B. UNE AIDE DÉTERMINÉE EN FONCTION DES BESOINS DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT OU DES INTÉRÊTS DES BAILLEURS ?
L'aide varie non pas en fonction des besoins des pays en difficulté mais du niveau des excédents agricoles des pays riches. Elle apparaît donc principalement commandée par les besoins de régulation des marchés : l'aide alimentaire des Etats-Unis représentait 6,2 millions de tonnes en 1987 lorsque les cours avaient chuté et 2,8 millions de tonnes, dix ans plus tard, alors que les prix avaient atteint un sommet.
En outre, l'aide présente des enjeux commerciaux d'importance : elle peut en effet permettre au pays qui l'accorde de s'ouvrir de nouveaux marchés en modifiant les habitudes alimentaires et les circuits de distribution et contribuer ainsi au développement ultérieur des ventes.
Au-delà de la satisfaction des besoins d'urgence, l'aide alimentaire risque à moyen terme de désorganiser le système de production local et créer une dépendance à rebours de l'objectif d'autosuffisance alimentaire.
Les enceintes internationales ont longtemps fait primer les considérations de marché sur l'intérêt des pays en développement. Ainsi, le Comité consultatif sur la question des surplus avait été créé à Washington en 1954 par la FAO dans le souci d'éviter que les livraisons de produits alimentaires aient un impact négatif sur le commerce des pays traditionnellement exportateurs.
La première convention de l'aide alimentaire mise en oeuvre par le Conseil international des céréales fixait des engagements globaux minimaux des pays exportateurs. Le dispositif, conçu dans les années soixante, répondait aux préoccupations liées à un marché structurellement excédentaire. Renégocié en 1986 puis en 1995, il a été utilisé notamment par les Etats-Unis pour contourner les engagements souscrits à Marrakech en matière de subventions à l'exportation. Le nouveau texte, conclu en 1999, s'efforce de conjurer les écueils des accords précédents.