B. UNE ÉVALUATION ENCOURAGEANTE
Depuis sa mise en place, le dispositif des pôles de compétitivité a fait l'objet de nombreuses analyses dans des rapports ou ouvrages académiques.
1. Des études pratiques et théoriques aux conclusions contrastées
Dès le second semestre 2006, une étude du cabinet KPMG 15 ( * ) jugeait que les débuts des pôles de compétitivité étaient satisfaisants mais qu'ils souffraient d'un manque d'implication de certains acteurs et notamment d'un engagement insuffisant des entreprises dans le champ de l'innovation. Les conclusions plaidaient pour le renforcement du partenariat entre l'industrie d'un côté, la recherche et la formation de l'autre, ainsi que pour une participation accrue des acteurs privés au pilotage des pôles.
Une étude moins optimiste, publiée en 2008 par le CEPREMAP 16 ( * ) et fondée sur la comparaison entre la théorie économique et son application, a estimé que les gains apportés par la politique des pôles de compétitivité sur la productivité des entreprises sont assez faibles, dans la mesure où celles-ci prennent déjà en compte les avantages apportés par leur concentration géographique sur un domaine particulier.
Une étude plus ciblée a été publiée en novembre 2008 par le centre d'analyse stratégique (CAS) 17 ( * ) , qui s'est intéressé à la question de l'emploi et des compétences dans les pôles de compétitivité. Le CAS a montré que l'existence d'un pôle pousse les établissements d'enseignement supérieur locaux à se positionner autour des axes du pôle. Le rapport regrette que les entreprises elles-mêmes n'aient que des relations limitées avec le monde de la formation et que leur préoccupation se limite souvent à la production de compétences de haut niveau technologique, au détriment des effets d'entraînement sur le territoire que l'on attend d'un pôle de compétitivité.
2. Une évaluation approfondie qui juge aujourd'hui les pôles « prometteurs »
L'évaluation la plus exhaustive à ce jour est celle qu'ont menée les cabinets Boston Consulting Group et CM International à la demande du Gouvernement 18 ( * ) . Elle partage certaines conclusions formulées par les autres études mais note que, par rapport à la situation fin 2006, plusieurs points semblent s'être améliorés, notamment sur l'implication des acteurs et leur participation au pilotage des pôles. Il ressort des conclusions de cette évaluation, menée en profondeur auprès de chacun des 71 pôles labellisés, que le dispositif constitue un dispositif prometteur , caractérisé par :
* le respect des engagements financiers de 2005 .
Si le nombre de pôles labellisés a été plus élevé que prévu dans le souci d'encourager toutes les dynamiques, même lorsque leur portée est limitée, les financements se sont concentrés pour l'essentiel sur un petit nombre de pôles dont on a voulu favoriser la croissance et la visibilité internationale, conformément à la philosophie des clusters qui cherche à atteindre une masse critique d'acteurs regroupés sur un territoire. Ainsi, les dix premiers pôles ont reçu plus de 53 % du total des financements.
* une implication croissante des acteurs , mais pas toujours conforme aux objectifs de la politique des pôles .
Le rapport note que le nombre d'acteurs impliqués dans les pôles est passé de 3.205 en 2005 à 7.139 en 2006 puis 9.562 en 2008, dont une part croissante de PME. Les structures d'animation sont souvent dynamiques.
Toutefois, la dimension « formation » et « recherche et développement » n'est pas toujours aussi appuyée qu'on pouvait l'espérer . Certains pôles s'engageraient moins dans la direction de l'innovation que dans celle d'un soutien classique à une filière ou à un territoire, pour lequel d'autres dispositifs pourraient être utilisés.
Au final, le rapport estime que, sur les 71 pôles de compétitivité labellisés en 2005 et 2006 :
- 39 ont atteint leurs objectifs ;
- 19 les ont atteints partiellement ;
- 13 nécessiteraient une reconfiguration .
La classification des pôles proposée par le rapport BCG/CM |
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Le rapport formule également plusieurs recommandations :
- supprimer la catégorie, peu lisible, des « pôles à vocation mondiale » ;
- mettre l'accent sur l'objectif d'appui à la R&D dans les pôles ;
- maintenir, en fixant une limite, la participation d'Etat au financement des structures d'animation des pôles.
* 15 L'étude a été réalisée par KPMG S.A., société anonyme d'expertise comptable et de commissariat aux comptes en France, membre du réseau international KPMG.
* 16 Les pôles de compétitivité : que peut-on en attendre ?, publication du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP), organisme placé sous la tutelle du ministère chargé de la recherche.
* 17 Le Centre d'analyse stratégique est un organisme créé en 2006 et rattaché au Premier ministre. Il a repris les activités d'étude du Commissariat général au plan et propose un éclairage au Gouvernement sur ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou culturelle.
* 18 Cette évaluation a donné lieu à de nombreuses auditions et à des rencontres sur le terrain avec les acteurs des pôles sur le terrain entre novembre 2007 et juin 2008, donnant lieu à une évaluation de chacun des 71 pôles labellisés. Une synthèse a été diffusée publiquement.