II. LA MISE EN oeUVRE DE LA PROFESSIONNALISATION : UN BILAN PARTIELLEMENT SATISFAISANT
Votre
rapporteur a effectué au printemps dernier, au nom de la commission des
affaires étrangères et de la défense, un
bilan
d'étape
, à mi-parcours de la professionnalisation de
l'Armée de terre (cf. rapport Sénat n° 457, 1998-1999,
annexé au procès verbal de la séance du 23 juin 1998).
Il rappelle que ce bilan faisait apparaître les conclusions
suivantes :
- le
recrutement des engagés
, pilier de la professionnalisation
de l'armée de terre, se déroule de manière satisfaisante,
- la
déflation des effectifs officiers et sous-officiers
s'effectue comme prévu,
- la
gestion de la ressources en appelés
devient de plus en plus
aléatoire, les effectifs réalisés étant très
sensiblement inférieurs à ceux prévus,
- le
déficit en personnels civils
se creuse sous l'effet du
maintien des interdiction d'embauche d'ouvriers d'Etat et de l'échec de
la mobilité interne au sein du ministère de la défense.
Cinq mois après avoir été établi, ce constat
demeure largement valable.
Votre rapporteur se limitera donc à une actualisation des données
figurant dans le rapport d'information précité, et distinguant
l'évolution des effectifs militaires professionnels, plutôt
satisfaisante, et celle des appelés et des personnels civils, source de
difficultés qu'il faut espérer conjoncturelles.
A. LES MILITAIRES PROFESSIONNELS : UNE RÉALISATION SATISFAISANTE DES OBJECTIFS
1. Les effectifs officiers et sous-officiers
L'adaptation de l'Armée de terre à son nouveau format impliquera, sur la période de la programmation, une réduction de près de 8 000 postes du nombre de cadres, officiers et sous-officiers.
a) Les effectifs officiers
Sur la
période couverte par la loi de programmation, la déflation des
effectifs officiers se traduira par une diminution de 230 postes d'officiers
par année, soit 1 380 sur six ans.
Mais pour atteindre le format retenu tout en maintenant un niveau suffisant de
recrutement, y compris celui des officiers sous contrat ou
" carrière courte ", et en préservant la
répartition actuelle entre les groupes de grades afin de maintenir un
déroulement équilibré des carrières, il est
nécessaire de parvenir à un
flux de départ annuel moyen
de plus d'un millier d'officiers.
Flux de
recrutement et de départ
des officiers de l'Armée de
terre
|
1997 |
1998 |
1999
|
2000
|
Recrutements |
947 |
865 |
830 |
1009 |
Départs |
1 257 |
1 309 |
1 000 |
950 |
Le
tableau ci-dessus retrace l'évolution des recrutements et des
départs d'officiers de l'Armée de terre depuis 1997.
S'agissant des départs, l'attribution du pécule d'incitation au
départ aura concerné 132 officiers en 1997, 115 en 1998 et 118 en
1999.
Les objectifs prévus en matière de déflation des effectifs
ont été non seulement atteints mais même
dépassés, les départs étant largement
supérieurs au rythme programmé. L'écart entre les postes
budgétaires et les effectifs réalisés s'est creusé,
le déficit en officiers s'établissait au 1
er
juillet
1999 à 661 postes, soit un écart supérieur d'environ 300
postes à celui que l'on constatait un an auparavant.
Pour tenir compte de ce " temps d'avance " dans la déflation
des effectifs officiers, le nombre de postes supprimés en 2000,
initialement fixé à 230, sera porté à 306.
Evolution des effectifs officiers de l'Armée de terre
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2002 |
Effectifs budgétaires |
17 461 |
17 242 |
17 013 |
16 783 |
16 477 |
16 080 |
Effectifs réalisés au 1 er juillet |
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b) Les effectifs de sous-officiers
Sur la période couverte par la loi de programmation, la diminution annuelle moyenne du nombre de sous-officiers sera de 1 053 postes, soit un total de 6 322 postes en six ans.
Evolution des effectifs de sous-officiers de l'Armée de terre
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2002 |
Effectifs budgétaires |
56 644 |
55 608 |
54 455 |
53 235 |
52 103 |
50 322 |
Effectifs réalisés au 1 er juillet |
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Le
tableau ci-dessus montre que le sureffectif de sous-officiers a
été résorbé, la déflation des effectifs
étant conforme aux prévisions. Pour 2000, le sous-effectif
prévu en gestion a même permis d'anticiper la déflation en
portant à 1 132 postes une réduction initialement
fixée à 991 postes.
Le nombre de pécules d'incitations au départ attribués aux
sous-officiers s'établit à 1 366 pour 1998 et 981 pour 1999.
La résorption du sureffectif global des sous-officiers n'a cependant pas
permis de remédier aux
déséquilibres de la pyramide
interne des grades
(sureffectif en adjudants-chefs et adjudants,
sous-effectif en sergents) ou entre les spécialités (notamment le
sureffectif des sous-officiers pilotes de l'ALAT qui perdure).
2. Le recrutement des engagés
Le
recrutement des engagés volontaires de l'armée de terre (EVAT)
constitue l'une des principales clés de la réussite de la
professionnalisation. Leur nombre doit passer de 30 202 en 1996 à
66 681 en 2002, et leur part dans les effectifs des forces terrestres
progresser dans le même temps de 11,3 % à 38,6 % (de
12,7 % à 48 % des effectifs militaires).
L'Armée de terre ouvrira pratiquement 6 000 postes d'EVAT
supplémentaires par an.
Cette augmentation des effectifs s'effectue à la fois par l'allongement
de la durée moyenne des services (de 5 à 8 ans) et par
l'augmentation des flux de recrutement portés à près de
10 000 chaque année. C'est dire l'importance de la nouvelle
stratégie de recrutement de l'Armée de terre, qui se
caractérise par l'implication des régiments, par le renforcement
des centres d'information et de recrutement de l'Armée de terre (CIRAT)
et par l'encouragement, jusqu'à l'extinction légale de la
conscription, du recrutement d'appelés. La mise en oeuvre de cette
politique de recrutement bénéficie de crédits
budgétaires à hauteur de 55 millions de francs pour 1999 pour les
actions de promotion.
Evolution des recrutements et des départs
des
engagés volontaires de l'Armée de terre
|
1996 |
1997 |
1998 |
Départs |
3 876 |
3 855 |
4 302 |
Recrutements
|
6
695
|
8
946
|
11
744
|
Le tableau ci-dessus illustre les mouvements de départs (y compris les nominations dans le corps des sous-officiers) et de recrutement des EVAT, en distinguant le recrutement dit " initial ", effectué directement dans le secteur civil, et le recrutement dit " ultérieur ", issu de personnel appelé, éventuellement volontaire " service long ". On observe une montée en puissance du recrutement initial , qui prend désormais le pas sur le recrutement ultérieur.
Evolution des effectifs d'engagés de l'Armée de terre
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2002 |
Effectifs budgétaires |
30 202 |
36 077 |
41 956 |
47 835 |
53 707 |
65 481 |
Effectifs réalisés au 1 er juillet |
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En 1999,
le nombre des recrutements des EVAT est resté faible jusqu'au mois
d'avril, avant qu'un rythme plus soutenu au cours des mois suivant permette
d'espérer une réalisation complète des effectifs en fin
d'année.
Votre rapporteur a eu l'occasion de souligner, dans son rapport d'information
précité, que les résultats satisfaisants de ce
recrutement, tant en quantité qu'en qualité, puisque le niveau
scolaire des engagés demeure stable malgré l'augmentation des
effectifs, tenait pour beaucoup à la revalorisation des
rémunérations et à l'amélioration des perspectives
de carrière, avec l'accès à des carrières longues
(jusqu'à vingt deux ans de service) en cas de réussite du
certificat technique du 1
er
degré et à un dispositif
de reconversion avantageux.
Ces bons résultats doivent maintenant être confirmés dans
la durée pour garantir le bon fonctionnement de l'armée
professionnelle.
3. Une catégorie aux contours incertains : les volontaires
Votre rapporteur a également eu l'occasion d'exprimer, au printemps dernier, les interrogations sur les volontaires de l'Armée de terre (VDAT), catégorie aux contours incertains, le volontariat ayant plutôt vocation à s'apparenter à un service national volontaire alors que, par certains aspects, la condition matérielle des intéressés se révèle assez proche de celle des engagés.
Evolution des effectifs de volontaires de l'Armée de terre
|
1998 |
1999 |
2000 |
2002 |
Effectifs budgétaires |
0 |
1 361 |
2 858 |
5 500 |
Effectifs réalisés au
|
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Les
premiers recrutements de volontaires ont débuté le 1
er
février 1999 et
au
1
er
octobre, 1 453 postes
étaient pourvus
, soit environ 20 % de moins que l'effectif
espéré à cette date, les effectifs visés en fin
d'année ayant peu de chances d'être totalement atteints. La
montée en puissance du volontariat a d'ailleurs légèrement
été revue à la baisse puisqu'à la suite d'une
mesure d'ajustement, 1 497 postes au lieu des 1 873 prévus seront
créés en 2000.
Rappelons que recrutés pour une année renouvelable dans la limite
de cinq ans, les volontaires occupent des emplois d'officiers, de
sous-officiers et de militaires du rang. Le montant des soldes mensuelles
s'échelonne de 4 363 F pour un soldat à 5 164 F pour un
aspirant, les volontaires bénéficiant en outre de prestations en
nature et, le cas échéant, d'indemnités
particulières.
Les jeunes gens et jeunes filles disposant de qualifications civiles,
directement exploitables au sein de l'Armée de terre, ont vocation
à occuper un emploi à caractère professionnel leur
permettant de valoriser leurs connaissances par une première
expérience professionnelle.
Ceux et celles qui sont dotés de bonnes aptitudes initiales, notamment
sur le plan physique, peuvent occuper un emploi à caractère
général après avoir suivi une formation militaire
permettant de les associer aux missions opérationnelles de leurs
unités d'emploi.