C. L'ENDETTEMENT PUBLIC DIMINUE FAIBLEMENT MAIS LA CHARGE DE LA DETTE RESTE TRÈS CONSÉQUENTE

1. L'endettement public ne diminue que grâce à une croissance gonflée par l'inflation

Fin 2023, le niveau d'endettement public s'élevait à 109,9 % du PIB, soit une diminution de plus d'un point par rapport à 2022, où la dette atteignait 111,2 % du PIB.

Évolution du ratio dette sur PIB entre 2017 et 2023

Note : le ratio d'endettement retenu est celui observé en fin d'année

0

100

105

110

115

5

95

98,1

98,7

98,5

114,8

112,7

111,2

109,9

Source : commission des finances du Sénat d'après les données de l'Insee

Comme on a pu le voir, ce niveau d'endettement n'a pas diminué en raison d'une diminution du déficit public, lequel a, au contraire, augmenté, mais uniquement en raison de la forte augmentation du PIB nominal. En effet, le ratio dette sur PIB met en rapport des euros courants avec des euros courants. Or, malgré la croissance modeste du PIB en volume, celui-ci a fortement augmenté en valeur, à hauteur de 6,3 %.

En réalité, seul le fait que la croissance nominale soit supérieure à la croissance du stock de dette permet de faire diminuer le ratio dette sur PIB. Il s'agit de l'effet « boule de neige ». Sans lui, ce ratio augmenterait. Si le ratio diminue de 1,3 point de PIB, c'est donc la résultante d'effets contraires : un solde primaire déficitaire qui contribue à alimenter ce ratio, et un effet « boule de neige », dû au fait que la croissance du PIB est plus forte que le taux apparent de la dette, qui l'emporte sur le solde primaire.

Contributions à l'évolution du ratio dette sur PIB entre 2022 et 2023

Source : commission des finances du Sénat à partir de la note du Conseil d'analyse économique « Quelle trajectoire pour les finances publiques françaises », n° 82, juillet 2024

La dette publique se répartit ainsi : celle de l'administration publique centrale représente 91,7 % du PIB, la dette des administrations publiques locales 8,9 % du PIB, tandis que celle des administrations de sécurité sociale représente 9,3 % du PIB. La part des administrations centrales dans la dette publique est donc prépondérante puisqu'elles représentent plus de 80 % de celle-ci.

Parts respectives des diverses catégories d'administration
dans la dette publique totale en 2023

Source : commission des finances du Sénat, d'après les données de l'Insee

Si l'on analyse l'évolution de la dette publique administration par administration entre 2022 et 2023, on constate que les administrations centrales sont celles qui ont le moins participé à l'effort de désendettement, celui de l'État ayant même légèrement augmenté en proportion du PIB.

Décomposition de l'évolution de l'endettement public
par catégorie d'administration

(en points de PIB)

Source : commission des finances du Sénat à partir des comptes nationaux de l'Insee pour 2023

La responsabilité de l'endettement incombe donc essentiellement à l'État, de même que l'effort à fournir pour mener la dette publique sur une trajectoire soutenable.

2. La charge de la dette, si elle diminue en 2023 par rapport à 2022 du fait d'un repli de l'inflation, demeure trop importante et est amenée à augmenter

En 2023, la charge de la dette a atteint, en comptabilité nationale, 50,1 milliards d'euros - 48,3 milliards d'euros hors frais bancaires10(*) - soit un repli de 4,9 % par rapport à 2022 où elle atteignait 52,7 milliards d'euros. Ce repli est imputable aux administrations centrales, dont la charge d'intérêts a chuté de 11 % entre 2022 et 2023, pour atteindre 41 milliards d'euros, tandis que les intérêts versés par les administrations publiques locales et de sécurité sociale ont crû respectivement de 28,6 % et de 45,6 % pour atteindre respectivement 5,1 milliards d'euros et 4,2 milliards d'euros11(*).

Le repli de la charge de la dette de l'État est dû à la baisse de la charge d'indexation des titres indexés sur l'inflation, résultant du ralentissement des prix en glissement annuel fin 2023.

Il ne faut toutefois pas s'y tromper : cette amélioration n'est que passagère. Selon les dernières données du programme de stabilité 2024-2027 estimant l'évolution de la charge de la dette de l'État (excluant donc les autres administrations), celle-ci augmenterait sans discontinuer au moins jusqu'à 2027, passant de 46,3 milliards d'euros en 2024 à 72,3 milliards d'euros en 2027. Le FMI estime par ailleurs12(*) que la charge d'intérêt toutes administrations publiques confondues devrait augmenter de plus d'un point de PIB entre 2023 et 2029 pour atteindre un niveau de plus de 3 points de PIB.


* 10 Ce qui représente 1,7 % du PIB.

* 11 Données du compte des administrations publiques de 2023 de l'Insee.

* 12 FMI, World Economic Outlook, avril 2024.

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