II. LA RÉFORME DES TRANSPORTS EN ÎLE DE FRANCE
A. DE PROFONDS BOULEVERSEMENTS DANS LE FINANCEMENT DES TRANSPORTS EN ILE DE FRANCE
1. Des circuits financiers modifiés
En
2000, pour la première fois, la contribution de l'Etat au fonctionnement
des transports en Ile-de-France a été versée directement
au syndicat des transports parisiens (STP)
, autorité organisatrice
des transports, qui est responsable de sa répartition entre les
entreprises de transport sur la base d'une contractualisation avec les
entreprises comprenant des engagements sur le niveau du service rendu.
Par ailleurs, la région Ile-de-France est entrée au conseil
d'administration du syndicat des transports en Ile-de-France (STIF) successeur
du STP, et contribue désormais, comme les autres membres, au financement
de l'exploitation. En contrepartie, la contribution de l'Etat au STIF est
diminuée du même montant et versée à la
région.
Le décret du 6 juillet 2000 modifiant les décrets relatifs
à l'organisation des transports de voyageurs dans la région
parisienne et portant statut du syndicat des transports parisiens
prévoit des conventions pluriannuelles entre la RATP, la SNCF et le STP.
Elles ont pour objectif principal de rompre avec le mécanisme de
l'indemnité compensatrice et de responsabiliser les deux entreprises
publiques sur des objectifs de service (en volume et en qualité), de
trafic et de maîtrise des charges.
2. Les subventions publiques aux transports en Ile-de-France
La
contribution de l'Etat aux transports collectifs en Ile-de-France
s'élève à 799,4 millions d'euros pour 2002.
Jusqu'en 2001, cette contribution était versée
intégralement au syndicat des transports en Ile-de-France (STIF) mais la
réforme du syndicat et l'entrée de la Région Ile-de-France
fait que désormais, une partie est versée au STIF (575 millions
d'euros pour 2002, soit 51,4 % des contributions de tous les membres du STIF)
et une autre (224,4 millions d'euros) est versée à la
Région Ile-de-France.
Les subventions de l'Etat au STIF
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Contributions de l'Etat en MF |
5 951,50 |
5 690,43 |
5 619,58 |
5 379,50 |
5 180,09 |
3 772,41 |
en ME |
|
|
|
820,1 |
789,7 |
575,1 |
RATP |
4 827,84 |
4 566,77 |
4 690,75 |
NC |
NC |
NC |
SNCF |
1 123,65 |
750,41 |
928,84 |
NC |
NC |
NC |
Pour
100 francs versés par le STIF en 2000, 33,8 francs sont financés
par les collectivités publiques et 66,2 francs par le versement de
transport
. La répartition de la contribution au financement des
transports franciliens entre les collectivités publiques est la suivante
: 70 % pour l'Etat et 30 % pour les départements. Elle est
modifiée par l'entrée de la région Ile-de-France au
conseil d'administration du STIF en application de la loi SRU du 13/12/00 :
51,4 % pour l'Etat, 18,6 % pour la Région Ile-de-France et
30 % pour les départements.
Ainsi, l'ensemble des contributions publiques aux transports en
Ile-de-France s'élève à environ 1,2 milliard d'euros, le
versement transport acquitté par les entreprises s'élevant
à 2,3 milliards d'euros, soit au total 3,5 milliards d'euros.
En
2002, les subventions à la RATP se montent à 1,9 milliard
d'euros, et les subventions à la SNCF à 1,2 milliard d'euros. Les
recettes des voyageurs représentent 46,6 % des recettes de la RATP
et 40,8 % des recettes de la SNCF Ile de France.
Détail des recettes de la RATP et de la SNCF en Ile-de-France
|
RATP |
SNCF |
|
|
|||||
|
2000 |
2001 |
2002 |
2000 |
2001 |
2002 |
|||
Voyageurs
en MF, TTC
|
9 951
|
10 290
|
10 625
|
4 935
|
5 055
|
5 173
|
|||
en % |
45,2% |
46,0% |
46,6 % |
40,7% |
40,6% |
40,8% |
|||
Contributions publiques
|
12 086
|
12 092
|
12 162
|
7 182
|
7 398
|
7 519
|
|||
en % |
54,8% |
54,0% |
53,4 % |
59,3% |
59,4% |
59,2% |
|||
Total |
100,0% |
100,0% |
100,0 % |
100,0% |
100,0% |
100,0% |
|||
en MF
TTC
|
22 037
|
22 382
|
22 787
|
12 117
|
12 453
|
12 692
|
On remarquera que le versement transports qui atteint 2,3 milliards d'euros (14,85 milliards de francs) en 2002 aura doublé en 10 ans.
(en MdF) |
Produit Brut du Versement de Transport |
|
Années |
Produit global |
Produit VN* estimé |
1990 |
7 269,30 |
300 |
1991 |
7 817,30 |
330 |
1992 |
8 411,50 |
360 |
1993 |
9 370,37 |
390 |
1994 |
10 014,94 |
420 |
1995 |
10 082,06 |
420 |
1996 |
11 128,47 |
470 |
1997 |
11 853,96 |
500 |
1998 |
12 682,19 |
540 |
1999 |
13 105,76 |
560 |
2000 |
13 776,10 (2 100,15 Euros) |
580 (88,42 Euros) |
2001 |
14 300,00 (2 180,02 Euros) |
600 (91,46 Euros) |
2002 |
14 850,00 2 263,87 Euros) |
630 (96,04 Euros) |
* villes nouvelles
3. De nouvelles modalités de gestion
a) Un contrat reposant davantage sur la performance de l'entreprise
La
signature d'un contrat entre la RATP et le Syndicat des Transports en
Ile-de-France (le STIF) constitue un changement radical des conditions
d'exercice de l'entreprise.
En effet, jusqu'en 1999, les pertes de l'entreprise étaient a posteriori
couvertes par un concours public versé par l'Etat et les
départements d'Ile-de-France. Si le résultat d'un exercice
était positif, il était pris en considération pour
déterminer le besoin en concours public de l'exercice suivant.
L'entreprise n'était donc pas responsabilisée sur
l'évolution de ses charges.
Désormais, la contractualisation avec le STIF permet à la RATP
de mettre en oeuvre une politique d'entreprise.
L'entreprise s'engage vis-à-vis du STIF sur la qualité et la
quantité de service
qu'elle fournit jusqu'en 2003. Cet engagement
sur la qualité est suivi par des indicateurs dont le non-respect donne
lieu à un malus. En cas de dépassement de ces indicateurs,
l'entreprise perçoit un bonus. L'entreprise s'engage également
sur une croissance minimum en volume du trafic payé (0,5 % par an).
Les engagements « quantitatifs » de la RATP
RESEAU |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
Métro |
42,75 |
42,86 |
42,97 |
43,07 |
RER A |
8,09 |
8,10 |
8,10 |
8,10 |
RER B |
4,19 |
4,19 |
4,19 |
4,19 |
RRS (1) |
8,56 |
8,52 |
8,55 |
8,51 |
Bus Banlieue |
102 |
101,6 |
101,9 |
101,4 |
Bus Paris |
40,81 |
40,62 |
40,74 |
40,55 |
(1) Réseau régional de surface (Mobilien) |
(en millions de trajets/km)
La RATP
s'engage à réaliser l'offre annuelle de transport définie
ci-dessus, à partir de la situation connue au 1er janvier, dans la
limite d'une franchise de 4 % pour les réseaux Métro et Bus
Paris et de 3 % pour les autres réseaux.
Au-delà de cette franchise, sauf cas de force majeure, la
non-réalisation de l'offre entraîne des pénalités.
En contrepartie, le STIF verse annuellement à l'entreprise,
au-delà des compensations tarifaires, un concours forfaitaire
pré-déterminé qui doit permettre à l'entreprise non
seulement d'être à l'équilibre mais également de
dégager une marge.
Le contrat comporte enfin une clause qui intéresse l'entreprise au
développement des recettes.
Ainsi dans la limite de 2 % par
rapport à l'objectif contenu dans le contrat, l'entreprise et le STIF
partagent le surcroît selon une clef de répartition
déterminée (60 % pour le STIF et 40 % pour la RATP).
Au-delà de 2 %, l'ensemble du surcroît de recettes est
conservé par le STIF. Le même mécanisme joue en cas de
recettes inférieures aux objectifs. L'entreprise perçoit
également une commission de 6 % sur les ventes des titres de transport
qu'elle réalise.
b) La RATP va pouvoir s'implanter en province
L'ordonnance n°59-151 du 7 janvier 1959 a
été
modifiée par l'article 117 de la loi 2000-1208 dite loi SRU. Il a
été inséré un alinéa à l'article 2 de
l'ordonnance ainsi rédigé :
«
En dehors de la région d'Ile-de-France et à
l'étranger,
la régie autonome des transports parisiens peut
également, par l'intermédiaire de filiales, construire,
aménager et exploiter des réseaux et des lignes de transport
public de voyageurs, dans le respect réciproque des règles de
concurrence
. Ces filiales ont le statut de société anonyme.
Leur gestion est autonome au plan financier dans le cadre des objectifs du
groupe ; elles ne peuvent notamment pas bénéficier de subventions
attribuées par l'Etat, le Syndicat des transports d'Ile-de-France et les
autres collectivités publiques au titre du fonctionnement et de
l'investissement des transports dans la région
d'Ile-de-France
. »
Pour répondre aux objectifs de la loi, le groupe RATP met en place une
structure garante de transparence et d'étanchéité des
comptes entre les activités relevant du contrat liant la RATP et le
Syndicat des transports d'Ile-de-France et les activités
développées en dehors de ce contrat, en particulier en
régions.
La mission France créée au mois de février dernier au sein
du département « Stratégie-Recherches et Partenariats
», coordonne les activités du groupe RATP en région et
préfigure RATP France. Celle-ci a pour vocation de développer
l'activité de la RATP en province, dans les domaines
précisés par la loi.
Actuellement, c'est la filiale à 100 % de la RATP créée en
1993 et dénommée URBIEL SA qui est le support juridique et
financier de la participation du groupe RATP en province. Cette filiale a vu
son champ d'activité étendu à l'ensemble du territoire
national et à vocation, dans les prochaines semaines, à changer
de dénomination sociale pour porter le nom de RATP France. C'est donc
sur la base de cette filiale que le groupe RATP répond aux appels
d'offres lancés par les autorités organisatrices de province.
B. LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DE LA RATP
1. Une évolution commerciale favorable mais des grèves à répétition
La
RATP enregistre une amélioration de ses recettes commerciales en 2000.
Le dynamisme du trafic
a permis une progression du chiffre d'affaires de
9,9 % en 2000.
Les recettes totales du trafic (recettes en provenance des
voyageurs et compensations tarifaires versées par le STIF) ont
progressé ainsi de 3,5 %, après application du mécanisme
de partage du surcroît de recettes entre la RATP et le STIF.
Le résultat de la RATP en 2000 n'est en revanche pas significatif. En
effet, avant 2000, le résultat d'un exercice était
perturbé par le versement de concours publics attribués à
la RATP non seulement pour équilibrer l'exercice en cours mais
également pour combler les pertes de l'exercice précédent.
La comparaison par rapport aux objectifs inscrits dans le contrat avec le
STIF permet en revanche de mesurer la performance économique de
l'entreprise.
A cet égard, l'année 2000 est satisfaisante. En
effet, l'entreprise a dégagé un résultat de 22 millions
d'euros tout en provisionnant dans ses comptes 2000 une prime
d'intéressement sur le résultat de l'exercice pour un montant de
9,5 millions d'euros.
Toutefois, l'activité de l'entreprise est traditionnellement compromise
par des grèves à répétition.
Les grèves à la RATP : 77 % en raison de la réduction du temps de travail
En 2000,
le nombre d'alarmes sociales (182) a augmenté de 41% par rapport
à 1999. Ce dispositif fait partie intégrante du dialogue social
à la RATP, il est utilisé dans tous les secteurs de l'entreprise.
Cette année 2000 a également connu une augmentation du nombre de
préavis déposés (459 en 2000 contre 280 en 1999). Le
nombre de jours de grève par agent était de 0,44 en 2000 (0,19 en
1999). Toujours en 2000, les 182 alarmes sociales ont
généré 27 mouvements alimentés par 171
préavis dont 137 ont été suivis.
Toutefois, le thème de l'ARTT représente, au travers des trois
conflits généraux à l'entreprise des 1er février,
24 mai et 26 septembre : 9 % des préavis, 63 % des
arrêts de travail, 77 % du nombre de jours de grève par agent
(avec 0,34 sur un chiffre global de 0,44).
2. Une situation financière dégradée
Votre
rapporteur note cependant que la gestion interne de l'entreprise et sa
situation financière sont très peu satisfaisantes
:
- on peut noter l'évolution très rapide des
charges de
fonctionnement
de la RATP en 2000 (+ 4,5 %) ;
- surtout, la dette financière de la RATP est préoccupante.
L'endettement net de l'entreprise est ainsi passé de 2,4 milliards
d'euros en 1990 à 3,8 milliards d'euros en 2000, soit 7,2 fois la
capacité d'autofinancement de l'entreprise.
Or,
l'entreprise bénéficie aujourd'hui du fait que ses
investissements sont en diminution constante
(614 millions d'euros en 2000)
en raison de l'achèvement de la plupart des projets
décidés au titre des Xème et XIème contrats de
plan. En 2000, les projets décidés dans le cadre du XIIème
plan sont encore au stade des études et devraient commencer à
produire leurs effets à compter de 2002 ou 2003. Les investissements
d'entretien, de modernisation et de matériel roulant, qui sont
exclusivement financés sur fonds propres par la RATP, sont relativement
stables depuis 1995 (de 559 millions d'euros en 1995 à 527 millions
d'euros en 2000).
Votre rapporteur estime donc qu'il est urgent de définir les moyens
d'éviter une nouvelle « dérive » des comptes
de la RATP à l'occasion de la mise en oeuvre des engagements du
XIIème plan.
C. LES INVESTISSEMENTS EN ILE DE FRANCE
1. Le programme d'investissement de la RATP
Le programme d'investissement de la RATP témoigne d'une hausse de l'investissement sur la période 2000-2002, en particulier pour les infrastructures nouvelles (projets des contrats de plan).
Le programme d'investissement de la RATP
En ME
courants
|
Programme
|
Programme
|
Prévision 2002 |
Infrastructures nouvelles (Projets du contrat de plan Etat / Région) |
41,97
|
69,36
|
112,2
|
Amélioration de l'exploitation |
125,08
|
111,29
|
111,29
|
Modernisation et gros entretien |
208,46
|
205,81
|
213,43
|
Matériel roulant |
193,63
|
228,67
|
203,21
|
Participations financières |
0,09
|
3,05
|
3,05
|
Hors programme |
44,97
|
24,39
|
24,39
|
TOTAL |
614,06
|
633,73
|
667,57
|
Tranche optionnelle |
|
8,84
|
60,22
|
2. L'avancement du contrat de plan
L'état d'avancement du contrat de plan Etat - Ile-de-France en matière de transports collectifs est le suivant :
Avancement des opérations du contrat de plan 1994 - 1999 et démarrage des nouvelles opérations du contrat de plan 2000 - 2006 d'Ile de France