b) Une vocation structurelle : intégrer, sur les emplois stables, les jeunes non qualifiés en leur offrant une véritable perspective d'insertion professionnelle dans un emploi durable.
La politique d'accès à l'emploi des jeunes s'est historiquement structurée autour d'un ensemble mouvant de dispositifs très diversifiés plus ou moins pérennes.
Ces dispositifs relèvent peu ou prou de trois logiques différentes , comme l'ont bien montré les récents travaux de la Commission nationale pour l'autonomie des jeunes.
LES TROIS LOGIQUES DES DISPOSITIFS D'INSERTION PROFESSIONNELLE « Les dispositifs d'insertion professionnelle et d'aides à l'emploi, tels qu'ils existent aujourd'hui, relèvent de trois logiques distinctes, lesquelles renvoient à la diversité des analyses qui sous-tendent l'explication du chômage des jeunes : « - la logique de formation renvoie à une explication des difficultés d'accès à l'emploi des jeunes liées à l'insuffisance ou à l'inadaptation de leur formation ; « - la logique d'abaissement du coût du travail renvoie à l'idée que les jeunes manquent d'expérience, ont une productivité insuffisante par rapport au coût de leur travail pour l'employeur ; « - la logique d'appui à la création d'emplois dans le secteur non marchand renvoie au constat d'une insuffisance globale d'emplois résultant du rythme et du contenu de la croissance, mais aussi pour partie au constat que certains actifs ne sont pas, dans l'état actuel du marché, en mesure d'accéder aux emplois existants. La création d'emplois dans le secteur non marchand repose par ailleurs sur l'idée que la dynamique du marché ne permet pas de solvabiliser des activités socialement utiles. « Ces trois logiques ont été mises en avant successivement tout au long des vingt-cinq dernières années. Elles se trouvent aujourd'hui largement intriquées dans les divers dispositifs. Ainsi, les dispositifs d'alternance relèvent à la fois de la première et de la deuxième logiques, et des dispositifs d'aide au développement des emplois non marchands peuvent être interprétés également comme des formes d'abaissement du coût du travail pour les employeurs. « L'équilibre entre ces diverses logiques a fluctué dans le temps en fonction tant de la conjoncture que des débats autour de l'explication du chômage. La politique d'insertion professionnelle a connu des inflexions successives entre des dispositifs spécifiques pour les jeunes et l'utilisation de dispositifs concernant l'ensemble des demandeurs d'emplois. De la même manière, on a assisté à des « balancements » entre des dispositifs ciblés sur une catégorie particulière de jeunes et des dispositifs concernant l'ensemble des jeunes. Enfin, qu'il s'agisse de dispositifs ciblés ou généraux, les bornes d'âge retenues ont elles-mêmes évolué. » Source : Rapport de la Commission nationale pour l'autonomie des jeunes, avril 2002. |
Cette structuration de la politique d'insertion autour de ces différentes logiques n'est pourtant pas sans faille.
Les dispositifs actuels d'aide à l'emploi des jeunes souffrent, en effet, aujourd'hui d'une triple inadaptation :
- ils ne visent pas en priorité les jeunes les moins qualifiés qui sont pourtant les plus exposés au risque de chômage ;
- ils ne proposent pas de perspectives crédibles d'insertion professionnelle durable, en se fondant pour la plupart sur les contrats à durée déterminée, qui alimentent alors la précarité et favorisent des allers-retours très déstabilisants entre emploi et chômage ;
- ils ne répondent pas aux attentes d'un certain nombre de jeunes, particulièrement rétifs à notre système de formation initiale, qui forment le « noyau dur » de l'échec scolaire mais qui souhaitent s'engager rapidement dans la vie professionnelle, sans pour autant renoncer à moyen terme à la formation et à l'obtention d'une qualification.
Il importe en conséquence d'élargir la palette actuelle des mesures d'insertion par un nouveau dispositif ciblant les jeunes les moins qualifiés souhaitant s'engager directement dans la vie active en leur garantissant une réelle perspective d'insertion par un contrat de travail à durée indéterminée.