec le
propriétaire des locaux, il y a là une erreur de gestion qui
manifeste une négligence grave dans le montage du dossier.
4. Les provisions pour dépréciation de programmes
La perte enregistrée par France 2 pour 1996, soit
près de 200 millions, est largement due à la constitution
d'importantes provisions pour la dépréciation de programmes.
L'avance de 235 millions de francs pour dépréciation a
été d'autant plus remarquée qu'elle a été
annoncée au moment où il était fait état du souhait
de France 2 de recevoir un complément de 65 millions de francs.
Il faut rappeler à ce sujet que France 2, contrairement aux autres
sociétés de télédiffusion n'utilise pas la
technique des amortissements dérogatoires, ni aucun système
d'amortissements linéaires de ses stocks, ce qui explique notamment
l'importance relative de ces provisions pour dépréciation. Une
modification des méthodes d'amortissements et d'évaluation des
stocks de programmes est actuellement à l'étude en coordination
avec France 3.
On remarque que la provision est supérieure de 100 millions au
montant moyen depuis 1990 des stocks faisant l'objet de provisions pour
dépréciation.
Provisions pour dépréciation des stocks de
programmes
(en millions de francs)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996* |
Moyenne |
205 |
120 |
200 |
93 |
105 |
95 |
235 |
135 |
*nette de reprise de provision |
Il est légitime pour France 2 de ne pas conserver
dans ses actifs des émissions non diffusables et donc de procéder
à des dépréciations de stocks. Mais les critères
appliqués semblent a priori un peu trop rigides et faire une trop grande
place aux perspectives commerciales des émissions. En tout état
de cause, comme l'annonce France Télévision, il conviendrait de
réfléchir à de nouvelles règles d'amortissement
plus proches des réalités.
Des provisions pour dépréciation sont constituées pour
faire face aux risques d'abandon de projets et productions, ainsi qu'aux
risques de non diffusion des programmes provenant de modifications de la
grille, de raisons relatives à la qualité des produits, de
préemption des droits ou de litiges juridiques. On note que les
programmes non diffusés, dont les droits sont échus à la
date de clôture, sont sortis de l'actif.
Les principes appliqués par France 2 sont les suivants.
Programmes inédits
a) Les provisions qui ont été constituées, portent sur
des programmes qui sont considérés par la direction de
l'entreprise comme non diffusables et cela de manière estimée
très probablement irréversible. Les encours de production et les
engagements signés n'ont pas fait l'objet d'une évaluation du
risque les concernant.
b) Cette appréciation a été portée par la direction
de l'entreprise en considérant ses options stratégiques de
programmation dont la caractéristique principale réside dans un
objectif moyen de part de marché d'audience de 25 %.
c) Les programmes dépréciés sont essentiellement ceux dont
l'audience est estimée comme devant être sensiblement
éloignée de cet objectif.
d) La provision constituée à la clôture de l'exercice
ramène la valeur de ces stocks à zéro. Elle ne prend pas
en compte une éventuelle valeur de cession des programmes ainsi
dépréciés.
Programmes rediffusables
a) Les stocks de rediffusion font l'objet d'une provision dans les mêmes
conditions que les inédits (eu égard essentiellement à un
objectif d'audience) et en prenant en compte la capacité d'absorption de
la grille ainsi que les échéances de droit.
b) La dépréciation des stocks de rediffusions est souvent le
résultat d'une inadaptation de la méthode d'amortissement
" 66/34 " qui ne prend pas en compte la performance de la
première diffusion pour fixer la valeur que l'on peut donner à la
seconde.
c) La provision constituée à la clôture ramène la
valeur de ces stocks à zéro. Elle ne prend pas en compte une
éventuelle valeur de cession de programmes ainsi
dépréciés.
En fait, votre rapporteur aurait souhaité que l'on s'interrogeât
sur les méthodes.
Sur le plan technique, il est clair que
la méthode
" 66-34 ", consistant à amortir forfaitairement 66 %
d'une émission à la première diffusion, est
inadaptée en ce qu'elle ne tient pas compte pour l'estimation de la
valeur de rediffusion du potentiel réel de l'émission qui
dépend de son audience initiale
;
Le problème est que ces dépréciations parfois
importantes correspondent à des commandes d'une ancienne gestion, ce qui
ne facilite pas la détermination des responsabilités.
5. La participation de France Télévision aux chaînes thématiques
Le secteur public veut se lancer dans l'aventure du
numérique en participant à la création de chaînes
thématiques. Il s'agit de mettre en valeur un stock de programmes et un
capital de compétence.
La question, déjà évoquée, est de savoir si le
secteur public a les moyens d'une politique dont la rentabilité n'est
pas immédiate.
Deux chaînes sont déjà sur orbite. La chaîne Histoire
et Festival ; deux autres sont en cours de montage ou de
restructuration : fusion de France 3 et Supervision.
·
Histoire et Festival
Le groupe France Télévision détient 56 % du capital
de Festival et 25,5 % du capital de Histoire :
Histoire, dont il a déjà été question dans ce
rapport, complète l'offre de programmes de découverte
culturelle ;
Festival présente chaque jour depuis son lancement en juin 1996, le
meilleur des films de télévision et de cinéma d'origine
française et européenne, domaine dans lequel France
Télévision occupe une place privilégiée. La
chaîne joue donc un rôle très important dans la
présentation de la mémoire télévisuelle, en
permettant de retrouver les grandes fictions françaises du patrimoine
télévisuel, mais aussi de découvrir son actualité :
en effet, chaque semaine, Festival offre un film inédit
réservé en avant-première aux seuls abonnés de la
chaîne, avant toute diffusion sur une chaîne hertzienne
généraliste. La diffusion s'organise de 10 heures du matin
à minuit, selon les grands genres de la fiction (comédie,
aventure, mystère, prestige, policier...).
Les deux chaînes font partie de l'offre payante des distributeurs
(câblo-opérateurs et TPS) et sont rémunérées
selon une redevance contractuelle fixée par mois et par abonné.
Festival compte aujourd'hui près de 350 000 abonnés, tandis
que Histoire, lancée en juillet 1997, touche près de 300 000
abonnés. Pour les deux chaînes, l'année 1998 sera une
année contrastée, dans la mesure où elles
bénéficieront d'un côté de la croissance rapide de
l'offre satellitaire TPS, mais devront s'adapter à la transformation de
l'offre des opérateurs du câble qui numérisent leur
réseau et restructurent leur offre. Selon les prévisions, elles
devraient atteindre 650 000 abonnés (en moyenne annuelle en 1998).
Comme la plupart des chaînes thématiques, Festival et Histoire
obéissent à une logique d'investissement. Selon leur plan
d'affaires respectif retracé dans le tableau ci-après :
- Festival devrait atteindre le petit équilibre en l'an 2000 et le
grand équilibre en 2003. Pour France Télévision, la
participation au besoin de financement s'établit, à partir du 1er
janvier 1998, à 12 millions de francs. Conformément
à l'engagement des actionnaires, il reste à acquitter une somme
supplémentaire pour la fin 1997, qui s'élève pour France
Télévision à 5,6 millions de francs.
- Histoire devrait également atteindre le petit équilibre en 2000
et le grand équilibre en 2003. Pour France Télévision, la
participation au besoin de financement s'établit, à partir du
1er janvier 1998, à 8 millions de francs.
|
Festival (1) |
Histoire (2) |
Participation de France Télévision au capital |
56 % |
25,2 % (3) |
dont France 2 |
28 % |
12,6 % |
France 3 |
28 % |
12,6 % |
Évolution de la distribution (en nombre d'abonnés) |
|
|
1997 |
350 000 |
300 000 |
1998 |
467 000 |
696 000 |
2000 |
992 000 |
1 302 000 |
2002 |
1 501 000 |
1 864 000 |
Date du petit équilibre |
2000 |
2000 |
Date du grand équilibre |
2003 |
2003 |
Besoin de financement (en millions de francs) |
|
|
1997 : capital |
- |
-3,8 |
comptes courants |
5,6 |
- |
1998 : capital |
- |
- |
comptes courants |
7,7 |
4,7 |
1999 : capital |
- |
- |
comptes courants |
4,3 |
2,8 |
2000 : capital |
- |
- |
comptes courants |
- |
0,6 |
2001 : capital |
- |
- |
comptes courants |
- |
- |
Totaux |
17,6 |
11,9 |
(1) source : plan d'affaires (juin 1997)
(2) source : plan d'affaires de référence (avril 1997)
(3) France Télévision Numérique
Leur organigramme fait apparaître des fonctions comparables aux postes
clés de l'entreprise : un président, un directeur
général, un responsable des achats et des acquisitions, un
responsable chargé de l'antenne et de sa continuité et une
équipe chargée de la commercialisation. Pour des raisons
d'économies d'échelle et de moyens, elles partagent leur
régie de diffusion au 19, rue Cognac-Jay, au sein des structures de
Cognac-Jay Images (TDF). Elles s'appuient, d'autre part, sur le savoir-faire
des services de la présidence commune (Directions des Études et
du Développement) pour renforcer la coordination et la synergie.
·
Les perspectives de développement : France Supervision et
Régions
Dans un univers concurrentiel qui va accroître le besoin de
différenciation et rendre nécessaire une identité
précise pour chaque chaîne, le groupe France
Télévision doit insister sur l'aspect " mission de service
public " de ces projets.
·
La filialisation de France Supervision et la création d'une
nouvelle identité
1998 sera l'occasion pour France Supervision, chaîne pionnière en
matière de haute technologie, diffusée en 16/9, d'une profonde
évolution. La chaîne, aujourd'hui un département de
France 2, devrait s'ouvrir à des partenaires extérieurs pour
présenter un projet de développement fondé sur le contenu,
et non plus sur le format. Son programme, diffusé en 4/3 et en 16/9,
sera centré sur la musique classique, l'opéra et la danse, et
devrait permettre de satisfaire tous les passionnés et tous les amateurs.
·
Le projet Régions de France 3
Il est présenté comme se situant au coeur même de la
mission de France 3, " télévision de la
curiosité et de la proximité ". Le programme,
constitué d'informations et de magazines régionaux,
présentera notamment sur des images déjà produites par les
stations régionales. Son intérêt principal, la
découverte de ce qui fait la richesse de la vie, de la culture et de
l'actualité des différentes régions, a été
confirmé par des études marketing réalisées par
France Télévision et par des distributeurs auprès du
public potentiel.
Initialement prévu pour faire partie de l'offre thématique de TPS
dès son lancement, ce projet avait dû être reporté
pour des raisons budgétaires. Porté à l'origine en
totalité par France 3, il est aujourd'hui relancé avec la
collaboration de partenaires extérieurs, notamment la presse quotidienne
régionale. Sa place est toujours garantie dans l'offre de programmes
thématiques de TPS.
Il est donc indispensable de définir une stratégie claire du
secteur public face aux technologies numériques et lui en donner les
moyens financiers.
6. La convention collective nationale unique des personnels de l'audiovisuel
a) Les mises en garde répétées n'ont pas été entendues
Votre Rapporteur a maintes fois attiré l'attention des
pouvoirs publics sur l'urgence d'une renégociation de la convention
collective de la communication et de la production audiovisuelle datant du 31
mars 1984.
Force est de constater que malgré ses appels, rien n'a
été fait.
Les précédentes mises en garde de la commission des Finances
·
· dans le rapport sur le projet de loi de
finances pour 1996 du 21 novembre 1995,
" ... Une évolution -concertée- ..en profondeur de la
convention est devenue nécessaire et conditionne la modernisation des
organisations du travail et des rapports sociaux dans les entreprises de
l'audiovisuel public
. Pour de nombreuses raisons, cette évolution
est inséparable du problème plus vaste de l'organisation de la
couverture conventionnelle dans l'ensemble de l'audiovisuel. "
·
· dans le rapport sur le projet de loi de finances pour 1997
du 21 novembre 1996 :
" Le maintien en l'état de la convention collective perpétue
des classifications professionnelles dépassées par
l'évolution technologique ; et freine le secteur public dans des
investissements techniques permettant au secteur privé de prendre une
avance croissante en matière de productivité et d'adaptation aux
réalités du temps présent.
" A l'heure du numérique, le secteur public doit prendre
conscience qu'il est désormais en compétition avec les
diffuseurs, publics mais surtout privés, du monde entier
. Si le
secteur public ne veut pas être balayé dans les prochaines
années, si les chaînes publiques ne veulent pas s'éteindre
comme ce fut le cas des dinosaures, elles doivent s'adapter et moderniser leurs
relations de travail, et, au premier chef, revoir cette convention.
" Les techniques numériques révolutionnent les
métiers de l'audiovisuel. A l'ancienne distinction entre le journaliste
et les techniciens se substitue désormais la profession de
journaliste-reporter, qui filme, monte et conduit l'entretien.
" La convention handicape l'ensemble du secteur public
. Les
structures les plus dynamiques, La Cinquième, les opérateurs de
l'audiovisuel extérieur, sont en dehors de son champ d'application. Les
rigidités de la convention semblent, en effet, particulièrement
inadaptées à l'action audiovisuelle extérieure. "
b) De lourdes menaces
Les trois chaînes ont en commun un fort taux de recours
aux personnels temporaires : occasionnels, cachetiers, pigistes,
intermittents ou intérimaires.
Les occasionnels se définissent par leur fonction de remplacement de
personnes titulaires de contrats de travail à durée
indéterminée, en congés maladie, maternité, ou pour
convenances personnelles.
Les cachetiers recouvrent plusieurs catégories de
spécialistes : réalisateurs TV, musiciens
remplaçants, artistes, illustrateurs sonores, collaborateurs de
productions de divertissement, animateurs notamment à la radio.
Ils sont employés temporairement ; ainsi, à Radio France,
les cachetiers sont le plus souvent des animateurs embauchés à la
saison ; ce sont eux qui donnent une certaine couleur à la
chaîne.
Les pigistes sont des personnes affectées à la rédaction
des chaînes ; ils sont rémunérés pour leur
travail rédactionnel en fonction du nombre de pages écrites.
Enfin, les intérimaires sont mis à la disposition ponctuelle des
sociétés par des sociétés d'intérim.
Les conventions collectives qui régissent le statut du personnel
prévoient deux sortes d'avancement, automatique et au choix, et une
prime d'ancienneté.
L'avancement automatique d'échelon s'effectue selon l'ancienneté.
Il est échelonné sur 30 ans. Le passage d'échelon est
annuel durant les trois premières années ; le
troisième échelon dure trois ans, puis les échelons
suivants quatre ans.
Une prime d'ancienneté est versée automatiquement aux
salariés. Elle est proportionnelle au salaire de base de
l'échelle et à l'ancienneté dans la
société ; elle est fixée à 0,8 %
jusqu'à 20 ans, puis à 0,5 % de 21 à 30 ans
d'ancienneté.
Ces deux mesures avaient pour objet de traduire une reconnaissance de
qualification acquise par l'ancienneté. Or, elles sont ressenties comme
normales et faisant partie intégrantes de la rémunération
plus que comme une reconnaissance de la qualification.
Par ailleurs, le passage d'échelon est assez lent, tous les quatre ans
dans la majorité des cas, et peu rémunérateur.
La promotion reste relativement faible : elle peut se traduire par un
avancement d'échelon au choix ou par une promotion dans l'échelle
de qualification supérieure.
Concrètement pour le salarié, elle se traduit par une
augmentation de 600 francs par mois pour un échelon moyen dans le
cas de l'avancement d'échelon.
La promotion dans l'échelle supérieure est la plus
motivante :
- l'augmentation est plus sensible et peut atteindre 7,5 % de l'indice de
qualification, calculée après conversion du temps parcouru dans
le niveau indiciaire de départ, selon une méthode de
triangulation,
- le salarié repart dans des échelons inférieurs de la
nouvelle échelle, ce qui lui promet un avancement plus rapide que dans
l'ancien échelon.
Mais les promotions individuelles sont peu nombreuses et leur impact financier
faiblement ressenti.
Les problèmes sociaux de France Télévision sont
différents de ceux de Radio France parce que leurs métiers sont
différents, mais les pesanteurs sont de même nature.
En fait, les rigidités liées à la convention collective
nationale unique entraînent trois maux endémiques qui font planer
de lourdes menaces sur l'équilibre du secteur public de l'audiovisuel.
· Les emplois temporaires
Il représentent : 540 emplois à France 2,
1 438 emplois à France 3 (équivalents temps plein,
calculés avec certaines hypothèses simplificatrices). A titre de
comparaison, ils atteignent 962 emplois à Radio France.
Les cachetiers relèvent du statut des intermittents du spectacle. De ce
fait, pèse sur les sociétés une double menace :
- celle de voir les contrats temporaires qui occupent de façon
récurrente des emplois permanents, requalifiés en contrat
à durée indéterminée. Ce sont les cachetiers de
Radio France qui ont demandé au tribunal de faire requalifier leur
emploi en contrat à durée indéterminée.
- celle de voir les annexes 8 et 10 de la convention de l'UNEDIC, sur
lesquelles reposent le faible niveau des cotisations et le fort niveau des
indemnités de chômage des cachetiers, dénoncées en
raison du déficit considérable de ce secteur.
· Le régime des heures supplémentaires
Les heures supplémentaires des personnels techniques et administratifs
(en fait, essentiellement les personnels techniques, les personnels
administratifs n'en effectuant pratiquement pas) bénéficient d'un
régime relativement laxiste lié à l'application de la
convention collective : sur un total d'heures constatées au cours
d'une semaine donnée, les heures réputées normales sont
celles qui auraient donné lieu au plus faible tarif (+ 25 %)
si elles avaient été supplémentaires, et les
premières heures supplémentaires sont celles qui
bénéficient du prix le plus élevé
(+ 125 %). On voit la déviation possible du système
avec un exemple : les techniciens liés à l'actualité
ont une pointe de charge le dimanche. Le dimanche est donc un jour normalement
travaillé dans ce métier. Mais, malgré tout, ce sont les
heures qu'ils font le dimanche qui seront comptées comme heures
supplémentaires (dès lors que les 39 heures sont
dépassées dans la semaine, évidemment). Or les heures
supplémentaires de dimanche sont plus chères que celles de
semaine... Si l'on ajoute qu'une équipe en tournage hors Paris est
réputée travailler dix heures par jour, il est clair que le
mécanisme est inflationniste en termes d'heures supplémentaires.
Cela représente 167 heures supplémentaires par agent en 1993, 180
en 1994 et 171 en 1995. On rappelle que le contingent réglementaire est
de 130 heures supplémentaires par an pour un salarié. A
France 2, 30 % des agents ayant fait des heures
supplémentaires en ont effectué plus de 260 et une vingtaine
d'agents plus de 450 (qui est le contingent maximal de la convention
collective, lui-même déjà contraire au code du travail). Il
y a donc là un problème grave de conformité avec la
législation du travail.
Or, les compléments de rémunération que constituent les
heures supplémentaires sont devenus des éléments
essentiels de la rémunération de nombre de techniciens, ce qui
rend le problème difficile à traiter au plan social.
C'était d'ailleurs un frein au passage des techniciens au statut de
cadres, promotion nécessaire pour permettre le dégagement des
effectifs vers le haut et le recrutement de jeunes techniciens (la convention
collective rend difficile le recrutement de techniciens
expérimentés ; le recrutement n'est donc possible que par
l'avancement, la promotion et les départs en retraite. Un blocage des
promotions entraînerait donc un blocage du système). On a dû
créer une catégorie de " Cadre
spécialisé " (B21-1) dans la convention collective pour
permettre à ces techniciens expérimentés de quitter les
échelles de techniciens et de devenir cadres sans pour autant perdre le
bénéfice des heures supplémentaires. La nouvelle
législation en préparation, qui limitera encore plus
drastiquement le recours aux heures supplémentaires, rend l'avenir plein
d'incertitudes.
Ces problèmes sont directement liés à la
convention
collective de l'audiovisuel public. Outre son caractère inflationniste
(on a parlé du V du GVT qui est de près de 40 %
supérieur à celui de la fonction publique), le fait qu'elle
comprenne une référence à ce quota de 450 heures
supplémentaires par an n'est pas pour faciliter le dialogue social
et, en ce domaine, il n'est pas certain que la meilleure des solutions soit
d'attendre d'être condamné par un tribunal. La convention
collective, qui fixe le contingent de 450 heures supplémentaires
par an, a été signée en mars 1984 et c'est en juillet 1984
que la loi a fixé un contingent de 130 heures qui ne peut
être modifié que par voie d'accord étendu. Or, la
convention collective de l'audiovisuel public n'a pas le caractère d'un
accord étendu et n'a pas vocation à l'avoir.
· Les disparités de traitement entre les sociétés
Le problème est plus aigu entre France 2 et France 3 parce que
plane sur elles la menace de voir France Télévision
qualifiée d'" Unité Économique et Sociale " par
le tribunal de grande instance. Les critères retenus par les juges pour
déclarer l'UES sont multiples :
- même siège social,
- activités identiques,
- dirigeants sociaux identiques,
- mêmes commissaires aux comptes,
- imprimés communs à double en-tête,
- apparence de groupe donnée aux yeux des tiers,
- communauté totale d'intérêts et de direction, même
si les activités sont complémentaires.
La réalité du risque n'est donc pas à démontrer.
Quelle est son ampleur ?
L'UES pourrait imposer la création d'un comité central
d'entreprise, une complète circulation de l'information sur la gestion,
les rémunérations, les classifications, etc.,
l'impossibilité de gérer un plan social dans une seule des deux
entreprises et surtout un accroissement évident de l'impact d'un
éventuel conflit social. Le siège commun sera un
élément supplémentaire qui rendra d'autant plus
nécessaire la solution de ce problème car il le rendra plus aigu.
Il n'est pas admissible que ni les pouvoirs public (Gouvernements successifs),
ni les états-majors successifs de France Télévision
n'aient pas tenté de mettre fin à ces disparités.
Les données relatives aux rémunérations de France 2
et France 3 mettent en évidence le clivage existant,
résultant de l'écart entre les rémunérations
moyennes des deux sociétés. La rémunération moyenne
du salarié permanent de France 2 est supérieure de plus de
15 % à celle du salarié de France 3. Et pourtant
l'évolution de ces rémunérations moyennes dans le temps
est assez parallèle dans les deux sociétés. Il semble que
la population de France 3 étant plus
âgée
que
celle de France 2, le V du GVT y soit plus faible puisque les
échelles de la convention collective ont leur concavité
dirigée vers le bas, ce qui laisse à la direction de
France 3 une meilleure marge de manoeuvre pour une vraie politique
salariale, dont on voit qu'elle porte essentiellement sur les
journalistes : un journaliste de France 3 a un espoir de promotion
triple de celui d'un journaliste de France 2.
· Un alignement potentiellement contenu
Il est clair que les salaires, comme les cachets ou les piges, sont moins
élevés à France 3 qu'à France 2 et on n'a
là rien que de très habituel, compte tenu du poids relatif des
masses salariales dans les chiffres d'affaires des deux sociétés.
Leur rapprochement au sein d'une UES pourrait coûter cher. En effet,
l'alignement brutal du système de rémunération de
France 3 sur celui de France 2 serait d'un prix exorbitant. La
présidence de France Télévision l'aurait estimé
à plus de deux cents millions de francs par an.
A cela il faut ajouter une série de conséquences indirectes.
La première est que Radio France ne resterait pas en marge d'une
telle action, surtout si elle a été imposée par un
tribunal ou si elle est le résultat d'une action comme une grève
ou un mouvement social.
Enfin une telle politique de rattrapage aurait pour effet de pérenniser
des organisations du travail obsolètes. Car une autre erreur de la
convention collective nationale et unique est qu'elle décrit les
métiers de l'audiovisuel avec précision et rigueur, mais... ce
sont les métiers de 1984, bien différents de ce qu'ils sont
aujourd'hui, compte tenu de l'évolution technique.
En définitive, une révision de la convention collective sera sans
doute une opération coûteuse. Mais il faudra bien l'adapter
à l'évolution technique, en tenant compte des engagements pris
par les pouvoirs publics. En ce domaine, justice sociale et adaptation
technique seront difficiles à concilier. Mais il faudra néanmoins
le réaliser.
B. FRANCE 2
Secouée par l'affaire des animateurs-producteurs, cette chaîne rencontre des problèmes d'identité. Son image reste floue tant les missions de secteur public paraissent avoir du mal à s'imposer aux impératifs d'audience.
1. Résultats 1996
Les comptes de 1996 sont caractérisés par un
montant important de provisions permettant de couvrir les risques liés
aux activités de développement de France 2, notamment dans
les chaînes thématiques et dans TPS, au futur
déménagement de la société en 1998 et à la
dépréciation des stocks de programmes. Les provisions
passées au titre de ces trois postes sont supérieures de
225 millions au montant des provisions passées en 1995.
En 1996, avec un total de 5 387,2 millions, le chiffre d'affaires de
France 2 a progressé de 313 millions, soit + 6,2 %
(contre 2,8 % en 1995), en raison essentiellement de la croissance de ses
recettes commerciales qui assurent 70 % de la progression du chiffre
d'affaires.
La part de la redevance dans le financement de France 2 est passée
de 49,2 % en 1995 à 48,1 % en 1996. Malgré un
environnement économique difficile, marqué notamment par un
ralentissement des investissements publicitaires au quatrième trimestre,
les recettes publicitaires nettes ont progressé de 8 % et les
parrainages de 18,5 %.
Les provisions pour dépréciation de programmes affectent
l'interprétation de l'évolution des charges d'exploitation :
celles-ci ont augmenté de 8,6 % mais de 6,6 % à
provisions constantes. De même, la hausse du coût de la grille
+ 9,7 % par rapport à 1995 n'est plus que de 5 % hors
augmentation des provisions pour dépréciation de programmes.
Cette évolution tend également à un accroissement des
dépenses liées à deux événements sportifs
majeurs, les Jeux Olympiques d'Atlanta et la Coupe d'Europe de football.
Dans ce contexte, le résultat d'exploitation de France 2 en 1996
est négatif de 24,2 millions de francs et le résultat net
global de 199,3 millions. Hors effet du surplus de provisions
expliqué précédemment, le résultat d'exploitation
aurait été positif de 125,8 millions
(+ 240 millions en 1995) et le résultat net de
25,7 millions (+ 60,7 millions en 1995).
Obligations de France 2 pour les quotas de diffusion
en
1996
Types de programmes |
OBLIGATIONS LEGALES DE DIFFUSION |
|||
|
sur l'ensemble de la journée |
aux heures de grande écoute |
||
|
origine européenne
|
origine française
|
origine européenne 60 % |
origine française
|
Oeuvres cinématographiques |
67,2 % |
61,7 % |
68,2 % |
63,6 % |
Oeuvres audiovisuelles |
70 % |
47,4 % |
71 % |
54,2 % |
2. Exécution du budget 1997 et perspectives 1998
·
Exécution 1997
A la mi 1997, la situation financière de la chaîne apparaissait
fragile. Les économies imposées à la chaîne par la
tutelle pour cet exercice étaient considérables :
205 millions de francs. Elles consistaient dans :
1/
La renégociation des contrats avec les
animateurs-producteurs
: au lieu des 140 millions de francs
escomptés,
l'économie nette
s'est montée à
96 millions de francs, dont
70 millions de francs
seulement
s'imputeront sur l'exercice 1997. Il a également été
procédé à l'étalement de l'objectif des 17 %
du chiffre d'affaires, investis dans la production audiovisuelle avec pour
objectif une économie de 48 millions de francs. En outre, il avait
été envisagé des économies sur la gestion de stocks
qui devaient donner lieu à de moindres dépréciations
arbitrairement fixées à 60 millions de francs. Enfin,
diverses économies devraient être trouvées au niveau de la
gestion courante avec la renégociation des contrats avec certains grands
fournisseurs comme l'INA et TDF et de certains instruments comme France
Supervision.
Le budget initial de 1997, 4 882 ,3 millions de francs, se situe au
niveau du budget initial de 1996, soit 4 880 millions de francs, mais
inférieur de près de 100 millions au budget rectificatif de
1996, qui se monte à 4998,1 francs.
Compte tenu de l'évolution du coût de la grille des programmes et
de certaines dépenses imprévues liées à la campagne
électorale estimées à 26 millions,
il s'agit d'un
budget difficile " à boucler " et dont le financement,
s'il s'avère finalement possible, reposera, une fois de plus, sur
l'augmentation des recettes publicitaires.
Au 30 juin 1997, France 2 avait obtenu presque
1 300 millions de francs de recettes publicitaires par rapport
à un objectif annuel de 2 417 millions de francs. On peut donc
espérer que l'objectif ambitieux fixé pour 1997 sera atteint.
On note que la participation de France 2 à TPS sera assurée
par un prélèvement sur la trésorerie, pour un montant de
30 millions de francs pour TPS et 3,2 millions de francs pour la
chaîne Histoire et 4 millions pour la chaîne Festival. Mais
est-ce de bonne gestion pour un organisme n'ayant pas de trésorerie
florissante de financer ainsi ce qui devrait être un investissement
à long terme ?
·
Les perspectives 1998
L'examen des perspectives pour 1998 fait apparaître, au-delà de la
croissance globale de 2,1 %, trois ambitions qui méritent
d'être signalées :
1/
L'accroissement des recettes de publicité et de parrainage de
4,2 %
confirme aux objectifs du Gouvernement ;
sa relative
modération ne doit pas faire oublier que le marché de la
publicité n'est pas à l'abri d'une guerre des prix qui pourraient
rendre ces objectifs plus difficiles à atteindre
;
2/
La baisse de la part des ressources publiques dans le budget de France 2
qui passe de 47,9 % à 47 %,
phénomène
d'autant plus important qu'il se double d'une
diminution en valeur absolue
et en part relative de la redevance au profit des subventions du chapitre
43-01
. Or, et cette réflexion va dans le même sens que les
observations du ministre lors de son audition devant la commission des
finances,
ne vaudrait-il pas mieux privilégier les ressources de
redevances aux subventions budgétaires, naturellement plus instables et
sujettes à des régulations désormais chroniques
?
3/ Des
économies de 33,2 millions
de francs par rapport aux
108,9 millions de francs nécessaires pour d'atteindre le budget
d'ajustement technique, c'est-à-dire le socle minimum permettant
d'assurer la reconduction des activités sans nouveaux
développements.
En revanche, cet effort d'économies a pour contrepartie l'octroi d'une
mesure nouvelle de 96 millions de francs destinée aux programmes.
C. FRANCE 3
Cette chaîne poursuit sa progression en audience et en résultats financiers.
1. Résultats 1996
En 1996, France 3 a réalisé un chiffre
d'affaires de 5 444,8 millions de francs en croissance de 3,2 %,
notamment en raison d'une augmentation de 0,7 % des recettes de redevance
et d'une progression plus forte des recettes publicitaires. L'exercice
dégage un résultat net de 9,6 millions de francs,
supérieur de 2,2 millions de francs à celui de
l'année précédente.
Le résultat de gestion présente un excédent de
58,2 millions de francs se décomposant en un solde
budgétaire déficitaire de 25,1 millions de francs (soit
0,4 % du total des dépenses) et un accroissement de la valeur de
stock de programmes de 83,3 millions de francs.
On note donc que le solde budgétaire qui mesure l'adéquation
entre les ressources et les dépenses ainsi que le respect des
autorisations de dépenses devient pour la première fois en cinq
ans légèrement négatif.
Cette situation s'explique par la nécessité de constituer le
stock de programmes et résulte, notamment, des règles
d'amortissement dégressif dont la modification des coefficients a
alourdi la dotation de 17 millions de francs.
2. Exécution du budget 1997 et perspectives 1998
·
Exercice 1997
En 1996, votre rapporteur avait signalé, comme pour France 2,
l'insuffisance du financement des charges pour l'exercice 1997.
Il avait souligné que le risque majeur était l'insuffisance des
recettes commerciales : le budget 1997 avait fixé à
1 585 millions de francs l'objectif des recettes publicitaires, soit
un niveau supérieur de près de 200 millions de francs
au-dessus du résultat de 1996. Or le fléchissement du
marché publicitaire à la fin 1996 et au début 1997 a paru
confirmer les craintes de votre rapporteur.
En effet, si la croissance du produit brut publicitaire de France 3 est
supérieure à 6 %, il semblerait que le produit net se situe
à un niveau sensiblement inférieur, sans doute moitié
moindre.
En dépit du redressement observé avec le bon
comportement de l'audience de la chaîne à la rentrée de
l'automne 1997, les objectifs commerciaux ne seront sans doute pas atteints
.
A ce déficit commercial, il faut ajouter les charges exceptionnelles
liées aux élections - 20 millions de francs - et au
sommet mondial de la jeunesse, 4 millions de francs.
En
définitive, le résultat pour l'exercice pourrait être
estimé, à deux mois de la fin de l'année, à un
montant compris entre - 20 et - 50 millions de francs.
·
Perspectives 1998
Le projet de budget pour 1998 affiche une croissance de 2,5 % pour
atteindre 5 643,6 millions de francs. Les mêmes causes
produisant les mêmes effets, on peut faire sur ce budget des commentaires
proches de ceux faits à l'occasion de la présentation du budget
de France 2 :
1/
La croissance de 4,6 % des recettes de publicité et de
parrainage, apparemment " modérée " reste un objectif
ambitieux si l'on considère l'évolution probable du produit net
au premier semestre 1997
;
2/
La part des ressources publiques baisse légèrement pour
passer de 60,7 % à 60,2 %,
ce qui résulte de la
croissance plus faible, 1,6 %, des ressources publiques par rapport
à celles de publicité et de parrainage. A cela s'ajoute, comme
pour France 2, la régression des revenus de la redevance et
l'augmentation des subventions, ce qui accroît la
vulnérabilité de la chaîne à d'éventuelles
régulations budgétaires.
3/ Enfin,
les mesures d'économies demandées,
51,7 millions, sur les moyens de reconduction sont d'autant plus
importantes qu'elles sont à peine compensées, à la
différence de France 2, par les mesures nouvelles qui ne se montent
qu'à près de 60 millions de francs
.
II. LE CINQUIÈME RÉSEAU
Dès l'origine, votre rapporteur s'est prononcé
en faveur d'une structure commune préconisant la création d'une
holding sur une base paritaire.
La solution choisie par le précédent Gouvernement, la fusion,
pouvait créer des malentendus de nature à freiner le dynamisme de
la nouvelle entité.
La désignation de M. Jérome Clément, président
d'ARTE, comme président-directeur général de la
Cinquième en avril 1997, puis la nomination par celui-ci de personnes
venant d'ARTE, aux postes clefs de secrétaire général et
de directeur financier, est une première étape dans le
rapprochement institutionnel interrompu par suite de l'abandon du projet de loi
audiovisuelle discuté en première lecture en février 1997.
En revanche, la fusion avait été pleinement anticipée sur
le plan financier. Il avait été exigé des économies
drastiques d'un montant total de 140 millions de francs.
Les
difficultés créées par ces réductions autoritaires
de crédits,
auxquelles il faut ajouter les craintes des personnels
au sujet de leur statut ainsi que les tensions inévitables liées
aux questions de personnes, ont à l'évidence
déstabilisé le nouvel ensemble. Il est urgent que le
président commun aux deux chaînes et le ministre prennent les
mesures nécessaires pour rassurer les personnels et pour dissiper ce
malaise qui ne facilite pas une question déjà rendue complexe par
les différences de statut et de mode de fonctionnement des deux
chaînes.
Sur le plan institutionnel, on doit d'abord rappeler les
spécificités d'ARTE. Celle-ci, parce qu'elle résulte d'un
traité international, n'est pas soumise à la
réglementation de l'audiovisuel : aucun texte légal ou
réglementaire, national ou communautaire n'en définit
précisément les missions et les règles de
fonctionnement ; son dirigeant échappe au mode de
désignation de droit commun en matière audiovisuelle,
c'est-à-dire sa nomination par le Conseil Supérieur de
l'Audiovisuel.
Votre rapporteur espère que la fusion en cours sera l'occasion de
rapprocher la SEPT-ARTE, du secteur public, même s'il lui faut tenir
compte du traité franco-allemand de 1992.
Mais votre rapporteur persiste à attirer l'attention sur
les
différences de mode de fonctionnement entre les deux chaînes
:
la Sept est surtout un diffuseur qui édite, tandis que la
Cinquième un éditeur qui diffuse. Le rapprochement entre les deux
chaînes passe par l'alignement de la politique de programmation de la
Sept sur celle de la Cinquième : la Sept devrait sous-traiter sa
production aux autres chaînes publiques françaises comme ARTE
Deustchland le fait en Allemagne. Cette situation tend à isoler la SEPT
dans le système audiovisuel français, à limiter ses
échanges avec les autres diffuseurs.
A. LA CINQUIÈME
La réduction des crédits, le départ de
leur président nommé à la tête de RFO, la crainte
manifestée par les personnels de cette chaîne d'être mis
à l'écart au profit des équipes venues d'ARTE, ont
contribué à déstabiliser une chaîne, qui avait
déjà bien du mal à trouver son équilibre et
à offrir une image nette à ses publics.
Votre rapporteur s'était d'ailleurs inquiété de l'absence
de ligne éditoriale, qui résultait d'un cahier des charges trop
ambitieux.
Les restrictions budgétaires vont accentuer ces évolutions. Il
faut regretter la méthode : excès de laxisme, au départ,
avec la rédaction d'un cahier des charges trop souple, excès de
rigueur, par la suite avec des diminutions de crédits trop brutales pour
ne pas créer des perturbations durables. Si l'on avait mieux
cadré les choses au début, on aurait évité ensuite
d'essayer de les encadrer de façon peu réaliste.
1. Exercice 1997
801,2 millions de francs en 1996,
le budget de La Cinquième passe en 1997 à 730,5 millions de
francs et atteint ainsi un niveau inférieur à son niveau de
départ (755 millions de francs en 1995). Si la diminution
affichée des ressources s'élève à 70 millions
de francs,
il s'agit en fait d'une réduction nette de
87,7 millions de francs des moyens effectivement attribués à
la société
. En effet, la modification de la structure des
ressources, caractérisée par une part prépondérante
de la redevance, se traduit par un versement complémentaire de
12 millions de francs au compte de soutien à l'industrie des
programmes. C'est donc, en fait,
une diminution réelle de ses
ressources de 11%
à laquelle la Cinquième devra faire face en
1997, alors que la montée en charge progressive de certaines
dépenses (droits d'auteurs, loyers) négociée lors de la
mise en place de la société prendra son plein effet cette
année.
Compte tenu de ces contraintes, l'option a été prise de
présenter au Conseil d'Administration un projet de budget qui
préserve toutes ses chances au développement, notamment à
la banque de programmes et de services
qui est en avance sur le plan
mondial. La société n'ayant bénéficié
d'aucune " mesure nouvelle " au titre de 1997, cette action
est
assurée par un redéploiement de moyens existants, notamment en
matière de personnel. La société lui consacrera environ
1 % de ses ressources. Ce redéploiement résulte
essentiellement
d'un prélèvement maximal sur les moyens de
fonctionnement de la société, notamment ceux qui sont
consacrés à la communication
: La Cinquième a ainsi
tenu compte des remarques formulées pour l'ensemble de la
télévision publique par l'Inspection des Finances. Les
dépenses consacrées aux programmes subissent une diminution
proportionnelle à celle des ressources de la société mais
elles représentent toujours environ 70% du budget fonctionnel. La
réduction du budget consacré à la production et à
l'achat de programmes impliquera un recours systématique aux
multidiffusions, et, au mieux, une stabilisation du stock mais cela en fonction
de critères de choix qui permettront le maintien d'une grille de
qualité conforme aux missions de la chaîne.
·
Les ressources
Le montant total des ressources inscrites au budget de La Cinquième
pour 1997 s'élève à 730,5 millions de francs,
dont 670,5 millions de francs de ressources d'exploitation :
soit
- Redevance : 587,9 millions de francs
- Crédits budgétaires : 50,1 millions de francs
- Publicité - parrainage : 20,8 millions de francs
- Autres ressources propres : 3,7 millions de francs
- Produits financiers : 8,0 millions de francs
et 60 millions de francs de ressources d'investissement, financées
en totalité par attribution d'une quote-part sur le produit de la
redevance.
Depuis sa création, la structure des recettes de La Cinquième a
été considérablement modifiée. Alors que la
redevance représentait 43 % de ses recettes en 1995, elle
pèse désormais plus de 88 % dans le budget de l'exercice
1997. Cette évolution a des effets négatifs sur les charges qui
pèsent sur la société, plusieurs taxes ou versements
assimilés étant indexés sur le montant de la redevance.
·
Les emplois
La Cinquième consacre la majeure partie de ses recettes à la
production et à l'acquisition de programmes. Son budget
général étant en baisse, cette enveloppe diminue cependant
sensiblement en 1997 et passe de 459 millions de francs à
406,9 millions de francs.
De surcroît, la société a souhaité affecter
7,5 millions de francs cette année à la mise en place de la
Banque de Programmes et de Service, afin de mener à bien tout au long de
l'année la phase expérimentale et de pouvoir envisager d'entrer
dans une phase d'exploitation en 1998.
Le tableau ci-dessous montre également l'effort déjà
mentionné de maîtrise des frais de fonctionnement.
Dépenses d'exploitation : 670,5 millions de francs dont :
- Achats de programmes : 346,9 millions de francs
- Banque de programmes et de services : 7,5 millions de francs
- Autres dépenses liées aux programmes : 101,7 millions de
francs
- Coût de la diffusion -tous supports- : 135,2 millions de francs
- Impôts et taxes : 6,0 millions de francs
- Fonctionnement général : 73,2 millions de francs
Dépenses d'investissement : 60 millions de francs
55(
*
)
(totalement consacrées aux acquisitions de programmes)
2. Perspectives 1998
Le projet de budget pour 1998 est en
croissance de 7,1% par rapport à 1997, marquant une
nette
volonté de rattrapage
. On note cependant que cette croissance accrue
ne se traduit pas par une augmentation des dépenses de programmes mais
par celle des dépenses de fonctionnement, qui, si l'on s'en tient aux
frais de gestion courante et aux dépenses de personnels, augmentent de
façon sensible, soit respectivement 15 % et 17 %.
|
1997 |
1998 |
1998/1997 |
|
1997 |
1998 |
1998/1997 |
programmes |
346,9 |
358,4 |
3,32 |
redevances |
587,9 |
650,9 |
10,72 |
autres progr. |
2,6 |
2,6 |
0,00 |
subventions |
50,1 |
40 |
- 20,16 |
services ext. |
146,1 |
152 |
4,04 |
publicité |
14,1 |
19,3 |
36,88 |
autres serv. ext |
27,9 |
37,9 |
35,84 |
parrainage |
6 |
2,6 |
- 56,67 |
impôts |
6 |
7,1 |
18,33 |
recettes div. |
3,7 |
3,7 |
0,00 |
personnel |
63,4 |
67,8 |
6,94 |
produits fin. |
9,5 |
4,5 |
- 52,63 |
gestion courante |
69,2 |
79,8 |
15,32 |
total |
671,3 |
721 |
7,40 |
charges finan. |
2,4 |
2,4 |
0,00 |
|
|
|
|
amortissements |
6,8 |
13 |
91,18 |
|
|
|
|
total |
671,3 |
721 |
7,40 |
|
|
|
|
B. ARTE
La chaîne franco-allemande peut faire état
d'une
percée en matière d'audience
. Celle-ci a atteint des
niveaux records au cours de l'été 1997 : 3,4 % en
France et 0,7 % en Allemagne. On rappelle que la situation n'est pas
comparable dans chaque pays :
outre-Rhin, ARTE n'est que l'une des
34 chaînes du câble reçus par 60 % de la
population.
A ce succès d'audience s'ajoute la reconnaissance internationale :
pendant six mois, le monde de la radio et de la télévision de
New-York a rendu hommage à la chaîne en montrant au public une
sélection de ses programmes.
1. Évolution 1996 et 1997
En 1996, grâce à un effort important
d'économies sur ses dépenses d'exploitation, -9,7 milliards de
francs-, les charges ont pu une nouvelle fois été
inférieures à celles présentées lors du budget
initial : 986,3 millions de francs contre 992 millions de francs.
On note également la poursuite de la baisse des achats de programmes qui
diminue régulièrement pour atteindre 413 milliards de francs
contre 487 milliards de francs en 1987.
Cette évolution se traduit par une diminution sensible des stocks de
programmes qui sont passés en quatre exercices de 475 à 347
milliards de francs.
Le budget primitif 1997 est construit en équilibre sur la base d'un
montant de 939 millions de francs en diminution de 53 millions de
francs par rapport à 1996, conforme au projet de loi de finances 1997
présenté et adopté par le Parlement. Ce projet,
présenté au Conseil de Surveillance du 27 septembre 1996,
reposait notamment sur un objectif d'économie de 93,2 millions de
francs. Ces économies ont été prises en compte de la
manière suivante dans le budget primitif :
- les 6 millions de francs sur la communication : le budget
communication/éditions passe effectivement de 28 millions de francs
à 22 millions de francs. Cette diminution qui concerne à la
fois les relations avec le public, les relations presse et la publicité,
constituera un handicap réel pour la stratégie d'audience et
d'image de la chaîne.
- les 7,2 millions de francs sur la diffusion sur le
cinquième réseau : l'annulation des mesures 1996 d'extension du
cinquième réseau, dont une partie avait été
effectivement engagée, ainsi que la non indexation des tarifs TDF en
1997 ont été prises en compte conformément aux
orientations données par la Tutelle. L'application de ces deux mesures
devra être négociée avec TDF et les collectivités
locales concernées. Tous les élus locaux concernés ont
réagi par écrit à l'annonce qui leur a été
faite en contradiction des orientations annoncées les années
précédentes.
- les 14,2 millions de francs sur la diffusion satellite : cette
économie, correspond à l'arrêt de la diffusion analogique
sur Eutelsat a été prise en compte, puisque le budget diffusion
satellite ne s'élève plus qu'à 6 millions de francs.
Il convient de noter que la poursuite de la diffusion analogique
souhaitée par le Ministère des Affaires Etrangères
représenterait un coût annuel de 12,7 millions de francs : il
y a donc un risque budgétaire de 6,7 millions de francs.
- les 65,8 millions de francs d'économies au titre du
regroupement avec La Cinquième : elles n'ont pas été
prises en compte comme telles, le calendrier et les modalités de ce
rapprochement n'ayant pas été précisés.
Néanmoins, pour tenir compte de la réalité des ressources
prévues dans le projet de loi de finances voté par le Parlement,
la Sept-ARTE a prévu pour 1997 des mesures d'économies
spécifiques pour certains secteurs : développement, contribution
au GEIE, services communs et administration générale,
investissements.
Dans ces conditions, le solde disponible pour le budget de programmes
s'élève à 368,7 millions de francs, ce qui
représente une diminution considérable pour la quatrième
année consécutive : 487 millions de francs en 1993,
451 millions de francs en 1994, 418 millions de francs en 1995 et
409 millions de francs en 1996.
La Sept-ARTE s'est efforcée par tous les moyens de réduire le
coût de la grille 1997 : accroissement des rediffusions, remplacement de
productions par des achats, diminution du coût des magazines. Il
apparaît que ce coût qui était de 450 millions de
francs en 1995 et de 420 millions de francs en 1996, ne pourra être
inférieur à 406 millions de francs. Le respect du budget de
programmes de 368,7 millions de francs repose donc sur une
hypothèse de destockage de l'ordre de 37,3 millions de francs et de
plus de 50 heures en volume qui si l'on s'en tient aux frais de gestion
courante et aux dépenses de personnels augmentent de façon
sensible, soit respectivement 15 % et 7 %.
2. Perspectives 1998
Le présent projet de loi de
finances témoigne également d'une volonté de rattrapage :
le budget pour 1998 est marqué par une hausse de 7,3 %. Les
investissements en programmes reprennent avec une croissance de plus de
18 %.
|
1997 |
1998 |
1998/1997 |
|
1997 |
1998 |
1998/1997 |
program. |
17 |
5,3 |
- 68,82 |
redevance |
454,6 |
566,5 |
24,62 |
autres pgm. |
8,6 |
8,2 |
- 4,65 |
subvent. |
140,8 |
40 |
- 71.59 |
serv. ext. |
144,7 |
142,8 |
- 1,31 |
recettes commerciales |
9 |
9 |
0,00 |
aut. serv. ext. |
28,8 |
36 |
25,00 |
services rendus |
2 |
|
- 100,00 |
impots |
6 |
7,3 |
21,67 |
produits financiers |
3,9 |
3,4 |
- 12,82 |
personnel |
74,8 |
76,5 |
2,27 |
|
610,3 |
618,9 |
1,41 |
gest. courante |
321,5 |
333,9 |
3,86 |
|
|
|
|
dont groupt d'int. éco. eur. |
243, |
245,8 |
1,15 |
|
|
|
|
amortissement |
8,9 |
8,9 |
0,00 |
|
|
|
|
sous total |
610,3 |
618,9 |
1,41 |
sous total |
610,3 |
618,9 |
1,41 |
|
|
|
|
|
|
|
|
immobilisation |
338,9 |
398,9 |
17,70 |
amortissem. |
8,9 |
8,9 |
0,00 |
dont program. |
330 |
390 |
18,18 |
redevance d'investiss. |
330 |
390 |
18,18 |
dont corporel. |
8,9 |
8,9 |
0,00 |
|
|
|
|
sous total |
338,9 |
398.9 |
17,70 |
|
338,9 |
398,9 |
17,70 |
|
|
|
|
|
|
|
|
total |
940,3 |
10008,9 |
7,30 |
|
940,3 |
1008,9 |
7,30 |
3. Le rapprochement en cours
Bien que les réponses officiellement adressées
à votre rapporteur soient particulièrement évasives, il
résulte des contacts et des informations parues dans la presse que les
premières réformes de structures aient été
programmées et des orientations stratégiques définies.
D'abord, et cela n'étonne en aucune manière votre rapporteur,
le rapprochement des deux chaînes ne devrait pas se traduire par des
économies de fonctionnement considérables, tout au plus quelques
millions de francs.
Cela était prévisible, compte tenu de la
faiblesse de la masse salariale. Et ce qui coûte cher, ce sont les
programmes.
Mais, au-delà d'une réforme de structure qui ne se traduise par
le regroupement des activités éditoriales de La Cinquième
en cinq départements, il est important d'attirer l'attention sur les
nouvelles orientations stratégiques
de
M. Jérôme Clément tendant à renforcer les liens
entre la chaîne hertzienne et le multimédia.
La Cinquième devrait être la vitrine de la bibliothèque
de programmes éducatifs que constitue la chaîne.
Le nouveau président met aussi l'accent sur
le projet de Banque de
programmes et de services -BPS
- développé au sein de la
Cinquième.
A partir de la consultation d'une base de données sur le serveur
Internet de La Cinquième, la BPS offre la possibilité de recevoir
à la demande des programmes audiovisuels sur un micro-ordinateur, qui
les stocke dans son disque dur. Chaque programme est accompagné d'une
documentation (concept, synopsis, extrait vidéo, voire fiche
pédagogique) qui en fait un véritable outil pédagogique
immédiatement exploitable.
L'utilisateur se connecte sur le site Internet de La Cinquième et
sélectionne un programme avec un moteur de recherche
multicritères pour accéder à une description en ligne. Il
peut alors commander le téléchargement du programme
intégral sur son disque dur. Ce téléchargement s'effectue
par satellite numérique, au moyen d'une parabole standard reliée
à l'ordinateur. L'utilisateur peut ensuite visionner librement le
programme sur l'écran de son ordinateur, et/ou sur un écran de
télévision, ou encore sur un réseau local de diffusion
vidéo.
A ce jour, la BPS contient
3023 programmes
avec leur documentation.
Certains sont issus de la programmation de La Cinquième et d'autres
(
130 programmes extérieurs
) proviennent de partenaires divers, en
augmentation constante, avec lesquels sont passées des conventions.
Enfin, on peut noter que conformément à ce qui a
été annoncé par Madame la ministre de la Culture et de la
Communication,
ARTE et La Cinquième ont rejoint le bouquet Canal
Satellite.
Elles sont diffusées en clair et accessibles aux
téléspectateurs équipés d'un terminal
numérique DVB, sans exclusivité et sans souscription.
III. L'INSTITUT NATIONAL DE L'AUDIOVISUEL
En dépit de ses efforts de restructuration, l'Institut connaît toujours une période difficile : TF1 se désengage ; la demande du secteur public se contracte. Toutefois, à moyen terme, d'autres marchés pourraient apparaître avec les nouvelles technologies. L'INA souhaite s'y préparer. Dès maintenant, il participe à la nouvelle chaîne thématique " Histoire ".
A. LE BUDGET - RÉSULTATS 1996 - EXÉCUTION 1997
L'exercice 1996
a fait apparaître un
bénéfice net comptable de 3,3 millions de francs.
Ce résultat a été obtenu en dépit du
désengagement de TF1, devenu effectif en 1996, qui a eu pour
conséquence une perte de chiffre d'affaires de 22 millions de
francs par rapport à 1995 et de 26 millions de francs par rapport
à 1994.
Afin de tenir compte de cette situation, les ressources publiques ont
été augmentées (redevance et subvention) de
38,3 millions de francs pour atteindre 336,6 millions de francs.
Cet effort de l'État, qui va donc au-delà des conséquences
du retrait de TF1, est justifié par un contexte commercial plus
difficile :
· INA-Formation, en diversifiant ses marchés, a permis en 1996 de
dégager 3,5 millions de francs auprès de clients nouveaux.
Mais les difficultés constatées avec ses clients traditionnels,
notamment le Ministère de la Coopération et les diffuseurs
publics, freinent toujours son chiffre d'affaires.
· La forte croissance réalisée sur les cessions
d'émissions intégrales (+ 27 %) et la bonne tenue des
cessions d'extraits ont compensé la baisse sensible du produit des
éditions de vidéo cassette, dont le développement se
heurte aux problèmes juridiques de libération des droits.
L'exercice 1997
se ressent également des difficultés
financières qui affectent l'ensemble du secteur public de l'audiovisuel.
En effet, si le budget de l'Institut se trouve maintenu avec une dotation de
fonds publics en légère augmentation de 2,7 millions de
francs, (1,7 million de francs et 1,0 million de francs de subvention
accordée sur la réserve parlementaire), les efforts
demandés à l'ensemble du secteur font peser d'importantes
incertitudes sur les chiffres d'affaires prévus avec les partenaires
publics, et notamment France Télévision.
Pour faire face à la baisse de ses ressources contractuelles, l'Institut
met en oeuvre un
plan " INA 2000 ".
Celui-ci se
traduit par
une réorganisation de l'Institut en trois département
(Département des Droits et de L'archivage, Département de
L'innovation et Inathèque) aboutissant à conférer à
chaque unité son budget et à fixer un objectif de contribution
destiné à financer les fonctions transversales et le
développement des projets communs.
(en millions de francs)
|
REALISE 95 |
BUDGET 96-1 |
REALISE 96 |
BUDGET 97-1 |
Recettes contractuelles |
293,0 |
273,0 |
266,4 |
272,3 |
Redevance et subvention |
298,3 |
337,5 |
336,6 |
340,2 |
Produits financiers |
9,9 |
7,0 |
7,0 |
5,0 |
Total produits |
601,2 |
617,5 |
603,0 |
617,5 |
Personnel permanent |
297,0 |
312,9* |
309,2 |
325,6 |
Fonctionnement des services |
242,3 |
251,6 |
235,6 |
241,8 |
Amortissements hors programmes |
45,0 |
53,0 |
47,6 |
50,1 |
Total Charges |
584,3 |
617,5 |
594,4 |
617,5 |
Résultat budgétaire |
16,9 |
0,0 |
7,6 |
0,0 |
Résultat sur production immobilisée |
- 10,4 |
0,0 |
+ 0,6 |
0,0 |
Résultat sur provision et divers |
- 3,9 |
0,0 |
- 14,6 |
0,0 |
Résultat comptable |
+ 2,6 |
0,0 |
+ 3,3 |
0,0 |
* incluant heures normales, heures supplémentaires
et taxes transport-logement
Le budget 1997 a été bâti sur trois principes.
·
Équilibre des ressources publiques et commerciales :
Un objectif de recettes contractuelles
réaliste, inférieur
à l'objectif fixé dans la loi de finances pour 1997, a
été retenu, à hauteur de 272,3 millions de francs,
sur la base des flux d'activités prévisionnels de chaque
département.
Ce montant, équivalent à la
redevance
perçue en
1997, (hors Inathèque), s'établit en croissance de 3 % par
rapport au niveau de réalisation constaté en 1996 (264,0 millions
de francs).
·
Répartition équilibrée des moyens financiers en
fonction de la spécificité de chaque secteur de l'INA
:
Compte tenu de la capacité de chaque département sur le
marché, il a été prévu que les fonds publics
concourent :
- à l'intégralité des ressources de l'Inathèque,
- aux deux tiers des ressources de l'Innovation,
- au tiers des ressources des Droits et Archivage.
·
Solidarité entre les activités
D'une part, le taux de contribution des trois départements aux charges
communes, exprimé en pourcentage de leurs ressources, est fixé de
façon identique (14,5 % des ressources).
D'autre part, une réserve budgétaire globale a été
constituée à hauteur de 4,0 millions de francs. Elle sera
mobilisée progressivement pour financer des projets communs. Elle
permettra également, le cas échéant, de procéder
aux éventuels ajustements budgétaires entre les
départements.
Enfin, pour permettre de faire face aux difficultés qui pourraient
apparaître dans ses relations avec France Télévision, une
provision budgétaire pour risque commercial d'un montant de
5 millions de francs a été prévue à ce titre.
B. PERSPECTIVES POUR 1998
Aucun projet de budget prévisionnel pour 1998
n'étant encore disponible, il n'a été communiqué
à votre rapporteur qu'une note de synthèse présentant les
principaux objectifs de l'INA pour 1998.
Si la conquête de nouveaux clients reste une priorité, que ce soit
pour la fourniture de programmes ou de la formation, l'Institut met aussi
l'accent sur ses missions de service public :
1.
Mise en oeuvre en 1998 de la fonction
" consultation " de
l'Inathèque France
avec l'aménagement d'une antenne dans les
locaux de la Bibliothèque Nationale de France. Les 63 stations de
travail multimédia, qu'il est prévu d'installer,
nécessitent la création d'une trentaine de postes de travail
(documentalistes, techniciens, magasiniers et gestionnaires). Le budget
prévisionnel est fixé, pour 1998, à 25 millions
de francs en investissements et 22,8 millions de francs en fonctionnements
(37,5 millions de francs en année pleine). On note que 15 stations
sont déjà accessibles au centre de préfiguration de
l'Inathèque à Tolbiac. Cette nouvelle fonction constitue le
complément indispensable de la mission de dépôt
légal.
On peut rappeler que, depuis l'extension au domaine de la
radiotélévision de l'obligation du dépôt
légal par la loi du 20 juin 1992, un patrimoine audiovisuel
appréciable a été constitué.
Inathèque de France : budget 1997 et prévisions 1998
LA COLLECTE |
|
|
TF1 |
3 600 |
heures |
F2 |
3 900 |
heures |
F3 |
2 500 |
heures |
Canal + |
1 800 |
heures |
La 5 ème |
3 500 |
heures |
ARTE |
900 |
heures |
M6 |
1 350 |
heures |
Publicité |
50 |
heures |
|
|
|
Total |
17600 |
heures |
déposées |
et gravées |
en 1996 |
Inathèque de France : budget 97 et
prévisions 1998
Effectif 1997 |
103 personnes |
Collecte |
28 |
||
|
|
Traitement technique |
13 |
||
|
|
Traitement documentaire |
34 |
||
|
|
Consultation (préfiguration) |
8 |
||
|
|
Informatique |
5 |
||
|
|
Adm/Secrétarait |
5 |
||
|
|
Echelon direction |
10 |
||
|
|
|
|
||
Budget de fonctionnt. 1997 |
67,9 millions de francs dont |
Personnel |
28 |
||
|
|
Achat et variation de stock |
5,7 |
||
|
|
Frais de fonctionnement |
19,3 |
||
|
|
Prestations techniques internes |
5,9 |
||
|
|
Amortissement |
9 |
||
Prévisions 1998 |
selon hypothèses aménagement consultation* |
||||
Fonctionnement |
68 + 22 = 90 millions de francs (glissé à 2 %, soit 92 millions de francs) |
||||
Investissement |
25 millions de francs |
||||
Effectifs |
135 personnes* |
* Hypothèse ouverture BNF : 9 heures - 17
heures, 6 jours/semaine
L'ensemble des 35 000 heures de programmes annuels, recopiées et
documentées sont accessibles au centre de consultation de
l'Inathèque dans un délai n'excédant pas trois mois
après la diffusion grâce à la rationalisation des
procédures de collecte. Simultanément, le programme de reprise
d'antériorité s'est poursuivi, permettant aux usagers la
consultation de plus de 2 500 documents antérieurs au
1
er
janvier 1995.
En ce qui concerne la consultation et dans l'attente de l'ouverture du centre
de la Bibliothèque Nationale de France, l'Institut poursuit de
façon sélective une politique de partenariat et d'accueil :
35 conventions ont été signées et près de
1 600 usagers ont reçu une accréditation pour travailler sur
les fonds de la radio et de la télévision conservés par
l'INA.
2.
La numérisation des archives
avait été
effectuée de façon ponctuelle. Désormais, l'INA a
décidé d'entreprendre une action d'envergure à la fois
pour conserver les programmes sous forme pérenne et pour anticiper sur
l'évolution des modes de consommation audiovisuels résultant du
développement du réseau Internet.
Pour faire baisser les coûts de numération de 5 000 francs de
l'heure, aujourd'hui, à quelque 500 francs, demain, l'INA, qui
dispose des archives audiovisuelles et de la compétence dans le
traitement des données analogiques, cherche des partenaires et souhaite
une aide exceptionnelle de l'État.
Un projet fédérateur, qui pourrait être monté au
niveau européen, évalue le coût d'investissement à
60 millions de francs pour traiter 500 000 heures de programmes
en 5 ans.
Pour mener à bien ce projet l'INA devra réaliser une plate-forme
expérimentale, nécessaire pour mettre au point les outils
spécifiques de pilotage des sources analogiques anciennes, valider par
des opérations en vraie grandeur (plusieurs milliers d'heures
numérisées) les procédures et les hypothèses de
productivité, avant de déployer les processus de
numérisation. Parallèlement, l'INA conduira les actions
nécessaires pour sensibiliser des détenteurs de fonds et
préparer les infrastructures d'accueil.
Le coût de cette plate-forme est estimé à 15 millions
de francs ;
pour la réaliser l'INA a demandé une dotation
exceptionnelle de 10 millions de francs
.
3.
Dans la perspective du développement des réseaux et des
banques de données multisupports,
appelés à traiter
simultanément des textes, des images et des sons, l'INA souhaite que lui
soient donnés les moyens de se constituer des outils d'exploitation des
ressources multimédia. Il prévoit de développer des outils
informatiques d'analyse, de recherche et d'édition d'images vidéo
sur les réseaux. Afin de jouer ce rôle moteur en matière
d'expérimentation sur le terrain et de développement de
dispositifs technologiques, le département de l'Innovation sollicite
un financement complémentaire évalué à
5 millions de francs
, dont 3 millions de francs consacrés
au fonctionnement et 2 millions de francs au titre des investissements.
On remarque que l'INA est déjà présent sur le
" Web " avec une sélection de son fonds d'archives de films
d'actualité. Son fonds " Archives de guerre " est
consacré aux actualités cinématographiques
réalisées par les services de propagande des autorités
nazies et du régime de Vichy.
4. La création d'une délégation régionale de l'INA
à Rennes étend la présence de l'INA à la
région Ouest et ouvre l'accès à des fonds régionaux
dont l'importance est très largement sous-estimée.
Au-delà des trois vidéothèques régionales
initialement constituées (Marseille, Toulouse et Lille), l'INA a
procédé, au cours des deux dernières années et sur
ses fonds propres, à l'installation de deux vidéothèques
à Lyon et Strasbourg. Des contacts ont été pris avec la
municipalité de Rennes et les instances régionales.
IV. RADIO FRANCE OUTRE-MER
RFO, qui avec ses sept stations et ses
1 200 salariés incarne la continuité territoriale du
service public, cherche à s'adapter au nouveau contexte
créé par la décision de limiter son accès au
marché publicitaire local. Malgré cet effort appréciable,
cet organisme doit encore rechercher des gains de productivité.
L'accomplissement de ses missions de service public s'effectue à un
coût élevé au regard des quelque deux millions de personnes
concernées : ainsi que l'avait fait remarquer le rapport d'audit
remis en 1997, le coût moyen par auditeur atteint environ 560 francs,
soit plus du double de celui constaté en France Métropolitaine.
Avec, au printemps dernier, la nomination à sa tête de
M. Jean-Marie Cavada, cet organisme affiche de nouvelles
évolutions en dépit des contraintes budgétaires.
A. LES RÉSULTATS 1996 ET LE NOUVEAU CONTEXTE PUBLICITAIRE
RFO est parvenue à trouver un équilibre, en dépit des mesures tendant à limiter son accès aux ressources publicitaires.
1. Les mesures de restrictions des ressources publicitaires
Pour favoriser l'émergence et le développement
d'une offre audiovisuelle privée dans les départements
d'outre-mer, les pouvoirs publics ont arrêté un dispositif de
limitation -directe et indirecte- des ressources publicitaires de RFO :
- directe, par la suppression de toute publicité commerciale sur les
antennes radio à compter du second semestre 1996, et de toute
publicité sur le 2
e
canal à partir de mars 1996,
- indirecte, par la limitation du recours aux images de TF1 porteuses, comme en
métropole, d'une forte audience, au motif que les images des
chaînes privées devaient être disponibles d'abord pour les
chaînes privées ultramarines, lorsqu'elles existaient, et que RFO
pouvait ainsi être déliée de son obligation de transporter
le meilleur des chaînes métropolitaines, y compris privées.
Ce dispositif prolonge les mesures déjà prises en 1994 :
suppression de la publicité locale sur le 2
e
canal qui ne
diffuse, pour l'instant, que des programmes nationaux ; suppression de la
priorité accordée à RFO pour l'accès aux images de
TF1. Les modifications du régime juridique de la publicité se
sont traduites réglementairement par une nouvelle révision du
cahier des charges de RFO qui n'est intervenue que le 9 mai 1997.
Sans attendre la modification de son cahier des charges, l'entreprise a pris
les mesures nécessaires à cette politique. La suppression de
capacités publicitaires s'est traduite par une modification de la
tarification publicitaire des écrans sur le 1
er
canal
(disparition des couplages publicitaires entre le 1
er
et
2
e
canal). D'une manière plus générale, les
régisseurs délégués de RFO et notamment Havas
Overseas, ont pu trouver dans une politique commerciale plus agressive les
moyens de maintenir pour l'essentiel le niveau des recettes publicitaires.
La limitation du recours aux images de TF1 s'est faite de façon
pragmatique et progressive au fur et à mesure des commandes de
programmes adressées par les chaînes locales privées
(Antenne Réunion, ACG en Guyane et TCI en Martinique) à TF1 qui
les répercute à RFO, parfois dans des délais très
brefs conduisant à des déprogrammations de dernière
minute. Un projet de convention cadre avec TF1, permettant à RFO d'avoir
une visibilité plus grande de sa programmation, n'a pas abouti.
Pour sa part, RFO a respecté les engagements pris et sa diffusion des
programmes de TF1 a nettement diminué au profit des chaînes
publiques et notamment de La Cinquième sur le 2
e
canal.
RFO : programmation
|
Canal 1 DOM |
Canal 1 TOM |
Canal 2 |
TF1 |
20,7 % |
39,4 % |
|
France 2 |
35,6 % |
24,5 % |
46,0 % |
France 3 |
42,5 % |
35,0 % |
20,0 % |
La Cinquième |
0,3 % |
0,3 % |
28,0 % |
ARTE |
0,7 % |
0,6 % |
6,0 % |
RTL 9 |
0,2 % |
|
|
M6 |
|
0,2 % |
|
Total |
100 % |
100 % |
100 % |
RFO : parts de marché
|
1 er canal |
|||
Stations |
Novembre 1994 |
Novembre 1995 |
Novembre 1996 |
% 1996/1995 |
Guadeloupe |
55,6 % |
67,1 % |
65,2 % |
- 3 % |
Martinique |
40,5 % |
49,0 % |
54,9 % |
+ 12 % |
Réunion |
51,1 % |
44,7 % |
49,2 % |
+ 10 % |
|
1 er canal |
|||
Stations |
Novembre 1994 |
Novembre 1995 |
Novembre 1996 |
% 1996/1995 |
Guadeloupe |
18,4 % |
12,0 % |
7,5 % |
- 38 % |
Martinique |
14,0 % |
10,6 % |
7,3 % |
- 31 % |
Réunion |
13,1 % |
8,2 % |
5,2 % |
- 37 % |
|
1 er et 2 e canal |
|||
Stations |
Novembre 1994 |
Novembre 1995 |
Novembre 1996 |
% 1996/1995 |
Guadeloupe |
74,0 % |
79,0 % |
72,7 % |
- 8 % |
Martinique |
54,5 % |
59,6 % |
72,5 % |
+ 22 % |
Réunion |
64,2 % |
52,9 % |
54,4 % |
+ 3 % |
2. Les conséquences financières
La décision de réduire les ressources
publicitaires de RFO est intervenue alors que le budget pour 1996 était
déjà arrêté ; les pouvoirs publics se sont donc
engagés à compenser cette perte évaluée en
début d'année à 40 millions de francs tant du fait
des interdictions publicitaires que de la diminution du recours aux programmes
de TF1 qui devait entraîner une perte d'audience et donc une perte de
recettes commerciales. Ils ont, de plus autorisé l'entreprise à
lancer un plan social, financé sur fonds publics, afin de diminuer les
charges fixes durables.
L'entreprise a d'abord cherché à améliorer le rendement de
la capacité publicitaire qui lui restait en redynamisant son
réseau, en articulant mieux publicitaires et programmateurs, en
renégociant, via sa régie, la convention qui la lie à ICV
pour le montage des écrans publicitaires et en modifiant sa politique
tarifaire sur le premier canal de télévision.
Elle a cherché surtout à maintenir ou à reconquérir
son audience pour regagner sur le 1
er
canal les ressources perdues
sur le 2
e
et sur la radio et minimiser l'impact de la perte de
certains programmes de TF1 (notamment le football). Un effort particulier a
été fait à la Réunion pour inverser la courbe
d'évolution de l'audience et éviter que le
1
er
canal de RFO ne passe en deuxième position
après Antenne Réunion.
· L'audience
Plusieurs constations peuvent être faites :
L'audience du 1
er
canal, décisive pour les recettes
publicitaires, depuis la modification de la réglementation, progresse de
manière très significative à la Réunion et en
Martinique (près de 5 points).
La situation en Guadeloupe est, en revanche, préoccupante, puisque
l'audience du 1
er
canal a chuté de manière
significative, sans qu'il y ait eu de modification du paysage audiovisuel, au
demeurant assez anarchique avec des télévisions
" pirates ". L'audience conquise sur RFO1 et 2 a été
récupérée par La Une, chaîne autorisée qui
reprend les programmes de TF1.
L'audience du 2
e
canal a fortement diminué, comme
prévu, du fait de la modification de la programmation de ce canal,
autrefois réservé à la diffusion de France 2 et qui
diffuse désormais des programmes plus " service public ",
notamment ceux de La Cinquième, de France Télécom et
d'ARTE. Cette évolution est naturellement sans incidence sur la recette
publicitaire depuis mars 1996.
Les jeunes sont, de manière générale, peu
représentés dans le public de RFO, au profit de ses concurrents
privés. Cette évolution est naturellement préoccupante, au
regard de l'avenir mais aussi de la mission actuelle de RFO.
En radio, les positions de RFO 1 (programme local) s'effritent dans des
proportions semblables, de l'ordre de 2 points, sauf en Martinique
où la progression est significative, sans modification de la position de
la radio publique par rapport à ses concurrents.
RFO 1
|
Novembre 1995 |
Novembre 1996 |
Guadeloupe |
20,3 % |
18,1 % |
Martinique |
21,7 % |
24, 0 % |
Réunion |
26,8 % |
22,3 % |
·
L'évolution des recettes publicitaires
Les recettes brutes radio et télévision baissent de seulement
3,9 % en dépit des nouvelles règles d'accès au
marché publicitaire.
En radio, la baisse est naturellement très importante, du fait de la
suppression totale de la publicité commerciale à compter de
juillet 1996 dans les DOM : près de 10 millions de francs ont
été perdus sur les 23 millions de francs de 1995. On note
d'ailleurs que les analyses de Havas Overseas montrent que cette ressource n'a
pas été récupérée par les radios
privées. En télévision, seule la Réunion baisse de
manière significative, - 6,5 %.
En revanche, la Martinique progresse de 6,7 %, tandis que d'une
façon générale, on observe des évolutions
très contrastées du fait de l'intensité variable de la
concurrence dans les DOM, et, dans les TOM, du fait que ces territoires ne sont
pas touchés par les restrictions publicitaires ni par la diminution de
la reprise des programmes de TF1.
La contribution de chaque station à la collecte publicitaire globale
varie donc de manière importante (la Réunion perd
3,5 points, récupérés par les stations des TOM) et
s'établit en 1996 comme suit :
Radio et Télévision
|
Montant
|
% dans le chiffre d'affaires total |
Réunion |
42,6 |
30,9 |
Guadeloupe |
28,1 |
20,4 |
Martinique |
28,0 |
20,4 |
Nouvelle Calédonie |
15,3 |
11,0 |
Polynésie |
14,8 |
10,7 |
Guyane |
8,9 |
6,5 |
Cette baisse des recettes brutes ne se répercute pas au
niveau des recettes nettes du fait, notamment, de la renégociation des
tarifs d'ICV pour les frais de mise à l'antenne des spots (qui passent
de 20,5 millions de francs à 15,8 millions de francs, soit
- 22,7 %), tenant notamment compte des observations faites à
ce sujet dans le rapport de l'année dernière. La recette nette
s'établit donc à 75,7 millions de francs contre
74,3 millions de francs.
Du fait de ces bons résultats, l'Etat a pu dégager des moyens
budgétaires supplémentaires, pour les programmes et surtout pour
les projets immobiliers de l'entreprise, en conservant à celle-ci le
bénéfice de la compensation prévue (35 millions de
francs) augmentée de 19 millions de francs pour le lancement des
opérations de relocalisation de Guadeloupe et de Guyane, dans le cadre
d'un collectif budgétaire de fin d'année.
·
Le plan social consécutif aux restrictions des ressources
publicitaires
Le plan social a concerné 39 emplois, avec 19 reconversions
(13 reconversions internes et 6 externes) et
20 préretraites, soit 26 suppressions d'emplois. Son
coût, 20 millions de francs, est resté conforme aux
prévisions. Il a été pris en charge par l'État,
conformément aux engagements pris en janvier 1996. Il
génère 10 millions de francs d'économies salariales
en 1997 (hors contribution de l'entreprise au Fonds national d'entraide).
Au total, l'exercice dégage un résultat comptable fortement
positif - 55,8 millions de francs - qui résulte de
l'échange du centre Bourdan ( ?) contre le nouvel immeuble de
Malakoff. Cette opération, détaillée ci-après, se
traduit par une forte plus-value immobilière compensée par la
prise en compte de charges exceptionnelles et des provisions
élevées.
B. L'EXÉCUTION DU BUDGET 1997 ET PERSPECTIVES 1998
Le budget pour 1997, tel qu'il a été
initialement établi, a pris en compte, à quelques ajustements
techniques près, l'essentiel des données de la loi de finances
présentées au Conseil du 17 décembre 1996.
Le projet de budget pour 1998 se caractérise par une progression
modérée, 1,9 %, des ressources publiques allouées
à RFO.
(En millions de francs)
|
Budget initial 1996 |
LFI 1997 |
Budget initial 1997 |
LFI 1998 |
Redevance |
1 001,2 |
1 104,9 |
1 104,9 |
1 132,6 |
Subvention |
43,1 |
6,3 |
6,3 |
0,0 |
Publicité |
81,0 |
31,0 |
31,0 |
50,0 |
Services rendus aux administrations |
15,4 |
15,4 |
15,4 |
15,4 |
Produits financiers |
1,5 |
|
1,0 |
|
Recettes diverses : reconduction 1996 |
26,0 |
22,0 |
16,0 |
10,0 |
Complément 1997 |
|
|
4,5 |
16,0 |
Total |
1 168,2 |
1 179,6 |
1179,1 |
1 215,0 |
L'évolution des recettes publicitaires justifie le montant de 50 millions retenu pour la construction du projet de budget 1998.
Évolution des recettes publicitaires : résultats 1995-1996/prévisions 1997
(en millions de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
Radio DOM |
23,1 |
13,2 |
0,0 |
Radio TOM |
2,7 |
3,3 |
2,0 |
Chiffre d'affaires brut radio |
25,8 |
16,5 |
2,0 |
Délégué exécutif 30 % |
- 7,7 |
- 5,0 |
- 0,6 |
R30 1 % |
- 0,3 |
- 0,2 |
0,0 |
Chiffre d'affaires net radio |
17,8 |
11,3 |
1,4 |
TV DOM |
93,5 |
93,9 |
75,0 |
TV TOM |
23,5 |
25,9 |
23,0 |
Chiffre d'affaires brut télévision |
117,0 |
119,8 |
98,0 |
Frais de mise à l'antenne |
- 20,5 |
- 16,8 |
- 15,0 |
Délégué exécutif 30 % |
- 35,1 |
- 35,9 |
- 29,4 |
R30 5 % |
- 4,8 |
- 5,2 |
- 4,2 |
hors FMA |
|
|
|
Chiffre d'affaires net télévision |
56,6 |
61,9 |
49,4 |
Total net radio + télévision |
74,4 |
73,2 |
50,8 |
On note l'effondrement des recettes publicitaires provenant
de
la radio qui n'auraient pas profité aux opérateurs privés.
RFO souhaiterait le rétablissement de la publicité commerciale.
Le gain escompté - 20 millions de francs - lui
paraît nécessaire pour développer ses actions.
Parmi celles-ci, on peut souligner, outre un projet de
célébration du centcinquantenaire de l'abolition de l'esclavage,
un effort pour permettre la visibilité de l'outre-mer en
métropole.
Tout d'abord la création d'un module de télévision sur un
bouquet numérique ainsi que sur le câble. Ce module peut
être réalisé pour l'essentiel par reformatage des
programmes locaux des stations, remontés par satellite sur Paris ;
d'autre part, la création d'une radio FM, sur Paris et la région
parisienne dans un premier temps, afin de toucher la population ultramarine de
métropole.
Après glissement, la facture 1997 sera de l'ordre de 225 millions
de francs pour 1997.
En matière de transmission satellitaire, la stratégie du
TOUT-NUMÉRIQUE, mise en place par RFO dès 1994 avec un
réseau globalement numérisé depuis juillet 1995, a
permis à RFO de concrétiser des économies qui se sont
traduites par une baisse de tarification, et une extension des réseaux
(actuellement 5 canaux permanents).
Pour ce qui est de l'avenir, on peut mentionner la volonté de RFO de
rechercher des synergies avec d'autres diffuseurs internationaux, tels que CFI
et TV5. Un GIE pour les transmissions satellitaires pourrait être un
instrument efficace.
En outre, RFO a passé un contrat avec France Télécom sur 5
ans, alors que les usages sont de 10 ans. De plus, en complément de la
clause de client le plus privilégié, les clauses de sortie
anticipée et/ou de renégociations sont prévues en cas
d'évolution de la technologie ou de baisse significative des prix du
marché des transmissions. Ces perspectives permettent à RFO de
mettre à niveau, d'améliorer son réseau satellitaire et de
bénéficier d'une baisse globale de sa facture. La prochaine
étape est le remodelage des transmissions sur l'Océan Pacifique
prévu pour début 1998.
V. LA SFP
Cette société créée par la loi du
7 août 1974 n'est pas née sous une bonne étoile.
Très tôt, il était évident que la
société aura du mal à accomplir la mission qui lui est
assignée : réaliser des productions en film et en vidéo et
de les commercialiser, notamment auprès des sociétés de
programmes.
Déjà en 1978, votre rapporteur posait, en qualité de
rapporteur d'une commission d'enquête sur les conditions
financières dans lesquelles sont produites les programmes des
sociétés nationales de télévision, la question en
ces termes : comment cette société a-t-elle pu être
amenée à une situation de faillite virtuelle ? Elle avait
déjà, en trois ans, accumulé pour 236 millions de pertes.
Les raisons de cet échec sont multiples : pas de capital -car les
apports avaient été faits en nature- et donc -dès la
création- des charges financières très importantes, des
coûts de production élevés dus notamment à un
appareil de production orienté vers la fiction lourde, une politique
ambitieuse sinon hasardeuse. C'était une mission impossible, d'autant
plus que les garanties de débouchés auprès de
chaînes étaient rapidement dégressives.
Dès le départ, il était clair que la SFP ne pouvait pas
faire face, en dépit de son capital de compétences, à la
concurrence des sociétés privées, plus souples, plus
adaptables et surtout dépourvues de ces coûts fixes qui
handicapent la société publique.
Si votre rapporteur revient ainsi en arrière, c'est pour souligner que
la crise actuelle était prévisible et d'ailleurs annoncée.
La responsabilité en incombe aux Gouvernements successifs qui ont
laissé la SFP accumuler les pertes pour aboutir à l'issue de
multiples péripéties à une situation quasi inextricable
où tout se cumule pour enfoncer un peu plus cette société
dans la crise : négligence des Gouvernements, attentisme des
clients, menaces enfin de Bruxelles, inquiet de voir les autorités
françaises engouffrer autant d'argent dans ce qui est actuellement un
puits sans fond.
Votre rapporteur ne peut donc vous relater qu'un triste feuilleton - dont
on espère ne pas deviner la fin - où la réalité
dépasse la fiction.
* L'échec du processus de privatisation
La procédure de privatisation a été lancée en
application des articles 52 et 53 de la loi du 12 avril 1996 portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier et
précisée par les décrets d'application du 16 juillet 1996.
Des contacts ont été pris avec des investisseurs français
et étrangers susceptibles d'être intéressés par une
reprise de la SFP. (Global Studios de Walter Butler, Convoy (LBO), Cressant,
Havas/Générale des Eaux).
Le Gouvernement avait finalement marqué sa préférence pour
l'offre de reprise de Havas/Générale des Eaux.
Les repreneurs ont rencontré le personnel de l'entreprise. Ces
rencontres ont permis aux repreneurs de présenter leur projet et au
personnel de donner son avis sur celui-ci.
A l'issue de la consultation du personnel organisé le 27 mars, une large
majorité du personnel a exprimé son désaccord sur la
clause sociale du plan de reprise.
" A la suite du retrait de l'offre d'acquisition déposée par
Havas/Générale des Eaux, le Gouvernement a décidé
de suspendre le processus de privatisation de la SFP et de mettre fin à
la procédure de recueil d'offres d'acquisitions qu'il avait
engagée en juillet 1996. Les offres qui ont été
déposées dans le cadre de cette procédure sont donc
caduques " (communiqué du 30 avril 1997).
Votre rapporteur estime que si le redressement de l'entreprise ne peut se faire
sans la confiance et l'adhésion du personnel ; il n'est pas de bonne
méthode de demander avis conforme sur le choix du repreneur. Il y a
là un mélange des genres qui ne peut qu'aboutir à la
confusion des responsabilités qui n'est pas de nature à faciliter
la nécessaire restructuration de l'entreprise.
Le nouveau Gouvernement se trouve face au dossier alors que de nouvelles
suppressions d'emplois semblent inévitables. Des 3 000 emplois
que comptait à ses débuts la SFP, il n'en reste
déjà plus que 1 000.
Tous les plans de reprise comportaient entre 300 et 400 suppressions d'emplois,
le plan qu'aurait proposé le président-directeur
général de l'époque, M. Jacques-Louis Bayle,
après l'arrêt du processus de privatisation prévoyait
également la diminution par deux de la masse salariale, par le jeu de
suppressions de postes et de départs à la retraite.
En attendant, les déficits s'accumulent et Bruxelles commence à
surveiller de près une aide de l'Etat qui, en quelques années, a
déjà atteint plus de 2,5 milliards de francs. La Commission
qui a entamé une aide d'urgence de 350 millions de francs a ouvert
une procédure à l'encontre de la France pour le remboursement de
1,134 milliard de francs.
* Résultats 1996 et perspectives 1997
Le tableau ci-après, qui retrace les résultats de la
société depuis 1993, se passe presque de commentaires : des
chiffres d'affaires en baisse constante, des déficits d'exploitation qui
ont tendance à fluctuer entre 150 et 200 millions.
En 1996, les comptes du groupe, se traduisent par un résultat net (part
du groupe) déficitaire
de 232 millions (dont 46 millions de
provisions pour départs) contre une perte de 271 millions en 1995 ainsi
qu'un chiffre d'affaires
(incluant les productions immobilisées, les
stocks et le compte de soutien) de
713 millions contre 818 millions en
1995
. Le chiffre d'affaires brut est de 531 millions, contre 646 millions
en 1995. Le résultat courant de la SFP s'élève à
180 millions et le résultat d'exploitation à 150 millions.
Votre rapporteur a certaines raisons de penser que par suite des incertitudes
sur l'avenir commercial de la société les résultats seront
encore plus mauvais que prévus.
* L'abandon de la privatisation
Au début octobre, le ministère de la Culture et de la
Communication fait connaître sa décision : " le processus de
privatisation de la Société Française de Production,
lancé en avril 1996 par le précédent Gouvernement,
provisoirement suspendu en raison de son échec en avril 1997, est
définitivement abandonné ".
Mais, les problèmes ne sont pas résolus pour autant. Bruxelles
veille, tandis que les dures réalités financières et
commerciales persistent.
GROUPE SFP |
|
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|
RESULTAT PREVISIONNEL 1997 CONSOLIDE DU GROUPE SFP |
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(a) |
(b) |
(b) |
(en millions de francs) |
|
|
|
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(c) |
(c) |
|
|
|
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1996
|
1997
|
Chiffres d'affaires |
|
|
661,50 |
650,30 |
646,10 |
526,90 |
531,10 |
499,50 |
Variation de la production stockée |
|
|
(8,1) |
2,10 |
(35,7) |
5,30 |
16,90 |
0,00 |
Production immobilisée |
|
|
173,80 |
186,10 |
111,70 |
121,60 |
126,30 |
64,10 |
Autres produits |
|
|
16,00 |
10,50 |
11,40 |
3,00 |
9,70 |
3,80 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total de l'activité |
|
|
843,20 |
849,00 |
733,50 |
656,80 |
684,00 |
567,40 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Subventions (compte de soutien) |
|
|
104,20 |
85,70 |
84,30 |
43,40 |
29,50 |
57,80 |
Reprises de provisions et transferts |
|
|
41,60 |
55,10 |
45,10 |
5,50 |
24,30 |
0,00 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Produits d'exploitation |
|
|
989,00 |
989,80 |
862,90 |
705,70 |
737,80 |
625,20 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Achats, services extérieurs |
|
|
254,70 |
266,90 |
211,80 |
207,60 |
204,40 |
165,70 |
Impôts et taxes |
|
|
34,00 |
34,00 |
33,90 |
24,60 |
33,00 |
22,80 |
Frais de personnel |
|
|
510,70 |
472,00 |
480,90 |
460,80 |
438,10 |
412,20 |
Dotations aux amortissements |
|
|
274,00 |
259,50 |
222,20 |
168,60 |
155,20 |
179,60 |
Dotations aux provisions |
|
|
53,30 |
44,60 |
63,30 |
4,40 |
50,80 |
6,40 |
Autres charges d'exploitation |
|
|
14,00 |
22,50 |
17,30 |
0,00 |
11,80 |
0,00 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total des charges d'exploitation |
|
|
1140,70 |
1099,50 |
1029,40 |
866,00 |
893,30 |
786,70 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RESULTAT D'EXPLOITATION |
|
|
(151,7) |
(109,7) |
(166,5) |
(160,3) |
(155,5) |
(161,5) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Produits financiers |
|
|
2,80 |
7,90 |
5,60 |
0,00 |
4,90 |
0,00 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Charges financières |
|
|
(65,0) |
(40,7) |
(38,2) |
(23,9) |
(29,6) |
(8,8) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RESULTAT FINANCIER |
|
|
(62,2) |
(32,8) |
(32,6) |
(23,9) |
(24,7) |
(8,8) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RESULTAT COURANT |
|
|
(213,9) |
(142,5) |
(199,1) |
(184,2) |
(180,2) |
(170,3) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Produits exceptionnels |
|
|
167,50 |
54,00 |
50,20 |
6,00 |
21,50 |
0,00 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Charges exceptionnelles |
|
|
(140,0) |
(65,6) |
(131,2) |
(1,8) |
(67,4) |
(8,4) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RESULTAT EXCEPTIONNEL |
|
|
27,50 |
(11,6) |
(81,0) |
4,20 |
(45,9) |
(8,4) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Amortissements des écarts d'acq |
|
|
(32,0) |
(1,5) |
(1,5) |
(1,5) |
(6,7) |
(1,5) |
Impôt sur les sociétés |
|
|
(0,5) |
(0,4) |
(0,5) |
0,00 |
(0,4) |
0,00 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RESULTAT NET |
|
|
(218,9) |
(156,0) |
(282,1) |
(181,5) |
(233,2) |
(180,2) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Part des minoritaires |
|
|
(6,1) |
(6,3) |
(11,3) |
|
(1,0) |
|
Part du groupe |
|
|
(212,8) |
(149,7) |
(270,8) |
(181,5) |
(232,2) |
(180,2) |
|
|
|
|
|
|
|
|
08/04/1997 |
(a) résultats agrégés hors retraitements de consolidation |
|
|
|
|
|
|
|
|
(b) résultats agrégés avec retraitements de consolidation significatifs (indemnités de retraite,...) |
|
|
|
|
|
|
|
|
(c) conseil du 30 avril 1996 |
|
|
|
|
|
|
|
|
(d) conseil du 18 avril 1997 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Le 30 septembre le ministère a dû plaider la
cause de la société auprès de M. Karl Van Miert,
commissaire européen chargé de la concurrence. Celui-ci, qui ne
pratique pas la langue de bois, a répété en substance
devant la Commission des finances du Sénat ce qu'il avait dit quelques
jours plus tôt devant des journalistes :
Qualifiant la société publique de " serpent de mer ",
le Commissaire européen a remarqué que la Commission assistait,
" depuis des années ", à une " procession de
ministre français " et que aucun des engagements tenus n'avaient
été respectés, notamment concernant la privatisation.
" Après tant d'engagements non tenus, il y a des limites à
tout " a affirmé M. Karl Van Miert. " Les pertes sont
telles que comment trouver la viabilité sans tailler dans le vif
? " s'interroge-t-il tout en insistant sur le mot
" draconien
".
Sinon, " la commission
prendra une
décision négative ", annonce-t-il en faisant
référence à la demande de remboursement des aides
allouées par le Gouvernement à la SFP entre 1993 et 1996, d'un
montant de 1,1 milliard de francs. Mme Catherine Trautmann lui ayant
signifié, lors de leur dernier entretien, que
" la
société n'était pas privatisable "
, elle a obtenu
un délai de 4 semaines pour proposer le plan de restructuration.
Les déclarations de Mme Catherine Trautmann en commission des finances
doivent être citées :
"
Cette entreprise a une histoire, un savoir-faire, une richesse
humaine et technique qui peuvent lui permettre de retrouver une
viabilité, de revivre dans un environnement concurrentiel difficile. La
SFP a encore une chance de survie, mais il faut agir très vite, à
la fois à cause de la situation de l'entreprise, dont je viens de vous
parler, et à cause de l'application du droit communautaire de la
concurrence, qui interdit de soutenir à coups de subventions ou d'aides
diverses une entreprise non rentable dans un secteur
concurrentiel
".
La SFP, légitimement fière de ses réalisations
passées comme de ses capacités techniques actuelles, ne voit
cependant pas que le monde audiovisuel a changé. Elle n'a que peu de
moyens pour lutter contre des entreprises à géométrie
variable -dont la souplesse n'est pas étrangère à
l'existence du régime des intermittents du spectacle- ; elle est, enfin,
la victime de la montée des mécanismes de marché qui
s'imposent maintenant à tous les producteurs de programmes audiovisuels.
C'est un dossier auquel la commission des finances porte, depuis toujours, un
intérêt particulier ; votre rapporteur exprime donc le
souhait qu'une solution puisse être trouvée qui permette de sauver
cet " outil " sans en faire supporter le coût par les
contribuables.
Il y a quelque vingt ans, le 20 mars 1977, la première radio
indépendante émettait. Elle était qualifiée de
pirate par les uns et de libre par les autres. Une guérilla politique et
juridique commençait qui allait aboutir, cinq ans, plus tard, à
l'éclatement du monopole. La loi du 29 juillet 1982 disposait, en
effet, que " la communication audiovisuelle est libre ".
Mais ce
principe très libéral ne connut d'application effective et rapide
que pour la radio. Celle-ci joua donc un rôle de pionnier dans le
processus de libération. Elle continue de le faire dans le domaine des
nouvelles technologies, provoquant une évolution des modes de
consommation. Il en résulte une certaine inadaptation du mode de
régulation prévu par la loi du 30 septembre 1986 dans le
secteur de la radio.
CHAPITRE V : LE SECTEUR PUBLIC DE LA RADIO
Dans les années 90, les radios privées musicales
ont été les premières à utiliser les régies
numériques, ouvrant ainsi la voie au DAB. Mais ce sont elles aussi qui,
avec le secteur public, au début des années 80, avaient cru en
l'avenir de la bande MF, conduisant le législateur, dès la loi du
9 novembre 1981, à ouvrir la première véritable
brèche dans le monopole de la communication audiovisuelle.
La politique poursuivie dans le secteur radiophonique a encouragé cette
évolution. Les dispositions réglementaires n'ont fait que de
donner un contexte légal à des situations de fait. Une des
conséquences de cette évolution en terme de contenu de
programmation (augmentation de la musique anglo-saxonne) a dû, par
exemple, être en partie contrecarrée par des décisions
politiques. Les quotas de chansons appliqués sans exception à
toutes les stations ont été très controversés mais
leur application s'est effectuée de manière relativement
réussie, malgré la désapprobation de certains
réseaux musicaux.
Le CSA se trouve néanmoins dans une situation difficile, entre la
nécessité de conduire une politique radiophonique
équilibrée et les souhaits de l'industrie radiophonique.
Même s'il est parvenu à en contenir les demandes excessives, il
n'a pu changer fondamentalement le processus d'évolution de la radio.
Quinze ans après l'introduction des radios privées, le
marché radiophonique est très loin des prévisions faites
en 1982. Et si le mode de régulation a globalement bien
fonctionné, il n'en suscite pas moins des controverses, ce qui est
inévitable s'agissant de
la gestion de ressources rares, les
fréquences radiophoniques.
I. LA RÉGULATION DU PAYSAGE RADIOPHONIQUE N'A PU EMPÊCHER D'INÉLUCTABLES ÉVOLUTIONS
Plus de seize ans après l'abandon du monopole
d'émission radiophonique, dû à la loi du 9 novembre 1981,
quel bilan tirer de l'évolution du paysage radiophonique ?
Au moment où la situation de relative pénurie des
fréquences appelle une remise en ordre profonde de la bande MF, qui a
nécessité l'intervention du législateur, il est utile de
préciser l'évolution du secteur.
A. LE DÉVELOPPEMENT DES RADIOS PRIVÉES : UN BILAN CONTRASTÉ.
En matière radiophonique, les objectifs fondamentaux de
la loi de 1982, tels que le pluralisme, la création de nombreuses
stations indépendantes et la diversité journalistique (au niveau
local) n'ont pas été pleinement atteints.
Certes, la législation a permis la constitution d'un paysage
radiophonique diversifié. Cependant, des menaces pèsent sur le
pluralisme en raison de l'évolution économique du secteur.
1. La loi de 1982 a permis la constitution d'un paysage radiophonique diversifié
Il est vrai que le réalisme économique s'est peu
à peu imposé.
Le principe des radios privées fut très rapidement admis
après l'éclosion des radios libres pendant l'été
1981
: la loi du 9 novembre 1981 a permis de déroger au monopole
établi en faveur des radios locales non commerciales. Le
législateur était, à l'époque, favorable aux radios
associatives et d'opinion, afin de favoriser une liberté locale de
communication et d'expression.
A cet effet, la loi du 29 juillet 1982 avait posé des conditions
très strictes :
- une seule fréquence par opérateur,
- puissance d'émission fortement limitée,
- interdiction de la publicité (pour tenir compte de l'opposition de la
presse quotidienne régionale).
Sur le moment, les radios existantes, qu'il s'agisse de celles du secteur
public ou des radios périphériques, n'ont pas cru que les
nouvelles radios pourraient les concurrencer.
Progressivement, le caractère commercial des radios privées a
été admis. Malgré l'interdiction, des messages
publicitaires sont diffusés à l'antenne (Coluche sur RFM). Les
puissances d'émission augmentent et les brouillages de TDF n'y font
rien. Dès 1982, les radios privées captent 20 % de l'audience.
Puis la loi du 1984 autorise la publicité sur les radios commerciales
et le paysage radiophonique évolue profondément après
1986. L'amateurisme s'estompe. Le professionnalisme lui succède. Les
radios périphériques, constatant le caractère attractif de
la MF et l'érosion de leur audience, changent de stratégie et
cherchent :
· à dupliquer leurs programmes en MF (à partir de 1989 le
CSA leur réserve un certain nombre de fréquences),
· à constituer des réseaux de radios thématiques.
Les radios périphériques vont développer trois formats :
- radios jeunes (-25 ans),
- radios adultes (25-35 ans),
- radios destinées à un public âgé, afin d'assurer
leur pérennité. Cette évolution leur permet d'enrayer
l'érosion de leur audience.
Puis, le législateur s'est attaché à renforcer le
pluralisme radiophonique,
objectif constitutionnel, rappelé
à l'article 29 de la loi du 30 septembre 1986. Après avoir
tenté d'empêcher la mise en place d'un secteur radiophonique
commercial, le législateur s'est efforcé de préserver le
secteur indépendant. Dans ce but, il a laissé une importante
marge de manoeuvre à l'autorité de régulation.
2. L'autorité de régulation s'est attachée à élaborer et conserver ce paysage, sous le contrôle du juge administratif
L'article 29 de la loi du 30 septembre 1986 donne, en
effet, un large pouvoir au CSA pour aider à la composition du paysage
radiophonique, en n'imposant aucun contrôle de type capitaliste, à
charge pour lui de "
dessiner un paysage diversifié, cohérent
et durable, permettant à chaque auditeur d'écouter le programme
de son choix
".
Avec le communiqué n° 34 datant de 1989, le CSA avait
créé 5 catégories de radios privées. Cette
classification, qui a dû être rénovée en 1994,
constitue les bases de la régulation du paysage radiophonique.
Le classement des radios
résultant du communiqué 281 du CSA du 10 novembre 1994
Catégorie A
Les radios associatives (de proximité, communautaires, culturelles ou
scolaires) bénéficiant du Fonds de soutien à l'expression
radiophonique et dont les recettes publicitaires ne dépassent pas
20 % du chiffre d'affaires.
Exemples : Radio-Libertaire,
Fréquence-Mutine, Radio-Campus.
Catégorie B
Les radios locales ou régionales indépendantes, productrices de
leurs programmes (ne diffusant aucun programme national identifié) et
vivant de leurs propres recettes publicitaires.
Exemples : Contact-FM,
Vibration, Wit-FM, ou Radio-Nova.
Catégorie C
Les radios locales ou régionales diffusant le programme d'un
réseau thématique à vocation nationale, et produisant au
minimum trois heures de programmes locaux.
Exemples : NRJ-Caen,
Europe 2-Music-West-FM, Africa n°1.
Catégorie D
Les radios thématiques à vocation nationale (sans aucun programme
local).
Exemples : Fun-Radio, NRJ, Skyrock
.
Catégorie E
Les radios généralistes à vocation nationale (ex-stations
périphériques).
Exemples : RTL, France Inter,
Europe 1, RMC.
Cependant, en
réservant la publicité aux radios diffusant
des programmes d'intérêt local
(catégories A, B et
en partie C)
, le communiqué n°34 a encouru la censure du juge
administratif.
Rappelant que l'autorité de régulation ne disposait pas du
pouvoir réglementaire, le Conseil d'Etat a dénié au CSA le
droit de décider des règles d'accès au marché
publicitaire local. Dans un arrêt
Société Performance
RFM du 18 février 1994
, il a considéré que le CSA
avait excédé le pouvoir qu'il détenait de la loi pour la
définition des catégories de services, en décidant d'une
répartition des ressources publicitaires.
Cet arrêt a obligé le pouvoir réglementaire à
intervenir, par un décret du 9 novembre 1994 :
· en confirmant le principe "
à programme local,
publicité locale
" ; de ce fait, la publicité locale est
réservée aux radios qui diffusent des programmes
d'intérêt local au moins 3 heures par jour entre 6 heures et
22 heures,
· en définissant la notion de "publicité locale" et de
"programme local",
· limitant à 25 % la durée de diffusion des messages
publicitaires.
Sur le fondement de ce décret, le communiqué 281 du 10 novembre
1994, qui distingue 5 catégories de service, a exclu les
catégories D et E du marché publicitaire local (les radios D ne
diffusent pas de programme local et les radios E ne réalisent que des
décrochages d'une heure). Il exige des radios A et B un programme
minimum local de 4 heures. Par le biais de la catégorie C, les
réseaux peuvent donc avoir accès au marché publicitaire
local.
La définition de programme d'intérêt local contenue dans le
décret était toutefois si peu contraignante (un animateur
décidant localement de l'ordre de passages de disques diffusés
par une tête de réseau était considéré comme
local) que le CSA a dû introduire un
seuil maximal de programmation
musicale
et obliger les opérateurs à
prouver que le
programme est effectivement produit localement.
B. LES RÉSEAUX RADIOPHONIQUES COMMERCIAUX SE SONT PEU A PEU IMPOSÉS
1. L'évolution économique de la radio a nécessité de profondes adaptations de la réglementation
Le paysage radiophonique français n'est pas aussi
diversifié que pourrait le laisser croire l'existence d'environ
1 800 stations.
La part de marché des
radios locales indépendantes
est
faible (un peu plus de 2 %) et, de surcroît, celles-ci connaissent
d'importantes difficultés financières. En revanche, les
grands
réseaux
ont poursuivi l'extension de leur sphère d'influence
dans les années qui ont suivi l'application de la loi du 1er
février 1994. Les
radios périphériques
ont, pour
leur part, opéré une transition réussie d'une gamme de
fréquence - les grandes ondes - appelée à
disparaître, à une autre - la modulation de
fréquence -. Enfin, grâce à de nombreux programmes et
une nouvelle chaîne thématique, France Info, qui rencontre un
incontestable succès, le
secteur public
, avec Radio France,
atteint une part de marché de 25 %, témoignant ainsi d'une
incontestable bonne santé.
Audience (en %)
des différentes catégories de radios
|
Nov-Déc
|
Nov-Déc
|
Nov-Déc
|
Radios
publiques
|
|
|
|
Radios commerciales privées |
69,3 |
69,4 |
70,4 |
Radios privées non commerciales |
2,7 |
2,2 |
2,4 |
Autres
stations
|
_ |
|
|
Source : Enquête 75000 Médiamétrie
a) Les évolutions économiques et éditoriales de la radio
Un
mouvement de concentration
s'est opéré
à un double niveau :
·
rachat de réseaux par les radios périphériques
Europe Communication
a bénéficié, outre de la bonne
implantation d'Europe 1, de la situation de fournisseur de programmes
d'Europe 2. La
CLT
a acquis, en 1994, le réseau FUN, et a
pris le contrôle, dans des conditions controversées, du
réseau M 4O, connu désormais sous le nom de
RTL 2. Le groupe
RMC
est confronté à la faiblesse
relative de l'implantation de deux de ses trois réseaux, RMC et Radio
Montmartre.
En revanche, le groupe
NRJ
est aujourd'hui à la recherche d'un
troisième réseau, malgré sa très bonne
implantation. Après avoir élargi son programme, Chérie FM
a échoué dans sa tentative de reprise de RMC. Il n'a pu reprendre
Radio-Montmartre, après avoir tenté en vain de racheter RFM et
M 40 et après avoir manqué la prise de contrôle de
Skyrock. NRJ a décidé de développer sa banque de
programmes " Rires et chansons " pour contrer l'influence
des grands
opérateurs qui contrôlent chacun trois réseaux ;
Europe 1, avec Europe 2 et RFM ; RTL, avec FUN Radio et
RTL 2 ; RMC, avec Nostalgie et Montmartre FM.
·
passage des radios commerciales locales indépendantes aux
radios locales diffusant le programme d'un réseau thématique
national
Afin de permettre ce développement, ainsi que l'équilibre entre
les quatre principaux groupes radiophoniques, le CSA a précisé,
dans un communiqué n° 319 du 15 décembre 1995, qu'il ne
s'opposait plus au passage d'une radio de catégorie B en
catégorie C. Il a cependant mis comme condition que les
opérateurs concernés restituent leurs fréquences, en
application de l'article 42-3, et qu'ils se présentent lors d'un nouvel
appel à candidatures.
Cette obligation de restitution de la fréquence est violemment combattue
par le groupe NRJ. Or, le CSA ne fait que respecter le droit en choisissant la
voie de l'appel à candidatures, plutôt que celle de la
légalité fragile du changement de catégorie en cours
d'autorisation. En effet, lors d'un appel, les candidats se présentent
pour une catégorie de services et un changement ultérieur est de
nature à remettre en cause le principe d'égalité entre eux.
Cette application de la loi par le CSA a été validée par
le Conseil d'Etat (
CE, 15 janvier 1997, Radio Sud-Vendée-Picton
)
: une modification dans les organes dirigeants et les sources de financement
sont de nature à remettre en cause l'équilibre du paysage
radiophonique entre les différentes catégories de radios.
Les radios privées non commerciales et les radios privées
commerciales indépendantes rencontrent des difficultés de
financement importantes.
· les
radios associatives
, les plus nombreuses (43 % des radios
privées et 27 % des fréquences) s'étiolent (manque de
professionnalisme, essoufflement du bénévolat, problèmes
de financement).
Elles ont un chiffre d'affaires faible et sont de plus en plus
dépendantes du Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique.
Plus de la moitié des radios (292 sur 498) ont un chiffre d'affaires
compris entre 200 000 francs et 500 000 francs, mais
25 % environ de l'ensemble des radios ont un chiffre d'affaires
inférieur à 200 000 francs.
· les
radios commerciales indépendantes
ont des coûts
de fabrication élevés, car elles ne bénéficient pas
de la notoriété qu'apporte un réseau thématique
national et se heurtent à une forte concurrence des réseaux. Sur
le plan publicitaire, leurs tentatives d'autonomisation (GIE Les
indépendants) a fait long feu (contrôle d'Europe 1). Et, de plus
en plus, leur format se rapproche de celui des réseaux (plus musical que
généraliste).
· Enfin, l'abandon de l'indépendance des
radios
abonnées
(catégorie C, radios locales diffusant le
programme d'un réseau thématique national) a été
reconnu par le CSA (communiqué 319 du 15 décembre 1995).
De plus, l'évolution des radios musicales pendant les années
quatre-vingts, privilégiant les chansons anglo-saxonnes,
fut une
véritable menace pour la chanson française.
Face à ces évolutions, le législateur est
régulièrement intervenu.
b) Les réactions du législateur
A trois reprises, il est intervenu en modifiant sensiblement la régulation du paysage radiophonique.
(1) assouplissement du dispositif anti-concentration
Dans sa version initiale, la loi du 30 septembre 1986
limitait à 15 millions d'habitants la desserte du deuxième
réseau d'un groupe radiophonique exploitant déjà un
réseau d'une couverture de 30 millions d'habitants. Un même
groupe ne pouvait donc exploiter deux réseaux à vocation
nationale.
L'article 15 de la loi du 1er février 1994 a modifié les
règles de seuil posées aux articles 41 et 41-3 de la loi du 30
septembre 1986 en portant à 150 millions le nombre total
d'habitants pouvant être desservis par un même groupe pour
l'exploitation de plusieurs réseaux radiophoniques. Il a, par ailleurs,
donné du réseau une définition fondée sur
l'identité du programme diffusé (article 41-3) qui élimine
une des voies de contournement utilisées antérieurement.
Le nouveau dispositif a eu pour objet de faciliter la constitution de grands
groupes radiophoniques privés en France. Mais sa portée effective
a été limitée par des considérations juridiques
- notamment par le régime d'attribution des
fréquences - et par la politique radiophonique du CSA.
La philosophie politique qui l'inspire est profondément
différente des précédentes lois sur l'audiovisuel. En
autorisant les groupes exploitant les réseaux à atteindre un
seuil de 150 millions d'habitants, elle exprime une volonté qui va
en sens inverse des textes antérieurs. Les lois de 1982 et 1986
entendaient favoriser le plus grand pluralisme possible dans le paysage
radiophonique ; elles n'avaient ni prévu, ni souhaité le
développement des réseaux des quatre grands groupes
radiophoniques (Europe, CLT, NRJ, RMC).
(2) dispositif de financement public des radios privées non commerciales
Un
fonds de soutien à l'expression radiophonique
locale
a permis le financement public des radios non commerciales.
Le principe d'une aide financière aux radios locales associatives non
commerciales a été posé par les loi de 1982, puis 1986.
Le fonds est alimenté par une taxe parafiscale assise sur les recettes
publicitaires des services de radiotélévision.
Sont éligibles au fonds d'aide les services titulaires d'autorisation
" dont les ressources commerciales provenant de messages diffusés
à l'antenne et présentant le caractère de publicité
de marque ou de parrainage sont inférieures à 20 % de leur
chiffre d'affaires ".
(3) instauration de quotas de chansons françaises
La loi du 1er février 1994 impose, depuis le 1er
janvier 1996, de diffuser "un minimum de 40 % de chansons d'expression
française, la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de
nouvelles productions".
Les quotas de chansons appliqués sans exception à toutes les
stations ont été très controversés mais leur
application s'est effectuée de manière relativement
réussie, malgré la désapprobation de certains
réseaux musicaux.
2. Des difficultés croissantes de financement
La double contrainte d'un
marché publicitaire
étroit
et de
l'insuffisance de fréquences
pour assurer
à chaque réseau la couverture nationale à laquelle il
prétend rend de plus en plus difficile la gestion du secteur
radiophonique par le CSA.
· le développement des banques de programme et des régies
publicitaires :
Ce double développement constitue une menace pour le pluralisme. Il
révèle également les contradictions de la
législation. La loi impose en effet au CSA de prendre en
considération, lors de l'attribution de fréquences, non le
contenu des programmes, mais des considérations économiques et
capitalistiques.
Les banques de programme
, fournissant une émission de
complément destiné aux radios locales indépendantes ou
associatives, encouragées à l'origine par le CSA,
apparaissent
désormais comme le faux-nez des réseaux
:
- en habituant un public à un format, avant de le lancer sous forme de
réseau,
- en permettant de fédérer des radios autour d'une régie
publicitaire,
- en constituant un moyen d'empêcher la concurrence d'acquérir de
nouvelles fréquences.
· les menaces pesant sur les radios indépendantes
Il n'est pas certain que les
radios indépendantes
soient toutes
viables : elles sont trop nombreuses pour un marché publicitaire
étroit.
Actuellement, les ressources du marché publicitaire local sont
insuffisantes pour couvrir les besoins de financement des radios de
catégorie B et C. Les radios de catégorie B sont, dès
lors, tentées de passer accord avec une régie et un réseau
ayant accès à la publicité nationale ainsi qu'à la
diffusion locale de la publicité nationale.
Pour un réseau, le
seul mode de développement, dans un contexte de stagnation, voire de
recul du marché publicitaire, est d'élargir sa couverture
nationale.
C'est ainsi que les
radios associatives
sont toutes devenues
dépendantes du soutien financier de l'Etat.
Le fonds de soutien continue à représenter la part la plus
importante (plus de 50 % du budget pour 40 % des radios mais, pour
15 % d'entre elles, jusqu'à 70 % et plus de leurs ressources).
La part de la publicité, globalement très minime, ne joue de
rôle que pour une soixantaine de radios pour lesquelles elle
dépasse 10 % du chiffre d'affaires.
Les autres ressources proviennent du fonds d'action sociale (principal bailleur
public après le fonds de soutien), des subventions des
collectivités locales, variables d'une région à l'autre ou
d'un département à un autre, et souvent inégalement
réparties entre les radios situées dans le ressort d'une
même collectivité territoriale, enfin de cotisations et dons. Une
mention particulière doit être faite du financement par les
Églises ; en revanche, rares sont les radios massivement
subventionnées par une municipalité.
3. Le problème des concentrations
La volonté des opérateurs s'est attachée
à poursuivre le mouvement de concentration, ce qui, pour
l'autorité de régulation, a augmenté les
difficultés d'application de la loi de 1994.
En même temps qu'elle a autorisé les groupes à atteindre le
seuil de 150 millions d'habitants, cette loi a figé le paysage
radiophonique en introduisant le mécanisme de renouvellement
simplifié des autorisations (article 28-1 de la loi du 30 septembre
1986 modifiée).
a) Le marché des fréquences
Le dispositif anti-concentration pour le secteur de la radio
Dans sa version initiale, la loi du 30 septembre 1986
limitait à 15 millions d'habitants la desserte du deuxième
réseau d'un groupe radiophonique exploitant déjà un
réseau d'une couverture de 30 millions d'habitants.
Un
même groupe ne pouvait donc exploiter deux réseaux à
vocation nationale
.
L'article 15 de la loi du 1er février 1994 a modifié les
règles de seuil posées aux articles 41 et 41-3 de la loi du 30
septembre 1986 en portant à
150 millions
le nombre total
d'habitants pouvant être desservis par un même groupe pour
l'exploitation de plusieurs réseaux radiophoniques. Il a, donné
du réseau une définition fondée sur l'identité du
programme diffusé (article 41-3) qui élimine l'une des voies de
contournement utilisées antérieurement.
Or, le CSA avait déjà, en 1994, procédé à la
planification de la quasi-totalité du territoire français, en
attribuant la quasi-totalité des fréquences disponibles.
Les réseaux sont donc confrontés à une situation
paradoxale : ils peuvent juridiquement se développer, mais, en
réalité, ils ne peuvent le faire rapidement sans quelques
accommodements avec le droit ou avec la politique radiophonique de l'instance
de régulation.
Dans ce contexte, la prise de conscience d'une relative pénurie de
fréquences a exacerbé les conflits.
Politiquement sensible, ce dossier s'est révélé
techniquement complexe.
Cette situation a entraîné un véritable
marché
noir des fréquences radiophoniques, que le CSA n'a pas été
en mesure d'empêcher
56(
*
)
.
Une autorisation d'émettre, délivrée gratuitement à
l'origine, pouvait, paraît-il, se négocier en sous-main entre 500
000 francs et 5 millions de francs, le " prix de marché "
étant de 6 francs environ par auditeur.
Dans ces conditions, une remise en ordre apparaissait indispensable. Elle
appelait une clarification de la législation.
b) L'affaire HFM
La fusion, en juin 1997, de Hachette Filipacchi presse et
Filipacchi Médias fit monter la tension. En effet, Europe 1
Communication a hérité de deux réseaux
supplémentaires Skyrock et Chante France, qui se sont ajoutés
à ceux qu'elle possédait déjà : Europe 1,
Europe 2 et RFM. Or avec cinq réseaux, le groupe Lagardère, qui
contrôle à 65,9 % le nouvel ensemble dépasse, avec un
total de 158 millions
57(
*
)
, le seuil de
150 millions d'habitants fixé par la loi tout en se trouvant loin
devant ses concurrents
58(
*
)
.
Il est vrai qu'Europe 1 Communication a annoncé son intention de
mettre sur le marché Chante France dont le potentiel est de
9,1 millions d'habitants, ce qui le ferait passer en dessous du seuil
légal.
Mais, les problèmes n'en seraient pas résolus pour autant. D'une
part, parce que se trouverait officialisée une pratique contraire
à la loi disposant que les fréquences sont en principe
incessibles. D'autre part, parce que la marge qu'espère trouver ainsi
Europe 1 serait trop faible pour donner droit à l'attribution de
nouvelles fréquences qu'elle estime nécessaire à son
développement.
Très logiquement le CSA a fait savoir dans son communiqué
n° 351 du 10 septembre 1997 que le groupe Lagardère
devait se mettre en conformité avec la loi et " qu'en l'état
actuel de la situation aucune fréquence supplémentaire ne peut
lui être attribuée ".
Au début du mois d'octobre 1997, il était fait état d'un
projet d'introduction en bourse de Skyrock, de façon à
éloigner le groupe du seuil de concentration.
II. VERS UN ASSOUPLISSEMENT ET UNE SIMPLICATION DES MODES D'ATTRIBUTION DES FRÉQUENCES ?
La remise en cause de la procédure est largement due aux initiatives du groupe NRJ qui a multiplié les interventions demandant une modification de la loi du 30 septembre 1986, afin d'assouplir le dispositif anti-concentration.
A. LES POSITIONS DES OPÉRATEURS RADIOPHONIQUES
1. Les propositions du groupe NRJ
a) Les ambitions du groupe NRJ
Les souhaits du groupe de pouvoir se développer ne
sont pas compatibles avec les règles définies actuellement par
l'autorité de régulation pour l'application de la loi.
Le CSA a dû concilier sa volonté de protéger les radios
indépendantes avec le nouveau dispositif anti-concentration,
légitimant le développement des réseaux. Cette
conciliation n'a pas été aisée puisque tout en
élevant le seuil anti-concentration, la loi de 1994 a
figé le
paysage radiophonique pour 15 ans
en raison de l'instauration d'une
procédure de renouvellement quasi automatique des autorisations. Cette
contradiction inhérente à la loi a créé
d'inévitables tensions entre l'instance de régulation et des
réseaux cherchant à se développer. En effet, les
réseaux qui veulent s'étendre, veulent le faire en
" récupérant " des fréquences attribuées
à des radios locales indépendantes, en particulier des radios de
catégorie B. La question du passage de ces radios en
catégorie C est devenue capitale en politique radiophonique.
Le CSA a donc réagi en deux temps et en publiant deux
communiqués. Le communiqué n° 293 du 12 avril 1995 est
un texte de transition et de compromis, masquant mal les divergences au sein du
Conseil entre partisans d'une politique plus ouverte à l'égard
des réseaux et les défenseurs du statu quo. Il faudra attendre le
communiqué n° 319
du 15 décembre 1995 pour que
le CSA adopte une nouvelle ligne, claire, conciliant respect du droit,
défense des radios indépendantes, et affirmation du
caractère légitime du développement des réseaux.
Afin de permettre ce développement, ainsi que l'équilibre entre
les quatre grands groupes radiophoniques, le CSA a précisé qu'il
ne s'opposait plus au passage d'une radio de catégorie B (les
radios associatives de la catégorie A restant un
" sanctuaire ") en catégorie C. Il a cependant mis comme
condition que ces opérateurs
restituent leurs fréquences et se
présentent lors d'un nouvel appel à candidatures
.
Compte tenu du cadre juridique actuel, c'est du succès de cette
" passerelle " mise entre les catégories B et C que
dépend le développement des réseaux, et, par
conséquent, la portée réelle de la loi du
1er février 1994.
Mais la prudence du CSA dans ce dossier n'a pas satisfait le groupe NRJ, qui en
a fortement critiqué la politique radiophonique, et, surtout,
l'obligation de restitution de la fréquence
.
Or, le CSA n'a fait qu'appliquer le droit en choisissant la voie de l'appel
à candidatures.
b) L'épreuve de force avec le CSA
Le groupe radiophonique a tout d'abord tenté de
" passer en force ".
Il a autorisé le 5 décembre 1996 quinze stations locales
représentant une cinquantaine de fréquences à reprendre
son programme " Rires et chansons " en violation de la
procédure légale. Le CSA a réagi et, dès le
9 décembre, les antennes concernées ont été
mises en demeure de cesser cette diffusion " sauvage " sous
peine
d'être suspendues ou de se voir retirer leur autorisation
d'émettre.
Puis, reprenant les méthodes qu'il avait utilisées en 1984 pour
une toute autre affaire, NRJ a tenté de mobiliser les auditeurs, en les
invitant à saturer le standard téléphonique des services
du Premier Ministre.
La méthode s'est toutefois révélée maladroite
puisqu'elle a suscité de vives réactions de la part du syndicat
des radios généralistes privées (RTL, RMC, Europe 1),
alliées pour la circonstance au GIE les Indépendants, qui
réunit une soixantaine de stations régionales.
Le Gouvernement de M. Alain Juppé, prenant acte de ces
difficultés, a annoncé son intention de proposer une modification
de la loi et de réaliser un audit de l'utilisation de la bande MF,
aujourd'hui saturée.
L'attitude du groupe NRJ a suscité des "demandes reconventionnelles"
de
la part des autres catégories de radios souhaitant, toutes, une
évolution de la législation...en leur faveur.
2. Les propositions des radios généralistes
Elles s'estiment également lésées par la
situation actuelle du paysage radiophonique, alors qu'elles contribuent
à l'information politique et générale. Or, cette
contribution augmente considérablement la partie dépenses de leur
budget. A titre d'exemple,
le budget consacré par l'une des radios
généralistes à ses émissions
généralistes est équivalent au budget global de la radio
musicale qui a la plus forte audience et, pourtant, les radios
généralistes souffrent d'une pénurie de
fréquences.
Dans trois départements, aucune radio généraliste
privée n'est présente ; dans neuf départements une
seule émet en MF ; dans 31 départements, elles ne sont
que deux. Dans les 53 départements métropolitains restants,
le maillage demeure insuffisant. La couverture MF des radios
généralistes privées en nombre d'habitants est
inférieure à celle des autres radios nationales.
Sur les 2 400 fréquences attribuées aux radios
privées, les trois généralistes en totalisent moins de 400
alors que NRJ, à elle seule, en dispose de 230. Pour assurer un maillage
satisfaisant du territoire, les généralistes souhaitent disposer
d'au moins 200 fréquences chacune.
Les radios généralistes voudraient "
corriger les
modalités d'attribution des fréquences
". Compte tenu de
la pénurie de fréquences et de leur volonté de contribuer
au débat démocratique par l'expression des différents
courants socioculturels, elles estiment nécessaires une
priorité d'attribution.
Ceci afin d'atteindre progressivement une
diffusion nationale, sans toutefois "
pénaliser les radios
associatives et les indépendantes qui respectent leurs
engagements
".
Pour résoudre cette équation difficile, elles suggèrent :
- d'interdire la reconduction hors appel à candidatures d'une
autorisation de radiodiffusion sonore dans les agglomérations de plus de
30 000 habitants où deux généralistes privées
au moins sont absentes.
- de prévoir un appel à candidatures ouvert aux opérateurs
de radio de toutes les catégories lors du renouvellement des
fréquences lorsque le titulaire n'a pas respecté son cahier des
charges (en précisant, à l'article 28-1, une exception au
renouvellement automatique des fréquences).
- de maintenir le contrôle du CSA sur les principaux mouvements du
marché des radios et en particulier des changements de catégorie
souhaités par les opérateurs. Une radio locale qui souhaite
changer de catégorie et diffuser un programme national devrait
rétrocéder sa fréquence au CSA qui déciderait
ensuite de son attribution. Ces changements de programmes, souvent
demandés à la suite d'un " accord " avec un
opérateur national, doivent demeurer soumis à
l'appréciation du CSA et faire l'objet d'un appel d'offres ouvert
à toutes les catégories de service, y compris les
généralistes. La procédure devrait être
simplifiée et sa durée maximum limitée.
Pour les radios généralistes, "
toute disposition
autorisant des radios locales indépendantes à se syndiquer quasi
automatiquement à un programme national serait un facteur
supplémentaire de déséquilibre de la bande MF qui
interdirait au CSA de joueur son rôle de régulateur
".
Elles demandent également d'améliorer les planifications de la
bande MF dans le sens d'une plus grande transparence et d'une plus grande
cohérence en créant une
commission technique paritaire
chargée d'élaborer le plan de fréquences.
Ce
Comité regrouperait les services techniques du CSA et les
représentants des différents opérateurs du secteur (radios
publiques, associatives et commerciales). Plus précisément :
- le plan fixerait le nombre de fréquences à attribuer par zone,
les puissances et les sites d'émission ;
- la composition de la commission technique paritaire serait
arrêtée par le CSA ;
- celle-ci pourrait se faire assister par les organismes et
sociétés de son choix ;
- elle devrait rendre un rapport annuel avant le 30 juin de chaque
année précisant l'usage des fréquences. Ce rapport,
transmis à l'agence nationale des fréquences et au CSA, serait
rendu public.
Les radios généralistes estiment que
les plans de
fréquence seraient plus cohérents s'ils étaient
établis une fois les candidats aux fréquences connus et non
l'inverse
comme le prévoit la loi actuelle. L'ignorance des futurs
utilisateurs conduit à renforcer les champs de protection (qui assurent
le confort d'écoute) et interdit une diffusion d'un même programme
sur des fréquences identiques ou voisines sur l'ensemble du territoire
ce qui, pourtant, permettrait un meilleur " confort " à
l'auditeur lorsqu'il se déplace. C'est du reste de cette manière
que France Info a pu se développer autour d'une fréquence.
3. Les propositions des radios associatives
La Confédération Nationale des Radios Libres
(CNRL), qui rassemble les radios associatives, souhaite que la loi
définisse les caractéristiques de " la radio
associative ". D'après elle, le secteur associatif devrait
bénéficier de 25 % au moins des fréquences et
utiliser des puissances d'émission " lui garantissant un
véritable confort d'écoute ".
De plus, elle propose la création d'un deuxième fonds,
parallèlement au fonds de soutien à l'expression radiophonique,
alimenté par le budget de l'État et destiné à
l'équipement et à " certaines opérations ",
notamment en matière culturelle et d'intégration. Les radios
associatives auraient un accès privilégié aux campagnes
d'intérêt général organisées par le
Gouvernement. Les collectivités locales seraient incitées
à participer à leur financement.
La CNRL souhaite la mise en place d'une commission consultative,
composée de représentants des radios associatives, des
ministères intéressés et du CSA. Elle serait entendue
chaque fois qu'une décision concernant une radio associative devrait
être prise.
4. La position du secteur public de la radio
Dans ce dossier, le secteur public est resté
remarquablement discret, pour deux raisons semble-t-il.
La première est qu'il bénéficie d'une priorité dans
l'attribution des fréquences radiophoniques. Ce privilège n'a pas
de base juridique claire : il est du reste contesté par les
opérateurs privés
59(
*
)
.
La seconde, en liaison étroite avec la précédente,
réside dans le projet de développement d'une nouvelle radio
thématique destinée aux jeunes, baptisée d'abord
" Radio Alpha ", puis " Le MOUV' ",
dont la couverture
devrait se faire selon les principes présentés par son
président
60(
*
)
.
Pour la diffusion, Radio France "
utilisera dans un premier temps
des
fréquences qui avaient été affectées pour des
programmes locaux qui n'ont jamais vu le jour
". C'est
implicitement
admettre que le secteur public dispose de fréquences
gelées.
"
L'objectif initial est de desservir 4 à 5 millions d'habitants
autour d'une vingtaine de sites
61(
*
)
. Il y aura
une forte dominante urbaine, mais nous toucherons également des zones
rurales. Ensuite, viendra la région parisienne. Là, nous verrons
comment utiliser de la façon la plus pertinente les fréquences
dont nous disposerons
". C'est implicitement annoncer que
la
nouvelle radio rendra nécessaire une nouvelle répartition des
fréquences attribuées au secteur public, à
" enveloppe " constante.
D'aucuns s'interrogent cependant sur le caractère d'intérêt
général et de service public d'une radio " jeunes "
financée par les deniers publics et suggèrent d'accorder aux
15-25 ans une place plus importante sur les antennes existantes du secteur
public.
B. LE DÉBAT SUR L'ADAPTATION DU MODE DE RÉGULATION DU PAYSAGE RADIOPHONIQUE
Après avoir lancé un ballon d'essai, le CSA a procédé à une adaptation de ses procédures d'attribution des fréquences. L'adaptation du code législatif reste en chantier par suite du changement de Gouvernement.
1. La mise aux enchères des fréquences, un système séduisant mais inadaptable
a) Le système britannique de gestion des fréquences radio
Certains ont proposé de s'inspirer du système
adopté en Grande-Bretagne pour gérer l'attribution des
fréquences radiophoniques.
L'organisation de la bande MF dans le secteur commercial et associatif est
profondément différente comparée à notre pays :
Il existe en France 12 réseaux nationaux, 2 réseaux
semi-nationaux et 3 regroupements nationaux de stations locales, contre un seul
réseau national en Grande-Bretagne. On compte en France 680 radios
locales, et 110 en Grande-Bretagne. Enfin, on recense en France 542 radios
associatives, et seulement 106 en Grande-Bretagne.
Comparées au système français, les principales
caractéristiques du système britannique sont les suivantes :
1/ Le plan de fréquences britannique introduit une distinction claire
entre les fréquences attribuées à la BBC, et les
fréquences disponibles pour les radios relevant de la compétence
de la Radio Authority.
2/ La procédure d'attribution des fréquences par la Radio
Authority prévoit une enquête préalable
d'intérêt public. Celle-ci est notamment destinée à
repérer les besoins en programmes, identifier les fréquences
disponibles, et préciser les formats manquants, justifiant l'attribution
d'une nouvelle fréquence, compte tenu de la réalité du
marché publicitaire local et des autres ressources disponibles.
3/ Une fois ce repérage effectué, un appel d'offres est
lancé sous forme d'une
mise aux enchères
. Celle-ci
porte sur l'attribution de fréquences associées à des
formats.
Un opérateur qui déciderait de changer de format perdrait
automatiquement sa fréquence. Celle-ci serait alors, soit remise aux
enchères sur le format initial, soit proposée sur un autre format
si l'enchère est infructueuse, et après une nouvelle
enquête préalable.
L'autorité de régulation a pour principe d'exclure la
présence sur une même zone de deux radios ayant des formats
identiques, susceptibles de se faire concurrence.
4/ Les réseaux nationaux émettant en AM (Talk Radio, Virgin 1215,
Atlantic 252) ne sont généralement pas repris en MF. Le seul
réseau national en MF est " Classic FM ".
Sur les 160 radios indépendantes, locales ou régionales, les 2/3
sont en modulation de fréquence, 1/3 en modulation d'amplitude.
Pour le reste, il n'existe pas de réseaux au sens où nous
l'entendons en France.
Des groupes peuvent être propriétaires de plusieurs radios locales
indépendantes. Toutefois, il n'y a pas confusion entre la
propriété d'un réseau et la nature de sa programmation. Le
Broadcasting Act
interdit du reste à un groupe de posséder
plus d'une radio AM ou MF dans une même zone. Le Gouvernement de M. John
Major avait toutefois proposé de lever cette interdiction.
Les banques de programmes susceptibles d'alimenter en partie les radios
indépendantes (comme par exemple Independent Radio News, Network News,
Reuters Radio News ou Sport Media Broadcasting,...) ont un statut
spécifique auprès de la Radio Authority.
Les situations apparaissent donc profondément différentes entre
les deux pays. Si le paysage radiophonique de Grande-Bretagne est moins
tourmenté que le paysage radiophonique français, ce dernier est,
de l'avis des observateurs, sensiblement plus diversifié.
b) Un système difficilement transposable
La transposition du ce système fut néanmoins
proposé par M. Hervé Bourges
62(
*
)
,
qui s'est prononcé " à titre personnel " en faveur du
système britannique avec appel d'offres et mise aux enchères des
fréquences. Compte tenu de la pénurie de fréquences, il se
déclarait persuadé de l'évolution de la gestion des
fréquences une telle formule, qui serait néanmoins
réservée aux radios commerciales. Cette évolution
s'accompagnerait d'une péréquation, puisque les recettes ainsi
dégagées alimenteraient le Fonds de soutien à l'expression
radiophonique, et, par conséquent, les radios associatives.
Ces propositions ont rencontré l'hostilité des principaux
acteurs
63(
*
)
.
Incessibilité des fréquences hertziennes et gratuité de
leur utilisation sont liées. On ne peut modifier l'une sans renoncer
à l'autre. Mettre fin au principe de gratuité des
fréquences et instaurer leur libre cessibilité poseraient
cependant plus de problèmes que ces réformes n'en
résoudraient. En apparence, lorsque l'exploitation du domaine public
donne lieu à des gains privés, il ne semble pas anormal que
l'Etat fasse rétribuer celle-ci sous la forme d'une redevance, en
fonction par exemple de l'importance du réseau ou de la puissance des
émetteurs. En introduisant un coût dans l'usage des
fréquences, on instaure davantage de rationalité dans
l'utilisation du spectre. L'application de ce principe à la radio, qui
prend la forme d'une alternative, est toutefois difficile.
· La fin de la gratuité pour
l'utilisation des
fréquences
constituerait tout d'abord une menace sérieuse
pour les radios associatives. Cela signifierait la fin du secteur radiophonique
non commercial, sauf à maintenir sous perfusion budgétaire un
secteur associatif qui deviendrait étroitement dépendant des
interventions du fonds de soutien radiophonique, alimenté par les
redevances versées par les exploitants commerciaux.
· La fin de la gratuité pour l'obtention des fréquences, et
l'instauration d'une procédure de mise aux enchères conduiraient
à substituer à l'appréciation de l'autorité de
régulation la "main aveugle" du marché, en l'occurrence la prime
au plus offrant. Ce serait en réalité renoncer à toute
politique radiophonique d'inspiration française. Les enchères
conduiraient nécessairement à des luttes financières que
seuls les groupes les plus puissants pourraient supporter.
2. Les amorces de réforme
La modification de la réglementation du secteur radiophonique s'est opérée en deux temps : après un communiqué du CSA, fixant les principes de la nouvelle organisation, le Gouvernement a déposé (en discussion au Parlement au cours du premier trimestre 1997) déposait deux amendements sur le projet de loi modifiant la loi du 30 septembre 1986.
a) L'adaptation de la doctrine du CSA : le communiqué 343 du 10 février 1997
Dans ce communiqué, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a estimé qu'il n'était pas actuellement souhaitable de bouleverser profondément l'organisation du secteur radiophonique qui se caractérise par une réelle richesse et une grande diversité des opérateurs . En revanche, il s'est exprimé en faveur de l'obtention de nouveaux moyens afin de corriger certains déséquilibres.
Le communiqué 343 du Conseil Supérieur de
l'Audiovisuel
du 10 février 1997
1/ (...), le Conseil confirme les principes qui ont
guidé sa politique radiophonique depuis la publication de son
communiqué 34 et qui correspondent à la volonté du
législateur d'assurer et de garantir le pluralisme de l'expression
radiophonique à travers la diversité des formats et des
opérateurs. A cet égard, si les catégories définies
dans le communiqué 34 sont appelées à poursuivre leur
évolution, elles restent à l'heure actuelle le moyen
nécessaire pour garantir aux auditeurs la diversité de l'offre.
Le Conseil continuera à soutenir l'existence d'un secteur radiophonique
associatif fort (catégorie A). Il suivra donc avec une attention
particulière les travaux en cours quant à l'avenir du Fonds de
soutien à l'expression radiophonique, dont le renouvellement est la
condition du développement et de la survie de ces radios. Le Conseil
veillera à favoriser les projets associatifs clairement définis
et identifiés comme tels, qui concourent véritablement à
une communication sociale et de proximité et au pluralisme des courants
d'expression socioculturels. Il conserve l'objectif de réserver environ
25 % des fréquences aux projets de cette nature.
Le Conseil est convaincu de la nécessité de soutenir les radios
généralistes existantes (catégorie E). Au-delà
des évolutions de grille, rendues nécessaires par la
transformation du paysage radiophonique, le Conseil note avec satisfaction que
toutes restent fidèles à leur vocation, fondée sur la
place essentielle de l'information pluraliste et la diversité des
émissions et des publics. Le Conseil veillera, dans toute la mesure du
possible, à leur assurer une couverture nationale, y compris sur la
bande MF.
Le Conseil souhaite parallèlement la croissance cohérente et
équilibrée des réseaux thématiques. Cet
équilibre passe notamment par le développement équitable
des troisièmes réseaux. Néanmoins, compte tenu de
l'étroitesse du marché publicitaire, le Conseil est hostile
à ce que ces réseaux, lorsqu'ils émettent en passif
(catégorie D), aient accès au marché publicitaire local.
S'agissant des radios locales à caractère commercial, le Conseil
est attaché à l'existence de deux catégories qui ont
vocation à demeurer distinctes : radios locales
indépendantes sur le plan capitalistique, qui correspondent à des
projets locaux effectifs, radios locales liées à des
réseaux. Pour ces deux catégories, le Conseil restera attentif
à la réalité et au caractère effectif des
programmes locaux. A ce propos, il est favorable à l'inscription dans le
décret d'une définition plus précise du programme
d'intérêt local, de sa durée et de ses conditions de
production. La définition même de la catégorie B exige de
la part des opérateurs un programme local plus important et plus
substantiel encore. En contrepartie, afin de protéger les radios locales
indépendantes de la concurrence des réseaux nationaux sur le
marché publicitaire local, le Conseil souhaite que soit instaurée
une distinction dans le régime d'accès à la
publicité locale entre les radios liées à un réseau
national et les radios locales indépendantes, par exemple en modulant la
durée des écrans publicitaires.
Enfin, le Conseil estime qu'il ne pourra pleinement garantir l'équilibre
global du paysage radiophonique que s'il est consulté sur
l'évolution des missions de la radio publique.
2/ Le Conseil tient à nouveau à souligner certains effets
néfastes de la loi du 1er février 1994. L'économie du
secteur de la radio, le souhait légitime de nouveaux opérateurs
d'entrer sur le marché nécessitent une évolution
maîtrisée du paysage radiophonique. En instituant un régime
de reconduction automatique des autorisations, la loi a figé les
situations, en contradiction avec le relèvement du seuil à
150 millions d'habitants : elle interdit par exemple au Conseil de
favoriser le développement de nouveaux réseaux ; elle freine
fortement l'extension de la couverture nationale des généralistes
sur la bande MF ; elle maintient des radios artificiellement en survie.
Dans ces conditions, le Conseil, tout en étant conscient de la
difficulté de remettre en cause le mécanisme de reconduction
simplifiée des autorisations, souhaite disposer d'une plus grande marge
d'appréciation lors du renouvellement des autorisations (situation
financière d'un opérateur et respect des engagements en termes de
programme propre ou de projet radiophonique).
3/ S'agissant du seuil de concentration fixé par la loi à
150 millions d'habitants, outre la prise en compte des réseaux, le
Conseil demande qu'une disposition législative permette la prise en
compte du poids des régies publicitaires.
4/ Une des difficultés majeures rencontrées par le Conseil lors
des appels à candidatures résulte de la durée excessive de
ces appels. Ce phénomène préjudiciable aux
opérateurs tient essentiellement aux conditions légales dans
lesquelles doivent être établis les plans de fréquence. A
ce sujet, le Conseil souhaite pouvoir, en pleine sécurité
juridique, lancer des appels à candidatures sur des fréquences
déterminées, ce qui lui permettrait d'accélérer de
façon importante les procédures.
5/ Le Conseil souhaite que certains pouvoirs soient déconcentrés
au niveau des Comités Techniques Radiophoniques. Dans cette perspective,
il estime nécessaire que ses liens avec les CTR soient renforcés.
Il demande en particulier à être associé à la
désignation des présidents des CTR.
Ce communiqué allait, lors du débat sur la réforme de
la loi de 1986, (en février 1997 au Sénat), inspirer la
réforme de l'encadrement législatif de la régulation du
paysage radiophonique.
b) Le projet de loi du Gouvernement Juppé modifiant la loi de 1986
Lors du débat au Sénat le 19 février 1997
sur le projet de loi modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986
relative à la liberté de communication, le Gouvernement a
présenté un amendement "
réécrivant "
intégralement l'article 29
. La nouvelle rédaction
apportait plusieurs modifications au dispositif existant.
1/ Tout d'abord, elle fixait de nouveaux critères tels que :
· l'accès du public à l'information politique et
générale,
· l'expression de la vie associative ou la variété
des services offerts au public,
· la "
capacité du marché publicitaire
local
".
C'est en fonction de ce critère que le Conseil supérieur de
l'audiovisuel accorderait les autorisations d'émettre. Le Gouvernement
Juppé avait voulu ainsi renforcer les moyens du CSA pour garantir tout
à la fois le pluralisme et la diversité du paysage radiophonique.
2/ Le Gouvernement avait souhaité la création d'une commission
technique regroupant des représentants du Conseil supérieur de
l'audiovisuel et des opérateurs chargés de faire des propositions
sur les nouveaux plans de fréquences. Cette commission pourrait
également, de sa propre initiative, proposer au Conseil toute
modification des plans de fréquences susceptible d'améliorer la
mise à disposition du public des services de radiodiffusion sonore.
3/ Enfin, l'article 29 prévoyait l'institution d'un appel partiel
à candidatures pour attribuer des fréquences
déterminées.
· Le Sénat avait, sur proposition du Gouvernement, adopté
un article 29-1, faisant obligation au CSA de se prononcer dans un délai
de deux mois lorsqu'il était saisi par un opérateur d'une demande
de modification des caractéristiques de son service.
Pour le Ministre, il ne s'agissait en aucun cas de "
créer une
procédure détournée pour autoriser sans examen une
modification substantielle que le CSA doit continuer d'apprécier au cas
par cas, selon les procédures qu'il s'est toujours fixées et les
règles générales qui encadrent son action
".
Les opérateurs auraient pu ainsi obtenir la modification de certaines
caractéristiques de leur service dans des délais relativement
brefs. Toutefois, selon l'interprétation de cet amendement, telle
qu'elle fut donnée par le rapporteur de la Commission des Affaires
culturelles, cette procédure n'aurait pas permis qu'une radio passe
d'une catégorie à l'autre : une radio aurait donc eu le droit,
après trois mois de silence du CSA, de changer de capital, de nom, de
format, de dirigeants, mais il lui aurait été interdit de se
syndiquer et de diffuser, en complément de son programme local, un
programme identifié parce que cela l'aurait conduite à changer de
catégorie ?
A l'Assemblée nationale, en revanche, le rapporteur n'avait pas
écarté la possibilité que cette disposition soit
effectivement utilisée par le CSA pour accepter "une demande de
modifications qui entraîneront de fait un changement de catégorie
du service"
64(
*
)
.
Le débat reste donc ouvert jusqu'au vote de la prochaine loi sur
l'audiovisuel.
III. POUR UNE MEILLEURE UTILISATION DES FRÉQUENCES RADIOPHONIQUES
Les difficultés de gestion des fréquences
radiophoniques ont conduit les principaux observateurs de ce secteur à
préconiser une
réorganisation générale de la
bande MF
, en introduisant des
mono-fréquences pour les
réseaux nationaux
. Les grandes radios généralistes,
les radios thématiques nationales et les stations nationales du secteur
public pourraient ainsi être entendues sur une
fréquence
unique
, de quelque partie du territoire où l'auditeur se trouverait.
Ce nouveau plan de fréquences, souhaité par les
opérateurs
65(
*
)
, théoriquement
possible
66(
*
)
,
" pacifierait " le
paysage radiophonique mais, au préalable, il nécessiterait une
révolution des mentalités chez les principaux acteurs. Il
permettrait également de préparer la radio à l'ère
numérique en facilitant l'introduction du DAB. Il pose toutefois de
redoutables problèmes techniques dont l'audit demandé par le
Gouvernement devrait mettre en lumière l'ampleur
.
A. LA SITUATION ACTUELLE FAIT APPARAÎTRE LA SINGULARITÉ FRANÇAISE
1. La question de l'utilisation optimale des fréquences
a) La répartition réelle des fréquences radio
On fait souvent état d'une répartition des
fréquences radiophoniques
strictement équilibrée
entre le secteur privé et le secteur public, disposant de
3 050 fréquences chacun.
Cette information n'est pas
exacte
.
Le rapport de janvier 1996, présenté au Parlement par le Conseil
supérieur de l'audiovisuel et intitulé "
bilan de l'usage
des fréquences affectées à la radiodiffusion sonore et
à la télévision par voie hertzienne
terrestre
"
67(
*
)
, fournit des
indications très précises.
Répartition des fréquences radiophoniques au 15 janvier 1996
2 861 fréquences privées :
· 778 pour 550 opérateurs de radios " associatives ".
Elles vivent du fonds de soutien alimenté par les
télévisions ou radios commerciales, d'un tout petit peu de
publicité locale et des dons de la divine providence quand il s'agit de
radios chrétiennes.
· 575 fréquences pour les 250 opérateurs de radios locales
commerciales.
· 682 fréquences pour les radios filiales ou franchisées
à un réseau thématique. Ce sont des antennes mixtes qui
proposent des émissions locales dans un programme national.
· 469 fréquences pour les réseaux thématiques NRJ,
Fun Radio, Skyrock, RTL2, Chérie FM, RFM, BFM, Radio Classique.
· 357 pour les radios nationales généralistes comme RTL,
Europe 1, RMC.
2 569 fréquences publiques :
· 221 pour France Info
· 453 pour les radios locales
· 629 pour France Inter
· 626 pour France Culture
· 629 pour France Musique
· 2 pour Radio Bleue et 9 pour FIP
Une comparaison entre secteur public et privé portant uniquement sur les
quantités de fréquences est insuffisante. En effet, toutes les
fréquences ne sont pas équivalentes puisque leur
efficacité dépend des puissances avec lesquelles elles sont
émises et du " dégagement du point d'émission ",
qui contribue - avec la puissance - à fixer l'entendue de la
zone de service.
La répartition entre secteur public et secteur privé tourne
à l'avantage du privé, avec 3 256 fréquences pour ce
dernier, contre 2 570 pour le secteur public.
Il est cependant impossible de savoir si ces fréquences sont
réparties de manière optimale, c'est-à-dire
d'évaluer la part d'espace hertzien occupée par une
catégorie de radio.
Les indicateurs statistiques de la radio, réalisés par le SJTIC
en collaboration avec le CSA, ne répartissent en effet les audiences
qu'entre:
- les radios généralistes,
- les radios thématiques nationales (en distinguant les " radios
musicales " des " autres " catégories qui
recoupent
quatre des cinq radios du secteur public : France Info, Radio Bleue, France
Culture et France Musique),
- les radios locales,
- et enfin une rubrique " autre " qui rassemble les radios
étrangères, RFI et les radios non identifiées.
Cette répartition ne recoupe pas celle des 5 catégories
définies par le CSA. Il est donc impossible de connaître
l'audience des radios selon les catégories définies par le CSA,
et notamment entre les catégories B, C et D.
b) Les fréquences ont été réparties de façon optimale
On prétend que
l'écart entre deux stations de
radio
, techniquement nécessaire pour éviter les brouillages
entre deux stations qui occupent un site de fréquence contigu,
est
plus faible aux États-Unis qu'en France.
Il serait de 0,3
mégahertz outre-Atlantique et de 0,4, voire 0,5 mégahertz en
France.
Il s'agit également d'une idée reçue qui
mérite une analyse lucide
.
Les écarts recommandés par la
Federal communication
commission
atteignent en réalité 0,6 mégahertz, soit
plus qu'en France. Les États-Unis peuvent ainsi se permettre de
sous-utiliser la bande MF, dans la mesure où leur territoire est
infiniment plus vaste. Mais ce n'est pas toujours le cas, notamment pour les
grandes villes du nord-est, de la Nouvelle-Angleterre.
Si les mêmes écarts de fréquence étaient
utilisés à New-York et à Paris
68(
*
)
, notre
capitale ne disposerait que de 24
fréquences pour la bande MF au lieu de 45 fréquences actuellement
attribuées
.
Une autre comparaison se révèle également instructive.
Le CSA a, dans l'étude précitée, comparé le nombre
de fréquences de radiodiffusion sonore en modulation de
fréquences en service en France métropolitaine à celui des
fréquences utilisées en Allemagne et au Royaume-Uni.
Le choix de ces deux pays est fondé sur les raisons suivantes :
- leurs superficies respectives sont peu différentes de celle de la
France ;
- la gestion de la bande MF, dans ces deux pays, est effectuée
rigoureusement, ce qui permet de considérer que les informations
statistiques obtenues sont raisonnablement fiables. Il n'en va pas de
même dans tous les pays. L'Italie, par exemple, présente une
situation très confuse, ce qui a rendu difficile, voire impossible
jusqu'à ce jour, toute tentative de coordination franco-italienne.
La comparaison entre le nombre de fréquences autorisées en
France, en Allemagne et au Royaume-Uni est donnée dans le tableau
ci-dessous :
|
Allemagne |
Royaume-Uni |
France (métropole) |
Service Public |
760 |
666 |
2 570 |
Radios privées |
577 |
176 |
3 256 * |
Total |
1 337 |
842 |
5 826* |
* y compris les fréquences des radios d'autoroute
Il convient toutefois de pondérer ces résultats en tenant compte
des différences de superficie de territoire entre les deux pays
considérés, ceux-ci étant d'une superficie
inférieure à celle de la France.
Le tableau suivant donne le nombre moyen de fréquences MF
diffusées sur une zone de 1 000 km² :
|
Allemagne |
Royaume-Uni |
France (métropole) |
Surface en km² |
356 000 |
230 000 |
550 000 |
Nombre (N) de fréquences/1 000 km² |
3,75 |
3,66 |
10,57 |
Ce tableau permet de dresser le constat suivant :
1/ Le nombre N de fréquences diffusées sur
1 000 km² est du même ordre de grandeur en Allemagne et au
Royaume-Uni ;
2/ Le nombre N pour la France est approximativement
2,8 fois plus
élevé que celui de ses voisins.
On peut cependant expliquer -au moins en partie- cette différence en
notant que :
- Les gammes de puissance des stations MF Outre-Rhin sont
généralement plus élevées qu'en France. Il en
résulte, pour l'Allemagne, une réduction de l'utilisation de la
ressource du spectre en terme de quantité de fréquences.
- Le Royaume-Uni, à de rares exceptions près, n'a pas encore fait
usage de la bande MF entre 105 et 108 Mhz. Quand il exploitera
à son tour cette ressource, le gain potentiel en quantité de
fréquences sera de l'ordre de 15 %, ce qui devrait l'amener
à un nombre N de l'ordre de 4,2. Il faut noter que la
stratégie adoptée par ce pays, ayant conduit à
dédier des portions de la bande MF pour différentes classes de
services (publics et privés), induit des contraintes pour la gestion des
fréquences. Elles contribuent donc à limiter le nombre global de
fréquences disponibles.
- En France, sont comprises dans le nombre total des fréquences, celles
qui ont des puissances faibles ou modestes, utilisées essentiellement
par Radio France (complément de couverture sur des zones de faible
étendue pour les programmes nationaux) et par les radios d'autoroute
(environ 400 fréquences de 200 W maximum).
On observe, en outre, qu'en Allemagne, comme au Royaume-Uni, l'avantage du
nombre de fréquences est au bénéfice du secteur public,
alors que la France se trouve en situation inverse.
De cette analyse, il ressort, à quelques réserves près,
que
l'utilisation de la bande MF, en terme de fréquences, est plus
dense en France que dans les deux pays voisins
. Ceux-ci, il est vrai, sont
probablement encore dans une phase de développement des radios
privées, alors que la France est en voie de stabilisation (la saturation
de la bande de fréquences peut être considérée comme
atteinte dans la plupart des zones peuplées).
En conclusion, l'intensité de l'utilisation de la bande MF ne peut
donc qu'aviver la gravité de la pénurie de fréquences.
2. La question de l'attribution de monofréquences
Cette attribution d'une fréquence unique, sur laquelle
on pourrait capter, de quelque point du territoire, une radio, est
délicate à résoudre sur le plan technique.
Aucun des réseaux
, y compris ceux du secteur public, comme celui
de France Info par exemple, -bien que la notoriété de la station
soit bâtie autour de sa fréquence " 105,5 "-
ne
possède la même fréquence sur tout le territoire
.
Une fréquence unique
ne fonctionne qu'en mode linéaire
,
par exemple comme les radios d'autoroute (107,7), pour un coût assez
élevé (50 000 francs du kilomètre). La
fréquence unique est
incompatible avec un maillage dense du
territoire
, en raison des risques de brouillage. Techniquement, il serait
plus raisonnable de bâtir un plan de fréquences autour d'une
fréquence-mère et d'attribuer les fréquences se
rapprochant le plus d'une valeur nominale, par exemple 105,3, 105,1, 105,7 pour
105,5.
Il s'agit donc, là encore, d'une fausse-bonne idée.
B. UNE REMISE EN ORDRE DES FRÉQUENCES POSSIBLE ET SOUHAITABLE
1. La remise en ordre du plan de fréquence de la MF est souhaitable
Deux remarques préalables doivent être faites.
Alors que les États-Unis ont, dès 1934, déterminé
un plan de fréquences pour ensuite les attribuer, la législation
française a procédé de la manière inverse, en
attribuant les fréquences aux opérateurs qui les
sollicitaient, en l'absence d'un plan global et rationnel d'allocation
.
Aussi la législation française impose-t-elle d'élaborer un
plan de fréquences sans connaître les utilisateurs, les
fréquences étant alors attribuées selon le système
de l'appel d'offres. L'État a, à partir des années
1982-1986, laissé faire le marché avant de l'organiser. La notion
de réseau ne date que de 1990. En 1998, le moment semble propice
à une remise en ordre.
Toutefois, il est difficile à l'État d'intervenir sans savoir ce
que veulent les opérateurs. Or, il faut reconnaître que certaines
radios généralistes ont hésité avant d'investir la
bande MF, puisqu'elles disposaient d'une rente de situation sur les Grandes
Ondes, s'ajoutant à un véritable oligopole sur le marché
publicitaire. En mars 1986, lorsque l'Armée a dégagé la
bande de fréquence 104-108 mégahertz,
le président de
l'une des grandes radios généralistes s'adressait au Premier
ministre de l'époque afin de manifester son intérêt pour...
5 fréquences. Ce même opérateur réclamerait
aujourd'hui une fréquence dans toutes les villes de plus de
10 000 habitants
...
Il est donc indispensable que le Sénat profite du dialogue
engagé avec le Gouvernement de M. Lionel Jospin dans le cadre du PJL de
Finances pour préciser quelques principes.
2. Cette remise en ordre ne devra pas se faire au détriment du secteur public
Le secteur public a, dans ce dossier, fait trop souvent
l'objet de critiques injustes ; il est donc apparu souvent en situation
d'accusé, parce qu'utilisant, voire "gâchant" trop de
fréquences sur la bande MF.
Il convient de rappeler que Radio France a été, historiquement,
la première station à utiliser la bande MF. Le groupe dispose
donc d'émetteurs bien situés et nombreux. Radio France utilise
ces
nombreuses fréquences
, pour des raisons fort
légitimes. Tout d'abord, parce qu'elle propose
plusieurs
programmes
, les stations du groupe doivent être
considérées comme autant de réseaux nationaux. Ensuite, le
cahier des charges de Radio France impose une
obligation de diffusion sur
tout le territoire national
. Enfin, si le groupe dispose de nombreux
émetteurs, trop nombreux aux yeux des dirigeants de certaines radios
privées généralistes concurrentes, il convient de ne
retenir que ceux dont la puissance est supérieure à 100 watts.
Pour une radio commerciale en effet, les émetteurs inférieurs
à cette puissance ne sont pas rentables économiquement en raison
de coûts d'entretien trop élevés. En revanche, Radio France
doit disposer de nombreux émetteurs d'une fréquence
inférieure à 100 watts afin de desservir les vallées des
Alpes ou des Pyrénées. Le département de la Savoie compte
par exemple à lui seul 92 émetteurs de Radio France.
Le nombre
d'émetteurs de plus de 100 watts de Radio France équivaut
à 20 % du parc total d'émetteurs de cette puissance, ce qui
correspond à l'audience globale du groupe
.
De plus, si les doubles fréquences pour les programmes de Radio France
existent, elles correspondent à des zones où le rayonnement des
émetteurs se chevauchent, là où les zones d'écoute
se recouvrent. Les "fréquences de confort", véritables doublons,
sont peu nombreuses.
Radio France s'est déclarée prête à participer aux
échanges de fréquences qui pourraient être
décidés au vu des résultats de la mission d'audit. Le
groupe pourrait renoncer à certains émetteurs, dont la forte
puissance gêne la réception d'autres radios. Cependant,
il
conviendra de veiller avec une particulière attention à ce que la
réduction du nombre d'émetteurs de forte puissance de Radio
France ne se traduise pas par une trop forte augmentation du nombre total
d'émetteurs, entraînant des coûts d'entretien plus
élevés, et, par conséquent, une aggravation des charges de
diffusion du groupe public.
Les contraintes à prendre en considération pour l'attribution de fréquences radiophoniques
·
Contrainte de fréquence
Deux radios diffusées sur des fréquences proches ou identiques se
brouillent mutuellement si elles desservent des zones communes ou adjacentes
indépendamment des programmes émis.
Le brouillage diminue ou disparaît à condition que la
fréquence de l'une des deux radios soit décalée. La
nécessité d'introduire un tel décalage constitue la
principale contrainte liée à la planification de
fréquence : la compatibilité entre deux émetteurs de
radiodiffusion sonore n'existe que si ceux-ci présentent un écart
de fréquence suffisant qui dépend de leur puissance
rayonnée et de leur dégagement d'antenne respectifs ainsi que de
la distance et du relief qui les séparent.
Pour une distance AB inférieure à 15 km, l'écart en
fréquence vaut 0,4 Mhz ce qui limite à 51 le nombre
maximum de fréquences planifiables sur une même zone.
Le contrainte de fréquence impose donc la distance de
réutilisation d'une même fréquence : 90 km.
·
Contrainte de partage
La bande II est essentiellement utilisée en Europe pour la
radiodiffusion sonore. Au voisinage des frontières, la ressource
spectrale est donc partagée en autant de fois que de pays en
présence.
Par exemple, dans la région de Thionville, proche de l'Allemagne, de la
Belgique et du Luxembourg, la ressource est divisée par quatre et sur
les 50 fréquences théoriquement planifiables, seule une
douzaine peut être utilisée en moyenne par chaque pays. Toutefois,
la contrainte de partage diminue ou disparaît lorsque le relief
frontalier fait écran à la propagation des ondes.
·
Contrainte d'emplacement
Les champs électromagnétiques produits par les émetteurs
peuvent, s'ils sont trop importants, désensibiliser certains
équipements électroniques et les rendre partiellement ou
totalement inopérants (moirage de l'image de télévision,
réception d'une radio sur le téléphone, perturbation des
fréquences utilisées par les pompiers ou la police...). De telles
perturbations sont appelées gênes de proximité.
Elles sont particulièrement pénalisantes dans les zones fortement
urbanisées. Pour les éliminer, il convient de diminuer
l'intensité des champs électromagnétiques. Plusieurs
solutions existent parmi lesquelles on peut retenir la diminution des
puissances rayonnées et l'implantation des émetteurs à
l'extérieur des zones sensibles. Dans ce dernier cas, la contrainte
d'emplacement se traduit, lors de la procédure d'autorisation, par la
définition, autour des centres ville, d'une zone de protection
radioélectrique à l'intérieur de laquelle aucun
émetteur ne peut être implanté sans que de
sévères restrictions de puissance soient imposées.
·
Contrainte de multiplexage
Le multiplexage consiste à diffuser deux ou plusieurs fréquences
destinées à desservir une même zone à partir d'un
même site et sur un même système d'antenne. Il offre trois
avantages :
- uniformité des diagrammes de puissance rayonnée pour toutes
les fréquences multiplexées, donc uniformité de leur zone
de couverture ;
- répartition des coûts d'exploitation entre les différents
opérateurs qui partagent le même site ;
- limitation des pylônes d'émission.
A l'inverse, il présente une contrainte qui se traduit par la diminution
du nombre de fréquences théoriquement planifiables sur une
même zone : un écart minimum de 0,8 Mhz doit
séparer deux fréquences multiplexées alors qu'un
écart de 0,4 Mhz suffit à assurer leur compatibilité.
Cette contrainte intervient notamment dans la planification des
fréquences destinées à Radio France qui multiplexe
systématiquement ses trois programmes nationaux : France Inter,
France Culture et France Musique.
Il est toutefois possible, mais pour un coût d'exploitation plus
élevé, de s'affranchir de cette contrainte en utilisant plusieurs
multiplexeurs couplés à des systèmes d'antennes
séparées.
·
Contrainte de pilotage
L'acheminement du signal à diffuser depuis le studio de production
jusqu'à l'émetteur s'effectue de différentes
manières :
- par satellite ;
- par liaison spécialisée ;
- par faisceau hertzien ;
- par réémission (ballempfang).
La dernière méthode est très employée en
région montagneuse parce que facile à mettre en oeuvre et peu
onéreuse. Le réémetteur capte le signal déjà
émis par un émetteur de fréquence F1 et appelé
émetteur pilote, pour le rediffuser sur une autre
fréquence F2.
Le pilotage de fréquence nécessite deux conditions : F1 et F2
doivent être espacées d'au moins 1 Mhz et aucune fréquence
à moins de 0,7 Mhz de F1 ne doit être émise au voisinage du
site de réémission. Ces deux conditions contribuent à
diminuer le nombre de fréquences théoriquement planifiables sur
la zone de réémission.
Source : Rapport précité du CSA
IV. RADIO FRANCE
Depuis 1996, Radio France traverse une zone de
turbulence : réorganisations des grilles de programmes, changements
de personnes, incidents à l'antenne, lancement contesté, enfin,
d'une nouvelle radio Jeunes, le MOUV', ont créé un climat
d'incertitude, aggravé par l'annulation de 29 millions de francs de
crédits par le Ministre de la Culture et de la Communication.
La nomination de deux nouveaux responsables de chaînes à la
tête de France Inter et de France Culture a suscité des remous qui
ont mis du temps à se dissiper. Ces changements ont été
décidés par le nouveau président-directeur
général de Radio France, M. Michel Boyon, afin de dynamiser
une audience globale qui, en dépit du succès de France Info, a
tendance à s'effriter.
Cet effort de modernisation de l'antenne est complété par un
engagement ambitieux en faveur des nouvelles techniques de diffusion.
A. L'AUDIENCE DE RADIO FRANCE
Radio France peut faire état d'une progression de son
audience de près de 15 % en quatre ans. Chaque jour
12,6 millions de personnes ont un contact avec au moins une station du
groupe.
Cette bonne performance d'ensemble doit être nuancée : si
l'auditoire de France Inter a augmenté de 5 % en quatre ans, alors
que celui de l'ensemble des radios généralistes baissait de
6 %, et si la fidélité de ses auditeurs - dont la
durée d'écoute est passée de 116 minutes en 1992
à 137 minutes en 1996 - s'est accrue, on note un tassement de
l'audience, entre 1995 et 1996, de 0,3 point.
En revanche, le succès de France Info ne se dément pas. Depuis
l'an dernier, elle a franchi le cap des 10 % d'audience cumulée
(10,4 %).
Les radios locales et les FIP progressent régulièrement : de
5,1 % en 1992, elles atteignent maintenant 6,4 %.
Les auditoires de France Culture, France Musique et Radio Bleue demeurent
stables, à des niveaux , il est vrai, modestes.
Auditoires des stations de Radio France
(en %)
|
Radio France |
France Inter |
France Info |
Radios loc. + FIP |
France Culture |
France Musique |
Radio Bleue |
1992 |
23,6 |
10,9 |
7,9 |
5,1 |
0,8 |
1,5 |
1,0 |
1993 |
24,6 |
11,0 |
8,8 |
5,5 |
0,8 |
1,5 |
1,0 |
1994 |
25,4 |
11,4 |
9,2 |
5,6 |
0,8 |
1,5 |
1,0 |
1995 |
26,6 |
11,7 |
10,4 |
5,8 |
0,8 |
1,7 |
0,9 |
1996 |
26,6 |
11,7 |
10,4 |
5,8 |
0,8 |
1,7 |
0,9 |
B. LE BUDGET 1997
Le budget approuvé par le conseil d'administration de
Radio France pour 1997 s'est élevé à
2 694,5 millions de francs. Il est financé à hauteur de
2 482,5 millions de francs, soit 92,1 %, par des ressources
publiques et de 212 millions de francs par des recettes propres.
De 1996 à 1997, l'augmentation des moyens de la société
représente 35,4 millions de francs, soit une progression de
1,3 %. Cette faible évolution par rapport à l'exercice
précédent tient en grande partie à la suppression du
crédit de 40 millions de francs correspondant au coût du
réseau ondes moyennes de France Inter et dont l'arrêt est
intervenu le 1er janvier 1997.
·
Les orientations générales
Le budget traduit la volonté d'engager la société dans les
voies tracées par le " Projet pour Radio France ", de
diversifier et élargir l'audience de Radio France avec le lancement d'un
nouveau programme destiné aux jeunes publics.
Le projet pour Radio France s'efforce d'adapter la radio publique au nouveau
paysage audiovisuel concurrentiel, tout en réaffirmant les valeurs de
service public :
" le triptyque traditionnel des missions du service public
audiovisuel - cultiver, informer, distraire - garde naturellement
toute son exigence, mais il n'est plus, aujourd'hui, suffisant :
-
parce que le secteur privé participe également à
certaines de ces missions, notamment celles d'informer et de distraire, et peut
le faire avec efficacité ;
- parce que de nouvelles missions apparaissent, imposées par le
mouvement de la société : accompagner les auditeurs dans
leur vie quotidienne, toujours plus complexe ; favoriser leur
intégration dans un monde où les individus et les
communautés sont de plus en plus fragilisés ; vivifier la
citoyenneté.
L'adaptation aux besoins du public constitue l'un des principes fondamentaux du
service public, aux côtés de ceux d'universalité (le
service public s'adresse à tous), d'égalité (le service
public offre à tous les mêmes prestations), de continuité
(le service public ne s'interrompt pas), de neutralité (le service
public ne favorise aucun groupe, aucun courant de pensée, aucun
intérêt particulier).
L'offre du service public doit être clairement distincte de celle du
secteur privé. S'il est dans la nature de ce dernier de se
préoccuper principalement de l'audience, il est du devoir du premier de
s'intéresser, avant tout, à l'auditeur. La recherche du profit
conduit les radios commerciales à considérer l'auditeur le plus
souvent comme un consommateur. A cette conception doit fermement s'opposer la
conviction du service public : l'auditeur n'est pas un client, mais un
citoyen...
L'auditeur doit reconnaître immédiatement les programmes du
service public : au ton de l'antenne, à l'originalité et
à l'intelligence de l'expression, au souci de la création, au
respect des personnes, à la qualité du son et de la mise en
ondes, à l'absence de martèlement publicitaire ou de promotions
insidieuses...
De cette conviction de service public découle une conception de
l'attente du public : ni radio de l'offre pure, qui voudrait ignorer
l'audience ; ni radio de la demande pure, qui voudrait ignorer toute
alternative au marché. Financée à plus de 90 % par
des fonds publics, Radio France est comptable, envers la collectivité
nationale, du bon emploi des ressources qui lui sont attribuées...
A la fois service public, dont elle est chargée de promouvoir les
valeurs, et entreprise, confrontée à une forte concurrence, Radio
France a la charge de conduire une politique de produits spécifiques,
qui soit en conformité avec ses missions. "
·
L'exécution du budget 1997
Au 30 juin 1997, les recettes s'établissent à
1 168 millions de francs et les dépenses à
1 304,2 millions de francs. Tandis que les ressources propres
évoluent conformément aux prévisions, il n'en est pas de
même des ressources publiques.
Certes, au cours du premiers semestre, les encaissements de redevance se sont
déroulés de façon satisfaisante, le montant de redevance
comptabilisé à fin juin présentant une avance de
11,4 millions de francs par rapport aux prévisions du service de la
redevance et de 26,1 millions de francs à fin juillet.
En revanche, si le calendrier de versement trimestriel des subventions
(exonérations de redevance et réserve parlementaire) a
été respecté au cours du premier semestre, les pouvoirs
publics ont décidé, début juillet, de réduire de
29 millions de francs le montant global des subventions attendues par
Radio France en 1997. Un premier prélèvement de
14,6 millions de francs a été opéré dès
le troisième versement trimestriel effectué en août.
Cette mesure de régulation budgétaire intervient à un
moment où l'exécution du budget 1997 apparaît
déjà tendue du fait des charges consécutives aux
élections législatives anticipées et au lancement de la
nouvelle chaîne " Le MOUV' ".
C. LE PROJET DE BUDGET POUR 1998
Les ressources allouées à Radio France, dans le
cadre du projet de loi de finances pour 1998, s'élèvent à
2 749,5 millions de francs. Ce montant est supérieur de
2 % à celui retenu dans la loi de finances pour 1997 et de
1,7 % au budget 1997 approuvé par le conseil d'administration en
décembre 1996.
·
Les ressources
Les ressources publiques passent de 2 492,5 millions de francs
à 2 544 millions de francs, soit une progression de
2,1 %, et représentent 92,5 % du budget de la
société. La structure de ces ressources a été
profondément modifiée dans le budget 1998, puisqu'elles sont
exclusivement constituées de redevance, aucune subvention ne figurant
plus dans le budget de l'État pour la société. De ce fait,
la part de Radio France sur les fonds collectés au titre de la redevance
passe de 19,6 % en 1997 à 21,8 % en 1998.
Les ressources propres sont ramenées pour leur part de 212 millions
de francs à 205,5 millions de francs, soit une diminution de
6,5 millions de francs (- 3,5 %) portant sur les recettes
immobilières, en raison du départ de France 3 des emprises
de la Maison de Radio France, ainsi que sur les produits provenant des
services rendus aux administrations, à la suite de l'arrêt
définitif de la diffusion des émissions universitaires à
la fin du premier semestre 1997.
·
Les charges
Concernant les dépenses d'exploitation, la part des ressources qui leur
est consacrée représente 2 739,5 millions de francs.
Comme l'an dernier, un effort d'économie est imposé par les
pouvoirs publics à l'ensemble des sociétés de
l'audiovisuel. La contribution de Radio France à cet effort a
été fixée à 37 millions de francs.
Des crédits ont été, par ailleurs, accordés au
titre des ajustements et des glissements pour un montant total de
68,5 millions de francs afin d'assurer le financement :
- des glissements sur les dépenses de personnel dans la limite de
2,2 % (soit 32,3 millions de francs),
- des hausses inéluctables constatées chaque année sur les
impôts, taxes et diverses charges de structure,
- du réajustement des versements aux sociétés d'auteurs et
droits voisins,
- du coût du MOUV' en année pleine.
Enfin des mesures nouvelles sont prévues pour Radio France à
hauteur de 15 millions de francs. Elles se répartissent comme
suit :
- évolution des supports de diffusion : 10 millions de francs,
- développement des programmes : 5 millions de francs.
D. LES RADIOS LOCALES DE RADIO FRANCE
La remise en cause par certains opérateurs
privés de la politique de couverture hertzienne de Radio France,
accusée à cette occasion de geler des fréquences, justifie
un examen attentif de sa politique en matière de radios locales.
·
Les principes de programmation
Les 38 radios locales de Radio France réalisent chaque jour de
6 heures à 14 heures de programmes spécifiques, le
complément étant assuré par le programme musical MF,
élaboré à la direction des radios locales par une
équipe d'animateurs tous issus des régions et diffusé par
satellite à l'ensemble des radios locales. Ces variations de programme
et d'autonomie s'expliquent par les objectifs fixés à chacune
d'entre elles au moment de leur création, par la chronologie de leur
mise en service et par la diversité de leurs moyens.
Aujourd'hui, plus de trois millions d'auditeurs écoutent chaque jour les
stations locales de Radio France, qui obtiennent cette année leur score
le plus élevé en audience moyenne sur la saison (6,5 %
d'audience cumulée veille, Médiamétrie septembre 1996-juin
1997, contre 6,1 %, Médiamétrie septembre 1995-juin 1996).
Ces résultats confortent les choix stratégiques faits par la
direction des radios locales depuis plusieurs saisons radiophoniques :
adaptation au terrain, adéquation aux préoccupations des
auditeurs, place accordée à la chanson française et
francophone.
Autour de ces principes de base, les directeurs de station et leurs cadres
élaborent les 38 grilles de programme. Toutes différentes
dans leur contenu, de par la nature même de leur mission " coller
à la vie des pays ", elles utilisent néanmoins les
mêmes ingrédients, qui sont la base du succès des radios
locales depuis leur création : interactivité,
convivialité, service aux auditeurs...
En outre, les radios locales ont enrichi les modes de collaborations et de
liens existant entre les différentes composantes du réseau :
habillage d'antenne commun à toutes les stations depuis le 21 mars
1997, échanges de programmes et d'expériences entre stations du
réseau, opérations communes (multiplex commun Radio France
Armorique-Radio France Bretagne Ouest, convention entre la
Société d'Autoroutes Rhône-Alpes et FIP Lyon, Radio France
Isère et Radio France Pays de Savoie, journal d'Aquitaine...)
·
Les contrats d'objectifs
Une démarche de contrats d'objectifs a été engagée
au printemps 1996. Conformément à la stratégie
générale déterminée pour l'ensemble du
réseau, chaque directeur a établi un projet de contrat
d'objectifs triennal pour sa station.
Cette stratégie ne vise pas l'augmentation du nombre des radios
locales ; elle tend vers un meilleur ancrage de Radio France sur le
terrain.
Cette politique d'extension du réseau - qui mobilise plus de
100 personnes, dont 268 journalistes - s'appuie plus
particulièrement sur trois idées-force, nécessitant
parfois pour leur réalisation des moyens complémentaires.
· L'abandon des zones de service administratives au profit des bassin
d'audience : avec des zones d'activité remodelées et des
moyens complémentaires, certaine stations pourront ainsi partir à
la conquête de nouveaux auditeurs, sur des territoires correspondant
mieux à la réalité radiophonique : Radio France Melun
en Essonne, Radio France Limoges en Corrèze...
· L'invitation systématique aux stations à s'organiser
davantage entre elles, et à développer différentes formes
de synergie entre radios locales.
· Le renforcement du maillage de proximité dans les zones
d'activité des radios locales afin de mieux installer la
présence, la proximité, le service de radio France sur le
terrain, avec, selon le cas, la réalisation de
" décrochages " locaux ou de
" délocalisations " quotidiennes.
A cet égard, deux expériences seront suivies en 1997-1998 avec
une attention toute particulière :
· le démarrage à partir de septembre 1997 d'un
" décrochage " au Havre : deux heures de programme
" modulation France accompagné ", déconnectées
du programme de la station-mère (située à Rouen) et
pilotées par l'équipe technique de Radio France Normandie Rouen.
· Cette expérience, soutenue par la municipalité du Havre,
préfigure des expériences du même type qui pourraient
être engagées dans le cadre des contrats d'objectifs.
· La réalisation pour Radio France Pays de Savoie à partir
de septembre 1997 d'une heure trente de programmes spécifiques
depuis le studio d'Annecy. Cette initiative de délocalisation
quotidienne de l'antenne de Radio France Pays de Savoie permettant
d'établir un meilleur équilibre entre les départements de
Savoie et Haute-Savoie.
E. LE MOUV', UNE INITIATIVE SOUS HAUTE SURVEILLANCE
Dès sa naissance, le 17 juin 1997 à 13
heures, la petite dernière de Radio France a été
contestée. Les uns se demandent si une telle initiative rentre bien dans
le cadre des missions de service public ; les autres, si un organisme
public est capable de trouver sa place dans un segment du marché
où les radios privées ont fait preuve de leur efficacité.
Beaucoup, enfin, ont vu dans cette initiative la preuve que l'organisme public
détient un stock de fréquences sinon non utilisées du
moins sousutilisées, et ce, dans un contexte de pénurie, au
détriment du secteur privé.
Madame la Ministre de la Culture et de la Communication a demandé
à M. Francis Brun-Buisson, directeur du Service Juridique et Technique
d'Information, de procéder à une évaluation.
·
Le MOUV', une mission de service public ?
A l'appui de sa démarche, Radio France fait valoir que " compte
tenu de l'affaiblissement des relais traditionnels, les difficultés
économiques et sociales, les incertitudes sur l'avenir " une radio
destinée aux jeunes publics relève d'un grand service public de
la radio.
Dans cette perspective le MOUV' a pour ambition :
- "
de proposer aux jeunes des clés pour connaître et
comprendre le monde qui les entoure, dans le respect de leur liberté de
jugement et de choix ;
- de les accompagner dans leur marché vers les responsabilités
personnelles , professionnelles et civiques ;
- de contribuer à leur insertion dans la société, en leur
ouvrant des perspectives sur l'avenir. "
La nouvelle radio se fixe aussi une ambition culturelle. Jusque dans sa
programmation musicale, libérée de toute pression commerciale, le
MOUV' doit être identifié par chacun comme l'expression du service
public, sans pour autant véhiculer une image institutionnelle. En outre,
allant au-delà des obligations légales imposées à
Radio France par son cahier des charges, le MOUV' consacre une forte proportion
de sa programmation à la création musicale française et
francophone, qu'il s'agisse d'artistes confirmés, ou plus
particulièrement de nouveaux talents.
·
Le budget pour 1998
Cette initiative est un pari. La question est de savoir si, dans une
conjoncture de restructuration budgétaire, Radio France en a les
moyens.
Une enveloppe de 19,5 millions de francs figure dans le budget de
fonctionnement de Radio France pour le lancement au cours de l'année
1997 de la nouvelle radio destinée aux jeunes, le MOUV'.
Le financement en est assuré par :
· 15 millions de francs de redevance affectés à cette effet
par les pouvoirs publics,
· 1,5 million de francs attribué par l'Assemblée nationale
sur la réserve parlementaire,
· 3 millions de francs de ressources propres (recettes de parrainage
et contributions diverses).
Compte tenu du démarrage de cette radio le 17 juin 1997 et de sa
diffusion sur 17 villes, les dépenses 97 se ventilent comme
suit :
(en millions de francs)
Frais de personnels |
9,2 |
(Permanents, cachetiers, pigistes) |
|
Coûts directs de la chaîne |
5,5 |
Autres frais de fonctionnement |
4,8 |
(diffusion , amortissements, coûts indirects) |
|
Le coût correspondant de ce programme en année
pleine s'établit à 26,8 millions de francs, hors information.
Par ailleurs, le conseil d'administration a approuvé l'inscription au
budget d'équipement 1997 d'un crédit de 14 millions de francs
pour assurer l'installation dans un premier temps, d'un dispositif provisoire
au sein de la Maison de Radio France, puis du site définitif à
Toulouse, ce site devant être opérationnel au début de
l'année 1998.
Enfin, il faut noter que, faute de fréquence libre à Paris, le
MOUV' est diffusé sur le câble depuis le 10 octobre.
F. L'ANTICIPATION DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
Le service public exerce une veille attentive, teste des
produits radios expérimentaux, des prototypes d'émissions et de
services, ainsi que des équipements de réception et de
production, pour découvrir comment mieux satisfaire les auditeurs. Il
s'agit de contribuer à la bonne orientation des investissements à
venir et d'anticiper les nécessaires évolutions en matière
de formation des personnels.
L'introduction des nouvelles technologies est soumise aux contraintes
économiques, tandis que le choix des consommateurs parmi les nouveaux
services qui leur sont proposés reste incertain.
Aussi, la politique de Radio France est-elle de prendre des positions sur les
supports ayant les plus grandes potentialités et les possibilités
les plus évidentes, et permettant l'apprentissage et les tests, tant
" techniques " que " produits " dont
les opérateurs
ont besoin.
·
Le RDS
le RDS constitue une amélioration de la MF. Les fonctions les plus
connues sont l'affichage du nom de la station et l'accord automatique des
récepteurs. De nombreuses chaînes de salon, même
relativement bon marché, comportent aussi le radiotexte.
Les services proposés en RDS sont le résultat d'une
démarche multimédia commune à tous les supports. Ainsi le
radiotexte fonctionne maintenant sur FIP, et affiche pour les auditeurs les
titres et interprètes des enregistrements qu'ils entendent. Le MOUV' a
aussi été rendu capable du même service, grâce
à ses outils multimédia. Le radiotexte pourra être
étendu à d'autres programmes au fur et à mesure de
l'évolution et de la numérisation de leurs moyens de production.
Un objectif est que la production amont des données soit commune au RDS
et aux autres techniques numériques, ainsi qu'à Internet. Il
s'agit là d'un tronc commun aux différents projets, source
d'économies d'échelle.
Les fonctions TA et EON-TA sont une autre possibilité mal connue du RDS,
permettant à un automobiliste de choisir, quand il écoute une
cassette ou un programme de Radio France, que son récepteur bascule sur
les bulletins de trafic, par exemple de FIP, où cela fonctionne depuis
longtemps, ou encore sur ceux d'une radio d'autoroute. Ce couplage avec une
radio d'autoroute présente beaucoup d'intérêt et est
à développer. Il a officiellement démarré cette
année avec la Société des Autoroutes
Paris-Rhin-Rhône.
·
Le DAB - Digital Audio Broadcasting
Le DAB permet, rappelons-le, une réception mobile parfaite, une
amélioration de la qualité sonore, et des service nouveaux
(compléments d'information apparaissant sur un afficheur par exemple),
ce qui en fait un moyen multimédia. Les émissions DAB sont
terrestres. Des émissions DAB par satellite pourraient exister un peu
plus tard, la question de la réception mobile restant dans ce cas encore
incertaine.
Les autorisations du Conseil supérieur de l'audiovisuel auront
été un pas très important. Cependant le DAB ne
démarrera vraiment et n'atteindra le public que si des récepteurs
performants à des coûts raisonnables apparaissent sur le
marché. Les derniers salons professionnels ont montré que des
appareils de ce type vont être mis sur le marché pour un
coût de l'ordre de 3 à 5 000 francs.
L'accord qui avait été conclu avec TDF prévoit
d'étendre la couverture des programmes DAB. L'objectif
déclaré est la diffusion en DAB de 5 ou 6 programmes, dont
au moins un nouveau ou non diffusé en FM, à l'intention de
25 % de la population française métropolitaine.
Ceci s'articule avec le " projet-pilote " relevant du cadre
des
" Autoroutes de la Communication " dans lequel Radio France
et TDF
sont associées, et qui a donné lieu à un partenariat
élargi réunissant Radio France, TDF, RTL et éventuellement
Europe 1.
La réalisation de la chaîne de production multimédia (son
et données intégrés) expérimentale et prototype,
qui a permis les importantes démonstrations présentées
lors du Mondial de l'Automobile à la fin de 1996, s'est inscrite dans ce
cadre. Elle a permis de réunir une expérience essentielle. La
conception intrinsèquement multimédia du nouveau programme pour
les jeunes Le MOUV' en découle directement et sera l'un des pivots du
projet-pilote.
Celui-ci doit maintenant se poursuivre par une phase de tests des services
auprès du public. Elle suppose que des financements soient
trouvés pour mise à disposition d'un panel d'utilisateurs d'un
matériel encore très
onéreux - 10 000 francs - si le
récepteur comporte un écran.
·
Le câble et le satellite
Dans ce domaine, incertain comme les autres, le terrain occupé par les
" services pionniers " ne pourra probablement plus être
regagné le jour où câble et satellite représenteront
des volumes d'écoute significatifs. Il est donc essentiel, pour Radio
France, d'y être présente. A terme, Radio France pourrait proposer
une alternative radio, non exclusive mais complémentaire, dans les
domaines où elle bénéficie d'atouts importants :
information, musique et culture.
Une demande du public semble se porter sur des thématiques musicales
assez précises, donnant une grande impression de choix. L'offre du
service public gagnerait à valoriser en particulier le savoir-faire des
programmateurs de Radio France, ainsi que son fonds discographique
exceptionnel. Dans cette optique, la question se pose de l'opportunité
de créer un bouquet de programmes musicaux complètement nouveaux,
et de les proposer en option payante aux abonnés du câble et du
satellite. Toutefois, un peu de temps est encore nécessaire pour avoir
une vision de la montée de l'audience sur ces nouveaux réseaux
qui ont tout de même quelques handicaps : ils ne permettent qu'une
écoute fixe, et ils ne sont généralement accessibles
qu'à la condition d'avoir pris préalablement un abonnement au
bouquet de télévision qui en est le service principal.
S'il n'est pas envisageable, à court terme, de s'engager vers des
services payants, Radio France, n'est pas pour autant restée inactive,
et a développé une présence gratuite. L'ensemble de
programmes diffusé sur CanalSatellite, et qui comportait l'an dernier
France Info, France Musique, Hector, FIP, Radio Bleue et Elisa, a
été complété par France Inter, puis le MOUV'.
L'idée de monter un bouquet sur TPS est toujours en réserve.
·
Les services " en ligne " sur Internet
Au-delà des supports déjà mentionnés, une grande
radio se devait d'être présente sur les services " en
ligne ", qu'ils soient vocaux ou multimédia. Différents
développements ont été engagés pour assurer la
continuité des services Minitel, qui furent pionniers en leur temps.
L'enrichissement du site Internet, qui avait été ouvert
dès l'automne 1995 (et qui a été primé par un jury
de spécialistes), se poursuit avec l'introduction de la diffusion
continue de France Info, l'ouverture d'un site radio Bleue, puis l'introduction
du site du MOUV'. Un objectif raisonnable est de développer les
fonctionnalités de " radio à la carte ", et
d'introduire les nouvelles technologies de consultation comme le
" webcasting ", forme intermédiaire entre la diffusion et la
consultation interactive, où l'usager se voit envoyer
régulièrement des informations sélectionnées par le
serveur Internet en fonction de ses souhaits ou de son profil.
Des accords à durée limitée ont été conclus
avec des fournisseurs de services sur Internet tels qu'Infonie, Wanadoo (France
Télécom), ou Multicâble pour assurer la présence de
Radio France dans leur offre et pour, en même temps, se trouver en
situation d'observer quelle sera la tendance sur ce nouveau média.
Radio France participe à l'expérimentation d'une offre de musique
à la demande. Le projet, qui a été retenu dans le cadre
des " Autoroutes de la Communication ", a été
initialisé par AETA, PME française fournisseur de cartes et
interfaces de codage/décodage de sons. AETA en monte la
réalisation en partenariat avec la Lyonnaise des Eaux (pour le
réseau câblé). Il s'agit d'expérimenter un service
d'écoute à la demande, via Internet sur réseau
câblé, ceci sur un panel d'environ 200 abonnés. Comme
le support de ce service Internet est le réseau câblé, cela
permet d'atteindre une qualité musicale excellente, ainsi qu'une
disponibilité inégalée, car le débit disponible est
nettement supérieur à ce qu'offre une ligne
téléphonique. Des essais, prévus notamment à Paris
et à Annecy, devraient ressortir une première estimation des
attentes d'un public pour ce service, ainsi que quelques vues sur sa
viabilité économique.
·
Les aspects financiers
Dans le budget d'équipement de la société,
l'évolution des modes de production radiophonique et le
développement des services associés occupent une place de plus en
plus importante. En 1997, ils représentent globalement plus de
30 millions de francs, soit près du quart du budget
d'équipement. Cet effort, tant dans le domaine des investissements que
dans celui de la formation professionnelle, devra être sensiblement accru
dans les années suivantes pour répondre aux besoins croissants de
modernisation et d'adaptation aux nouvelles techniques. Toutefois, l'une des
difficultés principales de Radio France réside dans la
nécessité de concilier simultanément plusieurs
exigences :
- le maintien de sa capacité de production avec, pendant quelques
années encore, l'entretien d'un appareil de production classique,
- la gestion de besoins récurrents importants pour la bonne conservation
de la Maison de Radio France dont elle est propriétaire et qui a plus de
trente ans,
- l'accélération indispensable de l'évolution vers les
nouvelles techniques.
En ce qui concerne le passage au DAB, les conditions dans lesquelles s'est
réglé un récent litige entre Radio France et TDF illustre
particulièrement la volonté commune des deux
sociétés de développer ce nouveau mode de diffusion.
Aux termes de la loi de finances pour 1997, il était
précisé que le programme de France Inter devrait cesser
d'émettre sur le réseau ondes moyennes à compter du
1er janvier 1997.
En application de la convention régissant les relations entre Radio
France et TDF, une indemnité de 7 millions de francs devait
être versée à TDF.
La transaction qui a finalement été conclue entre les deux
organismes conduit Radio France à verser une indemnité de
17 millions de francs en 1997, puis une indemnité annuelle de
7,57 millions de francs par an pendant sept ans. Toutefois, les montants
facturés à Radio France par TDF au titre de la diffusion en DAB
viendront en déduction de l'indemnité annuelle, et ce dès
1997.
CHAPITRE VI : LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AUDIOVISUEL
La réduction continue des moyens financiers
alloués au Conseil supérieur de l'audiovisuel compromet
l'accomplissement par l'autorité de régulation des missions que
la loi lui a confiées.
Cette contrainte budgétaire s'exerce au moment où les
compétences juridiques du Conseil supérieur de l'audiovisuel
doivent être adaptées aux évolutions techniques et
commerciales de l'audiovisuel. Dans son rapport d'activité pour 1996, le
Conseil supérieur de l'audiovisuel fait une série de propositions
qui méritent de retenir l'attention.
I. LA RESTRICTION DES MOYENS FINANCIERS
Les deux exercices ont été
caractérisés par des mesures de régulation
budgétaires qui ont réduit les moyens disponibles du Conseil
supérieur de l'audiovisuel.
·
Résultats 1996
En application de la loi de finances pour 1996, il avait été
prévu une dotation budgétaire de 206,3 millions de francs,
qui se répartissait, d'une part, en 60,7 millions de francs de
crédits et, d'autre part, en 145,6 millions de francs de
dépenses de fonctionnement, soit une diminution de 0,6 % par
rapport à la loi de finances pour 1995.
La notification en mars 1996 d'un gel de crédits à hauteur de
2,7 millions de francs, transformé en fin d'année en une
annulation de crédits de 2,44 millions de francs, d'une part, et les
recettes issues de la vente de publications et de données, d'autre part,
ont porté le budget à 204,5 millions de francs.
Le total des dépenses 1996 s'élève à 193,5
millions de francs dont 58,4 millions de francs pour les charges de personnel
et 135,0 millions de francs en fonctionnement.
L'écart entre le budget et les dépenses de personnel s'explique
par un nombre inhabituellement important de postes vacants sur tout ou partie
de 1996, postes qui n'ont été comblés que très
tardivement dans l'année, voire début 1997 pour l'essentiel. Il
est également le résultat de la poursuite d'une gestion
rigoureuse des effectifs.
La sous-consommation des crédits de fonctionnement résulte de
plusieurs facteurs :
- En premier lieu, les négociations entamées dès 1995 avec
TDF pour le renouvellement de la convention de prestations et de mise à
disposition de personnels ont abouti en fin d'année à la
signature d'un accord permettant au Conseil supérieur de l'audiovisuel
d'économiser 4,8 millions de francs sur l'exercice 1996 par rapport
à la facturation de 1995. Le fait que cet accord n'ait été
conclu, et l'économie en résultant précisément
chiffrée, qu'en fin d'exercice n'a pas laissé le temps au Conseil
de pouvoir redéployer ces crédits sur d'autres actions
prioritaires avant le 31 décembre 1996.
- En second lieu, les contraintes de l'annualité budgétaire et
les délais de facturation n'ont pas permis de régler en 1996 un
certain nombre de dépenses ayant pourtant donné lieu à
service fait en 1996 et qui ont donc été prises en compte sur
l'exercice 1997 avec, en financement, un report de crédits. Pour une
bonne lisibilité des comptes, un montant de 1,45 millions de francs
devrait donc être rattaché aux dépenses de 1996.
- En troisième lieu, enfin, d'importants travaux de rénovation et
d'aménagement des locaux ont été portés sur
l'exercice pour des raisons techniques.
Exécution 1997
Le budget initial 1997 du C.S.A. avait été fixé à
208,8 millions de francs, soit une progression apparente de 2,4 millions de
francs par rapport au montant des crédits initialement alloués en
1996. Cette progression résultait pour l'essentiel de dépenses de
personnel inéluctables.
En effet, inscrits pour près de 63,1 millions de francs, les
crédits de personnel
enregistrent une hausse de 2,3 millions de
francs, pour une large part temporaire, dans la mesure où une partie de
cette somme, 1,5 million de francs, correspond à la
rémunération de deux Conseillers dont le mandat s'est
achevé en début d'année 1997 mais qui ont droit au
maintien pendant un an de leur salaire (article 5 de la loi du
30 septembre 1986).
Les crédits de fonctionnement ne bénéficiaient, toujours
en loi de finances initiale, que d'une très légère
progression de 0,1 million de francs.
En mars 1997, le Conseil a reçu notification du gel de 7,3 millions
de francs. Début juillet, cette mesure a été
transformée en annulation pour 6,3 millions de francs. Le million
de francs rétabli a été affecté à la phase
préliminaire de l'audit des fréquences radio.
Cette mesure de régulation qui est, à certains égards,
contraire à l'esprit de l'article 7 de la loi du 30 septembre
1986 conférant l'autonomie budgétaire au Conseil supérieur
de l'audiovisuel, a d'abord été mal perçue par cet
organisme qui avait spontanément recherché des économies
de gestion - notamment dans les relations avec TDF (cf. supra) et les
AGF, propriétaires des locaux - . Elle compromet l'exercice de ses
missions par le Conseil supérieur de l'audiovisuel en ne lui permettant
pas de se doter des outils informatiques nécessaires.
Dans ces conditions, entre le 1er janvier et le mois de septembre, le budget du
Conseil supérieur de l'audiovisuel pour 1997 est passé de
208,8 millions de francs à 203,3 millions de francs, compte
tenu, outre les 6,3 millions de francs de crédits annulés,
d'un abondement a priori insuffisant de 0,3 million de francs au titre des
charges sociales et de 0,5 million de francs, au titre des cessions de
publications et de données.
·
Perspectives 1998
Le projet de budget 1998 du Conseil supérieur de l'audiovisuel s'inscrit
à 203,4 millions de francs contre 208,8 figurant au budget initial
1997, soit une diminution de 5,4 millions de francs.
Les crédits de personnel passent de 63,1 millions de francs en 1997
à 64,0 millions de francs en 1998, soit une légère
hausse de 0,9 million de francs. Compte tenu de la disparition des charges
exceptionnelles, cette dotation est suffisante pour couvrir le glissement
indiciaire normal, mais sans doute pas les ajustements de cotisations sociales.
Aucune mesure nouvelle n'est prévue pour l'amélioration du
régime indemnitaire des agents du Conseil supérieur de
l'audiovisuel, dont la mise en oeuvre prévue sur trois ans à
compter de 1993, et avec l'accord du Ministère du Budget, n'a toujours
pas été achevée.
Avec 139,4 millions de francs, les crédits de fonctionnement sont
en baisse de 6,3 millions de francs. La reconduction de fait de
l'annulation de crédits opérée en 1997 affecte le
fonctionnement de l'autorité de régulation.
Ces arbitrages ne laissent que peu de moyens à cet organisme pour lancer
et réaliser en 1998 les importants et coûteux
développements informatiques auxquels il doit procéder,
concernant notamment un outil de planification et de gestion des
fréquences et une banque de données sur les radios.
Enfin, il convient de souligner
qu'
aucun crédit n'est
prévu à ce stade pour financer l'opération d'audit des
fréquences radio dont la phase préliminaire doit démarrer
fin 1997
. Le coût de cette opération, avalisée par les
pouvoirs publics, ne sera précisément connu qu'à l'issue
de la phase préliminaire mais devrait très certainement
s'élever à plusieurs millions de francs.
II. L'ADAPTATION DU CADRE JURIDIQUE
Un certain nombre de points ont été
abordés au chapitre II relatif aux mutations du paysage audiovisuel
mondial.
C'est dans cette partie du rapport qu'a été évoquée
une évolution du mode de régulation dans le sens d'une plus
grande souplesse. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui souhaite
disposer d'une marge de manoeuvre accrue et pouvoir diversifier ses modes
d'intervention, voudrait que ses compétences soient étendues aux
nouveaux services dans le cadre d'une définition large de la
communication audiovisuelle.
Le rapport d'activité du Conseil supérieur de l'audiovisuel pour
1996, reprenant un certain nombre de propositions antérieures, mentionne
un certain nombre d'adaptations du cadre législatif et
réglementaire. Il est important d'en faire état dans la
perspective du prochain projet de loi sur la communication audiovisuelle,
complété par quelques points d'actualité juridiques.
1. Dans le domaine de la télévision
·
Simplifier la procédure d'autorisation pour
l'extension des zones de diffusion
des services de
télévision nationaux
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel renouvelle son souhait de voir
alléger cette procédure. En effet, aux termes des dispositions de
la loi du 30 septembre 1986 modifiée, le Conseil doit autoriser les
extensions des zones de diffusion des chaînes nationales de
télévision privées après une procédure
d'appel aux candidatures alors même que ces sociétés sont
déjà titulaires d'une autorisation d'exploitation d'un service de
télévision à vocation nationale.
·
Améliorer l'information du Conseil lors des mouvements de
capitaux des sociétés titulaires d'autorisation
Depuis l'introduction en bourse des sociétés titulaires
d'autorisation (TF1, Canal+, M6), le Conseil rencontre des difficultés
pour suivre et contrôler de manière suffisamment précise
les mouvements d'actionnaires au sein du capital de ces sociétés.
En effet, le volume important des titres mis sur le marché et la grande
mobilité de certains investisseurs, notamment financiers, limitent
sensiblement la connaissance que peuvent avoir les chaînes de leur
actionnariat et, a fortiori, celle du Conseil qui estime nécessaire que
le seuil de 20 %, prévu par l'article 38 de la loi du
30 septembre 1986, soit abaissé à 5 %, lorsque la
durée de détention dépasse un mois.
·
Instituer une dérogation au dispositif anti-concentration
outre-mer
Le Conseil réitère son souhait qu'une réflexion s'engage
pour examiner la faisabilité et les modalités d'une
dérogation au champ d'application du dispositif anti-concentration
s'agissant de l'outre-mer (DOM, TOM, collectivité territoriale de
Mayotte).
La loi du 30 septembre 1986 modifiée (art. 41, 2° alinéa)
prévoit, en effet, qu'une société, qui dispose d'une
autorisation pour un service national de télévision, ne peut
bénéficier d'une autorisation pour un ou plusieurs services
locaux de télévision. Or cette disposition, qui trouve toute sa
justification en métropole, est pénalisante outre-mer où
des opérateurs disposant d'un savoir-faire et de capacités
financières importantes pourraient utilement s'implanter et contribuer
ainsi à résorber le déficit d'images.
2. Dans le domaine de la radio.
·
Alléger le dispositif de sanction à
l'égard des opérateurs radiophoniques
Comme il l'avait indiqué dans ses rapports d'activité de 1992,
1993, 1994 et 1995, le Conseil tient à souligner que deux mesures
pourraient être envisagées pour alléger le dispositif
prévu à l'article 42-7 de la loi du 30 septembre 1986
modifiée :
- lorsque la radio a cessé d'émettre depuis plusieurs mois, le
Conseil supérieur de l'audiovisuel pourrait retirer l'autorisation sans
que le dossier soit instruit par un rapporteur désigné par le
vice-président du Conseil d'Etat. Le respect des droits de la
défense serait assuré par une procédure contradictoire
écrite entre le Conseil supérieur de l'audiovisuel et le
titulaire de l'autorisation ;
- pour toutes les sanctions autres que le retrait, le dossier pourrait
être instruit par un rapporteur désigné par le
vice-président du Conseil d'Etat, mais la procédure
contradictoire devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel serait
seulement écrite.
·
Problème posé par l'application de l'article 28-1 de
la loi du 30 septembre 1986
Un arrêt rendu par le Conseil d'État le 19 mars 1997
souligne en fait la rigidité de la procédure de reconduction des
autorisations d'émettre, telle qu'elle résulte de l'article 28-1
de la loi du 30 septembre 1986.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait décidé en
application du 2°/ de cet article de refuser à l'association Ici et
Maintenant la possibilité de reconduire hors appel aux candidatures
l'autorisation d'émettre un service de radiodiffusion sonore par voie
hertzienne qui lui avait été accordée le 2 septembre
1992, " en raison de la gravité des faits qui ont motivé la
sanction prononcée à son encontre, à savoir la diffusion
de propos racistes et antisémites constituant une atteinte au respect de
la dignité de la personne humaine " :
" Si le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que la ou les
sanctions dont le titulaire de l'autorisation a fait l'objet ou que la ou les
astreintes liquidées à son encontre justifient, en raison de la
gravité des agissements qui les ont motivées, que cette
autorisation ne soit pas reconduite hors appel aux candidatures. "
Le Conseil d'État a estimé que ce manquement à ses
obligations de gestionnaire d'un service de radiodiffusion n'était pas
d'une gravité telle qu'il justifie que le Conseil supérieur de
l'audiovisuel prenne une décision " ayant pour effet de priver
cette association du droit à ce que la possibilité de
renouvellement de son autorisation hors appel à candidature soit
examinée dans les conditions prévues par l'article 28-1 de la loi
du 30 septembre 1986 modifiée.
3. Dans le domaine du câble
·
Réexaminer les conditions de fonctionnement
des antennes collectives et des réseaux internes d'immeubles
Les conditions de remplacement de l'antenne collective par le câble ou de
fourniture d'un service collectif en réponse aux demandes
d'installations d'antennes individuelles n'apparaissent plus satisfaisantes
tant pour les usagers que pour les gestionnaires d'immeubles collectifs (office
HLM, copropriété...). En effet, l'offre de services qui va
croissant ainsi que la réglementation applicable aux réseaux
desservant plus de 100 foyers (constitution d'une société,
conventionnement des chaînes) rendent difficile la satisfaction par les
gestionnaires d'immeubles des demandes des usagers.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel renouvelle le souhait que soient
apportés certains aménagements techniques à la
réglementation en vigueur afin de faciliter la mise en oeuvre de moyens
de réception collectifs :
- reporter les délais de mise en conformité des
installations construites avant la publication de l'arrêté du 27
mars 1993, avec une possibilité d'étalement des travaux et des
coûts sur plusieurs années ;
- préciser l'articulation entre les spécifications
techniques applicables aux antennes collectives et réseaux internes
d'immeubles par l'arrêté du 27 mars 1993 et celles qu'imposent en
pratique les exploitants de réseaux câblés urbains ;
- accélérer et approuver réglementairement la mise en
place de la procédure de contrôle des installations
(réseaux câblés urbains et antennes collectives)
engagée par les professionnels ;
- ouvrir aux propriétaires d'immeubles privés la
possibilité d'être titulaire d'une autorisation d'exploitation
dans le cadre de l'article 34 de la loi du 30 septembre 1986, sans avoir
à constituer une société ad hoc, à l'instar de la
disposition dont bénéficient les organismes HLM ;
- déterminer avec précision à quel régime
juridique d'exploitation sont soumis les réseaux internes d'immeubles
fonctionnant en bande BIS (Bande Intermédiaire Satellite) qui permettent
la mise à disposition de chaque usager d'un ou plusieurs bouquets de
programmes sans opérer de sélection de chaînes en
tête de réseau.
·
Favoriser le développement des nouveaux services sur le
câble
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime souhaitable que se
développe une infrastructure nationale forte permettant d'accueillir de
nouveaux services de communication audiovisuelle ou de
télécommunications et que soit révisé le cadre
juridique, dans lequel s'insèrent les nouvelles catégories de
services.
·
Améliorer l'économie et l'offre des
télévisions locales
Le Conseil constate que la situation financière de la plupart des
télévisions locales ne s'est pas stabilisée et que
certaines d'entre elles pourraient à terme être contraintes de
cesser leurs activités.
Depuis plusieurs années le Conseil considère que l'ouverture de
la publicité à la distribution serait une mesure capable de leur
assurer un minimum de ressources propres.
Le Conseil suggère certaines mesures telles que la création d'un
fonds de soutien pour les services locaux du câble, à l'instar de
celui prévu par l'article 80 de la loi du 30 septembre 1986
modifiée en faveur de l'expression radiophonique.
Après avoir entendu l'Union des télévisions locales du
câble (ULTC) et l'Association des villes câblées (AVICA), le
Conseil aurait souhaité que les télévisions locales
bénéficient d'un régime fiscal comparable à celui
de la presse, qui permettrait aux services de proximité de
bénéficier d'un taux de TVA réduit et de
l'exonération de la taxe professionnelle.
·
Prévoir les conditions de retrait de l'autorisation
délivrée sur le fondement de l'article 34 de la loi
Du fait notamment des mouvements de restructuration en cours dans le secteur de
la télédistribution, plusieurs communes ont manifesté
auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel le désir de
changer d'opérateur.
Comme il l'a souligné dans ses rapports d'activité, le Conseil
estime souhaitable que les textes en vigueur précisent pour quels motifs
et selon quelle procédure il peut être procédé au
retrait de l'autorisation délivrée, sur le fondement de l'article
34 de la loi, pour l'exploitation d'un réseau câblé.
·
Aménager le dispositif de sanction à l'égard
des chaînes du câble
En l'état actuel des textes, les manquements des chaînes du
câble aux obligations législatives et réglementaires ne
peuvent faire l'objet d'aucune sanction, réserve faite des infractions
au régime de diffusion des oeuvres cinématographiques,
pénalement sanctionnées au titre de l'article 79.
L'unique moyen dont dispose le Conseil pour combler ce vide est
d'insérer dans la convention des clauses prévoyant le respect des
obligations législatives et réglementaires, afin de pouvoir
sanctionner leur méconnaissance sur un fondement contractuel.
Compte tenu du caractère non satisfaisant de ce procédé,
le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime toujours nécessaire
que la loi organise un régime de sanction des infractions aux
obligations légales et réglementaires que commettraient les
chaînes du câble.
·
Aménager le cadre juridique des technologies
numériques
Face aux développements de services comme Multiradio et Music Choice
(bouquets de programmes radiophoniques), Multivision (diffusion des mêmes
émissions de télévision selon plusieurs grilles et sur
plusieurs canaux), les projets de déclinaison de Canal + sur le
câble ou Multicâble (expérience de
téléchargement entamée par Lyonnaise Communications), qui
sont des préfigurations de l'introduction de la technologie
numérique, le Conseil se trouve confronté à de nouveaux
services nécessitant des aménagements du cadre juridique.
·
Adapter le décret "câble" n°92-882 du 1er
septembre 1992 modifié
Ce décret doit, selon le Conseil supérieur de l'audiovisuel,
être adapté, notamment sur les points suivants :
- les critères de rattachement d'un service de communication
audiovisuelle à la compétence française à la suite
de la nouvelle directive " Télévision sans
Frontières ". Le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait
souhaité dans son avis n° 94-5 du 20 juillet 1994 que les
critères de rattachement d'un service de communication audiovisuelle
à la compétence française soient clairement définis
par le décret. L'article 4 du texte n'a cependant pas été
modifié et reste fondé sur la notion d'émission à
partir du territoire français, qui ne correspond pas entièrement
à l'expression employée dans la directive ("services relevant de
la compétence...") et à l'interprétation qui en est faite
par la Commission (notion d'établissement stable de la chaîne).
- la notion de protection des mineurs. Le Conseil supérieur de
l'audiovisuel souhaite que les dispositions de la directive européenne
(art. 22) relatives à la protection des mineurs soient clairement
transposées dans le décret, qui reste encore imprécis dans
sa rédaction. En effet, alors que la directive prohibe les scènes
de pornographie ou de violence gratuite et impose des horaires particuliers ou
un cryptage des émissions pouvant heurter un public jeune, le
décret "câble" conserve une rédaction très
générale qui ne constitue pas une base juridique suffisante pour
que le Conseil puisse résoudre efficacement la question de la diffusion
d'émissions ou de chaînes à caractère
pornographique. On note que le même type de problème se pose pour
le satellite où l'on pourrait songer à introduire une
législation analogue à celle du Broadcasting Act britannique.
- la possibilité d'une montée en charge par voie
conventionnelle, service par service - dont le principe figure dans
la loi mais qui est actuellement limité par décret aux seuls
quotas d'oeuvres audiovisuelles - des obligations de diffusion des
oeuvres cinématographiques (nombre de films, grille de programmation,
montant des achats de droits) ;
- la définition d'un véritable régime autonome pour
les services professionnels ou les services d'éducation et de formation,
tenant compte de leurs conditions de fonctionnement (public visé,
financement...), et adaptant les règles traditionnelles de contenu,
quotas, publicité et parrainage, production...
- la définition d'un cadre, adapté au cas par cas dans les
conventions, en matière de petites annonces et de jeux : protection des
enfants, des consommateurs, secteurs interdits de publicité... ;
- la notion même de service de télévision et des
différentes catégories qu'elle recouvre, afin que le Conseil
supérieur de l'audiovisuel puisse appréhender dans un
environnement juridique clarifié les nouveaux services du câble
(vidéo et audio à la demande, téléchargement,
multiplexage...) et déterminer les conditions dans lesquelles
s'appliquent les obligations de contenu (quotas...). La notion de bouquet
étant absente de la loi et du décret, le Conseil se trouve
contraint de bâtir un régime de conventionnement par famille de
programmes (par exemple un genre musical). Cette inadaptation de la
réglementation se traduit par des difficultés dans la mise en
place de certaines obligations comme les quotas d'oeuvres d'expression
française, sur lesquelles le décret est également muet :
à quel niveau les fixer, s'appliquent-ils programme par programme ou
peut-on les calculer globalement sur plusieurs programmes différents ?
·
Adapter le régime de conventionnement des chaînes non
européennes ou émettant en France en langues
étrangères
A l'occasion du conventionnement des chaînes non européennes, le
Conseil supérieur de l'audiovisuel a constaté d'importantes
difficultés d'application des nouvelles dispositions fixées par
le décret du 24 janvier 1995. En effet, l'article 28 du décret du
1
er
septembre 1992 modifié prévoit l'application du
régime de conventionnement des chaînes françaises aux
chaînes non européennes. Or, ces chaînes en langue
étrangère sont la reprise intégrale et simultanée
de leur programme national. Leur appliquer le régime des chaînes
françaises, en matière par exemple de quotas d'oeuvres
d'expression originale française est utopique. En conséquence, la
loi du 30 septembre 1986 modifiée sur la base d'un régime
juridique unifié pour les chaînes du câble et du satellite
devrait instaurer un régime de conventionnement beaucoup plus souple
pour ces chaînes non européennes.
Le décret ne règle pas davantage la question des services qui,
sans avoir de vocation transnationale, émettent en langue
étrangère à partir du territoire français. En
effet, le décret rend par exemple obligatoire le respect de quotas de
diffusion d'oeuvres européennes ou d'expression française
à une chaîne qui s'adresserait à la communauté
étrangère vivant en France.
·
Définir le statut des services locaux du câble
Par leur programmation, les services locaux du câble assurent une mission
de service public. Les émissions dédiées à
l'information locale dans un esprit de pluralisme et d'honnêteté,
l'ouverture d'espaces d'expression directe consacrés aux diverses
familles de croyance et de pensées, les programmes en faveur de
l'emploi, de la formation et de l'activité socio-économique
communale et intercommunale répondent à une attente des
administrés.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel considère comme une lacune
le silence de la loi du 30 septembre 1986 sur le mode de financement et
sur le statut de ce type de services.
4. Dans le domaine des satellites
La plupart de ces questions ont été
abordées au chapitre II parmi toutes les suggestions du Conseil
supérieur de l'audiovisuel : tenir compte de l'importance des positions
orbitales, réformer le régime d'attribution de la ressource,
adopter un régime conventionnel, préciser le régime de
l'agrément de droit, prendre en compte les effets des techniques
numériques, instituer une régulation du contrôle
d'accès, promouvoir le format 16/9. On ne reviendra que sur trois point
particulièrement techniques :
·
Réformer le régime d'attribution de la ressource
Directement issu du Règlement des radiocommunications de
l'UIT
(69(
*
))
, le régime satellitaire
français repose sur une distinction entre les bandes de
fréquences utilisées, distinction qui a été
amplifiée en prévoyant des procédures d'autorisation
totalement différentes.
Les services par satellite utilisant des fréquences dont l'attribution a
été confiée au Conseil supérieur de l'audiovisuel
sont soumis à une procédure transparente mais lourde
(régime d'autorisation après appel aux candidatures : article 31
de la loi du 30 septembre 1986) ; les services par satellite utilisant des
fréquences dont l'attribution a été confiée
à d'autres administrations gestionnaires bénéficient d'un
régime beaucoup plus souple (autorisation sans appel aux candidatures
par la Direction des Postes et Télécommunications ou simple
contrat passé avec France Télécom).
Cette différence de traitement n'a, depuis plusieurs années, plus
de raison d'être, les services diffusés par satellite utilisant
indistinctement les deux types de fréquences, parfois sur le même
système satellitaire. La modification de la loi du 30 septembre 1986 en
discussion en 1997 pourrait opérer un rapprochement de ces
procédures.
·
Adopter un régime conventionnel
Le décret d'application de l'article 24 de la loi de 1986 n'ayant jamais
été adopté, le Conseil a réitéré son
souhait de voir le régime de contenu des chaînes diffusées
par satellite ainsi complété.
Dans la mesure où ces chaînes sont redistribuées par
câble, le Conseil a, jusqu'à aujourd'hui, pu pallier cette carence
en mettant en oeuvre une procédure de conventionnement basée sur
le décret câble.
Il devient cependant urgent d'adopter ce décret dont le niveau de
contraintes doit être très proche, si ce n'est identique, de celui
du décret "câble".
·
Préciser le régime de l'agrément de droit
Aux termes de l'article 24 de la loi de 1986, tout service diffusé par
satellite qui consiste en la reprise intégrale et simultanée d'un
service autorisé ou conventionné par ailleurs
bénéficie d'un régime d'agrément de droit pour sa
diffusion, c'est-à-dire qu'il n'est pas nécessaire de le
soumettre à un nouveau régime de contenu.
Des précisions doivent cependant rapidement être apportées
afin de préciser l'étendue exacte du régime
d'agrément de droit : un service passant de l'analogique au
numérique, de l'accès gratuit au contrôle d'accès,
modifiant de manière marginale sa programmation, est-il un nouveau
service ou doit-il rester régi par son autorisation ou sa convention
initiale ?
5. Campagnes électorales.
·
Organisation de la campagne présidentielle
officielle radiotélévisée
A l'issue de l'élection présidentielle de 1988, on avait pu
constater que les émissions de la campagne officielle avaient
été peu vues et écoutées. Au point que l'on
s'était même interrogé sur l'utilité de leur
maintien.
Pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel, la campagne officielle
radiotélévisée pour la prochaine élection
présidentielle ne saurait être organisée sans que certaines
dispositions de l'article 12 du décret de 1964 soient modifiées,
notamment celles portant sur le temps accordé aux candidats. Le volume
de deux heures d'émission, tant au premier tour qu'au second,
apparaît incontestablement inadapté.
Au lieu d'être fixé par des dispositions réglementaires, le
temps d'expression dont dispose chaque candidat doit résulter d'une
réflexion sur les conditions d'une programmation adaptée et d'une
concertation avec les candidats.
Tout en maintenant le principe de l'égalité du temps d'antenne,
il pourrait être laissé à l'instance de régulation
le soin de déterminer le volume du temps accordé, dans le cadre
d'une consultation des candidats et sous le contrôle de la Commission
nationale de contrôle et du Conseil constitutionnel.
Les dispositions du décret fixant des conditions à la
participation, dans les émissions de la campagne, de personnes autres
que le candidat doivent également être supprimées, ce choix
relevant de la responsabilité du candidat, qui doit toutefois être
présent, au moins en partie, dans les émissions.
·
Délai dans lequel sont connus les candidats à
l'élection présidentielle
Pour le premier tour de scrutin, la publication de la liste officielle des
candidats à l'élection présidentielle intervient
généralement 16 jours avant le jour du vote. Le Conseil ne
verrait que des avantages à ce que cette publication soit
avancée, tant sur le plan de l'organisation de la campagne officielle
radiotélévisée que sur le plan du pluralisme dans les
émissions d'information.
Cela suppose une modification de la loi organique du 6 novembre 1962. Le
principe d'égalité de traitement des candidats devrait
s'appliquer, pour l'audiovisuel, dès cette publication et donc
antérieurement à l'ouverture de la campagne officielle proprement
dite. Cette disposition ne serait applicable que dans le cas d'une
élection présidentielle ayant lieu dans le cadre de l'expiration
des pouvoirs du président en exercice.
·
Interprétation du principe d'égalité pour la
période de campagne officielle
En ce qui concerne les programmes d'information des chaînes de radio et
de télévision durant la période de campagne officielle, le
décret du 14 mars 1964 impose de manière stricte le principe
d'égalité entre les candidats. Le Conseil estime que
l'application stricte du décret peut, d'une certaine façon,
constituer un obstacle à la liberté éditoriale des
rédactions et qu'il faut assouplir le régime : le principe
d'égalité lui-même doit être maintenu, mais
appliqué à la seule expression personnelle des candidats (temps
de parole) et de leurs soutiens, à l'exclusion du temps d'antenne pour
lequel le principe d'équilibre ou d'équité
prévaudrait, sous le contrôle très strict du Conseil
supérieur de l'audiovisuel.
·
Organisation du débat du second tour
Jusqu'à présent - à l'exception de la campagne de 1981 -
le débat qui oppose devant les caméras de
télévision les candidats au second tour de l'élection
n'est pas inclus parmi les émissions de campagne officielle.
En raison de l'importance de ce débat et du rôle qu'est
naturellement appelée à jouer l'autorité de
régulation de l'audiovisuel dans son organisation, qui requiert des
règles et un dispositif comparables à ceux mis en oeuvre dans le
cadre de la campagne officielle radiotélévisée, il
conviendrait d'engager une réflexion sur l'inclusion de ce débat
dans les émissions de campagne officielle du second tour.
·
Diffusion des émissions de la campagne officielle sur
d'autres antennes que celles du service public
La diffusion des émissions de la campagne officielle est
réservée aux antennes des sociétés nationales de
programme. Une disposition figurant dans les recommandations successives de la
CNCL, puis du Conseil supérieur de l'audiovisuel, interdit aux
chaînes privées de reprendre tout ou partie de la campagne, afin
de ne pas rompre l'égalité de temps accordée à
chaque candidat. Or, à l'avenir, certaines chaînes (par exemple,
le canal parlementaire) pourraient avoir vocation à reprendre ces
émissions en tout ou partie.
Le Conseil se propose de permettre la reprise, par tout service de
communication audiovisuelle qui en ferait la demande, de tout ou partie des
émissions de la campagne officielle, sous le contrôle du Conseil
supérieur de l'audiovisuel et dans des conditions fixées par lui
de nature à préserver une égalité entre les
candidats.
·
Diffusion simultanée des émissions de la campagne
officielle sur les antennes du service public pour les élections
législatives
Une telle disposition se concevait à l'époque du monopole afin
qu'à l'heure de diffusion de la campagne, le seul programme
proposé soit celui des émissions officielles. Cette disposition
(article L 167-1 du code électoral) est désormais obsolète
compte tenu de la présence des chaînes privées qui n'ont
pas l'obligation de diffuser les émissions de campagne officielle.
6. La campagne des élections législatives du 25 mai et 1er juin 1997. Les propositions du Conseil supérieur de l'audiovisuel.
·
La recommandation du 22 avril 1997
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel représente ainsi la
recommandation qu'il a adressée, conformément au 2°
alinéa de l'article 16 de la loi du 30 septembre 1986
modifiée, aux services de communication audiovisuelle.
" Le Conseil a fait débuter la période d'application de
cette recommandation au 22 avril 1997, soit le lendemain même de
l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le
président de la République et treize jours avant la date
d'ouverture de la campagne officielle fixée par le code
électoral. La campagne sur les médias audiovisuels s'est en effet
engagée dès l'annonce par le président de la
République de sa décision de dissoudre l'Assemblée.
Afin de pouvoir apprécier la spécificité du débat
électoral et la part qu'y prennent les différentes forces
politiques, le Conseil a distingué l'actualité non liée
aux élections, qui restait soumise à la règle dite des
" trois tiers ", de l'actualité liée aux
élections. Par " l'actualité non liée aux
élections ", on entend l'ensemble des interventions politiques qui
portent sur des sujets autres que la campagne électorale, et ne
présentent aucun lien, même indirect, avec celle-ci. Alors que
toute intervention, notamment de membres du Gouvernement, qui pouvait
- bien que portant sur une actualité autre que l'élection
à proprement parler - avoir un caractère de bilan de
l'action passée, ou servir à exposer les éléments
d'un programme, était décomptée au titre de
l'actualité électorale.
Pour l'actualité liée aux élections, il était
demandé aux diffuseurs de veiller, au cours de la période du 22
avril au 30 mai 1997, à ce que les formations politiques
participant au scrutin bénéficient d'une présentation et
d'un accès à l'antenne équitables.
La notion d'équité est à distinguer de celle
d'égalité. Pour l'élection présidentielle, le code
électoral impose, en effet, une stricte égalité de
traitement entre les candidats, ce qui n'est pas le cas pour les
élections législatives. Pour la campagne officielle
diffusée par les chaînes publiques, la logique des textes
institutionnels (notamment celle qui préside, dans le code
électoral, à la répartition des temps d'émission
à chaque formation politique selon son statut) apporte à cet
égard un éclairage sur le traitement qui doit être
réservé à chaque formation politique selon la place
qu'elle occupe dans nos institutions.
La notion d'équité permet de prendre en compte ces
différences de statut entre, d'une part, les formations
représentées par une groupe à l'Assemblée nationale
et, d'autre part, les formations non représentées à
l'Assemblée nationale.
Dans cette perspective, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a
considéré qu'il serait conforme à l'esprit de nos
institutions que soit accordée une égalité de temps
d'antenne à la majorité et à l'opposition parlementaires
sortantes, tout en respectant, à l'intérieur de ces deux
catégories, l'importance respective des groupes parlementaires.
De la même façon, il lui est apparu légitime que ces
formations bénéficient d'un accès à l'antenne
supérieur à celui des formations non représentées
à l'Assemblée nationale, pour autant que celles-ci ne soient pas
écartées de l'antenne.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a recommandé, par
conséquent, aux services de communication audiovisuelle de s'appuyer sur
la distinction entre les partis représentés au Parlement et ceux
qui ne le sont pas pour apprécier l'équité de
l'accès à leur antenne. Il a ajouté que cette distinction
ne constituait qu'un premier élément d'appréciation, et
que les diffuseurs pouvaient également se fonder sur les
résultats des scrutins précédents, ainsi que sur le nombre
de candidats présentés par chaque parti.
En raison du mode de scrutin, le Conseil a également recommandé
aux services de communication audiovisuelle de veiller à ce qu'il soit
rendu compte de toutes les candidatures lorsqu'il est traité à
l'antenne d'une circonscription donnée. Cette disposition était
destinée à éviter que le traitement des enjeux
électoraux dans une circonscription particulière ne se limite pas
à la présentation des seuls candidats susceptibles de figurer au
second tour, mais soit élargi à l'ensemble des forces politiques
en présence, conformément au principe d'équité.
le Conseil a enfin rappelé aux services de communication audiovisuelle
les dispositions issues du code électoral qui concernent la diffusion
des sondages d'opinion ayant un rapport avec l'élection, interdite
durant la semaine qui précède le scrutin, ainsi que
l'interdiction de diffusion de tout message ayant le caractère de
propagande électorale à compter du vendredi minuit
précédant le jour du scrutin. "
·
Les propositions du Conseil supérieur de l'audiovisuel
Élections législatives
Les délais dans lesquels sont connus les participants à la
campagne officielle diffèrent selon qu'il s'agit des partis
représentés par un groupe à l'Assemblée nationale
ou des autre partis ou groupements politiques. D'où deux propositions du
Conseil supérieur de l'audiovisuel de nature à rétablir
l'égalité de traitement entre les formations.
Proposition
L'article L. 167-1 du code électoral fait dépendre
l'attribution du temps d'antenne entre les différentes formations
politiques représentées par un groupe parlementaire à
l'Assemblée nationale d'un accord entre les présidents des
groupes intéressés. Le texte ne fixe pas de date limite pour la
notification par l'Assemblée nationale au Conseil supérieur de
l'audiovisuel des formations accédant à la campagne officielle,
et du temps d'antenne imparti à chacune d'elle.
Pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel, " il conviendrait que
l'article L. 167-1 fixe une date limite de notification de cette
décision par l'Assemblée nationale à l'instance de
régulation. Sachant que la décision de l'Assemblée
nationale n'est pas liée au dépôt des candidatures, rien ne
s'opposerait à fixer cette date limite à deux mois, au plus tard,
avant le premier tour.
Ainsi, pour les élections législatives des 21 et 28 mars
1993, le président de l'Assemblée nationale avait transmis au
Conseil supérieur de l'audiovisuel, l'accord des présidents de
groupes sur la répartition des temps d'antenne le 21 janvier 1993.
Le délai proposé de deux mois permettrait au Conseil de
préparer en amont la grille de programmation des émissions
revenant à ces partis - qui disposent, de par la loi , de la
majorité du temps d'antenne global de la campagne - et de les
informer avec suffisamment d'antériorité. Il permettrait
également de mieux apprécier la capacité des moyens de
production nécessaires à la réalisation des
émissions de la campagne. "
Proposition
L'article 4 du décret n° 78-21 du 9 janvier 1978
modifié prévoit que le président de la commission, qui
habilite les partis non représentés par un groupe à
l'Assemble nationale et présentant soixante-quinze candidats au moins au
premier tour à participer à la campagne officielle
radiotélévisée, notifie au Conseil supérieur de
l'audiovisuel la liste de ces partis au plus tard le quinzième jour
précédant le premier tour de scrutin.
Ce délai est trop tardif, car les partis non représentés
à l'Assemblée nationale sont informés tardivement et
surtout il exclut que la campagne officielle
radiotélévisée puisse débuter trois semaines avant
le scrutin comme cela pourrait être le cas puisque la campagne officielle
est ouverte à cette date. Cela entraîne une regrettable
différence de durée entre la campagne officielle et l'expression
de celle-ci sur les ondes.
Pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel " il conviendrait
d'avancer le délai de notification au Conseil supérieur de
l'audiovisuel par la commission d'habilitation de la liste des partis non
représentés qui sont habilités à participer
à la campagne radiotélévisée, tout en veillant
à ce que la commission d'habilitation dispose d'un délai
suffisant pour examiner les demandes et vérifier qu'elles
répondent aux critères fixés par la loi.
Une habilitation officielle intervenant plus en amont supposerait que les
demandes d'habilitation soient présentées à la commission
avant la date fixée actuellement par le décret n° 78-21 du
9 janvier 1978 modifié (soit le vingtième jour
précédant le scrutin), ce qui implique d'avance régalement
la date limite de dépôt des déclarations de candidatures
(soit 21 jours avant l'ouverture du scrutin). "
Élections européennes
La disproportion entre les temps accordés aux formations politiques
selon qu'ils sont ou non représentés au Parlement est flagrante.
Aussi pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel :
" Une solution nouvelle et commune aux élections
législatives et européennes pourrait être de laisser
à l'instance de régulation le soin de fixer les volumes de temps
d'antenne, afin de l'adapter au mieux selon les circonstances.
Dans cette perspective deux possibilités sont envisageables :
- soit la loi définit les conditions d'accès à la
campagne officielle radiotélévisée et la clé de
répartition d'un temps d'antenne dont il reviendrait au Conseil
supérieur de l'audiovisuel de fixer le volume ;
- soit la loi fixe les volumes de temps d'antenne, tout en laissant au Conseil
supérieur de l'audiovisuel la possibilité de les moduler en
fonction du nombre de listes ou formations en présence, comme cela est
prévu pour l'élection présidentielle.
Dans l'éventualité où le législateur maintiendrait
dans les textes la fixation des volumes de temps d'antenne, il conviendrait
alors de les modifier :
- en réduisant le volume global de temps d'antenne accordé, pour
les élections législatives, aux formations
représentées par un groupe, au premier comme au second tour ;
- en révisant, tant pour les élections législatives que
pour les élections européennes, les modalités du temps
d'antenne entre les partis représentés et les partis non
représentés, au profit de ces dernières ;
- en modifiant éventuellement, aussi bien pour les élections
législatives qu'européennes, les conditions d'accès
à la campagne officielle des partis non représentés.
Questions communes
Proposition
La rédaction des textes relatifs à ces élections
apparaît imprécise à propos de la répartition du
volume horaire des émissions de la campagne officielle sur les
différentes antennes du service public.
Il conviendrait pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel que les
textes précisent :
" 1- que les volumes de temps d'antenne s'appliquent pour chaque
société et qu'il ne s'agit pas d'un volume global à
partager entre celles-ci ;
2- que les émission diffusées sont identiques sur les
chaînes de service public (France 2, France 3, RFO), ainsi que
sur les antennes radio du service public (France Inter, RFO, RFI). "
Proposition
Le texte de l'article 16 de la loi du 30 septembre 1986, qui
prévoit que le Conseil supérieur de l'audiovisuel " adresse
des recommandations aux services de communication audiovisuelle
autorisés, pour la durée des campagnes électorales "
mériterait d'être précisé.
Les autorités de régulation successives ont toujours
considéré que la période pour laquelle elles pouvaient
adresser des recommandations ne se limitait pas à la seule campagne
officielle mais comprenait également les semaines qui la
précèdent. De fait, une telle interprétation s'impose
sachant que la campagne débute dans les médias audiovisuels bien
avant les quinze jours ou trois semaines précédant le scrutin.
D'autre part, la loi précise que les recommandations s'adressent aux
exploitants des services de communication audiovisuelle autorisés en
vertu de la présente loi. L'autorité de régulation a
toujours considéré que les recommandations s'appliquaient
également aux sociétés nationales de programme, même
si le texte ne le dit pas explicitement.
Les radios locales privées échappent, quant à elles,
à l'obligation de pluralisme interne comme les services de
télévision, le respect de ce principe résultant des choix
opérés par l'instance de régulation sur une zone
géographique donnée.
Pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel :
" Il conviendrait que l'alinéa 2 de l'article 16 de la loi du
30 septembre 1986 modifiée précise que les recommandations
du Conseil s'appliquent non seulement pour la période de campagne
officielle, mais également pour les semaines qui la
précèdent.
Le traitement réservé à la campagne par les radios locales
privées mériterait d'être précisé.
Il conviendrait enfin de mentionner que les recommandations du Conseil
s'adressent aussi aux sociétés nationales de programme. "
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 18 novembre 1997,
sous la
Présidence de M. Christian Poncelet, président, la
commission a tout d'abord procédé, sur
le rapport de
M. Jean Cluzel, rapporteur spécial
, à
l'examen
des
crédits de la communication
audiovisuelle,
article 48, lignes 46 et 47, de l'état E, annexe à
l'article 44.
M. Jean Cluzel, rapporteur spécial
, a d'emblée fait remarquer
que ce budget, marqué par l'augmentation du taux de la redevance de 5 %,
ne prévoyait pas un élargissement de l'assiette de cette
redevance, pourtant caractérisée par le grand nombre de personnes
exonérées.
Il a appelé l'attention sur le fait que son rapport ne portait pas,
à proprement parler, sur son budget puisque les ressources de
l'audiovisuel provenaient, pour une large part, des recettes commerciales des
chaînes d'origine publicitaire.
Il a ensuite posé deux questions qu'il a qualifiées de
fondamentales :
·
le secteur public a-t-il les moyens de faire face aux
besoins résultant des nouvelles technologies et, en particulier, de
participer aux bouquets numériques et au lancement de chaînes
thématiques ?
·
France télévision va-t-elle pouvoir
échapper à la course à l'audimat dans sa lutte frontale
avec TF1 ?
Sans s'étendre sur le sujet qu'il a maintes fois évoqué
de l'excès des ressources publicitaires, le rapporteur spécial a
surtout insisté sur l'inadéquation des structures de gestion en
évoquant :
·
l'insuffisance de la durée du mandat des
présidents de chaînes qui lui est apparu comme un facteur
d'instabilité fondamentale. Il a rappelé, à ce sujet, que
le Sénat avait adopté en 1995 une proposition de loi portant
à cinq ans la durée de ce mandat ;
·
les conditions de nomination des présidents de
chaînes et les pouvoirs des conseils d'administration qui lui paraissent
manquer de clarté : le rôle de l'Etat devrait être
à la mesure de son rôle d'actionnaire ;
·
l'absence de statut de la présidence commune qui
n'est pour l'instant qu'une fiction juridique relevant de " l'Union
personnelle " ;
·
l'affaire du nouveau siège commun de France 2 et
France 3 dont il a rappelé que l'idée en revenait à M.
Hervé Bourges, l'initiative à M. Jean-Pierre Elkabach et la
réalisation à M. Xavier Gouyou-Beauchamp. Le rapporteur
spécial a signalé qu'une instruction était en cours devant
la Cour des Comptes et qu'il fallait donc accueillir avec prudence certaines
révélations de presse. Il a toutefois appelé l'attention
sur certaines difficultés dans la réalisation des travaux et en
particulier dans l'aménagement des abords ainsi que - mais une
transaction est en vue - pour la résiliation du bail des locaux
actuels ;
·
la situation de la société
française de production, qui a dû supporter des handicaps
dès le départ - elle n'avait pas de capital disponible- et qui
s'est depuis enfoncée dans la crise.
Ensuite,
M. Jean Cluzel, rapporteur spécial
, a mis l'accent sur
les trois idées qui devraient, selon lui, inspirer une politique de
l'audiovisuel :
- clarifier les responsabilités de gestion ;
- réduire la part de la publicité ;
- soutenir les exportations de programmes audiovisuels pour faire face au
nouveau défi américain, comme l'ont fait avec succès les
Canadiens.
Le rapporteur spécial a conclu en indiquant que, même si ce
budget appelait un certain nombre de critiques, il proposait, par
cohérence avec l'attitude qui avait été adoptée
l'année dernière, d'émettre un vote favorable sur les
crédits de la communication.
Au cours du débat qui a suivi cet exposé,
M. Jean Cluzel,
rapporteur spécial,
a, en premier lieu, répondu à
M. Alain Lambert
,
rapporteur général,
qui
l'interrogeait sur la situation sociale à France 3 et sur les provisions
pour dépréciations de programmes opérées par France
2. Il a notamment fait savoir que, d'une part, l'instabilité des
équipes dirigeantes et les disparités salariales avec France 2
n'étaient pas étrangères au malaise actuel de France 3 et
que, d'autre part, une réflexion sur les méthodes de
dépréciation de France 2 était en cours et devrait faire
plus de place à des critères objectifs.
Répondant à
M. Maurice Blin
, qui l'interrogeait,
notamment, sur la productivité des chaînes par comparaison avec la
situation dans d'autres pays européens, et à
M. Maurice
Schumann
qui appelait son attention sur le mode de fonctionnement du compte
de soutien au cinéma, le rapporteur spécial a indiqué,
d'une part, que l'instabilité des équipes dirigeantes et la
" valse des présidents " ne pouvaient pas contribuer à
une politique à long terme nécessaire à
l'amélioration de la productivité et, d'autre part, que la
position des productions américaines à la
télévision était avec 50 % du marché aussi
dominante qu'au cinéma et que les mécanismes du compte du soutien
n'étaient effectivement pas adaptés.
A
M. Jean-Philippe Lachenaud
qui s'interrogeait sur les raisons qui
pourraient conduire à ne pas appliquer à ce budget les
restrictions de crédits proposées par la commission pour les
autres budgets,
M. Jean Cluzel, rapporteur spécial,
a
répondu que les crédits publics étaient en diminution et
que l'on avait besoin de ressources pour produire davantage de fictions
françaises face à l'hégémonie américaine.
Répondant à
M. René Trégouët
, le
rapporteur spécial a rappelé que la France était le seul
pays à disposer de quatre chaînes publiques et qu'il se posait un
problème de périmètre du secteur public.
A
Mme Maryse Bergé-Lavigne
, qui -soulignant par ailleurs
les commodités des " multiplexes "- , le questionnait sur la
nouvelle radio jeune de Radio France
, M. Jean Cluzel, rapporteur
spécial
, a déclaré qu'il fallait laisser aux
dirigeants la possibilité d'innover.
Enfin, le rapporteur spécial a fait savoir qu'il était de l'avis
de M. Christian Poncelet, président de la commission de finances,
sur la nécessité d'augmenter sur France 3 la place de
l'information locale par rapport à l'information nationale.
A l'issue de ce débat, la
commission
a
décidé
de
demander
au
Sénat
d'adopter
les
crédits
de la
communication
sous
réserve de l'approbation des
réductions de crédits
proposées au budget des services généraux du Premier
ministre
.
ANNEXE : AUDITION DE MME CATHERINE TRAUTMANN DEVANT LA
COMMISSION DES FINANCES
LE JEUDI 30 OCTOBRE 1997
I. EXPOSÉ SUR LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
Nous vivons l'ère du numérique, une
époque de bouleversements technologiques dont le service public ne peut
être absent. Le service public, pour continuer à remplir ses
missions doit participer, accompagner et pourquoi pas impulser ces
bouleversements. Cette volonté politique forte, il ne suffit pas de
l'affirmer, il faut aussi la traduire dans les actes, et plus
précisément encore, dans le budget.
Soyons clairs; le budget que je vous présente ici est un bon budget,
puisqu'il progresse de 3,3 % et s'établit à 18 milliards de
francs, soit 570 millions de francs de plus qu'en 1997, ce n'est cependant
qu'une étape. L'ensemble du secteur dont j'ai la charge, celui de la
culture et de la communication avait été particulièrement
malmené au cours des années précédentes. Il y avait
beaucoup à faire pour atteindre les objectifs que nous nous
étions fixés. Ces objectifs ne peuvent pas être atteints en
un an. Mais, il fallait inverser la tendance. C'est ce que nous avons fait
cette année.
Pour en revenir au budget que je vous présente aujourd'hui, celui de
l'audiovisuel public, inverser la tendance, cela signifiait sortir d'une
spirale infernale, qui menait progressivement mais inexorablement, à la
mort du service public, sans que cette orientation soit débattue ou
décidée au sein du gouvernement ou du parlement.
En étranglant financièrement les chaînes publiques, le
précédent gouvernement les contraignait à se lancer dans
une course à l'audience, à chercher à rivaliser avec les
chaînes commerciales pour conquérir les ressources publicitaires
devenues indispensables à leur survie. En fixant à France
Télévision une progression spectaculaire de ses ressources
publicitaires en 1997 (+ 7 % pour F2, + 30 % pour F3), le but n'était
plus alors de remplir des missions de service public, mais d'atteindre des
objectifs commerciaux, de satisfaire les besoins des annonceurs. Il devenait
alors facile de montrer que les chaînes publiques n'étaient plus
différentes des chaînes privées, et on en justifiait ainsi
aisément la disparition programmée.
De même, imposer un montant d'économies considérables
à la Sept et la Cinquième (140 millions de francs) en
anticipant les conséquences de leur rapprochement revenait à
affaiblir l'une et l'autre société.
Il fallait donc casser cet enchaînement. C'est ce que fait le projet de
loi de finances pour 1998.
Ce budget est en progression de 3,3 %. Cette augmentation est très
supérieure à celle du budget de l'Etat, ce qui est le
résultat d'arbitrages gouvernementaux favorables au secteur public
audiovisuel. Lorsque nous avons commencé les discussions, la position du
Budget était de partir de la progression du budget de l'État soit
+ 1,2 % pour établir la progression des ressources de l'audiovisuel
public. C'est ainsi qu'en 1997, cette progression qui s'était
arrêtée à 1,3 % (+ 236 M par rapport à 1996), ne
couvrait même pas l'actualisation des dépenses au taux d'inflation
constaté (1,9 %). C'est là un mauvais calcul, qui repose sur un
présupposé faux: les deux termes de la comparaison ne sont pas
équivalents. Le budget des organismes audiovisuels doit certes
être établi selon la même démarche que les autres
budgets publics, mais il doit aussi tenir compte de l'environnement
concurrentiel au sein duquel les sociétés se situent: les
ressources des chaînes privées progressent très
régulièrement (+ 6 % pour TF1); si l'on n'y prend garde, le jeu
devient vite très déséquilibré.
L'audiovisuel public est un service public à part entière, mais
il faut l'aborder selon l'économie propre à ce secteur. Cela
signifie que, traitant les organismes audiovisuels comme des entreprises,
l'Etat doit leur assurer la sécurité financière sans
laquelle elles ne pourraient vivre. En contrepartie, il faut leur demander une
rigueur de gestion sans faille, leur imposer de faire toutes les
économies qui peuvent l'être, pour utiliser au mieux les moyens
qui leur sont alloués. J'ai pris la responsabilité d'augmenter la
redevance de 35 francs, je veux que cet argent serve à améliorer
le service rendu aux téléspectateurs. J'ai en outre
conditionné l'octroi de ces moyens supplémentaires à la
réalisation d'un montant d'économies de 153 millions de
francs (soit 0,85 % du budget de fonctionnement global) dont la
répartition est laissée à l'appréciation des
responsables des sociétés.
En augmentant la redevance, je me suis donné trois objectifs: assurer la
pérennité des ressources des organismes, rétablir
progressivement un meilleur rapport entre les ressources publiques et le
ressources commerciales des chaînes, et améliorer le service rendu
aux téléspectateurs.
D'abord, assurer la pérennité des ressources. J'ai pleinement
conscience du fait que ce budget n'est qu'une étape, et qu'il faudra
poursuivre nos efforts. L'audiovisuel sort d'une période de
récession, qui a fragilisé les entreprises. J'ai souhaité
sécuriser leurs ressources, leur donner une visibilité à
long terme, qui leur permette de mettre en place une stratégie
dépassant les douze mois. En effet, une partie de l'augmentation de la
redevance va servir à compenser une diminution des crédits
budgétaires. Mais soyons clairs: ces crédits ont diminué
de 798 millions en 96 et de 386 millions en 97. Il est très peu probable
qu'ils atteignent à nouveau le montant initial d'1,4 milliard.
Dans ces conditions, et pour parler franchement, je préfère la
pérennité d'une ressource affectée à des
crédits toujours susceptibles d'une régulation budgétaire,
encore à l'heure où nous parlons. Ainsi 35 millions de
francs ont été annulés en juillet 1997, au
détriment de Radio France et de l'INA. On ne peut pas gérer
aujourd'hui les entreprises publiques de l'audiovisuel, dans un secteur
où la concurrence est si vive, en amputant ainsi leurs crédits de
façon aléatoire, et parfois en cours de gestion. Le sens de
l'histoire, c'est sans doute que ces organismes soient financés
entièrement par des ressources qui leur sont propres, qu'il s'agisse de
la redevance ou de recettes commerciales. Celles-ci sont à mon sens
nécessaires, dans une proportion raisonnable. C'est sur cette proportion
qu'il faudra continuer à travailler.
Et c'est là le second but que j'ai poursuivi en augmentant la redevance.
J'ai en effet veillé à stabiliser le niveau relatif des
ressources publicitaires dans le financement de France
Télévision. Celles-ci ont connu au cours des dernières
années, et tout particulièrement l'an dernier une forte
évolution, due à la croissance du marché publicitaire. Les
chaînes publiques ont besoin de ces ressources pour se développer
et s'agissant d'entreprises industrielles et commerciales, il ne serait pas
logique de les priver de la collecte de ressources commerciales, compte tenu du
souci de maîtriser les dépenses publiques.
En tout état de cause, le Gouvernement a manifesté son
attachement, à Bruxelles, au financement mixte des
télévisions publiques, Et parce que celui lui paraît
adapté à leur mission de service public.
Pour une télévision publique, les téléspectateurs
ne constituent pas une cible publicitaire: contrairement à ce qui se
passe pour les chaînes privées, on ne peut pas mettre en relation
certains programmes avec un montant de ressources collectées.
Mais si la recherche d'une audience forte fait aussi partie des missions du
service public, au service de tout le public, il faut trouver, entre le
financement public et ces ressources commerciales, un équilibre
satisfaisant.
J'aurai bien évidemment préféré vous
présenter aujourd'hui un budget montrant une diminution de la part des
recettes commerciales dans les ressources totales des chaînes. Compte
tenu de la diminution des crédits budgétaires, cela n'a pas
été possible. Ce sera la prochaine étape: j'y veillerai et
je compte aussi sur le Parlement pour me soutenir dans cette démarche.
Mais déjà en 1998, la part de financement public dans le total
des ressources du secteur public audiovisuel est maintenue à 69%.
Troisième objectif: que l'augmentation de la redevance serve à
améliorer le service rendu, Pour cela, j'ai retenu deux
priorités: la qualité et l'innovation, domaines dans lesquelles
le service public doit être une référence.
C'est autour de ces deux axes que s'organisent les mesures nouvelles
décidées en 1 998.
La qualité des programmes d'abord: la Sept-Arte et la Cinquième
avaient été lourdement pénalisées en 1997, et
n'avaient plus les moyens de remplir leur mission spécifique, celle de
produire ou d'acquérir des programmes culturels et éducatifs. Le
budget de la Sept-Arte augmente donc de 7,3 % et celui de la Cinquième
de 6,7 %. Avec respectivement 44,9 et 17 Millions de francs
supplémentaires à consacrer à l'amélioration de
leur grille, la SeptArte et la Cinquième pourront offrir aux
téléspectateurs des programmes plus attractifs et plus conformes
à leur mission.
France 2 et France 3 voient également progresser leurs ressources, dans
le but de développer une politique de programmes de qualité, au
service de tous les publics. De même, Radio France
bénéficie d'une mesure nouvelle en faveur de la création
et de l'innovation dans ses programmes.
Après la qualité des programmes, l'innovation est le second axe
de ce budget.
L'évolution technologique nous a fait passer d'une
télévision de programmes diffusés à une
télévision de programmes choisis. La rapidité avec
laquelle le magnétoscope a pénétré dans les foyers
en était un premier signe. Je crois beaucoup à la poursuite de ce
mouvement qui amènera chacun à utiliser à son rythme,
selon ses besoins et ses envies, les programmes qui seront disponibles. Tel est
le sens des deux grandes innovations qui seront financées dans le budget
pour 1 998: la Banque de programmes et des services de la Cinquième, et
le centre de consultation du dépôt légal des programmes
audiovisuels à la Bibliothèque François Mitterrand.
400 sites, 200 centres sociaux et 200 établissements d'éducation
seront équipés en 1998 pour recevoir l'offre de la BPS: les
enseignants, formateurs ou animateurs pourront ainsi sélectionner et
télécharger les programmes qu'ils souhaiteront utiliser. Cette
expérience grandeur nature permettra de préciser les besoins et
le cas échéant d'améliorer cette offre, qui sera ensuite
progressivement étendue.
C'est avec le même souci de valoriser le patrimoine audiovisuel et de
répondre aux besoins de l'enseignement et de la recherche scientifique
qu'est lancé un plan de numérisation des archives, et que sera
ouvert en juillet 1998 le centre de consultation de l'Inathèque à
la Bibliothèque François Mitterrand. 42 millions de francs y
seront consacres.
Voilà donc très rapidement présenté le budget de
l'audiovisuel public. Bien sûr, il ne répond pas à toutes
les demandes des organismes, mais après la période très
difficile qu'ont connue les sociétés de l'audiovisuel public, il
permet de repartir sur des bases saines. Un certain nombre de projets qui nous
avaient été présentés n'ont pu être
réalisés cette année, soit parce qu'ils n'étaient
pas assez avancés (et je pense à la chaîne des
régions), que leurs objectifs n'étaient pas assez précis,
comme dans le cas du Mouv', soit pour de simples raisons budgétaires.
Nous commençons dès aujourd'hui à travailler pour que ceux
qui présentent un intérêt pour le public puissent
être affinés et pris en compte.
Nous avons dû également cette année prendre acte, sans
pouvoir les remettre en cause compte tenu de leur degré d'avancement,
des projets immobiliers décidés par le gouvernement
précédent, qu'il s'agisse du siège commun de France 2 et
de France 3 ou du siège et des installations de RFO en Guyane et
Guadeloupe. Le budget que je vous présenterai l'an prochain ne sera plus
grevé par ces opérations très lourdes.
II. RÉPONSES AUX QUESTIONS DE M. JEAN CLUZEL, RAPPORTEUR SPÉCIAL
A. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PRODUCTION
Je voudrais d'abord rappeler quelques éléments
d'historique et vous dire dans quel état j ai trouvé ce dossier
à mon arrivée au ministère.
La SFP affichait un déficit structurel de 200 à 250 millions
de francs pour un chiffre d'affaires de 580 millions de francs, et vivait
sous perfusion depuis plusieurs années. Elle était proche de la
cessation de paiement, soumise à la menace d'une demande de
remboursement d'un montant de 1,2 milliard d'aides versées entre
1993 et 1996, ce qui aurait déclenché un dépôt de
bilan. Sans la vente d'un terrain, à des conditions très peu
avantageuses pour la société, la cessation de paiement aurait
déjà été effective.
Mais cette entreprise a une histoire, un savoir-faire, une richesse humaine et
technique qui peuvent lui permettre de retrouver une viabilité, de
revivre dans un environnement concurrentiel difficile.. La SFP a encore une
chance de survie, mais il faut agir très vite, à la fois à
cause de la situation de l'entreprise, dont je viens de vous parler, et
à cause de l'application du droit communautaire de la concurrence, qui
interdit de soutenir à coups de subventions ou d'aides diverses une
entreprise non rentable dans un secteur concurrentiel.
Mes prédécesseurs s'étaient engagés à
plusieurs reprises, depuis la fin 1996, à soumettre à la
Commission européenne un plan de restructuration industrielle et
financière dans les plus brefs délais. Ces engagements n'avaient
pas été tenus, et peu après mon arrivée au
Ministère, j'ai reçu une demande très forte de la
Commission, qui en avait assez des atermoiements des gouvernements
précédents. Ces engagements n'avaient pas pu être tenus,
parce que le gouvernement avait considéré que le meilleur moyen
de s'en sortir était de privatiser la SFP. Or, les offres reçues
dans ce cadre appelaient toutes un concours massif et présentaient des
risques, soit que les perspectives d'activité semblaient mal
évaluées, soit que les tours de table n'étaient pas
assurés, soit qu'on ait pu contester la personnalité de tel ou
tel de leurs promoteurs. Leur étude, pour ma part, ne m'a pas convaincue
de la pertinence de leur projet industriel. Elle m'a par contre convaincue de
l'absence totale d'intérêt d'une privatisation de la SFP, dans les
circonstances actuelles.
Quoiqu'il en soit, c'est en raison du déclenchement du processus de
privatisation et de la promesse d'une restructuration forte permettant le
retour à la viabilité que la Commission avait accepté de
considérer les aides déjà versées à la SFP
comme préalables à une aide à la restructuration, et
d'autoriser le versement de deux aides de sauvetage en décembre 1996 et
février 1997 (250 et 350 millions de francs) en anticipation des
montants nécessaires à la restructuration.
Bruxelles était donc en droit d'attendre le plan promis. Au cours de
l'été, j'ai reçu une lettre de la Commission dans laquelle
elle rappelait qu'elle attendait toujours la présentation du plan de
restructuration, et qu'en l'absence de réponse, elle mettrait en demeure
le gouvernement d'exiger de la SFP le remboursement des aides versées.
Après avoir fait mener une première étude du dossier, je
me suis rendue à Bruxelles pour y rencontrer le Commissaire Van Miert.
J'ai convaincu le Commissaire de la volonté du gouvernement d'aboutir
très rapidement à une solution. M. Van MIERT m'a rappelé
que j'étais la cinquième ministre à venir lui parler de la
SFP. et il a insisté sur le fait qu'il avait dû souvent vendre ce
dossier à ses collègues commissaires. mais que cela devenait de
plus en plus difficile. S'il n'y avait pas eu de changement de gouvernement,
une décision négative aurait déjà été
prise, mais la Commission a pour habitude de laisser un délai
d'instruction aux nouveaux gouvernements, quels qu'ils soient.
De retour de Bruxelles, j'ai reçu le Président Jacques BAYLE,
qui, devant l'annonce de l'arrêt de la privatisation, a souhaité
me remettre sa démission, puis les syndicats devant lesquels j'ai
exposé mes intentions, qui sont les suivantes:
D'abord, assurer la survie de l'entreprise, en tenant compte de la
réalité: le secteur où intervient la SFP est un secteur
concurrentiel, la SFP doit être compétitive, et satisfaire ses
clients. Ensuite mettre l'action de l'État en cohérence:
éviter que les entreprises publiques ne se fassent pas concurrence entre
elles, et veiller à un traitement adéquat du dossier de
l'intermittence, permettant aux entreprises publiques de ne pas devoir subir
une concurrence déloyale. Enfin. veiller à ce que la
restructuration se fasse dans le respect des personnes, dans de bonnes
conditions humaines et sociales.
J'ai donc chargé M. Roland FISZEL d'élaborer un projet de
restructuration de la société, fondé sur un plan
industriel susceptible de conforter la SFP sur les marchés où
elle dispose de capacités réelles, et de lui donner des
perspectives d'avenir.
Nommé au Conseil d'administration du 13 Octobre, M. Roland FISZEL
travaille avec tout le personnel, mais aussi avec les clients actuels ou
potentiels de l'entreprise pour définir ce plan. La première
étape sera d'obtenir l'accord de la Commission, mais ce ne sera qu'une
étape, le processus de restructuration se fera dans la durée. La
tâche est difficile, mais possible, parce que la SFP a de nombreux atouts.
B. LES CONDITIONS DE LA DIFFUSION EN CLAIR DE FRANCE TÉLÉVISION SUR TPS
La diffusion en clair de France Télévision sur
TES, c'est à dire la possibilité pour les
téléspectateurs équipés d'une parabole leur
permettant de recevoir les chaînes diffusées sur Eutelsat, doit
être mise en place par la future loi. Seule l'intervention d'un texte
législatif ou réglementaire permet en effet, en bonne
sécurité juridique, que la fin de l'exclusivité
n'entraîne pas pour France Télévision le versement
d'indemnités.
Le coût du transport d'une chaîne par satellite correspond
à 2,7 millions de francs soit 5,4 pour les deux chaînes. Ce
coût pourrait être à la charge des chaînes en cas de
fin de l'exclusivité.
C. ÉTAT DE LA FUSION CINQUIÈME SEPT-ARTE
Il y a entre les missions de la Cinquième et celles
d'Arte, entre les programmes que chaque chaîne développe, des
synergies fortes qu'il faut mettre à profit.
Un rapprochement avait été décidé, et il est en
partie inscrit dans les faits, aujourd'hui. Il n'est pas question de revenir
sur le fusion ce qui perturberait gravement les sociétés. Mais
nous menons une réflexion sur l'organisation du secteur public, qui sera
traités dans le projet de loi: il ne serait donc pas cohérent de
traiter à part la question de la fusion Cinquième / SEPT-Arte.
Quelles que soient les modalités juridiques précises qui seront
choisies, dans le cadre de la réflexion globale sur les structures du
service public, la solution retenue pour la fusion des sociétés
permettra à la fois deux antennes distinctes, et deux lignes
éditoriales différentes seront maintenues, et d'établir de
nombreuses passerelles entre les programmes de chaque chaîne.
D. LES POUVOIRS DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AUDIOVISUEL
Pour répondre à votre question sur un
éventuel renforcement des pouvoirs du CSA. je dois vous donner les
grandes lignes du projet de loi sur l'audiovisuel. C'est en fonction de la
conception que nous avons de l'évolution du secteur, de la place
respective de la réglementation et de la régulation que nous
déterminerons quels doivent être les pouvoirs de l autorité
de régulation.
La loi doit répondre au souci de corriger trois dysfonctionnements:
1/ un fonctionnement déficient de la concurrence, que traduisent les
très nombreux contentieux engagés, mais
aussi la demande
forte de la part des opérateurs, d'une réglementation.
2/ un marché oligopolistique, où l'intégration verticale
devient de plus en plus forte alors que s'agissant de culture et de
création. la notion d'indépendance est fortement
revendiquée.
3/ une situation où la télévision n'est pas un secteur
économique comme les autres. mais aussi un enjeu de pouvoirs.
Elle doit par ailleurs tenir compte de deux contraintes fortes:
1/ la nécessité de légiférer dans un secteur en
pleine mutation technologique et économique, où ne sont
stabilisés ni les rapports entre les acteurs ni les technologies.
2/ le souci de préserver un secteur extrêmement
réglementé, foisonnant de dispositifs complexes de soutien
à une multitude d opérateurs, qui ne peuvent être
supprimés brutalement.
La loi s'organisera autour de cinq chapitres:
1: Concurrence: conditions de la concurrence entre les modes de diffusion,
rapports entre les éditeurs de chaînes et les diffuseurs,
entre
les producteurs
et les diffuseurs :définition de la production
indépendante. et de la production déléguée;
financement de la production; fluidité du marché des droits,
rapports entre les diffuseurs eux-mêmes.
2: Concentration et pluralisme
3: Les nouveaux services: En tenant compte des réflexions
internationales, la loi devra donner le cadre dans lequel se fera le
développement des nouveaux services; ce cadre devra être
très souple, pour favoriser et non gêner cet essor.
4: Le service public de l'audiovisuel, intérieur, et extérieur:
ses missions, ses structures, l'exercice de la tutelle, les conditions de son
développement.
5: Les télévisions locales. Le développement des
télévisions locales ouvre un nouveau champ à l'exercice de
la démocratie locale et de la vie associative. Il faut l'encourager tout
en restant vigilant à conserver à France 3 sa place, et à
conserver l'équilibre entre les médias.
La question de la régulation se retrouve en filigrane dans chacun de ces
chapitres. Nous avons effectivement besoin d'une autorité dotée
de pouvoirs renforcés. Il ne s'agit plus simplement de faire respecter
les cahiers des charges et les conventions de quelques chaînes mais
d'être à même de suivre l'évolution du secteur, de
tenir compte des équilibres économiques, de faire une
véritable régulation économique.
1
Le pourcentage d'exonérations
est trois fois inférieur en Allemagne (7 % en moyenne, la
proportion variant selon les Länder), en Belgique (7,9 %) ; il
n'est que de 0,6 % aux Pays-Bas. Les exonérations totales sont
inconnues au Royaume-Uni (2 % des foyers bénéficient
toutefois de tarifs réduits), alors que le PIB est, Outre-Manche,
inférieur à celui de la France.
2
Ces corrections concernent, d'une part, l'activité de
production exécutive de France 3, désormais introduite dans
le budget initial de la société (pour 20 millions de francs)
et, d'autre part, les recettes publicitaires de France 2, France 3 et
La Cinquième, qui sont dorénavant indiquées avant
versements au Compte de soutien financier de l'industrie
cinématographique et de l'industrie des programmes audiovisuels
(l'ensemble du budget s'accroît ainsi de 229,7 millions de francs).
En procédant de cette manière, la présentation des
recettes publicitaires est alignée sur celle appliquée à
la redevance, qui contient depuis l'origine les montants versés au
Compte de soutien. Ainsi, le projet loi de finances 1998, d'un montant de
18 001,2 millions de francs doit s'apprécier au regard d'une
base 1997 corrigée de 17 429,7 millions de francs et non
17 000 millions de francs.
3
Art. 13. - Pour l'exercice 1996, le produit, hors taxe sur la
valeur ajoutée, de la taxe dénommée " redevance pour
droit d'usage des appareils récepteurs de
télévision " est réparti entre les organismes du
secteur public de la communication audiovisuelle de la manière
suivante :
Institut national de l'audiovisuel |
285,50 |
France 2 |
2 588,80 |
France 3 |
3 342,70 |
Société nationale de radiodiffusion et de télévision d'outre-mer |
1 054,10 |
Radio France |
2 117,40 |
Radio France Internationale |
169,20 |
Société européenne de programmes de télévision : la SEPT-ARTE |
667,70 |
Société Télévision du savoir, de la formation et de l'emploi : La Cinquième |
518,20 |
Total |
10 743,60 |
4
Le chapitre budgétaire 46-01
Services généraux du Premier Ministre sur lequel
115,5 millions de francs hors taxes (117,593 millions de francs toutes
taxes comprises) de crédits de remboursement des exonérations de
redevance étaient ouverts en loi de finances 1997, a
bénéficié d'un report anticipé de crédits de
11 millions de francs hors taxes (11,231 millions de francs toutes
taxes comprises), octroyés à RFO par le collectif 1996 mais qui
n'avaient pu être ordonnancées sur la gestion 1996.
Ce montant a fait l'objet d'un engagement complémentaire dès la
parution au J.O. de l'arrêté portant report de crédit (J.O.
du 21 février 1997) et ordonnancé le 19 mars 1997.
5
Rapporté au nombre de comptes redevance
gérés, le coût unitaire annuel de gestion d'un compte
représente 23,43 francs. Il est très peu
élevé, notamment lorsqu'on le compare aux tarifications de base
de diverses prestations (ainsi, l'affranchissement de l'avis de payer la
redevance représente plus de 10 % du coût de gestion annuel
moyen d'un compte). Il s'élevait à 21,13 francs en 1988 et
n'a donc que très peu augmenté en francs courants.
Ce coût de gestion, qui est financé par un
prélèvement sur le produit de la redevance, fait l'objet d'un
rattachement par voie de fonds de concours au chapitre 37-98 " Frais
de
fonctionnement du service de la redevance " du budget des services
financiers.
En 1996, le budget de fonctionnement du service de la redevance s'est
élevé à 480 millions de francs prélevés
sur les recettes encaissées (11 527,1 millions de francs).
La part du prélèvement par rapport aux encaissements a donc
été limitée à 4,16 % en 1996. Ainsi, ce
pourcentage est-il en constante diminution d'année en année
puisqu'il était de 5,49 % en 1988. Les dépenses de
fonctionnement (dépenses de personnel incluses) n'ont au total
progressé en francs courants que de 20,8 % en 10 ans, à
missions constantes.
Cet effort de maîtrise de la dépense a été possible
grâce aux très importantes réductions d'emplois mises en
oeuvre au cours de la période. L'informatisation des procédures a
en effet permis de réduire les effectifs de 300 emplois entre 1988
et 1996, soit - 16,4 %, à missions constantes.
6
Ce calcul suppose toutefois que les chaînes du service
public et les chaînes privées consentent globalement aux
annonceurs un même pourcentage de remise. Selon les Indicateurs
statistiques de l'audiovisuel 1995 (p.191), la part du marché
publicitaire des chaînes publiques s'élèverait à
30,4 % en 1995, contre 28,9 % dans l'estimation ci-dessus.
7
Great Rating Point : coût nécessaire pour diffuser un
message susceptible de toucher 1 % de la cible choisie.
8
Le pourcentage d'exonérations est trois fois
inférieur en Allemagne (7 % en moyenne, la proportion variant selon
les Länder), en Belgique (7,9 %) ; il n'est que de 0,6 %
aux Pays-Bas. Les exonérations totales sont inconnues au Royaume-Uni
(2 % des foyers bénéficient toutefois de tarifs
réduits), alors que le PIB est, Outre-Manche, inférieur à
celui de la France.
9
On peut noter que l'application à titre transitoire d'un
taux réduit égal, par exemple, au montant de la redevance
" noir et blanc " aux comptes actuellement exonérés,
mais ne remplissant plus les conditions du décret de
décembre 1996, rapporterait plus d'un milliard de francs.
10
Le calcul s'effectue de la façon suivante :
1 |
Nombre de ménage :
statistiques INSEE actuelles
(janvier 1997)
|
23,2 millions |
2 |
Taux de 1er équipement |
95 % |
3 |
Nombre de ménages équipés au moins d'un téléviseur |
22,0 millions |
4 |
Nombre de comptés gérés par le service correspondant à des ménages en résidence principale |
20,3 millions |
5 |
Nombre de comptes manquants |
1,7 million |
|
Taux d'évasion au 30.06.1997 |
7,7 % |
11
Ainsi l'INSEE décomptait un
nombre total des ménages de 21,51 millions en 1990 et
22,9 millions en 1996, soit une progression de 6,5 % nettement
supérieure à l'évolution générale de la
population sur la même période (+ 2,97 %). Cette
importante réévaluation du nombre de ménages par l'INSEE
est liée à des changements importants dans la structure des
catégories de ménages :
- forte augmentation des ménages comportant une famille
monoparentale : + 11,3 % sur la période 1990-1996,
- forte augmentation des ménages d'une seule personne :
+ 10,1 % sur cette même période.
12
Ce qu'ils peuvent d'ailleurs déjà faire dans le
cadre - limité et dérogatoire - de la loi n°96-299 du 10
avril 1996 relative aux expérimentations dans le domaine des
technologies et services de l'information.
13
70 % Claude Berda, 30 % AB Production
14
Source : Astra - Juin 1996
15
Source : Eutelsat - Juin 1996
16
Lettre du CSA n°87 de décembre 1996
17
Monégasque des Ondes : société responsable
de l'exploitation de la chaîne Monte-Carlo TMC.
18
Si l'article 19 de la loi du 30 septembre 1986 donne au
Conseil supérieur de l'audiovisuel certains moyens d'investigation, il
les restreint aux administrations et titulaires d'autorisation, ce que n'ont
pas à être les chaînes du câble et du satellite.
19
Dans le cas d'émissions de fiction d'une durée
totale supérieure à 200 minutes et de 3 épisodes
minimum, France 2 disposera d'une option de prolongation gratuite de 6 mois,
cette option devant être levée 6 mois au moins avant la fin des 3
ans.
20
Il est important de rappeler que bien qu'aucun texte ne
limite ce mouvement de prise de participation des diffuseurs dans des
sociétés de production, il existe une limitation concernant la
hauteur des commandes qu'elles peuvent passer aux sociétés
dépendantes.
21
Les chaînes en clair répartissent leurs
investissements dans le cinéma entre la " part
coproducteur "
(sommes investies dans la production d'oeuvres cinématographiques par
leur filiale cinéma) qui fait l'objet d'un contrat de coproduction et la
" part antenne " ou " pré-achats "
(sommes
consacrées à l'achat des droits de diffusion exclusifs d'oeuvres
cinématographiques n'ayant pas encore reçu l'agrément
d'investissement).
22
Il existe une base réglementaire pour ce qui concerne :
- La fenêtre de diffusion des films en paiement à la séance
qui est assimilée au délai de diffusion vidéo (l'art. 70-1
de la Loi du 30 septembre 1986). L'article 1 du décret du 4 janvier 1983
modifié stipule " le délai avant l'expiration duquel aucune
oeuvre cinématographique... ne peut être exploitée sous
forme de vidéocassettes...est fixé à un an à
compter de la délivrance du visa d'exploitation ". En fonction des
résultats d'exploitation de l'oeuvre en salle, des dérogations
pouvant porter ce délai de 4 à 9 mois après la date de
sortie en salle peuvent être accordées par le ministre de la
Culture après avis d'une commission placée auprès du CNC.
- les films diffusés sur les chaînes hertziennes en clair
(l'article 4 du décret 87-36 du 26 janvier 1987 modifié). Les
délais de diffusion sont fixés à deux ans après la
date d'obtention du visa d'exploitation pour une oeuvre
cinématographique coproduite par une chaîne et à trois ans
pour une oeuvre non coproduite. Néanmoins au vu des résultats
d'exploitation en salle, ces délais peuvent être réduits
par dérogation accordée par le Ministre de la Culture
après avis d'une commission constituée auprès du CNC, sans
que ce délai puisse être inférieur à 18 mois
après l'obtention du visa d'exploitation. Cette dérogation est
dans les fait peu utilisée.
23
Les pré-achats sont les sommes consacrées à
l'achat des droits de diffusion exclusifs d'oeuvres cinématographiques
n'ayant pas encore reçu l'agrément d'investissement
délivré par le CNC.
24
Le capital de Multivision est détenu par Lyonnaise
Communications, France Télécom, la CLT et TF1.
25
Georges Vanderchmitt, La télévision par satellite :
approche d'un nouveau marché. Rapport à M. François
FILLON, ministre délégué à la Poste, aux
Télécommunications et à l'Espace, novembre 1995, p. 56.
26
Avis n°96-4 du 8 octobre 1996 sur le projet de loi modifiant
les dispositions du code de la communication et du cinéma relatives
à la communication audiovisuelle, JO du 18 octobre 1996, p. 15304.
27
Organisation internationale sous l'égide de l'ONU.
28
Avant sa modification prévue pour avril 1997.
29
Précité, note 26.
30
Le dernier alinéa de l'article 34 de la loi de 1986 donne
au Conseil supérieur de l'audiovisuel le pouvoir d'imposer au
câblo-opérateur :
" 1° la retransmission de services diffusés par voie
hertzienne normalement reçus dans la zone ;
2° la distribution d'un nombre minimal de programmes propres ;
3° l'affectation d'un canal à temps complet ou partagé
à la commune ou au groupement de communes intéressées,
destiné aux informations sur la vie communale et, le cas
échéant, intercommunale ;
4° la distribution d'un nombre minimal de programmes édités
par des personnes morales indépendantes de l'exploitant effectif du
réseau ;
5° le paiement par l'exploitant d'une redevance à la commune ou au
groupement de communes intéressées. "
31
Dans les seuls cas où une délégation de
service public est présente cependant.
32
S'agissant des services relevant de l'article 24 de la loi de
1986, c'est-à-dire utilisant une fréquence ou une bande de
fréquences dont l'attribution ou l'assignation n'a pas été
confiée au Conseil supérieur de l'audiovisuel.
33
Article 41-3, 2° de la loi du 30 septembre 1986.
34
Ibid. note 45.
35
En Europe, c'est en Grande-Bretagne que l'on regarde le plus la
télévision avec 229 minutes en moyenne par jour et par
individu, suivie par l'Italie et la Hongrie (222 minutes), l'Espagne
(221), la Turquie (216), la Grèce (200), l'Allemagne (195), l'Irlande
(194), la Belgique et la France (192) et le Portugal (179). Si la durée
de temps passé devant le petit écran ne cesse de progresser en
Europe, elle a encore baissé aux États-Unis, 239 minutes en 1996
contre 241 en 1995.
36
Dans la perspective d'une implication du service public dans le
numérique, on peut toutefois noter son absence préoccupante de la
bataille des programmes, la constitution de catalogues étant une arme
absolue de l'aventure numérique. Or, si le secteur public est riche en
droits de diffusion hertzienne, mode le plus coûteux de diffusion, il
demeure pauvre en droits de diffusion sur le câble et le satellite.
37
Cette chaîne en 16/9 lancée en 1993 va être
" repositionnée " et ses programmes consacrés à
la musique, l'opéra et la danse.
38
Article 41-4 de la loi du 30 septembre 1986
modifiée : " le Conseil de la concurrence veille au respect du
principe de la liberté de la concurrence dans le secteur de la
communication audiovisuelle, selon les règles et dans les conditions
prévues par l'ordonnance n° 86-1243 du
1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et
de la concurrence, à l'exception de son titre V. "
Il
recueille dans le cadre de cette mission, en tant que de besoin, les avis du
Conseil supérieur de l'audiovisuel.
39
Article 41-3 de la loi du 30 septembre 1986
modifiée : " Le Conseil supérieur de l'audiovisuel
saisit le Conseil de la concurrence des abus de position dominante et des
pratiques entravant le libre exercice de la concurrence dont il pourrait avoir
connaissance dans le secteur de la
communication audiovisuelle. "
Article 17 de la loi du 30
septembre 1986 modifiée : " Le Conseil supérieur de
l'audiovisuel adresse des recommandations au Gouvernement pour le
développement de la concurrence dans
les activités de communication audiovisuelle.
"&nb
sp;Il est habilité à saisir les autorités administratives
ou judiciaires compétentes pour connaître des pratiques
restrictives de la concurrence et des concentrations économiques. Ces
mêmes autorités peuvent le saisir pour avis . "
40
" une position de puissance économique détenue
par une entreprise qui lui donne le pouvoir de faire obstacle au maintien d'une
concurrence effective sur le marché en cause en lui fournissant la
possibilité de comportements indépendants dans une mesure
appréciable vis-à-vis de ses concurrents, de ses clients, et
finalement, des consommateurs. "
41
Cette catégorie intermédiaire regrouperait
l'ensemble des services, nouveaux ou existants, caractérisés par
le fait qu'ils sont fournis à distance par des moyens
électroniques, sur demande individualisée d'un destinataire de
services.
42
Sur ce projet, la France a cependant manifesté des
réserves, soucieuse qu'elle est d'éviter que les services de la
société de l'information soient regardés comme de simples
marchandises. En outre, il convient d'empêcher que les procédures
de notification ne soient génératrices d'inutiles lourdeurs.
43
Proposition de création d'un Fonds d'aide à
l'exportation de programmes français exportables rendue publique le
11-09-1997.
44
Consacré par M. J.P. Cluzel, président-directeur
général de RFI, et George Van der Schmitt, président de la
SOFIRAD.
45
Technique consistant à faire financer une émission
en associant dès l'origine la production d'une émission et la
vente d'une partie de l'espace publicitaire qu'elle supporte.
46
RFI est aujourd'hui présente en diffusion directe sur cinq
satellites :
Astra 1 C et Astra 1 E (Europe de l'Ouest),
Intelsat 601 (Afrique et Europe occidentale),
Panamsat PAS4 (Afrique australe),
Palapa C2 (Asie du Sud-Est et Australie).
Elle est présente sur quatre satellites de bouquets
numériques :
- Anick E2 (États-Unis et une partie du Canada et de
l'Amérique latine),
- Panamsat 3 (Amérique latine et Amérique centrale et
États-Unis),
- Astra 1 (Europe),
- Asiasat 2 depuis le 16 août 1997 (Asie et Océanie).
Des négociations sont par ailleurs en cours pour assurer la
montée des signaux de RFI dans deux bouquets sur l'Afrique, le bouquet
numérique francophone Portinvest (Intelsat 601 qui sera remplacé
vers la fin 1997 par Intelsat 803) et le bouquet Multichoice, sur Panamasat
PAS 4 en bande C. Ces bouquets permettront la réception directe et
l'alimentation des radios partenaires.
En diffusion numérique SCPC, RFI est sur :
Panamsat 1B.KU (Amérique du Nord),
Panamsat 3 (Amérique centrale et Amérique latine, une partie de
l'Amérique du Nord),
Eutelsat II F4 (Europe, une partie de l'Afrique du Nord),
Intelsat 704 (Asie et Océanie)
et Intelsat 707 (Amérique latine, Nord-Est de l'Amérique,
Afrique, Europe de l'Ouest, Europe centrale, Europe orientale, une partie de
l'Asie et Inde).
Son serveur avec plus de 15 000 connexions par jour est devenu une
véritable vitrine interactive pour RFI dans le monde.
47
Société Opératrice de la Chaîne
Européenne Multilingue d'Information EURONEWS
48
Aux termes de l'article 4 du décret n° 90-66 du 17
janvier 1990 modifié " constituent des oeuvres audiovisuelles les
émissions ne relevant pas d'un des genres suivants : oeuvres
cinématographiques de longue durée : journaux et
émissions d'information ; variétés ; jeux ;
émissions autres que fiction majoritairement réalisées en
plateau ; retransmissions sportives ; messages publicitaires ;
télé-achat ; autopromotion ; services de
télétexte ".
Cette définition "en creux" a permis au Conseil supérieur de
l'audiovisuel, tout en aménageant une indispensable souplesse pour la
qualification, d'identifier sans ambiguïté comme oeuvres
audiovisuelles les genres suivants : émissions de fiction, oeuvres
d'animation, documentaires ou magazines majoritairement réalisés
hors plateau, vidéomusiques scénarisées, programmes de
recherche et de création, concerts et retransmissions de spectacles
théâtraux et chorégraphiques.
49
Penser la communication, Flammarion 1997. Page 288.
50
Penser la comunication Flammarion 1997. Page 101.
51
" La société veille à ce que les
contrats qu'elle passe avec des producteurs indépendants soient
signés avant la mise en productions des oeuvres. Elle rend compte
régulièrement au conseil d'administration des contrats personnels
passés avec les producteurs indépendants ".
52
Le calcul des frais financiers de préfinancement avait
été estimé en avril 1995 à 113 millions de
francs.
La baisse des taux d'intérêts à court terme intervenue
depuis, permet d'estimer ces frais à 53 million de francs.
53
Pour une somme empruntée d'un montant de
1 345 millions de francs à un taux de 7,2 %
+ 1,1 %, la première annuité de remboursement sera de
116 millions de francs en 1998. Les charges locatives du nouveau
siège sont estimées à 100 millions de francs 1998,
soit un total de 216 millions de francs en 1998.
Hors filiales et hors locaux de la tête de réseau France 3,
les loyers et charges locatives des implantations parisiennes de France 2,
de France 3 et de France Espace s'élèvent en 1998 à
233 millions de francs. Loyers : 106,6 millions de francs.
Charges : 126,3 millions de francs.
Si toutes choses égales par ailleurs, le montant des loyers parisiens
évolue de façon équivalente à celle des taux
monétaires à moyen terme, le groupe France
Télévision, en dépensant chaque année des sommes
comparables à celles de ses loyers et charges actuelles, sera
propriétaire dans 20 ans d'un terrain et d'un bâtiment.
Toutefois, le mode de financement choisi, un crédit bail immobilier,
rationnel si on le confronte aux charges locatives actuellement
supportées par France Télévision, reste une solution
onéreuse. Le coût exact reste difficile à déterminer
et ne peut être apprécié qu'en faisant des
hypothèses de taux d'intérêts.
Le montant du crédit bail immobilier, y compris les frais financiers du
préfinancement de cette opération, ne devrait cependant pas
excéder 1 350 millions de francs 1998.
Ce crédit bail immobilier s'étend sur 20 ans. Pour les dix
premières années du remboursement, le choix d'un taux fixe pour
le calcul des intérêts a été retenu. Il est de
7,22 % auquel s'ajoute 1,1 % de frais de gestion bancaire. Au
bout de la dixième, puis de la quinzième année, il est
prévu, au contrat de crédit bail de pouvoir renégocier ce
taux et de choisir pour les cinq années suivantes soit un taux fixe,
soit un taux variable.
Il est donc, dans ces conditions, difficile de calculer sur 20 ans le montant
total des intérêts représentés par le remboursement
de ce crédit bail.
Une simulation peut être faite en considérant que le taux fixe
retenu pour les dix premières années soit reconduit pour les dix
années suivantes. Dans ces conditions, le montant total des
20 annuités de remboursement, capital et intérêts
cumulés en francs courants, serait pour un capital initial de
1 345 millions de francs, de 2 970 millions de francs.
Ce dernier montant n'est toutefois pas certain, car il est soumis à la
fluctuation des taux d'intérêt à moyen terme (entre 2008 et
2018) et il ne prend pas en compte les effets relatifs de l'inflation.
Pour répondre à la question posée, le montant
cumulé estimé à 2,97 milliards de francs reste
inférieur au chiffre annoncé de 3,7 milliards de francs.
54
Le projet approuvé par les conseils d'administration de
France 2, France 3 et France Espace en avril 1995 prévoyait le
regroupement dans le futur siège social de France 2, de France
Espace et des services parisiens de France 3. Dans ce projet, les filiales
des sociétés conservaient leurs implantations actuelles.
Au cours de l'été 1996, la réactualisation des besoins des
chaînes a fait apparaître une insuffisance des surfaces,
constatée dans le cadre de l'audit menée par Jean-Michel
Bloch-Lainé.
France Télévision a fait savoir qu'un travail d'optimisation de
l'utilisation des surfaces, de rationalisation de l'implantation des services
et d'alignement des ratios de surface par salarié entre les
sociétés a permis de réduire ce déficit et de
revenir à l'hypothèse initiale d'occupation. Seule exception, la
régie finale de France 3 reste temporairement dans son implantation
actuelle.
55
A ces 60 millions de francs s'ajoutent 6,8 millions de
francs d'acquisitions d'immobilisations corporelles financées sur la
dotation aux amortissements.
56
Selon Libération du 17 février 1997 : " La
plupart du temps, le CSA n'a d'autre choix que de régulariser ces
situations de fait, ou condamner la station à mettre la clé sous
la porte. Les sages de l'audiovisuel n'ignorent rien de ces
" magouilles " (le mot est d'Hervé Bourges) (...) Le CSA
disposerait d'une liste de 150 fréquences désirant changer de
catégorie ".
57
RFM : 29,5 millions de personnes, Chante France :
9,1 millions, Skyrock : 29,9 millions, Europe 1 :
51,2 millions, Europe 2 : 38, 1 millions, AFP audio :
3 millions.
58
Le groupe RTL arrive à 111 millions, RMC à
77 millions, NRJ à 80 millions.
59
Notamment M. Michel Cacouault, président d'Europe
Régies, dans un entretien publié par le Figaro du 18
février 1997.
60
Entretien de M. Michel Boyon publié par CB News du 3-9
février 1997.
61
France Info a été lancée avec huit
fréquences et n'émettait, après six mois, que sur 22 sites.
62
Entretien publié par
CB News
le 6-12 janvier 1997.
63
La Tribune, 8 janvier 1997 : " la mise aux enchères
déséquilibrerait le secteur sur le plan économique ",
selon Benoît Sillard, président du Syndicat des réseaux
nationaux. Quand à M. Jean-Paul Baudecroux, président du
groupe NRJ, il a précisé que ce système " avait
été abandonné en Grande-Bretagne parce que les montants en
jeu ont conduit très vite les opérateurs à cesser leur
activité ".
64
Rapport Assemblée nationale, n°3421, 13 mars 1997.
65
Entretien accordé par M. Axel Duroux au Figaro le 6
février 1997 " Tout le monde serait gagnant, à commencer par
les Français, qui pourraient ainsi écouter la totalité des
programmes sur tout le territoire ".
66
La bande MF comprend une cinquantaine de fréquences. Pour
diffuser sur une fréquence unique, il en faut deux par réseau.
Or, il existe 17 stations nationales, y compris celles du secteur public. Il
reste donc une quinzaine de fréquences pour les stations locales dans
chaque ville.
67
Elaboré en application de l'article 17 de la loi
n°94-88 du 1er février 1994.
68
Écarts de 400 kilohertz à Paris contre 600
kilohertz à New-York.
(
69
) Union internationale des Télécommunications.