b) Un faible impact attendu sur le PIB : seulement 0,6 point, selon le gouvernement
Le plus surprenant a priori dans le dossier de presse relatif au plan de relance, c'est le faible impact attendu sur la croissance. En effet, « l'impact économique du plan de relance de 26 milliards d'euros est évalué à 0,6 point de PIB » (la référence au montant total du plan, de 26 milliards d'euros, suggère qu'il s'agit là de l'impact total attendu, en 2009, mais aussi, pour partie, en 2010).
Autrement dit, ce plan, de 1,3 point de PIB, n'augmenterait le PIB que de 0,6 point , ce qui correspond à un multiplicateur keynésien de seulement 0,5.
De même, selon le Crédit agricole, pour l'année 2009 l'impact du plan de relance serait de l'ordre de 0,3 à 0,5 point de PIB 14 ( * ) .
Cependant, au niveau de l'UE, les plans de relance des partenaires de la France devraient également avoir un impact positif sur la croissance. Le gouvernement ne présente pas d'estimation à cet égard, mais il est possible que l'impact global du plan français et des autres plans européens sur la croissance française soit de l'ordre d' 1 point de PIB en 2009 15 ( * ) .
L'estimation du gouvernement paraît justifiée, si l'on prend en compte le fait que les mesures fiscales auront probablement un faible impact. En particulier, si l'on estime que le multiplicateur keynésien est de l'ordre de 0,5 dans le cas des allégements fiscaux, cela s'applique à un allégement fiscal maintenu sur la période considérée (par exemple, deux années). Or, dans le cas du plan de relance, les allégements fiscaux concerneront la seule année 2009, et disparaîtront en 2010. Ces allégements sont d'ailleurs surtout « défensifs », et ne devraient pas se traduire par une augmentation de l'investissement.
Il existe d'importants aléas :
- comme on l'a indiqué ci-avant, il n'existe pas de consensus sur le multiplicateur keynésien dans le cas des allégements fiscaux. Si l'on considère habituellement que celui-ci est de l'ordre de 0,5, certains auteurs estiment qu'il est nul, ce qui est d'autant plus vraisemblable que les anticipations des agents sont mauvaises ;
- les entreprises publiques peuvent être tentées, voire contraintes, de financer leurs investissements anticipés en augmentant leurs prix, ou en réduisant d'autres dépenses : le multiplicateur serait alors inférieur à celui normalement observé pour l'investissement public ;
- certains des investissements publics prévus pour 2009 ne pourront peut-être pas être réalisés dans ces délais, et l'accélération de la construction de logements pourrait elle aussi ne se faire sentir qu'après 2009 : dans ce cas l'impact sur le PIB serait moins concentré sur 2009, qui est précisément l'année dont on souhaite augmenter le PIB.
* 14 Crédit agricole, « CA Eco News » n° 120, 8 décembre 2008.
* 15 Si l'on suppose qu'en points de PIB, les plans de relance sont au niveau européen d'un montant analogue à celui du plan français, et que le multiplicateur keynésien est deux fois plus élevé au niveau de l'Union européenne.