III. LES CRÉDITS HORS RÉMUNÉRATIONS ET CHARGES SOCIALES

A. EVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS : UNE MAJORATION CETTE FOIS SUPÉRIEURE À CELLE DES CRÉDITS DE RÉMUNÉRATIONS ET CHARGES SOCIALES

En 2002, les crédits du titre III hors rémunérations et charges sociales passeront de 3.179 millions d'euros (20,8 milliards de francs) à 3.257 millions d'euros (21,4 milliards de francs), ce qui représente une augmentation brute de 2,5 %, la première depuis l'entrée en vigueur de la programmation.

En rupture complète avec les exercices précédents, cette évolution est même supérieure à celle des seuls crédits de rémunérations et charges sociales, majorés de 2,3 %.

Cette évolution générale est particulièrement sensible pour la Gendarmerie, dont les crédits de fonctionnement courant augmentent de 11,5 %, pour une progression de 4,6 % des crédits de rémunération et des charges sociales.

On ne la retrouve pas en revanche pour l'armée de Terre et la Marine : la baisse globale des crédits de fonctionnement résulte de la diminution considérable des crédits d'entretien programmé des matériels (respectivement - 69,3 % et - 60,1 %), partiellement lié à un transfert de charges vers le titre V.

1. Les crédits d'alimentation

Les crédits d'alimentation continuent de diminuer (- 3,37 % en 2002), en raison d'une part de la diminution des effectifs, mais également d'un nouveau ponctionnement prévu en gestion 2002 à hauteur de 23 millions d'euros, sur le Compte de subsistances militaires . Seule la dotation de la Gendarmerie progresse, du fait de l'élargissement renforcé du nombre de bénéficiaires potentiels.

2. Les crédits de carburants

Les crédits de carburants sont majorés au total de 3,37 %, pour tenir compte d'une part de l'évolution du prix du baril et surtout de la volonté d'améliorer le taux d'activité des forces, particulièrement malmené au cours des récents exercices budgétaires, du fait d'une dotation initiale insuffisamment calibrée au regard de l'évolution constatée du cours du baril exprimé en dollars.

En réalité, la poursuite de la chute du cours du baril enregistré depuis l'automne 2001 pourrait l'amener en deçà du niveau retenu pour la construction du budget (soit 0,99 euros pour un dollar et 22 dollars le baril), et permettre dès lors une économie de constatation non négligeable.

En 2000, pour une dotation initiale de 266,65 millions d'euros, la consommation effective de carburants a été de 342,9 millions d'euros, soit un écart de 76,2 millions d'euros (500 millions de francs).

De même, en 2001, l'écart devrait se situer à 60,8 millions d'euros (399 millions de francs). La charge est évidemment plus lourde pour l'armée de l'Air, en « déficit » de 40,7 millions d'euros (267 millions de francs), soit le quart de sa dotation initiale.

De fait, un premier décret d'avances a déjà ouvert 15,24 millions d'euros (100 millions de francs) de crédits supplémentaires pour l'armée de l'Air, et 7,62 millions d'euros (50 millions de francs) pour l'armée de Terre. Le reliquat, soit 25,43 millions d'euros (167 millions de francs) pour l'Air et 13,83 millions d'euros (91 millions de francs) pour la Terre, devrait en principe être ouvert en collectif.

Le principal bénéficiaire de ce poste est évidemment l'armée de l'Air, qui est également celle qui est la plus touchée par la dérive du cours du baril. Sa dotation est majorée de 5,41 % (+ 11,04 millions d'euros, soit 72,5 millions de francs).

3. Les crédits d'entretien programmé

Les crédits d'entretien programmé sont inscrits à la fois au titre III et au titre V du budget, avec une propension croissante au cours de la programmation à les transférer sur le titre V.

Leur affectation varie selon les armées.

a) Armée de l'Air

Les crédits du titre III servent à l'achat de petites pièces de rechanges, au financement de la maintenance et à l'entretien courant du matériel. Les crédits du titre V sont essentiellement destinés à financer l'achat de pièces de rechanges et d'outillages afférents à de « gros matériels » (volants de rechange pour les programmes, achats de moteurs de rechange), et entraînant une indisponibilité prévisible et de longue durée du matériel.

Dans le cadre de l'optimisation de la maintenance des matériels aériens, les articles 11 et 13 du chapitre 5521 concernant le maintien en conditions opérationnelles des matériels seront fondus au sein de l' article 61 « Matériels aéronautiques de soutien des forces entretenus par la SIMMAD 5( * ) .

En 2002, les crédits d'entretien programmé inscrits au titre III sont progressivement supprimés et, partiellement seulement, transférés au titre V, qui prendra totalement en charge les dépenses correspondantes.

Les majorations enregistrées sur le titre V concernent essentiellement la dotation affectée au « nucléaire ».

b) Armée de Terre

Les crédits d'entretien programmé inscrits sur le titre III , (chapitre 34-20), financent les opérations de maintenance et de réparation que la Direction centrale du matériel de l'armée de Terre (DCMAT) et la Direction centrale des télécommunications et de l'informatique (DCTEI) « sous-traitent » au secteur privé industriel :

- l'article 34-20-21 « Terre. Entretien programmé par DCMAT » permet ainsi de financer les contrats de maintenance des matériels et des simulateurs terrestres, la visite détaillée des munitions et différentes taxes ,comme l'octroi de mer .

- l'article 34-20-22 « Terre. Entretien programmé par DCT » est destiné à financer les contrats de maintenance et de réparation des matériels et des logiciels du domaine des télécommunications et de l'informatique.

Les crédits du titre V permettent, quant à eux, l'acquisition de l'ensemble des rechanges indispensables au soutien des matériels terrestres et des équipements de transmission d'infrastructure, assuré par l'armée de Terre. Ils sont répartis sur deux articles du chapitre 55-21 « Entretien programmé des matériels » , géré pour l'un (art. 22) par la DCTEI , pour l'autre (art. 23) par la DCMAT .

L'ensemble des crédits d'entretien programmé des matériels aériens, inscrits au titre V, chapitre 55-21, article 21, est géré par la Structure intégrée de maintenance des matériels aériens de la Défense (SIMMAD).

Celui-ci détient également et gère les « stocks Etat ». Les matériels aériens concernés sont les hélicoptères Puma, Gazelle, Couguar, et Fennec et quelques avions TBM 700. L'article permet de subvenir à l'entretien de certains systèmes d'armes montés sur ces appareils.

c) Marine

La durée de vie des bâtiments, initialement prévue de vingt cinq à quarante ans selon les types de bâtiments, dépasse désormais ces prévisions de cinq ans ou plus, pour pallier le retard pris dans les programmes de renouvellement. Cette situation entraîne une augmentation des dépenses en fin de vie, consécutives au vieillissement des bâtiments, à l'obsolescence de certains matériels et à des difficultés dans l'approvisionnement des rechanges.

La réduction des crédits d'entretien programmé inscrit au titre III pour 2002 (- 60 %) touche essentiellement les articles gérés par le Service de soutien de la flotte (SSF) responsable de l'entretien des navires (article 36) et de l'entretien des munitions (article 37).

A structure budgétaire constante, la réduction représente encore 23,8 millions d'euros (- 52,5 %).

Elle recouvre les mesures suivantes :

- une réduction de 0,957 million d'euros au titre des mesures prévues par la loi de programmation ;

- trois transferts budgétaires :

* le premier de 2,5 millions d'euros vers la Direction du personnel militaire pour permettre la formation de pilotes de l'aéronavale à Meridian (Etats-Unis) ;

* le second de 0,914 million d'euros vers la Direction du commissariat pour lui permettre d'assurer le fonctionnement des magasins des rechanges et le soutien des unités à terre en remplacement de DCN ;

* le dernier de 0,007 million d'euros en provenance de l'armée de Terre et de l'armée de l'Air pour leur participation au budget d'entretien des matériels des services de transmission interarmées (STIA) sous commandement marine.

- un abattement net de 22,8 millions de francs lié à l'augmentation des dotations du titre V défense consacrées au maintien en condition opérationnelle des matériels.

Les crédits du titre V sont affectés à la Force océanique stratégique (FOST), à la flotte de surface et à l'aéronautique navale.

S'agissant de la FOST, un aménagement des cycles de maintenance et un processus de réduction des coûts ont été mis en oeuvre afin d'optimiser les ressources destinées à assurer l'entretien des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE). La priorité a été donnée au maintien des conditions de sécurité (classique et nucléaire) et à la disponibilité opérationnelle.

La dotation affectée à la flotte de surface augmente de 20 % en euros constants. Cette augmentation traduit le retour à une situation de gestion stabilisée pour l'entretien flotte faisant suite aux réductions conjoncturelles opérées en 2001 pour un montant équivalent.

La couverture en autorisations de programme avait en effet été réduite à deux mois de gestion au lieu de six mois et, en crédits de paiement, la Direction des constructions navales n'avait pas été en mesure d'utiliser les crédits prévus en 2000.

Enfin, le projet de loi de finances 2002 prend en compte le financement de l'entretien des installations techniques des ports et des pyrotechnies, inclus dans l'entretien programmé des matériels, transférées par DCN pour un montant de 23 millions d'euros en crédits de paiement et 27 millions d'euros en autorisations de programme.

La montée en puissance du Service de soutien de la flotte et le changement de statut de la Direction des constructions navales devraient contribuer à améliorer la disponibilité de la flotte.

La dégradation de la disponibilité des aéronefs a conduit à la mise en place de la SIMMAD , dont l'objectif est de restaurer en trois ans la disponibilité des aéronefs (60 % en 2001, 67 % en 2002, 75 % en 2003).

d) Gendarmerie

Les crédits d'entretien programmé des matériels concernent trois types de dépenses :

- le maintien en conditions opérationnelles (MCO) des moyens informatiques ;

- le maintien en conditions opérationnelles du réseau RUBIS de radiocommunications ;

- le maintien en conditions opérationnelles des matériels aériens de la gendarmerie, assuré par la SIMMAD.

4. Les crédits de fonctionnement courant

L'attention est clairement portée en 2002 sur les crédits de fonctionnement courant, dont la régression constante au cours de la programmation avait fini par se traduire par une détérioration inquiétante des taux d'activité des forces.

Ces crédits sont aujourd'hui majorés de 6,05 % pour l'ensemble du budget de la Défense, ainsi répartis :

- Air : + 10,7 %

- Terre + 3,84 %

- Marine + 6,41 %

- Gendarmerie + 12,6 %

- Services communs + 1,45 %

B. UN EFFORT OPTIQUEMENT MAJORÉ PAR L'EFFET DE MESURES D'ÉCONOMIES ET DE TRANSFERT

Le supplément de crédits accordé à hauteur de 78 millions d'euros est optiquement majoré par diverses mesures d'économie et de transfert -qui ne peuvent en aucun cas être assimilées à des « mesures nouvelles »-, pour un total de 122 millions d'euros, répartis comme suit :

- 76 millions d'euros (498 millions de francs) d'économies en raison de la réduction du format des armées et du parc des équipements ;

- 10,7 millions d'euros (70,2 millions de francs) d'économies en raison de la réduction des besoins liée à la revue de programmes de 1998 ;

- 35 millions d'euros (230 millions de francs) de transferts de charges d'entretien au titre V (qui ne bénéficie pas nécessairement du total des crédits correspondant).

Le total des 200 millions d'euros ainsi obtenus bénéficie en priorité à la Gendarmerie : 70 millions d'euros, soit plus du tiers du montant des « crédits disponibles », lui sont ainsi affectés.

Cette majoration correspond toutefois pour moitié (34,3 millions d'euros) au financement du surcoût des loyers lié à l'installation en zones sensibles. On pourra regretter ici que, de façon incohérente, les 10 millions de francs prévus en loi de finances initiale 2001 aient été annulés par le collectif de juin... Le solde, soit 35,6 millions d'euros (233 millions de francs) est réparti comme suit : moyens de fonctionnement associés aux postes de gendarmes (6,3 millions d'euros), solde des surcoûts de fonctionnement induits par les mesures décidées en Conseil de sécurité intérieure (21,3 millions de francs), légère augmentation des crédits consacrés aux réserves (0,9 million d'euros).

C. UNE REMONTÉE DES TAUX D'ACTIVITÉ INSUFFISANTE POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS

Au total, compte tenu d'une mesure de 23 millions d'euros « à titre non reconductible », les crédits d'activité des armées sont majorés comme suit :

- armée de Terre : + 28,7 millions d'euros

- armée de l'Air : + 12,3 millions d'euros

- Marine : + 12,3 millions d'euros

Cet effort devrait permettre d'atteindre 89 jours de sortie sur le terrain pour l'armée de Terre (contre 80 aujourd'hui, 100 pour la norme OTAN, 110 à 150 pour l'armée britannique), 97 jours à la mer pour les bâtiments de marine (contre 94 aujourd'hui, 100 pour la norme OTAN, 150 pour les britanniques) et de poursuivre le renforcement qualitatif de l'entraînement des pilotes, qui réalisent déjà le nombre d'heures de vol requis (180 heures par pilote contre 211 pour les britanniques), soit un niveau qui reste en-deçà des objectifs.

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