C. APRÈS LE « TROU D'AIR » DU PRINTEMPS 2020, LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION RISQUE DE FAIRE FACE À UN NOUVEAU CREUX D'ACTIVITÉ EN 2021
Les organismes auditionnés par le rapporteur spécial lui ont indiqué que le secteur, après l'arrêt dû au premier confinement, est reparti rapidement au cours de l'été .
Les octrois de permis de construire , en revanche, ont repris plus lentement , au point qu'une situation exceptionnelle est en effet apparue : le nombre de logements autorisés est actuellement inférieur au nombre de logements commencés. Cette situation inquiète les professionnels pour la poursuite de leur activité en 2021.
Nombre de logements autorisés et commencés, cumulés sur trois mois
(en nombre de logements)
Données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO). Lecture : alors que le nombre de logements autorisés sur trois mois glissants était supérieur de 19 200 au nombre de logements commencés au mois de mars 2020, il était inférieur de 18 800 au mois d'août.
Source : commission des finances du Sénat, à partir des données SDES, Sit@del2, estimations à fin septembre 2019
La ministre a reconnu les difficultés de la construction neuve en 2020, constatant que le secteur connaîtrait probablement 50 000 autorisations de moins et 35 000 mises en chantier de moins que prévu 31 ( * ) .
Par ailleurs, les contraintes sanitaires sont à l'origine de surcoûts , estimés à 5 à 15 % au début et sans doute moins aujourd'hui. Ils pèsent toutefois sur les marges réduites du secteur.
Selon les organisations professionnelles entendues par le rapporteur spécial, l'emploi permanent a dans l'ensemble été préservé , grâce notamment aux mesures de soutien mises en oeuvre au printemps, telles que le financement du chômage partiel et les prêts garantis par l'État, qui pèseront toutefois sur les charges des entreprises lorsqu'il faudra les rembourser. En revanche, de nombreux intérimaires ont vu leur contrat non renouvelé au plus fort de la crise.
Les professionnels mettent également en cause des mesures antérieures à la crise, telles que la restriction des conditions d'accès au prêt à taux zéro (PTZ), et demandent que le dispositif « Pinel » d'incitation à l'investissement locatif intermédiaire soit d'ores et déjà prolongé au-delà de la fin 2021, afin de donner une visibilité aux programmes qui se monteront d'ici-là. Enfin, le resserrement des conditions de crédit, avec l'accent mis sur la limitation des charges de remboursement à 33 % des revenus, pèse sur l'accès des jeunes à la propriété.
* 31 Batiactu, « La construction de logements traverse un trou d'air », 15 octobre 2020.