B. UN ENGAGEMENT FORT EN FAVEUR DE LA REUSSITE EDUCATIVE
1. La persistance des inégalités dans le milieu scolaire
Le budget que la Nation consacre à l'Éducation nationale mobilise le plus fort volume de crédits et devrait absorber, en 2005, environ 66 milliards d'euros, en incluant l'enseignement supérieur. La dépense générale pour l'éducation, qui englobe celle des collectivités locales et les dépenses privées, s'est élevée à 108,1 milliards d'euros en 2002.
En dépit de ce lourd investissement en progression régulière, 150.000 à 160.000 jeunes (soit 20 % du total) sortent chaque année du système éducatif sans baccalauréat, CAP ou BEP, c'est-à-dire sans aucun des diplômes qui sanctionne une formation du second cycle du second degré. Parmi eux, environ 100.000 ne sont pas mêmes titulaires du brevet des collèges et n'ont donc pas atteint le niveau minimum de compétences attendu d'un élève en fin de collège.
L'échec scolaire demeure ainsi une réalité préoccupante, qui frappe plus particulièrement les élèves issus de milieux modestes : 2 % seulement des enfants de cadres ou d'enseignants sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification, contre 16 % des enfants d'ouvriers non qualifiés et 30 % des enfants d'inactifs.
Le milieu social d'origine des élèves conditionne largement leur orientation au sein du système éducatif. On trouve neuf fois plus d'élèves issus d'une famille de cadres dans les classes préparatoires ou les facultés de médecine que d'élèves issus d'une famille d'ouvriers. Dans des filières considérées comme moins prestigieuses de l'enseignement supérieur, comme les instituts universitaires de technologie (IUT), l'écart de représentation entre ces deux catégories de la population étudiante s'élève encore à 50 %.
Souvent, l'échec scolaire résulte de l'absentéisme de l'enfant ou se manifeste par des comportements violents. Le phénomène de la violence scolaire est difficile à appréhender ; il se produit essentiellement dans les établissements de l'enseignement secondaire, collèges et lycées. Au cours de l'année scolaire 2002-2003, 72.000 incidents, de gravité très diverse, ont été répertoriés, ce qui représente un peu plus de deux incidents pour cent élèves. Ce chiffre peut sembler modeste, mais il ne comptabilise que les faits recensés par l'institution scolaire et ne tient donc pas compte de nombreux délits ou incivilités non signalés.
La violence semble très concentrée sur le territoire puisque 10 % des établissements déclarent la moitié des incidents. Ce constat est à rapprocher de la problématique des quartiers « sensibles ». Certaines zones urbaines concentrent des problèmes économiques, sociaux et d'intégration, qui ont un retentissement dans l'enceinte des établissements scolaires.