CHAPITRE IV -
UN ENGAGEMENT GOUVERNEMENTAL FORT
POUR L'ACCESSION
SOCIALE À LA PROPRIÉTÉ ET
VIS-À-VIS DU 1 %
LOGEMENT
I. LA " BUDGÉTISATION " DES FINANCEMENTS DU PRÊT À TAUX ZÉRO GARANTI
1. La réglementation sur les prêts à l'accession sociale (PAS) et les prêts à taux zéro garanti (PTZG)
- Le PAS est une catégorie de prêt
conventionné mise en place par décret du 18 mars 1993. Ce
prêt conventionné, garanti par l'Etat au titre du Fonds de
garantie à l'accession sociale (FGAS), a pour objet de réduire le
coût du risque pour l'établissement prêteur, en cas
d'incident de paiement des emprunteurs. Ce fonds est financé par les
établissements de crédit y adhérant et l'Etat.
L'article L.312-1 du code de la construction et de l'habitation, issu de la loi
de finances pour 1993, charge le FGAS de gérer pour le compte de l'Etat
la garantie que celui-ci accorde aux prêts PAS et, depuis octobre 1995,
à certains prêts à 0 %. Le FGAS, financé par
l'Etat et les établissements de crédit qui y adhèrent, n'a
pas la personnalité morale et est géré par la
société de gestion du FGAS (SGFGAS), société
anonyme dont les statuts sont approuvés par décret ; deux
commissaires du Gouvernement (un représentant du ministère des
finances et un représentant du ministère du logement) assistent
au conseil d'administration avec droit de veto sur les décisions
affectant l'engagement financier de l'Etat.
Le Fonds de garantie de l'accession sociale à la propriété
(FGAS) est alimenté par une cotisation de l'Etat égale à
1,25% des prêts garantis prélevée sur le compte d'avances
de l'Etat à la SGFGAS lors de la déclaration du prêt par
l'établissement prêteur, une cotisation initiale de
l'établissement prêteur égale à la cotisation de
l'Etat et prélevée simultanément, une commission annuelle
sur l'encours de prêts garantis (0,2 % de l'encours sous
réserve des bonus-malus), ainsi que par la rémunération de
ces fonds.
Quatorze établissements financiers sont actionnaires de la SG FGAS.
La part de l'Etat dans le dispositif de garantie a été
financée à hauteur de 300 millions de francs en 1993,
200 millions de francs en 1994, 0 million de francs en 1996 et
400 millions de francs en 1997. En 1998, la dotation de l'Etat est
imputée sur un compte d'affectation spéciale, pour un montant
estimé de 360 millions de francs.
La consommation varie selon le nombre de prêts émis. Fin
août 1998, la provision versée par l'Etat atteignait la somme de
266 millions de francs, pour une consommation nette de 234,4 millions
de francs.
Le PAS est octroyé aux personnes physiques dont le revenu
n'excède pas un certain plafond de ressources. Il finance la
construction ou l'achat d'un logement neuf, l'acquisition d'un logement
existant, la réalisation de travaux d'amélioration, de travaux de
maîtrise de l'énergie et de travaux d'adaptation aux besoins de
personnes handicapées physiques, à condition que
l'opération soit destinée à la résidence principale
de l'emprunteur. Il ouvre droit à l'APL.
Les bénéficiaires de PAS sont en majorité des
ménages de petite taille appartenant à des catégories
socioprofessionnelles modestes.
- Le prêt à 0 % a été institué par
décret du 29 septembre 1995 et remplace, depuis le
1er octobre 1995, le prêt à l'accession à la
propriété (PAP).
Ce nouveau prêt est remboursable sans intérêt. Il peut
être accordé pour construire ou acheter un logement, à
titre de résidence principale, neuf ou ancien, avec un minimum de
travaux égal à 35 M du montant total de l'opération.
La quotité minimale de travaux dans l'ancien a été
réduite à 20 % pour la seule année 1996. Ce
prêt se cumule avec tous les autres prêts : prêt à
l'accession sociale, prêt conventionné, prêt bancaire...,
sans dépasser toutefois 50% du montant des autres prêts. Le
prêt à taux zéro n'ouvre pas droit en tant que tel à
l'APL.
Il est destiné aux ménages dont les revenus sont
inférieurs à des plafonds de ressources qui dépendent de
la taille de la famille et de la zone géographique d'acquisition. Les
conditions de remboursement dépendent du revenu des accédants :
le remboursement est d'autant plus long que le revenu de l'emprunteur est
faible. Un différé d'amortissement total ou partiel est
également applicable. Les catégories socioprofessionnelles les
plus représentées sont les ouvriers et les employés, et
56 % des acquéreurs sont des ménages de trois ou quatre
personnes.
Le nombre de prêts n'est pas contingenté. Le prêt à
0 % est distribué de façon banalisée par tous les
établissements de crédit ayant passé une convention avec
l'Etat. Il est financé à partir des ressources ordinaires de ces
établissements. La subvention de l'Etat, versée en deux fois
à un an d'intervalle par l'intermédiaire de la SGFGAS, correspond
à la valeur actuelle des intérêts qu'un prêteur
pourrait obtenir sur un tel prêt dans des conditions normales. Cette
subvention est fixée de façon définitive par l'Etat, par
arrêté, sous la forme d'un taux proportionnel au montant du
prêt.
Les masses financières en jeu
- En 1997, 65.820 PAS ont été mis en force, par
déblocage des fonds en faveur des emprunteurs et le montant moyen d'un
prêt s'élevait à 313.000 francs. Plus des deux-tiers
des prêts vont à une opération de construction.
PRODUCTION DES PAS DEPUIS 1993 (en milliers de francs)
RÉCAPITULATIF
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Nombre de PAS mis en force |
8.970 |
39.860 |
36.720 |
78.930 |
65.820 |
Montant moyen d'un prêt PAS |
253 |
259 |
269 |
287 |
313 |
Source : SGFGAS
VENTILATION DES PAS EN 1997
Type d'opération |
Effectifs |
Prêts PAS moyens |
Construction |
41 313 |
334 000 |
Acquisition seule |
12 975 |
302 000 |
Acquisition-amélioration |
10 614 |
262 000 |
Amélioration seule |
918 |
141 000 |
TOTAL |
65 820 |
313 000 |
- En 1997, 49.700 prêts à taux zéro garantis (PTZG) ont été mis en force pour un montant moyen de 105.000 francs, et 90 % des prêts allaient au financement d'une opération de construction.
PRODUCTION DE PRÊTS À TAUX ZÉRO GARANTIS
(en milliers de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
Nombre de PTZG mis en force |
3.790 |
57.150 |
49.700 |
Montant moyen d'un PTZG |
104 |
100 |
105 |
Source
: SGFGAS
En 1997, la ventilation entre neuf et ancien était la suivante pour les
prêts à taux zéro garantis (PTZG) :
VENTILATION DES PRÊTS À TAUX ZÉRO GARANTIS EN 1997
Type de l'opération |
Effectifs |
Prêts PTZG moyens |
Construction |
40 133 |
109 400 |
Acquisition-amélioration |
9 567 |
84 500 |
TOTAL |
49 700 |
104 600 |
2. La " rebudgétisation " du financement du prêt à taux zéro
•
Il convient de rappeler qu'en 1997 et 1998, le financement du prêt
à taux zéro était assuré par l'ouverture de
crédits budgétaires et surtout par prélèvement sur
les recettes du compte d'affectation spéciale " Fonds pour
l'accession à la propriété ", constituées par
la contribution des entreprises assujetties au 1 % logement.
-
En 1997
, 7 milliards de francs en autorisations de
programme et 3,5 milliards de francs en crédits de paiement ont
été prévus par la loi de finances initiale sur un nouveau
compte d'affectation spéciale. En définitive, ce sont
7,27 milliards de francs en autorisations de programme et
3,5 milliards de francs en crédits de paiement qui ont
été consommés.
-
En 1998
, 6,26 milliards de francs en autorisations de
programme et
6,63 milliards de francs
en crédits de paiement
ont été prévus sur le compte d'affectation
spéciale.
A la fin du premier semestre 1998, 3,38 milliards de
francs de crédits de paiement avaient été
versés.
Votre commission des Affaires économiques avait dénoncé
avec vigueur ce " hold-up " sur les finances du 1 % logement, en
mettant de plus en avant les risques qu'un tel dispositif faisait courir pour
la pérennité du prêt à taux zéro puisqu'il ne
prévoyait aucun financement au-delà du 31 décembre
1998.
Comme l'a fait notre collègue M. Marcel-Pierre Cleach dans son
rapport sur le projet de loi relatif à l'emploi des fonds de la
participation des employeurs à l'effort de construction,
adopté à l'unanimité par la Haute Assemblée le
12 novembre dernier,
il faut saluer la volonté du Gouvernement
d'avoir voulu tout à la fois trouver un financement pérenne pour
le prêt à taux zéro et conforter le rôle du 1 %
logement.
• Conformément aux engagements pris par l'Etat à
travers la convention du 3 août 1998 conclue avec l'Union
d'économie sociale du logement, de clarifier les relations entre l'UESL
et l'Etat " en mettant fin progressivement à la contribution
financière du 1 % logement ", le financement des 110.000
prêts à taux zéro devra être assuré par le
budget de l'Etat, à partir du 1
er
janvier 1999.
C'est pourquoi le projet de loi de finances prévoit la
rebudgétisation du prêt à taux zéro par
l'inscription à l'article 40 du chapitre 65-48 de
6,26 milliards
de francs en autorisations de programme et 3,13 milliards de francs en
crédits de paiement
permettant d'assurer l'intégralité
du financement des prêts en 1999, compte tenu de la contribution des
collecteurs du 1% logement.
Cependant, à partir de l'an 2000, la contribution du 1 % logement
sera réduite progressivement, jusqu'à extinction du
prélèvement en 2003. Le financement des PTZG reposera à
l'avenir sur les recettes fiscales du budget général, et donc sur
les prélèvements obligatoires, dans un contexte de poursuite de
réduction des déficits budgétaires des pays
européens.