CHAPITRE IER -
LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE INTERNATIONAL
I. UN ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE INCERTAIN
De nombreuses incertitudes en particulier sur les marchés financiers ont pesé en 1998 et 1999 sur la croissance mondiale. Ce ralentissement de l'activité mondiale a conduit à une croissance limitée du commerce international. Ce projet de budget du commerce extérieur pour 2000 s'inscrit donc dans un contexte incertain.
A. UNE ANNÉE 1998 MARQUÉE PAR UN RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE MONDIALE
Après la reprise de l'activité observée
à partir de 1996, on enregistre en 1998 un net ralentissement de la
croissance mondiale dans un contexte marqué par de fortes turbulences
sur les marchés financiers.
Une intensification des turbulences sur les marchés financiers
Les turbulences financières qui ont secoué les marchés
émergents en Asie au second semestre de 1997 se sont intensifiées
en 1998. La Russie a connu une grave crise financière, et un certain
nombre de pays d'Amérique latine ont été soumis à
des chocs conjoncturels. Après l'été, la crise a
continué de s'étendre, touchant à des degrés divers
la plupart des pays de l'OCDE. La nervosité et l'incertitude des
marchés financiers s'y sont traduites par une instabilité des
cours des actions et, notamment aux Etats-Unis, par une hausse significative
des marges sur les marchés du crédit et par de lourdes pertes
pour certains fonds de placement.
Un net ralentissement de la croissance mondiale
Pour la zone de l'OCDE dans son ensemble, les turbulences qui ont agité
les marchés financiers ont entraîné un ralentissement de la
croissance qui, d'un peu plus de 3 % en 1997, est revenue à un taux
à 2,25 % en 1998. La plupart des pays non asiatiques de l'OCDE se
sont relativement bien maintenus en 1998 en dépit de fortes variations
conjoncturelles d'un pays à l'autre. La crise sur les marchés
émergents a provoqué une nette contraction des importations en
provenance de la zone non OCDE, et les exportations ont pâti de la
compression continue des liquidités sur les marchés
émergents. Ces facteurs ont contribué à un ralentissement
sensible des échanges mondiaux. De plus, les prix du pétrole et
des produits de base non pétroliers ont fléchi significativement,
ce qui a eu un effet défavorable sur les pays exportateurs de produits
de base.
Certaines économies ont atteint un pic conjoncturel
Le niveau de l'activité aux Etats-Unis et au Royaume-Uni est
resté élevé durant la majeure partie de 1998. Une demande
intérieure vigoureuse a maintenu le dynamisme de l'économie dans
ces pays, compensant, dans une certaine mesure, l'incidence négative du
commerce extérieur. Cependant, des signes indiquant que le pic
conjoncturel était atteint ont commencé à apparaître
au second semestre de l'année. Aux Etats-Unis, l'investissement des
entreprises a baissé par suite d'une nette diminution des
bénéfices et d'un élargissement des marges sur les
marchés du crédit. Au Royaume-Uni, les politiques
macroéconomiques restrictives mises en oeuvre depuis le milieu de 1996
ont freiné l'activité économique, la croissance ayant
atteint un taux maximal à la fin de 1997. Au Canada, après une
période de vive expansion économique, le rythme de
l'activité s'est aussi ralenti à la suite de l'affaiblissement de
la conjoncture extérieure et de la baisse mondiale des prix des produits
de base.
La croissance est restée vigoureuse dans la zone euro
Dans la zone euro, l'expansion est restée vigoureuse pendant quasiment
toute l'année 1998. Le dynamisme de la demande intérieure s'est
substitué à celui des exportations comme moteur de la croissance.
Bien que le climat des affaires se soit dégradé dans le sillage
de la crise russe, la confiance des consommateurs n'a pas été
ébranlée par les turbulences sur les marchés financiers
internationaux. Cela s'explique, dans une large mesure, par une
amélioration de la situation du marché du travail, le taux de
chômage dans la zone euro, après avoir culminé à
12,5 % en 1997, étant retombé à 11,5 %.
Globalement, l'Union monétaire européenne a vu le jour dans des
conditions favorables : taux d'inflation le plus bas depuis 40 ans,
recul du chômage et amélioration des finances publiques dans la
plupart des pays de la zone euro.
Un affaiblissement continu au Japon
Au Japon, l'économie a continué de s'affaiblir
considérablement. Les mesures de soutien prises par les autorités
dans un certain nombre de domaines n'ont pas réussi à
empêcher la récession de s'accentuer, et les pressions
déflationnistes ont persisté sur les marchés des produits
et du travail. De puissants facteurs de contraction de l'activité se
sont conjugués pour prolonger et aggraver la récession
économique : le problème des bilans dans le secteur bancaire
n'a pas été résolu ; l'incertitude qui en
résulte a miné la confiance des consommateurs et des
investisseurs, d'où une diminution prononcée des dépenses
privées ; les conditions du crédit se sont
dégradées ; enfin, les exportations ont été
durement touchées par la crise dans la région.
Une aggravation de la situation dans les économies dynamiques d'Asie
et en Chine
Presque toutes les économies dynamiques d'Asie ont subi une
récession en 1998. Une forte diminution des importations et des niveaux
élevés de taux d'intérêt réels ont
aggravé la récession dans ces pays. C'est en Thaïlande et en
Indonésie, les deux premiers pays frappés par la crise, que la
dégradation a été la plus marquée. Après
avoir, dans un premier temps, réussi à éviter la crise, la
Malaisie a aussi connu une forte baisse de production. L'économie de
Hong-Kong est entrée en récession au second semestre de
l'année, tandis que la croissance a quasiment cessé à
Singapour et aux Philippines. L'expansion en Chine s'est ralentie par rapport
à 1997, en raison principalement d'une décélération
marquée des exportations.
La crise asiatique a commencé à gagner l'Amérique du
Sud
La nouvelle conjoncture internationale a entamé la croissance des pays
d'Amérique latine. Une reprise des tensions menaçant la
viabilité du régime de taux de change au Brésil s'est
ajoutée aux pressions à la baisse qui s'exerçaient sur la
croissance en raison des politiques généralement restrictives
adoptées dans la plupart des pays dès le début de la crise
asiatique, et de la dégradation des termes de l'échange des pays
de la région qui exportent des produits de base. Néanmoins, la
situation s'est stabilisée vers la fin de l'année après
l'annonce par les autorités brésiliennes d'un ambitieux programme
de redressement du budget et de la balance courante, et de l'accord conclu avec
le FMI pour un montage financier destiné à protéger le
taux de change.
Une grave crise en Russie, mais peu d'impact sur les économies en
transition
L'instabilité des marchés financiers russes a
débouché sur une véritable crise financière au
milieu de l'année 1998. Après avoir lutté à maintes
reprises pour défendre le rouble et gérer la dette publique, le
gouvernement russe et la banque centrale de Russie n'ont pu faire face à
la hausse des pressions et à la rapide diminution des réserves de
devises. Jusqu'à l'éclatement de la crise, la production
réelle a été stationnaire, mais elle a ensuite
baissé et l'inflation s'est accélérée. L'incidence
directe de la crise russe sur la plupart des pays non membres de l'OCDE dans la
région a été limitée. Exception faite des pays
baltes et de la Communauté des Etats indépendants, la
réorientation majeure du marché vers l'Europe occidentale
survenue durant la période de transition a protégé en
grande partie ces économies de la crise russe.