Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 27 : Fonction publique et réforme de l'Etat
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BRAUN (Gérard), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 27 - COMMISSION DES FINANCES
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- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE PREMIER
LES CRÉDITS DU MINISTÈRE
CHARGÉ DE LA FONCTION PUBLIQUE -
CHAPITRE DEUX
LES EFFECTIFS DE FONCTIONNAIRES :
UNE CROISSANCE CONTINUE,
UNE CONNAISSANCE IMPRÉCISE -
CHAPITRE TROIS
LA FONCTION PUBLIQUE :
VÉRITABLE PRIORITÉ DU GOUVERNEMENT
TOUT AU LONG DE LA LÉGISLATURE -
CHAPITRE QUATRE
LES RETRAITES PUBLIQUES :
IMMOBILISME ET CONSERVATISME -
CHAPITRE CINQ
LA « RÉFORMETTE » DE L'ÉTAT - EXAMEN EN COMMISSION
-
MODIFICATION APPORTÉE
PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE -
ANNEXE 1
Les mesures proposées par le gouvernement afin de remédier aux dysfonctionnements relevés par la Cour des comptes dans son deuxième rapport relatif à la fonction publique de l'État -
ANNEXE 2
Réponses du ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat aux questions posées par votre rapporteur spécial à partir du référé de la Cour des comptes du 10 février 1998 relatif aux emplois dans les cabinets ministériels -
ANNEXE 3
Réponse du délégué interministériel à la réforme de l'Etat
consécutive au rapport de contrôle effectué par le rapporteur spécial sur le fonds pour la réforme de l'Etat
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 27
FONCTION PUBLIQUE ET RÉFORME DE L'ÉTAT
Rapporteur spécial
: M. Gérard BRAUN
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
AVANT-PROPOS
L'examen
des crédits de la fonction publique appelle
deux analyses
distinctes :
-
la première est juridique
: il s'agit de la
présentation des crédits du ministère chargé de la
gestion de la fonction publique, qui sont individualisés dans le
budget des services généraux du Premier ministre au sein de
l'agrégat 21 « Fonction publique ». Ces
crédits s'élèvent à
216,92 millions
d'euros
(1,42 milliard de francs) en 2002, soit une
stabilisation
par rapport à 2001
(les crédits avaient alors
progressé de 8,1 %) ;
- la seconde est économique
: il convient d'analyser
les charges de personnel de l'Etat, qu'il s'agisse des crédits de
rémunération, des charges sociales ou des pensions. Ce sont des
dépenses transversales
qui apparaissent au sein de l'ensemble des
départements ministériels et sur lesquelles il est
indispensable d'avoir une vision globale. Elles représentent en effet
112,5 milliards d'euros
(737,95 milliards de francs) en
2002, soit
43,3 % des dépenses du budget
général
nettes de remboursements et
dégrèvements (après 42,2 % en 2001).
CHAPITRE PREMIER
LES CRÉDITS DU MINISTÈRE
CHARGÉ DE LA FONCTION
PUBLIQUE
Ces
crédits correspondent à l'agrégat 21 « Fonction
publique » au sein des services généraux du Premier
ministre, qui regroupe les moyens que le ministère de la fonction
publique consacre à ses
missions interministérielles
, qui
sont les suivantes :
- la mise en oeuvre d'une politique d'ensemble de la fonction publique :
évolution du statut général des fonctionnaires,
coordination des politiques ministérielles en matière
d'organisation statutaire et indiciaire, de gestion des ressources humaines, de
protection sociale, de rémunération et de temps de travail ;
- la coordination des actions engagées dans le cadre de la
réforme de l'Etat ;
- la modernisation de l'administration et de ses méthodes de
gestion ;
- la tutelle des écoles d'administration.
Il convient de noter la
part décroissante
qu'occupe cet
agrégat au sein des crédits des services généraux
du Premier ministre :
Pour 2002, les crédits du ministère chargé de la fonction
publique s'établissent ainsi :
I. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Les
crédits de rémunération et de fonctionnement du
ministère de la fonction publique et de la réforme de l'Etat sont
intégrés dans l'agrégat 31 « administration
générale » du budget des services
généraux du Premier ministre.
Les crédits de fonctionnement courant sont totalement
intégrés dans les dotations affectées aux services
centraux du Premier ministre (frais de déplacement, dépenses
informatiques et bureautiques, parc automobile, matériel et
fonctionnement courant).
Les crédits inscrits à l'agrégat 21 sont exclusivement
constitués de prestations d'action sociale interministérielle
(aides au logement, aide ménagère à domicile pour les
retraités, chèques-vacances ou prestations
« crèche ») ou d'opérations d'action sociale
telles que la rénovation de restaurants administratifs.
Le tableau ci-dessous récapitule les prestations servies en 2000 au
titre de l'action sociale interministérielle :
Ces crédits s'élèvent, pour 2002, à
113,90
millions d'euros
(747,14 millions de francs), soit une diminution de
1,8 % par rapport à 2001.
Cette évolution résulte d'ajustements des crédits aux
besoins, en ce qui concerne notamment les chèques vacances et les autres
prestations d'actions sociales. En revanche, les aides au logement et les
prestations de service « crèche » sont
légèrement revalorisées.
II. LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
A. LES SUBVENTIONS AUX ÉCOLES
1. La subvention de fonctionnement de l'ENA
L'évolution de la subvention de l'Etat demandée
pour
l'Ecole nationale d'administration s'élève à 142.576 euros
(935.237 francs), soit une progression de 0,54 % par rapport à 2001.
La dotation demandée en faveur de l'école tient compte par
rapport à la loi de finances pour 2001 :
- d'un ajustement de 2,29 millions d'euros (15,02 millions de francs)
effectué par prélèvement sur le fonds de roulement de
l'école ;
- de mesures d'ajustement et de mesures nouvelles présentées
ci-dessous.
Ces mesures nouvelles sont les suivantes :
• Mesures concernant les élèves
La première mesure est la conséquence
« mécanique » de l'accroissement du nombre d'emplois
offerts aux concours d'entrée (en 1999 passage de 100 à 110
emplois, en 2000 passage de 110 à 120 emplois, en 2001 maintien à
120 places offertes). Son coût s'élève à 710.717
euros (4.,66 millions de francs).
Il convient d'y ajouter 91.469 euros (0,6 million de francs) pour les
ajustements qui en découlent au titre des indemnités de stage
versées pendant la première année de scolarité.
L'accroissement du nombre de postes offerts aux concours d'entrée
à l'Ecole a pour conséquence de modifier le nombre des places
offertes au cycle préparatoire (en vertu de l'article 15 du
décret n° 82-819 du 27 septembre 1982 qui prévoit que le
nombre de places offertes au cycle préparatoire est au moins égal
à trois fois celui des places offertes à la
précédente cession du concours interne) soit, en l'espèce,
12 places supplémentaire, pour un coût de 396.063 euros (2,60
millions de francs).
A la demande de l'école, l'indemnité de formation versée
aux élèves pendant leur période de scolarité
(Strasbourg, puis Paris) est revalorisée afin de tenir compte des
charges matérielles qui pèsent sur chacun des
élèves. Cette revalorisation se monte à 164.645 euros
(1,08 million de francs).
• Mesures concernant la réforme de l'école
Deux emplois d'expert pédagogique seront ouverts le 1
er
janvier 2002. Ils s'ajoutent aux deux premiers emplois ainsi
créés en 2001. L'École, sur ces deux premiers postes, a
procédé au recrutement d'un expert spécialiste des
nouvelles technologies de l'information et de la communication et d'un expert
en formation permanente. Le coût de cette mesure est de 131.106
euros (0,9 million de francs).
Dans la perspective de la mise en place de statuts d'emploi pour les membres de
l'équipe de direction de l'ENA, un crédit de 231.357 euros
(1,52 million de francs) est prévu.
Cette disposition permet de mettre en adéquation le niveau indiciaire de
ces emplois budgétaires avec ceux des corps de hauts fonctionnaires qui
ont vocation à les occuper.
• Mesures catégorielles
Plusieurs mesures ont été retenues :
- transformation de cinq emplois de documentaliste en emplois de chargé
d'études documentaires pour un montant de 42.686 euros
(280.002 francs)
- repyramidage d'un emploi de secrétaire administratif, de 11 emplois
d'agent administratif en adjoint administratif et d'un chef de garage ; le
coût de l'ensemble s'établit à 20.401 euros (133.822
francs).
Enfin, pour tenir compte de l'augmentation de la valeur du point d'indice, un
crédit de 640.867 euros (4,20 millions de francs) sera
budgété.
La réforme de l'ENA
La
réforme de l'ENA, initiée en 1999, prend, à compter de
2002, une ampleur particulière qui tient à deux séries de
raisons :
1) La fusion ENA/IIAP a été décidée par le ministre
de la fonction publique et de la réforme de l'Etat le 24 janvier 2001.
Elle a donné lieu à un rapport de Mme Bechtel, directrice de
l'ENA, qui, après information des conseils d'administration des deux
établissements, a été chargée de conduire les
opérations de fusion sur la base des orientations approuvées par
le ministre.
Le futur établissement, qui verra le jour au 1
er
janvier
2002, dénommé ENA, reprendra en les rénovant l'essentiel
des missions qui sont aujourd'hui celles de l'IIAP : formation en France
de fonctionnaires étrangers, actions de coopération
administrative menées à l'étranger et activités de
recherche et de publication en science administrative et administration
comparée.
La fusion des deux établissements va au-delà de la simple
rationalisation (en elle-même souhaitable) des moyens existants. Elle
permettra de renforcer la dimension internationale de l'ENA, tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur. La demande de
coopération administrative, en très forte croissance, trouvera
ainsi une réponse appropriée.
La nouvelle ENA aura ainsi en 2002, à côté du pôle
« Formation initiale » et du pôle
« Formation permanente » qui, sous l'impulsion de la
nouvelle direction de l'École est en voie de renforcement et de
développement, un pôle nouveau « Relations
internationales » matérialisé par la création
d'une direction, chargée de mettre en oeuvre l'ensemble de la
coopération internationale bi et multilatérale de l'École.
Cette nouvelle configuration d'ensemble, ce « remodelage »
des structures de l'ENA actuelle, ne sera pas sans incidence sur la formation
initiale (meilleure prise en compte de l'administration comparée
s'ajoutant à la dimension internationale, déjà forte, des
études) et sur la formation permanente (possibilité de nouvelles
formations mêlant fonctionnaires français et étrangers).
2) Après la mise en oeuvre de la réforme des concours en octobre
1999, et appliquée dès les concours 2000, la réforme de la
scolarité se poursuit, conformément à la mission
confiée par M. Sapin à la directrice de l'École à
l'occasion de sa nomination, en septembre 2000.
Il s'agit en premier lieu de traduire les orientations retenues en 2000
après consultation du conseil d'administration de
l'établissement : augmentation de la note de stage qui passe de
20 % à 30 % du coefficient total du classement de sortie ;
note de stage attribuée par un jury composé du directeur des
stages et d'une personnalité extérieure ; regroupement des
matières enseignées à l'École (aujourd'hui au
nombre de 7) en 4 pôles ; entretien de projet réalisé
avec l'élève à son entrée à
l'École ; formation au premier métier en fin de
scolarité.
Une partie de ces réformes, dont les dispositions réglementaires
ont été prises par le décret n° 2000-1304 du 26
décembre 2000, est déjà en cours d'application pour la
promotion Copernic qui a commencé en 2001 la partie
« études » de sa scolarité.
Afin de poursuivre et d'amplifier cette réforme, la direction de
l'École réfléchit à une rénovation plus
ambitieuse, qui pourrait se traduire dès 2002 et qui prendrait mieux en
compte l'objectif de formation au métier, celui d'une participation plus
active des élèves aux enseignements, celui enfin de formations
communes (aux valeurs de l'Etat) et diversifiées (renforcement
« à la carte » des élèves dans les
disciplines où ils éprouvent un besoin de formation
complémentaire). Ces modifications, s'ajoutant à une
révision de la nature des épreuves (la note administrative, en
elle-même utile, ne s'impose pas comme le meilleur instrument
d'évaluation dans toutes les matières, par exemple en gestion
publique), devraient conduire à un véritable équilibre
entre les formations de terrain (adjonction de stages en administration
centrale et de travaux optionnels) et les formations plus scolaires qui restent
nécessaires mais seraient allégées par les remises
à niveau mentionnées ci-dessus. Parallèlement est conduite
une réflexion sur les contenus : ainsi l'enseignement de gestion
publique, une des quatre matières clés, sera-t-il
rénové. Ainsi encore le renforcement des capacités
juridiques est-il dans le monde actuel un impératif essentiel de
même que la capacité de négociation et de communication.
2. Les subventions aux autres écoles
a) L'Institut international d'administration publique
Les
recettes de l'IIAP comparées à celles des deux années
précédentes, se décomposent comme suit :
En 2000, la subvention des services généraux du Premier ministre
a atteint 3,82 millions d'euros (25,06 millions de francs), se
décomposant comme suit :
- personnel........................ 3,12 millions d'euros
- matériel de fonctionnement... 0,7 million d'euros
Les recettes engendrées par les conventions habituellement conclues avec
les partenaires traditionnels de l'établissement sont en diminution. Les
conventions d'autres ministères et partenaires
« bilatéraux » divers n'évoluent pas de
façon significative pour compenser cette évolution. Il ne peut
être assuré que les conventions multilatérales (programmes
européens), par trop aléatoires, puissent prendre le relais en
l'état.
Dès lors, pour assurer la pérennisation de l'équilibre de
son budget, l'établissement a été conduit, en 1998,
à généraliser les droits d'inscription aux cycles courts
organisés à Paris et, en 1999, d'étendre cette mesure
à l'ensemble des participants au cycle long.
En 2001, la subvention des services généraux du Premier ministre
devrait atteindre 3,92 millions d'euros (25,71 millions de francs).
En 2002, la subvention de fonctionnement, hors mesures acquises, devrait
être reconduite.
La nature des liens avec l'IIAP
Jusqu'au
31 décembre 2001, l'IIAP et l'ENA constituent deux établissements
publics aux activités distinctes.
L'ENA a pour vocation première la formation initiale et permanente des
hauts fonctionnaires français, ainsi que le développement
d'actions de coopération administrative internationale.
De son côté, l'IIAP assure des actions de formation de
durée variable destinées à un public d'auditeurs
étrangers issus majoritairement de la fonction publique de leur pays
d'origine, et se consacre également en partie à des
activités de recherche, publication en droit et administration
comparés.
La fusion des deux établissements, arrêtée par Michel
Sapin, sera effective au 1
er
janvier 2002.
Le nouvel établissement ainsi créé se caractérisera
par :
- une mission de formation initiale des hauts fonctionnaires
français ;
- des actions de formation permanente renforcées ;
- l'accueil de hauts fonctionnaires européens et étrangers pour
des cycles de formation de longue ou courte durée ;
- le développement d'actions de coopération administrative
bilatérale ou multilatérale ;
- des activités de recherche et éditoriales.
b) Les Instituts régionaux d'administration
Pour les
IRA, le montant total de la subvention inscrite en projet de loi de finances
s'élève à 29,58 millions d'euros (194,04 millions
de francs), en augmentation de près de 9 %.
Les mesures nouvelles permettront :
- un ajustement de la subvention correspondant au nombre d'élèves
en formation initiale ;
- le financement des mesures salariales ;
- la création de 6 emplois, dont un emploi d'informaticien de
catégorie A à l'IRA de Lille, un emploi de
catégorie B à l'IRA de Nantes et 4 emplois pour
permettre la titularisation d'agents en situation précaire (2 à
Metz et 1 à Bastia, les 3 agents concernés ayant d'ores et
déjà été titularisés dans le cadre du plan
Perben et se trouvant actuellement en surnombre, et 1 à Nantes,
où est employé un agent non titulaire éligible au plan
Sapin) ;
- la poursuite des travaux de rénovation et de
réaménagement des locaux dans les IRA de Lille, Lyon et Nantes.
c) Le Centre des études européennes de Strasbourg
La subvention est stabilisée à 304.898 euros (2 millions de francs).
B. LA FORMATION ET LA COMMUNICATION
-
•
Les actions de formation, de perfectionnement, d'insertion et de
modernisation dans la fonction publique
mobilisent des crédits
à hauteur de 9,95 millions d'euros (65,27 millions de francs), en hausse
sensible de 26,8 % par rapport à 2001 (après + 35,5 %
l'année dernière). Cette augmentation résulte de la
très forte progression (+ 632,6 % !) des crédits
alloués à des opérations interministérielles de
formation non déconcentrées, et au doublement des dotations du
fonds interministériel pour l'insertion des personnes handicapées
dans la fonction publique.
• Les crédits destinés aux études et à la communication sur la gestion publique s'établissent à 2,03 millions d'euros (13,32 millions de francs), soit un recul de 1,5 % par rapport à 2001 ; il convient de souligner que ces crédits doivent notamment être consacrés au développement des actions de communication et des publications liées aux chantiers de la réforme de l'Etat .
Les crédits du fonds pour la réforme de l'Etat (FRE) diminuent de 17,4 % en 2002, s'établissant à 13,72 millions d'euros (90 millions de francs). Le recul des dotations concerne essentiellement les opérations à caractère local supportées par le FRE (près de - 19 %).
Le manque d'ambition du fonds pour la réforme de l'Etat
Votre
rapporteur spécial a réalisé, au cours de l'année
2001, un contrôle de l'emploi des crédits du fonds pour la
réforme de l'Etat (FRE)
1(
*
)
.
Le fonds pour la réforme de l'Etat, créé en 1996 en vue de
participer au financement d'opérations innovantes de modernisation de
l'administration, tant au niveau central que déconcentré, devait
à l'origine contribuer à l'amélioration de la
qualité des relations entre l'Etat et les citoyens, de la
décision publique et de la gestion publique.
Or, le bilan financier du FRE apparaît extrêmement
nuancé : la multiplicité des opérations
cofinancées en cinq ans - 488 projets au titre de la section centrale,
et 2.045 au titre de la section territoriale - et l'impression de
« saupoudrage » budgétaire viennent brouiller la
portée de l'instrument de réforme de l'Etat que constitue le
fonds, d'autant plus que ses dotations sont relativement modestes, une centaine
de millions de francs chaque année en moyenne.
Par ailleurs, de nombreux ministères et services considèrent le
FRE comme un
moyen d'obtenir des financements complémentaires
à leurs crédits de fonctionnement
, si bien que
l'emploi
des dotations du fonds n'est pas toujours conforme aux objectifs qui lui
avaient été initialement assignés
. Quel lien, en
effet, existe-t-il entre la réforme de l'Etat et l'achat de
téléviseurs ou de bicyclettes pour des brigades de gendarmerie,
ou avec la réparation de la chaudière d'une cité
administrative ?
Enfin, des
procédures administratives excessivement lourdes
et
une
absence d'évaluation de l'impact des opérations
financées
mettent en évidence la
contradiction
fondamentale à laquelle le fonds est confronté : il est mis
en oeuvre par un Etat qui ne s'est pas encore engagé sur la voie de
réformes structurelles.
Les conclusions que le ministère de la fonction publique et de la
réforme de l'Etat a tirées du rapport de M. Gérard Braun
sur le FRE (n° 383 ; 2000-2001) ont fait l'objet d'un courrier du
délégué interministériel à la réforme
de l'Etat, annexé au présent rapport.
D. LES DÉLOCALISATIONS DE SERVICES PUBLICS
Le
comité interministériel à l'aménagement et au
développement du territoire (CIADT) du 15 décembre 1997
a
arrêté des principes et des méthodes renouvelées
pour la mise en oeuvre de la politique d'implantation territoriale des emplois
publics que le gouvernement entend conduire. L'objectif de 30.000 emplois
à localiser en régions à l'horizon 2000, en passe
d'être atteint, n'apparaît plus que comme une étape de cette
action continue de l'Etat. Une liste d'opérations portant sur 1.890
emplois a été entérinée.
Le CIADT du 18 mai 2000 dresse un bilan de la région
écoulée et esquisse une évaluation de l'oeuvre accomplie.
Il fixe les nouvelles orientations applicables en matière d'implantation
territoriale des emplois publics. Cette politique doit désormais
efficacement combiner réforme de l'Etat et aménagement du
territoire. Une liste d'opérations portant sur 6.300 emplois a
été adoptée.
Les implantations d'emplois publics envisagées par le CIADT du
9 juillet 2001 se répartissent, à raison de sept, en
région Ile-de-France dans les zones prioritaires de la Seine-Saint-Denis
et de Marne-la-Vallée, et de sept en province.
Les opérations proposées pour la province se répartissent
de façon équilibrée entre des chefs lieux de région
et des villes moyennes :
- l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH) à
Lyon ;
- l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) également
à Lyon ;
- l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) à
Saint-Denis ;
l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale
(AFSSE) à Saint-Maurice ;
- le GIP Socrate - Léonardo da Vinci à Bordeaux ;
- le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) à
Champs-sur-Marne ;
- le Laboratoire central des Ponts et Chaussées (LCPC) à la
cité Descartes de Marne-la-Vallée ;
- la construction d'un centre pour les archives diplomatiques à La
Courneuve (92) ;
- l'École nationale pour policiers auxiliaires et gardiens de la paix
à Oissel (Seine-Maritime) ;
- l'École nationale pour gardiens de la paix et agents de
sécurité à Nîmes-Courbessac (Gard) ;
- l'École nationale de police pour policiers auxiliaires et gardiens de
la paix (1
ère
tranche) à Montbéliard
(Doubs) ;
- le Centre de formation des policiers auxiliaires de Périgueux
(Dordogne) ;
- le transfert de l'École nationale de Police de Paris, à
Noisy-le-Grand ;
- le transfert de l'imprimerie de la direction centrale de police judiciaire
(DCPJ) à Pantin (Seine-Saint-Denis).
Le CIADT a enfin approuvé la candidature de Lyon pour l'accueil du
Collège européen de police.
L'ensemble de ces localisations concerna, tous mouvements achevés,
environ 4.850 emplois (dont 3.700 stagiaires équivalents à
temps plein).
Une autre opération nécessite l'achèvement de
l'étude complémentaire engagée afin de déterminer
son site d'accueil en province. Il s'agit de l'Établissement public
national de recherches archéologiques préventives.
Au total, ce sont donc désormais 40.700 emplois dont le transfert a
été approuvé en CIADT après déduction d'un
certain nombre d'opérations annulées ou suspendues, soit environ,
13.000 pour les CIAT antérieurs à juillet 1993, 10.000 pour le
CIAT du 20 septembre 1994, 5.200 pour ceux du 10 avril et du 17 décembre
1997, 1.960 pour celui du 15 décembre 1998 et 6.680 pour celui
du 18 mai 2000.
Au 1
er
juillet 2001, 22.874 sont d'ores et
déjà transférés, et 4.974 sont en cours.
L'ensemble, totalisant 27.948 emplois, représentait donc
près de 77,9 % du programme arrêté en CIADT avant
prise en compte des mesures arrêtées le 9 juillet 2001.
Les principales opérations concernent les ministères
chargés de la recherche (CNRS, CIRAD, INSERM, INRA, CEA), et la
défense (au Mans, à Creil, Tours, Brest, Toulouse, Toulon, Lille
et Orléans), ainsi que divers services de La Poste et de la SNCF dans de
nombreuses villes. S'y ajoutent d'autres opérations importantes telles
que l'ENS-lettres à Lyon (un millier d'emplois en y comprenant les
stagiaires rémunérés), l'École nationale
d'administration pénitentiaire à Agen (132 emplois
permanents et 645 stagiaires), l'École supérieure des
personnels d'encadrement de l'éducation nationale (350) et le CNED (275)
à Poitiers, le CEREQ à Marseille pour 120 emplois, l'Agence
du médicament (devenue AFFSAPS) à Saint-Denis pour plus de
700 emplois, la Direction générale de l'aviation civile
(DGAC) à Muret et Toulouse pour 510 emplois et à
Mérignac pour 280, l'ONISEP et l'UGAP à Marne-la-Vallée
pour respectivement 176 et 300 emplois, le Centre d'études pour les
réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques
à Lyon pour 120 emplois, l'École nationale des techniciens
de l'équipement à Valenciennes pour près de
400 fonctionnaires et stagiaires, et l'École nationale
d'administration à Strasbourg pour 70 emplois, ainsi qu'une
centaine de postes d'élèves fonctionnaires, l'ENSAI à
Rennes pour 70 emplois et 210 élèves (dont
75 élèves fonctionnaires), la sous-direction de la police
scientifique et technique à Lyon/Ecully pour 350 emplois.
En outre, d'autres décisions de transfert ont fait l'objet d'actes
juridiques ou financiers permettant d'engager physiquement d'autres
opérations ou compléter des projets en partie
réalisés qui concernent 4 974 emplois.
Les principales d'entre elles concernent, en dehors de l'Ile-de-France et
outres diverses opérations du ministère de la
défense : Lyon (École nationale des contrôleurs du
Trésor public et Institut national de la recherche pédagogique),
Oullins (laboratoires joints de la DGCCRF et de la DGDDI), Solaize (Institut
français du pétrole), Limoges (CNASEA), Angers (ADEME), Tourcoing
(École nationale des douanes), Nantes (informatique voyageurs de la
SNCF), Le Mans (ingénierie technique du matériel roulant de la
SNCF)...
En revanche, certaines décisions de transferts portant sur environ
5 000 emplois ont enregistré des retards dans leur
réalisation voire, en certains cas, ont été
ajournées.
Le tableau ci-après précise par région le nombre d'emplois
transférés ou en cours de transfert.
Au
1
er
juin 2001, le montant des crédits effectivement
transférés aux divers ministères pour le financement de
leurs opérations s'élève respectivement à 140,33
millions d'euros (920,51 millions de francs) pour les AP, 126,89 millions
d'euros (832,36 millions de francs) pour les CP sur le chapitre 57-1
et 22,18 millions d'euros (145,49 millions de francs) pour les DO sur le
chapitre 37-07.
Il faut ajouter à ces dépenses les financements
nécessaires à la poursuite de l'achèvement des
opérations déjà engagées soit, au titre de
l'exercice 2001, 0,23 million d'euros (1,5 million de francs) au 37-07, et
3,81 millions d'euros (25 millions de francs) en AP et 8,43 millions
d'euros (55,3 millions de francs) en CP au 57-01 et, au titre de 2002, au
37-07 : 0,61 million d'euros (4 millions de francs) et au
57-01 : 7,17 millions d'euros (47 millions de francs) en CP.
Globalement, le montant des dépenses engagées ou
programmées atteint donc 23,02 millions d'euros (150,99 millions de
francs) sur le chapitre 37-07 et 144,14 millions d'euros (945,51 millions
de francs) en AP et 142,49 millions d'euros (934,66 millions de francs) en
CP sur le chapitre 57-01.
Les crédits de paiement disponibles à la fin de l'exercice 2001
sur le chapitre 57-01 devraient suffire à couvrir les dépenses
d'ores et déjà programmées par le comité de gestion
du fonds pour l'exercice 2002 ainsi que les dépenses nouvelles - telles
qu'elles peuvent être estimées à la date du
1
er
juin 2001.
L'équilibre et la poursuite de l'activité du fonds sont toutefois
liés à son abondement en loi de finances rectificative pour les
« retours » dont les montants prévisionnels attendus
à ce titre dans le collectif 2001 s'établissent à
14,19 millions d'euros (93,07 millions de francs).
Les crédits qualifiés de « retours »
correspondent aux produits résultant de la réalisation de divers
immeubles franciliens libérés par des services
délocalisés, qui viennent abonder le fonds des
délocalisations publiques, ou encore à la contrepartie
budgétaire de la réaffectation des immeubles à d'autres
administrations.
Les prévisions ci-dessous prennent également en compte les
participations susceptibles d'être versées par les
collectivités d'accueil telles quelles sont aujourd'hui estimées,
et qui font ou feront l'objet d'engagement précisés dans les
conventions de localisation.
Les difficultés du montage de certaines opérations importantes et
les retards qui peuvent s'ensuivre expliquent enfin que certains besoins de
financement fassent l'objet d'un report sur l'exercice 2003.
III. LES DÉPENSES D'INTERVENTION
Sur le chapitre 43-02 sont inscrits 2,36 millions d'euros (15,48 millions de francs) au titre des subventions à des actions de formation et d'information, en hausse de 1,6 % : 304.898 euros (2 millions de francs) sont destinés au Centre des études européennes de Strasbourg, 2,01 millions d'euros (13,2 millions de francs) aux organisations syndicales de la fonction publique, et pour la première fois, 38.112 euros (250.000 francs) à la mise à disposition d'un service gratuit intégré au service légifrance par le GIP Banque de données juridiques inter-fonctions publiques.
IV. LES DÉPENSES EN CAPITAL
Ces
crédits correspondent à 15,09 millions d'euros
(99 millions de francs), en hausse de 2,1 % par rapport à
l'année précédente, destinés à des
équipements en faveur d'actions interministérielles, ainsi
répartis :
- 9,91 millions d'euros (65 millions de francs) pour l'action sociale
interministérielle, dont 5,34 millions d'euros (35,03 millions
de francs) pour des opérations d'action sociale d'équipement et
de logement, et 4,57 millions d'euros (environ 30 millions de francs)
au titre d'actions de réservation de logement « Comité
interministériel des villes » ;
- 4,57 millions d'euros (environ 30 millions de francs) au titre du
financement des logements sociaux des fonctionnaires en Ile-de-France ;
- 610.000 euros (4 millions de francs) au bénéfice du fonds
interministériel pour l'insertion des personnes handicapées dans
la fonction publique.
*
* *
Le
tableau ci-après retrace l'évolution, depuis 1997, des
crédits consacrés aux trois principales actions conduites par le
ministère de la fonction publique et de la réforme de
l'Etat :
CHAPITRE DEUX
LES EFFECTIFS DE
FONCTIONNAIRES :
UNE CROISSANCE CONTINUE,
UNE CONNAISSANCE
IMPRÉCISE
I. TOUJOURS PLUS DE FONCTIONNAIRES
A. UNE AUGMENTATION DE 22 % DEPUIS 1980
1. Les effectifs des trois fonctions publiques de 1980 à 1998
Les
chiffres consolidés les plus récents concernant les effectifs
réels en place dans les trois fonctions publiques datent du 31
décembre 1998. Leur évolution est retracée dans le tableau
ci-après :
Compte tenu de la création, au 1
er
janvier 1991, des deux
exploitants publics que sont La Poste et de France Télécom, les
agents du ministère des Postes et télécommunications ont
été exclus du décompte des effectifs entre 1980 et 1990,
afin de garder un champ homogène.
Selon ces définitions, l'emploi public s'est accru de 22 % entre
1980 et 1998 (915.300 agents supplémentaires).
Les trois
fonctions publiques représentent un peu moins de 22 % de l'emploi
total, hors appelés du contingent, en 1998.
C'est dans la fonction publique territoriale que la croissance est la plus
élevée : + 40 % en dix-huit ans
(432 300 personnes), suivie de la fonction publique
hospitalière : + 22 % (155 300 personnes). Dans
la fonction publique de l'Etat, la progression est limitée à
13 % environ (205 800 personnes entre 1980 et 1998). Au sein de
la fonction publique de l'Etat, les évolutions sont contrastées.
Les effectifs du ministère de la défense ont diminué de
10 % et ceux des ministères civils ont augmenté d'environ
16 %. La croissance des effectifs des établissements publics
nationaux atteint 50 % sur l'ensemble de la période.
2. L'évolution des effectifs des ministères civils entre 1980 et 2000
L'exploitation des fichiers de paie des agents de l'Etat par
l'INSEE
permet de disposer de données actualisées au
31 décembre 2000 pour les différents ministères
civils. L'accroissement des moyens en personnel a
bénéficié en priorité à la justice
(+ 61,3 % entre 1980 et 2000), au ministère de
l'intérieur (+ 34,5 %) et à l'éducation
nationale (+ 17,8 %).
Les secteurs de l'agriculture, de l'emploi et de la solidarité ainsi que
de l'équipement connaissent une progression modérée. Les
effectifs du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie sont restés à peu près stables.
La croissance très élevée de certains départements
ministériels aux effectifs réduits (outre-mer par exemple)
pèse assez peu sur l'ensemble. L'évolution du ministère de
la recherche est liée à un fort accroissement du nombre des
allocataires de recherche. L'augmentation des effectifs du ministère de
la culture est due au transfert des écoles nationales d'architecture du
budget du ministère de l'équipement vers son budget, intervenu en
1996.
Inversement, le transfert d'effectifs, en 1982, du budget de la jeunesse et des
sports vers celui de l'enseignement scolaire fait apparaître une forte
baisse dans le ministère d'origine, lorsque l'on prend 1980 comme
année de référence. Aux affaires étrangères
et à la coopération (dont une partie des agents a
été transférée à l'Agence pour
l'enseignement du français à l'étranger en 1990/92), la
diminution représente près de la moitié des effectifs
d'origine.
B. LE MYTHE DU « GEL » DE L'EMPLOI PUBLIC
Au
début de la législature, le gouvernement avait affirmé
vouloir « geler » l'emploi public, cette bonne
résolution étant motivée tant par des
considérations budgétaires que par un souci affiché de
bonne gestion. Sa position officielle consistait ainsi à stabiliser le
nombre de fonctionnaires, tout en procédant à des
redéploiements d'effectifs en direction des secteurs prioritaires comme
la justice ou la sécurité
2(
*
)
.
Inversement, l'administration fiscale et celle de l'équipement devaient
voir leurs effectifs diminuer.
Cette ambition s'est brisée - rapidement - sur des résistances,
voire des corporatismes de nature syndicale, qu'il n'était du reste ni
étonnant ni illégitime de voir se manifester, mais auquel le
gouvernement n'a pas eu le courage de faire face,
préférant,
par facilité, renouer avec une politique qui, faute d'être
réformatrice, a au moins le mérite de la lisibilité :
créer des emplois supplémentaires.
Le graphique ci-après traduit bien l'abandon par le gouvernement de son
objectif initial de « geler » l'emploi public :
C'est à partir de la loi de finances pour 2001 que le gouvernement a
fait le choix de créations massives d'emplois publics telles qu'il n'y
en avait plus eu depuis le début des années 1990
3(
*
)
. Le présent projet de loi de finances confirme
ce choix, en l'amplifiant, puisqu'il prévoit la
création de
15.892 emplois budgétaires supplémentaires
, dont 14.611
au sein des services de l'Etat et 1.281 dans les établissements publics.
Le tableau ci-après présente ces créations d'emplois par
section budgétaire :
Ces arbitrages sont évidemment critiquables, et suscitent quelques
interrogations.
Le ministère de l'éducation nationale bénéficie de
7.716 créations d'emplois, soit près de la moitié du
total : 5.737 emplois dans l'enseignement scolaire et 1.979 emplois dans
l'enseignement supérieur. Il convient de rappeler que le même
ministère avait déjà obtenu les deux tiers des
créations d'emplois décidées par la loi de finances pour
2001.
Il paraît légitime de se demander jusqu'où va aller ce
mouvement, d'autant plus que le nombre des élèves comme des
étudiants diminue désormais très
régulièrement, et que les projections démographiques
montrent bien que cette décrue va se poursuivre.
Certes, le gouvernement indique que ces créations d'emplois s'inscrivent
dans un plan pluriannuel ayant vocation à anticiper les départs
importants à la retraite des enseignants.
Ne paraît-il pas plus
urgent - mais c'est aussi bien plus difficile - de réfléchir
à la façon d'adapter le format de l'Etat à cette occasion
historique que constitue une telle évolution ?
Cette question fondamentale
, à laquelle le gouvernement n'a jamais
donné d'autre réponse que quantitative,
se pose plus
généralement pour l'ensemble de la fonction publique
, tant il
est vrai que, comme le lui suggérait du reste un rapport du Commissariat
général du Plan l'année dernière,
il semble
inconcevable de remplacer chaque fonctionnaire partant à la retraite.
En effet, non seulement cela entraînerait un coût budgétaire
considérable, mais cela paraît également contradictoire
avec les gains de productivité que les nouvelles technologies de
l'information et de la communication sont susceptibles d'engendrer dans les
services, permettant ainsi de réduire les effectifs et surtout
d'enrichir le contenu de certains emplois publics.
C. LA CRÉATION D'EMPLOIS BUDGÉTAIRES SUPPLÉMENTAIRES
Par
ailleurs, des mesures « d'ordre »
(c'est-à-dire
de remise en ordre des personnels)
sont prévues :
- l'inscription de 3.996 emplois au titre de la résorption de l'emploi
précaire dans la fonction publique, soit 3.150 emplois dans
l'enseignement scolaire, 520 à l'agriculture, 200 à la culture,
50 à l'emploi, 50 à la santé et 26 dans les services
généraux du Premier ministre ;
Le plan de résorption de la précarité dans la fonction publique
Au mois
de juin 2000, le ministère de la fonction publique et de la
réforme de l'Etat et plusieurs organisations syndicales de
fonctionnaires ont conclu un accord, d'une durée de cinq ans, tendant
à résorber la précarité dans la fonction publique.
En effet, en dépit d'un accord similaire conclu en 1996 - accord dit
« Perben » -, dont 2000 était la quatrième et
dernière année d'application
4(
*
)
,
la fonction publique compte un grand nombre d'emplois précaires, ayant
parfois une longue ancienneté, l'Etat s'autorisant ce qu'il refuse aux
entreprises.
Pourtant, le même constat est dressé à l'issue de chaque
plan de résorption de la précarité :
«
les administrations recrutent fréquemment de nouveaux
agents non titulaires pour remplacer ceux ayant bénéficié
d'une mesure de titularisation
» notait le rapport annuel du
ministère, portant sur la période mars 1999-mars 2000.
Il subsiste en effet de nombreux emplois hors statut général dans
les trois fonctions publiques :
- 80.000 personnes en contrat à durée déterminée
dans la fonction publique d'Etat ;
- 320.000 dans la fonction publique territoriale ;
- 26.000 dans la fonction publique hospitalière.
Afin d'éviter que la précarité ne se reconstitue, l'accord
signé en juillet 2000 concerne l'ensemble des catégories de
fonctionnaires, et non pas seulement la catégorie C comme l'accord
Perben. Par ailleurs auront droit à la titularisation tous les
contractuels des trois fonctions publiques qui, au cours des huit
dernières années, justifient de trois ans d'activité en
équivalent temps plein.
- l'inscription de 6.917 emplois au titre de la régularisation d'emplois
« Berkani », soit 2.335 emplois au ministère de la
défense, 2.106 à celui de l'intérieur, 1.452 au
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, 962
à l'équipement, 35 à l'emploi, 20 à l'outre-mer, et
7 à la mer ;
- 2.500 régularisations de surnombres, dont 1.500 enseignants stagiaires
et 1.000 policiers, auxquelles il convient de retrancher 120 emplois pour
solde des diverses autres mesures d'ordre.
Soit un total de 13.293 emplois au titre de l'ensemble des mesures
d'ordre.
Si le gouvernement indique que ces mesures interviennent
«
à effectifs constants
», il convient bien
de garder à l'esprit qu'elles n'en emportent pas moins des
conséquences budgétaires, le versement d'une pension par exemple.
Au total, ce seront donc 29.185 emplois budgétaires
supplémentaires qui sont créés par le projet de loi de
finances pour 2002 (après 20.820 en 2001).
II. L'« ÉNIGME » DU NOMBRE DES FONCTIONNAIRES SERA-T-ELLE UN JOUR RÉSOLUE ?
En janvier 2000, la Cour des comptes publiait un rapport particulier consacré à La fonction publique de l'Etat , premier acte de la démarche de contrôles systématiques engagés par la haute juridiction financière sur ce sujet.
Le rapport de la Cour des comptes de janvier 2000 : l'Etat, un employeur accablant
Le
rapport public particulier de la Cour des comptes de janvier 2000 consacre
d'importants développements à la gestion des emplois, des
effectifs et des rémunérations de plusieurs
ministères :
- l'éducation nationale, pour l'enseignement secondaire ;
- l'économie, les finances et l'industrie, pour la direction
générale des impôts et la direction générale
de la comptabilité publique ;
- l'intérieur, au titre des personnels des préfectures et de la
police nationale ;
- la justice, pour les personnels de l'administration
pénitentiaire ;
- l'emploi et la solidarité, en particulier ses services
déconcentrés ;
- l'équipement ;
- l'agriculture.
Ce rapport est accablant pour l'Etat-employeur tant sont nombreux les
dysfonctionnements ou irrégularités constatés
:
emplois en surnombre ou bloqués, existence de mises à disposition
ou de détachements injustifiés ou irréguliers,
système de contrôle des effectifs réels insatisfaisant,
gestion prévisionnelle des ressources humaines défaillante, voire
carrément inexistante, dépenses indemnitaires financées
sur des ressources extra-budgétaires, avantages indus sans base
juridique autre qu'une simple décision ministérielle,
méconnaissance des effectifs de fonctionnaires...
En avril dernier, la Cour des comptes a publié le 2
ème
tome de ce rapport public particulier, qui présente les résultats
des contrôles de la gestion des emplois et des
rémunérations dans six ministères :
- l'économie, les finances et l'industrie, pour la direction
générale des douanes et des droits indirects ;
- la défense, en particulier les personnels militaires de la gendarmerie
nationale ;
- l'éducation nationale, en ce qui concerne les enseignants-chercheurs
et les personnels enseignants du second degré ;
- la justice, au titre de l'administration centrale, et des services
judiciaires ;
- les administrations centrales du ministère de l'emploi et de la
solidarité ;
- l'équipement, pour l'ensemble des personnels titulaires et
contractuels.
Les observations soulignées dans ce rapport vont malheureusement dans
le même sens que celles du premier.
La Cour des comptes a également présenté les mesures
prises par le gouvernement à la suite de ses enquêtes. Elle note
d'entrée de jeu que «
mises à part les dispositions
adoptées dès avant la parution du premier rapport de la Cour sur
la fonction publique de l'Etat, les mesures effectivement prises ne concernent
que quelques ministères et sont de portée
limitée
», et considère que «
la
refonte des dispositifs de gestion et de rémunération des
personnels de l'Etat est une oeuvre de longue haleine
».
A la suite du rapport de la Cour des comptes, le gouvernement a pris trois
types de mesures :
1) des dispositions de portée générale :
la
publication de la circulaire du 1
er
octobre 1999 rappelant les
règles fondamentales concernant l'élaboration et la
publicité des textes relatifs à la rémunération des
fonctionnaire, et la création de l'Observatoire de l'emploi public par
le décret du 13 juillet 2000
5(
*
)
.
Les premières conclusions de L'Observatoire de l'emploi public
D'ores et déjà, le premier rapport de l'Observatoire de l'emploi public de juin 2001 indique qu'en France, l'importance de l'emploi public varie, selon différents concepts, de la manière suivante :
-
•
dans une approche de comptabilité nationale
, le nombre de
personnes travaillant à titre principal dans des administrations ou
organismes publics financés majoritairement par
prélèvements obligatoires s'est élevé en 1998 (au
31 décembre) à 5,5 millions (hors contingent, TOM et
étranger), ce qui représentait environ 27 % des
salariés de la métropole et des DOM. Parmi ces personnes, seules
3,6 millions relevaient des titres II, III et IV du statut de la
fonction publique ;
• dans une approche plus juridique , le nombre de personnes dépendant d'administrations ou d'organismes dans lesquels le recrutement de droit commun de l'agent relève des titres II, III et IV du statut de la fonction publique s'est élevé à 5,1 millions. Parmi eux, le nombre des titulaires et non-titulaires exerçant leur activité principale dans des administrations ou dans des établissements publics et administratifs s'est élevé à 4,5 millions, ce qui représentait environ 22 % des salariés de métropole et des DOM, chiffre auquel peuvent être ajoutés les 274.000 agents bénéficiant de contrats aidés, soit un total de 4,8 millions.
Le débat sur les effectifs de la fonction publique de l'Etat se focalise fréquemment sur la différence entre effectifs budgétaires et réels : l'effectif budgétaire inscrit dans la loi de finances pour 1998 était, par exemple de 2.092.184, l'effectif réel payé au 31 décembre 1998 étant, quant à lui, de 2.270.135 agents (source DGAFP, fichiers de paie). Les causes de divergence sont pour l'essentiel repérées, mais la difficulté rencontrée pour les préciser et les quantifier constitue l'une des critiques majeures concernant la connaissance des effectifs de l'Etat.
Les emplois budgétaires décrits en loi de finances initiale sont les emplois permanents à temps complet autorisés par celle-ci. Les facteurs expliquant le décalage entre cette autorisation budgétaire et les effectifs réels sont notamment les suivants :
• des éléments échappent en partie aux gestionnaires de personnel : le temps partiel (un emploi budgétaire peut être occupé par plusieurs personnes à temps partiel), les vacances de postes (certains emplois budgétaires peuvent ne pas être pourvus, suite au départ de leur titulaire, jusqu'au recrutement d'un nouvel agent sur cet emploi) ;
• des éléments visent à introduire une certaine souplesse dans l'exécution budgétaire : des surnombres peuvent ainsi être accordés en cours d'année par les contrôleurs financiers (on autorise ainsi un dépassement temporaire de l'effectif budgétaire), ainsi que des gages (utilisation d'un emploi à la place d'un autre). De même, les transferts d'emplois entre ministères en cours d'année contribuent à alimenter le décalage pour un ministère entre l'effectif budgétaire en début d'année et l'effectif réellement pays en cours d'année ;
• enfin, les limites de l'autorisation budgétaire elle-même expliquent le décalage entre effectif budgétaire et réel : les crédits permettant de rémunérer des personnels temporaires ne sont pas présentés sous forme d'emplois budgétaires. Or les personnels correspondants sont pris en compte dans l'effectif réel payé.
Source : ministère de la fonction publique et de la réforme de l'Etat.
Votre rapporteur spécial, en tant que membre de l'Observatoire de l'emploi public, estime que ses travaux présentent une qualité réelle et permettent notamment de progresser dans la voie d'une plus grande transparence en matière d'effectifs, en particulier par la mise au point d'une matrice décrivant le passage des effectifs budgétaires aux effectifs payés et en fonction, et aux effectifs gérés.
Toutefois, il s'interroge sur les conséquences qui seront tirées de ces travaux, avant tout techniques. En effet, il convient de prendre garde de tirer des enseignements déjà largement connus, du type : « la gestion de l'emploi public recouvre des réalités différentes selon les ministères », « malgré des progrès, les difficultés perdurent dans la production et la circulation de l'information sur les ressources humaines », ou encore « la gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences représente un enjeu majeur pour les trois fonctions publiques ». Ces vérités s'imposaient à l'évidence dès avant la création de l'Observatoire de l'emploi public...
Il semble que les missions assignées à l'Observatoire sont trop restrictives. L'« observation » dont il est question se limite au champ juridique, et ignore la dimension économique. Il conviendrait, au cours des années prochaines, qu'il s'intéresse à des notions davantage statistiques et qu'il puisse réaliser des études de productivité.
D'autre part, les discussions qui ont lieu au sein de l'Observatoire restent trop internes à l'administration, conduites en « vase clos » entre représentants de l'administration et syndicats de fonctionnaires. Il conviendrait que les travaux de l'Observatoire servent à alimenter le débat public sur le rôle et l'évolution de l'administration, ainsi que sur le rapport entre les effectifs de la fonction publique et la qualité des services publics ;
2) la sincérité budgétaire : sur ce point, la Cour des comptes note que « des évolutions positives peuvent être constatées pour la budgétisation des rémunérations. En revanche, la situation reste insatisfaisante pour ce qui est de la présentation et du respect des dotations budgétaires en emplois, une aggravation devant même être relevée dans certains cas », notamment au ministère de l'éducation nationale et à celui de l'économie, des finances et de l'industrie ;
3) la refondation juridique des régimes indemnitaires : la publication de plusieurs décrets et arrêtés est intervenue pour plusieurs ministères, mais n'a pas toujours constitué une réelle amélioration : par exemple, en ce qui concerne les ministères de l'intérieur et de la justice, la Cour des comptes note que « réguliers en la forme, ces textes ne simplifient pas l'architecture des systèmes indemnitaires [...] et n'affectent pas le fond de ses observations ». En revanche, des progrès sont plus notables aux ministères de l'équipement, de l'agriculture, ou encore de l'économie, des finances et de l'industrie.
Ces rapports de la Cour des comptes sur la fonction publique de l'Etat devraient être complétés, dans les années à venir, par d'autres études portant sur la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière.
III. LA QUESTION NON RÉGLÉE DU DEVENIR DES EMPLOIS-JEUNES
Les
emplois-jeunes peuvent être considérés comme des emplois
publics, puisque l'Etat prend en charge 80 % de leur
rémunération, et même 100 % pour les adjoints de
sécurité recrutés par le ministère de
l'intérieur et les aides-éducateurs embauchés par celui de
l'éducation nationale.
Le gouvernement a régulièrement modifié ses objectifs en
matière d'emplois-jeunes. Au départ, notamment lors de l'examen
de la loi du 16 octobre 1997, il avait affiché l'ambition de
parvenir, à la fin 2002, au recrutement de 350.000 emplois-jeunes. Puis
cet objectif a été avancé à la fin 2000, puis de
nouveau repoussé, en renvoyant la réalisation à la date
initialement fixée, soit fin 2002 !
Désormais, son objectif a changé de nature : il ne s'agit
plus de mesurer le dispositif en stock mais en flux.
Ainsi les documents
budgétaires pour 2002 indiquent-ils que ce dispositif doit viser
à «
porter à 360.000 à la fin 2002, le nombre
des jeunes qui auront bénéficié du programme depuis sa
création
»
6(
*
)
.
Le tableau ci-dessous indique le nombre d'emplois-jeunes embauchés au 30
juin dernier, sans que l'on ne sache plus très bien s'il s'agit d'un
stock ou d'un flux :
Pour la première fois depuis le lancement du dispositif, les dotations
allouées aux emplois-jeunes diminuent, de 3,6 %, s'établissant
à 3,23 milliards d'euros (21,19 milliards de francs).
Il convient toutefois de noter que ce chapitre budgétaire fait
traditionnellement l'objet d'une
importante surdotation, puis d'une
régulation non moins importante en cours d'exercice
. Ainsi, la Cour
des comptes, dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour
2000, note que «
les dépenses nettes ont été
inférieures de plus de 610 millions d'euros (4 milliards de francs)
aux crédits ouverts en LFI 2000
».
De 1998 à 2002, le coût des emplois-jeunes s'est
élevé à 13,24 milliards d'euros (86,85 milliards de
francs) :
La
question essentielle concerne toutefois le devenir des jeunes ainsi
recrutés.
Le 6 juin dernier, le gouvernement a annoncé un plan de
« consolidation » visant à pérenniser le
dispositif. Selon des informations transmises à votre rapporteur
spécial, ces mesures tendent, «
pour ce qui concerne les
emplois des ministères, à conserver les postes réellement
occupés et à assurer une certaine stabilité dans le
recrutement ; en effet, alors que les jeunes embauchés comme
aides-éducateurs ou adjoints de sécurité en remplacement
d'un jeune ayant rompu son contrat, ne pouvaient être recrutés que
pour la durée restant à courir jusqu'au terme de l'emploi
fixé à 5 ans, il a été décidé que les
embauches en remplacement le seraient pour une durée de cinq ans et que
l'aide apportée au financement du poste serait prolongée de
5 ans
».
Bref, les emplois seront consolidés - et les dépenses
pérennisées ! - mais on ne sait toujours pas ce que
deviendront les jeunes.
Il faut d'ailleurs probablement voir dans cette
incertitude quant à leur avenir la raison de la récente
manifestation des aides-éducateurs...
Votre rapporteur spécial en vient donc une fois encore à
s'inquiéter de la
probable intégration d'une part
conséquente des emplois-jeunes dans la fonction publique
, d'autant
plus que de très fortes pressions syndicales ne manqueront probablement
pas de s'exercer en ce sens.
CHAPITRE TROIS
LA FONCTION PUBLIQUE :
VÉRITABLE PRIORITÉ DU GOUVERNEMENT
TOUT AU LONG DE LA LÉGISLATURE
I. LES CHARGES DE PERSONNEL DE L'ÉTAT
A. LES DÉPENSES DE FONCTION PUBLIQUE « STRICTO SENSU »
Dans
le projet de loi de finances pour 2002
, l'ensemble des principales
composantes de fonction publique du budget général progresse de
4,6 %
par rapport à la loi de finance initiale de 2001, soit
4,79 milliards d'euros
(31,45 milliards de francs)
supplémentaires,
les dépenses du budget
général devant augmenter de 2 % en 2002.
Elles s'élèvent donc à
109,13 milliards d'euros
(715,85
milliards de francs), répartis de la façon
suivante :
Les
crédits inscrits aux trois premières parties du titre III du
budget de l'Etat, hors budgets annexes, s'élèvent à
109,125 milliards d'euros (715,81 milliards de francs) dans le projet
de loi de finances pour 2002, soit une progression de 4,8 milliards
d'euros (31,49 milliards de francs), en hausse de 4,6 % par rapport
à la loi de finances initiale pour 2001.
La progression des charges de personnel sur le budget de l'Etat
résulte tout d'abord de la progression de 7 % des dépenses
de pensions des ministères civils (+ 1,5 milliard d'euros,
soit 9,84 milliards de francs).
Le montant total des crédits destinés aux
rémunérations d'activité des ministères civils
s'élève à 52,9 milliards d'euros (347 milliards de
francs), contre 51,3 milliards d'euros (336,51 milliards de francs) dans
la loi de finances pour 2000, soit une progression de 3,2 %. La
progression des rémunérations d'activité du
ministère de la défense est égale à
251 millions d'euros (1,65 milliard de francs), soit 2,2 %.
En 2002, comme en 2001, les rémunérations d'activité
croîtront sous l'effet automatique des avancements de carrière
(GVT positif), à hauteur de 2 %. A l'inverse,
l'accélération de l'effet de « noria » a
porté en 2000 le GVT négatif à - 1,5 %. En
outre, les rémunérations d'activité croîtront en
2002 sous l'effet des mesures salariales individuelles et
générales suivantes :
- mesures individuelles (catégorielles) : 454 millions d'euros
(2,98 milliards de francs), à comparer à 404 millions
d'euros (2,65 milliards de francs) en 2001 ;
- mesures générales : + 0,5 % en décembre 2000,
+ 0,5 % en mai et + 0,7 % en novembre 2001,
+ 0,5 % en mars et + 0,7 % en décembre 2002.
Les dépenses de fonction publique représentent ainsi 43,3 % du
budget général en 2002, contre 42,2 % en 2001.
B. LA DÉPENSE « INDUITE » DE FONCTION PUBLIQUE
La
fonction publique de l'Etat « induit » des dépenses
qui vont au-delà des seules charges liées aux fonctionnaires.
Si l'on intègre les dépenses induites, notamment les subventions
à l'enseignement privé et les pensions des anciens combattants,
ces dépenses étaient, en 2000, de 116,14 milliards d'euros
(761,85 milliards de francs)
dans leur ensemble
- y compris 1,09
milliard d'euros (7,14 milliards de francs) de rebudgétisations, dont
770 millions d'euros (5,03 milliards de francs) sur le chapitre des pensions -
soit 115,10 milliards d'euros
(755 milliards de francs)
hors
modifications de périmètre
7(
*
)
.
En 1999, les dépenses induites s'établissaient à 111,75
milliards d'euros (733 milliards de francs), soit une
progression
à champ constant de 3 %.
Le graphique ci-dessous présente l'évolution des dépenses
induites de fonction publique depuis 1991
8(
*
)
:
Près de 92 % des dépenses induites par la
fonction
publique sont indexées sur la valeur du point en 2000, contre 90 % en
1991. Ainsi une revalorisation de 1 % du point fonction publique
engendre-t-elle un coût de l'ordre de 1,07 milliard d'euros (7 milliards
de francs) pour le budget de l'Etat.
Pour la préparation du projet de loi de finances pour 2002, la valeur du
point « mesures nouvelles » retenue pour le calcul des
crédits de rémunérations sur les différents budgets
correspond à la
valeur moyenne du point fonction publique sur
l'année 2002, soit 52,0638 euros
(341,52 francs). Cette valeur
inclut l'effet des revalorisations de 0,5 % au 1
er
mars 2002 et
0,7 % au 1
er
décembre 2002 décidées par le
gouvernement en avril 2001.
Il convient ainsi d'observer que la valeur du point fonction publique a
crû de 20,9 % depuis 1990 et de 4,9 % depuis 1998.
II. LA FONCTION PUBLIQUE : 43,3 % DES DÉPENSES DU BUDGET GÉNÉRAL
A. DES RÉMUNÉRATIONS PUBLIQUES DE PLUS EN PLUS COÛTEUSES
La
création de près de 16.000 emplois nouveaux va alourdir le poids
des dépenses de fonction publique, et réduire davantage encore
les marges de manoeuvre du budget de l'Etat.
Votre rapporteur spécial rappelle que les dépenses de la fonction
publique représenteront
43,3 % du budget général en
2002
, après 42,2 % en 2001.
Outre les créations d'emplois budgétaires nouveaux
réalisées essentiellement depuis deux ans,
la progression de
le rémunération des fonctionnaires résulte en partie du
coût de l'accord salarial du 10 février 1998, qui s'est
établi, au cours de ses trois années d'application (1998-2000),
à 6,30 milliards d'euros (41,3 milliards de francs) dans l'ensemble des
trois fonctions publiques.
Or, il convient de rappeler que les négociations salariales dans la
fonction publique visant à couvrir la période suivante ont
échoué, ce qui a amené le gouvernement à prendre
des mesures unilatérales.
Le ministre de la fonction publique a ainsi annoncé, en avril dernier,
les mesures de revalorisation suivantes, qui viennent s'ajouter à la
revalorisation du point fonction publique au 1
er
décembre
2000, déjà décidée :
- + 0,5 % au 1
er
mai 2001 ;
- + 0,7 % au 1
er
novembre 2001 ;
- + 0,5 % au 1
er
mars 2002 ;
- + 0,7 % au 1
er
décembre 2002.
Au total, pour la seule fonction publique d'Etat, ces mesures emportent un
coût de 2,98 milliards d'euros
(19,52 milliards de francs), dont 46
millions d'euros en 2000, 930 millions d'euros en 2001, 1,25 milliard
d'euros en 2002, et 750 millions d'euros en 2003. Elles concerneront
3,9 millions de fonctionnaires, dont 2,2 millions d'actifs et 1,7 million
de retraités.
Par ailleurs, le ministre a annoncé la distribution de points d'indice
différenciés jusqu'à l'indice nouveau majoré 350
(soit l'équivalent de 1,4 SMIC), ces mesures ayant un coût de
132,63 millions d'euros (870 millions de francs), dont 54,88 millions
d'euros (360 millions de francs) en 2001. Ces mesures concernent environ
615.000 fonctionnaires en activité et 350.000 retraités.
Toutes fonctions publiques confondues, le coût de l'ensemble des
mesures annoncées par le ministre de la fonction publique
s'établira à environ 5,18 milliards d'euros (environ 34 milliards
de francs).
Enfin, il convient de préciser que, afin de maintenir le pouvoir d'achat
des fonctionnaires, compte tenu d'une inflation plus importante que
prévu (1,6 % au lieu de 1,2 %), le ministre a annoncé un
« coup de pouce » supplémentaire de 0,4 % au
1
er
mars 2002, soit un coût de 445 millions d'euros
(près de 3 milliards de francs).
Les
négociations salariales dans la fonction publique :
un champ d'application extrêmement large
Au-delà des 2,2 millions d'agents civils de l'Etat
et de
ses établissements publics, il faut en effet comptabiliser dans l'emploi
public :
- les 455.000 agents des exploitants publics de la Poste et de France
Telecom ;
- les 321.000 militaires (hors appelés du contingent) ;
- les 1,507 million d'agents de la fonction publique territoriale ;
- les 857.000 agents de la fonction publique hospitalière (hors
médecins) ;
- ainsi que 148.000 enseignants des établissements
privés sous contrat et 125.000 salariés des
établissements de santé privés à but non lucratif
tarifés en dotation globale.
Au total, on recense donc 5,5 millions d'agents publics
9(
*
)
pour une population active de 22,4 millions,
soit plus d'un actif sur cinq
.
C'est la totalité de cette population qui est concernée par la
négociation salariale dans la fonction publique, même si seule une
partie de ses effets apparaît dans le budget de l'Etat.
B. LE BUDGET GÉNÉRAL VA-T-IL DEVENIR UN BUDGET DE RÉMUNÉRATION DES FONCTIONNAIRES ?
Cette
progression des dépenses traduit la très forte inertie des
dépenses de rémunération de la fonction publique.
La part croissante des dépenses de personnel accentue en effet la
rigidité du budget de l'Etat.
Dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour 1998, la Cour des comptes notait
que «
la part des dépenses de personnel et des
dépenses obligatoires dans le budget de l'Etat n'a cessé
d'augmenter au cours des derniers exercices. La rigidité du budget s'en
trouve accentuée et les efforts de réduction des dépenses
seront à l'avenir plus difficiles
».
La Cour des comptes note, par ailleurs,
la forte concentration de ces
dépenses.
Cinq ministères
10(
*
)
représentent
89,9 % (comme en en 1999 et après 89,4 % en 1998) de l'ensemble des
rémunérations d'activité versées par l'Etat en
2000. A eux seuls, le budget de l'enseignement scolaire et celui de
l'enseignement supérieur regroupent plus de 50 % des dépenses
salariales du budget général, et 64,3 % de
celles des
ministères civils.
Le plus grave est sans doute que les dépenses de fonction publique
s'accroissent de façon largement automatique
, du fait du
mécanisme du glissement-vieillesse-technicité (GVT).
Une progression appelée à se poursuivre
La masse
salariale de la fonction publique possède une dynamique propre,
liée à la progression des carrières à
l'ancienneté et au vieillissement des fonctionnaires. A ces
automatismes, s'ajoutent deux facteurs d'évolution : la valeur du
point fonction publique et le volume des effectifs.
En supposant inchangé le rythme moyen des créations d'emplois
depuis 1997
, la charge supplémentaire d'ici 2005, par rapport
à 2001, serait proche de 7,0 milliards d'euros (45,92 milliards de
francs), dont 3,3 milliards d'euros (21,65 milliards de francs) au
titre de la progression de la masse salariale, et 3,8 milliards d'euros
(24,93 milliards de francs) au titre de la progression des pensions. Au
total, les dépenses liées aux effectifs civils de fonction
publique progresseraient de 2,2 % en rythme annuel entre 2001 et 2015,
hors effet de l'augmentation du point fonction publique.
A titre de comparaison, dans l'
hypothèse d'une stabilisation des
effectifs
civils à leur niveau de 2001, la charge
supplémentaire d'ici 2005 serait proche de 6,7 milliards d'euros (43,95
milliards de francs), dont 2,9 milliards d'euros (19,02 milliards de francs) au
titre de la progression de la masse salariale, et 3,8 milliards d'euros (24,93
milliards de francs) au titre de la progression des pensions. D'ici 2015, la
charge supplémentaire serait de 25,7 milliards d'euros (168,58 milliards
de francs), soit 9,6 milliards d'euros (62,97 milliards de francs) au titre de
la progression de la masse salariale, et 16,1 milliards d'euros (105,61
milliards de francs) au titre des pensions. Au total, les dépenses
liées aux effectifs civils de fonction publique progresseraient de 2,1 %
en rythme annuel entre 2001 et 2015, hors effet de l'augmentation du point
fonction publique.
S'agissant des effectifs militaires, le contexte actuel, marqué par la
professionnalisation des armées, est caractérisé par un
nombre significatif de recrutements qui ne permet pas de projeter ces
données sur plusieurs années.
Ainsi, l'essentiel de la progression des dépenses de l'Etat
résulte des dépenses de fonction publique
, comme le montre le
tableau ci-après, qui provient du rapport économique, social et
financier annexé au projet de loi de finances pour 2002 :
Ainsi, de 1997 à 2002, les dépenses de la fonction publique, qui ont augmenté de 15,9 % depuis le début de la législature, ont représenté plus de 70 % de la progression des dépenses au titre des dix premiers postes du budget général, soit 15 milliards d'euros (98,39 milliards de francs) sur 21 milliards d'euros (137,75 milliards de francs).
III. LES FONCTIONNAIRES ONT LARGEMENT PROFITÉ DU PARTAGE DES FRUITS DE LA CROISSANCE
A. L'AUGMENTATION RÉGULIÈRE DU POUVOIR D'ACHAT DES FONCTIONNAIRES
Depuis
1997, les gains de pouvoir d'achat des fonctionnaires ont toujours
été supérieurs à l'évolution des prix
à la consommation, et parfois, notamment en 1998 et 1999, dans des
proportions très importantes.
En 2002, la rémunération moyenne des personnels en place (RMPP)
progressera de 3,9 %. Les fonctionnaires de l'Etat bénéficieront
ainsi d'une augmentation de leur pouvoir d'achat de 2,4 %, tandis que
l'inflation devrait s'établir à 1,5 %.
La rémunération moyenne des personnes en place (RMPP)
La RMPP
est une notion salariale qui permet de mesurer l'évolution moyenne du
pouvoir d'achat de la rémunération des agents présents
d'une année sur l'autre.
La progression de la RMPP mesure l'évolution de la fiche de paye moyenne
des fonctionnaires en place. Elle est calculée sur les effectifs
présents sur deux exercices consécutifs. Elle intègre en
effet les facteurs suivants contribuant à la hausse des
rémunérations des agents :
- l'effet en moyenne des mesures générales (revalorisation
du point fonction publique, attribution uniforme de points d'indice ou de prime
exceptionnelle...) y compris l'effet report des mesures mises en oeuvre au
cours de l'exercice précédent ;
- les mesures catégorielles qui sont ciblées sur certains
groupes d'agents (réformes statutaires, revalorisations
indemnitaires) ;
- le GVT (glissement-vieillissement-technicité) positif, ou GVT
structurel, ou « effet de carrière », soit l'effet
positif des avancements d'échelons et des promotions de grades ou de
corps hors incidence directe des mesures catégorielles.
Le salaire moyen par tête (SMPT)
Le SMPT
est une notion financière et budgétaire, qui permet d'analyser
l'évolution de la dépense.
La progression du SMPT mesure l'évolution de la masse salariale à
effectifs constants. Elle rend donc compte de l'évolution du coût
moyen d'un agent.
Elle est la résultante de la progression des salaires des agents en
place, mesurée par la RMPP, et de l'effet de la modification de la
structure des rémunérations induit par les mouvements
d'entrées et de sorties (effet entrées-sorties), principalement
lié à la différence de niveau de
rémunération entre les agents qui quittent la fonction publique
en fin de carrière et les agents qui débutent. Cet effet est
généralement négatif, bien qu'il comptabilise
également en sens inverse le remplacement d'agents peu qualifiés
par de jeunes agents plus diplômés. Le niveau de l'effet
entrées-sorties est actuellement estimé à - 1,5
%.
11(
*
)
La somme du GTV positif pris en compte dans le calcul de la RMPP et de l'effet
entrées-sorties est appelée GVT solde.
En réalité, les fruits de la croissance ont été
bien mieux partagés au sein de la fonction publique que dans le secteur
privé.
Ce phénomène est mis en évidence par le tableau ci-dessous
qui compare les évolutions salariales dans la fonction publique et dans
le secteur privé :
Il apparaît ainsi que l'évolution des salaires moyens dans la
fonction publique est supérieure à celle du secteur privé.
Si la progression des salaires dans le secteur privé est plus importante
à partir de 1997, elle ne permet cependant pas de rattraper l'avance
prise par les traitements des fonctionnaires en début de période.
Ce tableau montre également que, sur la période,
l'évolution moyenne annuelle de l'inflation s'établit à
1,9 %. Dès lors, les gains de pouvoir d'achat sont plus importants dans
la fonction publique que dans le secteur privé.
La comparaison des salaires moyens nets révèle que la
progression des salaires des agents de l'Etat dépasse de six points
celle observée dans le secteur privé, respectivement + 8,3 % et +
2,3 %.
Le tableau ci-après récapitule les différentes mesures de
revalorisation dont ont bénéficié les fonctionnaires de
l'Etat depuis 1997 :
Les mesures de revalorisation des rémunérations publiques
depuis 1998
Année 1998
Les mesures de revalorisation catégorielle et d'amélioration de
carrière prévues pour l'année 1998 sont
évaluées à 350 millions d'euros
12(
*
)
(2,3 milliards de francs) dans la loi de
finances initiale pour 1998.
Le plan de revalorisation de la condition enseignante représente
environ 121,96 millions d'euros (800 millions de francs).
Les mesures catégorielles spécifiques aux différents
départements ministériels représentent près de 230
millions d'euros (1,5 milliard de francs), dont près de 61 millions
d'euros (400 millions de francs) au titre de transformations d'emplois.
Au total, les mesures catégorielles ont apporté en 1998 une
contribution de près de 0,7 point à la hausse des
rémunérations des agents de l'Etat.
Ces mesures s'entendent avant prise en compte des dispositions en faveur des
bas salaires de l'accord salarial du 10 février 1998 (soit
plus de 76 millions d'euros - 500 millions de francs - en rebasage 1999)
et avant prise en compte de l'effet de l'indemnité de compensation de la
CSG, soit de l'ordre de 137,20 millions d'euros (900 millions de francs).
Ces mesures apportent une contribution supplémentaire de 0,4 point
à la hausse des rémunérations des agents de l'Etat.
Au total, les mesures de nature catégorielle ont donc atteint un montant
de 550 millions d'euros (3,6 milliards de francs) en 1998.
Année 1999
Les mesures de revalorisation catégorielle et d'amélioration de
carrière prévues pour l'année 1999 sont
évaluées à près de 500 millions d'euros
(3,3 milliards de francs) dans la loi de finances initiale pour 1999.
Le plan de revalorisation de la fonction enseignante représente
près de 122 millions d'euros (800 millions de francs).
Les mesures catégorielles spécifiques aux différents
départements ministériels représentent près de 150
millions d'euros (1 milliard de francs), dont plus de 30,50 millions d'euros
(200 millions de francs) au titre de transformations d'emplois.
Les dispositions en faveur des bas salaires de l'accord salarial du
10 février 1998 représentent dans le budget 1999 plus
de 210 millions d'euros (1,4 milliard de francs), dont un peu plus de 76,22
millions d'euros (500 millions de francs) au titre de rebasage des mesures
mises en oeuvre dès 1998 au titre de l'accord salarial.
Au total, les mesures catégorielles ont apporté en 1999 une
contribution de près de 0,9 point à la progression de la
masse salariale des agents en place.
Année 2000
En 2000, le plan pluriannuel de revalorisation de la fonction enseignante a
été poursuivi à hauteur de 180 millions d'euros
(1,2 milliard de francs). Des mesures ministérielles
spécifiques ont également été mises en oeuvre
à hauteur de 210 millions d'euros (1,4 milliard de francs). Enfin,
l'effet en 2000 des mesures en faveur des bas salaires de l'accord salarial du
10 février 1998 a été pris en compte, pour un
montant total de 53,36 millions d'euros (350 millions de francs).
Le coût de l'ensemble des mesures catégorielles (y compris les
transformations d'emplois) pour les ministères civils et la
défense
13(
*
)
, est de 490 millions d'euros
(3,2 milliards de francs), dont 200 millions d'euros (1,3 milliard de
francs) au titre des transformations d'emplois, soit une contribution de plus
de 0,8 point à la progression de la rémunération des
agents de l'Etat.
Année 2001
En 2001, plus de 121,96 millions d'euros (800 millions de francs) seront
consacrés à la poursuite des plans catégoriels de la
fonction enseignante. Par ailleurs, 230 millions d'euros (1,5 milliard de
francs) sont consacrés à d'autres mesures catégorielles
ministérielles.
Au total, 350 millions d'euros (2,3 milliards de francs) ont
été prévus au titre des mesures catégorielles.
Année 2002
En 2002, la poursuite des plans catégoriels de l'éducation
nationale devrait coûter environ 128 millions d'euros (839,62
millions de francs). En outre, le ministère de l'éducation
nationale devrait bénéficier d'une enveloppe de plus de
56 millions d'euros (367,34 millions de francs) destinée à
financer d'autres mesures catégorielles (mesures indemnitaires,
statutaires ou transformations d'emplois).
Par ailleurs, une enveloppe de 145 millions d'euros environ (951,14
millions de francs) sera distribuée aux autres ministères pour la
mise en oeuvre de mesures catégorielles ministérielles. Les
principaux bénéficiaires seront le ministère de
l'intérieur (67 millions d'euros, soit 439,49 millions de francs),
celui de la justice (53 millions d'euros, soit 347,66 millions de francs),
ainsi que celui du ministère de la défense (52 millions
d'euros, soit 341,10 millions de francs).
Au total 457 millions d'euros environ (3 milliards de francs) ont
été budgétés en 2002 pour le financement des
mesures catégorielles.
B. LA NÉCESSAIRE TRANSPARENCE DES RÉMUNÉRATIONS PUBLIQUES
La
Cour des comptes, dans ses deux rapports publics particuliers consacrés
à la fonction publique de l'Etat, a amplement démontré
l'opacité des rémunérations, en particulier des
rémunérations accessoires, des fonctionnaires.
Le gouvernement, suite à ces rapports accablants, a pris un certain
nombre de mesures destinées à donner plus de transparence aux
rémunérations publiques. Il s'agit notamment de la publication
systématique des textes indemnitaires, ainsi que d'une veille
renforcée sur la régularité du fondement juridique servant
de base à ces dispositifs.
Le principe de transparence a ainsi été consacré par la
circulaire conjointe fonction publique FP 7 n° 1960/budget
2 B n° 99-846 en date du 1
er
octobre 1999,
adressée aux directions chargées du personnel dans les
différents ministères afin de leur rappeler notamment les
règles de publicité des textes de nature indemnitaire.
Les décrets et arrêtés indemnitaires sont désormais
tous publiés au Journal Officiel après examen préalable et
accord du ministère chargé de la fonction publique et du
ministère chargé du budget. A l'occasion de la publication des
arrêtés de revalorisation se référant à des
décrets non publiés, les administrations concernées sont
invitées à y adjoindre un nouveau décret reprenant les
dispositions du texte non publié.
Près de 30 dispositifs
concernant huit ministères ont ainsi été publiés
depuis le 1
er
octobre 1999.
En outre, un travail de refonte et de publication intégrale des
indemnités versées est entrepris dans plusieurs ministères
de manière à en consolider le fondement juridique.
Ainsi, le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
travaille actuellement à la simplification des régimes
indemnitaires servis à ses agents, afin de prendre en compte les
suggestions formulées par la Cour des comptes dans son dernier rapport
public sur la fonction publique de l'Etat.
En flux, le bilan chiffré au 1
er
août 2001 indique
que le nombre de textes non publiés a d'ores et déjà
été sensiblement réduit. En ce qui concerne le
« stock » de textes non publiés, ces derniers font
l'objet d'une publication ponctuelle, à l'occasion de leur modification
ou de la publication de leurs textes d'application.
Les bornes indiciaires des grades de fonctionnaires et des emplois doivent
également figurer dans le tableau annexé au
décret n° 48-1148 du 10 juillet 1948 portant
classement hiérarchique des grades et emplois des personnels civils et
militaires de l'Etat relevant du régime général des
retraites, y compris en ce qui concerne les grades et emplois hors
échelle.
Par ailleurs, dans le cadre de la budgétisation de l'ancien dispositif
des rémunérations accessoires, ont été
créées deux indemnités qui étaient financées
sur des comptes de tiers par les recettes des prestations d'ingénierie
réalisées par les services des ministères chargés
de l'équipement et de l'agriculture.
Ont ainsi été instituées, d'une part, l'indemnité
spécifique de service au bénéfice des agents des corps
techniques du ministère de l'équipement par le décret
n° 2000-136 du 18 février 2000, et, d'autre part,
une prime spéciale en faveur de certains personnels du ministère
chargé de l'agriculture par le décret n° 2000-239 du
13 mars 2000.
Ces indemnités reprennent « à droit
constant » les caractéristiques des
rémunérations accessoires. Elles ont été inscrites
au budget voté pour l'année 2000 pour un total de 200
millions d'euros (1,34 milliard de francs), à raison de 138,82
millions d'euros (910,6 millions de francs) pour le ministère de
l'équipement, de 63,60 millions d'euros (417,2 millions de francs)
pour le ministère de l'agriculture, et de 2,25 millions d'euros
(14,74 millions de francs) pour celui de l'environnement.
Parallèlement, les contributions des collectivités
bénéficiaires des activités d'ingénierie publique
font également l'objet d'une réintégration dans le budget
général à compter de 2000, sous forme de
rémunérations pour service rendu.
Dans le même objectif de transparence, et conformément aux
engagements pris par le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie devant la représentation nationale lors du débat sur
le projet de loi de finances pour 2000, l'achèvement de la
réintégration au budget général des recettes et
dépenses extrabudgétaires, liées notamment à
l'activité de gestion de l'épargne par le Trésor public,
est intervenu dans la loi de finances pour 2001.
Tableau « transparence » (au 1 er août 2001)
Ministère |
Indemnités |
Observations |
|||
Affaires
|
Indemnités forfaitaires pour
travaux
|
Arrêté du 15 octobre 1971 non publié : arrêté en cours d'examen |
|||
Agriculture |
Indemnité de sujétions spéciales aux personnels techniques des centres régionaux de la |
Arrêté du 15 décembre 1976 non publié: en cours d'examen |
|||
|
propriété forestière |
|
|||
|
Régime indemnitaire des ingénieurs d'armement |
Décret n° 2000-1292
|
|||
Défense |
Indemnité de difficulté d'accès |
Décret n° 2000-1108
|
|||
|
|
+ arrêté remplaçant une lettre Budget |
|||
|
Régime indemnitaire des personnels civils
|
Décret n° 2000-883 du
|
|||
|
Indemnité différentielle des professeurs des écoles |
Décret n° 99-965
|
|||
Éducation |
Indemnité logement du directeur CNED |
Décret n° 2000-1145 du
|
|||
nationale |
|
+ arrêté remplaçant une lettre budget |
|||
|
Régime indemnitaire du directeur INED |
Décret n° 2000-984 du
|
|||
|
|
+ arrêté remplaçant une lettre Budget |
|||
|
Régime indemnitaire des membres de l'IGEN et de l'IGAEN |
Lettre
Budget du
|
|||
|
Régime indemnitaire des personnels de Direction des établissements publics |
Lettres Budget portant sur les situations |
|||
|
|
individuelles: en cours d'examen |
|||
|
Régime indemnitaire des directeurs régionaux
|
Décrets n° 99-876 et 99-877
|
|||
Environnement |
|
remplaçant des textes non publiés |
|||
|
Régime indemnitaire de la filière administrative
|
Décret du 2 août 1972 :
|
|||
Emploi et |
Régime indemnitaire des membres de l'IGAS |
Lettre Budget du 2 janvier 1996: |
|||
solidarité |
|
dispositif en cours d'examen |
|||
Équipement |
Rémunération des ingénieurs du génie rural, |
Décret du 16 mai 1979 non publié : pas de suite à l'observation de la |
|||
|
Eaux et
forêts détachés auprès d'établissements
|
fonction publique |
|||
Intérieur |
Indemnité de fidélisation (police nationale) |
Décret n° 99-1055 du
|
|||
|
Indemnité pour charges pénitentiaires |
Décret n° 99-900
|
|||
|
|
+ arrêté remplaçant des textes non publiés |
|||
|
Indemnité forfaitaire (services d'insertion et de probation - pénitentiaire) |
Décret n° 99-901
|
|||
|
|
+ arrêté remplaçant des textes non publiés |
|||
Justice |
Prime de sujétions spéciales |
Décret n° 99-902
|
|||
|
(pénitentiaire) |
+ arrêté remplaçant des textes non publiés |
|||
|
Indemnité de responsabilité
|
Décret n° 99-903
|
|||
|
|
+ arrêté remplaçant des textes non publiés |
|||
|
Régime indemnitaire des membres du Conseil d'Etat |
Décret n° 2000-981 du 6 octobre 2000 |
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+ arrêté remplaçant une lettre Budget fixant le taux moyen de l'indemnité |
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Collaborateurs auprès de parlementaires ou |
Décret n° 2000-756 du 1 er août remplaçant un décret non publié |
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Personnalités chargés de missions par le PM |
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Commission interministérielle des matériels d'imprimerie et de reproduction (CIMIR) |
Décret du 7 mai 1984 + arrêté non publié : pas de suite à |
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l'observation de la fonction publique |
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Premier |
Frais de représentation |
Décret du 26 janvier 1970 non publié |
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ministre |
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(interministériel) : nouveau décret |
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en cours d'examen au Budget |
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Régime indemnitaire des chargés de mission et agents sur contrat de 1 ère ` catégorie du SGDN |
Décret du 9 mai 1988 non publié: |
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en cours d'examen |
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Collaborateurs permanents du service central de la sécurité des systèmes d'information (SGDN) |
Décret du 6 mai 1988
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1993 non publiés : en cours d'examen |
Comment réformer le régime indemnitaire des
heures
supplémentaires
des fonctionnaires de l'Etat ?
La
rénovation du régime indemnitaire des heures
supplémentaires est actuellement entreprise dans le double but de :
- consolider les heures supplémentaires actuellement versées
comme complément de rémunération, sous la forme d'un
régime indemnitaire indépendant de la réalisation d'heures
supplémentaires, et tirer ainsi les conséquences des observations
formulées par la Cour des comptes sans entraîner de perte de
rémunération pour les personnels ;
- créer un dispositif d'indemnisation des heures supplémentaires
réelles, utilisable en fonction des besoins des services, dans les
ministères qui auront mis en place les instruments adéquats de
suivi du temps de travail, en cohérence avec les dispositions
adoptées dans le cadre du processus d'aménagement et de
réduction du temps de travail.
Divers travaux portant sur les pratiques actuelles ont été
conduits sur ce thème avec les administrations gestionnaires. Un groupe
de travail associant les représentants des organisations syndicales a
également été amené à formuler des
observations sur ce projet.
Deux projets de décret sont en cours d'élaboration.
Le premier texte instituerait une indemnité d'administration et de
technicité, conformément aux voeux de la Cour des comptes,
permettant, sur une base réglementaire solide, la consolidation des
indemnités horaires pour travaux supplémentaires actuellement
forfaitisées.
Le bénéfice de cette indemnité serait plus lié
à l'exercice de travaux ou à la réalisation d'heures
supplémentaires. Le montant moyen pourrait varier en fonction de la
manière de servir des agents.
Le second texte rénoverait le dispositif existant en matière
d'indemnisation des heures supplémentaires et fixerait le nouveau taux
d'indemnisation.
Afin d'éviter la reconstitution de pratiques forfaitaires, le
règlement d'heures supplémentaires serait subordonné
à leur réalisation effective. Des arrêtés valideront
les dispositifs proposés dès lors que les ministères
auront mis en place des instruments adéquats de décompte du temps
de travail, et mis au point une politique d'heures supplémentaires en
étudiant, métier par métier, la nécessité de
recourir ou non à un nombre d'heures de travail plus important que celui
résultant de la durée réglementaire.
Il est envisagé d'étendre le champ des personnels
concernés par les heures supplémentaires au-delà du seuil
indiciaire actuel, le bénéfice de cette extension demeurant, en
tout état de cause, réservé à certains agents, en
fonction de critères statutaires ou fonctionnels et non plus indiciaires.
Les heures supplémentaires réelles pourraient, le cas
échéant, être cumulées avec l'indemnité
d'administration et de technicité.
Ces textes devraient entrer en application au 1
er
janvier 2002 afin
d'être en cohérence avec le passage aux 35 heures.
IV. LES 35 HEURES DANS LA FONCTION PUBLIQUE : UN PIÈGE POUR LE GOUVERNEMENT
Suite à l'échec, à la fin de l'hiver 2000, des négociations engagées avec les organisations syndicales en vue de parvenir à un accord-cadre national relatif à la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail dans la fonction publique, le gouvernement avait renvoyé les négociations au niveau ministériel, et a publié un décret relatif à l'aménagement et à la réduction du temps de travail dans la fonction publique de l'Etat 14( * ) , qui entrera en vigueur au 1 er janvier 2002.
Les principales dispositions du décret du 25 août 2000
Le
décret du 25 août 2000 définit les principes de la
réduction du temps de travail dans la fonction publique de l'Etat :
- la durée du travail effectif est fixée à 35 heures par
semaine dans les services et établissements publics administratifs de
l'Etat ainsi que dans les établissements publics locaux
d'enseignement ;
- le décompte du temps de travail est réalisé sur la base
d'une durée annuelle de travail effectif de 1.600 heures maximum,
étant précisé que cette durée annuelle peut
être réduite pour tenir compte des sujétions liées
à la nature des missions et à la définition des cycles de
travail qui en résultent ;
- l'organisation du travail doit respecter des garanties minimales, sauf
exception : lorsque l'objet même du service public en cause l'exige
en permanence, notamment pour la protection des personnes et des biens, et
lorsque des circonstances exceptionnelles le justifient ;
- le travail est organisé selon des périodes de
référence dénommées cycles de travail, les horaires
de travail étant définis à l'intérieur du cycle,
qui peut varier entre le cycle hebdomadaire et le cycle annuel ; les
cycles de travail sont définis par arrêtés
ministériels, et peuvent être définis par service ou par
nature de fonction ; les conditions de mise en oeuvre de ces cycles et les
horaires de travail en résultant sont définis pour chaque service
ou établissement.
Le gouvernement a toutefois affirmé à plusieurs reprises,
notamment au Sénat lors de l'examen des crédits de la fonction
publique et de la réforme de l'Etat, que la réduction du temps de
travail dans la fonction publique serait réalisée à
effectifs constants.
Or, il semble que le gouvernement soit confronté à de très
grandes difficultés au cours de ces négociations, qui, pour
l'instant, n'ont abouti que dans deux ministères : celui de la
défense et celui de l'environnement. Par ailleurs, il devrait y avoir,
selon l'expression du ministre, «
un non accord non
conflictuel
», aux ministères de l'équipement et de
l'agriculture.
Ces négociations donnent lieu à des conflits sociaux,
précisément en raison du refus de la part du gouvernement
d'assortir la réduction du temps de travail de créations
d'emplois. Il est vrai que, de ce point de vue, le gouvernement s'est
placé lui-même dans une situation pour le moins paradoxale :
répéter à l'envi que les 35 heures créent beaucoup
d'emplois... sauf dans la fonction publique ! Il est vrai que le rapport
Roché sur le temps de travail dans les trois fonctions publiques avait
montré que le passage aux 35 heures demanderait, dans certaines
administrations, de travailler plus...
Pour sortir de ces difficultés, le gouvernement est donc
contraint :
- de s'affranchir de la réglementation qu'il a lui-même
édictée :
par exemple, au ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie, certains agents pourraient
bénéficier d'une durée annuelle de travail de
1.530 heures, voire de 1.420 heures (au lieu des 1.600 heures
prévues) ;
- de créer des emplois, malgré ses engagements
réitérés en sens contraire :
il a ainsi
prévu la création de 45.000 emplois sur trois ans dans la
fonction publique hospitalière, pour un coût de 1,52 milliard
d'euros (10 milliards de francs). Ainsi, les personnels hospitaliers de
nuit, qui sont déjà aux 35 heures, devraient progressivement
passer, d'ici au 1
er
janvier 2004, à une semaine de travail
de 32 heures 30, ce qui ne peut évidemment qu'inciter les syndicats de
la fonction publique à prendre ce cas en exemple pour en demander la
généralisation à l'ensemble des fonctionnaires soumis
à des sujétions professionnelles particulières.
Le passage aux 35 heures dans la fonction publique : présentation de la méthodologie
Les
agents de la fonction publique, comme les salariés du secteur
privé, bénéficieront de la réduction du temps de
travail et de son aménagement. Les modalités de mise en oeuvre de
cet objectif doivent néanmoins être adaptées aux
spécificités de chacun des secteurs de l'administration.
Dans la fonction publique, les objectifs sont d'abord le progrès social
et l'amélioration de la qualité du service, la perspective
d'élaboration de règles permettant de donner aux agents des
garanties utiles, ainsi que la promotion d'une politique de gestion des
ressources humaines rénovée, dans le cadre d'une mise en oeuvre
déconcentrée et décentralisée de
l'aménagement et de la réduction du temps de travail.
La réduction du temps de travail devant être effective au
1
er
janvier 2002, il importait de déterminer un
cadre national strict afin de permettre un traitement égal de l'ensemble
des fonctionnaires. C'est le sens du décret n° 2000-815 du
25 août 2000 relatif à l'aménagement et à
la réduction du temps de travail dans la fonction publique de l'Etat.
Après une phase de diagnostics qui a permis à chaque
administration d'établir un état des lieux des pratiques
actuelles en matière de temps de travail, des négociations sont
en cours dans chaque département ministériel. Elles portent sur
l'ensemble des points évoqués ci-dessus et permettront
l'établissement d'un cadre national aussi consensuel que possible au
sein de chaque ministère, en vue de la mise en place d'un projet
d'aménagement et de réduction du temps de travail
répondant aux attentes des usagers de l'administration et des agents.
Plusieurs ministères sont parvenus à conclure un accord dans ce
cadre : après le ministère de la défense et celui de
l'aménagement du territoire et de l'environnement, les ministères
de l'éducation (personnels IATOS), de la jeunesse et des sports viennent
de conclure, ainsi que les services du Premier ministre.
Dans d'autres ministères (ministères de l'équipement, des
transports et du logement, de l'agriculture, de l'intérieur), le
dialogue n'a pas conduit à des accords formels mais les organisations
syndicales ont eu l'occasion d'apprécier le dispositif proposé
aux agents à l'issue des discussions. Le ministère de
l'économie et des finances a choisi la voie de l'expérimentation
et de l'anticipation, et environ deux tiers de ses agents appliquent
déjà le nouveau régime.
Source : ministère de la fonction publique et de la
réforme de l'Etat.
CHAPITRE QUATRE
LES RETRAITES PUBLIQUES :
IMMOBILISME ET
CONSERVATISME
Votre
rapporteur spécial s'en était déjà
inquiété l'année dernière : la question du
financement des retraites des fonctionnaires de l'Etat va se poser
rapidement, l'explosion du coût des pensions de la fonction publique
étant déjà programmée.
Le rapport économique, social et financier annexé au projet de
loi de finances pour 2001 comportait des développements
extrêmement intéressants sur ce point
15(
*
)
. Votre rapporteur spécial déplore que
ce type d'informations, extrêmement utile au cours des débats
budgétaires, soit absent du rapport économique, sociale et
financier annexé au présent projet de loi de finances.
Le « papy boom » dans la fonction publique aura, si rien
n'est fait, des conséquences dramatiques sur le budget de l'Etat.
Or, le gouvernement n'a pris aucune mesure à même d'engager la
moindre réforme. Il s'est contenté d'installer un Conseil
d'orientation des retraites (COR), dont les premiers travaux, empreints de
sérieux et d'objectivité, concluent à la
nécessité d'agir, et mettent en exergue les écarts entre
le régime vieillesse des salariés du privé et celui des
fonctionnaires, à l'avantage des seconds.
Dans une des notes rédigées à l'occasion de la
réunion du COR du 4 juillet dernier, on peut lire que
«
l'allongement à 40 ans de la durée de cotisation
pour les fonctionnaires diminuerait les besoins de financement pour les
retraites des fonctionnaires et irait dans le sens d'une réduction des
inégalités entre les salariés du secteur privé et
ceux du secteur public
».
Par ailleurs, le COR a également souligné que
ces
disparités entre les retraites publiques et privées vont
s'accroître en l'absence de modification législative
. Les taux
de remplacement (rapport entre le dernier salaire et la pension versée)
sont aujourd'hui relativement proches entre les secteurs public et
privé, puisqu'ils varient de 55 % à 72 % du salaire brut
dans le premier, et de 55 % à 70 % dans le second (retraites
complémentaires comprises). Si rien n'est fait, le taux de remplacement
se situera en 2040 entre 45 % et 57 % dans le secteur privé, mais entre
55 % et 75 % pour les fonctionnaires.
Votre rapporteur spécial considère qu'il faut saisir
l'opportunité de l'évolution démographique qui va affecter
la fonction publique pour réduire le nombre de fonctionnaires et doter
notre pays d'un Etat moins lourd mais plus efficace. Il est également
favorable à un alignement de la durée de cotisation des
fonctionnaires, aujourd'hui de 37,5 années, sur le droit commun
applicable aux salariés du secteur privé, soit 40 ans depuis la
réforme courageuse de 1993.
I. UN PHÉNOMÈNE DÉMOGRAPHIQUE : LA MOITIÉ DES FONCTIONNAIRES VA PARTIR À LA RETRAITE D'ICI 10 ANS
Le tableau ci-après présente les prévisions de départs à la retraite d'ici 2015 pour les civils hors PTT des principaux ministères. Les données portant sur les années 1999 et 2000 sont issues de la dette viagère.
Selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie,
«
ces données sont à considérer avec prudence
car établies sur la base d'un modèle de répartition par
ministère relativement grossier, supposant un maintien des comportements
de départ actuels sans changement de la
réglementation
». Le rythme des départs est
fonction de la pyramide des âges de chaque ministère, qui
reflète les politiques de recrutement intervenues depuis 30 ans.
On observe globalement une croissance probable du nombre de nouveaux
retraités de 47.000 à 69.000 par an d'ici 2008 pour les seuls
fonctionnaires civils hors PTT. Les flux diminueraient ensuite progressivement
jusqu'à 60.000 par an en 2015.
Les sorties de l'éducation nationale, qui représentent
actuellement entre 67 et 68 % des sorties de fonctionnaires civils (hors
PTT), devraient progresser jusqu'en 2008, pour atteindre un niveau de
près de 45 000 sorties puis régresser sensiblement.
Pour la plupart des autres ministères, le nombre de départs
s'accroît également jusqu'en 2008-2009, mais moins rapidement,
puis se stabilise. Vers 2015, les départs de l'éducation
nationale ne devraient représenter qu'un peu plus de la moitié
des départs de fonctionnaires civils.
II. LES CHARGES DE PENSION : UNE DYNAMIQUE BUDGÉTAIRE EXTRÊMENT VIVE
A. UNE PROGRESSION DE 58 % DEPUIS 1990
La
charge des pensions publiques est passée de 18,05 milliards d'euros
(118,40 milliards de francs) en 1990 à 28,54 milliards d'euros
(187,21 milliards de francs) en 2000, soit une
progression de 58,1 % en
10 ans.
Le dynamisme des charges de pensions
La
progression des dépenses de pensions en francs courants provient, pour
plus des deux tiers, de l'amélioration de la pension moyenne servie aux
retraités, tant pour les nouveaux retraités
(« flux » annuels de départs à la retraite)
que pour les anciens retraités (« stock » des
comptes de pensionnés).
Le solde de l'augmentation résulte de facteurs démographiques.
Ainsi, concernant les départs en retraite de l'année 1999,
l'évolution de la pension moyenne à la liquidation des retraites
des fonctionnaires civils et des militaires a été de 42,8 %,
soit 4 % par an en moyenne en francs courants (ou 2,4 % en francs
constants). Pour les seuls civils, la progression de la pension moyenne a
été de 40,8 % (soit 3,9 % par an en francs courants et
2,2 % en francs constants).
Cette progression très favorable des pensions moyennes a eu sur la
période pour corollaire une diminution sensible de la part en nombre des
pensions portées au minimum garanti à la liquidation. Les
pensions portées au minimum garanti représentaient 19,7 %
des pensions liquidées en 1990, puis seulement 11,7 % de cet
ensemble en 1999 (soit une baisse de 0,9 point par an), la baisse
étant plus sensible et régulière chez les civils (de
20,9 % en 1990 à 11 % en 1999) que chez les militaires (de
16,9 % en 1990 à 14,4 % en 1999, mais avec des inversions de
tendance en cours de période).
Plus précisément, l'analyse montre que l'amélioration de
la pension moyenne des flux se réalise notamment par
l'intermédiaire des effets des mesures catégorielles et de
l'élévation structurelle des qualifications, qui induisent une
hausse de l'indice retenu pour la liquidation des pensions (l'indice moyen des
pensions des fonctionnaires civils partant à la retraite chaque
année est passé de 471 en 1990 à 561 en 1999). Elle est
également la conséquence de l'augmentation du taux de liquidation
des nouveaux pensionnés (essentiellement due à l'allongement de
la durée de carrière des intéressés), ce taux
étant passé de 65,2 % en 1990 à 68,1 % en 1999
pour les fonctionnaires civils (et de 65,2 % à 67,0 % pour les
militaires).
B. L'EXPLOSION PROGRAMMÉE DU COÛT DES PENSIONS
Le
graphique suivante illustre parfaitement
l'inéluctabilité de
l'explosion du coût des retraites publiques
, qui devrait passer de
30,53 milliards d'euros (200,26 milliards de francs) en 2001 à
53,31 milliards d'euros (349,69 milliards de francs) en 2015, soit une
progression de 74,6 % en 15 ans.
Le caractère insupportable de cette charge budgétaire impose des
réformes urgentes que le gouvernement a toujours refusé de
prendre.
Le régime de retraite des fonctionnaires de l'Etat, des militaires et des magistrats
Il
s'agit d'un régime :
- unique
, à la différence de celui dont relèvent
les salariés du secteur privé qui bénéficient
à la fois d'un régime de base « assurance
vieillesse » et d'un ou plusieurs régimes
complémentaires obligatoires ;
- législatif et réglementaire
, commun aux fonctionnaires
civils et militaires, qui fonctionne selon le système de la
répartition et non par capitalisation des cotisations versées par
les assujettis, le montant des prestations accordées aux
retraités n'étant pas déterminé par celui des
retenues de 7,85 % (sur le traitement brut) acquittées par l'agent
pendant son activité, mais dépendant uniquement de l'indice
terminal de fin de carrière (détenu pendant au moins six mois) et
de la durée de services validée ;
- budgétaire
, dont l'Etat couvre la plus grande partie du
financement - le total des cotisations versée par les personnels
affiliés, de la contribution employeur versée par les offices et
établissements publics autonomes et des contributions de La Poste et de
France Télécom représentant moins de 33 % du
coût global. Les pensions, attribuées conformément aux
dispositions du code des pensions, sont inscrites au Grand Livre de la Dette
publique et payées par le Trésor public. Il n'existe pas de
cotisation de l'employeur et le montant des retenues pour pensions
payées par les fonctionnaires n'est pas directement affecté au
service des dépenses de pensions ;
- global
, en ce sens qu'il couvre à la fois les risques
vieillesse et invalidité, contrairement à l'assurance-vieillesse
du régime général, dans lequel la protection contre
l'invalidité est assurée par la branche maladie jusqu'à
l'âge de 60 ans. Les pensions d'invalidité versées aux
militaires, aux fonctionnaires civils ou aux magistrats au titre des
infirmités contractées pendant leur carrière sont, en
outre, cumulables intégralement avec les revenus provenant d'autres
activités.
Ce régime spécial, dont s'inspirent ceux de certaines entreprises
publiques est coordonné selon le principe de
l'interpénétration des carrières avec celui des
collectivités territoriales (CNRACL) et celui des ouvriers de l'Etat
(FSPOEIE). Les services accomplis dans un de ces régimes sont repris
dans les autres lors de la liquidation de la pension, sans qu'aucun transfert
financier ne soit opéré entre ces régimes.
Il est coordonné au régime général de
l'assurance-vieillesse. Le droit à pension des fonctionnaires est acquis
dès qu'ils ont 15 ans de services effectifs, sauf dans le cas d'une
mise à la retraite pour invalidité résultant du service.
Dans le cas contraire, les agents sont reversés au régime
général et au régime complémentaire de l'IRCANTEC
(Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de
l'Etat et des collectivités publiques). La période est
réputée avoir été accomplie dans ces régimes
et les intéressés sont rétablis dans leurs droits
auprès d'eux, moyennant reversement par le régime spécial
des retenues pour pensions opérées sur le traitement et paiement
des cotisations patronales.
Ce régime assure, pour un fonctionnaire ayant effectué une
carrière complète (soit 37,5 annuités
validées), une pension égale à 75 % de son dernier
traitement indiciaire dès lors qu'il atteint l'âge de 60 ans.
Ce montant est, le cas échéant, majoré lorsque le
fonctionnaire a élevé au moins trois enfants. Une fois la pension
liquidée, elle est périodiquement revalorisée et lorsque
le fonctionnaire décède, ses ayants-cause
bénéficient éventuellement d'une pension de
réversion.
En outre, il convient de garder à l'esprit que les retraites des
fonctionnaires constituent la majeure partie des
engagements
« hors-bilan » de l'Etat
, et cela pour des montants
considérables.
Les
engagements au titre des retraites des fonctionnaires :
entre 595 et 686 milliards d'euros
Dans son
rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 2000, la
Cour des comptes a approfondi son analyse des engagements hors-bilan de l'Etat.
«
La Cour a souhaité que lui soit communiqué le
chiffrage des engagements de l'Etat au titre des pensions des
fonctionnaires
», dans le cadre du contrôle de
l'exécution des lois de finances.
La Cour des comptes a ainsi été destinataire d'un courrier de la
secrétaire d'Etat au budget, dont il ressort que, «
en
fonction du taux d'actualisation retenu (6 ou 5 %), l'ordre de grandeur des
engagements hors bilan de l'Etat au titre des retraites des fonctionnaires peut
être estimé comme s'inscrivant dans une fourchette
d'évaluation comprise entre 594,55 milliards d'euros (3.900
milliards de francs) et 686,02 milliards d'euros (4.500 milliards de
francs)
».
III. UNE SEULE SOLUTION : NE PAS REMPLACER CHAQUE DÉPART À LA RETRAITE DE FONCTIONNAIRE
De 2001
à 2010, 619 200 fonctionnaires civils devraient partir
à la retraite. Le nombre de départs en retraite, en passant de
50.500 en 2001 à 67.000 en 2010, entraînera ainsi, toutes choses
égales par ailleurs, un coût cumulé supplémentaire
estimé à 2,42 milliards d'euros (15,9 milliards de francs) en
2010.
A titre de comparaison, le remplacement de 95 % de ces départs
nécessiterait 588.200 nouveaux recrutements et engendrerait,
hors évolution du
point fonction publique
, une
économie annuelle estimée à 980 millions d'euros
(6,4 milliards de francs) en 2010 par rapport à une
évolution tendancielle basée sur un remplacement à
100 %.
En abaissant le taux de remplacement de 95 % à 75 %, le nombre
de fonctionnaires recrutés durant la même période ne serait
plus que de 464 000. Par rapport à une stabilisation des effectifs,
l'économie annuelle générée en 20010 serait alors,
toujours hors évolution du point fonction publique
, de
31,9 milliards de francs.
Le
non remplacement total des départs en retraite en 2002
permettrait de dégager une économie de l'ordre de
1,8 milliard d'euros (11,81 milliards de francs) en 2002 (pour une
réduction d'effectifs d'environ 55.000 fonctionnaires civils). En
2007, hors évolution du point fonction publique, cette économie,
estimée à 2,2 milliards d'euros (14,43 milliards de
francs) pour le flux des départs de l'année
(68.000 départs non remplacés), permettrait d'obtenir une
économie annuelle cumulée de 11,6 milliards d'euros
(76,09 milliards de francs), ce qui correspondrait à
365.000 agents non remplacés de 2002 à 2007, soit
près de 22 % des effectifs budgétaires de fonctionnaires des
ministères civils.
Le
remplacement d'un départ sur deux
induirait le recrutement de
l'ordre de 27.500 fonctionnaires en 2002, soit une économie de
0,9 milliard d'euros (5,90 milliards de francs), par rapport à
une situation de stabilisation des effectifs. En 2007, hors évolution du
point fonction publique, cette économie permettrait d'obtenir une
économie annuelle cumulée de 5,8 milliards d'euros
(38,05 milliards de francs).
Le
non remplacement de 5 % des départs à la retraite
nécessiterait 347.000 nouveaux recrutements et engendrerait, hors
évolution du point fonction publique, une économie annuelle
estimée à 0,6 milliard d'euros (3,94 milliards de
francs) en 2007 par rapport à une évolution tendancielle
basée sur un remplacement de 100 %.
La
stabilisation des effectifs de 2001 à 2007
se traduirait, hors
évolution de la valeur du point fonction publique, par une progression
des dépenses de rémunération au seul rythme des mesures
catégorielles et des effets dus au GVT solde
16(
*
)
. Elle ne se traduit donc pas par une économie.
Le pauvre bilan du gouvernement en matière de retraites, en particulier publiques
Le choix
du gouvernement, exprimé par le Premier ministre lors de sa
déclaration sur l'avenir des retraites, le 21 mars 2000, est
celui de la consolidation des régimes de retraite par
répartition. Dans ce cadre, le gouvernement a proposé une
démarche fondée sur cinq grands principes :
- la concertation dans l'élaboration et la progressivité dans la
mise en oeuvre des meures ;
- la recherche d'une plus grande équité et d'une
solidarité plus forte entre les régimes afin de préserver
le pacte social entre les générations et au sein des
générations (garantie d'un niveau de retraite suffisant,
adaptations des différents régimes aux évolutions
démographiques).
S'agissant des régimes des fonctionnaires,
cette solidarité pourrait passer par un alignement progressif de la
durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés du
secteur privé
;
- l'introduction de plus de souplesse, quant à l'âge de cessation
d'activité, pour mieux respecter les choix des individus ;
- l'anticipation des évolutions démographiques afin
d'équilibrer les charges entre les générations par la
création du fonds de réserve des retraites.
Dans ce contexte, le Premier ministre a proposé aux fonctionnaires de
conclure un pacte sur les retraites fondé sur un
principe
d'équité entre les salariés du privé et les
fonctionnaires
, et visant à garantir et à défendre
leurs retraites.
A ce stade, le gouvernement a pris certaines mesures concrètes, comme la
constitution du fonds de réserve des retraites. D'autre part, le Conseil
d'orientation des retraites (COR), organisme de concertation permanent
associant (à l'exception du MEDEF) l'ensemble des acteurs
concernés, a été créé il y a un an.
Cet organisme associe des représentants des assurés sociaux et
des employeurs, des parlementaires, des représentants de l'Etat et des
personnalités « qualifiées ». Composé
d'une trentaine de membres, il se réunit à
périodicité rapprochée (une fois par mois). Plusieurs
missions lui ont été confiées par le Premier
ministre :
- il assure le suivi des évolutions économiques, sociales ou
démographiques sur les régimes de retraite. Il établit
régulièrement (tous les deux ans) un bilan qu'il adressera au
gouvernement et au Parlement et qui sera rendu public (le Conseil doit remettre
son premier rapport d'ici à la fin 2001) ;
- il veille à l'équité et à la nécessaire
solidarité entre les régimes ;
- il doit proposer des mesures au gouvernement si les réformes
engagées ne lui semblent pas garantir l'équilibre à terme
des différents régimes, ou si les évolutions
constatées devaient amener à des disparités entre les
régimes susceptibles de menacer la cohésion du système par
répartition ;
- il suit les discussions qui seront menées dans chaque régime en
vue de l'équilibre. Garant du maintien de la cohésion du
système de retraite, il vérifiera que les efforts engagés
par chacun des régimes sont répartis de manière
équitable. A l'issue de ces négociations, il en établira
le bilan.
En instituant le Conseil d'orientation des retraites, il s'est agi de
créer, comme cela a été fait dans d'autres pays, les
conditions d'un pilotage permanent du système français
d'assurance vieillesse. Comme l'ont indiqué tous les rapports parus
récemment (rapports Charpin, Teulade, Taddéi), une réforme
du mode de pilotage des retraites est un élément essentiel pour
que les décisions puissent être préparées avec la
continuité et la vision d'ensemble nécessaires.
Le COR doit remettre son premier rapport dans les prochains mois et devrait
faire au Gouvernement, au-delà du diagnostic, des propositions de
réformes visant à consolider les régimes, et notamment les
régimes de fonctionnaires.
Les premiers éléments de
projection diffusés par le COR
, qui restent provisoires et doivent
être considérés à ce stade avec précaution,
confirment la dérive tendancielle des charges de retraites
globalement et pour les principaux régimes, dont ceux des
fonctionnaires, rendant ainsi nécessaire une nouvelle phase de
réforme.
Source : ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie.
CHAPITRE CINQ
LA « RÉFORMETTE » DE
L'ÉTAT
I. LA RÉFORME DE L'ÉTAT SELON LE GOUVERNEMENT : AFFICHAGE ET MICRO-DÉCISIONS
A. L'ABSENCE CRIANTE DE PROJET
Trop
souvent, le gouvernement se contente, en matière de réforme de
l'Etat, d'afficher des axes de réforme nombreux et ambitieux, mais se
limite, dans les faits, à un ensemble de micro-décisions.
Suite à la réunion du comité interministériel pour
la réforme de l'Etat (CIRE) du 12 octobre 2000, le site Internet du
ministère de la fonction publique et de la réforme de l'Etat
n'affiche ainsi pas moins de 17 axes de réforme
17(
*
)
!
Mais, indéniablement, le
gouvernement manque d'un projet d'ensemble.
M. Michel Sapin, dans un article qu'il a publié en juin
dernier
18(
*
)
, écrivait :
«
Loin d'un irréel grand soir,
[la réforme de
l'Etat]
est faite de réalités quotidiennes, de mesures
nouvelles constatées sur le terrain, d'engagements nombreux, individuels
et collectifs
».
Aussi le gouvernement a-t-il dû se sentir quitte de sa tâche,
lorsqu'il a annoncé
ses deux principales mesures de l'année
2001 : la suppression de la fiche individuelle d'état civil, et la
suppression récente de la certification conforme de copies de
documents...
Certes, ces décisions ne sont pas négligeables
puisqu'elles simplifieront la vie de nos concitoyens, mais elles en disent
surtout long sur la part d'archaïsme que recèle encore
l'administration française, et paraissent
peu ambitieuses, notamment
au regard des réformes, parfois profondes, qu'ont entreprises les
principaux pays développés.
Le comité interministériel pour la réforme de l'Etat du 15 novembre 2001
Le 15
novembre dernier, le comité interministériel à la
réforme de l'Etat (CIRE) s'est réuni, sous la présidence
du Premier ministre, et a adopté une série de mesures concernant
trois aspects de la réforme de l'Etat :
1°) l'administration électronique :
il s'agit notamment
de généraliser les téléservices publics d'ici 2005,
tant en direction des usagers que des agents publics, tout en préservant
et renforçant la protection des données personnelles ;
2°) la gestion des ressources humaines :
un
pré-recrutement d'agents publics devrait être mis en place afin de
diversifier le recrutement dans la fonction publique ; des
« troisièmes concours » et concours sur titres
seront généralisés ; un plan triennal de
développement de l'emploi et d'insertion des personnes
handicapées sera présenté par chaque
ministère ; le dispositif de notation des fonctionnaires devrait
être réformé, un entretien d'évaluation étant
rendu obligatoire ; la publication de tous les systèmes de primes
devrait être achevée d'ici juin 2002 ;
3°) la gestion publique :
afin de promouvoir la
responsabilité et l'autonomie, dans le cadre des principes posés
par la loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de
finances, une méthode et un calendrier de mise en oeuvre de cette
réforme ont été définis.
B. LA RÉFORME DE L'ÉTAT À L'ÉTRANGER : DES ENSEIGNEMENTS À TIRER POUR LA FRANCE
Au cours
de l'année 2001, votre rapporteur spécial a effectué une
étude comparative sur la réforme de l'Etat dans 21 pays
étrangers d'un niveau de développement comparable à celui
de la France
19(
*
)
. Or, la quasi-totalité
des exemples étrangers montre l'existence d'une
nette
corrélation entre la réduction du format et des missions de
l'Etat et une réforme de celui-ci
susceptible d'obtenir quelque
succès significatif.
La réforme de l'Etat apparaît, dans de très nombreux pays,
comme une
nécessité
faisant consensus, bien plus souvent
que comme un choix politique partisan : la réforme de
l'organisation administrative, de la procédure budgétaire ou de
la fonction publique a été engagée suite à des
difficultés, parfois très sérieuses, dont les
gouvernements étaient bien décidés à sortir.
Ces
réformes ont été, le plus souvent, soutenues, tant par
l'opinion publique que par les grandes formations politiques et organisations
syndicales
, sans regain de conflits sociaux particuliers, et au-delà
des alternances politiques.
La première orientation de la réforme de l'Etat concerne la
modernisation de la gestion publique, qui vise à apprécier les
résultats obtenus par les administrations et services publics.
Si
l'état d'avancement de ces réformes varie selon les pays, la
tendance générale est la même : attention
portée aux résultats plus qu'aux moyens, introduction de
nouvelles méthodes comptables, adoption de méthodes proches de
celles existant dans le secteur privé.
Le deuxième volet est relatif aux réformes, parfois profondes,
qu'a subies la fonction publique :
gestion des ressources humaines
dynamisée, assouplissement des dispositions statutaires, voire
alignement sur le droit du travail, plus grandes possibilités de
rémunération au mérite, sensibilisation des fonctionnaires
aux résultats de l'administration par la responsabilisation et la
recherche de l'efficacité.
Le troisième axe de la réforme de l'Etat concerne la
simplification et la modernisation des structures administratives :
systèmes administratifs reposant sur des agences, souvent puissantes et
gérées comme des entreprises privées, amélioration
de la qualité du service rendu, intérêt porté
à la satisfaction des usagers-clients, réforme des
administrations centrales, simplification des démarches administratives,
développement de l'administration électronique.
C. LA QUALITÉ ENCORE MÉDIOCRE DE CERTAINS SERVICES PUBLICS
Plutôt que de publier un nombre impressionnant de
circulaires,
dont la mise en oeuvre effective se fait attendre, ce qui n'est du reste pas
étonnant puisque l'ensemble de ces textes tend trop souvent à
constituer un galimatias à la portée normative extrêmement
réduite,
le gouvernement devrait s'attacher à améliorer
la qualité des services publics.
Parmi ses 17 priorités de réforme de l'Etat, figure
l'amélioration de la qualité de l'accueil et du service rendu aux
usagers. Or, la lecture du rapport annuel 2001 de l'Inspection
générale des affaires sociales (IGAS), intitulé
Les
institutions sociales face aux usagers
, montre qu'il reste de très
amples efforts à fournir pour atteindre cet objectif.
Sans entrer dans les détails, votre rapporteur spécial rappellera
simplement que, selon l'IGAS, les services publics sanitaires et sociaux ont
besoin de «
se réformer profondément pour s'adapter
aux nouveaux besoins
» des usagers. Si des progrès
importants ont été accomplis depuis une vingtaine d'année,
le rapport note que «
les usagers ont encore des raisons
d'être mécontents, parfois pour des raisons
particulièrement sérieuses
». Quelques exemples
suffiront à illustrer les défaillances qui persistent :
«
une difficulté générale à traiter
les usagers les plus fragiles
», «
une
administration insuffisamment réceptive aux plaintes des
usagers
», «
un droit de recours très
affaibli
», «
organiser le service public autour de
l'usager
», «
en finir avec le splendide isolement
des institutions
»...
Le retard pris par les travaux d'évaluation
La
circulaire du 28 décembre 2000 a confié l'animation des
missions d'évaluation à une nouvelle instance, le Conseil
national de l'évaluation (CNE), composée notamment d'élus
et de personnalités qualifiées, qui propose et suit un programme
annuel soumis au Premier ministre. Son secrétariat est assuré par
le Commissariat général au Plan.
Pour parvenir à produire des résultats et des conclusions
opérationnelles, la circulaire cible les évaluations sur des
questions claires permettant d'aboutir, en principe dans des délais
brefs, à des résultats opérationnels. Elles n'ont donc pas
un caractère de projets de recherche qui ressortissent à d'autres
dispositifs.
Outre les politiques mises en oeuvre par l'Etat et ses établissements
publics, l'évaluation porte également sur celles mises en oeuvre
avec le concours des collectivités territoriales, notamment dans le
cadre des contrats de plan, mais également, à leur demande, sur
celles mises en oeuvre exclusivement par les collectivités territoriales.
Les rapports d'évaluation sont systématiquement publiés,
assortis de l'avis du CNE, dont le rapport annuel, qui porte sur la pertinence
et l'efficacité du dispositif, est rendu public.
L'Etat intégrera l'évaluation dans la définition de ses
priorités d'action et dans la justification de ses
décisions :
- lors de la publication du programme annuel d'évaluation par le choix
des thèmes reflétant les grands enjeux des politiques
publiques ;
- lors de la publication des rapports d'évaluation en faisant
connaître, sur proposition du Commissariat général au Plan,
dans un délai de deux mois, les suites à donner.
A ce jour, cinq projets d'évaluation, mis en place de
novembre 1999 à avril 2000, sont en cours, dont trois seront
présentés à l'automne 2001 :
1. l'aide aux emplois non-marchands
2. les emplois-jeunes au ministère de la jeunesse et des sports
3. la qualité des eaux potables pour la consommation humaine
4. le logement social dans les DOM
5. la lutte contre le SIDA de 1999 à 2000
Il convient néanmoins de souligner la lenteur de ces travaux
d'évaluation
, puisqu'il aura fallu deux ans depuis le
démarrage de l'étude, et trois ans depuis la circulaire, pour que
soient connues les conclusions du CNE.
Le CNE n'a donc rendu à ce jour aucun avis, ce qui se fera à
remise des rapports. Il a néanmoins déjà entendu les
présidents de chacune de ces missions.
Il aurait été sans doute très intéressant pour
le Parlement de disposer de chacun de ces trois rapports d'évaluation
pour l'examen du projet de loi de finances pour 2002.
Le comité interministériel pour la réforme de l'Etat du
12 octobre 2000 a en outre validé trois propositions du
CNE : les politiques de formation des agents de l'Etat, la
sécurité routière et le développement rural. Ces
évaluations seront publiées durant le second semestre 2002.
Pour 2001, le Premier ministre a validé la mise en place de
quatre nouvelles évaluations :
1. les fonds structurels et les politiques régionales
2. la politique du service public des déchets ménagers
3. les aides aux très petites entreprises
4. les politiques de transport combiné rail/route
Le budget de chacune de ces évaluations se situe entre 230.000 et
380.000 euros (1,5 et 2,5 millions de francs).
II. LE « PRÉALABLE À LA RÉFORME DE L'ÉTAT », UNE INITIATIVE PARLEMENTAIRE
Il
convient toutefois de rappeler avec force que l'année 2001 a vu
l'adoption de la plus importante réforme de l'Etat engagée
depuis 1958 : le vote de la loi organique du 1
er
août
2001 relative aux lois de finances
, qui réforme profondément
l'ordonnance du 2 janvier 1959.
Votre rapporteur spécial ne reviendra évidemment pas sur le
contenu de ce nouveau texte fondamental, qui vise à satisfaire deux
objectifs principaux :
- réformer le cadre de la gestion publique pour l'orienter vers les
résultats et la recherche de l'efficacité ;
- renforcer la transparence des informations budgétaires et la
portée de l'autorisation parlementaire.
Cette nouvelle loi organique, qui constitue, selon l'expression du
Président Alain Lambert, «
le préalable à la
réforme de l
'
Etat
», est une initiative du
Parlement, le Sénat ayant contribué à enrichir
considérablement le texte définitif.
Or, le gouvernement a tendance à s'attribuer l'initiative de cette
réforme d'envergure. Il conviendrait qu'il s'attache surtout à la
mettre en oeuvre avec application, par exemple pour la mise en place
d'indicateurs de résultats
20(
*
)
.
La
mise en place d'indicateurs de résultats :
les conclusions du comité d'enquête sur le coût et le
rendement des services publics
Au cours
de cette année, le comité d'enquête sur le coût et le
rendement des services publics, dont est membre votre rapporteur
spécial, a consacré une étude à la mise en place
d'indicateurs de résultats dans les trois ministères
suivants : l'éducation nationale, la justice et la police nationale.
Le rapport indique clairement que ses conclusions portent sur les seuls
indicateurs de résultats, «
à distinguer des
indicateurs d'activités et de moyens qui concernent ce que l'on a pu
appeler la « productivité » de
l'administration
». Il précise également que
«
la question de l'usage de ces indicateurs, et en particulier des
conséquences qu'on en tire en termes d'allocation de moyens, est
restée volontairement ouverte car elle fait encore largement l'objet de
débats
».
Le rapport tire de ces trois expériences un certain nombre de
conclusions et fait plusieurs recommandations, dont les suivantes :
- si l'état d'avancement des trois expériences et
différent, l'éducation nationale présentant une avance
relative, elles ont néanmoins des points communs importants ;
- il convient de distinguer indicateurs de résultats et indicateurs
d'activité, «
sous peine de risques contre-productifs
d'efficacité. Par exemple, une diminution des redoublements dans un
établissement scolaire entraînera des économies, mais ne
sera pas obligatoirement en rapport avec une amélioration des acquis des
élèves. La notion de délai moyen de jugement qui a
constitué l'essentiel de la communication du ministère de la
justice sur l'activité des juridictions pose des problèmes
analogues
» ;
- la recherche d'un indicateur de résultat unique est à
proscrire ;
- il faut s'efforcer d'éliminer les facteurs externes
d'efficacité, qui faussent les comparaisons éventuelles ;
- l'usage des indicateurs de résultats ne doit pas seulement rester
interne à l'administration, mais susciter des débats publics,
notamment en direction des usagers des services publics : ils doivent donc
être rendus publics ;
- grâce à une formation adéquate des responsables
administratifs, les indicateurs de résultats doivent devenir un outil
essentiel du management public.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
de sa réunion du jeudi 18 octobre 2001, la commission,
présidée par M. Alain Lambert, président, a
procédé à l'examen des
crédits de la fonction
publique et de la réforme de l'Etat
, sur le rapport de
M. Gérard Braun, rapporteur spécial
.
M. Gérard Braun, rapporteur spécial,
a expliqué que
l'examen des crédits de la fonction publique appelait
deux
analyses distinctes
:
-
la première est juridique
et porte sur la
présentation des crédits du ministère chargé de la
gestion de la fonction publique, qui sont individualisés dans le budget
des services généraux du Premier ministre au sein de
l'agrégat « fonction publique ».
Ces
crédits s'élèvent à 216,92 millions d'euros en
2002, soit un niveau stable par rapport à 2001 ;
- la seconde analyse est économique et concerne l'ensemble des charges
de personnel de l'Etat, c'est-à-dire les crédits de
rémunération, les charges sociales et les pensions, qui
s'établissent à 112,5 milliards d'euros
en 2002,
soit 43,3 % des dépenses du budget général,
après 42,2 % en 2001.
S'attachant à examiner les charges de personnel de l'Etat, il a
indiqué que les dépenses de fonction publique « stricto
sensu » s'élevaient à environ
109 milliards
d'euros, soit une progression de 4,6 %, c'est-à-dire 4,8 milliards
d'euros de plus que l'année dernière, alors que les
dépenses du budget général doivent progresser de 2 % en
2002. Il a rappelé que la fonction publique de l'Etat
« induisait » des dépenses qui vont bien
au-delà des seules charges liées aux fonctionnaires. Hors
modifications de périmètre,
ces dépenses induites
étaient, en 2000, de 115,10 milliards d'euros, soit une progression
à champ constant de 3 % par rapport à l'année
précédente.
M. Gérard Braun, rapporteur spécial
, a ensuite fait part
des trois observations que lui inspiraient les dotations allouées
à la fonction publique et à la réforme de l'Etat pour
2002, en tentant de présenter le bilan de l'action du gouvernement au
cours de la législature.
Il a d'abord constaté que la fonction publique avait été
la première priorité du gouvernement tout au long de la
législature.
Depuis 1997, le nombre de fonctionnaires a
considérablement augmenté, près de 28.000 nouveaux emplois
budgétaires ayant été créés. Ce chiffre
montre bien ce qu'il faut penser des souhaits, un temps exprimés, du
Premier ministre de voir « geler » l'emploi public. Ces
créations massives d'emplois publics ont repris l'année
dernière et s'amplifient en 2002, puisque le présent projet de
loi de finances prévoit la création de 15.892 emplois
supplémentaires, dont 14.611 au sein des services de l'Etat, et 1.281
dans les établissements publics. Une fois encore, le ministère de
l'éducation nationale bénéficie de la majorité de
ces créations d'emplois, soit plus de 7.700, alors que le nombre des
élèves et des étudiants continue de diminuer. Le
rapporteur spécial a regretté que, comme d'habitude, le
gouvernement préférait différer la réflexion qu'il
convient pourtant d'engager d'urgence sur la façon d'adapter le format
de l'Etat suite aux départs à la retraite très nombreux de
fonctionnaires au cours des prochaines années. Il a
précisé qu'étaient également prévues un
certain nombre de mesures destinées à « remettre en
ordre » les personnels de l'Etat, notamment au titre de la
résorption de l'emploi précaire dans la fonction publique et de
la régularisation de surnombres. Au total, ce sont donc plus de 29.000
emplois budgétaires supplémentaires qui sont créés
par le projet de loi de finances pour 2002, après plus de 20.800 en 2001.
M. Gérard Braun, rapporteur spécial
, s'est
inquiété de ce que la question du devenir des emplois-jeunes
n'était en rien réglée, en dépit du
« battage » médiatique orchestré à la
fin du printemps par le gouvernement sur le plan de
« consolidation » de son dispositif. Il a relevé que
le gouvernement avait régulièrement modifié ses objectifs
en matière d'emplois-jeunes, ayant cru un moment atteindre fin 2000, au
lieu de la fin 2002, la création de 350.000 de ces emplois. En outre,
son objectif a changé de nature, puisqu'il ne s'agit plus de le mesurer
en stock mais en flux. Au 30 juin dernier, il y avait 328.000 jeunes
embauchés dans ce dispositif, alors que le gouvernement note que ledit
dispositif vise à « porter à 360.000 à la fin
2002, le nombre des jeunes qui auront bénéficié du
programme depuis sa création
». L'ambiguïté
de ces différentes formulations aboutit à ne plus savoir si les
chiffres fournis doivent être compris en stock ou en flux ! Il a
considéré que, si les emplois étaient consolidés,
les dépenses seraient aussi pérennisées : bien que,
pour la première fois, les dotations allouées aux emplois-jeunes
diminuent, de 3,6 %, soit 3,23 milliards d'euros, il a noté que le
chapitre budgétaire concerné faisait l'objet d'une importante
surdotation, puis d'une régulation non moins importante en cours
d'année. En tout état de cause, il reste impossible de savoir ce
que deviendront les jeunes ainsi embauchés, ce qui ne manque pas de
susciter leur inquiétude, comme l'a montré la récente
manifestation des aides-éducateurs.
Le rapporteur spécial a observé que, sur le plan
budgétaire également, la fonction publique avait
été la véritable priorité du gouvernement depuis
1997. D'une part, les rémunérations publiques sont de plus en
plus coûteuses. Le coût de l'accord salarial du
10 février 1998 s'est établi à 6,30 milliards d'euros
dans l'ensemble des trois fonctions publiques sur la période 1998-2000.
L'échec des négociations salariales visant à couvrir la
période suivante a conduit le gouvernement à prendre des mesures
unilatérales, dont le coût, pour la seule fonction publique d'Etat
s'élève à près de 3 milliards d'euros et
à 5,20 milliards d'euros pour les trois fonctions publiques. Par
ailleurs, afin de maintenir le pouvoir d'achat des fonctionnaires, compte tenu
d'une inflation plus importante que prévu, le ministre a annoncé
un « coup de pouce » supplémentaire de 0,4 % au
1
er
mars prochain, pour un coût de 445 millions d'euros.
D'autre part, il semble que le budget général ne va plus servir
qu'à assurer la rémunération des fonctionnaires. La part
croissante des dépenses de personnel accentue en effet la
rigidité du budget de l'Etat, d'autant plus que cette croissance est
largement automatique. Les dépenses liées à la fonction
publique ont augmenté d'environ 16 % depuis le début de la
législature, et représentent plus de 70 % de la progression des
dépenses au titre des 10 premiers postes du budget
général, soit, depuis 1997, 15 milliards d'euros sur 21
milliards.
M. Gérard Braun, rapporteur spécial
, a
déploré que les 35 heures dans la fonction publique deviennent un
piège dans lequel le gouvernement s'est cependant lui-même
enfermé. Ayant affirmé à plusieurs reprises, notamment au
Sénat l'année dernière, que la réduction du temps
de travail dans la fonction publique de l'Etat serait réalisée
à effectifs constants, le gouvernement se trouve aujourd'hui
confronté à d'extrêmes difficultés pour
négocier le passage aux 35 heures. Les négociations
engagées sont particulièrement longues et laborieuses, et donnent
lieu à de multiples conflits sociaux. Pour sortir de ces
difficultés, le gouvernement se voit dès lors contraint de
s'affranchir de la règle qu'il a lui-même édictée,
au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie en
particulier, et de créer des emplois, malgré tout. Il a ainsi
annoncé la création de 45.000 emplois nouveaux dans la fonction
publique hospitalière, sans compter que les personnels hospitaliers de
nuit vont progressivement passer à une semaine de travail de
32 heures 30, les syndicats allant probablement prendre ce cas en exemple
pour en demander la généralisation à l'ensemble des
fonctionnaires soumis à des sujétions professionnelles
particulières.
M. Gérard Braun, rapporteur spécial
, a ensuite
exprimé sa déception de voir qu'aucune réforme
structurelle n'avait été engagée dans la fonction publique
depuis le début de la législature. Le dossier des retraites
publiques constitue le cas le plus emblématique, mais aussi le plus
dramatique, de l'immobilisme du gouvernement. Il a rappelé que
l'explosion du coût des pensions de la fonction publique était
d'ores et déjà programmée, et a indiqué que le
Conseil d'orientation des retraites, créé en juillet 2000 pour
« gagner du temps », avait fait le même constat,
notant en outre que les disparités entre les retraites publiques et
privées allaient s'accroître en l'absence de modification
législative, et exprimant son souhait, comme le rapporteur
spécial le fait depuis plusieurs années, de procéder
à un alignement de la durée de cotisation des fonctionnaires,
aujourd'hui de 37,5 années, sur le droit commun applicable aux
salariés du secteur privé, soit 40 ans. Il a ajouté que le
gouvernement n'avait quasiment rien fait non plus en matière de gestion
des ressources humaines dans la fonction publique. Les conclusions du premier
rapport public particulier de la Cour des comptes, publié en janvier
2000, ont malheureusement été confirmées par le
deuxième, datant d'avril dernier : l'Etat est un employeur
accablant. De surcroît, la Cour des comptes note que les mesures prises
par le gouvernement à la suite de ses premières enquêtes
« ne concernent que quelques ministères et sont de
portée limitée ».
Enfin,
M. Gérard Braun, rapporteur spécial
, abordant la
question de la réforme de l'Etat depuis 1997, a dû constater que
celui-ci n'avait fait l'objet que de simples
« réformettes ». Se contentant d'affichage,
notamment au travers d'un nombre impressionnant de circulaires
particulièrement complexes, le gouvernement se limite dans les faits
à un ensemble de micro-décisions, sans projet d'ensemble. Il a
ironisé sur la suppression de la fiche individuelle d'état civil
et sur celle de la certification conforme de copies de documents, le
gouvernement croyant ainsi avoir réformé l'Etat ! Il a
estimé, au contraire, que ces décisions en disaient long sur
l'archaïsme de notre administration, et qu'elles paraissaient peu
ambitieuses au regard des réformes, parfois profondes, entreprises par
les principaux pays développés, dont la France ferait bien de
tirer quelques enseignements. Il a également noté que les
instruments dont notre pays s'était doté pour impulser la
réforme de l'Etat manquaient bien souvent d'ambition, à l'exemple
du fonds pour la réforme de l'Etat qui se contente de saupoudrer des
crédits sur l'ensemble du territoire afin de cofinancer des
opérations qui ont un lien pour le moins ténu avec la
réforme de l'Etat. Il a considéré que le gouvernement
ferait mieux de s'attacher à véritablement améliorer la
qualité des services publics, le rapport annuel de l'Inspection
générale des affaires sociales, par exemple, consacré aux
liens entre les institutions sociales et leurs usagers, ayant montré
qu'il restait de très amples efforts à fournir pour
améliorer la qualité de l'accueil et du service rendu.
Il a conclu en rappelant que « le préalable à la
réforme de l'Etat », c'est-à-dire la réforme de
l'ordonnance organique de 1959, était, elle, en revanche, une initiative
du Parlement, qui avait voté la loi du 1
er
août 2001
relative aux lois de finances, qui permettra de réformer le cadre de la
gestion publique pour l'orienter vers les résultats et la recherche de
l'efficacité, et de renforcer la transparence des informations
budgétaires et la portée de l'autorisation parlementaire.
Un débat s'est ensuite engagé.
M. Alain Lambert, président,
a noté qu'en matière
de fonction publique, qui est visiblement sa principale priorité, le
Gouvernement avait atteint son objectif au cours de la présente
législature au regard des masses budgétaires en jeu. Rappelant
que le rapporteur spécial avait effectué au cours de
l'année un contrôle du fonds pour la réforme de l'Etat, il
lui a demandé si le projet de loi de finances pour 2002 tirait les
conséquences de ses conclusions.
M. Maurice Blin
s'est dit frappé par la
« répétition du mal », le Gouvernement
restant sourd aux recommandations du Sénat comme à celles de la
Cour des comptes en matière de fonction publique. Il a noté que
la France était un pays sur-administré, ce qui entraînait
des incidences économiques lourdes et des effets sociaux
également importants. Il a pourtant relevé que beaucoup de nos
voisins avaient réduit le nombre de leurs fonctionnaires et
pratiqué le redéploiement des effectifs. A cet égard, il a
reconnu ne pas comprendre le refus du Gouvernement de supprimer la redevance
audiovisuelle, qui semble uniquement motivé par le fait qu'il faudrait
reclasser les 1 400 fonctionnaires affectés au recouvrement de
cette taxe. Il s'est enquis de la surdotation en effectifs des administrations
centrales par rapport aux services déconcentrés de l'Etat. Enfin,
il a souhaité connaître le coût engendré par le
passage aux 35 heures dans la fonction publique.
M. Alain Joyandet
a noté le paradoxe de nouvelles
créations d'emplois au ministère de l'éducation nationale
alors que les effectifs des élèves et des étudiants
diminuaient régulièrement. Il a également voulu savoir le
nombre de fonctionnaires mis à disposition d'autres administrations.
M. Gérard Braun, rapporteur spécial
, a rappelé que
la France comptait 9,5 fonctionnaires pour 100 habitants, contre 6
pour 100 habitants en Europe, alors que l'administration française n'est
pas manifestement plus efficace. Il a indiqué que les crédits du
fonds pour la réforme de l'Etat diminueraient en 2002, passant de 16,6
à 13,7 millions d'euros, ce qui prouve l'utilité toute
relative de ce fonds, d'autant plus que le Gouvernement continue d'afficher la
réforme de l'Etat parmi ses priorités. Il a estimé que,
selon lui, la réforme de l'Etat nécessitait une volonté
politique, un dialogue social approfondi mais aussi le recours à
l'opinion publique. Il a rappelé que le projet de réforme de
l'administration fiscale, présenté en son temps par M. Christian
Sautter, prévoyait de redéployer les effectifs de certaines
directions au bénéfice d'autres directions, en contact direct
avec les usagers. L'abandon de cette réforme a également
signifié le renoncement à cette option. S'agissant des effectifs
des administrations centrales, il n'existe pas de règle
générale, l'éducation nationale ayant depuis quelques
années sensiblement réduit le nombre de fonctionnaires centraux,
tandis que le ministère de l'emploi et de la solidarité a connu
un mouvement inverse. Rappelant les propos du ministre de la fonction publique,
il a indiqué que, en théorie, la réduction du temps de
travail dans la fonction publique de l'Etat ne devrait rien coûter
puisqu'elle devait être réalisée à effectifs
constants. Compte tenu des extrêmes difficultés que rencontre le
Gouvernement au cours des négociations en vue du passage aux
35 heures, le rapporteur spécial a toutefois mis en doute la
neutralité budgétaire des 35 heures dans la fonction
publique. Il a indiqué que, depuis 1997, le nombre des fonctionnaires du
ministère de l'équipement avait globalement diminué, mais
que le présent projet de loi de finances prévoyait paradoxalement
la création de 280 nouveaux emplois budgétaires dans ce
ministère. L'augmentation continue des personnels enseignants de
l'éducation nationale est motivée, selon le Gouvernement, par
l'amélioration des taux d'encadrement des élèves et des
étudiants, mais il a rappelé que ces personnels étaient
globalement très mal gérés et qu'il existait donc une
marge de manoeuvre à utiliser pour ne plus augmenter ces effectifs.
Enfin, il a précisé que, fin 1998, 5 400 agents
étaient mis à disposition d'autres administrations, la
moitié dans les services de l'Etat et les établissements publics
administratifs et un tiers auprès d'organismes associatifs assurant une
mission d'intérêt général.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé de
réserver sa position sur les crédits inscrits à
l'agrégat « fonction publique », jusqu'à
l'examen du rapport consacré aux crédits des services
généraux du Premier ministre.
MODIFICATION APPORTÉE
PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
L'Assemblée nationale, à l'initiative du
gouvernement,
a adopté un article 78 (
nouveau
) qui tend à
reconduire
pour 2002 le congé de fin d'activité bénéficiant
aux agents publics de l'Etat, des collectivités territoriales et des
hôpitaux, et à augmenter le plafond de contribution des employeurs
territoriaux au fonds de compensation de la cessation progressive
d'activité.
• Le CFA est issu du protocole de départ anticipé pour
l'emploi des jeunes dans la fonction publique, signé le 16 juillet
1996 entre le ministre de la fonction publique de l'époque, et six
organisations syndicales représentatives des personnels de l'Etat. Il a
ensuite été étendu en application de l'accord salarial du
10 février 1998.
Ces accords ont été mis en oeuvre par la loi n° 96-1093 du
16 décembre 1996, modifiée de façon successive en
1997, 1998, 1999 puis 2000. Actuellement, le dispositif est applicable jusqu'au
31 décembre 2001.
Le CFA permet aux agents publics, titulaires ou non, d'au moins 58 ans, ou
de 56 ans s'ils justifient de 40 années de cotisations et de 15
années de services, de prendre une retraite anticipée. Il a
été conçu de façon similaire à l'allocation
de remplacement pour l'emploi (ARPE), négociée par les
partenaires sociaux au bénéfice des salariés du secteur
privé.
Le dispositif a concerné, en 2000, 11.444 nouveaux agents de l'Etat,
dont près de 72 % pour le seul ministère de l'éducation
nationale. Près de la moitié (45 %) des agents entrés dans
le dispositif étaient âgés de 58 ans.
Son coût, pour la seule fonction publique de l'Etat, s'est établi
à 334 millions d'euros (2,19 milliards de francs) en 2000, et
devrait s'élever à 410 millions d'euros (2,69 milliards de
francs) pour l'année 2001.
En 2000,
sept sections ministérielles ont ainsi contribué, pour plus de 98
%, à la dépense totale constatée : l'enseignement
scolaire (70,6 %), l'économie, les finances et l'industrie (12,3 %),
l'équipement (5,1 %), l'enseignement supérieur (4,6 %), la
défense (2,1 %), l'intérieur (1,7 %) et l'agriculture (1,4 %).
• Par ailleurs, le présent article augmente le plafond de
contribution des employeurs territoriaux au fonds de compensation de la
cessation progressive d'activité (FCCPA), créé par la
l'article 6 de la loi n° 84-7 du 3 janvier 1984 ratifiant et
modifiant notamment l'ordonnance n° 82-298 du 31 mars 1982 relative
à la cessation progressive d'activité des agents titulaires des
collectivités locales et de leurs établissements publics à
caractère administratif.
Ce fonds supporte le financement à hauteur des deux tiers de
l'indemnité de 30 % perçue, en sus de leur traitement, par les
agents placés en position de cessation progressive d'activité,
et, depuis 1999, il participe également au financement du congé
de fin d'activité au titre des agents titulaires territoriaux.
Le gouvernement a estimé que le poids croissant des charges
assumées par le FCCPA rendait nécessaire l'augmentation du
plafond de la contribution à la charge des employeurs.
En outre, il est fixé pour 2002 un plafond de trésorerie
égal à 150 millions d'euros (983,94 millions de francs) pour
garantir le financement de la CFA dans la fonction publique territoriale.
L'année dernière, votre commission avait attiré votre
attention sur deux points :
«
- ce dispositif étant reconduit chaque année
depuis 1997, il convient de s'interroger sur les raisons pour lesquelles il
n'est pas, soit pérennisé, soit inscrit dans la version initiale
du projet de loi de finances ; il semble qu'il constitue, pour le
gouvernement, un élément important dans le cadre de ses
négociations avec les organisations syndicales de fonctionnaires
[...]
;
- surtout, le CFA paraît de plus en plus en contradiction avec la
nécessité d'allonger les durées d'activité, afin de
faire face aux évolutions démographiques dont les
conséquences seront extrêmement importantes sur le financement des
systèmes de retraites ; il convient donc que la reconduction de ce
dispositif soit la dernière
».
Le gouvernement n'ayant en rien modifié ses habitudes
passées
21(
*
)
, votre commission vous
propose de mettre en oeuvre les principes qu'elle avait établis à
l'occasion de la précédente reconduction du dispositif, et, par
conséquent, de
supprimer le présent article
.
ANNEXE 1
Les mesures proposées par le gouvernement afin de
remédier aux dysfonctionnements relevés par la Cour des comptes
dans son deuxième rapport relatif à la fonction publique de
l'État
Les
critiques émises par la Cour des comptes dans son travail de recensement
des effectifs réels sont le fruit d'un travail qui a commencé en
1998 et a immédiatement attiré l'attention du gouvernement. Ces
conclusions révèlent en effet les difficultés et lacunes
qui entachent la gestion des emplois budgétaires et crédits de
rémunération. Ils mettent surtout en relief l'insuffisance des
circuits d'information et des systèmes informatisés de gestion du
personnel des ministères.
Conscient des progrès à accomplir en la matière, le
gouvernement a jugé nécessaire de bâtir un cadre
interministériel dans ce but. Créé par un décret du
13 juillet 2000, installé par le ministre de la fonction publique
et de la réforme de l'Etat le 19 septembre 2000,
l'Observatoire de l'emploi public a remis son premier rapport en juin dernier.
Chargé de promouvoir des méthodes techniques de gestion
prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences, et
d'améliorer la connaissance des effectifs des fonctions publiques,
l'Observatoire a pour objectif de faire émerger une définition
partagée des concepts servant de base à la comptabilité
des effectifs et de construire des circuits ministériels d'information
pérennes permettant des agrégations au niveau
interministériel.
Travaillant avec un réseau de correspondants ministériels
désignés au sein des directions de personnels des
ministères, l'Observatoire a pu, au cours de sa première
année de travail, mesurer la pertinence des conclusions de la Cour et
les nuancer en partie, tout en tentant d'y apporter des réponses
opératoires.
Il a ainsi été constaté que la gestion des personnels,
souvent éclatée au sein de plusieurs directions d'administration
centrale pour un même ministère, souffre d'une articulation
parfois difficile avec la gestion budgétaire. Le premier rapport annuel
de l'Observatoire met notamment l'accent sur la difficulté
qu'éprouvent les administrations centrales à disposer d'une
vision globale des ressources humaines de leur ministère. La bonne
connaissance des effectifs budgétaires et réels par les
différents acteurs de la gestion des ressources humaines au niveau
élémentaire des corps n'empêche pas les difficultés
d'agrégation des données dès lors qu'une vision
transversale est recherchée. S'y ajoutent de nombreuses
difficultés pour connaître les effectifs d'agents (non titulaires
dans la très grande majorité des cas) correspondant à la
consommation des crédits de personnels dont la gestion est
déconcentrée.
Dans ce contexte, l'Observatoire de l'emploi public a tenté de trouver
un équilibre entre deux préoccupations. Il s'agissait en effet
d'une part de tenir compte d'une organisation de la gestion des ressources
humaines souvent spécifique à chaque ministère. Il fallait
d'autre part mettre en place des éléments de doctrine et de
langage communs. La première année de travail de l'Observatoire a
visé ces objectifs en engageant en particulier un travail de recensement
des effectifs budgétaires et réels grâce à une
matrice commune à tous les départements ministériels.
L'ensemble des départements ministériels se sont impliqués
activement dans cet exercice, qui devrait s'achever début 2002.
Ces travaux continueront l'année prochaine, l'effort devant notamment
porter, d'une part, sur la consolidation des systèmes de
remontées d'information au sein des ministères, et, d'autre part,
sur une meilleure connaissance des effectifs réels payés sur
crédits de rémunération, en particulier en vue de
l'application du protocole d'accord sur la résorption de l'emploi
précaire.
Cette meilleure connaissance des effectifs réels conditionne la mise en
place d'outils de gestion prévisionnelle qui permettront de mettre fin
aux latitudes parfois prises avec l'autorisation budgétaire, le plus
souvent pour faire face à des contraintes urgentes réclamant une
réaction rapide, en termes de recrutement par exemple.
Cet effort est en outre une nécessité au regard du chantier de
réforme de la gestion publique ouvert par le vote de la loi organique du
1
er
août 2001.
Le vote d'un plafond d'emplois ministériels, accompagné de la
suppression de la présentation par grade de ces emplois,
confèrera en effet aux gestionnaires de personnel une importante
liberté dans l'exécution des lois de finances en ce qui concerne
le titre des dépenses de personnel. Il contribuera à assouplir
considérablement l'autorisation par rapport à la situation
actuelle, ce qui devrait mettre fin à un certain nombre de pratiques
constatées par la Cour, liées à l'excessive
rigidité de la présentation actuelle de l'autorisation
budgétaire (surnombres par grade notamment).
En contrepartie, cette évolution impose que les administrations se
dotent de systèmes de remontée d'information sur leurs effectifs
réels leur permettant d'assurer le suivi de leur gestion en temps
réel et de rendre compte de l'exécution de la loi de finances au
Parlement dans les meilleures conditions.
Dans le cadre de la concertation interministérielle menée
parallèlement au débat parlementaire sur la refonte de
l'ordonnance, un groupe de travail a travaillé à ces aspects en
liaison avec l'Observatoire, sous l'égide de la DGAFP et de la direction
du budget. Les travaux de mise en oeuvre de la nouvelle loi organique
s'inspirent donc d'ores et déjà des conclusions des rapports de
la Cour.
ANNEXE 2
Réponses du ministre de la fonction publique et de la
réforme de l'Etat aux questions posées par votre rapporteur
spécial à partir du référé de la Cour des
comptes du 10 février 1998 relatif aux emplois dans les cabinets
ministériels
I.
L'INSUFFISANCE DU CADRE STATUTAIRE ET BUDGÉTAIRE
Question n° 1
Est-il envisagé de mettre en oeuvre des mesures visant à
donner un statut propre aux membres des cabinets ministériels, afin que
la gestion des emplois de cabinets ne constitue plus un « domaine de
non-droit » selon l'expression de la Cour des comptes ?
Réponse
La création d'un statut d'emploi propre aux membres de cabinets
ministériels et l'inscription corrélative d'emplois
budgétaires spécifiques ne garantiraient une plus grande
transparence qu'à la condition d'une certaine permanence de la structure
gouvernementale et d'une stabilité des effectifs et de la composition
des cabinets ministériels. Sans ces conditions, des contingents
d'emplois spécifiques de membres de cabinet inscrits aux budgets des
différents ministères risqueraient d'être rapidement en
décalage avec la réalité très évolutive de
l'effectif et de la composition des cabinets ministériels.
Question n° 2
Pourquoi les emplois budgétaires supportant la
rémunération des personnels employés dans les cabinets
ministériels ne sont-ils pas inscrits en loi de finances, cette
situation n'ayant aucun fondement juridique ? Indiquer si des mesures ont
été ou seront prises afin de permettre de vérifier la
stricte application des dispositions du décret du 28 juillet 1948 fixant
le nombre et la nature des emplois de cabinets ministériels.
Réponse
Sur un plan strictement budgétaire, le système actuel ne permet
pas d'identifier et de contrôler spécifiquement les emplois
affectés aux cabinets ministériels. Les nominations dans les
cabinets ministériels ne se font cependant pas au-delà des
emplois et crédits déjà ouverts par la loi de finances.
Les fonctionnaires nommés dans un cabinet ministériel sont par
définition déjà détenteurs d'un emploi
budgétaire. Le changement de situation statutaire qu'implique cette
nomination n'implique nullement un changement de support budgétaire.
Il est clair que la réforme de l'ordonnance du 2 janvier 1959 portant
loi organique relative aux lois de finances bouleversera cette perspective. En
particulier, les comptes-rendus de gestion rendront compte fidèlement de
l'utilisation en emplois de l'autorisation budgétaire
délivrée au gouvernement par le Parlement, et les emplois de
cabinet seront pleinement identifiés. Le jaune annexé au PLF 2001
présente dans cet esprit, de façon exhaustive, le nombre de
collaborateurs des ministres dans chaque cabinet, au
1
er
juillet 2000.
Question n° 3
La Cour des comptes précisant que la rémunération des
membres des cabinets ministériels est en partie financée sur les
« fonds spéciaux » inscrits au budget des services
généraux du Premier ministre, indiquer le montant total provenant
de cette source de financement, la part des « fonds
spéciaux » qu'elle représente et la répartition
par ministère pour chaque année depuis 1995.
Réponse
Le ministère de la fonction publique et de la réforme de l'Etat
ne dispose pas d'éléments retraçant l'utilisation des
fonds spéciaux.
Question n° 4
Présenter les observations du gouvernement sur le système dit
des « points-cabinet ». Est-il envisagé de
réformer ce système afin de prendre en considération les
remarques de la Cour des comptes, notamment ses critiques portant sur l'absence
de fondement juridique des « points-cabinet » ?
Réponse
Les « points-cabinet » sont assis sur des emplois
budgétaires : ils sont intégralement gagés par le
blocage d'emplois d'agents titulaires ou de contractuels et le nombre de points
cabinets utilisés est égal au produit des indices majorés
correspondant aux emplois bloqués. Le système reflète donc
l'autorisation budgétaire.
Question n° 5
A plusieurs reprises, la Cour des comptes mentionne l'exception
constituée par le ministère des affaires
étrangères, l'opacité relative à ses emplois de
cabinet étant moins grande. Pourquoi ce ministère se
distingue-t-il ainsi des autres départements ministériels ?
D'autres ministères ont-ils réalisé des progrès en
matière de transparence sur ce point depuis cette
époque ?
Réponse
La transparence montrée par le fascicule jaune mentionné
supra
ne fait pas apparaître la situation particulière d'un
ministère par rapport à un autre. C'est grâce au
développement de ce type de comptes-rendus que la capacité
d'information du Parlement sera renforcée.
II. LES DÉBORDEMENTS DU CADRE STATUTAIRE ET BUDGÉTAIRE
Question n° 6
La Cour des comptes souligne les écarts constants, s'agissant du
nombre d'emplois de cabinet, entre le droit et la pratique, accentués
par le non-respect des lettres-circulaires que le Premier ministre adressait,
jusqu'en 1996, aux ministres, fixant pourtant des normes moins strictes que
celles prévues par le décret du 28 juillet 1948. Ce non-respect
était à l'origine, notamment, de l'apparition de membres
« officieux » dans les cabinets ministériels.
Quelle appréciation le gouvernement porte-t-il sur ces observations de
la Cour des comptes ? Quelle méthode est utilisée par le
Premier ministre, depuis 1996, pour fixer le nombre des membres des cabinets
ministériels ? Est-il envisagé d'apporter des modifications
à l'annexe « jaune » consacrée aux cabinets
ministériels afin de prendre en compte les observations de la Cour des
comptes sur ce point ? Indiquer le nombre précis, quel que soit
leur statut, des membres du cabinet de chaque ministre du gouvernement actuel,
en distinguant les personnels exerçant des tâches administratives
d'une part, et les collaborateurs personnels du ministre d'autre part.
Réponse
Comme l'a relevé la Cour des comptes, les dispositions du décret
de 1948, qui n'ont pas été actualisées depuis 1954, ne
sont plus respectées depuis longtemps. Ce fut par circulaire du Premier
ministre, lorsqu'un nouveau gouvernement se constituait, que furent
déterminés les plafonds d'effectifs et, parfois, la nature des
fonctions correspondantes. Prenant en compte l'expérience du
passé, les instructions données par le Premier ministre aux
ministres et secrétaires d'Etat par circulaire du 6 juin 1997 ont eu
pour objet de laisser à chacun des membres du gouvernement la
possibilité de définir l'effectif de son cabinet. Cette
démarche pragmatique a été préférée
à la fixation d'un contingent arbitrairement uniforme, pour
éviter l'apparition de collaborateurs officieux. A la suite du
référé de la Cour, une circulaire du Premier ministre du
19 avril 1999 a précisé les règles qui gouvernent le
recrutement et la situation des membres de cabinets ministériels.
Le ministère de la fonction publique et de la réforme de l'Etat
ne tient pas de registre comptabilisant les membres de cabinet.
Question n° 7
Des mesures ont-elles été ou seront-elles prises afin
d'améliorer la lisibilité des moyens budgétaires et en
personnels alloués aux cabinets ministériels au sein des lois de
finances ?
Réponse
Une meilleure lisibilité des moyens budgétaires et en personnels
alloués aux cabinets ministériels sera apportée par une
présentation budgétaire en programmes, qui permettra de faire
apparaître des éléments analytiques permettant de calculer
des coûts complets de fonctionnement .
Question n° 8
Dresser le bilan de l'assouplissement, décidé en
février 1996, du contrôle effectué par la direction du
budget sur les frais de fonctionnement dont bénéficient les
cabinets. Leur imputation et la réalité des dépenses
est-elle désormais mieux connue ?
Réponse
Le ministère de la fonction publique et de la réforme de l'Etat
n'est pas en mesure de porter un jugement sur des procédures qui
régulent les relations entre la direction du budget et les
ministères gestionnaires.
Question n° 9
Des mesures ont-elles été ou seront-elles prises afin de
remédier, sur ce point, à la double inégalité
relevée par la Cour des comptes, concernant :
- le caractère inéquitable des moyens alloués aux
différents ministères ;
- les différences de rémunérations en dépit de
fonctions identiques ?
Réponse
La rémunération des membres de cabinets ministériels peut
être déterminée de deux façons. La première
consiste à fixer une rémunération égale à
fonctions identiques. La seconde privilégie le maintien de la
rémunération antérieure en laissant le soin aux ministres
de l'ajuster par le biais des indemnités de cabinet.
Si la Cour des comptes juge cette seconde façon de procéder
inéquitable, il faut souligner qu'il existe dans les cabinets une grande
diversité, pour une même dénomination de conseiller, de
conseiller technique ou de chargé de mission, en termes de charges de
travail, de responsabilités et de participation à la
préparation des politiques et décisions gouvernementales.
La solution actuelle tient compte de cette diversité. Elle permet en
particulier de limiter les avantages de carrières dont les
fonctionnaires pourraient bénéficier du fait ou à l'issue
d'un passage plus ou moins long dans un cabinet et d'éviter, en les
maintenant dans leur corps d'origine, les problèmes de gestion de
carrière que risquerait de soulever un détachement sur un statut
d'emploi spécifique.
ANNEXE 3
Réponse du délégué
interministériel à la réforme de
l'Etat
consécutive au rapport de contrôle effectué par
le rapporteur spécial sur le fonds pour la réforme de
l'Etat
Réunie le jeudi 18 octobre 2001, sous la
présidence de
M. Alain Lambert, président
, la commission a
procédé à l'examen du rapport de
M. Gérard
Braun, rapporteur spécial
,
sur les crédits de la fonction
publique et de la réforme de l'Etat.
A l'issue de la réunion du mercredi 7 novembre 2001, consacrée
à l'examen du rapport de
M. François Marc, rapporteur
spécial
, sur les crédits des services généraux
du Premier ministre, la commission
a décidé de proposer au
Sénat le rejet des crédits de la fonction publique et de la
réforme de l'Etat.
Réunie de nouveau le jeudi 22 novembre 2001, sous la présidence
de
M. Alain Lambert, président
, la commission a
procédé, sur le rapport de
M. Philippe Marini, rapporteur
général
, à
l'examen définitif du projet de
loi de finances pour 2002
, adopté par l'Assemblée nationale.
Elle a décidé de
confirmer son vote de rejet du budget de la
fonction publique et de la réforme de l'Etat
tel qu'amendé
par l'Assemblée nationale, et a décidé
de proposer au
Sénat de supprimer l'article 68 (nouveau) tendant à proroger
le congé de fin d'activité (CFA) des
fonctionnaires.
1
Rapport n° 383 ; 2000-2001.
2
L'ancien ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie, M. Christian Sautter, avait par exemple affirmé, devant la
commission des finances de l'Assemblée nationale, qu' « il
existe un risque d'hypertrophie de certaines administrations centrales que le
gouvernement entend corriger ».
3
Il convient bien de préciser qu'il s'agit de
créations nettes d'emplois, intervenant en dehors du remplacement des
60.000 fonctionnaires qui partiront à la retraite en 2002.
4
Sur la période 1997-1999, 29.895 agents ont
été titularisés dans la fonction publique d'Etat, 8.522
titularisés dans la fonction publique territoriale grâce aux 403
concours réservés, et 3.157 reçus aux concours
réservés de la fonction publique hospitalière.
5
Ce décret précise que l'Observatoire « est
chargé d'assurer la collecte, l'exploitation et la diffusion de
l'information sur l'emploi
[public]
».
6
Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour
2000, la Cour des comptes note que « il avait été
prévu en 1997 que 350.000 emplois à temps plein serait
créés d'ici 2002. Selon la direction du budget, ce chiffre n'est
plus considéré comme un objectif de postes à créer
mais de jeunes à faire transiter par le dispositif ».
7
Encore ces chiffres n'incluent-ils pas les dépenses de
personnel des établissements publics subventionnés par l'Etat.
8
Les données pour 2001 et 2002 ne sont pas encore
disponibles.
9
Enfin, environ 4,3 millions de personnes voient leur pension
directement indexée sur la rémunération des
fonctionnaires : 1,81 million de personnes bénéficiant
d'une pension civile ou militaire de retraite et
587.000 bénéficiaires d'une pension versée par la
CNRACL, 1,39 million de bénéficiaires du régime de
retraite complémentaire IRCANTEC ainsi que 500.000 personnes ayant droit
à une pension d'invalidité.
10
Il s'agit de l'éducation nationale (enseignement scolaire
et supérieur), de l'économie et des finances, de
l'intérieur, et de l'équipement et des transports.
11
Accentué par rapport à l'effet évalué
sur les années 1995 à 1997 à partir des données
publiées par l'INSEE en juillet 1999.
12
Sur le champ budget général hors budgets annexes.
Il s'agit du coût budgétaire, charges sociales afférentes
non comprises. Ce coût intègre le coût des transformations
d'emploi
13
Hors mesures d'accompagnement du plan de professionnalisation du
ministère de la défense (aides au départ).
14
Décret n° 2000-815 du 25 août 2000, paru au
Journal Officiel du 29 août 2000.
15
Il présentait notamment un compte simplifié du
régime vieillesse des fonctionnaires de l'Etat, c'est-à-dire ce
que serait l'équilibre emplois-ressources du régime des
fonctionnaires de l'Etat si ce dernier existait en tant que tel. Ce compte
simplifié montrait que, de 1998 à 2001, la charge
budgétaire des pensions de la fonction publique s'est accrue de
près de 3,17 milliards d'euros (20,8 milliards de francs), soit une
progression de 12 % en quatre ans. Or, l'Etat supporte l'essentiel de ce
coût : 71,5 % en 2001. Sur cette même période, les
cotisations salariales n'augmentent que de 4,5 %, tandis que le contribution de
l'Etat hors compensation progresse de 15,3 %.
16
Le GVT solde est constitué par la combinaison de l'effet
des avancements d'échelons et de promotions de grades ou de corps, et
des effets induits par les mouvements d'entrées et de sorties,
principalement lié à la différence de niveau de
rémunération entre les agents qui quittent la fonction publique
en fin de carrière et les agents qui débutent.
17
Il convient toutefois de noter une amélioration certaine
de la présentation du site de ce ministère, qui se doit
d'être exemplaire puisqu'il promeut le développement de
l'administration électronique : désormais, un état
d'avancement de la mise en oeuvre des décisions prises par le CIRE est
présenté, chaque décision étant accompagnée
des mesures concrètes décidées pour la rendre effective.
18
« Trois leviers pour réformer
l'Etat », Le Figaro du 27 juin 2001.
19
Rapport n° 348 ; 2000-2001.
20
Le CIRE du 12 octobre 2000 a invité chaque
ministère à définir et à utiliser des indicateurs
annuels d'activité et de résultats.
21
Le rapporteur pour avis des crédits de la fonction
publique de la commission des lois de l'Assemblée nationale, M. Alain
Tourret, a lui-même estimé que le dépôt
précipité de cet amendement, chaque année,
« marquait sa désinvolture à l'égard du
Parlement ».