C. SITUATION ÉCONOMIQUE
1. Une croissance régulière depuis 2001
Jusqu'à sa séparation de l'Union soviétique en 1989, l' économie de l' Arménie était essentiellement industrielle : produits chimiques, électronique, machinerie, aliments transformés, caoutchouc synthétique et textiles. Elle était dépendante de l'économie très centralisée de l' Union soviétique . L'agriculture ne comptait que pour 20 % des produits et 10 % de la main d'oeuvre.
Aujourd'hui, les principaux secteurs d'activités dans le produit intérieur brut sont les services (40,9 % du PIB), l'industrie (33,2 % du PIB) et l'agriculture (25,9 % du PIB).
L'ouverture vers le libéralisme économique qui s'est fait au cours des années 90 a favorisé un rapprochement avec les États occidentaux qui sont devenus les principaux partenaires commerciaux de l'Arménie. Le pays a connu une forte croissance depuis 2000, mais souffre cependant de données structurellement défavorables (enclavement, faibles ressources naturelles, obsolescence de l'appareil industriel), auxquelles s'ajoutent le fort endettement de l'Etat (dont les dépenses ne représentaient cependant plus, en 2004, qu'un tiers du PIB), la faiblesse de la collecte fiscale et la corruption.
Le programme des privatisations, parfois engagé dans des conditions contestées, est formellement achevé, et une importante dérégulation de l'économie a été entreprise, ce qui place l'Arménie au premier rang de la Communauté des états indépendants (CEI) pour les conditions offertes à l'activité économique 1 ( * ) . Ces évolutions entraînent néanmoins des hausses de tarifs de certains services (eau, électricité, téléphone) qui affectent les plus démunis.
Avec un produit intérieur brut (PIB) de 3,6 milliards de dollars en 2004 et un PIB de 1.200 par habitant, l'Arménie a enregistré une croissance de son PIB de 10 % ou plus par an depuis 2001, tandis que les pressions inflationnistes ont été contenues par l'appréciation du dram, la monnaie locale, et grâce à des politiques budgétaire et monétaire prudentes 2 ( * ) . La poursuite de la croissance du PIB devrait aider à réduire la pauvreté et le taux de chômage (9,4 % en 2004), qui tous deux demeurent élevés dans le pays.
Le ratio de la dette arménienne, qui représente 23 % de son PIB, est raisonnable par rapport à celui de pays comparables. Cependant les facteurs géopolitiques continuent à peser, avec notamment le conflit gelé sur l'enclave du Nagorny-Karabagh.
Au premier semestre 2006, le volume de la consommation sur le marché arménien a enregistré un volume d'achats de plus de 635 milliards de drams (1,432 milliard de dollars), représentant une augmentation de 17,3 % par rapport aux six premiers mois de 2005 3 ( * ) . Le commerce a représenté 67,8 % (431 milliards de drams) du marché de la consommation au 1 er semestre, en augmentation de 16,2 %. Les services ont, quant à eux, connu une très forte hausse de 30,6 %.
Au cours de ce même semestre, l'activité des petites et moyennes entreprises (PME) a représenté 39,6 % du produit intérieur brut de l'Arménie, contre 39,2 % au premier semestre 2005. Sur les six premiers mois de l'année 2005 ce taux était de 39,2 %. Entre janvier et juin 2006, l'Arménie a enregistré la création de 5.600 PME nouvelles avec plus de 11.000 emplois. Dans le même temps, 1.600 PME disparaissaient. Le nombre d'entreprises, toutes catégories, recensées en Arménie s'élève à 125.000.
2. Une aide importante de la diaspora
La moitié de la population aurait quitté l'Arménie ces dix dernières années, fuyant la pauvreté. Si elle a reculé, elle touchait encore 38 % de la population en 2004 (contre plus de la moitié en 2001). L'augmentation des transferts de la diaspora a permis une consolidation des réserves en devises.
L'Arménie est toujours dépendante de l'aide financière de sa diaspora. Selon la Banque centrale arménienne, ces fonds représenteraient plus de 15 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Ces dernières années, le volume des transferts financiers en Arménie a augmenté de façon significative. Entre 2003 et 2005, cet indicateur a, en moyenne, bondi de 37 %, jusqu'à représenter 15 % du PIB. De janvier à juin 2006, le volume des transferts financiers en Arménie a encore augmenté de 34 % par rapport à la même période de l'année précédente.
L'an passé, les transferts de fonds privés ont atteint 940 millions de dollars. La majorité (72 %) était expédiée par des proches vivant en Russie, 14 % des Etats-Unis, devant l'Allemagne, la Grèce et l'Ukraine (5 % pour chacun de ces trois pays). Les habitants d'Arménie sont nombreux à ne vivre que grâce aux transferts d'argent de leurs proches. Même si elle reste difficile à évaluer, d'autant qu'elle se distribue par d'autres canaux et sous d'autres formes, la part de l'argent provenant de l'ancienne diaspora arménienne, établie depuis près d'un siècle dans différents pays du Moyen-Orient et d'Occident, paraît peu conséquente par rapport aux fonds injectés par l'émigration arménienne constituée bien plus récemment, au lendemain de l'accession à l'indépendance de l'ancienne république soviétique.
La diaspora arménienne compte environ cinq millions de personnes, dont 1,5 million dans les anciens États de l'URSS, un million aux États-Unis et environ 400.000 en France, 250.000 au Liban, 150.000 en Iran, 110.000 en Syrie, et dans beaucoup d'autres pays (Chypre, Égypte, Turquie, Irak, Jordanie, Israël, Canada, Bulgarie, Honduras, etc.).
* 1 Rapport de la Banque Mondiale (Doing Business in 2006)
* 2 Communiqué de Moodys du 25 juillet 2006.
* 3 Chiffres officiels communiqués par le Centre national des statistiques d'Arménie.