3. La mémoire
La politique de mémoire du ministère de la défense, définie par le Haut Conseil de la mémoire combattante (HCMC), est exécutée par le ministre délégué aux anciens combattants. Les crédits qui lui sont attribués s'élèveront en 2006 à quelque 12,4 millions d'euros. Ils apparaissent en forte augmentation (+ 6 %), du fait de la hausse des subventions d'investissements, passant de 2,07 à 6,26 millions d'euros. Par ailleurs les subventions de fonctionnement attachées à cette politique augmenteront de 5,16 % du fait de la nouvelle configuration du périmètre de la mission ministérielle.
La politique de mémoire comporte :
- l'organisation des huit cérémonies inscrites au calendrier commémoratif national, ainsi que de celles préconisées par le HCMC ;
- le soutien aux actions menées par les fondations de mémoire et les associations du monde combattant ;
- la prise en charge des pèlerinages des familles sur les sépultures des « Morts pour la France » ;
- l'aide à l'érection et à l'entretien des monuments commémoratifs ;
- le soutien aux projets pédagogiques dans le cadre d'un partenariat avec l'éducation nationale ;
- la production de documents pédagogiques en lien avec l'actualité commémorative ;
- la publication ou le soutien d'ouvrages et l'aide à la production audiovisuelle ;
la mise en valeur du patrimoine commémoratif par le développement du tourisme de mémoire, qui se traduit, notamment, par des aides financières versées dans le cadre des contrats de plan Etat-région.
Lors de son audition du 12 octobre dernier, le ministre délégué a souligné que la politique de mémoire demeurait une priorité et que le Gouvernement entendait maintenir le cap après deux années de commémorations de premier plan.
Les commémorations
En 2005, outre les huit cérémonies nationales et l'hommage annuel rendu à Jean Moulin, des cérémonies spécifiques ont été demandées par le HCMC. Les cérémonies les plus importantes se sont inscrites dans le cadre du 60 e anniversaire de la victoire de 1945 et du 60 e anniversaire de la libération des camps (inauguration du pavillon français d'Auschwitz, hommage aux victimes de la déportation sur le parvis des Droits de l'Homme, notamment) et du retour des prisonniers. Un hommage a été également rendu aux combattants de la Première Guerre mondiale dans le cadre du 90 e anniversaire des combats de Champagne, d'Argonne et d'Artois. Par ailleurs a été instituée le 8 juin de chaque année une journée nationale d'hommage aux morts pour la France en Indochine.
L'année 2006 verra la commémoration les batailles de Verdun et de la Somme, du procès de Nuremberg et des « opérations extérieures » en hommage à la « quatrième génération du feu ». C'est ainsi, en particulier, que :
- un monument dédié aux soldats musulmans « morts pour la France » au cours de la Première Guerre mondiale sera inauguré à Fleury-devant-Douaumont courant juin 2006 ;
- une initiative sera prise pour rappeler aux jeunes générations les circonstances du procès de Nuremberg et son impact sur l'évolution de l'ordre international ;
- une cérémonie nationale sera organisée à l'Ecole militaire et à l'Unesco pour commémorer le sacrifice des militaires français tués en opérations de maintien de la paix, sous l'égide de l'Onu.
Les sépultures et lieux de mémoire
Un programme de rénovation des sépultures de guerre a été lancé en 2001, visant la restauration des nécropoles nationales et des carrés militaires de la guerre 1914-1918. Il devrait être achevé en 2008 grâce à une dotation financière annuelle de 1,16 million d'euros en autorisations de programme et en crédits de paiement. Cependant, la très forte hausse du coût de la construction et la décision d'installer à Douaumont (Meuse) un mémorial des soldats musulmans morts pour la France retarderont son achèvement de quatre ans.
Outre les interventions sur les nécropoles et les carrés militaires de la Grande Guerre en France et en particulier à Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), des travaux de restauration du camp de déportation du Struthof ont été réalisés en 2005 parallèlement à la construction du Centre européen du résistant déporté, et d'importantes interventions ont été effectuées dans les nécropoles de Sigolsheim et de Colmar (Haut-Rhin).
Par ailleurs, afin de sauvegarder des lieux de sépulture situés dans des environnements particulièrement défavorables, il a été décidé de regrouper et de rapatrier des corps d'Italie, de Bulgarie et du Cambodge.
D'autres réalisations doivent être aussi signalées : le Mémorial de la Déportation, dans l'Ile de la Cité à Paris, a été aménagé pour accueillir une exposition permanente réalisée par la Fondation pour la mémoire de la Déportation ; au Mont-Valérien, des panneaux d'information ont été apposés dans la Clairière des fusillés du Mémorial de la France combattante ; les travaux de construction du Centre européen du résistant-déporté au Struthof lancés en 2003 ont été menés à bonne fin ; la rénovation du Pavillon français d'Auschwitz et de l'exposition qui y est présentée a été achevée et inaugurée par le Président de la République, le 27 janvier 2005, à l'occasion du 60 e anniversaire de la libération du camp de concentration.
En 2006 sera achevée la construction, à Douaumont, du mémorial des soldats musulmans morts pour la France, qui devrait être inauguré à l'occasion du 90 e anniversaire de la bataille de Verdun. Sera également entreprise la rénovation de la nécropole de Mers-el-Kébir.
La valorisation du patrimoine et le tourisme de mémoire
L'année 2005 a été axée essentiellement sur la mise en valeur d'un réseau des « chemins de mémoire » articulé autour des grands musées d'histoire et des hauts lieux de mémoire, grâce à l'emploi des technologies de l'information et de la communication. Cette démarche a induit une certaine évolution du concept de tourisme de mémoire. Ainsi, le développement du site Internet www.cheminsdememoire.gouv.fr a été poursuivi afin de mettre en réseau les différents lieux de mémoire pour couvrir l'ensemble du territoire national.
Votre commission approuve toutes les initiatives susceptibles de donner un essor supplémentaire au tourisme de mémoire. Elle tient néanmoins à attirer l'attention du Gouvernement sur la nécessité de veiller à certains aspects plus traditionnels . C'est ainsi que, dans le cadre des récents transferts de compétences aux départements en matière de voierie, la voie sacrée qui relie Bar-le-Duc à Verdun devrait être déclassée en route départementale. Il conviendra de veiller à ce qu'un tel changement de statut juridique ne porte pas atteinte au caractère symbolique de la voie sacrée.