B. LES PHÉNOMÈNES DE CONCENTRATION
Traditionnellement, la concentration sur un marché s'analyse de manière horizontale et verticale.
1. La concentration horizontale
La concentration horizontale peut être définie
comme " le processus (ou le résultat de processus) qui tend
à accroître la taille absolue ou l'importance relative de
certaines unités au sein de l'ensemble auquel elles appartiennent ".
Dans la phase actuelle, les principaux éléments de concentration
concernent l'offre de programmes et l'offre de chaînes thématiques.
·
L'offre de programmes
La concentration dans l'offre de programmes s'effectue au niveau de
l'organisation du commerce des droits, et non au niveau de la production dont
l'organisation n'a pas pour l'instant été bouleversée par
l'émergence du numérique.
- Le commerce des programmes
Le commerce des images s'organise autour de la détention des droits sur
les contenus.
En matière cinématographique, la position des majors
américaines est dominante sur le marché mondial et
européen puisqu'elles détiennent les catalogues
cinématographiques les plus importants et qu'elles sont globalement les
principaux producteurs de films ayant une valeur sur le marché
international.
Volume des catalogues des studios Américains en 1996
Studios |
Longs métrages |
Propriétaire |
Paramount |
896 |
Viacom |
MGM |
1 559 |
K. Kerkorian |
Buena Vista |
330 |
Disney |
Warner Bros |
990 |
Time Warner |
Columbia / TriStar |
2 331 |
Sony |
Universal |
3 072 |
Seagram |
20th Century Fox |
2 065 |
New Corp |
New Line |
3 458 |
Turner Broadcasting |
Sources : PKA/Conseil supérieur de l'audiovisuel
Les différents bouquets se sont trouvés en concurrence pour la
négociation des droits de diffusion des films des majors.
Le groupe Canal + a signé des accords avec les studios Disney,
MCA/Universal, Columbia/TriStar, Fox et Warner afin d'accéder aux
catalogues de ces studios. Il convient également de souligner que
Canal + a racheté UGC DA un des plus importants détenteurs
de droits français.
Pour sa part, TPS a acquis les droits de diffusion pour la
télévision à péage et en paiement à la
séance de la production passée, récente et à venir
des films des majors MGM et Paramount. Il a par ailleurs négocié
la deuxième fenêtre de diffusion à péage de la
production récente et à venir de Colombia/TriStar, MCA/Universal
et des sociétés de production filiales de Disney (Touchtone,
Miramax...).
Ainsi, les deux principaux opérateurs de bouquets satellitaires ont
chacun conclu des accords avec les plus importants détenteurs de droits
cinématographiques.
·
L'offre de chaînes thématiques
Actuellement, l'ensemble des chaînes thématiques françaises
sont diffusées par satellite. Elles correspondent à des
thématiques diversifiées et sont contrôlées par
plusieurs opérateurs.
Le nombre de participations détenues par les principaux acteurs du
marché de l'édition de programmes est assez homogène.
Toutefois, sur le marché des programmes thématiques, le groupe
Canal + est un acteur important puisqu'il détient des
participations non pas forcément dans le plus grand nombre de
chaînes thématiques, mais dans celles qui sont les plus anciennes
et qui bénéficient de la meilleure pénétration sur
le câble et du plus grand nombre d'abonnés à son bouquet
satellitaire numérique.
Les tableaux suivants répertorient les participations des entreprises,
par ailleurs actionnaires des bouquets, dans les chaînes
thématiques. Cette information est primordiale dans la mesure où
la reprise de ces chaînes thématiques par un ensemblier
dépend des liens capitalistiques ou économiques existant entre
ces chaînes et les actionnaires des bouquets.
Participations de Canal +
C: |
100 % |
Spectacle |
100 % |
Kiosque |
100 % |
Seasons |
33,33 % |
Canal Jimmy |
29,33 % |
Planète |
24 % |
MDO 17( * ) |
23,75 % |
Ciné-Cinémas |
21 % |
Ciné-Cinémas' |
21 % |
Ciné-Cinémas'' |
21 % |
Ciné-Cinéfil |
21 % |
MCM |
19,13 % |
Muzzik |
19,13 % |
Canal J |
18,85 % |
Paris Première |
15 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
En outre, Canal
+
assure la régie publicitaire de la plupart
des chaînes thématiques à savoir, Canal J, Planète,
Canal Jimmy, La Chaîne Météo, MCM, Eurosport France, TMC,
Ciné-Cinémas, Ciné-Cinéfil.
La Compagnie Générale des Eaux, actionnaire de Canal +,
détient des participations dans différentes chaînes
thématiques par l'intermédiaire de la Générale
d'Images. Sa filiale détient en effet des participations dans MCM, TV
Sport, MDO, Ellipse ainsi que 33,3% de Multithématiques aux
côtés de Canal + et de Tele-Communications International Inc
(TCI), également actionnaires de la société à
hauteur de 33,3%.
Participations de la Compagnie générale des Eaux
MDO |
52,5% |
Seasons |
33,33 % |
MCM |
33,14 % |
Muzzik |
33,14 % |
Canal Jimmy |
29,33 % |
Eurosport France |
25 % |
Planète |
23,99 % |
Ciné-Cinémas |
20,99 % |
Ciné-Cinémas' |
20,99 % |
Ciné-Cinémas'' |
20,99 % |
Ciné-Cinéfil |
20,99 % |
Canal J |
3,5 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Les participations des différents actionnaires de TPS dans des
chaînes thématiques vont maintenant être
présentées.
Le groupe Lyonnaise des Eaux, au travers de sa filiale Lyonnaise Câble,
détient des participations dans les chaînes thématiques
suivantes.
Participations du groupe Lyonnaise des Eaux
Paris Première |
50,5 % |
TV Guide |
34,35 % |
Canal J |
32,68 % |
Cinéstar1 |
30 % |
Cinéstar2 |
30 % |
Cinétoile |
30 % |
Télétoon |
30 % |
Multivision |
26 % |
Ciné-Cinémas |
18 % |
Ciné-Cinémas' |
18 % |
Ciné-Cinémas'' |
18 % |
Ciné-Cinéfil |
18 % |
Planète |
13 % |
Canal Jimmy |
13 % |
MCM |
11,8 % |
Muzzik |
11,8 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de M6
Serie Club |
100% |
Téva |
51% |
Cinéstar 1 |
20% |
Cinéstar 2 |
20% |
Cinétoile |
20% |
Télétoon |
20% |
Paris Première |
10% |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de la CLT
RTL 9 |
100% |
Cinéstar 1 |
20% |
Cinéstar 2 |
20% |
Cinétoile |
20% |
Télétoon |
20% |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de France Télévision
France Supervision |
100 % |
Festival |
56 % |
Euronews |
18,68 % |
Cinéstar 1 |
8,3 % |
Cinéstar 2 |
8,3 % |
Cinétoile |
8,3 % |
Télétoon |
8,3 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de TF1
LCI |
100 % |
Odyssée |
100 % |
Eurosport International |
34 % |
Eurosport France |
31 % |
Cinéstar 1 |
25 % |
Cinéstar 2 |
25 % |
Cinétoile |
25 % |
Télétoon |
25 % |
Multivision |
24,5 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Participations de France Télécom
La Chaîne Météo |
47,46 % |
Multivision |
25 % |
TV Guide |
16,8% % |
Cinéstar 1 |
16,7 % |
Cinéstar 2 |
16,7 % |
Cinétoile |
16,7 % |
Télétoon |
16,7 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Il convient enfin de rappeler que le groupe AB détient 100 % des
18 chaînes actuellement diffusées sur son bouquet
satellitaire.
Participations du groupe AB Production
AB1 |
100 % |
AB Cartoons |
100 % |
Encyclopedia |
100 % |
Melody |
100 % |
Musique classique |
100 % |
Vive la vie |
100 % |
Action |
100 % |
Ciné Palace |
100 % |
Polar |
100 % |
Rire |
100 % |
Romance |
100 % |
AB Sports |
100 % |
Animaux |
100 % |
Automobile |
100 % |
Chasse et pêche |
100 % |
Escales |
100 % |
XXL |
100 % |
France Courses |
100 % |
Source : Conseil supérieur de l'audiovisuel
Il importe d'indiquer que les liens entre les différents groupes de
communication et les chaînes thématiques peuvent être
appréciés, d'une part, au regard de la composition des organes
dirigeants de chaque chaîne et, d'autre part, des contrats de fourniture
de programmes qu'elles peuvent avoir avec des sociétés externes.
La notion parfois complexe de liens économiques peut également
servir d'indicateur afin de déterminer la nature des relations entre une
chaîne thématique, une chaîne hertzienne, un
opérateur de satellite, un câblo-opérateur ou un groupe de
communication.
2. L'intégration verticale
Une entreprise verticalement intégrée
contrôle plusieurs stades d'une filière de production.
Les avantages en termes de coûts que confère l'intégration
verticale peuvent constituer une véritable " barrière
à l'entrée ". En effet, tout nouvel entrant potentiel ne
peut envisager de concurrencer une firme verticalement intégrée
que s'il bénéficie d'avantages similaires. Pour ce faire, le
nouvel entrant doit consentir un volume d'investissement important.
Trois acteurs sont présents sur le marché des bouquets
numériques diffusés par satellite. Canalsatellite
bénéficie cependant d'une avance sur ses concurrents compte tenu,
d'une part, de son parc d'abonnés analogiques et, d'autre part, de sa
situation de premier arrivé sur le marché du numérique.
Le positionnement des trois ensembliers sur le marché n'est pas
exactement homogène. Alors que Canalsatellite et TPS se positionnent
clairement en concurrence frontale sur le même marché, AB Sat
adopte une stratégie plus proche de son métier d'origine,
c'est-à-dire plus en amont de la filière en assurant directement
la conception des programmes qui constituent son bouquet. Les fonctions en aval
de la filière sont déléguées à des
partenaires externes. Le développement de la position d'AB Sat sur le
marché de la télévision numérique par satellite
dépendra essentiellement de la nature des partenaires qui seront
associés au développement de ce bouquet.
Toutefois, il convient de souligner que seul le groupe Canal + est
présent aux deux extrémités de la filière : il est
présent sur le marché de la détention des droits, dans
l'édition de programmes thématiques, dans l'assemblage et la
commercialisation de bouquets, de plus il est propriétaire d'un
système de contrôle d'accès. Ce positionnement illustre la
cohérence des choix de développement stratégique du groupe
Canal +.
Aujourd'hui Canal + est le seul acteur à bénéficier,
en propre, de cette position puisqu'il fut le pionnier de la
télévision à péage.
Depuis la fin de l'année 1995, TPS et AB Sat sont présents dans
l'édition de programmes, dans l'assemblage et la commercialisation de
bouquet. En outre, France Télécom, partenaire de TPS, est un
opérateur de satellite (et deuxième signataire d'Eutelsat) ; il
est également propriétaire du système de contrôle
d'accès utilisé par TPS et AB Sat. Compte tenu du positionnement
respectif des différents acteurs réunis au sein de TPS, ce
dernier est présent sur toute la filière.
L'intégration verticale dans l'audiovisuel peut prendre diverses formes,
de l'intégration pure et simple au sein d'une même
société des activités de production, de diffusion et de
commercialisation, à la prise de participation capitalistique dans des
sociétés externes, à la conclusion d'accords entre
sociétés. Or, la connaissance des termes précis d'accords
pouvant exister entre des sociétés du milieu audiovisuel
nécessite des moyens juridiques d'investigation dont le Conseil
supérieur de l'audiovisuel est en fait dépourvu et qui
relèvent de la compétence du Conseil de la concurrence
18(
*
)
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