B. LE BILAN REALISE A MI-PARCOURS EST DECEVANT
Le Conseil européen de mars 2004 a chargé M. Wim Kok, ancien Premier ministre des Pays-Bas, de constituer un groupe de haut niveau afin de dresser le bilan à mi-parcours de la stratégie de Lisbonne et de formuler des propositions au Conseil. Ce rapport rendu en novembre 2004 7 ( * ) et adopté par le Conseil européen de mars 2005 fait état d'un « bilan très mitigé ». Il rappelle que les résultats ont été insuffisants pour chacun des trois volets de la stratégie.
a) Pour le volet économique
- En matière de recherche et développement , seuls deux pays consacrent actuellement plus de 3 % de leur PIB aux activités de recherche et développement (R & D). Ces deux pays (Finlande et Suède) sont aussi les deux seuls à atteindre l'objectif d'un investissement des entreprises privées en recherche et développement représentant 2% du PIB. Tous les autres pays sont en retard par rapport à ces deux objectifs.
- En matière de nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) qui constituent aujourd'hui la principale source de gain de productivité 8 ( * ) , l'écart s'est malheureusement creusé entre l'Europe et ses concurrents directs. L'investissement public et privé des européens dans ce domaine atteint 31 milliards d'euros contre 103 milliards pour les Etats-Unis et 51 milliards pour le Japon.
- En matière d'achèvement du marché intérieur , seuls cinq pays de l'UE à 15 ont dépassé l'objectif en matière de transposition des directives de l'Union européenne sur le marché unique. Quant à l'élargissement, bien qu'il constitue un potentiel de croissance supplémentaire pour l'Union, il peut aussi susciter une certaine prudence des Quinze quant au rythme d'achèvement du marché intérieur.
b) Pour le volet social
Malgré des progrès réels observés dans l'utilisation des ressources humaines, seuls sept États membres de l'UE-15 devraient atteindre l'objectif intermédiaire d'un taux d'emploi de la population de 67 % d'ici à 2005 (l'objectif final étant de 70 % en 2010) 9 ( * ) . Les progrès observés sont aussi insuffisants en matière d'emploi des femmes et des travailleurs de plus de 50 ans. Cette situation résulte essentiellement d'une diminution régulière de la création nette d'emploi dans l'Union depuis 2001.
c) Pour le volet environnemental
Quatorze pays de l'UE à quinze restent en deçà de leurs objectifs de Kyoto en matière d'émissions de gaz à effet de serre, seuls trois pays enregistrant depuis 1999 des progrès visibles dans la réduction de ces émissions. Ceci s'explique notamment par le fait que la croissance du trafic automobile excède encore de loin celle du PIB (+30 %)
Au final, l'Union européenne ne paraît pas se préparer à devenir « l'économie la plus compétitive au monde » à l'horizon 2010.
Plus grave encore, l'Europe apparaît comme le négatif des Etats-Unis et du Japon : la croissance y est deux fois plus faible et le chômage deux fois plus élevé 10 ( * ) .
* 7 Rapport « Relever le défi-La stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi », rendu le 5 novembre 2004 par le groupe de haut niveau présidé par M. Wim Kok.
* 8 40% des gains de productivité dans les pays de l'OCDE sur la période 1997-2003. Source : OCDE.
* 9 Le taux d'emploi mesure la part de la population en âge de travailler qui occupe un emploi. Il augmente lorsque un chômeur, un étudiant ou une femme au foyer trouvent un emploi ou qu'une personne de moins de 65 ans demeure en activité.
* 10 En 2004, la croissance de l'UE à 25 s'établit à 2% contre 4,2% aux Etats-Unis et 3,4% au Japon. Quant au taux de chômage, il s'établit à 9,1% dans l'UE à 25 contre 5,5% aux Etats-Unis et 4,8% au Japon (source : Commission européenne et OCDE).