C. UNE AMBITION QUI IMPLIQUE UN ENGAGEMENT DE L'ENSEMBLE DE LA SOCIÉTÉ
Le ministère des armées ne saurait porter, seul, une ambition telle que celle traduite par l'expression « économie de guerre ». Une mobilisation interministérielle est nécessaire et, au-delà, une prise de conscience, par l'ensemble de la société, de la nécessité de soutenir les activités de souveraineté.
Toutes les industries sont aujourd'hui confrontées à une pénurie de main d'oeuvre.
Tous les secteurs sont concernés.
Ainsi, par exemple, plus de trente métiers sont en tension dans l'industrie navale.
Un travail de fond doit être effectué sur l'attractivité des métiers industriels, notamment en direction des jeunes et des femmes.
Les femmes représentent moins de 30% des salariés de l'industrie. Elles occupent majoritairement des fonctions support et sont souvent exclues de la conception et de la production. Elles sont peu présentes dans les fonctions de direction (environ 15% des comités exécutifs).
@DGE (Semaine de l'industrie 21-27 novembre 2022
Les métiers industriels ont trop longtemps été déconsidérés au profit du secteur tertiaire. Pourtant, les conditions de travail dans l'industrie se sont améliorées, et les salaires et perspectives d'évolution sont souvent meilleurs que dans d'autres métiers recrutant avec des diplômes de niveau plus élevé.
50 000 emplois ne sont actuellement pas pourvus dans l'industrie et 200 000 emplois supplémentaires pourraient être créés s'il était possible de recruter pour répondre à de nouvelles commandes.
Il est urgent de faire savoir que l'industrie n'est pas une activité du passé , mais qu'elle recouvre, au contraire des métiers d'avenir, porteurs d'innovation, de souveraineté et de prospérité économique , y compris dans des domaines souvent méconnus comme celui de l'industrie de défense terrestre.
En conséquence, c'est toute la stratégie nationale de formation qui doit être revue, ce qui nécessite une forte implication des ministères respectivement en charge de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur, de l'économie, et du travail, ainsi que des régions .
Les industriels doivent venir à la rencontre des jeunes dans les établissements scolaires, y compris en dehors des bassins d'emploi traditionnels , et mieux communiquer sur l'évolution des conditions de travail, sur les rémunérations et perspectives de carrière, en amont des décisions d'orientation (classes de troisième et de terminale) ; des campus de formation doivent être structurés ou enrichis.
Pour l'industrie de défense, constituer une « réserve industrielle », fondée sur le volontariat , avec des cycles réguliers de formation, permettrait de mieux faire connaître les métiers concernés. Ce vivier de personnel pourrait être mobilisé rapidement en cas de crise.
Enfin, le soutien des acteurs financiers privés est indispensable , pour passer à l'échelle de l' « économie de guerre », ce qui implique une vigilance particulière vis-à-vis des initiatives réglementaires européennes en matière environnemental, social et de gouvernance (ESG) et de taxonomie.
Cela passe d'abord par une mobilisation des acteurs financiers, indispensable à la montée en puissance du tissu industriel. Or, malgré la guerre en Ukraine, l'industrie de défense reste confrontée au durcissement des conditions d'accès au financement des banques et fonds d'investissement.
Le mercredi 23 novembre 2022, sous la présidence de M. Christian Cambon, président, la commission a émis un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission défense dans le projet de loi de finances pour 2023.