B. QUELLE RATIONALISATION DE L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE ?
L'action audiovisuelle extérieure est victime de son succès. Trop d'opérateurs interviennent, se chevauchant souvent, se concurrençant parfois.
Aux sociétés spécialement créées à cet effet dans les années 80 (TV5, CFI), ou auparavant (RFI, SOFIRAD), s'est ajoutée l'action « personnelle » des sociétés nationales de programme (France 2, Radio-France).
1. Quel responsable ministériel ?
On peut se demander s'il n'y pas trop de ministres qui s'intéressent à l'action audiovisuelle extérieure !
L'intervention du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Coopération, du ministère de la Francophonie, en sus de celle du ministère de la Culture, voire du Premier Ministre, a rendu nécessaire l'amélioration de la coordination ministérielle. Elle s'est heureusement traduite par la création du Conseil audiovisuel extérieur de la France.
Il faut, du reste, relever que le ministère des Affaires étrangères a été à l'origine de la promotion d'ARTE comme principal opérateur public sur le satellite, alors qu'aucun Conseil audiovisuel extérieur de la France ne s'est tenu au premier semestre 1995.
2. Quel opérateur principal ?
Des tentatives de rationalisation ont été entreprises. Mais force est de reconnaître que la multiplication tous azimuts des efforts a quelque peu brouillé cette action salutaire dans son principe et que tout cela apparaît bien désordonné.
L'annonce du rôle confié à ARTE et les ambitions affichées de La Cinquième risquent de remettre en cause cet essai d'organisation. Il n'est du reste pas étonnant qu'à la cacophonie interne corresponde une cacophonie externe.
En fait, le pôle TV5-CFI devrait constituer l'axe central de l'action audiovisuelle extérieure hors d'Europe.
La révolution numérique va en effet permettre aux chaînes hertziennes d'accéder au satellite et d'être plus facilement diffusées directement dans toute l'Europe, rendant de ce fait moins utile l'action de TV5 dans cette zone.
a). Quel avenir pour TV5 et CFI ?
A l'ancienne spécialisation géographique (CFI Afrique et Asie, TV5 Europe et Amérique Latine), devrait se substituer une spécialisation fonctionnelle.
CFI qui demeurera une banque d'images devrait également devenir une véritable chaîne, au centre du dispositif télévisuel extérieur, diffusant des programmes destinés aux publics les plus larges. Elle doit devenir la chaîne de l'image de la France, y compris dans d'autres langues que la nôtre, TV5 restant le véhicule privilégié de la francophonie destiné aux réseaux câblés du monde entier et à la réception satellitaire directe. Quand à RFI, elle doit poursuivre son effort d'équipement en émetteurs ondes courtes, notamment en Asie. Mais son avenir consistera surtout à favoriser les reprises en modulation de fréquence ou en ondes moyennes de ses émissions diffusées sur un réseau de satellites couvrant le monde entier.
Le rapprochement entre TV5 et CFI s'est traduit, le 5 juillet 1995, par l'annonce de la reprise, par CFI de la part détenue par la SOFIRAD dans le capital de TV5, soit 22 % des actions. France Télévision a cependant bloqué ce rapprochement, en faisant valoir que, s'il avait lieu, elle exercerait son droit de veto.
Le rapprochement entre les deux chaînes doit, par ailleurs, s'accompagner d'une concertation permanente des responsables d'antenne, afin de renforcer la complémentarité des grilles de programmes et d'éviter la diffusion d'émissions semblables au même moment.
Symbole de cette synergie, les chaînes s'installeront dans le même immeuble en 1996 et mettront en commun leurs moyens techniques.
b). Quel rôle pour la SOFIRAD ?
La SOFIRAD dispose d'une réelle expérience dans le domaine de l'action audiovisuelle internationale.
Ce holding est propriétaire de RMC et était actionnaire à 100% de CFI. Sur ce dernier point, on a vu que la reprise par CFI de 22% des actions que sa maison-mère, la SOFIRAD, détenait dans TV5, a été décidée pour renforcer les synergies entre les deux chaînes.
En outre, le Conseil audiovisuel extérieur de la France du 22 avril 1994 avait attribué à la SOFIRAD la responsabilité de constituer un « bouquet de programmes de radio et de télévision francophones dans toutes les zones grâce à la compression numérique sur les systèmes les plus performants » et avait chargé la société de « favoriser la mise en place de ces bouquets associant aux chaînes publiques des chaînes thématiques privées. En Europe et en Afrique nord, TV5, Radio France et EURONEWS devraient être rejoints sur EUTELSAT par ARTE et des chaînes thématiques privées, MCM Euromusique notamment, avec lesquelles des discussions seront entamées au plus vite pour permettre cette évolution ».
On peut, en conséquence, s'interroger sur le rôle futur de la SOFIRAD dans le cadre de l'action audiovisuelle extérieure. Ce rôle semblerait se cantonner à la participation à des alliances financières internationales.
Mais pour remplir ce rôle, il est vital que la SOFIRAD dispose des moyens financiers adéquats et bénéficie, à cet effet, des recettes de la privatisation de RMC, qui pourraient ainsi redonner à la société un second souffle dont elle a bien besoin.