Projet de loi de finances pour 1999
LE GRAND (Jean-François)
AVIS 68 (98-99), Tome XIX - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Table des matières
-
CHAPITRE IER -
LES MOYENS FINANCIERS DE L'AVIATION CIVILE
-
CHAPITRE II -
LE TRANSPORT AÉRIEN, UN SECTEUR EN MOUVEMENT- I. UN CONTEXTE MONDIAL ET EUROPÉEN EN RECOMPOSITION
- II. LES AILES FRANÇAISES
-
CHAPITRE III -
LES INFRACTURES AÉROPORTUAIRES
- I. LA SITUATION DES AÉROPORTS
-
II. LA POLITIQUE AÉROPORTUAIRE
- A. BILAN DE L'EXTENSION DES CAPACITÉS AÉROPORTUAIRES
- B. FAUT-IL SPÉCIALISER LES PLATES-FORMES FRANCILIENNES ?
- C. LA MAÎTRISE DES NUISANCES SONORES AÉROPORTUAIRES
- D. LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AVIATION MARCHANDE : VERS UN " CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DU TRANSPORT AÉRIEN "
-
CHAPITRE IV -
LA CONSTRUCTION AÉRONAUTIQUE
N° 68
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XIX
AVIATION CIVILE
Par M. Jean-François LE GRAND,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean François-Poncet,
président
; Philippe François, Jean Huchon,
Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre
Lefebvre,
vice-présidents
; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine,
Léon Fatous, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM.
Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean
Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye,
Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland
Courtaud, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel
Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain
Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard,
Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis,
MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain
Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard
Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis
Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron,
Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult,
Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques
Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette
Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
25
)
(1998-1999).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
C'est, cette année encore, dans un contexte de profonde mutation du
transport aérien que votre commission pour avis est amenée
à se prononcer sur le budget proposé pour l'aviation civile pour
1999. L'actualité pose, en effet, de nombreux défis, qu'il
s'agisse de la mise en place d'un nouveau mode de financement du budget annexe,
de l'évolution du trafic aérien mondial, de la restructuration en
cours de l'aéronautique européenne ou de l'avenir de nos
plate-formes aéroportuaires.
C'est dans ce cadre qu'après avoir présenté les
principales évolutions budgétaires, votre commission des Affaires
économiques s'attachera à examiner, branche par branche, la
situation de ces activités.
CHAPITRE IER -
LES MOYENS FINANCIERS DE L'AVIATION
CIVILE
Depuis
1992, les crédits relatifs à l'aviation civile et au transport
aérien se retrouvent dans deux documents budgétaires :
-
le budget annexe de l'aviation civile
, qui recouvre les
crédits dédiés au contrôle aérien, aux
infrastructures aéroportuaires et à la gestion courante du
secteur (charges de personnel de la navigation aérienne, formation des
pilotes...) ;
-
un agrégat " transport aérien et
météorologie "
du fascicule " III-Transports "
du budget du ministère de l'équipement, des transports et du
logement. Malgré l'intitulé, ces crédits
budgétaires ne concernent pas le transport aérien, mais
plutôt la
construction aéronautique
.
Votre commission entend, en outre, présenter les crédits du
Fonds de péréquation des transports aériens
, compte
d'affectation spéciale, tant en raison de son rôle
d'aménagement du territoire qu'à cause des récentes
perspectives de réforme de ce fonds.
I. UNE RÉFORME DU FINANCEMENT DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE (BAAC)
A. LES CRÉDITS
Rappel sur la présentation du BAAC
Le budget annexe de l'aviation civile pour 1999 présente les
caractéristiques de tout budget annexe, à savoir :
-
des ressources propres
, tirées du produit de taxes et
redevances affectées, ainsi que d'une subvention du budget
général, complétées par des recours à
l'emprunt ;
-
une présentation
différente du budget
général puisqu'elle répond aux normes du plan comptable
général et comporte deux sections : une section exploitation et
une section des opérations en capital, toutes deux
équilibrées.
Dans le projet de loi de finances pour 1999
, déposé
à l'Assemblée nationale, les montants prévus du BAAC
étaient les suivants :
PROJET
DE BAAC POUR 1999
(en millions de francs)
|
RECETTES |
DÉPENSES |
|||||
|
1998 |
1999 |
Evolution en % |
|
1998 |
1999 |
Evolution en % |
Recettes propres |
7.187,16 |
7.518,39 |
+ 4,6 % |
Dépenses |
|
|
|
Subvention de l'Etat |
215,00 |
215,00 |
-- |
d'exploitation |
6.231,76 |
6;584,40 |
+ 5,66% |
Emprunt |
1.042,52 |
830,00 |
- 20,4% |
Dépenses |
|
|
|
Autres recettes |
25,86 |
26,86 |
+ 3,9% |
en capital |
2.237,71 |
2.129;76 |
- 4,82 % |
TOTAL |
8.469,46 |
8.714,17 |
+ 2,89 % |
TOTAL |
8.469,47 |
8.714,17 |
+ 2,89 % |
Au
total, les fonds inscrits au budget annexe de l'aviation civile
s'élèvent à
8.714 millions de francs
pour
1999, en
hausse de 2,89 %
par rapport à la loi de finances
initiales pour 1998.
La
réforme du financement du budget annexe,
adoptée par
l'Assemblée nationale sous forme d'amendements au projet de loi de
finances, sur proposition du Gouvernement, sera détaillée
ci-après. Elle ne modifie pas la partie " dépenses " du
BAAC et ne touche que la répartition des recettes.
B. LES PRINCIPALES ORIENTATIONS
1. Les recettes
Le financement du budget annexe de l'aviation civile est en crise : la multiplication des contentieux, ces dernière années, -qui a amené le Sénat, il y a peu, à devoir valider certaines redevances illégalement perçues 1( * ) -, révèle la fragilité des recettes du budget annexe. En effet, d'une part un budget annexe ne doit être financé que de façon réduite par des ressources fiscales et, doit faire appel, pour l'essentiel, à des redevances ; d'autre part, les redevances doivent être la contrepartie directe et proportionnelle d'un service rendu aux usagers. Ces principes se sont peu à peu érodés.
a) Le projet de loi de finances dans sa version initiale
La
subvention de l'Etat
se maintient, pour la 3ème année
consécutive, à
215 millions de francs
, ce qui, en
termes réels, traduit en réalité
un nouveau
désengagement de ce dernier
et un nouveau déplacement de
l'équilibre entre contribuable national et contribuable
" spécialisé ", au détriment de ce dernier.
Dans ces conditions, avec un recours à l'emprunt en diminution
(- 20,4 %), l'augmentation des recettes du budget annexe pèse
exclusivement sur les compagnies aériennes et les passagers, par le
biais des
redevances et taxes.
La répartition des recettes est
donnée ci-dessous :
-
la redevance de route
, due par les compagnies
empruntant l'espace aérien français, devrait voir son produit
s'établir à
4.985 millions de francs
en 1999, contre
4.759 millions de francs en 1998, soit une
augmentation de
4,75 % ;
-
la redevance pour services terminaux de la circulation
aérienne
(RSTCA), due par les compagnies au titre d'un atterrissage
et d'un décollage jusqu'à une distance de 20 km autour des
aérodromes, s'établit, dans le projet initial, à
1.128 millions de francs
2(
*
)
,
soit
une
augmentation de 0,62 % ;
-
la taxe de sécurité et de sûreté
(TSS)
venait, quant à elle, s'établir dans le projet initial à
1.279,5 millions de francs, en
hausse de 8,17 %.
Les taux de
la TSS étaient maintenus, dans le projet de loi de finances, à
leur niveau de 1998, soit 20 F par passager embarqué à
destination d'un Etat-membre de l'Union européenne et 35 F par
passager pour les autres destinations.
Mais le Gouvernement a déposé plusieurs amendements au projet
de loi de finances qui, adoptés par l'Assemblée nationale, ont
modifié les recettes du BAAC.
b) La refonte du mode de financement du budget annexe, adoptée par l'Assemblée nationale, ne doit pas porter atteinte aux missions d'aménagement du territoire
Comme
votre commission l'a déjà évoqué lors de la
discussion du rapport présenté par votre rapporteur pour avis sur
le projet de loi
3(
*
)
relatif à certains
services aéroportuaires, un arrêt du Conseil d'Etat du 20 mai
1998
a remis en cause le régime actuel de perception de la RSTCA.
Cet arrêt a, rappelons-le, une portée plus large que cette seule
redevance perçue par l'Etat. Il remet en effet en cause le mode de
financement de certaines missions exercées par les
exploitants
d'aérodromes,
concernant notamment les services de
sécurité-incendie-sauvetage sur les aéroports, la lutte
contre le péril aviaire, les dépenses de sûreté et
les dépenses liées aux contrôles environnementaux.
Le Gouvernement a donc proposé plusieurs amendements à la loi de
finances, afin de substituer
un financement par taxes
à l'actuel
financement par redevances des missions ci-dessus
énumérées.
Au-delà de la taxe d'aéroport destinée aux gestionnaires
d'aérodromes, les principaux changements adoptés par
l'Assemblée nationale ont les conséquences
schématisées ci-après pour les recettes du Budget annexe
et du Fonds de péréquation des transports
aériens :
DISPOSITIF ACTUEL |
|
AMENDEMENTS ADOPTÉS |
BUDGET ANNEXE
|
|
BUDGET ANNEXE
|
FONDS DE PÉRÉQUATION DU TRANSPORT AÉRIEN |
|
FONDS D'INTERVENTION POUR LES AÉROPORTS ET LE TRANSPORT AÉRIEN 4( * ) |
- Taxe de péréquation |
|
- suppression taxe de
péréquation,
|
La
taxe d'aviation civile
La taxe d'aviation civile
, instaurée, d'après l'amendement
n° 488 du Gouvernement adopté par l'Assemblée
nationale, au 1er janvier 1999 au profit de l'Etat, et due par les
compagnies aériennes, est destinée
à remplacer la taxe
de sécurité et de sûreté (TSS)
, prévue
à l'article 302 bis K du code général des impôts,
qui finance actuellement les missions régaliennes du budget annexe de
l'aviation civile, ainsi que la
taxe de péréquation du
transport aérien,
prévue à l'article 302 bis Z du
même code, qui alimente le fonds de péréquation des
transports aériens (FPTA) et permet de subventionner des liaisons
aériennes économiquement non rentables mais présentant un
intérêt pour l'aménagement du territoire.
La nouvelle taxe serait de
23 francs
pour les vols
intra-communautaires et
39 francs
pour les vols internationaux.
Rappelons que la TSS est, depuis le 1er janvier 1998, fixée
à respectivement 20 et 35 francs pour ces deux catégories de
vols, tandis que le montant de la taxe de péréquation est d'un
franc par passager.
Le produit de la taxe d'aviation civile serait affecté pour partie au
budget annexe et pour partie au nouveau fonds d'intervention, le FIATA.
La taxe d'aéroport
Pour remédier au problème réel du financement de certains
services aéroportuaires effectués par les
gestionnaires
d'aérodromes
, l'amendement n° 39 adopté au projet
de loi de finances par l'Assemblée nationale sur la proposition du
Gouvernement crée au bénéfice des exploitants
d'aérodromes une "
taxe d'aéroport
", qui
relève, d'après l'exposé des motifs de l'amendement, de la
catégorie des " impositions de toute nature ". Le Gouvernement
part du principe que les redevances aéroportuaires baisseraient à
due concurrence du produit de cette nouvelle taxe.
Le principe et le champ d'application
L'assiette
de la taxe d'aéroport est fonction, pour chaque
aéroport, du nombre de passagers embarqués.
Le taux
de cette taxe est défini pour chaque aéroport par
un arrêté
des ministres chargés du budget et de
l'aviation civile, suivant des critères posés par la loi de
finances :
- il est établi en fonction
du coût des
activités
de sécurité-incendie et de
sûreté correspondant aux normes internationales prévues en
la matière ;
- le taux se situe à
l'intérieur d'une fourchette
qui
est fonction du trafic de la plate-forme. Cinq classes d'aérodromes sont
ainsi définies :
CLASSE |
|
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
Trafic de la dernière année connue |
Minimum
|
10 000 001
|
4 000 001
|
400 001
|
50 0001
|
de 1.001
|
Tarif par passager |
Minimum
|
16 F
|
8 F
|
17 F
|
32 F
|
65 F
|
Votre
commission remarque d'emblée que cette démarche de tarification
au plus près des coûts est très pénalisante pour les
petites plates-formes. Elle aura l'occasion de revenir sur les vives
réserves que lui inspire ce dispositif.
La date d'entrée en vigueur
est fixée au
1er avril 1999.
Pour le champ d'application,
deux incertitudes demeurent quant à
l'application de ces taxes d'aéroport :
- son application aux TOM nécessitera une
délibération de leurs assemblées ;
- le statut particulier de l'aéroport de Bâle-Mulhouse, qui
relève d'une convention Franco-Suisse, nécessite un accord
international pour assujettir à la taxe le passager embarqué en
provenance de Suisse.
Le Gouvernement propose donc de financer transitoirement, en 1999, ces
plates-formes au moyen du nouveau fonds d'intervention pour les
aéroports et le transport aérien (FIATA).
L'impérieuse nécessité de veiller à la
compétitivité des plus petites les plates-formes,
nécessaires à l'aménagement du territoire.
Au-delà des problèmes éventuels de conformité de la
taxe d'aéroport aux dispositions de l'ordonnance organique de 1959
relative aux lois de finances, votre commission s'inquiète des
conséquences pratiques de cette nouvelle imposition.
Les fourchettes de taux retenues pour les cinq classes d'aéroport sont
en effet très progressives, le tarif de la taxe d'aéroport par
passager pouvant aller
jusqu'à 99 francs pour une petite
plate-forme aéroportuaire de classe 5
, à plus faible
trafic, alors qu'il serait inférieur à 20 francs pour les
plus gros aéroports.
Comme elle l'a déjà indiqué, votre commission estime
que le choix d'établir la taxe d'aéroport en fonction de la
réalité des coûts de chaque plate-forme est très
pénalisant pour les aéroports connaissant un faible trafic.
Comment souscrire à un dispositif si manifestement contraire à
l'aménagement du territoire ?
Le Gouvernement a beau jeu d'indiquer que les coûts sont
inférieurs aux coûts réels
que peuvent occasionner
ces activités sur les petites plates-formes, qui peuvent s'élever
jusqu'à 600 francs par passager (surtout pour les aéroports
connaissant le trafic le plus faible), alors que la taxe serait limitée
à 99 francs au plus. La péréquation
opérée, de 15 millions de francs en 1999, serait à
son sens suffisante, alors qu'elle ne représenterait qu'environ
1,5 % du total de la taxe ! Cette argumentation n'est pas
recevable pour votre commission, alors qu'il y va de la survie des petits
aéroports. Cet amendement équivaut, à son sens, à
une restructuration inavouée du réseau aéroportuaire
français et à une concentration du trafic sur les gros et moyens
aéroports.
Comment penser qu'on puisse taxer de près de 100 francs un
passager aérien au motif qu'il habite dans une zone relativement
isolée du territoire ! Au-delà même de l'aménagement
du territoire, c'est la conception républicaine de
l'égalité qui est en jeu !
Ainsi, au motif que le coût unitaire de la sûreté et de la
sécurité des passagers est plus élevé sur les
petits aéroports que sur les grands, les usagers du transport
aérien pourraient -pour des prestations identiques- y payer
une taxe douze fois plus élevée ! Et il ne s'agirait
pas là de quelques cas isolés : ce sont potentiellement
30 aéroports qui seraient concernés par le taux le plus
élevé (99 francs)
, qui sont, par ordre de trafic
décroissant :
Cherbourg, Agen, Castres, Bergerac, Aurillac,
Carcassonne, Tours, Epinal, Ouessant, Cannes, Roanne, Le Puy, Dole, Lyon-Bron,
La Mole, Le Touquet, Nancy, Saint-Nazaire, Valence, Châteauroux,
Montluçon, Colmar, Cognac, Laval, Troyes, Valenciennes, Gap, Calais,
Morlaix
et
Orléans
.
Ce système semble en outre remettre en cause, dans certains cas,
l'économie actuelle de certains aéroports, qui
bénéficient d'ailleurs parfois de subventions d'équilibre
des collectivités locales. Avec l'amendement adopté par
l'Assemblée, chaque plate-forme sera " tenue " de percevoir
une taxe fixée au niveau national et certaines ne pourront baisser leurs
redevances à due concurrence, ces dernières étant parfois
d'un montant inférieur (on pense notamment aux aéroports de moins
de 100.000 passagers par an) à l'hypothèse basse du produit
de la future taxe d'aéroport.
Au cas où de telles dispositions seraient retenues, votre rapporteur
pour avis estime qu'il conviendrait qu'elles soient modifiées pour
intégrer ces préoccupations.
2. Les dépenses
a) Le personnel, premier poste de dépense, fortement évolutif
Le
budget annexe est, pour moitié, un budget de rémunérations.
Les dépenses de personnel, qui représentent
4.199
millions de francs, soit 48 % du total du budget
annexe, augmentent de 5,2 % par rapport à 1998
, après
une augmentation de 6 % l'an passé. Au total, ce poste aura cru de
26,8 % depuis 1995.
Ce chiffre ne paraît pas cohérent
avec l'impératif de maîtrise de la dépense publique.
Une partie de cette augmentation (+2,4 %) résulte des engagements
pris dans le passé (incidence en année pleine de la
revalorisation 1998 du point de fonction publique, revalorisation de 1,3 %
en 1999, application du " protocole Durafour " à certains
corps, application de l'accord salarial fonction publique...). Le nouveau
protocole d'accord conclu le 3 novembre 1997 entre le ministère de
l'Equipement et les organisations syndicales représentatives, et qui
couvre la période 1999-2001, produit lui aussi ses effets. Ce sont
principalement la revalorisation des rémunérations et, dans une
moindre mesure, l'accroissement des effectifs, qui expliquent ce gonflement
budgétaire.
b) Les dépenses d'investissement
les
dépenses d'investissement s'établissent à
1.683 millions de francs (- 11,6 %). Elles sont
en baisse de
9,8 %
, si l'on excepte les crédits de construction du nouveau
siège de la DGAC en autorisations de programme, et de
8 %
en
crédits de paiement.
- Navigation aérienne
Les crédits d'investissement sont en baisse, tant en autorisations de
programme (AP) (de 1300 millions de francs à
1.155,5 millions
entre les lois de finances initiales pour 1998 et
1999, soit une
baisse de 11,1 %)
qu'en crédits de paiement
(CP) (
1.195,5 millions de francs, en baisse de 12,7 %).
En
5 ans, si les crédits de la navigation aérienne auront cru
de 23,2 %, c'est principalement sous l'effet de la hausse des
crédits de fonctionnement (+ 29 %)
qui représentent
désormais 78,1 % du total de cet agrégat.
- Bases aériennes
Si l'on exclut le solde des crédits affectés à la
construction du nouveau siège de la DGAC inscrit au budget
(51,8 millions de francs de CP), on observe
une baisse de l'enveloppe
demandée
pour les autorisations de programme (-9,7 % pour un
montant de crédits demandés de 350 millions de francs) et
une hausse des crédits de paiement (+ 4,3 %, soit
368,3 millions de CP).
Ces crédits qui sont destinés aux infrastructures
aéroportuaires incluent des
mesures de sûreté
qui
comportent, pour une mise en service avant l'an 2000 :
- la généralisation de la mise en sécurité de
l'accès aux zones réservées sur les 34 plus grands
aéroports ;
- la modernisation du contrôle des bagages de soute, avec un
objectif de fin d'équipement des aérogares en 2002.
Toutefois, alors que le coût de ces équipements de
sûreté est considérable, les moyens d'investissements
consacrés à cette fonction sont en simple stagnation.
c) Présentation par agrégats fonctionnels du budget annexe
La
présentation du budget annexe par " agrégats ", incluse
dans le projet de loi de finances, permet, en récapitulant et ventilant
par fonction les crédits figurant aux articles budgétaires,
d'établir
les dépenses des différentes fonctions de la
DGAC
.
Les graphiques suivants permettent de visualiser leur part relative dans le
budget annexe, qu'il s'agisse des dépenses d'exploitation ou des
dépenses en capital :
II. LE FONDS DE PÉRÉQUATION DES TRANSPORTS AÉRIENS (FPTA)
A. LE FPTA DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1999
Le
principe
Avant que le " troisième paquet " de libéralisation du
transport aérien communautaire ne mette fin à ce système
au 1er janvier 1995, un dispositif d'aménagement du territoire
était appliqué au transport intérieur aérien
français, qui reposait, d'une part, sur l'exclusivité
d'exploitation de la compagnie Air Inter et, d'autre part, sur un
système de conventions et de subventions de transporteurs
régionaux assurant un certain nombre de liaisons complémentaires.
La réglementation européenne ayant posé le principe de la
concurrence sur toutes les liaisons aériennes européennes et mis
fin à la possibilité de maintenir un tel système,
l'article 35 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire du 4 février 1995 et
l'article 46 de la loi de finances pour 1995 ont institué un
nouveau mécanisme de péréquation, le
Fonds de
péréquation des transports aériens
(FPTA).
Ce fonds permet de subventionner certaines liaisons structurellement non
rentables économiquement, dans le respect de la réglementation
communautaire
5(
*
)
.
Aux termes de l'article 35 de la loi précitée, le FPTA
"
concourt à assurer l'équilibre des dessertes
aériennes réalisées dans l'intérêt de
l'aménagement du territoire
". Ses modalités de
fonctionnement sont fixées par le décret n° 95-698 du
9 mai 1995 modifié par le décret n° 97-292 du
28 mars 1997.
Le statut
Le FPTA est un
compte spécial du Trésor
destiné
à assurer l'équilibre financier des lignes aériennes
qui contribuent à l'aménagement du territoire. Après un
régime transitoire mis en place pour les années 1995 et
1996, c'est désormais le régime " permanent " qui
s'applique.
Il est financé par le biais d'une
taxe unitaire sur les billets
des passagers embarqués en France continentale, perçue depuis le
15 janvier 1995. Initialement fixée à 4 francs par billet,
cette taxe a été ramenée à 3 francs par billet
par la loi de finances pour 1996 puis à
un franc par billet
par
la loi de finances pour 1997.
Les critères d'éligibilité et le bilan des liaisons
aidées
Aux termes de l'article 4 du décret précité relatif
au FPTA, les liaisons aériennes doivent, pour être
éligibles au fonds :
- avoir un trafic compris
entre 10.000 et 15.000 passagers
par
an ;
- relier
deux aéroports
dont l'un au moins n'a pas
dépassé un
trafic total de 1,5 million
de passagers
l'année précédente ;
- se caractériser par
la non disponibilité d'autres
moyens de transports
(ferroviaires ou maritimes) et par l'absence d'un
acheminement alternatif en moins de trente minutes de plus que le temps de
transport requis pour se rendre à l'aéroport
considéré ;
- avoir un
programme d'exploitation
d'au moins un aller et retour
au début et en fin de journée, du lundi au vendredi.
Au total, les compagnies et les liaisons ayant bénéficié
des interventions du fonds depuis l'application du régime permanent sont
les suivantes :
BILAN DES LIAISONS AIDEES PAR LE FPTA
Exploitant |
Liaisons |
Intervention du fonds par compagnie
|
Flandre Air |
Aurillac/Orly - Reims/Lyon
|
18,9 |
Air Littoral |
Montpellier/Strasbourg
|
20,3 |
Regional Airlines |
Saint-Brieuc/Orly
|
5,5 |
Protéus Airlines |
Castres/Rodez/Lyon
|
14,6 |
Air Normandie |
Montluçon/Orly |
1,4 |
Hex'Air |
Le Puy/Orly |
3,3 |
Finist'Air |
Brest/Ouessant |
1,5 |
Brit'Air |
Brest/Lyon |
4,5 |
Chalair |
Cherbourg/Orly |
0,9 |
Air Austral |
Réunion/Mayotte/Nairobi |
1,5 |
Air Guyane |
Cayenne/Maripasoula
|
2,3 |
Air Saint-Pierre |
Saint-Pierre-et-Miquelon/Canada |
10,0 |
TOTAL |
|
84,6 |
Source : Direction générale de l'Aviation
civile
Depuis sa mise en place, la participation financière du FPTA a
été sollicitée pour 45 liaisons intérieures
métropolitaines, dont 38 ont été déclarées
éligibles (ce qui a donné lieu à la signature de
23 conventions correspondant à 24 liaisons) et 17 non
éligibles au FPTA.
Sur ces 45 liaisons, 43 sont exploitées. Le FPTA semble donc avoir
globalement rempli son objectif de
maintien de toutes les liaisons
nécessaires pour l'aménagement et le développement du
territoire qui, bien que déficitaires, existaient avant le changement de
cadre juridique européen et le " troisième paquet " de
libéralisation.
Les liaisons qui n'ont pas être déclarées éligibles
aux subventions du fonds et qui existaient auparavant sont toujours en
exploitation, à une exception près, la plupart étant
aujourd'hui exploitées sans aucune aide.
Au-delà du maintien quasi intégral des liaisons
préexistantes, le FPTA a contribué à
l'ouverture de
quatre liaisons nouvelles
, dont trois sont actuellement exploitées
(Lorient-Lyon ; Saint-Etienne-Bordeaux ; Saint-Etienne-Nantes), un appel
d'offres étant en cours pour l'exploitation de la quatrième (Le
Havre-Rouen-Strasbourg).
Les moyens financiers du FPTA
La gestion financière du FPTA se caractérise par
un taux de
consommation des crédits relativement faible,
puisqu'il est de
57,6 % en moyenne sur l'ensemble de la période
1er janvier 1995-15 septembre 1998, bien qu'il soit en
augmentation.
En effet, la taxe a été perçue à compter du 15
janvier 1995 alors que les premières conventions n'ont
été signées qu'en avril 1996 et ce, à cause
des délais nécessaires tant à la mise en place du fonds
qu'à la publication des obligations de service public, des avis d'appel
d'offres au Journal officiel des Communautés européennes et du
délai imposé avant la conclusion des appels d'offres. En
conséquence, le taux de consommation des crédits a
été de 25 % en 1996. La mise en place du régime
transitoire et l'abaissement de la taxe de trois à un franc par billet
ont conduit à une
augmentation du taux de consommation des
crédits
et à une
diminution du solde positif
du compte
d'affectation spéciale.
Le budget prévisionnel pour les exercices 1998 et 1999 s'établit
comme suit :
BUDGET
PRÉVISIONNEL DU FPTA EN 1998 ET 1999
(en millions de francs)
|
Estimation 1998 |
Prévision 1999 |
RESSOURCES : |
|
|
Report de l'année précédente |
158,7 |
125,7 |
Taxe perçue en 1998 |
48,5 |
51,0 |
Total des ressources |
207,2 |
176,7 |
DÉPENSES : |
|
|
Dépenses effectivement ordonnancées |
81,5 |
80,0 |
SOLDE PRÉVISIONNEL |
125,7 |
96,7 |
Source : DGAC
Les perpectives d'évolution des critères
d'éligibilité
Le FPTA a fait l'objet d'une
mission d'évaluation
de ses
conditions de fonctionnement par M. Henri Martre, à la demande des
ministres chargés de l'aménagement du territoire et de l'aviation
civile.
Ce rapport venant d'être remis, il est encore trop tôt pour estimer
quelles sont celles des propositions formulées pour l'évolution
de ce fonds auxquelles le Gouvernement proposera de donner suite.
Votre commission, quant à elle, renouvelle son souhait que le
réexamen éventuel du fonctionnement du FPTA aille dans le sens
d'un élargissement des critères d'éligibilité des
liaisons aériennes à ce fonds.
B. LA RÉFORME DU FPTA PAR AMENDEMENTS AU PROJET DE LOI DE FINANCES
Le
compte d'affectation spéciale n° 902-25 relatif au fonds de
péréquation des transports aériens (FPTA) a
été fondu au sein d'un nouveau fonds, le " Fonds
d'intervention pour les aéroports et le transport aérien "
(FIATA), par un amendement au projet de loi de finances présenté
par le Gouvernement et adopté par l'Assemblée nationale
Ce fonds continuerait à prendre en charge les subventions qui assurent
l'équilibre des dessertes aériennes réalisées dans
l'intérêt de l'aménagement du territoire, dans les
mêmes conditions que le FPTA et, par ailleurs, financerait certains
services aéroportuaires d'intérêt général,
dont les dépenses directes de l'Etat pour les services de
sécurité incendie sauvetage et la sûreté (hors
personnel) et des subventions aux gestionnaires d'aérodromes.
Votre commission pour avis affirme son profond attachement aux missions du
FPTA dont elle souhaite d'ailleurs depuis plusieurs années un
élargissement, en faveur du soutien d'un nombre plus important de
liaisons. Elle sera donc particulièrement vigilante à ce que
l'impératif d'aménagement du territoire soit fortement pris en
compte lors de la discussion au Sénat de ces dispositions.
III. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET GÉNÉRAL DE L'ÉTAT AU FASCICULE " TRANSPORTS "
Les
crédits relatifs au transport aérien qui figurent au budget du
ministère de l'équipement, des transports et du logement,
comprennent, outre la subvention du budget générale au BAAC
examinée ci-dessus,
les moyens de la politique d'aide à la
construction aéronautique civile
, par le biais de soutiens à
des opérations de recherche de base et d'avances remboursables pour le
développement de produits nouveaux.
L'évolution de ces crédits, qui s'élèvent au total
à
1.431 millions de francs
en crédits de paiement,
est retracée dans le tableau ci-après :
CONSTRUCTION AÉRONAUTIQUE CIVILE
(en millions de
francs)
|
Loi de finances pour 1998 |
Projet de loi de finances pour 1999 |
Evolution des CP
|
||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
|
Sécurité des aéronefs |
6 |
1 |
6 |
4 |
|
Soutien à la recherche-amont |
680 |
450 |
720 |
473 |
+ 5,1 % |
Avances remboursables : |
|
|
|
|
|
- avions commerciaux |
725 |
642,5 |
755 |
664 |
+ 3,3 % |
- moteurs |
89 |
40 |
20 |
10 |
- 7,5 % |
- hélicoptères |
103 |
94 |
81 |
86 |
- 8,5% |
- équipements de bord |
220 |
190 |
250 |
170 |
-10,5 % |
Aviation légère |
6 |
6 |
4 |
4 |
|
Programme d'investissement de l'ONERA et divers |
27 |
27 |
20 |
20 |
|
TOTAL |
1.856 |
1.450,5 |
1.856 |
1.431 |
- 1,5 % |
Les
crédits de soutien à la recherche
seraient en nette
augmentation par rapport à 1998, car ils viendraient s'établir
à 720 millions de francs en autorisations de programme et
473 millions de francs en crédits de paiement, soit une hausse de
5,1 %.
Votre commission se félicite de cette hausse qui vient contrecarrer
une tendance, à son sens dangereuse, observée lors de l'examen de
la loi de finances pour 1998, à la réduction de crédits
vitaux pour affronter une concurrence mondiale très vive.
Votre commission, préoccupée depuis plusieurs années par
les conditions d'application de l'accord du GATT du 17 juillet 1992
relatif aux soutiens à l'industrie aéronautique, insiste à
nouveau sur la nécessité d'accentuer les soutiens à la
recherche-amont, afin de rapprocher notre système de soutien à
l'industrie aéronautique de celui existant aux Etats-Unis.
Les avances remboursables
se verraient affecter
930 millions
de francs de crédit de paiement,
en baisse
de 3,8 %.
CHAPITRE II -
LE TRANSPORT AÉRIEN, UN SECTEUR
EN MOUVEMENT
La
libéralisation
du transport aérien est désormais
totale en Europe, depuis l'adoption des trois " paquets " de
libéralisation, dont le dernier est entré en vigueur le
1er janvier 1993, et la levée des dernières
restrictions en matière de cabotage en avril 1997.
Dans un contexte de concurrence désormais mondiale, la question des
alliances
entre compagnies aériennes se pose avec une plus grande
acuité, de même que celle du statut et de
l'actionnariat
des compagnies.
En particulier, de quels moyens disposeront les ailes françaises pour
occuper une des premières places dans un ciel désormais
totalement ouvert ?
I. UN CONTEXTE MONDIAL ET EUROPÉEN EN RECOMPOSITION
A. UN SECTEUR EN CROISSANCE MALGRÉ DES INTERROGATIONS RÉCENTES
1. Une hausse de 8 % du trafic en 1997
Les
chiffres de l'OACI
6(
*
)
sur le trafic
régulier total, exprimé en tonnes-kilomètres
transportées, incluant le trafic passagers, le fret et le trafic postal,
indiquent
une augmentation de 8 % par rapport à 1996.
Cette
forte croissance, pour la troisième année consécutive,
résulte en grande partie de la
forte reprise de l'activité
fret.
Le trafic
des passagers
réguliers
a progressé de
4 %
en 1997, année durant laquelle
1,4 milliard
de passagers ont été transportés. Le
trafic
international
de passagers (environ 30 % du total, soit
440 millions de passagers) a connu la plus forte évolution :
+ 10 %.
Le transport commercial
non régulie
r de passagers, qui
représente environ 14 % du trafic international de passagers, a
augmenté de 5 % en 1997.
La croissance du
fret
est supérieure : avec 26,1 millions de
tonnes de fret transportées, c'est une
croissance de 12 %
qu'a connue cette activité en 1997. Comme pour le trafic passagers,
c'est, pour le fret, le
trafic international
qui est le principal moteur
de la croissance du transport aérien.
Selon les estimations de l'OACI, les augmentations de l'offre ont
été à nouveau contenues en 1997 (+ 4 %). Aussi,
le
coefficient d'occupation des sièges
a progressé d'un
point passant, pour l'ensemble des services réguliers, à
69 % et à 70 % pour les seuls services réguliers
internationaux.
En 1997, l'ensemble des transporteurs aériens réguliers a
enregistré un
bénéfice d'exploitation
égal
à 5,7 % des recettes d'exploitation.
1997 est la
cinquième année consécutive de résultat
d'exploitation positif et la meilleure année en terme de résultat
annuel depuis qu'existent les données de l'OACI (1947).
2. Les interrogations soulevées par la crise asiatique
L'analyse des résultats du premier trimestre de 1998
montre
une croissance modeste du trafic aérien, avec des situations
contrastées suivant les régions :
- selon les données de l'Airport Council international,
le
trafic dans la région Asie Pacifique
serait en baisse de 10 %
pour le trafic passagers et de 2 % pour le fret ;
- les
aéroports européens
enregistreraient quant
à eux une augmentation de 5 % pour les passagers et le fret ;
- les
aéroports d'Amérique du Nord
verraient quant
à eux leur croissance limitée à 0,5 % pour les
passagers et 4 % pour le fret.
Les données de l'association des compagnies européennes
7(
*
)
pour les cinq premiers mois de 1998 confirment cette
tendance, avec
une croissance en Europe de 4,2 %
du trafic
passagers. Les faisceaux " Atlantique Nord " et " Europe
géographique " avec respectivement 7,2 % et 5,5 % de
croissance, sont les moins affectés par le ralentissement de la
croissance.
Votre commission pour avis est préoccupée des
répercussions que la crise financière asiatique peut avoir sur la
croissance du trafic aérien dans cette zone et dans le reste du
monde.
D'ailleurs, l'OACI a réévalué à la baisse ses
prévisions de croissance annuelle du trafic jusqu'en 2001 : pour le
trafic passager total, son estimation est passée de 6,6 % à
5,4 % de croissance annuelle, et pour le fret de 7,5 % à
6,1 %.
B. UNE MONDIALISATION QUI S'ACCOMPAGNE DE LA CONCLUSION D'ALLIANCES INTERNATIONALES
1. Une concurrence désormais totale
a) Une libéralisation européenne qui ne s'est pas accompagnée d'une harmonisation pourtant indispensable sur le plan fiscal et social
Initié par les Etats-Unis en 1997, le processus de
libéralisation du transport aérien
international s'est
développé de manière plus ou moins rapide suivant les
régions du monde.
En Europe, avec le " troisième paquet " de
libéralisation, l'accès au marché et la tarification sont
libres : la notion de marché intérieur communautaire du
transport aérien est devenue une réalité.
Dans un tel contexte de libéralisation européenne et mondiale,
votre commission pour avis rappelle à nouveau que la disparité
des législations fiscales et sociales confère aux transporteurs
de certains Etats membres un avantage compétitif certain.
Même si ces phénomènes restent marginaux, certaines
opérations de délocalisation d'activités (notamment des
services de réservation) ont été observées en
Europe, au profit de l'Irlande et des Iles britanniques, essentiellement pour
réduire le poids des charges sociales.
Votre commission des affaires économiques souhaite qu'une
réflexion sur l'harmonisation européenne des conditions d'emploi
et de travail des salariés du transport aérien soit rapidement
menée.
Elle propose la mise en place d'un observatoire social européen du
transport aérien.
En effet, la crainte est de plus en plus vive de voir le transport
aérien connaître le même sort que la marine marchande.
La libéralisation du trafic entre l'Europe et les Etats-Unis a, elle
aussi, connu des avancées significatives.
b) L'accord signé avec les Etats-Unis le 18 juin 1998
Avec un
trafic annuel vers les Etats-Unis de l'ordre de 4 millions de passagers,
la France se place juste après le Royaume-Uni (12 millions) et
l'Allemagne (6 millions) pour le marché du transport aérien
transatlantique.
L'enjeu de
l'accord franco-américain
signé le 18 juin
dernier est donc d'importance : conclu après six ans de
négociations, il fixe le cadre des relations aériennes
bilatérales franco-américaines, après la
dénonciation par la France, en mai 1992, du traité dit des
" Bermudes ", conclu en 1946.
Malgré des positions de départ assez éloignées, les
négociateurs américains souhaitant initialement arriver à
une politique de " ciel ouvert ", -c'est-à-dire à une
libéralisation totale, à laquelle la partie française ne
pouvait souscrire-, l'accord aérien du 18 juin 1998 offre une
ouverture progressive et réciproque
de ce marché.
A la demande de la France, l'accord prévoit, en effet, outre une
libéralisation progressive et afin d'éviter l'émergence de
situations inacceptables (tarifs prédateurs, surcapacités, abus
de position dominante...) un
mécanisme de résolution des
conflits
assorti de mesures conservatoires si les intérêts de
l'une des parties se trouvaient gravement menacés.
Cet accord n'est pas un accord de " ciel ouvert ". Il prévoit
une
libéralisation progressive du trafic aérien
franco-américain
au terme d'une
période de transition des
cinq ans,
au cours de laquelle les capacités seront progressivement
augmentées : 21 fréquences supplémentaires sont
prévues en 1998, 7 en 1999, 14 en 2000, 7 en 2001 et 14 en 2002.
Les possibilités de
vols en " partage de code "
entre
les transporteurs des deux pays sont entièrement
libéralisées.
En conséquence de cet accord, la compagnie Air France a ouvert deux
nouveaux vols quotidiens, l'un vers Boston et l'autre vers Atlanta, tandis
qu'United Airlines a proposé un deuxième service hebdomadaire
vers Washington et US Airways un nouveau service quotidien Pittsburg-Paris.
Dans un contexte concurrentiel plus vif que jamais, la conclusion
d'alliances internationales devient une arme indispensable, utilisée par
un nombre croissant de compagnies.
2. La constitution d'alliances internationales entre compagnies aériennes
a) Une forte augmentation du nombre d'alliances internationales
La
mondialisation de l'économie, particulièrement rapide et sensible
dans le domaine du transport aérien, s'accompagne d'un
développement des rapprochements entre compagnies.
Depuis 1994, cette évolution est particulièrement sensible. Tous
types confondus,
502 alliances
étaient
recensées
8(
*
)
en mai 1998, contre 363 un
an plus tôt (+ 38 %) et 280 seulement en 1994
(+ 80 %).
196 compagnies
de par le monde sont aujourd'hui concernées par
une alliance, contre 177 l'année passée.
Les concentrations
par achats et fusions d'entreprise, ou par
échanges de participation financière
, concernent 11 %
de l'ensemble des alliances : l'élément capitalistique est
donc une composante importante de ces rapprochements.
Par ailleurs, les
accords commerciaux
entre plusieurs transporteurs se
multiplient.
Le "
partage de code "
, par exemple, est un accord qui permet
de commercialiser sous son propre code des sièges sur des vols
assurés par un autre transporteur : en réalité le vol
apparaît donc dans les systèmes de réservation sous les
deux codes des compagnies partenaires. En mettant en commun tout ou partie de
leur réseau par ce moyen, les compagnies assurent une présence
commerciale sur le réseau de la compagnie partenaire, augmentent leurs
parts de marché et attirent ainsi des passagers en correspondance sur
leurs " hubs " respectifs, sans mettre en oeuvre de nouveaux moyens.
D'autres formes d'accords commerciaux existent : accords
d'assistance
technique ou commerciale, accords de franchise
par lesquels un transporteur
de petite taille verse une redevance pour pouvoir voler sous les couleurs d'une
grande compagnie en utilisant ses éléments d'identité
commerciale, son code et son réseau de distribution, mais en assurant
lui-même le risque commercial de l'exploitation.
b) Une structuration concurrentielle autour de grandes alliances stratégiques
Au
delà de " simples " accords de coopération liant une
compagnie à une autre, des
alliances dites stratégiques
sont peu à peu apparues, ramifiées en plusieurs pôles,
chacun organisé autour d'une compagnie américaine majeure :
" Star ", " Wings ", " Qualifyer ",
" Oneworld " sont autant d'alliances qui façonnent le nouveau
visage du secteur aérien mondial.
Autour de United Airlines, la "
Star Alliance
",
constituée dès l'été 1997, regroupe Lufthansa, SAS,
Air Canada, Thaï Airways et Varig. Elle est alliée également
à Air New Zealand, Ansett, Mexicana et All Nippon Airways. Elle compte
184 millions de passagers et 45 milliards de dollars de chiffre
d'affaires. C'est aujourd'hui le partenariat le plus abouti.
Dans "
Qualifyer
", se trouvent, avec Delta Airlines,
Swissair, Sabena, Turkish Airlines, TAP-Air Portugal, Austrian Airlines, AOM,
Aeromexico, Aero Peru, soit 144 millions de passagers et 28 milliards
de dollars de chiffre d'affaires.
"
Wings
" est le nom officieux de l'alliance
constituée autour du noyau
" Northwest-KLM ", où
se sont regroupés Alitalia, qui a préféré rejoindre
cet ensemble plutôt que de se rapprocher d'Air France, Braathens, Kenya
Airways, Japan Air System, mais cette alliance peut encore évoluer avec
la participation financière de Northwest dans le capital de la compagnie
américaine Continental. Son poids est de 182 millions de passagers
et de 34 milliards de dollars de chiffre d'affaires.
Avec American Airlines et British Airways, on retrouve, dans
"
Oneworld
", Canadian Airlines, Cathay Pacific et Qantas, qui
représentent environ 18 % du trafic mondial, avec une flotte de
1.500 avions, 174 millions de passagers et un chiffre d'affaires de
42,3 milliards de dollars.
Cette alliance vise, au travers d'une mise en commun du réseau des cinq
partenaires, à accroître notamment l'offre de services aux
passagers et à optimiser les programmes de fidélisation. D'autres
compagnies pourraient rejoindre rapidement " Oneworld ".
Outre le rapprochement de nature capitalistique entre Northwest et Continental,
deux autres rapprochements de type commercial
9(
*
)
, limités au trafic intérieur des
Etats-Unis pour l'instant entre United et Delta
10(
*
)
, d'une part, entre American et US Airways, d'autre
part, apparaissent, en outre, comme les prémisses de gigantesques
alliances mondiales dont il est prématuré d'imaginer le
développement.
L'importance prise par ces alliances stratégiques dans le trafic
aérien mondial est illustrée dans le graphique
ci-dessous :
Source : Aéroports magazine, nov.98
NB : Le périmètre d'alliances retenu dans ce graphique est le
suivant : pour " Oneworld ", Oneworld, US Airways, Japan
Airlines, Iberia, Finnair, Aerolinas Argentinas ; pour " Star
Alliance ", Star Alliance, British Midland, Spanair ; pour
" Qualifyer ", Delta Airlines et ses alliés
européens ; pour " Wings ", Northwest, Continental,
American West, KLM, Alitalia.
Dans ce vaste jeu de rapprochements, les compagnies n'hésitent pas
à réajuster leurs engagements antérieurs au profit de
nouvelles alliances qui leur semblent plus prometteuses.
Dans ce contexte, votre commission pour avis redoute que la situation de
concurrence redoublée entre Delta et Continental ne prive la compagnie
Air France, par ailleurs déjà dangereusement exclue de ce
mouvement de partenariats stratégiques, du bénéfice des
accords qu'elle avait conclus en 1997 avec ces deux compagnies.
Elle estime dangereux l'isolement actuel d'Air France, à l'heure
où des partenariats mondiaux de transport aérien se constituent,
qui offrent, au travers des croisements des programmes de fidélisation,
d'harmonisation des correspondances et de mise en commun des installations,
d'importantes opportunités aux compagnies comme aux passagers.
Votre commission pour avis souhaite interroger le Gouvernement sur
l'éventuelle participation d'Air France à une alliance
stratégique internationale. Début octobre, n'évoquait-on
pas une alliance possible entre la compagnie française, Northwest
Airlines, KLM et Alitalia ?
II. LES AILES FRANÇAISES
Dans ce
contexte européen et international en mutation, le retard pris par les
ailes françaises, et notamment le Groupe Air France, semble
préoccupant, en matière tant de conclusion d'alliance
internationale que d'évolution de son capital.
Certes, le groupe semble consolider son redressement, mais son isolement
n'est-il pas de mauvais augure pour la pérennité de son
développement ?
Votre commission pour avis ne saurait négliger, par ailleurs, le
nécessaire développement des autres compagnies
françaises.
A. LE GROUPE AIR FRANCE
1. Un redressement fragile
a) La croissance de l'activité et l'amélioration des résultats financiers
L'exercice 1997/1998
a été marqué par la
fusion-absorption de la compagnie Air France Europe (l'ex Air Inter) par la
compagnie nationale Air France, décidée par les assemblées
générales d'actionnaires le 12 septembre 1997 avec
effet rétroactif au 1er avril 1997.
Au cours de cet exercice, le groupe Air France a enregistré une
croissance de son activité
(+ 5,1 % en
passagers-kilomètres-transportés) plus importante que celle de
son offre (+ 3,4 %), entraînant une
progression du
coefficient de remplissage de 1,3 point, qui est passé de
73,9 % à
75,2 %.
Cette croissance des recettes, conjuguée à une relative
maîtrise de la croissance des charges d'exploitation, qui
représentent 87,8 % du chiffre d'affaires en 1997/1998 contre
90,2 % pour l'exercice précédent, se traduit par une
poursuite du redressement du résultat
: le résultat
d'exploitation s'établit à
2.467 millions de francs
et le résultat net consolidé à
1.874 millions de
francs
.
Ces évolutions sont retracées dans le tableau ci-dessous :
RÉSULTATS DU GROUPE AIR FRANCE EN 1997/1998
EN
MILLIONS
DE FRANCS
|
1997/1998 |
Évolution
|
Chiffre d'affaires |
60 176 |
+ 9,2 % |
dont : - passagers réguliers |
41 696 |
+ 9,2 % |
- fret |
7 616 |
+ 12,3 % |
- autres activités aériennes |
2 370 |
+ 15,7 % |
- maintenance |
2 494 |
+ 7,5 % |
- catering (approvisionnement avion) |
1 629 |
+ 4,8 % |
- Autres |
4 911 |
+ 3,8 % |
Résultat d'exploitation |
2 467,0 |
n.s |
Résultat net consolidé |
1 874 |
n.s |
Source: Air France
La progression du chiffre d'affaires
du groupe (à
périmètre constant), de 9,2 %, s'explique principalement par les
effets de la mise en place du "
hub "
11(
*
)
à Paris-Charles de Gaulle
et par les
livraisons d'avions intervenues au second semestre (cinq A320 et six A321), qui
ont permis,
par un accroissement de l'offre, de saisir les
opportunités offertes par un marché en expansion.
L'encadré ci-dessous met en évidence trois facteurs-clé du
redressement du groupe depuis trois ans :
TROIS FACTEURS DU REDRESSEMENT D'AIR FRANCE
La
restructuration du programme d'Air France
Cette restructuration s'est faite suivant quatre principes :
-
fermeture des escales sans rentabilité
à court ou
moyen terme : 40 escales ont été fermées en
trois ans ;
-
augmentation de la fréquences des vols
sur les routes les
plus porteuses en accroissant le nombre de destinations des services par un vol
quotidien ;
-
simplification des structures de desserte :
le nombre de
tronçons a été limité à 2, les
itinéraires et horaires ont été harmonisés ;
-
réduction des coûts d'escale
en privilégiant
les vols directs.
Les résultats : entre 1994 et l'été 1996, les gains
de productivité du personnel navigant ont été de
19 %, le nombre d'heures de vol par jour et par avion est passé de
9,4 à 10,7.
La mise en place du " hub " de Roissy-Charles de Gaulle
La mise en place d'un hub à Roissy-Charles de Gaulle en 1996 a permis de
mieux drainer les passagers de zone Europe vers les dessertes long courrier en
réduisant les temps d'acheminement. Cela a permis à Air France de
figurer en tête de liste sur les systèmes de réservation
qui présentent d'abord les trajets disponibles les plus courts, sachant
que ces vols sont plus souvent retenus par la clientèle haute
contribution.
Le " hub " a permis de multiplier, sur la base d'un temps au sol de
deux heures maximum, l'offre de dessertes en correspondance long courrier/moyen
courrier
par trois
et l'offre de dessertes en correspondance moyen
courrier/moyen courrier par
deux et demi
entre l'été 1996
et l'été 1997. Le " hub " a ainsi
généré un
accroissement du trafic en correspondance de
33 % dès l'été 1996
par rapport à
l'été 1995
Il permet un départ et une arrivée
toutes les deux minutes
dans les six plages de rendez-vous, soit 530 mouvements d'avions par
jour pour un total de 55.000 passagers, dont une moyenne de
14.000 en correspondance
. L'ouverture de la première tranche
du terminal F en 1998, de la seconde en 1999, couplée avec la mise
en service de la troisième piste, avec à l'horizon 2001 une
quatrième piste, vont encore accentuer les capacités du
" hub ".
La restructuration du réseau domestique
A la suite de l'ouverture à la concurrence du marché
intérieur français, l'ex Air inter a dû faire face à
une très vive concurrence.
Le lancement de
la Navette, fin 1996
, a permis de redresser la situation
concurrentielle :
- fermeture de
lignes structurellement déficitaires
:
Orly/Nantes, Orly/Toulon et Orly/Perpignan, ainsi que de l'ensemble du
réseau européen desservi par Air France Europe à
l'exception de la liaison Strasbourg/Londres ;
- évolution de la
composition de la flotte
: fin de
l'utilisation de gros-porteurs (Airbus A300 et A330), inadaptés
à une politique de hautes fréquences ; mise en service,
notamment, de neuf Airbus A319 entre juin 1996 et mars 1997,
dédiés au service de " navettes " sur Toulouse et
Marseille.
Depuis son instauration, ce service a permis de
redresser la position
concurrentielle
d'Air France
sur des routes qui font partie des cinq
routes européennes les plus fréquentées. Ainsi, la part de
marché, mesurée en passagers par kilomètres
transportés sur Orly/Marseille est passée de 64,1 % pendant
l'été 1996 à 72,8% pendant l'été 1997, alors
que la part de marché sur Orly/Toulouse passait de 58,0 % à
74,4 % sur la même période (Source Aéroports de Paris).
Source : document de référence 1997/1998, Groupe Air France
Cependant, ce redressement est fragile. D'après les informations
communiquées à votre rapporteur, l'impact de la grève de
juin dernier se traduirait par une perte supérieure à
1 milliard de francs de résultat net.
Seule la publication des résultats pourra donner
précisément l'ampleur des répercussions des dix jours de
grève des pilotes en juin dernier. A l'époque, la direction avait
chiffré à 100 millions de francs de perte quotidienne
occasionnée par l'annulation des vols, soit un manque à gagner
d'environ 1,7 milliard de chiffre d'affaires. Le chiffre d'affaires du
1er trimestre de l'exercice s'était d'ailleurs inscrit en repli de
4,7 %.
b) Le programme d'investissement
Sept
milliards de francs d'investissements sont programmés pour 1998/1999.
Après avoir, du fait des contraintes imposées par la Commission
européenne suite au programme de recapitalisation de la compagnie, subi
une certaine
restriction de l'outil productif
, avec un nombre
d'aéronefs quasi-constant,
la compagnie a relancé son
programme d'investissements
depuis 1997, dans un contexte de croissance du
trafic aérien.
Ce programme est destiné à renforcer la plate-forme de
correspondance de Paris-Charles de Gaulle, en tirant parti des
opportunités ouvertes par l'ouverture des nouvelles pistes. C'est ainsi
que 7 milliards d'investissements sont prévus en 1998/1999
(livraisons d'avions long-courrier : 5 boeings 777, 4 Airbus
A340 et un Airbus A319 et un milliard d'investissement au sol).
La rajeunissement de la flotte
Au 1er juillet 1998, la flotte du groupe Air France comprend
209 appareils
, pour un
âge moyen de 8,8 ans
12(
*
)
.
Depuis quelques années, la compagnie a entamé un processus de
rationalisation de sa flotte
afin de rendre celle-ci plus
économique, notamment en supprimant des sous-flottes. Ceci permet en
effet de réaliser des économies d'échelle sur les
opérations de maintenance qui ne portent plus que sur un nombre
limité de types d'avions. De même, la formation des pilotes se
trouve simplifiée et leur mobilité accrue dès lors que
certaines familles d'appareils requièrent la même qualification
(Airbus A319, A320 et A321, par exemple).
Après la suspension de l'essentiel des livraisons d'avions entre 1995 et
1997, Air France a reçu l'exercice passé ses premières
livraisons : trois Airbus A340 et un Boeing B777, qui ont contribué
au rajeunissement de la flotte.
En dépit des signes de redressement d'Air France, décrits
ci-dessus, la société n'a pas encore atteint les performances de
ses principaux concurrents -notamment européens- en particulier en
termes de
coûts d'exploitation
, alors même que ces
compagnies poursuivent sans relâche leurs politiques de réduction
des coûts.
Sur le chemin du redressement, Air France rencontre encore des obstacles qui
obscurcissent son avenir.
2. Un avenir encore sous conditions
a) Un préalable indispensable : la privatisation du groupe
Votre
rapporteur pour avis ne s'étendra pas sur un sujet sur lequel votre
Haute Assemblée a très largement exprimé sa position,
notamment au cours des débats relatifs au projet de loi portant diverses
mesures d'ordre économique et financier, au mois de mai dernier.
Votre commission des affaires économiques déplore, comme
l'année passée, la décision prise par le Gouvernement de
ne pas privatiser Air France et de conserver la majorité du capital de
la compagnie.
Sur un plan général, tout d'abord, elle estime que le principe du
maintien entre les mains de l'Etat d'une majorité du capital d'une
entreprise publique peut se justifier lorsqu'il s'agit d'une
entreprise de
service public. Peut-on encore raisonnablement utiliser cet argument pour Air
France, alors que les obligations de service public sont d'ores et
déjà assurées concurremment par des entreprises
privées ?
En outre, la " respiration " du capital proposée par le
Gouvernement pour la société Air France n'est pas de nature
à lui permettre d'attirer les investisseurs -et donc
les fonds
propres
- nécessaires à son développement, ni de
disposer de la
souplesse et de l'autonomie de gestion
dont elle a besoin.
Bien plus, ce maintien d'Air France dans le secteur public favorise la
réticence des personnels à devenir actionnaires de la
société.
Enfin, l'appartenance d'Air France au secteur public est un obstacle dirimant
à la
conclusion d'alliances stratégiques
: Air France
est ainsi la seule compagnie européenne de cette dimension à
n'avoir pas conclu d'alliance globale avec l'une ou l'autre des compagnies
américaines.
Pour toutes ces raisons, brièvement résumées ici, la Haute
Assemblée s'était opposée à l'adoption de
l'article 36 du projet de loi précité -devenu
l'article 51 de la loi définitivement
adoptée- considérant, comme le lui proposait sa Commission
des Finances, que
"
en choisissant le chemin d'une ouverture du
capital d'Air France limitée et étriquée, contrainte par
le dogme du maintien dans le secteur public, le Gouvernement ne se met pas en
situation de valoriser Air France et d'entraîner l'adhésion de ses
personnels à une formule d'actionnariat salarié qui
apparaît alors simplement défensive
"
13(
*
)
.
Le Gouvernement a, en effet, d'ores et déjà annoncé que la
part du capital d'Air France mise sur le marché devrait
représenter 20 % du total, la part détenue par l'Etat devant
en tout état de cause continuer de représenter plus de 50 %
du capital. Des modalités particulières d'actionnariat
salarié ont été prévues à l'article 51
précité de la loi portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier adoptée au printemps dernier.
L'opération de cession sur le marché d'une partie du capital
s'accompagnera de la mise en place d'une
tranche
réservée aux salariés
à concurrence de
10 % ; cette part, d'après ce texte, pourrait
éventuellement être portée à 15 %.
Ce texte prévoit également le principe d'un
échange
" salaire contre actions "
pour les personnels navigants
techniques (PNT), l'Etat étant autorisé à leur
céder gratuitement au plus 12 % du capital.
Initialement, le projet d'ouverture du capital prévoyait une
réduction de salaire obligatoire et valable pour l'ensemble de la
durée de la carrière professionnelle, en contrepartie de laquelle
le PNT aurait bénéficié d'une indemnité forfaitaire
en actions.
A l'issue du conflit social de juin dernier, la direction d'Air France et le
syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) ont conclu un accord-cadre dont
la teneur sera développée ci-après et qui, outre le
principe d'un gel des salaires sur 7 ans, retient le principe d'une
opération d'échange " salaire contre actions "
fondée sur le volontariat,
laissant ainsi à chaque PNT le
soin de se prononcer individuellement, dans un délai à
définir, sur l'acceptation ou non d'une réduction de salaire en
contrepartie de laquelle il obtiendra une indemnité en actions.
L'opération d'ouverture partielle du capital devrait intervenir
début 1999, le calendrier précis n'ayant toutefois pas
été communiqué à votre rapporteur pour
avis.
b) L'accord direction-pilotes
Comme le
prévoyait l'accord de fin de conflit du 10 juin 1998 entre le SNPL
et la direction d'Air France, un accord " direction-pilotes " a
été signé il y a peu. Comme l'a précisé M.
Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, du transport et du
logement, à votre commission des Affaires économiques le
5 novembre dernier, cet accord devrait permettre une économie de
400 à 600 millions de francs en termes de masse salariale.
Sans entrer dans le détail de cet accord, qui comporte notamment des
dispositions relatives aux conditions de travail , au décompte
d'activité et au périmètre de l'emploi des personnels
navigants techniques, ainsi qu'aux conditions du recours à des moyens
externes par la compagnie, votre rapporteur pour avis en développera
brièvement deux aspects :
Gel des salaires et actionnariat des personnels navigants techniques
(PNT)
L'accord entre la direction d'Air France et le SNPL comporte un volet
prévoyant un échange salaire/actions, accompagné d'un gel
des salaires, qui devrait permettre de faire converger les coûts des
pilotes d'Air France vers ceux des concurrents et satisfaire ainsi les
objectifs économiques de la compagnie. L'accord pose le principe de la
stabilisation des barèmes de rémunérations des PNT.
En 2001, les signataires conduiront une étude de comparaison des
évolutions de rémunérations des PNT d'Air France et de
celles des PNT de trois compagnies européennes (British Airways,
Lufthansa, KLM), ainsi que de Delta et de Continental. Cette étude
visera à élaborer un diagnostic clair sur les conditions de
convergence de la compétitivité des coûts PNT d'Air France.
Elle s'attachera notamment à évaluer les conditions
nécessaires pour atteindre les objectifs de convergence vers les
coûts PNT des concurrents européens.
L'échange de salaires contre actions est volontaire. Il se fera suivant
une offre de base et une offre complémentaire, accessible aux pilotes
ayant déjà souscrit à l'offre de base et proposant une
acquisition d'actions financée par un abandon supplémentaire et
temporaire de salaire.
La filière " pilotes cadets "
Outre les embauches prévues dans le cadre des accords professionnels
existants, une filière spécifique est mise en place pour les
jeunes pilotes.
Les principes suivants sont posés :
- la filière " pilote cadet " est destinée
à faciliter l'accès à la fonction de pilote à Air
France de jeunes sans expérience aéronautique
préalable ;
- la compagnie s'engage à assurer et à financer la formation
initiale nécessaire en vue d'un recrutement ultérieur à
Air France ;
- est définie une grille de rémunération applicable
aux " pilotes cadets " après le " lâcher en
ligne ". Cette grille de rémunération permettra de
réaliser une économie sur salaire brut de 300.000 francs sur
5 ans, soit 420.000 francs d'économie par pilote pour la compagnie.
Sur un rythme à moyen terme de 100 à 120 pilotes cadets,
recrutés chaque année, les économies
réalisées par la compagnie seront de l'ordre de 42 à
52 millions de francs par an.
Compte tenu de l'état actuel des recrutements, les premières
sélections de " pilotes cadets " interviendraient au plus tard
au cours de la saison d'été 1999.
Votre commission pour avis constate, comme l'a clairement montré
l'avis du comité d'entreprise, que cet accord n'a pas rassemblé
l'ensemble des catégories de personnels. Il est à craindre qu'il
n'aille pas dans le sens du raffermissement de la cohésion interne de
l'entreprise. Souhaitons que ces craintes ne se réalisent
pas.
c) Un impératif : la participation à une alliance stratégique mondiale
Le
retard qu'a pris Air France pour la constitution d'alliances internationales
est loin d'être comblé, malgré la conclusion de nombreuses
coopérations locales :
- sur le
réseau intérieur
, Air France a conclu deux
accords de franchise avec des compagnies françaises (Brit'Air et
Proteus), afin d'alimenter sa plate-forme de correspondance de Roissy ;
- en
Europe
, plusieurs partenariats sont
développés :
S'agissant de
l'Allemagne
, Air France développe un partenariat
avec Eurowings. En revanche, la compagnie a mis fin à deux accords de
coopération, l'un conclu avec Alitalia (exploitation en partage de code
à l'hiver 1997/1998 de 12 liaisons entre la France et l'Italie),
qui a préféré s'allier au transporteur néerlandais
KLM, et l'autre qui était en projet avec Finnair, qui a conclu
finalement une alliance avec British Airways. Sur
l'Autriche
, Air France
conserve une participation de 1,5 % au capital d'Austrian Airlines,
acquise en 1989. Un accord de coopération concernant la ligne
Paris-Vienne et un accord de " quote-part
préférentielle " viennent d'être signés entre
les deux compagnies. La desserte des
îles britanniques
met en jeu
plusieurs alliances avec City Jet, Jersey European Airways, British Midland.
Concernant la
Suisse
, des lignes sont exploitées en partage de
code avec Crossair. Pour
le reste de l'Europe
, Air France a des accords
de partage de code avec Maersk Air, avec la compagnie LOT, avec MALEV, avec
Debonair, avec CSA, Air Croatia et Luxair (en ce qui concerne ces deux
dernières compagnies, les accords de partage de code ne semblent pas
devoir être reconduits pour l'hiver 1998-1999).
-
pour la desserte du Continent nord-américain,
outre un
accord de partage de code avec Aéro-Mexico, Air France a conclu à
la fin de l'année 1996 deux accords avec respectivement Delta
Airlines et Continental Airlines, accords qui ont conduit, dans un premier
temps, au regroupement, sur le " hub " d'Air France à Paris,
des vols opérés par ces compagnies à destination et en
provenance des Etats-Unis, préparant ainsi la connexion des
" hubs " respectifs des partenaires.
Toutefois, comme l'a déjà souligné votre rapporteur
pour avis, la participation des deux compagnies américaines
concernées à des alliances stratégiques concurrentes
risque de ne pas permettre à Air France de tirer de ses alliances
américaines tout le parti initialement envisagé.
-
en Asie
, Air France est liée par des accords conclus avec
Japan Airlines, Air India et Korean. Dans l'Océan indien, un
système d'alliance avec les transporteurs locaux existe (Air Austral,
Air Madagascar, Air Mauritius, Air Seychelles) ;
-
en Afrique
, des coopérations existent avec Royal Air
Maroc, Air Gabon et Middle-East-Airlines.
Au delà de ces accords commerciaux, certes indispensables au
développement du groupe, et présentés -faute de
mieux ?- comme une panacée, votre commission pour avis est
convaincue que la survie d'Air France passe par la participation à une
alliance stratégique mondiale de l'envergure de " Star
Alliance " ou de " Oneworld ", permettant une organisation
autour de 3 pôles : l'Amérique, l'Europe, l'Asie.
Votre commission pour avis entend rappeler au Gouvernement la
nécessité d'une telle alliance, conditionnée, à son
sens, par la privatisation du groupe.
B. L'ESSOR DES COMPAGNIES PRIVÉES
Bien que
depuis 1992 la liaison Orly-Nice ait été exploitée par
AOM, ce n'est qu'
à partir de 1995
que les lignes
intérieures se sont ouvertes à la concurrence d'abord
française, puis communautaire en 1997.
Aujourd'hui, les
deux compagnies privées
Air Liberté et
AOM ont une part de marché de
20 %
des passagers ayant
voyagé en métropole en 1997 (respectivement 11,2 % et
8,5 %), tandis que
d'autres compagnies, de dimension
régionale
(comme Air littoral ou Régional Airlines par
exemple) ont une part de marché cumulée de
12 %
en
1997.
Le développement de la concurrence n'a globalement pas
entraîné d'augmentation massive du
volume du trafic
intérieur :
la croissance annuelle moyenne du nombre de
passagers a été de 3,7 % entre 1994 et 1997. En revanche,
le nombre de vols
a considérablement augmenté, de
12,4 % en moyenne par an. Leur nature a été
modifiée : avec une offre de sièges en augmentation moyenne
annuelle de 3,2 % seulement, c'est
l'emport moyen
qui a fortement
chuté sur la période, passant de
75 passagers par avion
à 57 entre 1994 et 1997.
1. Les transporteurs régionaux
Au
premier semestre 1998,
15 transporteurs régionaux
(contre 17
en 1997) exploitent
174 liaisons régulières
(contre
203 en 1997).
Soixante villes
du territoire national sont desservies en
1998 (contre 59 en 1997, la nouvelle venue étant Vichy) et
30 villes dans 10 pays d'Europe.
En 1997, ces compagnies ont transporté environ
2,3 millions de
passagers
14(
*
)
sur leur réseau
propre, soit
une progression de 60 %
, l'offre moyenne de
sièges par avion étant de 32 sièges.
Votre commission pour avis se félicite de ce dynamisme, qui a permis
la création de 800 emplois supplémentaires par les
transporteurs régionaux en 1997, portant ce secteur à
37.000 salariés au total.
Comme le montre le graphique suivant, le secteur du transport aérien
régional est assez concentré, en dépit du nombre important
de compagnies :
Source : DGAC
Certaines compagnies connaissent
une très forte croissance de leur
activité.
C'est le cas de celles qui ont mis en place une
plate-forme de correspondance (Régional Airlines à
Clermont-Ferrand, Air Littoral à Nice, Proteus à Saint-Etienne)
ou qui ont accru leur réseau directement (Flandre Air) ou en franchise
(Brit'Air). En effet, la demande de liaisons directes entre villes de province
reste soutenue et l'augmentation du trafic est un contexte favorable au
développement de l'activité.
Ces compagnies régionales ont souvent développé une
collaboration avec des compagnies de plus grande importance,
notamment
en vue d'alimenter les plates-formes de correspondance de ces
dernières.
2. Les autres compagnies
Les
compagnies qui ne participent pas à titre exclusif au trafic
régional, c'est-à-dire celles qui, ayant leur siège en
France, exploitent des services court et moyen courrier en Europe et des
liaisons long courrier (DOM-TOM surtout) sont notamment les
suivantes :
Air Charter, AOM, Air Liberté, TAT, Corsair,
Aérolyon, Société Nouvelle Air Toulouse International.
Ce secteur s'est caractérisé, depuis 1995, par une
stratégie de
prise rapide de parts de marché
sur les
principales liaisons " radiales " (par opposition aux liaisons
" transversales "), entre Orly et la province.
Après une guerre tarifaire très vive, qui a fragilisé la
situation financière de nombre d'entre elles, ce marché est
désormais en voie de stabilisation, avec une stratégie de
maîtrise du réseau ou d'expansion prudente.
C'est avec beaucoup d'attention et de vigilance que votre commission pour
avis suivra le processus de vente d'AOM par le consortium de réalisation
du Crédit Lyonnais, qui est susceptible d'avoir des répercussions
importantes sur ce secteur où la situation et l'assise
financières de nombreuses compagnies restent fragiles.
CHAPITRE III -
LES INFRACTURES
AÉROPORTUAIRES
I. LA SITUATION DES AÉROPORTS
A. L'ÉVOLUTION DE L'ACTIVITÉ AÉROPORTUAIRE EN 1997
1. Le trafic
a) Les aéroports parisiens
En
1997
En 1997, avec
60,4 millions de passagers
accueillis, la place
aéroportuaire de Paris a connu
une hausse d'activité modeste
par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années
(3,9 %), de 2,1 %
par rapport à l'exercice
précédent. Cette croissance modérée intervient
après une progression soutenue (+ 7,4 %) du trafic en 1996.
Paris est ainsi la
deuxième place aéroportuaire
européenne
en termes de passagers après Londres
(93 millions de passagers) et avant Francfort (40,2 millions).
Pour le fret, avec 1,3 millions de tonnes en 1997, Paris est en
troisième position en Europe après Londres (1,7 million) et
Francfort (1,5 million), à quasi-égalité avec
Amsterdam.
Cette hausse d'activité de 2,1 % des aéroports parisiens en
1997 s'explique par des variations opposées entre le trafic national et
international. Ainsi, le
trafic intérieur
a baissé de
2 % en raison notamment des conflits sociaux au sein des compagnies
françaises au premier semestre 1997. A l'inverse, le
trafic
international
a progressé de 4,5 % (+ 2 % pour le trafic
intra-communautaire et + 6,5 % pour le trafic extra-communautaire).
La répartition du trafic entre les deux aéroports parisiens s'est
effectuée au bénéfice de
Paris-Charles de Gaulle
dont le trafic (35 millions de passagers en 1997) a progressé de
11 %, suite à la mise en place du " hub
15(
*
)
" d'Air France et à la bonne tenue du
trafic long courrier. L'activité d'Orly, à 25 millions de
passagers, a décru de 8,5 %.
632.500 mouvements d'avions ont eu lieu à Paris
en 1997, en
augmentation de 4,4 % (5,6 % pour le trafic intérieur et
3,8 % pour le trafic international).
Pour le fret et le trafic postal, le volume traité par les
aéroports parisiens a atteint 1,3 million de tonnes, en progression
de 5,5 % par rapport à l'année précédente.
Au premier semestre 1998, la hausse du trafic de passagers a été
de 4,9 %. En revanche, sur la même période, le fret a
décru de 1,5 %, résultat difficile à
interpréter car lié aux mauvais résultats du mois de juin
marqué par des mouvements sociaux.
Le premier semestre a, en effet, été marqué par le
mouvement de grève des pilotes de ligne de la compagnie Air France au
mois de juin, qui affectera vraisemblablement les résultats finals du
trafic aéroportuaire francilien en 1998, malgré le contexte
international de reprise du trafic.
L'estimation de
l'évolution du trafic sur l'ensemble de
l'année 1998
est la suivante : + 5,5 % pour le trafic
passagers et 2,3 % pour le trafic fret.
b) Les aéroports de province
Le trafic des dix aéroports les plus importants est retracé dans le graphique suivant :
2. La situation financière des aéroports
a) Les résultats d'Aéroports de Paris en 1997
Aéroports de Paris a dégagé un chiffre
d'affaires de
7,3 milliards
de francs, en augmentation de 2 %
par rapport à 1996.
Les principales composantes de chiffre d'affaires sont les
redevances
aériennes
(2,4 milliards de francs), les
recettes
commerciales
(1,2 milliards), les produits liés à
l'usage
d'installations et de matériels
(1 milliard).
Le résultat d'Aéroports de Paris pour 1997 s'élève,
quant à lui, 1à 415 millions de francs.
b) Les menaces qui pèsent sur l'équilibre financier des gestionnaires d'aéroports
Cette
situation ne doit pas masquer les menaces qui pèsent sur des
éléments dynamiques de l'activité
aéroportuaire :
Les produits relatifs à
l'assistance aéroportuaire
sont
menacés par l'ouverture à la concurrence du marché de
l'assistance en escale, résultant de la réglementation
européenne.
La directive du 25 octobre 1996, relative à
l'ouverture du
marché de l'assistance aéroportuaire à la concurrence
a été transposée en droit français par un
décret n° 98-7 du 5 janvier 1998, un décret
n° 98-211 du 23 mars 1998 et un arrêté du
18 mars 1998 relatifs aux demandes d'agrément d'organismes de
service d'assistance en escale dans les aérodromes.
En vertu de ces textes, l'auto assistance, en dehors de tout lien contractuel
avec un tiers, s'applique depuis le 1er janvier 1988. L'accès au
marché de la prestation par un tiers sera, quant à lui,
libéralisé au 1er janvier 1999. Il entraînera sans
doute un vrai changement.
Les recettes commerciales
qui progressent vivement (+ 13,2 % pour
Aéroports de Paris), essentiellement en raison de la forte croissance
(+ 16 %, toujours pour Aéroports de Paris) de
l'activité des boutiques sous douane, sont menacées -votre
rapporteur pour avis y reviendra- par
la suppression des ventes hors
taxes
pour le trafic intra-communautaire prévue pour 1999.
Les recettes des redevances aéroportuaires
sont, quant à
elles, susceptibles d'être modifiées, tant par les dispositions de
la loi de finances déjà analysées que par la
directive
communautaire
en cours de préparation
sur les redevances
aéroportuaires
.
En matière de dépenses, votre commission pour avis est
préoccupée par le caractère fortement évolutif des
missions de sûreté et par la part croissante que ces
dernières occupent et seront amenées à occuper dans les
budgets des gestionnaires d'aéroports.
B. UNE PERSPECTIVE PRÉOCCUPANTE : L'ABOLITION DES VENTES HORS TAXES INTRA-COMMUNAUTAIRES
La
directive européenne du 16 décembre 1991 prévoit la
suppression des ventes hors taxes pour les passagers intra-communautaires
à compter du
1er juillet 1999
. Après cette date, les
ventes hors taxes ne seront donc plus autorisées à
l'intérieur de l'Union européenne.
Cette décision avait été prise, à l'époque,
par la Communauté européenne, dans le cadre d'une harmonisation
fiscale à venir, et la date initialement prévue pour son
entrée en vigueur était celle de l'avènement du
marché unique. Ce terme avait été repoussé en
décembre 1991 et fixé au 1er juillet 1999.
Une loi de juillet 1992 a transposé en droit français ces
dispositions. Or, l'harmonisation des taux de TVA et des droits d'accises ne
s'est pas réalisée. Bien plus, sept ans après la fixation
de la date butoir de juillet 1999,
aucune étude d'impact
sur la
mise en oeuvre de cette disposition n'a été
réalisée au niveau européen.
Un réexamen de la question, dans le cadre du Conseil ECOFIN du
19 mai dernier, n'a pas permis de dégager l'unanimité (ni
même de majorité) requise des Etats membres pour en repousser
l'échéance.
En France, un rapport du député socialiste André Capet,
remis au premier ministre en juillet dernier, a procédé à
une évaluation des conséquences pour notre pays de la mise en
oeuvre de cette décision pour les aéroports, les compagnies
aériennes, mais également les ferries et les régions
productrices des principaux produits concernés par les ventes hors
taxes.
Votre commission des affaires économiques s'inquiète des
répercussions probables, pour les gestionnaires d'aéroports et
leurs concessionnaires, de l'application du nouveau régime.
Rappelons que, d'après le rapport Capet, l'industrie européenne
des ventes hors taxes représenterait 40 milliards de francs de
chiffre d'affaires. Elle emploierait, directement ou en emplois
" induits " 150.000 personnes. Pour la France, l'ensemble des
ventes hors taxes représenterait
2 milliards de francs de
chiffre d'affaires.
En incluant les activités indirectement
liées au hors taxes, le rapport précité estime que
" c'est un chiffre global de 7 à 8 milliards de francs qui
sera, à un titre ou à un autre, touché directement par la
suppression des ventes hors taxes concernant, en première approche,
25.000 personnes dont 8.000 emplois directs ".
En matière de transport aérien, seront touchées tant
les compagnies (dans une moindre mesure) que les aéroports et les
entreprises concessionnaires des boutiques concernées.
Ainsi, pour Aéroports de Paris, la perte de chiffre d'affaires
occasionnée devrait s'établir à
250 millions de
francs
environ, sur un chiffre d'affaires total des boutiques hors taxes de
713 millions de francs.
Et que dire de la situation des aéroports régionaux dont les
concessions commerciales sont souvent la seule source de revenus externes
,
à côté d'éventuelles subventions, et dont
l'essentiel du trafic est intra-européen !
Dans un tel contexte, à six mois à peine de l'entrée en
vigueur du nouveau système, votre commission pour avis déplore
l'absence de mesures d'accompagnement de cette évolution, dont elle
regrette que, tout en semblant la considérer comme inéluctable,
le Gouvernement ne la prépare pas.
Se posent en outre des problèmes de mise en oeuvre pratique de
l'étiquetage des produits vendus " in board ". Cet aspect,
s'il ne concerne pas la plus grosse part des volumes vendus dans le secteur
aérien, est en revanche d'une particulière acuité pour les
ferries.
L'immobilisme est en effet la pire des attitudes :
- tout un secteur d'activité et de nombreux emplois sont
menacés ;
- les répercussions probables en termes d'augmentation de
redevances aéroportuaires nuiraient à l'ensemble du secteur du
transport aérien ;
- au-delà, ce sont les industries françaises du luxe et les
régions productrices de parfums et d'alcools qui risquent d'être
durablement touchées.
Votre commission pour avis demande au Gouvernement que la réflexion,
très tardivement engagée avec la remise du rapport Capet,
aboutisse rapidement à la mise en oeuvre de mesures d'accompagnement
rapides et adaptées, concernant l'évolution du taux des droits
d'accises notamment.
II. LA POLITIQUE AÉROPORTUAIRE
A. BILAN DE L'EXTENSION DES CAPACITÉS AÉROPORTUAIRES
Le
Gouvernement a décidé, l'an dernier, de confirmer la
décision de construction de deux pistes supplémentaires à
l'aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle.
Votre commission pour avis a déjà eu l'occasion d'exprimer sa
satisfaction de voir entrer dans les faits, comme elle l'avait appelé de
ses voeux, une décision indispensable du fait de l'accroissement du
trafic aéroportuaire et vitale pour le bon développement de
nombreux secteurs de notre économie.
Pour financer cette opération, le programme d'investissement 1998
d'Aéroports de Paris comporte, au titre des opérations de
capacité, une dépense en capital de 1,588 milliard de
francs. Au total, les nouvelles pistes, l'allongement des pistes actuelles et
la deuxième tour de contrôle représentent une enveloppe de
1,841 milliard de francs.
La mise en service de la piste 4
et de la
nouvelle tour de
contrôle
devrait intervenir au printemps 1999.
La mise en service
de la piste 3
est actuellement envisagée fin 2000 en
configuration " réduite " (c'est-à-dire comprenant la
piste 3 avec un allongement de la piste 1 limité à
280 mètres au lieu de 600 mètres, sans pont au-dessus
de la tranchée du TGV). La configuration définitive serait mise
en service en 2001.
Parallèlement, ont été poursuivis en 1998 les travaux
relatifs aux
deux péninsules de l'aérogare Charles de
Gaulle 2F
, pour un montant global de 3,310 milliards de francs,
permettant la mise en service de la première péninsule en avril
1998 (pour une capacité de 6 millions de passagers), celle du
terminal F2 étant prévue au printemps 1999 (pour une
capacité de 4 millions de passagers).
Compte tenu d'une prévision de croissance du trafic passagers de
4,5 % par an sur la moyenne période,
les aéroports
parisiens devraient accueillir 15 millions de passagers
supplémentaires d'ici à 2002
, soit presque la moitié
du trafic actuel de Roissy. Les installations existantes en matière
d'aérogares et les réalisations en cours (aérogare 2F,
satellite de Charles-de-Gaulle 2A, extension de l'aérogare T9) ne
devraient permettre de faire face aux besoins que jusqu'en 2000-2002.
A partir de 2002,
le besoin d'une nouvelle aérogare se fera
sentir
: aussi,
la nouvelle aérogare 2E
sera mise
en service progressivement à compter de 2003, avec une capacité
initiale de 9 millions de passagers. Cette aérogare devrait
constituer à terme avec l'aérogare 2F l'aérogare de
correspondance de la compagnie Air France, ce qui implique un système de
tri de bagages performant et la présence d'un grand nombre d'aires au
contact de l'aérogare pour permettre à la compagnie de respecter
un temps maximum de correspondance de quarante-cinq minutes, délai
standard respecté par les principaux concurrents d'Aéroports de
Paris.
Pour autant, malgré cette extension des capacités
aéroportuaires franciliennes, le débat sur la construction d'un
troisième aéroport en région parisienne peut-il être
évité ?
Rappelons qu'à la suite de la mission Douffiagues -à
laquelle avait participé votre rapporteur pour avis- le Conseil des
ministres du 5 juin 1996 avait décidé de réserver le
site de Beauvilliers, en Eure-et-Loire, pour accueillir, le moment venu, une
nouvelle plate-forme aéroportuaire en région parisienne.
L'actuel Gouvernement a décidé, en 1997, de suspendre les
études relatives à la réservation du site de
Beauvilliers.
Votre commission pour avis avait alors vivement
regretté cette décision, à son sens
précipitée.
Elle n'a pas changé de position.
En
effet, comme le ministre de l'équipement, des transports et du logement
l'a lui-même admis devant le Parlement
16(
*
)
, le dossier du troisième aéroport ne
peut être refermé.
Compte-tenu des perspectives de croissance du trafic aérien du bassin
parisien, la limite de capacité des plates-formes actuelles devrait
être atteinte à moyen terme. L'aéroport d'Orly,
limité volontairement à 250.000 créneaux horaires, ne
devrait pas à terme dépasser le seuil des 30 millions de
passagers (25 millions aujourd'hui). L'accroissement de capacité de
Roissy ne permettra d'atteindre qu'un trafic de 55 millions de passagers
à terme, contre 35 aujourd'hui.
Dans ce contexte, une meilleure utilisation des aéroports de province,
dans la ligne du rapport Douffiagues, s'avérerait très utile
à l'aménagement du territoire. Ce desserrement, souhaitable, ne
pourra cependant qu'apporter une réponse limitée.
La
réalisation d'un troisième aéroport dans le grand bassin
parisien devra alors être envisagée.
Souhaitons qu'à cet horizon certaines décisions rapides,
concernant notamment les réserves foncières, n'aient pas
obéré l'avenir de la troisième plate-forme
francilienne.
B. FAUT-IL SPÉCIALISER LES PLATES-FORMES FRANCILIENNES ?
En
dépit des souhaits exprimés, l'an dernier déjà, par
votre commission pour avis, la décision relative à la
dévolution des plates-formes parisiennes n'est toujours pas intervenue.
Le ministre déclarait, après le report du conseil
d'administration d'Aéroports de Paris du 22 octobre où
aurait dû être examinée cette question, que
" des
inquiétudes et des interrogations continuent à s'exprimer parmi
les élus et les organisation syndicales. Dans ces conditions, j'ai
considéré nécessaire que la concertation
soit
approfondie et que soient apportées toutes les garanties ".
Votre commission pour avis, sans revenir sur une argumentation qu'elle a
déjà largement développée, est favorable à
une évolution de chacun des deux aéroports parisiens, qui
conjugue le souci de long terme de conforter le rôle de premier plan
d'Orly et Roissy en Europe avec celui de moyen terme, d'une limitation des
nuisances sonores et d'un maintien de la croissance et de l'emploi.
La limitation du volume sonore pourrait être un meilleur
élément de régulation des nuisances que la simple
limitation du nombre de mouvements.
C. LA MAÎTRISE DES NUISANCES SONORES AÉROPORTUAIRES
1. Mesures récentes et perspectives d'avenir en matière de lutte contre les nuisances sonores
a) Bilan des mesures annoncées à l'automne dernier
Le
Gouvernement avait annoncé, lorsque la décision avait
été prise, à l'automne dernier, d'étendre les
capacités de Roissy, qu'il mettrait parallèlement en oeuvre des
mesures d'accompagnement, tenant notamment à la maîtrise des
nuisances sonores aéroportuaires. L'engagement avait été
pris de plafonner le niveau de bruit généré par
l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle à son niveau de 1997,
malgré l'augmentation du trafic.
Des contraintes accrues
Deux arrêtés ont été pris pour limiter plus
rigoureusement les vols de nuit.
La réduction des vols de nuit
A Roissy, l'interdiction de vol de nuit des
avions de chapitre 2
,
les plus bruyants, a été confirmée. Les avions de
chapitre 3
, les moins bruyants, sont autorisés à
voler la nuit, mais doivent respecter des procédures
particulières de décalage et de montée initiale entre
23 heures 15 et 6 heures. Pour les avions munis
d'atténuateurs de bruit
, les plus bruyants au sein du
chapitre 3, les procédures sont encore plus
contraignantes : les essais moteur sont interdits de 22 heures
à 6 heures, sans dérogation possible entre 23 heures et
5 heures.
La limitation des émissions sonores des avions du chapitre 2
Un arrêté du 29 juin dernier impose aux compagnies
aériennes desservant Roissy-Charles-de-Gaulle une
diminution
progressive de l'énergie sonore émise par les avions de
chapitre 2,
de 15 % en 1998, puis de 20 % jusqu'en 2001.
De nouvelles sanctions
Une commission nationale de prévention des nuisances, mise en place en
mars 1998, a tenu quatre réunions qui ont conduit au prononcé de
72 sanctions
, pour un montant cumulé de
1,9 milliard
de francs
pour infraction aux règles de limitation des nuisances
sonores.
Les aides à l'insonorisation
Un nouveau
plan de gêne sonore
, autour de l'aéroport de
Roissy Charles-de-Gaulle, a été signé en octobre dernier.
Il intègre 1.400 hectares supplémentaires et augmente le
nombre de logements éligibles à l'aide à l'insonorisation,
dont le taux est porté, pour les ménages non imposables, de
80 % à 90 % du plafond des travaux. Par ailleurs, un
nouveau
plan d'exposition
au bruit
est en cours
d'élaboration.
b) La création annoncée d'une autorité administrative indépendante
Rappelons qu'en octobre 1995, à la suite de la mission
Douffiagues, le précédent Gouvernement avait décidé
d'adopter des mesures d'accompagnement d'envergure, notamment avec la mise en
oeuvre d'un programme de réduction du bruit. La mission de concertation
préconisée par le rapport Douffiagues, relative au
développement de Paris-Charles-de-Gaulle, conduite par le préfet
Carrère, avait préconisé la création d'une
institution indépendante pour la mesure et le contrôle des
nuisances.
Le Gouvernement actuel avait, quant à lui, annoncé, le
23 septembre 1997, la création d'une
autorité
indépendante
.
Ce n'est que le 7 octobre 1998 que le
projet de loi portant
création d'une Autorité de Contrôle Technique de
l'Environnement Sonore des Aéroports
(ACTESA) a été
examiné en Conseil des ministres puis déposé sur le bureau
de votre Haute Assemblée
17(
*
)
et
renvoyé à votre commission des affaires économiques. Les
grands contours du projet gouvernemental sont les suivants :
LE PROJET DE CREATION DE L'ACTESA
- l'ACTESA sera une autorité administrative
indépendante, comme le CSA, la CNIL ou l'ART ;
- le champ de compétence de l'ACTESA s'étendra aux
principaux sites aéroportuaires : Roissy, Orly, Nice,
Marseille, Toulouse, Lyon-Satolas, Mulhouse-Bâle, Bordeaux,
Strasbourg ;
- son indépendance sera garantie par le statut de ses membres
inamovibles, non renouvelables et nommés pour 6 ans ;
- l'ACTESA serait composée de 7 membres, dont
2 personnalités compétentes en matière d'acoustique
et de gêne sonore et deux personnalités compétentes en
matière d'aéronautique et de navigation aérienne ;
- l'ACTESA aurait deux types de missions :
. contrôle et consultation : définition des
prescriptions techniques pour les stations de mesure du bruit, contrôle
de leur respect. Consultation sur tous les textes réglementaires sur le
bruit ;
. information et concertation, au moyen notamment d'un rapport public
annuel.
Un an déjà après l'annonce de la création de
cette agence, votre commission pour avis souhaite que le calendrier de la
discussion de ce texte soit rapidement défini, afin que cet important
débat puisse s'engager.
Votre rapporteur pour avis voudrait que ce débat soit l'occasion
d'étudier comment l'introduction de nouvelles règles en
matière d'urbanisme -telles qu'elles se pratiquent déjà
autour de certains aéroports à l'étranger- pourrait
éviter a priori que des situations préjudiciables et pour les
riverains et pour le secteur aérien ne se créent.
2. Une inquiétude : la substitution de la taxe générale sur les activités polluantes à la taxe " bruit "
La loi
n °92-1444 du 31 décembre 1992 relative à la lutte
contre le bruit à instauré un dispositif d'aide aux riverains des
aérodromes. Une
taxe d'atténuation des nuisances sonores (ou
taxe " bruit ")
est payée par les compagnies à
chaque décollage d'un appareil de plus de 2 tonnes dans chacun des
9 aérodromes concernés : Paris-Orly,
Paris-Charles-de-Gaulle, Toulouse-Blagnac, Nice-Côte d'Azur,
Lyon-Satolas, Marseille-Provence, Bordeaux, Strasbourg Entscheim et
Mulhouse-Bâle.
La gestion de cette taxe a été confiée à l'agence
de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME),
établissement public. Depuis l'instauration de la taxe en 1993, son
produit s'est élevé à 200 millions de francs. En
1998, suite à un doublement de taux intervenu dans la loi de finances
pour 1998, le produit de la taxe " bruit " est estimé à
69 millions de francs.
Les riverains ont, en contrepartie, bénéficié
d'aides
à l'insonorisation des logements
pour un montant de
182 millions de francs depuis 1993, attribuées par les commissions
consultatives d'aide aux riverains. Près de 5000 logements environ
en ont bénéficié.
Le projet de loi de finances pour 1999 propose de substituer à la
taxe " bruit " une taxe générale sur les
activités polluantes (TGAP).
Votre commission pour avis est préoccupée par les
conséquences éventuelles de cette évolution, même si
le Gouvernement fait valoir que les crédits nécessaires à
l'isolation acoustique sont prévus au budget de l'environnement.
En outre, l'assimilation du transport aérien à une
activité " polluante " -comme certaines industries de chimie
lourde générant des " déchets industriels
spéciaux "- n'est pas un symbole positif pour ce secteur
d'activité.
D. LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AVIATION MARCHANDE : VERS UN " CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DU TRANSPORT AÉRIEN "
Dans le
cadre de la modernisation et de la dynamisation du conseil supérieur de
l'aviation marchande, un groupe de travail a fait des propositions sur
l'évolution du rôle de cette instance et la nature des missions
nouvelles qui pourraient lui être confiées. Le ministre en charge
de l'aviation civile en a approuvé les conclusions, qui tendent
essentiellement à élargir ses missions, au-delà de
l'examen technique indispensable des dossiers, aux sujets
d'intérêt général de l'aviation civile.
C'est ainsi qu'au-delà de ses missions traditionnelles d'instance d'avis
en ce qui concerne l'octroi et le suivi des licences d'exploitation de
transporteur aérien et d'autorisation d'exploitation des lignes
extra-communautaires, son rôle de conseil devrait, d'une manière
plus systématique qu'aujourd'hui, être élargi :
.
à l'étude et à l'observation du marché,
.
aux réflexions prospectives,
.
à l'évaluation des politiques menées.
Il devra enfin continuer d'être consulté pour donner son avis sur
les textes législatifs et réglementaires intéressant le
transport aérien.
Votre rapporteur pour avis ne peut qu'appeler de ses voeux ce renforcement
du rôle du Conseil qu'il a l'honneur de présider.
CHAPITRE IV -
LA CONSTRUCTION
AÉRONAUTIQUE
La croissance du secteur de l'aéronautique civile s'est poursuivie en 1997. Pour autant, la " guerre commerciale " qui caractérise ce secteur ne s'est pas atténuée. Dans ce contexte, l'avenir des groupes industriels aéronautiques français, qui ont fait de notre pays une grande puissance en ce domaine, peine pourtant à s'inscrire dans une perspective européenne pleinement satisfaisante et votre commission pour avis regrette que les contours définitifs tardent à se préciser.
I. LE MARCHÉ AÉRONAUTIQUE : CROISSANCE ET CONCURRENCE
A. LES PERSPECTIVES DE CROISSANCE DE LA FILIÈRE AÉRONAUTIQUE...
La
construction aéronautique civile est non seulement un enjeu
stratégique, mais aussi un secteur industriel important en termes
d'activité et d'emplois. Il représente un chiffre d'affaires de
188 milliards de francs en Europe en 1997, contre 224 milliards de
francs aux Etats-Unis, et de 50 milliards de francs en France (pour la
seule aéronautique civile).
Le redressement du marché observé en 1996 s'est
confirmé en 1997.
Pour Airbus et Boeing, le cumul des commandes
enregistrées en 1997 est en hausse de 8 % par rapport à 1996
(940 appareils contre 898 en 1996). Le nombre de commandes est très
supérieur en 1997 aux livraisons effectuées auprès des
compagnies (557 livraisons). Les prévisions de marché
à moyen terme des constructeurs demeurent optimistes : avec
une hypothèse de progression de trafic annuelle moyenne proche de
5 %, d'ici 20 ans le besoin global d'appareils est estimé
à 17.000 unités.
Comme d'ailleurs dans le reste de l'Europe, cette bonne tenue du marché
s'est traduite par une amélioration de la situation
des industriels
du secteur aéronautique et spatial français.
B. ...PROFITENT AUX GROUPES FRANÇAIS...
Ainsi,
le groupe Aérospatiale
a réalisé en 1997 un chiffre
d'affaires consolidé de 56,3 milliards de francs,
en hausse de
10 % par rapport à 1996
. Les prises de commandes (civiles
à 80 %) augmentent et représentent 160 milliards de
francs au 31 décembre 1997, soit 3 ans d'activité. Le
résultat net consolidé s'élève à
1,4 milliard de francs, en augmentation de 75 % par rapport
à 1996, qui était le premier exercice bénéficiaire
depuis 1991.
Le groupe prévoit le recrutement de
1.200 personnes sur la période 1996/1999.
Pour le
groupe SNECMA,
la croissance du chiffre d'affaires
(
23 milliards de francs
en 1997) a été de
23 %
. Les prévisions de croissance de l'activité pour
1998 sont elles aussi très satisfaisantes puisque le motoriste s'attend
à une progression de 20 % environ. Dans ces conditions, le groupe
est sorti du rouge en 1997, avec un résultat net consolidé de
750 millions de francs, contre une perte de 280 millions de francs en
1996.
Le groupe
Dassault Aviation
a réalisé un chiffre
d'affaires de
21 milliards de francs (dont 40 % dans le secteur
civil), en hausse de 60 %
par rapport à 1996. Le groupe a
dégagé un résultat net bénéficiaire de
1,3 milliard de francs
.
C. ...DANS UN CONTEXTE CONCURRENTIEL TRÈS VIF
La
fusion de Boeing et McDonnell-Douglas, intervenue il y a deux ans -et qui
faisait elle-même suite au rachat de Rockwell par l'avionneur
américain- a fait de ce nouveau groupe aérospatial -le plus
puissant du monde, avec un chiffre d'affaires de 49,8 milliards de dollars
en 1997 et 238.000 salariés- une menace pour l'existence
même de son concurrent européen.
Malgré des résultats fléchissants de Boeing, pour la
première fois, en 1997, votre commission pour avis persiste à
penser que la taille et la stratégie d'exclusivité de ce
constructeur aéronautique sont une sérieuse menace pour le
consortium européen Airbus, même si on ne peut que se
féliciter que ce dernier représente désormais la
moitié du marché mondial.
En effet, Boeing n'a pas profité de l'excellente conjoncture mondiale.
Pour la première fois depuis 50 ans, l'avionneur a affiché
une perte de 180 millions de dollars, en dépit d'une hausse de
29 % du chiffre d'affaires, liée à la fusion avec McDonnell
Douglas. Cette perte résulte de provisions (3 milliards de dollars)
résultant d'ajustements de stocks liés à la fusion, ainsi
que d'une accélération mal maîtrisée des cadences de
production. Un vaste programme de restructuration a été
engagé, devant conduire à l'abandon de certains programmes et
à une réduction de 8,5 % des effectifs.
Pour autant, il ne faut pas s'attendre à un quelconque répit
dans la concurrence acharnée qui caractérise ce secteur. Votre
commission pour avis souhaite, par conséquent, qu'Airbus soit
doté des moyens d'affronter cette concurrence, et en particulier :
- que le consortium soit transformé en société de
plein exercice dans un terme proche ;
- que le lancement définitif du programme de construction du gros
porteur A3XX intervienne rapidement et soit fermement soutenu par les pouvoirs
publics français.
II. LA RESTRUCTURATION DE L'INDUSTRIE AÉRONAUTIQUE EUROPÉENNE DOIT PRÉSERVER LES ATOUTS FRANÇAIS
A. D'AÉROSPATIALE À " FRANCE AÉROSPACE " : UNE MUE À ACHEVER
Aérospatiale - Dassault Aviation
Le Gouvernement a décidé de transférer à
Aérospatiale les actions détenues directement et indirectement
par l'Etat dans le capital de Dassault Aviation et a demandé
parallèlement à Aérospatiale et Dassault Aviation de
mettre en place un comité stratégique permettant d'optimiser les
ressources industrielles, commerciales et technologiques des deux entreprises.
A l'occasion de ce transfert, il serait procédé à une
rectification du périmètre industriel de Dassault Aviation,
portant notamment sur l'entrée de certaines sociétés du
secteur aéronautique détenues actuellement par diverses
entités du groupe Dassault et sur la sortie de la filiale Dassault
Systèmes, qui n'aurait pas vocation à rester dans le futur
ensemble. Les modalités précises sont en cours de
définition, mais cette orientation a déjà
été approuvée par le conseil d'administration de Dassault
aviation du 12 novembre.
Aérospatiale - Groupe Lagardère
Le Gouvernement a donné mandat, le 27 mai 1998, au président
d'Aérospatiale pour conclure des alliances stratégiques et lui
faire des propositions d'ouverture de capital.
Dans ce cadre, Aérospatiale et le groupe Lagardère ont
élaboré un projet industriel visant au
regroupement des
activités d'Aérospatiale et de Matra Hautes Technologies.
Ce
projet, dont l'objectif principal est de rassembler et de renforcer les
compétences françaises dans le domaine de l'aéronautique
et de l'espace, recueille l'accord de principe du Gouvernement. Il permettra,
par la mise en oeuvre d'un partenariat stratégique
privilégié avec le groupe Lagardère, de progresser dans la
construction souhaitable d'une industrie européenne de
l'aéronautique.
Le capital d'Aérospatiale
Le Gouvernement entend que cette opération s'effectue par l'apport de
Matra-Hautes Technologies à Aérospatiale et qu'à cette
occasion les salariés d'Aérospatiale soient associés plus
directement à l'entreprise au travers d'une
offre d'acquisition
d'actions qui leur sera réservée
.
Pour mettre en oeuvre ce projet, l'Etat a toutefois souhaité demeurer
le premier actionnaire du nouvel ensemble dont les titres seront
cotés,
le groupe Lagardère devenant pour sa part
" partenaire stratégique privilégié " et premier
actionnaire privé. Au total, la part du secteur public et des
salariés au capital serait supérieure à 50 %, la part
propre de l'Etat étant légèrement inférieure
à 50 % (48 % sont évoqués). Une " action
spécifique " serait créée afin de préserver
les intérêts de la défense nationale.
Votre commission pour avis souhaite que cette évolution soit
rapidement mise en oeuvre, afin de permettre à ce futur ensemble de
prendre la part qui lui revient dans le processus actuel de construction d'une
entité européenne de l'aéronautique.
Tout retard à cet égard risque d'écarter la nouvelle
entité de la recomposition européenne en cours.
B. LA RECOMPOSITION EUROPÉENNE NE PEUT SE FAIRE AU DÉTRIMENT DES INTÉRÊTS FRANÇAIS
Six
gouvernements européens (français, anglais, allemand, italien,
espagnol et suédois) ont lancé une vaste recomposition
industrielle devant permettre la structuration d'un pôle
aéronautique européen.
Au cours de ce processus, par ailleurs souhaitable, est apparue
l'éventualité d'un rapprochement accéléré
entre British Aerospace et DASA, qui reviendrait peu ou prou à affirmer
un axe bilatéral fort par rapport aux autres partenaires -et notamment
Aérospatiale -.
Votre commission pour avis considère qu'un tel rapprochement,
effectué dans les conditions un temps évoquées,
consacrerait la marginalisation de notre industrie aéronautique et
ferait peser un péril certain sur le fonctionnement d'Airbus
,
où l'équilibre entre les différents partenaires,
clé du succès de cette grande aventure européenne, serait
rompu.
Elle souhaite donc obtenir du Gouvernement des garanties sur sa
détermination à promouvoir :
- l'association étroite et équilibrée
d'Aérospatiale à l'indispensable rapprochement européen en
cours ;
- l'évolution rapide du capital de cette société, la
nature publique de ce dernier, même minoritaire (48 %) à
l'issue du processus évoqué de fusion Aérospatiale-Matra
Hautes Technologies, étant, semble-t-il, un des arguments politiques
utilisés par ses partenaires européens pour justifier son
éventuel isolement.
*
* *
Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la commission a émis un avis favorable à l'adoption des crédits du transport aérien dans le projet de loi de finances pour 1999.
1
Voir le rapport n° 53 de M.
Jean-François Le Grand au nom de la Commission des Affaires
économiques, Sénat 98-99, ainsi que le rapport pour avis
n° 44 de M. Yvon Collin, au nom de la Commission des finances.
2
Cette somme tient compte de l'arrêt du 20 mai du
Conseil d'Etat.
3
N° 7, Sénat 1998-1999
4
Nouveau compte d'affectation spéciale aux missions
élargies par rapport au FTPA : soutien des lignes aériennes
d'aménagement du territoire ; opérations de
sécurité aéroportuaire ; allocation pour les gestionnaires
d'aérodromes dont la taxe d'aéroport est insuffisante par rapport
aux services rendus.
5
Règlement CE n° 2408-92 du Conseil du
23 juillet 1992 concernant l'accès des transporteurs
aériens communautaires aux liaisons intracommunautaires.
6
Organisation Internationale de l'Aviation Civile
7
Qui comprend 27 compagnies de transport régulier
implantées en Europe.
8
D'après la livraison de juin 1998 de l'enquête
annuelle de la revue " Airline Business ".
9
Bien que dépourvus de lien capitalistique, ces accords sont
très substantiels, ils portent sur le partage des codes (offre de
dessertes élargie), l'échange des programmes de
fidélisation et sur des coopérations d'assistance.
10
Il est à noter que ces deux compagnies appartiennent
à deux alliances mondiales différentes et en principe
concurrentes.
11
Plate-forme de correspondances
12
Au 31 mars 1998.
13
Rapport de M. Alain Lambert au nom de la commission des
finances sur le projet de loi portant DDEOF, mai 1998.
14
Hors TAT et CCM
15
Plate-forme de correspondance
16
Notamment dès son audition à la commission des
finances de l'Assemblée nationale le 14 octobre 1997.
17
Projet de loi n° 8, Sénat
1998-1999