CHAPITRE IV
L'ENTRETIEN DU RESEAU ROUTIER
Depuis l'exercice 1994, l'évolution des crédits
affectés à l'entretien du réseau routier national se
caractérise par une meilleure prise en considération des besoins.
Cette tendance est confirmée et amplifiée en 1998. Toutefois,
l'accroissement du trafic et de la taille du réseau accroissent
également les besoins.
Crédits d'entretien du réseau routier |
|||
(en millions de francs) |
|||
LFI 1997 |
PLF 1998 |
Evolution en % |
|
Réhabilitations et
renforcements
|
248,0
|
258,3
|
+4,2
|
Renforcement des ouvrages d'art
|
253,0
|
257,0
|
+1,6
|
Aménagements de
sécurité
|
167,2
|
183,7
|
+9,9
|
Entretien, viabilité
hivernale et moyens des parcs
|
2510,1
|
2531,3
|
+0,8
|
Total des moyens de paiement
|
3178,3 |
3313,3 |
+4,2 |
Total des moyens
d'engagement
|
3191,9 |
3324,6 |
+4,2 |
A. L'ÉTAT DU RÉSEAU
L'état du réseau est très différent selon qu'il s'agit des autoroutes concédées ou des autoroutes non concédées.
1. Le réseau concédé
Le réseau autoroutier concédé
représente 6.493 km au 01/01/97, se répartissant en 5.060 km
à 2x2 voies et 1.433 km à 2x3 voies et 2x4 voies.
Ce réseau se situe dans un très bon état d'entretien, eu
égard au niveau de service pratiqué et aux moyens
consacrés annuellement aux grosses réparations (1,5 milliards de
francs par an), dont l'objet est la conservation et le maintien du patrimoine
en bon état.
Près de 3 milliards de francs sont par ailleurs consacrés
annuellement à l'aménagement du réseau existant en terme
d'accroissement de capacité ou d'amélioration du niveau de
service. Ces aménagements résultent pour la plupart
d'études synoptiques dont le but est de cerner à un horizon de
cinq ans les besoins à satisfaire, sur une section d'autoroute de
longueur significative, dans un domaine particulier : élargissements,
création de nouveaux échangeurs, extension des aires annexes, des
barrières de péage, rattrapages environnementaux...
Ensemble des sociétés (en MF courants) |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Moyenne |
Grosses réparations |
1.259 |
1.376 |
1.563 |
1.723 |
1.735 |
1.531 |
ratio au km |
0,259 |
0,275 |
0,291 |
0,313 |
0,303 |
0,288 |
Investissements complémentaires |
2.779 |
2.670 |
2.443 |
2.609 |
2.867 |
2.674 |
ratio au km |
0,571 |
0,534 |
0,455 |
0,474 |
0,501 |
0,507 |
Les fonds investis dans les grosses réparations sont
consacrés à 52 % aux chaussées et à 16 % aux
ouvrages d'art. Le coût d'entretien des barres de péages n'entre
que pour 3 % dans ce total.
Les investissements complémentaires concernent les élargissements
à 29 %, les systèmes d'exploitation à 14 % et les barres
de péage à 11 %.
2. Le réseau non concédé
Le réseau non concédé n'est pas en aussi
bon état.
Ce réseau fait l'objet d'un suivi par des opérations IQRN (Image
Qualité du Réseau national) pour les chaussées et IQOA
(Images Qualité des Ouvrages d'Art) lancées avec le concours du
réseau technique (SETRA et LCPC).
En ce qui concerne les chaussées, les campagnes de mesures
menées depuis 1992 ont permis de montrer que si la majeure partie du
réseau est dans un état satisfaisant,
13 % des voies
nécessitent des interventions lourdes
, du fait soit qu'elles n'ont
pu bénéficier d'un niveau d'entretien préventif suffisant,
soit qu'elles n'ont pas encore été renforcées, soit
qu'elles supportent désormais un trafic lourd dépassant largement
les prévisions.
Les grands travaux à entreprendre concernent prioritairement la
réhabilitation du réseau autoroutier non concédé
principalement en zone urbaine, où certaines chaussées en
béton atteignent la limite de leur durée de vie comme par exemple
des autoroutes A6 ou A1 en Ile de France, et du réseau qui n'a pas
encore été renforcé et dont la structure est insuffisante
au regard du trafic supporté. Pour ce dernier, le rythme actuel de
renforcement ne permet pas d'envisager son achèvement à court
terme.
Dans le domaine des ouvrages d'art, les premiers résultats de
l'opération IQOA montrent que la structure de 76 % d'entre eux est en
bon état apparent, étant toutefois précisé que :
- 10 % devront faire l'objet d'un simple entretien courant,
- 66 % nécessiteront un entretien spécialisé des
équipements dont 37 % d'une manière urgente soit au titre de
la sécurité de l'usager, soit pour prévenir un
développement rapide de désordres de la structure.
Mais surtout, ces résultats montrent que la structure de 21 % d'entre
eux est atteinte dont 6 % de manière grave et nécessite des
travaux de réparation urgents liés à l'insuffisance de
capacité portante de l'ouvrage.
Il est donc urgent de mettre en place un programme spécifique visant la
remise en état de cette catégorie d'ouvrages.
L'estimation globale des moyens financiers à consacrer à ce
programme spécifique prenant en compte les chaussées et les
ouvrages d'art est de 14 milliards de francs, pour un patrimoine dont la valeur
à neuf est estimée à plus de 700 milliards de francs.
En 1998, les moyens demandés à ces deux titres sont donc
respectivement en évolution de 37,2 % pour le programme de
réhabilitation des chaussées et de 6,1 % pour le renforcement des
ouvrages d'art par rapport à ceux de 1997, compte tenu de l'importance
des programmes à réaliser.
Etat des ouvrages d'art (% des surfaces)
nécessitant :
un entretien courant 10 %
un entretien spécialisé 29 %
un entretien spécialisé urgent 28 %
un entretien spécialisé urgent pour garantir la
sécurité 9 %
une reprise de la structure 15 %
des travaux de réparation urgents de la structure 6 %
Par ailleurs, l'augmentation de la taille du réseau entraîne
des besoins croissants.
En effet, les conséquences des réalisations du SDRN sont, outre
l'accroissement des linéaires à entretenir et surtout des
surfaces, (+ 15 % depuis 1998) une progression sensible, en réponse
à la demande de nos concitoyens, de la densité et de la
complexité des équipements génératrices de
coûts supplémentaires d'entretien : développement des
tunnels, des aires de repos, de l'éclairage, assainissement des
chaussées pour protéger les nappes phréatiques, des
équipements antibruit, de la signalisation...
Pour les programmes A75, A20 et RN7 il n'y a pas de dotation spécifique
s'y rattachant. En effet, la politique de l'entretien routier mise en oeuvre en
1992 est basée sur une hiérarchisation du réseau routier
national en cinq catégories, et chaque département reçoit
annuellement une dotation globalisée qui est directement calculée
sur le patrimoine de ce département en fonction du linéaire et
des surfaces dans chacune des catégories de voies.
Néanmoins,
l'incidence de la réalisation complète de ces programmes peut
globalement être évaluée à une augmentation variant
de 20 à 30 % des coûts d'entretien actuellement consacrés
pour ces différents réseaux.
En l'absence de péage sur ces sections gérées par l'Etat,
le trafic sera plus lourd que sur le réseau concédé : les
coûts d'entretien seront donc plus élevés tout en
étant dépourvus de source de financement, l'Etat ayant de
beaucoup plus grandes difficultés que les sociétés
concessionnaires à assumer sa mission d'entretien.
La
débudgétisation partielle des travaux d'entretien provient de
cette difficulté
: de même que l'Etat finance la construction
des autoroutes gratuites par une taxe sur les concessionnaires des autoroutes
payantes ; il devra financer par la même taxe l'entretien de ces
mêmes autoroutes.
Votre rapporteur relève ainsi une autre difficulté
générée par la coexistence d'autoroutes payantes et
d'autoroutes gratuites.