CHAPITRE PREMIER - LE CONTEXTE INTERNATIONAL
I. LA CONJONCTURE INTERNATIONALE
Au cours de l'année 1994, le paysage économique international s'est considérablement éclairci, avec une généralisation de la croissance à la quasi-totalité des zones géographiques. Au sein de l'OCDE, les écarts de conjoncture devraient continuer à se réduire en 1995 et 1996, du fait d'un ralentissement des économies anglo-saxonnes.
A. 1994 : UN ENVIRONNEMENT PORTEUR
• S'agissant des pays de
l'OCDE :
Après une récession sévère en 1993, la reprise des économies d'Europe occidentale est apparue plus précoce et plus rapide que prévu en 1994. La croissance a eu pour moteurs essentiels le dynamisme des exportations (+ 9 % en volume) et la reconstitution des stocks. Elle a ainsi connu un taux moyen de + 2,7 %.
L'industrie française, pour sa part, a pleinement bénéficié de l'accélération de la conjoncture internationale depuis la fin de 1993. Cela s'est traduit dans un premier temps par un retournement du comportement de stockage, une reprise de la production et un arrêt du recul de l'investissement.
Parallèlement, la croissance des économies anglo-saxonnes est restée vive, ne témoignant d'aucun signe d'essoufflement, tant aux États-Unis, où la reprise date de 1991, qu'au Canada ou au Royaume-Uni où elle est postérieure d'une année.
La forte croissance de l'économie britannique en 1994 (+ 3,8 % du PIB) s'est accompagnée d'une réorientation de la demande au profit de l'extérieur.
L'économie japonaise a, quant à elle, connu un fragile redressement (+ 0,5 %). Le Japon est sorti de deux années de ralentissement marqué, sous l'impulsion d'une politique économique nettement expansionniste et en dépit d'importantes pertes de compétitivité.
•
Hors OCDE, la croissance est restée
tirée par les pays asiatiques.
Stimulés par de forts gains de compétitivité liés à l'appréciation du yen et par le redressement de la demande émanant des pays développés, la plupart des pays d' Asie enregistrent une forte progression de leurs exportations. Celle-ci a entraîné un accroissement de la production industrielle, rendant nécessaire de forts flux d'investissements, donc d'importations.
De manière analogue, l'Amérique latine a profité pleinement du dynamisme de la croissance américaine, son activité, assise sur les exportations et l'investissement, pouvant progresser à un rythme voisin de 4 % en 1994 et 1995.
L'Afrique sub-saharienne semble avoir renoué avec la croissance, modestement sans doute, mais confirmant ainsi la fin de la longue stagnation qu'elle a traversée tout au long des années quatre-vingts.
Il semble aujourd'hui que les pays d'Europe centrale et orientale (hors ex-URSS) en aient fini avec la récession qui les frappe depuis 1989 : la plupart d'entre eux devraient retrouver le chemin de la croissance, leur système productif apparaissant plus à même de répondre à la croissance de la consommation et à l'impulsion donnée à leur commerce extérieur par le raffermissement de la croissance européenne. En revanche, la situation des pays de l' ex-URSS reste inquiétante (effondrement de la production, inflation galopante...).
B. 1995 : UNE CROISSANCE GLOBALEMENT ÉQUILIBRÉE
• En 1995, la
croissance européenne
a tendance à se rééquilibrer :
- en termes géographiques : une nouvelle accélération de la croissance en Europe continentale devrait coïncider avec un ralentissement des économies anglo-saxonnes ;
- au plan des composantes de la demande : cette dernière repose sur le dynamisme des exportations mais aussi de l'investissement, puis sur celui de la consommation.
Il est vrai que le ralentissement des économies américaine et, dans une moindre mesure, britannique s'est répercuté sur l'ensemble de l'Europe au premier semestre. Cependant, les économies anglo-saxonnes devraient connaître un atterrissage en douceur.
La reprise européenne devrait se consolider avec un taux de croissance du PIB moyen de 2,8 %, un accroissement de la production de 3 % et des investissements de 6 %.
La croissance de l'économie française a connu un net ralentissement au cours du premier semestre 1995, plus marqué que prévu. Le Gouvernement table néanmoins sur une croissance de 2,9 % sur l'année.
• Le
Japon
ne parvient pas à
renouer avec la croissance et la succession des programmes de relance
budgétaire ne semble pas avoir suffi à sortir ce pays de la
stagnation qu'il traverse depuis trois ans.
• Dans les
pays en développement,
la situation est contrastée :
- l'activité dans les pays émergents d'Asie du sud-est devrait rester dynamique en 1995. Leur commerce extérieur devrait bénéficier de la croissance européenne et de la forte appréciation du yen, venant atténuer l'impact du ralentissement aux États-Unis. Le maintien de perspectives de débouchés florissants devrait stimuler l'investissement productif et induire un fort flux d'importations ;
- les pays d'Amérique latine semblent réagir différemment à l'onde de choc initiée par la crise du peso mexicain survenue le 20 décembre dernier. Avec une récession pour le Mexique et une croissance très faible en Argentine et au Brésil, l'impact a été moins fort au Chili, en Colombie et au Pérou ;
- la croissance devrait se poursuivre dans l'Afrique sub-saharienne, tandis que persiste le fort contraste entre les pays d'Europe centrale et orientale et les pays de la Communauté d'États Indépendants (CEI).
C. LES PERSPECTIVES POUR 1996
Malgré les turbulences qui ont affecté l'économie mondiale depuis le début de l'année, les perspectives économiques pour les douze prochains mois paraissent favorables.
Toutefois, il faut garder à l'esprit les menaces qui pèsent actuellement sur l'économie mondiale. Des prolongements imprévus de la crise mexicaine qui fragiliseraient d'autres économies émergentes, l'aggravation des difficultés du système bancaire japonais qui plongerait ce pays dans la récession, la poursuite de politiques de dévaluation compétitive qui aggraverait les déséquilibres existants, notamment au sein de l'Union européenne, constituent autant d'aléas qui sont susceptibles de perturber l'économie mondiale et d'écourter le cycle actuel.