F. UN PROJET À SUIVRE : " FASTSHIP "
Le
projet de liaison maritime rapide " FastShip " entre la France et les
Etats-Unis repose sur la mise en place d'un nouveau mode de transports
intermodal fondé sur un service transatlantique maritime assuré
par des navires porte-conteneurs rapides entre un port américain unique,
Philadelphie, et un port unique du continent européen, Cherbourg.
Il vise à établir une chaîne de transport d'un coût
et d'un délai intermédiaire entre le fret aérien et le
trafic conteneurisé traditionnel, (traversée de l'Atlantique en
trois à quatre jours au lieu de six à sept jours actuellement et
accélération des cadences de chargement et de déchargement
des porte-conteneurs grâce à un nouveau système de
manutention permettant de réduire très significativement la
durée de l'escale des navires).
Le choix du port de Cherbourg pour la partie européenne repose sur
diverses considérations :
- considérations
d'ordre nautique
. Cherbourg, port naturel
en eau profonde, ne nécessite pas de dragage, se situe à
l'entrée du rail du détroit du Pas-de-Calais et n'est pas soumis
aux contraintes de réduction de vitesse sur une grande partie de son
trajet européen ;
- considérations
logistiques
: Cherbourg est
relié de façon très satisfaisante au réseau routier
européen sur des voies non saturées dans le sens Ouest-Est. Le
fait que Cherbourg bénéficie d'ores et déjà de
liaisons trans-Manche répond à l'un des objectifs du
marché de FastShip, orienté à 25 % vers le
Royaume-Uni ;
- considérations relatives à
l'exploitation
portuaire
: Cherbourg dispose de surfaces qui peuvent être
agrandies et le concessionnaire a développé une démarche
qualité ayant abouti à une qualification ISO 9002.
Le projet repose, on l'a dit, d'abord sur la vitesse du navire
(" FastShip ") qui pourrait atteindre 42 noeuds.
Long de 265 mètres et haut de 30 mètres, ce navire
serait doté de turbines à gaz couplées à des
propulseurs à eau qui remplacent les hélices traditionnelles.
Le projet FastShip est aussi un projet logistique s'appuyant, du
côté américain, sur une " distribution "
routière à 85 %, (60 % du PNB américain se situe
à moins de 12 heures par route de Philadelphie).
Une première analyse, menées par les bureaux d'étude, a
permis de déterminer la " faisabilité " de la
distribution en moins de 36 heures à partir de l'heure de
départ ou d'arrivée du navire FastShip à Cherbourg vers
les destinations potentielles majeures en Europe. Pour la desserte ferroviaire,
les " hubs " de Muizen, Francfort, Milan, Lyon et Madrid sont
envisagées.
Le projet FastShip s'inscrirait dans un créneau de marchandises à
haute valeur ajoutée, sensibles aux délais de livraisons.
Le trafic porterait sur 25 % environ de ce type de marchandises entre
l'Europe et les États-Unis. Il viserait, d'une part, à prendre
une part de marché de 5 % environ sur le fret aérien, ainsi
qu'une part de 18 et 24 % des marchandises à haute valeur
ajoutée du marché maritime, soit 3 à 4 % du trafic
maritime.
Le trafic de " FastShip " pourrait, ainsi, provenir à
45 % de l'" aérien " et à 55 % du
" maritime ".
Le coût global du projet pourrait s'élever à plus
d'1 milliard de dollars.
L'aménagement portuaire
nécessaire comprendrait :
- des infrastructures publiques qui se répartiraient en deux
tranches, l'une de 180 millions de francs portant sur le quai des Flamands
et le remblaiement de terre-pleins, l'autre de 75 millions de francs
portant sur le quai des Mielles ;
- des superstructures qui relèveraient de deux maîtrises
d'ouvrage :
a) une zone de transbordement avec passerelle de déchargement et de
chargement
sous maîtrise d'ouvrage privée
pour un montant
d'environ 750 millions de francs ;
. une zone de soutage sous maîtrise d'ouvrage privée, pour un
montant compris entre 40 et 100 millions de francs ;
b) l'aménagement de la partie publique,
sous la maîtrise
d'ouvrage de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Cherbourg-Cotentin
,
à hauteur de 75 millions de francs.
Au-delà des investissements prévus au prochain contrat de plan
Etat-région, plusieurs adaptations seront à envisager au niveau
de la desserte routière et notamment :
- la construction d'une quatrième voie, entre les routes
départementales 116 et 901 ;
- la création d'une " liaison assurant la continuité du
réseau autoroutier " (LACRA) entre Caen et Cherbourg ;
- la construction d'un franchissement dénivelé du giratoire
ouest du barreau des Flamands, à l'entrée du port.
Il conviendra aussi d'améliorer la desserte ferroviaire du port de
Cherbourg avec notamment l'électrification de la ligne
Mézidon-Tours et surtout le raccordement aux grands réseaux de
TGV.
Il y a aujourd'hui quelques raisons d'être optimistes. Les pouvoirs
publics annoncent leur volonté d'aboutir à la réalisation
du projet aux côtés de la chambre de commerce et d'industrie de
Cherbourg-Cotentin. Chacun est conscient que ce projet est susceptible
d'apporter de grandes perspectives de développement et d'emploi pour
Cherbourg et sa région.
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Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la Commission des Affaires économiques a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits de la mer inscrits au projet de loi de finances pour 2000.