2. ... mais jugée insuffisante par la direction pour soutenir durablement une stratégie de développement ambitieuse
L'AFP s'appuie principalement sur une production originale dans les langues régionales dominantes (anglais, espagnol, arabe) et sur la spécificité de ses angles rédactionnels et de sa hiérarchisation des nouvelles. Elle s'emploie ainsi à adapter sa production et son traitement de l'information aux publics ciblés. Ces deux traits suffisent à la distinguer de ses deux grandes concurrentes, Associated Press et Reuters , dont la production d'origine est très généralement en anglais, et, dans le cas d' Associated Press , vise principalement à répondre aux attentes de la clientèle nord-américaine.
L'Agence rencontre, néanmoins, deux obstacles notables à son développement « géolinguistique » :
- d'une part, elle ne produit pas dans les langues locales, notamment en Asie, et cet obstacle ne pourra être contourné que par des partenariats de traduction et de vente avec des agences nationales ;
- d'autre part, l'AFP devra se donner un jour les moyens de produire en mandarin et de vendre en Chine - mais ce problème n'est malheureusement pas à l'ordre du jour du fait du monopole sur l'information que détient « Chine Nouvelle » dans ce pays.
Pour l'heure, les grands projets de développement envisagés par la direction pour permettre à l'AFP de demeurer compétitive dans le contexte de plus en plus concurrentiel d'une information à l'ère du numérique sont de deux natures :
- la refonte de l'informatique de production et de distribution de l'Agence , dans le but de substituer aux systèmes rédactionnels actuels (texte, photo, vidéo, infographie) qui fonctionnent en parallèle sans communiquer entre eux, un système rédactionnel unique de production multimédia. C'est le projet dit « Agence multimédia/4XML » ;
- le développement d'activités nouvelles complémentaires de son coeur de métier , permettant de contrôler mieux la chaîne de valeur, d'opérer des exploitations secondaires de ses actifs en développant des synergies, d'apporter enfin un nécessaire surcroît de rentabilité permettant de conforter le métier historique. Cette diversification, qui suppose des acquisitions, a été réussie par nombre d'agences de presse européennes.
Les besoins de financement correspondants sont chiffrables. En ce qui concerne « 4XML », le chiffrage en a été fait dans le cadre du COM pour 2009-2013 : il se monte à 30 millions d'euros sur la période considérée, 10 millions d'euros étant financés par l'Agence sur son exploitation, les 20 millions restants étant apportés par l'État. En ce qui concerne les développements et la diversification, le chiffrage de leur financement est en cours. En première analyse, on peut l'estimer à une cinquantaine de millions d'euros supplémentaires, que l'État apporterait en capital si le statut de l'AFP était modifié conformément aux propositions de la direction.
À cet égard, l'intersyndicale de l'AFP a souligné la rentabilité très incertaine des projets de développement et d'acquisitions menés jusqu'ici par la direction et a prévenu contre le risque d'éloigner l'Agence de son coeur de métier .
De plus, les syndicats rappellent qu'il n'est pas démontré que le développement économique de l'AFP appelle nécessairement une modification de son statut, dès lors qu'une entreprise commerciale peut continuer à percevoir une aide substantielle de la part de l'État pour assurer le financement de ses missions d'intérêt général , dans le respect des règles communautaires encadrant les aides publiques d'État.
À l'heure actuelle, les excédents bruts d'exploitation générés par l'AFP au cours de ces dernières années servent à financer les investissements de renouvellement, de l'ordre de 12 millions d'euros par an, et à rembourser les dettes ainsi qu'à payer les frais financiers afférents, pour un montant de 7 millions d'euros par an.