B. LES PRÉOCCUPATIONS DE LA POPULATION FRANÇAISE : LES IMPLICATIONS DE LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE AU REGARD DE LA SANTÉ PUBLIQUE
1. La dimension sanitaire du phénomène de la pollution atmosphérique
La dimension sanitaire de la pollution atmosphérique ne peut être contestée car cette dernière a un retentissement sur la santé des personnes.
Les travaux du professeur William Dab, épidémiologiste et professeur à l'École nationale de santé publique sont éclairants à cet égard.
? L'air constitue le premier des éléments nécessaires à la vie et celui que nous consommons le plus : 14 kg d'air en moyenne transitent chaque jour par nos poumons, alors que nous n'absorbons dans le même temps qu'environ 1,5 kg de nourriture et 2 kg d'eau. L'atmosphère joue, en outre, un rôle majeur pour le maintien des conditions de vie en filtrant notamment le rayonnement solaire ultraviolet et en piégeant une part de la chaleur rayonnée par les sols.
? L'importance épidémiologique est liée au caractère universel de la pollution atmosphérique. En soi la pollution de l'air ne constitue pas un problème majeur de santé publique et d'autres maladies sont beaucoup plus importantes, mais tout être humain est obligé de respirer et 100 % de la population est exposée à la pollution atmosphérique sans qu'il soit possible, en urgence « d'interrompre la distribution d'air » alors qu'on peut le faire en cas d'eau contaminée. De plus, compte tenu des études menées sur le sujet, il n'existe pas de seuil au-dessous duquel la population serait protégée. Le risque diminue mais il ne sera jamais nul, et il n'est pas identique pour tous : certaines catégories de personnes sont plus réceptives que d'autres (enfants, personnes âgées...).
? Il ne faut pas négliger l'importance du
critère d'exposition à la pollution atmosphérique.
Derrière les concentrations annuelles de polluants se cache une grande
disparité individuelle d'exposition, une grande
hétérogénéité spatiale et une grande
hétérogénéité temporelle, et il y a une
variable clé en médecine qui n'est pas prise en compte dans les
dispositifs de surveillance actuellement : c'est la durée de
l'exposition.
Les deux paramètres clé d'une exposition
environnementale
chez
l'homme sont la teneur en polluants dans
l'atmosphère et la durée pendant laquelle l'individu est
exposé à ces polluants.
Ce paramètre lié
à la durée de l'exposition n'a pas été pris en
compte, par exemple lors de la grève des transports publics en
décembre 1995 : les chiffres publiés sur les
émissions de polluants n'étaient pas particulièrement
alarmants, mais la population
- du fait de la durée des
transports et des efforts physiques accomplis - y a été
exposée dans des conditions très inhabituelles.