B. UN NOUVEL ARBITRAGE ENTRE BONIFICATION ET SUBVENTION AURAIT DES CONSÉQUENCES DISCUTABLES
Une autre voie consisterait à rééquilibrer le montant respectif des autorisations de programme des crédits de bonification du programme 110 et des crédits de subvention du programme 209 au profit de ce dernier.
Les crédits de bonification qui permettent à l'AFD de faire des prêts concessionnels ont augmenté ces dernières années de façon importante pendant que ceux consacrés aux subventions ont diminué, comme l'illustre le graphique suivant :
Source : Sénat sur la base des chiffres du COM et de l'AFD
Si on considère les autorisations de programme prévues dans le contrat d'objectifs et de moyens de l'AFD, en 2013, comparées à celles de 2008, les bonifications ont augmenté de 21 % quand les subventions ont diminué de 22 %.
1. Une façon de réorienter l'aide vers les pays prioritaires ?
Nous avons vu que ces deux instruments ne permettent pas d'atteindre les mêmes pays ni les mêmes secteurs.
Un rééquilibrage, à terme, au profit des zones prioritaires pourrait, en apparence, être obtenu, en loi de finances, par un abondement des crédits de subvention du programme 209 qui, à budget constant, pourrait être pris aux crédits de bonification du programme 110.
Cependant, en matière de bonification, les crédits de paiement correspondent aux engagements de prêts pris. Une diminution de ces crédits entraînerait une baisse des bonifications des nouveaux prêts qui ne se ferait sentir qu'à moyen terme.
2. Des conséquences discutables
Les conséquences d'un transfert de 100 millions d'euros issus du programme 110 consacré aux bonifications vers le programme 209 au profit des dons/projets méritent d'être analysées de façon approfondie.
L'impact sur la capacité d'intervention de l'AFD d'une telle mesure serait important puisque, pour un euro de subvention en plus, il y aura 7 euros de prêts en moins en raison de l'effet de levier des prêts par rapport au « coût Etat ». Autrement dit, pour faire bénéficier l'Afrique subsaharienne de 100 millions de plus de subventions, le redéploiement conduit in fine à une diminution de 700 millions de prêts pour des destinations qui sont, il est vrai, souvent différentes.
L'impact, en termes d'APD déclarée, sera également, à court terme, négatif. En effet, dans le cas du don, le montant d'APD déclaré au CAD est égal au montant de la subvention. Dans le cas du prêt, le montant d'APD est égal au montant du versement de capital déduit des remboursements. Le montant d'APD produit est initialement plus élevé, mais il est ultérieurement intégralement annulé par les remboursements.
En matière d'appel des crédits de paiement , dans le cas des dons, les crédits de paiements correspondent aux versements d'APD et sont donc déboursés sur la durée de vie relativement courte du projet ; dans le cas des prêts bonifiés, les crédits de paiement correspondent à la bonification des intérêts du capital restant dû et sont également déboursés sur toute la durée de vie du prêt sur vingt ou trente ans. Autrement, pour un même projet, le recours aux dons exige, à court terme, un montant de crédits de paiements supérieur.
Si cette solution a l'avantage de la simplicité d'un point de vue comptable et budgétaire, ces conséquences concrètes sur le budget et sur les financements effectivement disponibles sur le terrain sont donc plus incertaines . À ce stade, vos rapporteurs souhaitent avoir une vision plus exhaustive des conséquences d'un tel amendement avant d'envisager son dépôt.