II. LE « PRÉALABLE À LA RÉFORME DE L'ÉTAT », UNE INITIATIVE PARLEMENTAIRE

Il convient toutefois de rappeler avec force que l'année 2001 a vu l'adoption de la plus importante réforme de l'Etat engagée depuis 1958 : le vote de la loi organique du 1 er août 2001 relative aux lois de finances , qui réforme profondément l'ordonnance du 2 janvier 1959.

Votre rapporteur spécial ne reviendra évidemment pas sur le contenu de ce nouveau texte fondamental, qui vise à satisfaire deux objectifs principaux :

- réformer le cadre de la gestion publique pour l'orienter vers les résultats et la recherche de l'efficacité ;

- renforcer la transparence des informations budgétaires et la portée de l'autorisation parlementaire.

Cette nouvelle loi organique, qui constitue, selon l'expression du Président Alain Lambert, « le préalable à la réforme de l ' Etat », est une initiative du Parlement, le Sénat ayant contribué à enrichir considérablement le texte définitif.

Or, le gouvernement a tendance à s'attribuer l'initiative de cette réforme d'envergure. Il conviendrait qu'il s'attache surtout à la mettre en oeuvre avec application, par exemple pour la mise en place d'indicateurs de résultats 20( * ) .

La mise en place d'indicateurs de résultats :

les conclusions du comité d'enquête sur le coût et le rendement des services publics

Au cours de cette année, le comité d'enquête sur le coût et le rendement des services publics, dont est membre votre rapporteur spécial, a consacré une étude à la mise en place d'indicateurs de résultats dans les trois ministères suivants : l'éducation nationale, la justice et la police nationale.

Le rapport indique clairement que ses conclusions portent sur les seuls indicateurs de résultats, « à distinguer des indicateurs d'activités et de moyens qui concernent ce que l'on a pu appeler la « productivité » de l'administration ». Il précise également que « la question de l'usage de ces indicateurs, et en particulier des conséquences qu'on en tire en termes d'allocation de moyens, est restée volontairement ouverte car elle fait encore largement l'objet de débats ».

Le rapport tire de ces trois expériences un certain nombre de conclusions et fait plusieurs recommandations, dont les suivantes :

- si l'état d'avancement des trois expériences et différent, l'éducation nationale présentant une avance relative, elles ont néanmoins des points communs importants ;

- il convient de distinguer indicateurs de résultats et indicateurs d'activité, « sous peine de risques contre-productifs d'efficacité. Par exemple, une diminution des redoublements dans un établissement scolaire entraînera des économies, mais ne sera pas obligatoirement en rapport avec une amélioration des acquis des élèves. La notion de délai moyen de jugement qui a constitué l'essentiel de la communication du ministère de la justice sur l'activité des juridictions pose des problèmes analogues » ;

- la recherche d'un indicateur de résultat unique est à proscrire ;

- il faut s'efforcer d'éliminer les facteurs externes d'efficacité, qui faussent les comparaisons éventuelles ;

- l'usage des indicateurs de résultats ne doit pas seulement rester interne à l'administration, mais susciter des débats publics, notamment en direction des usagers des services publics : ils doivent donc être rendus publics ;

- grâce à une formation adéquate des responsables administratifs, les indicateurs de résultats doivent devenir un outil essentiel du management public.

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