CHAPITRE IER -
L'ENVIRONNEMENT DU PROJET DE BUDGET
I. LA SITUATION DU SECTEUR DE LA PÊCHE ET DES CULTURES MARINES EN FRANCE EN 1998
A. LA PÊCHE MARITIME
1. La production
a) La pêche maritime et l'aquaculture en France
Alors
que la production avait augmenté de près de 3 % de 1996
à 1997, les données provisoires pour 1998 prévoient une
augmentation de moins de 1 % par rapport à 1997, les poissons, les
crustacés, le thon tropical et la grande pêche représentant
près de 605.000 tonnes.
Cette production se répartit entre :
- 367.725 tonnes de poisson ;
Les principales espèces débarquées vendues à la
criée sont, si l'on considère les tonnages : l'anchois qui a
connu une progression record de 94% en 1998, la sardine dont les prises ont
diminué de 12 %, le cabillaud, le lieu noir, le merlan, le
maquereau et la baudroie. Pour la valeur des prises, viennent en tête la
sole, la baudroie et la langoustine.
- 117.822 tonnes de crustacés, coquillages,
céphalopodes et algues ;
- 107.630 tonnes de thon tropical, confirmant la diminution
régulière de cette production depuis plus de six ans ;
- 11.000 tonnes de produits de la grande pêche.
Le chiffre d'affaires de la pêche maritime continue la progression
entamée depuis trois ans : ainsi, de 1997 à 1998, il
croît de près de 5 %.
Si la grande pêche maintient
son chiffre d'affaires, celui de la pêche thonière et de la
production de poissons poursuit sa reprise, amorcée en 1996.
Une analyse par façades, en 1998, toutes espèces confondues,
montre des disparités d'évolution
: la région
Nord-Normandie (+ 1 % en volume, + 15 % en valeur) et la
Bretagne-sud (+2 % en volume +8 % en valeur) sont les régions
" dynamiques " alors que la Bretagne-nord (+23% en volume + 1 %
en valeur) et l'Atlantique Sud Loire (+4 % en volume +2,3 % en
valeur) sont les régions " stagnantes " en terme de valeur de
l'activité, selon les données du ministère de
l'agriculture et de la pêche.
L'aquaculture marine
Rappelons que l'on regroupe sous ce terme, d'une part, les cultures marines
dites traditionnelles, c'est-à-dire la conchyliculture, et, d'autre
part, la pisciculture et l'algoculture. Cette activité s'exerce en
quasi-totalité sur le domaine public maritime.
Plus de 3600 exploitations de cultures marines ont été
recensées dans l'enquête statistique effectuée par la
direction des Pêches maritimes et des cultures marines en 1997. Ce sont
à 82 % des exploitations individuelles et à 14 % des
sociétés familiales. Les coopératives et les
sociétés commerciales ne constituent que 4 % des
exploitations, mais occupent une place privilégiée dans le
secteur puisqu'elles vendent 81 % des poissons et 19 % des
coquillages destinés à la consommation. Soulignons qu'un
exploitant sur quatre n'a pas 35 ans et que plus d'un sur deux a moins de
45 ans. Les femmes dirigent près de 10 % des
exploitations
2(
*
)
.
Au 31 décembre 1998, on enregistrait une utilisation conchylicole
du domaine public maritime (DPM) très proche de celle de 1997, avec
cependant une légère baisse du nombre de concessions qui traduit
un phénomène de concentration des exploitations. L'enquête
statistique du ministère de l'agriculture et de la pêche
dénombrait 18.500 personnes employées en 1996 à temps
plein ou partiel dans les entreprises conchylicoles.
( valeurs arrondies ) |
Concessions |
Surface (ha) |
Longueur(km) |
Total France |
53 496 |
18 628 |
1 588 |
dont huîtres |
38 527 |
14 909 |
- |
dont moules |
8 354 |
604 |
1 588 |
Source
: calculé d'après les
données CAAM au 31 décembre 1998.
En raison des écarts de tonnage pour l'année 1996 entre
l'enquête officielle publiée en 1998 et les résultats
proposés par les structures professionnelles, l'analyse en cultures
marines s'avère difficile.
Les structures professionnelles annoncent pour 1998 une baisse des tonnages
d'huîtres (environ - 20 à - 30 %) par rapport aux
130-140 000 tonnes de 1997 et une relative stabilité pour les
tonnages de moules (60-65 000 tonnes).
La production en 1998 est estimée à 223.000 tonnes,
moules et huîtres essentiellement, dont la production a doublé
depuis 1983.
LA CONCHYLICULTURE EN BREF
Les
huîtres pondent en saison estivale. Le suivi des pontes est
effectué par l'Ifremer et publié dans la presse régionale,
ce qui permet à l'ostréiculteur d'immerger ses collecteurs au
moment où les larves se fixent (le captage). Une larve captée
devient un naissain qui atteint environ 3 cm au bout de neuf à
douze mois. A ce stade, l'ostréiculteur effectue le détroquage en
détachant le naissain des collecteurs pour faire du demi-élevage
en parc jusqu'à 18 mois.
La méthode d'élevage varie ensuite selon les régions, les
traditions et le profil de l'estran, c'est-à-dire la portion de
côte découverte par les marées. Bien que toutes les
huîtres creuses soient de la même espèce, d'origine
japonaise, leur goût diffère selon le mode d'élevage, la
technique et le terroir de finition. Sur l'estran l'élevage se pratique
à plat ou en surélevé dans des poches posées sur
des tables. Dans les parcs en eau profonde les huîtres sont suspendues
à des cordes amarrées à des système flottants
(longues lignes), ou fixes (tables de l'étang de Thau).
L'élevage dure trois ou quatre années. Il peut s'achever par
l'affinage qui se pratique en bassins peu profonds appelés claires ou
dans des estuaires riches en phytoplancton. L'affinage conduit à une
amélioration de la qualité de la chair et du goût de
l'huître. Dans les claires, les huîtres peuvent acquérir une
pigmentation verte liée à la présence d'une espèce
particulière de phytoplancton. Sans affinage, il es nécessaire de
tremper les huîtres vingt-quatre à quatre-huit heures en bassin
pour les débarrasser du sable et des impuretés, avant de les
commercialiser.
Source
: Magazine Pêche-Info du Ministère de
l'agriculture et de la Pêche
Aquaculture et pêche continentales
Au cours de l'année 1998, la production de l'aquaculture et de la
pêche continentales françaises a dépassé
60.000 tonnes. Cette production a trois origines essentielles :
- la
salmoniculture
qui, avec environ 50.000 tonnes de truites
produites, fait de la France l'un des tous premiers producteurs mondiaux ;
- la
pisciculture d'étangs
, établie dans les
régions de longue tradition, met sur le marché environ
10.000 tonnes de poissons d'étangs destinés soit à la
consommation, soit au repeuplement. Elle évolue lentement tant au niveau
des techniques que de l'élevage d'espèces nouvelles comme
l'esturgeon, le silure, la perche et les écrevisses... ;
- la
pêche professionnelle
est pratiquée par environ
600 pêcheurs professionnels attributaires de concessions de
pêche sur le domaine public. Leur production avoisine 2.000 tonnes.
L'ensemble de ce secteur d'activité génère environ
4.000 emplois directs et son chiffre d'affaires est de l'ordre de
1,2 milliard de francs par an.
Votre rapporteur pour avis rappelle que la production aquacole et la
pêche professionnelle continentales ont deux objectifs essentiels
développés dans le plan de secteur communautaire
pêche-agriculture 1994-1999 du DOCUP :
- limiter le déficit commercial annuel français, d'environ
14 milliards de francs, pour les produits d'origine aquatique, en
fournissant le marché en produits frais, variés et de
qualité ;
- participer à l'organisation et à l'entretien des
territoires ruraux nationaux en y créant des emplois durables. En
développant un marché de la pêche de loisir, en
parallèle de celui de la consommation, bon nombre d'entreprises
aquacoles répondent aux préoccupations des Français en
matière d'environnement et de loisir (pêche et tourisme).
PRODUCTION FRANÇAISE DES PÊCHES MARITIMES ET DES CULTURES MARINES
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998* |
||||||
|
Quantités (T) |
Valeurs (MF) |
Quantités (T) |
Valeurs (MF) |
Quantités (T) |
Valeurs (MF) |
Quantités (T) |
Valeurs (MF) |
Quantités (T) |
Valeurs (MF) |
Quantités (T) |
Valeurs (MF) |
Poissons |
331 348 |
3 864,1 |
351 532 |
3 490,3 |
346 770 |
3 476,3 |
345 257 |
3 796,0 |
353 582 |
3 820,2 |
367 725 |
4 011,2 |
Crustacés |
22 081 |
593,8 |
21 017 |
580,6 |
22 034 |
586,8 |
19 940 |
560,2 |
22 240 |
619,5 |
23 130 |
650,5 |
Coquillages |
59 400 |
385,8 |
66 915 |
413,0 |
40 740 |
326,1 |
35 455 |
323,4 |
55 375 |
397,5 |
57 590 |
417,4 |
Céphalopodes |
23 839 |
307,9 |
20 193 |
278,3 |
23 272 |
297,8 |
21 092 |
283,0 |
22 694 |
325,2 |
23 602 |
341,5 |
Algues |
12 775 |
20,3 |
16 485 |
23,9 |
15 883 |
22,1 |
17 492 |
22,7 |
15 568 |
20,8 |
13 500 |
18,0 |
Thon tropical |
154 222 |
729,5 |
161 507 |
851,1 |
141 948 |
658,6 |
133 532 |
654,3 |
118 249 |
783,0 |
107 630 |
796,5 |
Grande pêche |
10 000 |
43,6 |
7 210 |
34,1 |
12 669 |
53,1 |
11 771 |
45,2 |
13 300 |
40,0 |
11 692 |
40,8 |
Total pêche |
613 665 |
5 945,0 |
644 850 |
5 671,3 |
603 316 |
5 420,8 |
584 539 |
5 684,8 |
601 008 |
6 006,2 |
604 869 |
6 275,9 |
Huîtres |
148 467 |
1 796,7 |
146 990 |
1 671,9 |
152 129 |
1 409,2 |
149 650 |
149 650 |
141 300 |
1 557,0 |
|
|
Moules |
64 413 |
471,3 |
66 194 |
475,2 |
61 962 |
444,6 |
64 358 |
64 358 |
70 000 |
560,0 |
|
|
Autres coquillages |
4 188 |
61,0 |
3 938 |
52,7 |
3 994 |
54,0 |
4 378 |
4 378 |
4 506 |
64,1 |
|
|
Aquaculture |
3 700 |
160,4 |
5 781 |
248,0 |
6 166 |
284,0 |
5 967 |
5 967 |
7 589 |
365,9 |
|
|
Total cultures marines |
220 768 |
2 489,4 |
222 903 |
2 447,8 |
224 251 |
2 191,8 |
224 353 |
2 380,7 |
223 395 |
2 547,0 |
223 000 |
2 550,0 |
TOTAL général |
834 433 |
8 434,4 |
867 753 |
8 119,1 |
827 567 |
7 612,6 |
854 747 |
8 018,0 |
824 403 |
8 531,7 |
828 000 |
8 827 |
*
Données provisoires
Source
: DPMCM/BCS
b) La situation européenne
Notons qu'avec plus de 8 millions de tonnes de poissons produits grâce à la pêche et à l'aquaculture en 1999 (source : Eurostat/FAO), l'Union européenne représente la troisième puissance mondiale de pêche après la Chine et le Pérou .
CAPTURES DE POISSONS, CRUSTACES, MOLLUSQUES, etc...
EN
1995
(Y COMPRIS AQUACULTURE)
Source
: EUROSTAT/FAO
En 1995, les installations aquacoles de l'Union européenne ont produit
un peu plus de 1 million de tonnes de poissons, crustacés et
mollusques pour une valeur d'environ 1,9 milliards d'écus.
L'aquaculture fournit quelque 35.000 emplois à temps plein et
50.000 emplois à temps partiel.
2. La flottille de pêche
a) En France
La
flottille de pêche française se caractérise par
un lent
et régulier déclin en volume
.
En 1998, la flotte métropolitaine comptait 6.119 navires
armés représentant une puissance de 943 866 Kw et une
capacité de 166 646 tonneaux de jauge brute.
EVOLUTION DE LA FLOTTE DE PÊCHE FRANÇAISE EN NOMBRE DE NAVIRES
Situation au 31 décembre 1998 -
Source
CAAM
On a pu constater au début de l'année 1999 de nouvelles
commandes de bateaux : ainsi en Bretagne, quinze projets de nouveaux
navires ont été retenus : ces dossiers se
répartissent entre de petits bateaux et des navires plus importants,
comme le projet de chalutier de 22 mètres pour l'armement La Houle,
installé au port du Guilvinec.
Néanmoins votre rapporteur pour avis s'interroge sur la lenteur avec
laquelle les pouvoirs publics autorisent le renouvellement de la flotte, et ce
malgré l'autorisation de Bruxelles.
Comme à l'accoutumée, l'examen de la structure de la flotte
française fait apparaître
une prédominance des petites
unités de moins de 12 mètres
:
Au 31 décembre 1998 |
Navires |
Marins |
Moins de 12 m |
4 559 |
6 364 |
12 à moins de 16 m |
560 |
1 840 |
16 à moins de 25 m |
840 |
4 684 |
25 m et plus |
160 |
2 070 |
Mixte |
- |
1 598 |
Source
: CAAM - DPMCM - Février 1999
Le Ministre de l'agriculture a signé le 19 janvier 1999
l'arrêté fixant l'enveloppe -définie en terme de puissance
motrice- permettant la délivrance de permis de mise en exploitation
(PME) de navires de pêche à titre professionnel pour 1999.
b) En Europe
La
pêche et l'aquaculture sont des activités économiques
importantes au sein de l'Union européenne. Si elles ne contribuent
généralement que pour moins de 1% au produit national brut des
Etats membres, leur impact est très significatif comme source d'emplois
dans des zones où les autres alternatives à l'activité de
la pêche sont rares.
La flotte de pêche de l'Union européenne compte un peu plus de
97.000 navires
d'une grande diversité de tailles, de
capacités de pêche ou de puissances de capture.
Face au développement important des constructions de bateaux en
Angleterre (surtout en Ecosse) et en Espagne, votre rapporteur pour avis
s'interroge sur l'égalité des différents Etats membres
dans le renouvellement de la flotte.
LA FLOTILLE EUROPÉENNE AU 1 ER JANVIER 1998
Pays |
Navires (unités) |
Tonnages (TJB) |
Puissance (KW) |
Belgique |
148 |
23 082 |
64 896 |
Allemagne |
2 373 |
75 103 |
171 457 |
Danemark |
4 648 |
97 932 |
380 877 |
Espagne |
17 972 |
589 359 |
1 474 421 |
Finlande |
3 979 |
24 170 |
219 745 |
France |
8 836 |
209 460 |
1 141 528 |
Grèce |
20 243 |
111 933 |
654 199 |
Royaume-Uni |
8 658 |
253 409 |
1 047 690 |
Irlande |
1 246 |
61 082 |
190 625 |
Italie |
16 325 |
260 603 |
1 513 677 |
Pays-Bas |
1 040 |
174 344 |
482 263 |
Portugal |
11 579 |
123 923 |
393 671 |
Suède |
2 481 |
48 840 |
256 542 |
Eurostat
3. La situation des marins pêcheurs et des conchyliculteurs
a) Les emplois
En
France
Le nombre d'emplois à la pêche est en constante diminution depuis
bientôt dix ans.
NOMBRE
D'EMPLOIS À LA PÊCHE
Source
: Direction des pêches maritimes
et des
cultures marines
En 1998, ces emplois à la pêche se décomposent de la
façon suivante :
NOMBRE D'EMPLOIS À LA PÊCHE EN 1998
Genre de navigation/Durée |
<3 mois |
3-6 mois |
6-9 mois |
>9 mois |
Total |
Grande pêche |
252 |
188 |
148 |
616 |
1204 |
Pêche au large |
1 094 |
542 |
616 |
2 234 |
4 486 |
Pêche côtière |
814 |
433 |
653 |
2072 |
3972 |
Petite pêche |
2 302 |
1 594 |
1 928 |
5 532 |
11 356 |
Conchyliculture |
469 |
425 |
445 |
3 606 |
4 945 |
TOTAL |
4 931 |
3 182 |
3 790 |
14 060 |
25 963 |
16
560 marins ont été embarqués pour plus de trois mois
par la flotte de pêche française en 1998.
Votre rapporteur pour avis regrette d'avoir à constater que si le
rapport sur la " situation du chômage à la pêche et ses
causes " -prévu par la loi d'orientation pour la pêche- a
été remis en août 1998 au Parlement, la
quasi-totalité des textes d'application en matière sociale de la
loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines ne sont
pas parus, contrairement aux décrets et arrêtés
prévus dans le domaine économique.
En Europe
Les emplois fournis par la pêche sont variés. Même si le
nombre de pêcheurs au sein de l'Union européenne a diminué
au fil des années, entre les emplois à temps plein et ceux
à temps partiel,
quelque 260.000 pêcheurs travaillent
encore aujourd'hui en mer
. Leurs activités génèrent un
nombre encore plus élevé d'emplois dans la filière
halieutique proprement dite (transformation, conditionnement, transport et
commercialisation) et les services (chantiers navals et ateliers de fabrication
d'équipements de pêche, sociétés d'avitaillement et
entreprises de gestion).
Ces emplois sont essentiels à nombre de zones littorales
périphériques de la Communauté. Des études
effectuées il y a quelques années ont permis d'identifier quelque
300 zones côtières dans l'Union où la part de l'emploi
procurée par le secteur de la pêche, par rapport à l'emploi
total, restait faible, de l'ordre de 1 à 1,5%. Cette part passait
toutefois à 10 % dans 20 de ces zones, notamment en certains points
de la façade atlantique de l'Espagne, de la côte Est de l'Italie
et en Ecosse. Dans 82 autres zones, le secteur de la pêche
continuait de fournir entre 2 et 10 % de l'ensemble des emplois.
Même dans les zones côtières où le nombre d'emplois
" pêche " semble peu élevé, ces emplois demeurent
essentiels. Des facteurs géographiques et économiques tels que la
distance par rapport aux grands centres d'activité, la faible
densité de la population, la pauvreté des terres agricoles ou le
déclin industriel, qui caractérisent nombre de zones
côtières, se conjuguent pour réduire les
possibilités d'emploi.
NOMBRE
DE PÊCHEURS DANS LA COMMUNAUTÉ (EMPLOIS DIRECTS)
TOTAL
1995 : 263.019 PÊCHEURS
Source
: OCDE
b) La formation maritime
La
formation est indissociable de l'exercice de la profession de marin
pêcheur, qui est notamment subordonnée à l'obtention de
brevets de navigation.
Votre rapporteur pour avis rappelle que les
professionnels appellent de leurs voeux une meilleure prise en compte de la
spécificité de ce métier
qui devrait se traduire par
une plus grande place faite à l'embarquement dans la formation initiale
ainsi qu'à la dimension économique et gestionnaire du rôle
de chef d'entreprise à la pêche artisanale. Selon le
ministère, tant les réformes engagées dans l'adaptation
des cursus de formation que celles prévues par la loi d'orientation sur
la pêche maritime visent à répondre à ces
préoccupations. Ainsi, la loi d'orientation a prévu
l'élargissement du champ d'action du fonds d'assurance formation de la
pêche et des cultures marines et le développement de
l'apprentissage. Elle prévoit également un encouragement à
la formation économique des chefs d'entreprise de pêche artisanale
par le biais d'une incitation fiscale à l'installation pour les jeunes
patrons qui auront suivi une telle formation.
Votre rapporteur pour avis a pris acte du statut public accordé par
le Gouvernement aux écoles maritimes et aquacoles, et à leurs
personnels.
B. LE SOLDE DU COMMERCE EXTÉRIEUR
Bien que le français ne soit pas un très gros consommateur de poisson, la production française est largement insuffisante. Le solde de la balance commerciale française s'est encore détérioré en 1998, puisqu'après un déficit supérieur à 11 milliards de francs en 1997, il a atteint près de 14 milliards de francs, soit + 21 % en volume et + 24 % en valeur.
LA
BALANCE COMMERCIALE DES PRODUITS DE LA MER
Source : CFCE, Export Agro-Stat d'après douanes françaises
1. Les exportations
Elles
se montent pour 1998 à 6,2 milliards de francs.
Si les exportations de poissons, crustacés et mollusques vivants, frais
réfrigérés ou congelés ont faiblement
progressé en valeur entre 1997 et 1998, les ventes françaises ont
plutôt régressé en volume sur la plupart des grands
marchés -Espagne et UEBL exceptées-. On assiste, par ailleurs,
à une forte baisse des exportations de conserves et préparations
(-22,7 % en volume, - 13,7 % en valeur).
Cette baisse est imputable à l'effondrement des exportations de
conserves de thon : 22.978 tonnes et 435 millions de francs en
1998 contre 33.499 tonnes et 658 millions en 1997 (-33 % en
valeur).
ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS DE PRODUITS DE LA PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE PAR GROUPE DE PRODUITS
|
1997 |
1998 |
Évolution % |
|||
|
Tonnes |
Mio FRF |
Tonnes |
Mio FRF |
Volume |
Valeur |
Poissons Vivants |
5 240 |
559,9 |
5 293 |
369,1 |
+ 1 |
- 34,7 |
Poissons frais ou réfrigérés |
67 780 |
1 599,7 |
74 314 |
1 714,8 |
+ 9,6 |
7,2 |
Poissons congelés |
184 484 |
1 064,8 |
158 538 |
1 075 |
- 14,1 |
+ 1 |
Filets et chair de poisson, foies, oeufs, laitances |
13 220 |
331,9 |
13 952 |
416,3 |
+ 5,5 |
+ 25,4 |
Poissons séchés, salés, fumés, en saumure |
6 365 |
216,1 |
6 708 |
243 |
+ 5,4 |
+ 12,2 |
Total Poissons |
277 099 |
3 722,4 |
258 805 |
3 817,7 |
- 6,6 |
+ 1,2 |
Crustacés |
14 518 |
738 |
14 723 |
774 |
+ 1,4 |
+ 4,9 |
Mollusques |
34 675 |
728,8 |
36 900 |
723,9 |
+ 6,4 |
- 0,7 |
Total crustacés, mollusques |
49 193 |
1 466,9 |
51 623 |
1 497,9 |
+4,9 |
+2,1 |
Préparations et conserves de poissons |
48 140 |
1 002,2 |
36 682 |
793,9 |
-23,8 |
-20,8 |
Préparations et conserves de crustacés ou mollusques |
5 951 |
202 |
5 138 |
202 |
-13,7 |
-0,2 |
Total préparations, conserves |
54 091 |
1 204,2 |
41 820 |
995,4 |
-22,7 |
-17,3 |
Total produits de la mer |
|
64 435 |
|
6 311,1 |
|
-2,1 |
Source : CFCE, export-Agro-Stat d'après douanes françaises
2. Les importations
Les
importations s'élèvent pour 1998 à 20,3 milliards de
francs. Les tonnages importés, après avoir régressé
de 4,5 % en 1997, progressent à nouveau de 9,5% en 1998.
On constate une forte progression, notamment en valeur, pour les
préparations et conserves, les filets frais et congelés
(+23,8 % en valeur), ainsi que pour les crevettes (+9,6 % en volume
et +17,8% en valeur).
EVOLUTION DES IMPORTATIONS DE PRODUITS DE LA PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE PAR GROUPES DE PRODUITS
|
1997 |
1998 |
Évolution % |
|||
|
Tonnes |
Mio FRF |
Tonnes |
Mio FRF |
Volume |
Valeur |
Poissons vivants |
4 167 |
311,6 |
4 229 |
252 |
+5 |
-19,1 |
Poissons frais ou réfrigérés |
190 541 |
3 690,7 |
192 246 |
3 787,8 |
+0,9 |
+2,6 |
Poissons congelés |
69 650 |
796,5 |
74 079 |
862,5 |
+6,4 |
+8,3 |
Filets et chair de poisson y.c., foies, oeufs, laitances |
166 795 |
3 096,1 |
185 592 |
3 833,9 |
+11,3 |
+23,8 |
Poissons séchés, salés, fumés, en saumure |
23 469 |
661,6 |
22 793 |
734,7 |
-2,9 |
+11 |
Total Poissons |
454 622 |
8 556,5 |
278 939 |
9 470,9 |
+5,3 |
+10,7 |
Crustacés |
88 602 |
3 663,6 |
97 116 |
4 314,6 |
+9,6 |
+17,8 |
Mollusques |
91 332 |
1 493,3 |
103 563 |
1 657,6 |
+13,4 |
11 |
Total crustacés, mollusques |
179 934 |
5 156,9 |
200 679 |
5 972,2 |
+11,5 |
+15,8 |
Préparations et conserves de poissons |
144 391 |
3 128 |
158 259 |
3 609,9 |
+9,6 |
+15,4 |
Préparations et conserves de crustacés ou mollusques |
31 782 |
982,7 |
34 007 |
1 061,3 |
+7 |
+8 |
Total préparations, conserves |
176 173 |
4 110,7 |
192 266 |
4 671,2 |
+9,1 |
+13,6 |
Total produits de la mer |
|
17 824,1 |
|
20 114,3 |
|
|
Source
: CFCE, Export-Agro-Sat d'après douanes
françaises
Différents facteurs expliquent ces évolutions :
- le marché français est porteur, avec une évolution
positive de la consommation, mais un recul des captures et une hausse des
cours ;
- une hausse sensible du prix des poissons blancs importés dû
à la baisse des disponibilités au niveau mondial en particulier
dans l'hémisphère sud -en raison de l'impact du
phénomène climatique El Niño- ;
- en ce qui concerne les conserves, on assiste à un recul des
captures de thon et à une hausse des cours liés à des
problèmes de pénuries (inexploitation des ressources).
3. Les principaux partenaires de la France en produits de la mer
a) Pour les produits destinés à l'alimentation humaine hors préparations et conserves
PRODUITS POUR L'ALIMENTATION HUMAINE
HORS PREPARATIONS ET
CONSERVES
PRINCIPAUX FOURNISSEURS |
PRINCIPAUX CLIENTS |
||||||
|
1998 |
|
|
1998 |
|
||
PAYS |
Mio FRF |
% |
% en 1997 |
PAYS |
Mio FRF |
% |
% en 1997 |
Royaume-Uni |
2 247 |
14,5 |
15,9 |
Espagne |
1 449 |
27,3 |
27,2 |
Norvège |
1 845 |
11,9 |
13,1 |
Italie |
977 |
18,4 |
18,4 |
Danemark |
842 |
5,5 |
5,5 |
Côte d'Ivoire |
480 |
9 |
7,6 |
Pays-Bas |
796 |
5,2 |
5,2 |
UEBL |
464 |
8,7 |
7,1 |
Espagne |
765 |
5 |
5 |
Allemagne |
332 |
6,2 |
5,9 |
Islande |
668 |
3,3 |
4,3 |
Royaume-Uni |
311 |
5,9 |
5,3 |
Etats-Unis |
632 |
4,1 |
4,2 |
Pays-Bas |
275 |
5,2 |
4,7 |
Equateur |
516 |
3,3 |
4,3 |
Portugal |
168 |
3,2 |
3,3 |
Irlande |
503 |
3,3 |
3,5 |
Suisse |
134 |
2,5 |
2,4 |
Source : CFCE, Export Agro Stat.
b) Pour les préparations et les conserves
PRÉPARATIONS ET CONSERVES
PRINCIPAUX FOURNISSEURS |
PRINCIPAUX CLIENTS |
||||||
|
1998 |
|
|
1998 |
|
||
PAYS |
Mio FRF |
% |
% en 1997 |
PAYS |
Mio FRF |
% |
% en 1997 |
Côte-d'Ivoire |
1 250 |
26,8 |
26,6 |
Allemagne |
193 |
19,4 |
18,8 |
Espagne |
319 |
6,8 |
8,3 |
Royaume-Uni |
179 |
18 |
16,7 |
Allemagne |
295 |
6,3 |
5,6 |
UEBL |
172 |
17,3 |
15,8 |
Thaïlande |
240 |
5,1 |
5,6 |
Pays-Bas |
109 |
11 |
13,2 |
Danemark |
232 |
5 |
5,2 |
Italie |
77 |
7,7 |
12,6 |
|
|
|
|
Espagne |
74 |
7,5 |
6,7 |
Source : CFCE, Export Agro Stat
II. L'ACTION CONDUITE PAR LES POUVOIRS PUBLICS
A. LE BILAN DES TEXTES D'APPLICATION DE LA LOI D'ORIENTATION SUR LA PÊCHE MARITIME ET LES CULTURES MARINES
Sur les 59 articles de la loi d'orientation de 1997, une
trentaine d'articles étaient d'application immédiate. Il s'agit
notamment des articles créant la société de pêche
artisanale, de ceux relatifs à la définition de patron
embarqué au sens de l'Etablissement national des invalides de la Marine
(ENIM) et à la validation des services à terre, à
l'étalement des plus values de cession, à la définition du
mareyage, à l'affirmation du caractère agricole de cultures
marines, à la lutte contre la pêche illégale dans les mers
australes, à la représentation de l'entreprise par le conjoint
dans les coopératives et à l'exercice de la pluriactivité.
S'agissant du volet social, les articles d'application directe concernent
l'abrogation de l'article de la loi permettant le dérôlement
abusif, la définition de la rémunération à la part,
l'application du droit commun du licenciement et la " modernisation "
du code de travail maritime.
Les autres articles -une trentaine donc- exigent la parution de textes
d'application
.
De novembre 1997 à septembre 1998, 5 décrets et
deux arrêtés sont parus. De septembre 1998 à septembre
1999, 7 décrets et un arrêté -non prévu- ont
été publiés.
Ainsi, les deux tiers des décrets qui relèvent du volet
" économique " de la loi (titres I à IV) sont
aujourd'hui parus.
Outre les décrets n° 98-1060 du 24 novembre 1998
(article 2 sur le Conseil supérieur d'orientation des politiques
halieutique, agricole et halio-alimentaire) et n° 98-1261 du
29 décembre 1998 (article 3 sur l'OFIMER), ceux relatifs
à l'entreprise de pêche, à la première installation
à la conservation des ressources et au délai d'immatriculation
des pêcheurs professionnels au registre du commerce sont parus. Il en est
de même des textes intéressant l'ENIM -statut du conjoint de chef
d'entreprise et modification du décret-loi de 1938 sur la caisse
générale de prévoyance- qui ont été
publiés respectivement les 16 septembre et
18 novembre 1998. Les textes relatifs à la première
mise en marché et à la création des CORECODE (Commissions
régionales de coordination des débarquements) ont
également été publiés en fin d'année 1998.
La captation des quotas a, par ailleurs, fait l'objet d'une circulaire
ministérielle du 31 août 1998, de manière
à permettre l'entrée en vigueur du dispositif en ce début
d'année 1999.
Sur ce point, l'année 1999 a été riche en
événements.
En effet, depuis le début de cette
année, une vingtaine de navires appartenant à des espagnols mais
immatriculés à Bayonne sont sous le coup d'une interdiction
d'accès
aux quotas de pêche français dans les eaux
européennes.
Afin de contourner le principe fondateur de la PCP, la stabilité
relative de l'accès à la ressource
-des armateurs espagnols se
sont employés depuis quelques années à racheter à
prix élevé des navires de pêche travaillant sous pavillon
français
, irlandais ou britannique, mais avec des équipages
espagnols, en raison du coût moindre, à l'exception, notamment en
France, du patron à l'autorité très théorique
(l'affaire " Leclerc ", marin de Grandville qui a
démissionné de son poste de capitaine sur un navire espagnol,
illustre ces faits)
3(
*
)
. Le
navire acquis ne voit jamais le quartier maritime où il a
été immatriculé, le port de mise en marché
étant espagnol.
Votre rapporteur pour avis rappelle que la loi d'orientation exige d'un
navire, pour être sous pavillon français, qu'il ait un
"
lien économique réel
" avec notre territoire
ou qu'il y soit géré par un "
établissement
stable
"
. Or, seule une minorité des armateurs espagnols
ont fait l'effort d'installer le siège social de leur entreprise en
France, d'embaucher des marins résidant dans notre pays ou de
débarquer une part importante de leur pêche dans un port de
l'hexagone.
Votre rapporteur pour avis espère que la multiplication
des sanctions à l'égard des armateurs espagnols peu respectueux
du droit les incitera à se mettre en règle, au
bénéfice de l'économie de nos ports.
Les décrets relatifs aux organisations de producteurs, à la
suspension des brevets et des licences de pêches et à
l'habilitation des agents opérant la saisie des produits de la
pêche sont, selon les informations obtenues par votre rapporteur,
actuellement soumis à l'examen du Conseil d'Etat.
Les décrets " ressources ", après avoir
été soumis au Conseil de la Concurrence, ont été
présentés devant la Commission Européenne pour avis.
Enfin, le décret sur la pêche à pied et celui sur la
constitution des droits réels sur le domaine public maritime sont encore
en discussion avec les autres ministères et les organismes
professionnels.
Votre rapporteur pour avis prend acte de l'effort déjà
accompli par le Gouvernement pour mettre en application cette loi. Il regrette
néanmoins :
- en premier lieu, la non-parution d'une circulaire de l'administration
fiscale sur le dispositif " SOFIPÊCHE " qui a paralysé
pendant de longs mois cette mesure, alors même que le décret
n° 98-124 était publié dès le
2 mars 1998 ;
- en second lieu, la non-parution de décrets relatifs au volet
social. Alors que le Gouvernement avait insisté, à l'automne
1997, sur le volet social du projet de loi, on constate que deux ans plus tard,
les articles relatifs à l'apprentissage maritime, au repos hebdomadaire
des marins et à la protection des marins contre l'amiante sont lettres
mortes en faute de textes d'application.
En ce qui concerne le rapport sur la bande côtière qui doit
être remis au Parlement avant la fin de l'année, une mission
tripartite Affaires maritimes-COPERCI et IFREMER a été
constituée.
Le bilan global est donc mitigé. Votre rapporteur pour avis souhaite
que l'année 2000 permette d'achever ce grand chantier législatif,
qui a débuté il y a maintenant près de quatre ans.
B. L'INSTALLATION DE DEUX ORGANISMES IMPORTANTS POUR LA FILIÈRE DE LA PÊCHE MARITIME ET DES CULTURES MARINES
1. L'OFIMER
Au
nombre des mesures dont la mise en oeuvre était prévue par la loi
d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines, la
création de l'OFIMER, qui s'est substitué au FIOM le
1
er
janvier 1999, revêt une importance
particulière.
Ce nouvel office est en effet l'illustration de la volonté commune de
création d'un véritable " esprit de
filière "
, favorisant la valorisation systématique et
organisée de la production halieutique. L'OFIMER reprend les
compétences, assurées jusqu'à présent par l'office
national interprofessionnel des viandes, de l'élevage et de l'aviculture
(OFIVAL), en matière d'aquaculture continentale.
Enfin, pour que soit consacré le rôle purement économique
de l'OFIMER, la section sociale du FIOM (gestion des caisses d'indemnisation
contre les intempéries et les avaries) a été
transférée au Comité national de la pêche maritime
(CNPMEM).
Les missions de l'OFIMER
La volonté de développer un véritable esprit de
filière doit sous-tendre toutes les actions de l'OFIMER. Dans ce cadre,
l'office intervient principalement en faveur :
- de l'amélioration de la connaissance et du fonctionnement du
marché : le rôle des organisations de producteurs y est
fondamental tant dans la régulation du marché que dans
l'organisation des apports.
L'OFIMER assure également, dans ce cadre, le rôle de correspondant
financier du Fonds Européen d'orientation et de Garantie Agricole,
(FEOGA - Section Garantie) pour le versement aux organisations de
producteurs des aides prévues par l'OCM pour l'intervention sur le
marché des produits de la mer ;
- de la modernisation des outils de commercialisation des produits de la
mer et de l'aquaculture : l'OFIMER apporte son concours à certains
investissements réalisés dans les criées et doit soutenir
la modernisation des entreprises de mareyage ;
- des démarches en vue de mieux valoriser la production halieutique
et aquacole française : cette orientation recouvre d'une part, le
lancement d'opérations collectives de recherche, expérimentation
et innovation, d'autre part une incitation aux actions professionnelles
permettant l'amélioration de la qualité, la
traçabilité, l'identification des produits de la mer et de
l'aquaculture.
Enfin, l'OFIMER assure en grande partie, grâce à la perception de
taxes parafiscales, le financement d'actions de promotion des produits.
Le Conseil de direction de l'OFIMER
Pour faciliter le développement d'un véritable esprit de
filière, l'OFIMER est piloté par un conseil de direction
constitué, outre son président, de 41 membres. Si l'on
excepte les représentants de l'administration, les membres sont
répartis à parité entre l'amont et l'aval de la
filière, afin d'appréhender de façon
équilibrée les préoccupations de l'ensemble des
professionnels concernés.
2. Le Conseil supérieur d'orientation des politiques halieutique et haliaoalimentaire (CSO)
Le 16
février 1999, le ministre de l'agriculture et de la pêche a
installé le nouveau Conseil supérieur d'orientation des
politiques halieutique, aquacole et halioalimentaire (CSO).
Celui-ci prend la suite de la Commission de suivi de la Pêche
instituée en 1994 et
doit être le lieu de concertation entre le
Ministre et les professionnels sur l'ensemble des questions concernant les
pêches maritimes et l'aquaculture
, qu'elles relèvent des
domaines économiques, sociaux, de la recherche, de la formation ou de la
sécurité.
Cet organisme comprend des représentants de l'ensemble de la
filière ainsi que des différents ministères
intéressés ou d'organismes tel que l'IFREMER, l'OFIMER, le
Crédit maritime, le CNPM et le Comité national de la
conchyliculture (CNC).
Lors de la première réunion, le Ministre a souhaité que le
CSO puisse lancer une réflexion sur la future réforme de la
politique commune des pêches à l'horizon 2002, en vue
d'étayer les positions françaises lors de la négociation
à venir.
C. UN BILAN DES ACTIONS MENÉES DANS LE SECTEUR DE LA CONCHYLICULTURE
En juillet 1997, le ministre de l'Agriculture et de la
Pêche a demandé une étude sur ce secteur économique
afin de disposer d'un bilan global.
En octobre 1998
, le Comité permanent des inspections du
ministère de l'Agriculture et de la Pêche a remis au Ministre
un audit de la conchyliculture
rédigé par MM. Blanc, Sourd
et Silberzahn. Ce rapport identifie les difficultés auxquelles ce
secteur doit faire face et propose des mesures concrètes afin
d'améliorer la situation de la filière.
Le constat est le suivant :
- la place des activités conchylicoles sur le littoral est remise
en question ;
- la production est tributaire de nombreux aléas naturels ;
- la formation professionnelle des conchyliculteurs et l'appui technique
par des organismes collectifs restent à améliorer ;
- les difficultés de commercialisation des produits sont
réelles.
Les propositions sont regroupées autour de trois thèmes :
réformer la gestion du littoral, assurer la promotion des hommes et des
entreprises et organiser les marchés des produits des cultures
marines.
Sur le premier point, les rapporteurs préconisent notamment de
développer le rôle des schémas des structures
institués par le décret du 22 mars 1983 afin, par
exemple, de reconstituer les bassins ou de faciliter l'installation des jeunes
conchyliculteurs. Ils soulignent également la nécessité de
clarifier les cas d'application de diverses réglementations : loi
littoral et règles d'urbanisme, études d'impact, etc.
Sur le deuxième point, les rapporteurs souhaitent le
développement de l'installation de jeunes conchyliculteurs et le
renforcement de la formation professionnelle, initiale mais aussi continue.
Enfin, pour améliorer les conditions de commercialisation, la mission
propose de développer la normalisation des produits, gage de
transparence du marché et de renforcer les soutiens, notamment de
l'OFIMER, aux actions déjà entreprises par les professionnels
(constitution d'organisations de producteurs, recours aux signes de
qualité, etc).
Cet audit montre également que les professionnels réagissent
aux difficultés contrastées et qu'ils perçoivent de plus
en plus la nécessité de s'engager dans des démarches
collectives
. Selon les informations fournies à votre rapporteur pour
avis, la direction des pêches maritimes et des cultures marines
étudie les moyens d'améliorer le suivi statistique, de
reconnaître au comité national de la conchyliculture les
compétences d'une interprofession agricole en matière
d'organisation des marchés (possibilités de conclure des accords
avec l'aval de la filière en matière, par exemple, de conditions
de mise en marché), et prépare un projet de décret relatif
aux aides à l'installation.
Par ailleurs, sur le plan interministériel, dans le cadre de
l'élaboration du rapport sur l'application de la loi littoral du
3 janvier 1986, le ministère de l'Agriculture et de la
Pêche a fait valoir la nécessité d'adapter la
réglementation afin de faciliter la réalisation
d'équipements aquacoles dans les espaces naturels proches du rivage et
les espaces naturels remarquables définis par l'article L.146-6 du
code de l'urbanisme.
Enfin, selon les informations fournies à votre rapporteur pour
avis par le Gouvernement,
le recours aux contrats territoriaux
d'exploitation, institués par la loi d'orientation agricole, devrait
être encouragé par le Gouvernement
4(
*
)
afin de renforcer le rôle
économique mais aussi environnemental des conchyliculteurs dans
l'aménagement du littoral.
D. LE SECTEUR DE LA PÊCHE MARITIME ET DES CULTURES MARINES À TRAVERS LA LOI D'ORIENTATION AGRICOLE
La
loi d'orientation agricole comporte un volet " pêche maritime et
cultures marines "
. Outre le contrat territorial d'exploitation, il
s'agit notamment de l'article 26 qui étend au secteur de la pêche
et des cultures marines, sous certaines conditions, le bénéfice
du statut du conjoint institué par la loi d'orientation agricole.
Le I de l'article 16 de la loi n° 97-1051 du
18 novembre 1997 d'orientation sur la pêche maritime et les
cultures marines octroie une pension, versée par la caisse de retraites
des marins, au conjoint du patron propriétaire embarqué ou du
chef d'exploitation ou d'entreprise de cultures marines relevant du
régime spécial de sécurité sociale des marins.
L'article 26 a deux objets :
- d'une part, il tend à préciser que le statut du conjoint
de patron pêcheur, instauré par le I de la loi n°97-1051,
s'applique dans les mêmes conditions au conjoint du copropriétaire
embarqué afin d'éviter une interprétation restrictive,
contraire à l'esprit initial de la loi ;
- d'autre part, il vise à tirer les conséquences du
dispositif institué par l'article 18 du projet de loi d'orientation
agricole. En effet, les mesures prévues pour les conjoints des chefs
d'exploitation agricoles dans ce projet de loi (droits d'assurance vieillesse
et créance sur salaire différé) vont s'appliquer aux
conjoints des chefs d'exploitation de cultures marines lorsque ces derniers
relèvent du régime agricole. C'est notamment le cas des
conchyliculteurs, qui relèvent soit de l'ENIM, soit de la MSA. Il
convient donc de préciser que le statut du conjoint du chef
d'exploitation s'applique également au conjoint de l'associé
d'une exploitation de cultures marines lorsque celui-ci relève du
régime spécial des marins, et non du régime agricole.
Votre rapporteur pour avis souligne que l'article 65, qui
étendait les compétences de l'OFIMER dans le secteur des produits
de la mer et de l'aquaculture à l'ensemble des filières du
secteur des produits aquatiques, a été déclaré
contraire à la Constitution par le Conseil constitutionnel
dans sa
décision n°99-414 DC du 8 juillet 1999, et ce pour des
raisons procédurales. Il sera néanmoins nécessaire dans
les mois à venir de légiférer sur ce point.
E. LE BILAN DE LA LOI " LITTORAL "
L'article 41 de la loi du 3 janvier 1986
prévoit le
dépôt annuel d'un rapport du Gouvernement devant le Parlement
relatif au bilan de la loi " littoral ". Jusqu'à
présent, ce rapport n'a jamais été effectué.
Le 1
er
avril 1998, le Comité
Interministériel de la Mer a demandé au Ministre de l'Equipement,
du Logement et des Transports de préparer le rapport sur l'application
de la loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en
valeur du littoral.
Ce rapport, selon ses termes,
" n'a pas pour but de faire un bilan
exhaustif de la loi ni de présenter une étude globale de la
gestion intégrée du littoral. Il devrait cependant permettre,
après douze ans, de faire le point de la situation et d'engager l'avenir
par des propositions visant à améliorer le dispositif
d'ensemble. "
Ce document, déposé en février 1999, est
décomposé en deux parties : après le bilan sur les
objectifs de la loi, le rôle des acteurs dans la mise en oeuvre de la loi
est abordé.
A la page 27 de ce rapport figure un " 2 " relatif au maintien et au
développement des activités économiques. En effet, le
dispositif de la loi " littoral ", tant dans ses aspects
" protection " que dans ses aspects " planification " tient
compte des potentialités économiques du littoral. Presque chaque
disposition protectrice (la bande des 100 mètres ou les
règles de gestion du domaine public maritime) s'accompagne d'exceptions
destinées à tenir compte des activités maritimes,
notamment de celles liées au secteur primaire comme la pêche et
les cultures marines.
Votre rapporteur pour avis souhaite faire mention des conclusions de ce
rapport ayant trait aux secteurs de la pêche maritime et des cultures
marines :
" L'impact de la loi " littoral " sur le maintien et le
développement des activités de pêches et de cultures
marines est difficile à évaluer. En effet, ces activités
s'inscrivent dans un contexte économique international pour la
pêche, où l'impact de la politique communautaire est
essentiel : mesures de limitation de la flotte de pêche, protection
de la ressource, organisation des marchés... ; elles
s'insèrent aussi dans un contexte plus national, et surtout plus
" commercial " pour la conchyliculture (essentiel de la production
des cultures marines) : mise aux normes sanitaires, circuits de
distribution...
La baisse des effectifs, dans les deux secteurs, est liée
essentiellement à leur restructuration : dispositions
européennes relatives à la réduction de la flotte de
pêche, professionnalisation et schéma des structures imposant des
fusions de concessions pour le secteur aquacole.
L'impact de la loi " littoral " dans le développement des
cultures marines n'est cependant pas négligeable même si
localement certaines situations peuvent être difficiles à
gérer. En effet, certains sites littoraux sont désormais
classés au titre de la loi du 2 mai 1930 et le Conservatoire
du Littoral et des Rivages Lacustres est devenu propriétaire de secteurs
importants. Par ailleurs, la qualification d'un grand nombre de parties du
littoral comme espaces remarquables nécessite des accommodements plus ou
moins satisfaisants, tels que le recours à la technique du
" pastillage " (le pastillage consiste à exclure d'une zone
protégée des petites surfaces dédiées à des
activités ne correspondant pas au classement général de la
zone).
Cependant, les grands travaux d'aménagement réalisés, dans
nombre de zones littorales, avant l'entrée en vigueur de la loi,
limitant ainsi les possibilités pour l'avenir, ne sont plus possibles
aujourd'hui. Enfin, la loi règle le régime des compétences
pour les autorisations de culture marine, pour tenir compte de la
décentralisation portuaire, clarifiant la situation et permettant donc
le développement des entreprises dans la sécurité
juridique pour leurs emprises sur le domaine public maritime. "
F. LA PREMIERE LOI SUR LES 35 HEURES DANS LE SECTEUR DE LA PÊCHE
Le
ministre de l'emploi et de la Solidarité, le ministre de
l'équipement et des transports et le ministre de l'agriculture et de la
pêche ont signé, le 4 mars dernier, la circulaire n°463
qui prend en compte les spécificités des métiers de la
pêche pour l'application de la loi relative à la réduction
du temps de travail
5(
*
)
.
Dans son préambule, la circulaire interministérielle constate la
difficulté d'un métier où les marins passent souvent 260,
voire 300 jours en mer par an. "
La pêche maritime
connaît une situation paradoxale où coexistent chômage et
difficultés de recrutement. Le déficit en personnel navigant,
notamment qualifié, se manifeste dès aujourd'hui, les patrons se
plaignant de manquer de main d'oeuvre. Il risque, si rien n'est fait pour
inverser cette tendance, d'être crucial dans les années à
venir. "
Le texte gouvernemental admet que la réduction du temps de travail ne
peut passer que par une réduction du nombre de jours en mer. Deux
régimes seront donc possibles :
- une réduction de 10 % des jours d'embarquement, assortie de
6 % d'embauche ;
- ou une réduction de 15 % des jours et 9 % d'embauche.
Mais, s'agissant de postes embarqués, les créations seront
nécessairement équivalentes aux réductions.
Etant donné les différences de conditions de travail selon les
types de pêche, l'application de la circulaire ne sera pas uniforme. En
pêche industrielle, il s'agira de négocier davantage de jours de
congés payés, dans une proportion à déterminer,
mais qui pourrait être assez élevée. Ainsi, pour la
pêche au thon tropical, le système de relèves pourrait
évoluer dans le sens de plus grandes périodes de congés.
En pêche artisanale, il faudra trouver des modalités
spécifiques, comme le groupement d'armateurs pour les petits bateaux,
déjà prévu par la loi d'orientation.
Pour les hauturiers, la solution passera sans doute par l'extension d'une
formule déjà ancienne, consistant à laisser à terre
des hommes maintenus au rôle, par exemple deux par rotation sur un
équipage de huit.
Votre rapporteur pour avis constate
que les termes mêmes de cette
circulaire démontrent, s'il en était à nouveau besoin,
les rigidités excessives d'un dispositif obligatoire de
réduction du temps de travail
.
Votre rapporteur souligne que la multiplication des contraintes
législatives et réglementaires
-si légitimes
soient-elles parfois-,
contribuent à créer de nouvelles
distorsions de concurrence vis-à-vis des autres Etats membres de la
Communauté.
Il se félicite, par ailleurs, de l'extension au secteur de la
pêche maritime -exclu jusqu'à présent du champ de la
réglementation communautaire- de la proposition de directive
européenne sur le temps de travail à la pêche. Ce projet
permet le relèvement et l'harmonisation des normes sociales au sein de
l'Union européenne.
III. L'ÉVOLUTION DU CONTEXTE INTERNATIONAL ET COMMUNAUTAIRE
A. DANS LE DOMAINE COMMUNAUTAIRE
1. Les réformes de l'OCM et des fonds structurels
Ces deux
réformes ont donné lieu à deux propositions de
règlement (CE) du Conseil : la première définit les
modalités et conditions des actions structurelles dans le secteur de la
pêche (COM (98) 728 final) et a été transmise au
Sénat le 2 février 1999 sous le
numéro E 1203 ; la seconde concerne l'organisation
commune des marchés dans le secteur des produits de la pêche et de
l'aquaculture (COM (1999) 55 final) et a fait l'objet d'une transmission au
Sénat le 23 mars 1999.
La politique structurelle de la pêche et l'organisation commune de
marché (OCM) constituent deux des trois piliers de la Politique Commune
de la Pêche (PCP), le troisième étant la politique de
gestion de la protection de la ressource et d'accès aux ressources
halieutiques des pays-tiers.
La proposition de résolution n° 327 sur ces deux textes
communautaires, présentée par M. Jacques Oudin, a
été examinée en détail par la Commission des
affaires économiques au mois de mai dernier
6(
*
)
et a fait l'objet d'une
résolution adoptée en séance publique le 27 mai.
Votre rapporteur vous rappelle pour mémoire les termes de cette
résolution :
Le Sénat,
Vu les textes E 1203 et E 1230 soumis au Sénat dans le cadre de
l'article 88-4 de la Constitution,
Considérant l'importance de la pêche maritime et des cultures
marines sur le plan économique et social ainsi qu'en termes
d'aménagement du territoire ;
Considérant la situation fragile de nombreuses entreprises de la
filière pêche ;
Considérant la complémentarité au sein de la
filière pêche des secteurs de la production, de la transformation
et de la commercialisation ;
Considérant l'exigence accrue de qualité pour les produits de la
pêche, tant au stade de la production qu'à celui de la
commercialisation ;
Considérant que la nécessaire adaptation des volets
" structures " et " marché " de la Politique commune
de la pêche doit s'effectuer dans le respect des principes communautaires
et sans anticiper sur les prochaines négociations internationales dans
le cadre de l'Organisation mondiale du commerce ;
Invite le Gouvernement :
1/ Au sujet du texte E 1203 :
- à veiller au respect du principe de subsidiarité, afin de
permettre la prise en compte des différentes caractéristiques des
flottes et des pratiques de pêche de chaque Etat membre ;
- à s'opposer catégoriquement aux mesures portant par
anticipation sur un nouveau programme d'orientation pluriannuel tant qu'un
bilan du POP IV n'a pas été établi et à tout
transfert implicite de compétences du Conseil à la Commission
dans ce domaine ;
- à s'opposer aux conditions trop restrictives posées pour
le régime de renouvellement de la flotte et l'attribution d'aides
publiques qui y sont associées ;
- à obtenir un relèvement de 15 à 25 % du taux
de financement communautaire, afin de permettre une modernisation de la
flotte ;
- à obtenir les moyens financiers nécessaires au
développement de la filière aval, notamment pour les actions de
qualité mises en oeuvre par les organisations de producteurs ;
2/ Au sujet du texte E 1230
- à obtenir que l'organisation des marchés accorde toute sa
place à l'exigence de qualité, tant au stade de la production
qu'à celui de la commercialisation ;
- à faire en sorte que les aides aux organisations de producteurs
initiant des plans d'amélioration de la qualité soient accrues
grâce à une révision des modalités de calcul de ces
aides, une revalorisation de leur montant et un élargissement du nombre
des bénéficiaires ;
- à veiller, d'une part, au maintien du niveau de l'indemnisation
du retrait-destruction versée aux organisations de producteurs et
à obtenir, d'autre part, la mise en place d'un mécanisme
d'intervention exceptionnel en cas de crise grave ;
- à s'opposer au remplacement des contingents tarifaires autonomes,
consentis pour une durée déterminée, par des mesures
permanentes de suspensions tarifaires non limitées en
quantité ;
- à favoriser l'harmonisation des conditions de travail des
marins-pêcheurs au niveau communautaire et l'égalisation des
régimes sociaux sur le régime le plus élevé.
- à obtenir de la Commission européenne qu'elle
présente régulièrement, et pour chaque espèce
sensible, des bilans d'approvisionnement faisant clairement apparaître
l'état des besoins et des disponibilités, en vue d'établir
des contingents tarifaires autonomes ;
- à refuser une baisse trop importante, sans étude
préalable, de l'indemnité compensatoire " thon ".
La réforme sur l'OCM est toujours en discussion. Le débat
porte notamment sur le déséquilibre instauré par le texte
de la Commission européenne
entre l'encouragement à une
gestion responsable de la ressource et une politique commerciale qui compromet
la survie de la filière en lui faisant subir de plein fouet la
concurrence de pays très souvent affranchis de la plupart des
contraintes pesant sur les producteurs européens.
La réforme relative aux actions structurelles dans le secteur de la
pêche devait être achevée au Conseil Pêche du
10 juin
. Or, en raison de la proximité des élections
européennes, des multiples sujets restant en discussion (mesures d'aide
au renouvellement, durcissement des règles relatives à la gestion
des POP...),
les négociations ont été
poursuivies
: selon les informations fournies à votre
rapporteur pour avis,
la Commission européenne aurait accepté,
sur plusieurs points d'assouplir sa position
, notamment en acceptant la
notion d'objectifs finaux et globaux pour les règles d'entrée et
de sortie de flotte.
2. Le bilan de l'IFOP
L'instrument financier d'orientation de la pêche (IFOP) regroupe dans
le cadre des Fonds structurels les actions destinées à
l'adaptation des structures de la pêche, de l'aquaculture et à
l'amélioration des conditions de transformation et de commercialisation
des produits de la pêche et de le l'aquaculture
(Règlement du
Conseil (CEE) n° 2080/93 et (CE) n° 2468/98).
La Commission a arrêté en décembre 1994 les programmes
d'investissement de chacun des Etats membres pour la période 1994-1999.
Le programme retenu pour la France bénéficie d'une dotation
initiale de 189 millions d'euros au titre de l'objectif 5a et de 38,2
Millions d'euros pour les zones dépendant de l'objectif 1 (Corse et
DOM). Ces crédits communautaires sont délégués
à l'Etat membre au fur et à mesure de la réalisation des
opérations. Depuis 1994, la totalité des tranches annuelles ont
pu être engagées.
L'IFOP apporte un cofinancement aux aides nationales (Etat et
collectivités territoriales) relatives aux projets liés aux
domaines suivants
:
Les mesures touchant à la flotte,
qui sont de
différente nature : l'ajustement des efforts de pêche, la
modernisation et le renouvellement des navires, et diverses actions, notamment
socio-économiques. L'ajustement des efforts de pêche, sur la
période 94 à 98, a entraîné une sortie de flotte de
76.000 kw.
Afin de pouvoir atteindre les objectifs du POP IV, un plan de sortie de flotte
a été mis en place le 1
er
juillet 1999,
ciblé sur le segment des chalutiers de 0 à 30 mètres. La
participation communautaire, égale à la contrepartie nationale,
est estimée à 20 millions de francs. Au
31 décembre 1999, 85 % de l'enveloppe financière
de cette ligne devrait être utilisée, soit près de
150 millions de francs.
S'agissant de la ligne relative au financement des opérations de
modernisation et de renouvellement, plus de 221 millions de francs
devraient être engagés au 31 décembre 1999. On
notera à cet égard que la France a pu obtenir en 1998 un
relèvement significatif de la participation communautaire, celle-ci
passant à 30 % au maximum des investissements éligibles et
permettant ainsi un meilleur accompagnement des opérations entreprises
par les pêcheurs.
Pour accompagner l'ajustement de l'effort de pêche,
des mesures
socio-économiques
comme les mesures de cessation anticipée
d'activité ou d'allocation complémentaire de ressource ont
été mises en place. Une enveloppe de 20 millions de francs
est réservée à leur financement.
Un cofinancement communautaire alimenté par l'IFOP est également
prévu pour l'indemnisation relative à l'interdiction des filets
maillants dérivants décidée contre l'avis de la France.
Les projets retenus dans le secteur de
l'aquaculture marine
ont
permis la mise aux normes sanitaires et la modernisation des entreprises
(amélioration des conditions de travail, du traitement des coquillages
et les conditions de commercialisation).
La totalité des crédits européens prévus pour
l'équipement des ports de pêche
devrait être
engagée au 31 décembre 1999, soit plus de 20 millions de
francs.
L'enveloppe réservée au secteur de
la transformation et
de la commercialisation des produits de la pêche,
sur la
période 1994 à 1999, s'élève à environ 376
MF, dont 274 MF devraient être engagés au 31 décembre 1999.
Les crédits
finançant la promotion des produits de la
mer, de l'aquaculture et de la qualité
s'élèvent
à 97 MF dont 71 % devraient être engagés au 31
décembre 1999, soit 69,8 millions de francs.
Enfin, 13,5 millions de francs sur un total de 20 millions de francs
ont été engagés sur la ligne
Fonds de garantie
(mareyage et pêche)
. Ces moyens financiers ont essentiellement
facilité la
restructuration du secteur
, après la crise
subie en 1993-1994.
L'actuelle période de programmation s'achève au
31 décembre 1999 et sera suivie de la prochaine période
d'application des fonds structurels mis en place selon les modalités
opérationnelles prévues par l'Agenda 2000
.
Tous les règlements y afférents ont été
adoptés, à l'exception du règlement d'application de
l'IFOP en raison de difficultés importantes soulevées par les
propositions de la Commission. En tout état de cause, les débats
sur ce texte devront aboutir avant la fin de l'année 1999.
Les répartitions financières ont néanmoins
déjà eu lieu, la France s'étant vu attribuer une dotation
IFOP de 225 millions d'euros pour la période 2000-2006 en dehors de
l'objectif 1.
Ce montant, légèrement supérieur à la dotation
française de la précédente période de
programmation, devrait permettre de poursuivre les efforts menés pour
accompagner les investissements du secteur de la pêche et de
l'aquaculture.
3. Le bilan du programme d'orientation pluriannuel
Le POP a
pour objectif d'instaurer un équilibre à long terme entre
l'effort de pêche et les ressources halieutiques disponibles.
La Commission européenne a effectué récemment un
premier bilan de l'application du POP IV adopté en
décembre 1997 mais mis en place rétroactivement au
1
er
janvier de cette même année
. Il est
à noter que certains objectifs du POP III ont été
intégrés au POP IV.
Le rapport de la Commission fait valoir que durant l'année 1997, la
capacité de la flotte communautaire a été réduite
de 48.366 tonnes de jauge brutes et de 174.688 Kw, ce qui correspond
à une baisse de 2 % pour le tonnage et de 3 % pour la
puissance.
Au mois de janvier 1998, la capacité de pêche de l'Union
européenne s'établissait à un niveau inférieur de
16 % et de 7 % à ce qui était convenu au titre du POP
IV, respectivement, pour le tonnage et la puissance. Les divergences entre
Etats membres sont toutefois notables. Seuls deux pays membres, la France et
les Pays-Bas, ne se sont pas pliés aux objectifs du POP III -le
programme d'orientation pour la période 1991/1996-. Dans le cas de la
France, la flotte doit diminuer de 3 % en termes de tonnage et de 4 %
en termes de puissance pour se conformer aux objectifs finaux du POP IV.
Dans le cas des Pays-Bas, le problème est plus sérieux puisque le
pays doit procéder encore à une réduction de 11 % en
termes de tonnage et de 15 % en termes de puissance pour se conformer aux
objectifs finaux du POP IV, les retards enregistrés dans le
contexte du POP III ayant été répercutés sur
le POP IV.
L'Espagne
, qui représente 30 % du tonnage brut total de
l'Union européenne, respecte déjà les objectifs du POP IV
pour l'an 2001 -qui sont même dépassés de 27 %-.
Votre rapporteur pour avis précise, néanmoins, que ce
comportement, en apparence vertueux, provient quasi exclusivement de la
captation par les espagnols de quotas français, anglais ou irlandais
En ce qui concerne la flotte italienne
, les données provisoires
(dont on peut légitimement contester la fiabilité et
l'actualité, les statistiques les plus récentes remontant
à août 1995), montrent que le pays ne respecte pas les
objectifs du POP III en termes de puissance. "
Si la
fiabilité de l'enregistrement des flottes ne cesse de
s'améliorer, certaines divergences considérables subsistent entre
l'enregistrement et les données avancées par les Etats membres
dans leurs rapports "
, selon le projet de rapport de l'exécutif
européen. Se pose également la question de la mesure du tonnage
brut et de la puissance des navires : un groupe d'experts externes a
été appelé à ce titre à travailler sur
l'harmonisation des calculs.
BILAN DU POP IV
PAYS |
|
OBJECTIFS
|
SITUATION
|
SITUATION
|
EVOLUTION
|
OBJECTIFS
|
SITUATION AU 1.1.98 EN RESPECTANT LES OBJECTIFS DU POP IV |
SITUATION AU 1.1.98 EN RESPECTANT LES OBJECTIFS POUR 2001 |
Belgique |
GT
|
23.323
|
22.557
|
23.099
|
00.542
|
23.323
|
- 1 %
|
- 1 %
|
Danemark |
GT
|
138.043
|
97.629
|
98.411
|
782.00
|
132.539
|
- 29 %
|
- 26 %
|
Allemagne |
GT
|
88.358
|
73.058
|
68.781
|
- 4.277
|
81.973
|
- 22 %
|
- 16 %
|
Espagne |
GT
|
816.612
|
614.375
|
587.172
|
- 27.203
|
799.253
|
- 28 %
|
- 27 %
|
Grèce |
GT
|
121.270
|
110.984
|
110.362
|
- 0.622
|
120.755
|
- 9 %
|
- 9 %
|
France (à l'exception des DOM) |
GT
|
191.241
|
197.635
|
191.744
|
- 5.891
|
185.686
|
0 %
|
3 %
|
Irlande |
GT
|
72.234
|
58.649
|
58.603
|
- 046
|
69.649
|
- 19 %
|
- 16 %
|
Pays-Bas |
GT
|
133.384
|
151.072
|
146.581
|
- 4.491
|
131.809
|
10 %
|
11 %
|
Portugal |
GT
|
201.713
|
123.536
|
121.539
|
- 1.997
|
195.885
|
- 40 %
|
- 38 %
|
Royaume-Uni |
GT
|
252.088
|
252.062
|
247.649
|
- 4.413
|
250.684
|
- 2 %
|
- 1 %
|
Finlande |
GT
|
24.547
|
23.847
|
24.197
|
350
|
22.992
|
- 1 %
|
5 %
|
Suède |
GT
|
51.997
|
49.281
|
48.181
|
- 1.100
|
51.159
|
- 7 %
|
- 6 %
|
Total de la Communauté (excepté l'Italie) |
GT
|
2 114.810
|
1 774.685
|
1 726.319
|
- 48.366
|
2 065.707
|
- 18 %
|
- 16 %
|
4. Les nouvelles orientations sur le contrôle de la pêche
La
Commission européenne a rendu public, le 3 février, un document
sur le contrôle, l'inspection et la surveillance des activités de
pêche dans l'Union européenne
. Intitulé
" Des
contrôles plus efficaces pour assurer une pêche
durable
"
, le document vise à donner une explication sur
le Règlement de l'Union européenne adopté par les
ministres de la Pêche en décembre 1998. Il évoque sous
forme d'une note les nouvelles mesures en place :
" Désormais, la vie va devenir plus difficile pour la
minorité qui n'hésite pas à faire fi des mesures de
conservation de la pêche "
, précise la Commission dans
l'introduction.
" Ce nouveau régime a pour but d'atteindre une
plus grande efficacité sans pour autant créer des charges
supplémentaires pour les pêcheurs ou un surcroît de travail
administratif pour les autorités de contrôle ".
Le programme de refonte des mécanismes de contrôle et de
surveillance de l'Union européenne comprend une série de mesures
destinées à résoudre les problèmes chroniques de
fraude et de pêche excédentaire dans le cadre de la politique
commune de la pêche (PCP), mais aussi à améliorer la
transparence et la coopération entre Etats membres, à renforcer
la surveillance des navires battant pavillon de pays tiers, et à
perfectionner les contrôles après débarquement. Il s'agit
donc de renforcer les contrôles des navires des pays tiers et
d'améliorer la rentabilité des activités de contrôle
par le biais des technologies nouvelles.
Les propositions de contrôle
émanant de la Commission ont été adoptées à
l'unanimité par les ministres en décembre 1998. Le nouveau
Règlement est rentré en vigueur le
1
er
juillet 1999 sous forme d'une série
d'amendements au Règlement de 1993 sur le régime de surveillance
de la PCP (2847/93/EC).
Dans le droit fil de ce rapport, la
Commission européenne a
décidé, le 20 mai, d'octroyer une enveloppe
financière de 40,8 millions d'euros pour le contrôle de la
pêche dans les eaux territoriales de l'Union en 1999
. La
décision avalise aussi les financements accordés par les
Etats membres (131,1 millions d'euros au total) pour la surveillance
des eaux territoriales et limite la participation financière par navire
de pêche
6(
*
)
.
L'aide de l'Union européenne couvre ainsi :
- les dépenses d'investissement se rapportant à
l'acquisition ou à la modernisation de navires, aéronefs,
véhicules terrestres, de systèmes de repérage et
d'enregistrement des activités de pêche et de systèmes
d'enregistrement des activités de pêche et de systèmes
d'enregistrement, de gestion et de transmission de données relatives aux
contrôles, y compris des applications informatiques et de logiciels ;
- des mesures spécifiques visant à améliorer la
qualité et l'efficacité de la surveillance des
pêcheries ;
- la formation des fonctionnaires nationaux impliqués dans les
activités de contrôle ;
- l'introduction de nouvelles technologies pour l'amélioration de
la surveillance.
La valeur maximale prise en compte pour le calcul de la participation
financière globale aux dépenses pour l'acquisition des
dispositifs de repérage est fixée à 4.000 euros par
navire ; la contribution financière de la Communauté sera de
100 % pour l'acquisition des dispositifs de repérage par satellites
installés sur les navires de pêches communautaires soumis au
système de surveillance par satellites installés sur les navires
de pêche communautaire soumis au système de surveillance par
satellite, pour la partie des dépenses qui ne dépasse pas
2.450 euros par navire. Pour la partie qui dépasse ce montant, le
taux de participation est de 50 %, soit au maximum 3.225 euros.
5. La préparation de la réforme de la PCP
Le
règlement (CEE) n° 3760/92 du
20 décembre 1992 instituant un régime communautaire de
la pêche et de l'aquaculture, prévoit à son
article 14, paragraphe 2, que la Commission doit présenter au
Parlement européen et au Conseil, le 31 décembre 2001
au plus tard, un rapport sur la situation de la pêche dans l'Union
européenne ainsi que sur la mise en oeuvre dudit règlement. Sur
la base de ce rapport, le Conseil décidera, avant le
31 décembre 2002, de tout ajustement nécessaire,
notamment en ce qui concerne l'article 7 (Shetland box) et arrêtera
les dispositions qui pourraient faire suite aux modalités visées
à l'article 6 (accès aux 6/12 milles).
La Commission européenne a jugé important d'engager dès
maintenant le processus de réflexion sur les ajustements à
apporter à la politique commune de la pêche qu'impose
l'échéance 2002
. L'opération ne sera cependant
pas limitée à un examen des questions directement
mentionnées dans le règlement 3760/92. Selon les informations
obtenus par votre rapporteur pour avis, la
Commission souhaite, en effet,
profiter de l'échéance 2002 pour lancer une large
réflexion sur les améliorations qu'il convient d'apporter
à la politique commune de la pêche
dans ses différents
volets afin de faire face aux défis auxquels elle est confrontée.
Selon Bruxelles, "
il s'agit de générer un débat
ouvert et constructif avec tous ceux qui sont concernés par la
pêche dans l'Union européenne pendant toutes les étapes et
à tous les niveaux. L'implication de tous les acteurs de la
filière pêche constitue l'élément-clé de la
méthode que la Commission entend suivre
".
Votre rapporteur
pour avis s'interroge sur le contenu de la réforme de la PCP en
2002
. En effet, après la réforme des volets
" marché " et " structures " qui ont fait l'objet de
propositions de règlement, il ne reste plus que le volet
" Ressources " à modifier en 2002.
La Commission
européenne prépare-t-elle dès à présent les
Etats à tirer les conséquences des nouvelles négociations
engagées à Seattle en novembre prochain ?
Le questionnaire envoyé par la Commission
-la Commission a
envoyé 347 questionnaires et a reçu
172 réponses-
le 19 mars 1998 constitue la
première étape dans le processus de réflexion sur la PCP
après 2002
. Les réponses ont permis à la Commission
d'identifier les principaux souhaits et les préoccupations prioritaires
du secteur de la pêche et des autres parties consultées, sur
lesquels le processus de réflexion 2002 devra se pencher.
6. Les relations entre la France et ses voisins
a) Les faits
Le
26 août 1998, le bateau de pêche français
" La Confiance 2 " avait fait l'objet d'un déroutement vers
l'île anglo-normande de Guernesey par un chasseur de mines britannique,
au motif d'une violation alléguée de la zone de pêche de 6
à 12 milles au large de cette île qui, bien que proche des
côtes normandes, ne fait nullement partie des eaux communautaires.
Le 7 avril dernier, le tribunal de Guernesey a condamné le patron de ce
bateau pour avoir laissé filer son chahut à un demi-mile à
l'intérieur de la zone des 12 milles adjacente à
Guernesey : la peine prononcée a été de
40.000 francs d'amende ou de six mois de prison pour avoir retiré
200 à 300 kilos de pétoncles. L'autorité judiciaire a
néanmoins reconnu l'iniquité des conditions de contrôle du
bateau français par les gardes locaux, puisque le navire a
été arraisonné dans les eaux sous juridiction
française. Un recours devant la Cour européenne des droits de
l'homme a été engagé.
Votre rapporteur pour avis s'inquiète vivement de la
répétition de ces actions que l'on peut qualifier de
véritables " pirateries ". Il souhaite que le Gouvernement
mette tout en oeuvre pour que de tels faits ne se reproduisent plus.
b) Les relations avec Jersey et Guernesey
Les
relations de pêche avec les îles anglo-normandes ont toujours
posé des problèmes, d'une part en raison de leur statut
particulier vis-à-vis du Royaume-Uni, d'autre part en raison de leur
position géographique.
Ces problèmes sont rendus plus complexes encore par la non-appartenance
de ces territoires à l'Union européenne, sauf sur le plan de
l'accès au marché, dont elles bénéficient en vertu
d'un protocole annexé à l'acte d'adhésion du Royaume-Uni.
Jersey et Guernesey sont, enfin, dans une situation juridique
différente vis-à-vis de la France.
Nos liens avec Jersey sont
régis par une convention franco-britannique, dite du régime de la
baie de Granville de 1843, qui est toujours en vigueur. Nos relations avec la
seconde relèvent d'une convention multilatérale de 1964, la
convention de Londres sur les pêches, qui avait défini les droits
de pêche entre Etats européens. Celle-ci n'est plus
d'actualité depuis l'instauration d'une politique commune de la
pêche (1977) sauf en ce qui concerne les îles anglo-normandes.
Rappelons que la convention de Londres dispose explicitement que le droit de
pêche et de juridiction est exclusivement réservé aux
navires de l'Etat riverain jusqu'aux 6 milles de la ligne de base de sa
mer territoriale, et que le droit de pêche est exercé, dans la
zone de 6 à 12 milles, par l'Etat riverain et par les navires des
autres Etats contractants s'ils prouvent qu'ils y ont exercé la
pêche entre 1953 et 1962 (notion de droits historiques).
C'est sur cette base qu'un décret britannique de 1965 a accordé
des droits de pêche à quelques-uns de nos pêcheurs à
l'ouest de Guernesey pour certaines espèces seulement.
Les discussions, dont l'ouverture a été demandée par le
Royaume-Uni en 1988 pour préciser les limites des eaux territoriales de
Guernesey, n'ont abouti qu'en 1992, se traduisant par la fermeture à la
pêche française d'une zone de pêche située entre
Guernesey et la côte du Contentin, à l'intérieur des eaux
territoriales de Guernesey, et dite du " haricot ".
L'accord avait cependant jusqu'à présent, permis de limiter
très partiellement les conséquences économiques
néfastes de cette évolution en autorisant 37 pêcheurs
français à venir travailler dans une partie du
" haricot " appelée " banc de la Schole " jusqu'en
2010.
Votre rapporteur pour avis considère que dans l'intérêt
des pêcheurs des deux pays, la concertation entre les autorités
françaises et britanniques doit impérativement aboutir pour
régler ce problème.
B. AU NIVEAU INTERNATIONAL
1. Les problèmes rencontrés par la France dans certains territoires éloignés
Les
principales difficultés sont rencontrées dans les eaux sous
souveraineté française des Terres australes et antarctiques
françaises (TAAF), compte tenu de l'étendue des zones
considérées (plus de 1,6 million de km²) et de leur
éloignement de toute base.
La ressource de pêche dans les TAAF
apparaît plus que jamais fragile, rendant ainsi nécessaires un
contrôle très strict de l'effort de pêche et une limitation
du nombre de navires exploitant la zone
.
La surveillance et le contrôle restent un souci prioritaire de la France
pour une zone où la ressource halieutique, et en particulier le stock de
légine, sont soumis à une pêche illégale encore trop
importante.
Le contrôle et la surveillance sont opérés
essentiellement par les moyens nautiques et aériens de la Marine
nationale
. Des missions sont ainsi effectuées par l'
Albatros
et le
Vendémiaire
et, ponctuellement, par le
Courbet
et le
Floréal
. L'attention doit être portée à la
période jugée sensible de l'hiver austral (juillet et août)
pendant laquelle il est demandé aux navires de pêche
français d'être présents sur zone.
Parallèlement aux efforts français de
développement de la surveillance, la lutte contre le pillage des
ressources halieutiques de notre zone économique passe par la recherche
de toutes les possibilités de coopération susceptibles
d'être mises en oeuvre
:
- coopération régionale dans le cadre de la Commission pour
la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR),
composée de 17 Etats ;
- coopération bilatérale avec l'Australie et l'Afrique du
Sud (échanges d'informations entre Marines portant sur la situation des
bâtiments de contrôle, le trafic des navires marchands et de
pêche...). D'après les informations obtenues par votre rapporteur,
les dernières réunions permettent de confirmer
l'intérêt de l'Australie pour une coopération en la
matière entre nos deux pays (projet de traité de
coopération ) et un navire australien a d'ores et déjà
effectué une mission dans les eaux françaises (avec escale et
visite de courtoisie à Kerguelen).
Nos moyens de lutte réglementaire ont été accrus par
la publication au Journal Officiel de la loi n° 97-1051 du 18
novembre 1997 d'orientation sur la pêche maritime et les cultures
marines. En effet, aux termes de son article 11, modifiant la loi n°
66-400 du 18 juin 1966, il est ainsi désormais prévu
que
:
- les navires entrant dans la zone économique des TAAF doivent
signaler leur présence et déclarer le tonnage de poissons
détenus à bord ;
- les amendes pour pêche sans autorisation ou en infraction aux
règles prescrites peuvent atteindre un montant de 1 millions de
francs (contre 500.000 francs auparavant) auquel pourra s'ajouter une
somme de 500.000 francs par tonne pêchée au-delà de
deux tonnes ;
- le recel des produits pêchés frauduleusement sera puni des
mêmes peines ;
- et, pour les personnes morales, le montant des amendes appliquées
sera multiplié par cinq.
Depuis décembre 1997, plusieurs navires pirates battant pavillon du
Belize, de l'Argentine, du Chili, du Panama, du Portugal et du Vanuatu, ont
été arraisonnés par les bâtiments de la Marine
nationale et déroutés sur La Réunion afin d'y être
jugés. Il apparaît ainsi que les cautions demandées pour
obtenir la mainlevée des navires saisis sont beaucoup plus
élevées que par le passé (jusqu'à 12 millions de
francs en 1998 contre 500.000 francs en 1997) et que les jugements de
première instance (les appels n'ont pas encore été
jugés) sont également bien plus dissuasifs que
précédemment (entre 1 et 8 millions de francs en 1998 contre
400.000 francs en 1997).
2. Les accords de pêche avec les pays tiers
En raison de sa compétence exclusive en
matière de pêche, la Communauté est habilitée
à contracter des engagements internationaux avec des pays tiers ou avec
d'autres organisations internationales dans le domaine de la pêche
.
La Commission européenne négocie donc, au nom de la
Communauté, des accords de pêche avec des pays tiers et participe
à diverses organisations régionales de pêche (ORP).
Au milieu des années 70, les pays tiers ont été de plus en
plus nombreux à décider d'étendre leur zone
économique exclusive de 12 à 200 milles marins. Environ 90 %
des ressources de la pêche exploitables sont ainsi passées sous le
contrôle du pays côtier, entraînant de ce fait
l'impossibilité pour les flottes des Etats membres de la
Communauté, qui pêchaient habituellement dans ces eaux, de
poursuivre leurs activités.
Pour assurer la continuité de l'accès de la flotte
communautaire, la Communauté a conclu des accords de pêche avec
les pays tiers concernés
. Cela a été le cas avec des
pays nordiques (Norvège, Suède et îles Féroé
en 1981, Canada en 1982 et Islande en 1994) ainsi qu'avec des pays du Sud
(Sénégal en 1979, Guinée-Bissau en 1980, Guinée en
1983 et Seychelles en 1984). Lorsque l'Espagne et le Portugal ont
adhéré à la Communauté, en 1986, leurs accords
bilatéraux ont été remplacés par des accords
communautaires. La plupart d'entre eux existent toujours et depuis
l'adhésion de la Finlande et de la Suède,
le nombre total
d'accords conclus entre la Communauté et des pays tiers
s'élève à vingt-six
.
La nature des accords de pêche varie selon les pays
partenaires
. Avec les pays du Nord de l'Europe, qui disposent de moyens
d'exploiter entièrement leurs ressources, il s'agit, en
général, d'accords de réciprocité. La
Communauté et ces pays échangent des possibilités de
pêche dans leurs eaux respectives.
Avec d'autres pays, tels que le Groenland, le Maroc et quatorze autres pays
d'Afrique et de l'Océan Indien, qui n'exploitent pas encore totalement
l'intégralité de leurs ressources de la pêche, la
Communauté verse une compensation financière en échange
d'un accès à leurs zones de pêche. Cette compensation
prend, d'une part, la forme d'une contribution au budget national du pays tiers
concerné, mais, d'autre part, est également de plus en plus
utilisée pour financer des actions spécifiques en faveur du
secteur des pêches du pays partenaire. Selon les priorités
définies par ce dernier, ces actions ont trait, notamment, à la
recherche et à la formation de gestionnaires dans le domaine de la
pêche, au soutien de la petite pêche ou encore à la
surveillance des activités de pêche.
Les armateurs de navires communautaires paient un droit de licence qui varie
selon le type de pêche pratiquée et l'espèce visée.
D'autres types d'accords prévoient la possibilité de conclure des
opérations de partenariat entre des opérateurs privés sous
formes de sociétés mixtes ou d'associations temporaires
d'entreprises. Un accord de ce type a été conclu avec l'Argentine
en 1992.
ACCORDS CONCLU AVEC DES PAYS TIERS
ET ACTUELLEMENT EN
VIGUEUR
Pays Nordiques |
Pays africains et de l'océan indien |
Amérique latine |
Féroé
|
Angola
|
Argentine |
(1) En vertu des accords existants avec la Suède et la Finlande |
Parmi ces partenariats, l'accord de pêche UE-Maroc vient à expiration le 30 novembre prochain .
L'ACCORD DE PÊCHE UE/MAROC
" L'accord de pêche UE/Maroc, négocié
à partir de 1991, a été signé en octobre 1995
et expire le 30 novembre 1999. Il autorise la présence de
600 bateaux de pêche dans les eaux territoriales marocaines,
essentiellement espagnols, en échange du versement de 125 millions
d'euros par an au gouvernement marocain. Selon les Marocains, le secteur de la
pêche emploie quelque 400.000 personnes et représente environ
15 % des exportations du pays avec une production voisine de
800.000 tonnes par an. En Espagne, l'accord de pêche UE/Maroc fait
vivre quelque 25.000 personnes.
Pour les autorités marocaines, le secteur de la pêche marocaine
peut et doit être un des principaux vecteurs de développement
économique et social, surtout dans les régions pauvres du Nord
(Rif) qui ont besoin d'industries nouvelles. Or, l'accord de pêche, qui
épuise en outre fortement les stocks de poissons du littoral
(3400 km) est, selon eux, un frein puissant à cette volonté
de développement. En outre, les professionnels marocains rappellent que
la contrepartie financière européenne -500 millions d'euros
sur quatre ans- n'a que très peu contribué au
développement économique et social du secteur de la pêche
marocaine. A la question de savoir comment Rabat pourrait combler le manque
à gagner de la subvention communautaire en cas de non-renouvellement de
l'accord, notamment dans une conjoncture difficile aggravée par le
démantèlement tarifaire imposé par l'accord d'association
UE/Maroc, les responsables marocains estiment que le secteur marocain de la
pêche est
capable de mieux vendre à l'étranger et que
cela lui rapporterait beaucoup plus que les redevances
communautaires "
7(
*
)
. "
Les armateurs espagnols de pêche souhaitent la négociation avec
les Marocains d'un nouvel accord, ou à tout le moins, d'une nouvelle
formule qui respecterait les intérêts des pêcheurs espagnols
venant pêcher dans les zones marocaines. Le Royaume-Uni et les pays
nordiques considèrent, au contraire, qu'un tel accord allierait
dépenses et pression accrue sur les stocks dans les eaux marocaines.
Ainsi, les opposants à un nouvel accord rappellent que le pacte
actuellement en vigueur prélève chaque année plus de
120 millions d'euros du budget de l'Union européenne uniquement
pour permettre à la flotte espagnole et portugaise de pêcher au
large du Maroc. Ce montant représente un tiers des dépenses
totales de l'Union européenne pour les accords avec les pays tiers.
D'aucuns estiment qu'il est temps que les pêcheurs supportent une part
accrue du coût de ces accords. L'Espagne, qui envoie 500 des
600 bateaux de l'Union européenne dans la région, n'est
évidemment pas de cet avis et voudrait que la Commission soit
mandatée pour entamer des pourparlers exploratoires avec Rabat.
L'accord ne contient aucune disposition relative à sa reconduction et
le Maroc dit ne pas vouloir renégocier l'accord vu la baisse de ses
stocks de poissons
.
Le Maroc aimerait néanmoins négocier une sorte de
partenariat
incluant à la fois la pêche et les industries qui
lui sont rattachées (chantiers de construction, réparation
navales, industries de valorisation et de transformations des produits de la
mer, etc...). Des discussions informelles ont lieu depuis peu entre les
représentants de la Commission à Rabat et les responsables
marocains, sur la base d'un pré-mandat accordé par le Conseil des
Ministres à la Commission. Les Européens souhaitent notamment
savoir avec plus de précision quelle portée Rabat veut donner
à ce nouveau partenariat en matière de pêche, dans quelles
filières et dans quelles conditions. Or, jusqu'à présent,
et ce malgré les positions différentes des Etats au sein de
l'Union européenne sur le renouvellement de cet accord, le Maroc est
resté très silencieux.
Un récent rapport de l'IFREMER commandé par la Commission
européenne a indiqué que les accords de pêche conclu par
l'Union européenne avec les pays tiers étaient non seulement
positifs pour ces derniers mais aussi très avantageux pour la
Communauté elle-même. Ces accords paraissent être beaucoup
plus importants pour le maintien des emplois à la pêche en Europe
que pour l'approvisionnement, le poisson importé ne représentant
en moyenne que 8% de la consommation européenne.
Ainsi, selon les termes de ce rapport, les 300 millions d'euros par an
consacrés au paiement des droits d'accès représentent
seulement 5% des dépenses extérieures européennes. En
outre, la valeur des débarquements est deux fois plus
élevée que ces droits. La pêche dans les eaux
étrangères rapporterait un milliard d'euros par an de valeur
ajoutée directe et indirecte (constructions, réparations,
activités portuaires, transformation) et générerait 40.000
emplois.
3. Les relations avec le Canada
a) La réunion du conseil consultatif franco-canadien sur la pêche
Le
Conseil consultatif Franco-Canadien prévu par l'accord du
2 décembre 1994 a tenu sa réunion annuelle le 8 et le
9 décembre 1998 à Ottawa.
Les deux parties se sont entendues sur les mesures de gestion de la zone 3PS de
l'organisation des pêches de l'Atlantique Nord et pour fixer les quotas
des pêcheurs français de Saint-Pierre et Miquelon et des
pêcheurs canadiens pour l'année 1999.
Les pêcheurs français bénéficient ainsi d'un quota
de 432 tonnes de sébaste et de 73,45 tonnes de plie grise. Un
quota intérimaire de 468 tonnes de morue a été
arrêté pour la période du
1
er
janvier 1999 au 30 juin 1999 et les parties
ont convenu de se consulter sur la fixation définitive du TAC de morue
dès que les résultats scientifiques d'évaluation des
stocks seront disponibles.
b) La réunion Canada-Union européenne
Le
Premier ministre canadien M. Jean Chrétien et le ministre des Affaires
étrangères M. Lloyd Axworthy, ont été
interrogés, lors du Sommet UE/Canada de Bonn le 17 juin, au sujet
d'une nouvelle législation canadienne en matière de pêche
(projet de loi C-27). L'Espagne a menacé de jouer la carte de
l'obstruction à cette occasion : le ministre espagnol des affaires
étrangères, M. Abel Matutes, a déclaré en effet
à Bruxelles, le 31 mai, qu'il bloquerait toute position commune des
Quinze à moins que le Canada ne s'engage au préalable à ne
pas utiliser sa nouvelle loi à des fins extra-territoriales ayant pour
cibles les navires espagnols pêchant dans l'Atlantique-Nord.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union
européenne, réunis à Bruxelles en Conseil Affaires
générales, ont invité, au premier semestre de 1999, la
présidence allemande du Conseil des ministres de l'Union
européenne et la Commission "
à saisir cette occasion
pour discuter avec le Gouvernement canadien des problèmes que cette
nouvelle législation est susceptible de générer au niveau
des activités de pêche de l'Union "
.
Si les conflits se sont aplanis entre l'Union européenne et le Canada
depuis l'épisode qui les opposa au début de
l'année 1995 au sujet du flétan du Groenland, la relation
transatlantique reste tendue en matière de pêche. L'Union
européenne est le deuxième grand partenaire commercial du Canada,
mais elle ne compte que pour 7 % des exportations canadiennes à
destination de l'Union européenne, contre 80 % pour les
exportations vers les Etats-Unis.
4. L'ouverture des marchés d'importation
La
Commission européenne a envisagé cette année d'ouvrir les
marchés européens aux importations de poisson en diminuant les
droits de douane et en augmentant parallèlement les contingents
tarifaires de l'Union européenne. Ces mesures ont été
examinées et adoptées par les ministres de la pêche de
l'Union européenne lors de leur Conseil du 30 mars, à
Bruxelles
8(
*
)
-l'Italie et
l'Irlande votant contre-.
Tous les contingents -qui concernent treize produits de la pêche
originaires de pays tiers- sont soit égaux soit substantiellement plus
élevés à ceux de l'année dernière tandis
qu'à l'inverse, les droits de douane sont égaux ou
inférieurs aux taux de l'année 1998.
Dans sa proposition, la Commission a estimé que, comparé à
l'année 1998, l'Union européenne perdra l'équivalent
de 4,45 millions d'euros en droits de douane au titre de sa proposition.
En 1998, cette perte se montait à 17,8 millions d'euros par rapport
à 1997.
Désignation des marchandises |
Accord sur volume contingentaire 1998 (en tonnes) |
Droit contingentaire 1998 |
Proposition de volume contingentaire 1999 (en tonnes) |
Proposition de volume contingentaire 1999 |
Morues fraîches, réfrigérées ou congelées, pour la transformation |
57 500 |
3,7 % |
70 000 |
3 |
Morues congelées, salées ou en saumure |
9 000 |
3,7 % |
7 000 |
3 |
Morues salées ou en saumure mais non séchées ou fumées |
8 000 |
3,7 % |
8 000 |
3 |
Foies de morue pour la transformation |
300 |
0 % |
300 |
0 |
Crevettes (Pandalus borealis) pour la transformation |
6 000 |
0 % |
12 000 |
0 |
Surimi (congelées) |
8 000 |
6 % |
15 000 |
3,5 |
Filets de grenadiers bleus (hoki), congelés pour la transformation |
5 000 |
6 % |
20 000 |
3,5 |
Tubes de calmars |
9 000 |
3,5 % |
11 000 |
3,5 |
Calmars (congelés entiers, tentacules et ailes) |
500 |
3,7 % |
500 |
3 |
Harengs dont flancs, frais, réfrigérés ou congelés, pour la transformation |
12 500 |
0 % |
20 000 |
0 |
Longes de thon |
800 |
9 % |
2 500 |
6 |
Les
mesures tarifaires prennent en compte les besoins d'approvisionnement des
" industries utilisatrices "
auxquels les pêcheurs de
l'Union ne peuvent pourvoir. Le problème est sensible : en effet,
les ministres devront mettre en balance la demande d'un approvisionnement
garanti, bon marché, et les intérêts des pêcheurs de
l'Union européenne.
Votre rapporteur pour avis tient à souligner avec force l'importance
des futures négociations internationales qui vont s'ouvrir dans le cadre
de l'Organisation mondiale du commerce en novembre 1999 à Seattle. La
Communauté européenne devra être attentive à ne pas
sacrifier les produits de la mer sur l'autel du libéralisme.