B. UN " RATTRAPAGE " QUASI IMPOSSIBLE
La forte baisse du budget initial accroîtra les reports
de charges. Ceux-ci ne sont qu'une partie des encours financiers
générés par le financement des programmes en cours
d'exécution
4(
*
)
.
Ces restes à financer peuvent être mesurés par la
différence entre d'une part, les autorisations de programme
déjà ouvertes ou à ouvrir pour engager de nouvelles
dépenses inéluctables et d'autre part, les paiements à
effectuer
1
.
A la fin de l'année, sur les programmes en cours, ils se montent
à
500 milliards de francs.
Cinq programmes, arrivés
en phase de production représentent les trois quarts de cette somme :
l'avion RAFALE (224 milliards de francs, l'hélicoptère TIGRE (53
milliards), le missile M 51 (35 milliards), le SNLE/NG et le char LECLERC (34
milliards).
Si l'on estime à 40 % des dotations du titre V la part
réservée aux programmes, compte tenu du financement d'autres
opérations (entretien, infrastructure, munitions, études etc.) le
reste à financer correspond à
plus de 15 années de
crédits d'équipement
pour autant que ceux-ci restent à
leur niveau actuel...
Cette énorme " bulle financière " que les reports et
les étalements de programme ont révélée et aussi
gonflée année après année ne peut, à
l'évidence, continuer à croître.
La programmation actuelle en stabilisant les ressources financières,
stabilisait du même coup cet énorme encours financier.
Le budget en projet aggrave la situation née d'une réduction du
budget de Défense elle-même imposée sans ligne directrice.
Notre pays, comme les autres pays a, en effet, connu une réduction des
crédits de la Défense. Mais à la différence des
pays voisins,
cette réduction n'a pas été
intégrée dans une perspective d'ensemble
; elle est
réalisée par des ajustements circonstanciels dont la
dernière manifestation en date, sans doute la plus grave de
conséquences, est le projet de budget pour 1998.
Qu'attendre de la " revue de programmes ", actuellement en
cours,
sinon l'abandon pur et simple de l'actuelle programmation ?
Cet abandon, la mise en garde récente du chef d'état-major de
l'armée de Terre nous le rappelle, signifie également l'abandon
du modèle d'armée qui la fonde. Et au-delà même de
la programmation ce sont les perspectives tracées par le Livre blanc
jusqu'aux années 2010, aussi bien en termes de stratégie que de
capacités qui se trouvent remises en cause.
Le budget en projet pour 1998 ne peut que rendre la programmation
incohérente et précipiter sa fin.