3. Les conséquences : les risques liés à la Grèce et les difficultés de financement des banques
C'est en conséquence de ce problème fondamental que la crise grecque menace la stabilité de la zone euro, et que les banques européennes connaissent actuellement des difficultés de financement.
Dans la situation actuelle, les difficultés de la Grèce aggravent les craintes de défaut d'autres Etats de la zone euro, alors même qu'aucun dispositif n'est en place pour éviter que la crise s'étende à l'Espagne et à l'Italie, et que celui annoncé le 26 octobre n'a visiblement pas rassuré les investisseurs. Pourtant, les deuxième et troisième plans d'aide à la Grèce, des 21 juillet et 26 octobre 2011, prévoient une perte pour les créanciers, de respectivement 21 % en termes actualisés et 50 % en nominal. Si dans le premier cas cela n'a pas correspondu à un « événement de crédit » au sens des credit-default swaps (CDS) 10 ( * ) , l'agence Standard & Poor's a estimé qu'il s'agissait d'un « défaut partiel » ( selective default ). Ce défaut, insuffisant pour rendre la dette publique grecque soutenable 11 ( * ) , et prématuré, faute de dispositif alors susceptible d'éviter la contagion, a de toute évidence fortement contribué à la chute des indices boursiers mondiaux qui s'est ensuivie.
Ainsi, il est inévitable que la Grèce ne remplisse pas une partie importante de ses engagements vis-à-vis de ses créanciers, l'effort arithmétiquement nécessaire n'étant, de toute évidence, pas possible, d'autant moins qu'à court terme la réduction du déficit a un impact fortement récessif 12 ( * ) .
C'est également la crainte d'un défaut de l'Espagne et de l'Italie qui explique les importantes difficultés de financement actuellement rencontrées par les banques européennes, et en particulier françaises. La banque Dexia n'aurait peut-être pas eu besoin de l'intervention des Etats français, belge et luxembourgeois si un dispositif capable d'éviter le risque de contagion et de ramener la confiance avait été en place. Par ailleurs, la question de la recapitalisation des banques de la zone euro ne serait pas à l'ordre du jour.
* 10 Il s'agit de titres permettant de s'assurer contre le risque de défaut.
* 11 Il ne réduit la dette publique grecque, de l'ordre de 160 points de PIB, que de moins de 10 points de PIB.
* 12 Selon le consensus des conjoncturistes (Consensus Forecasts, octobre 2011), la Grèce devrait connaître une croissance du PIB de - 5,4 % en 2011 et -2 ,9 % en 2012 (après -2,3 % en 2009 et -4,4 % en 2010).