C. UNE VOLONTÉ DE SE RAPPROCHER DE L'UNION EUROPÉENNE SANS RENONCER À SA RELATION SPÉCIALE AVEC LA RUSSIE
1. Le choix de l'intégration européenne
La Serbie s'est progressivement rapprochée de l'Union européenne. Elle a d'abord signé avec celle-ci un accord de stabilisation et d'association (ASA) en 2008 , dont les clauses commerciales, relevant de la compétence exclusive de l'UE, sont entrées en vigueur en 2010, les autres dispositions étant soumises à la ratification des Etats membres. La France a, pour sa part, ratifié cet accord en décembre 2011. L'ASA est pleinement en vigueur depuis le 1 er septembre 2013.
En matière de circulation, la Serbie bénéficie de la libéralisation des visas depuis le 19 décembre 2009.
Le 22 décembre 2009 , elle a sollicité le statut de candidat à l'Union européenne . Pour remplir les conditions exigées par ce statut, elle a dû engager des réformes internes destinées à améliorer l'état de droit et l'environnement des affaires et progresser dans le dialogue avec le Kosovo, dans le cadre d'un processus piloté par l'Union européenne depuis mars 2011. Elle a également dû coopérer avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), auquel elle a transféré, après les avoir arrêtés, les deux derniers accusés serbes en fuite, Ratko Mladic (mai 2011) et Goran Hadzic (juillet 2011).
Sur le fondement d'un avis favorable de la Commission européenne, la Serbie s'est vu attribuer par le Conseil européen du 1 er mars 2012 le statut de candidat à l'adhésion .
Enfin, à la suite de l'ouverture d'un dialogue avec le Kosovo, concrétisé par l'accord précité du 19 avril 2013, le Conseil européen du 28 juin 2013 a validé le principe de l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Serbie , l'ouverture proprement dite ayant été décidée lors du Conseil européen du 20 décembre 2013.
Le rapprochement de la Serbie à l'Union européenne reste conditionné à la normalisation des relations avec le Kosovo et à la conduite de réformes, notamment en matière d'état de droit et de lutte contre la criminalité organisée.
2. Le maintien de liens particuliers avec la Russie
Ce choix affirmé d'un ancrage européen s'accompagne du souci de ménager la Russie avec laquelle la Serbie entretient une relation spéciale , pour des raisons à la fois historiques et économiques.
Liée à la Russie par un accord de libre-échange, la Serbie est dépendante de celle-ci en matière énergétique , l'essentiel du pétrole et du gaz consommés en Serbie étant d'origine russe. Par ailleurs, le lancement, à l'automne 2013, de la construction du tronçon serbe du gazoduc South Stream va générer un important volume d'emplois.
Sur le plan diplomatique, cette relation spéciale place la Serbie dans une position inconfortable à l'égard de la crise ukrainienne, qui s'est traduite par un soutien timide au principe de l'intégrité territoriale et la non application des sanctions décidées par l'UE.