3. Les multiples chantiers de Radio France
Radio France verra sa dotation progresser de 2,72 % en 2006. Celle-ci s'élèvera à 505,49 millions d'euros soit près de 18,6 % des ressources allouées aux différents organismes de l'audiovisuel public.
a) Radio France en 2004
(1) Une année marquée par la baisse d'audience des stations du groupe
En 2004, le média radio a connu sur le marché français une évolution plutôt défavorable : diminution de 0,7 point du nombre d'auditeurs et de 4 minutes de la durée d'écoute sur un jour moyen du lundi au vendredi. Radio France n'a pas été épargnée par cette évolution : les stations du groupe ont vu leur audience cumulée passer de 28,5 % en 2003 à 27,0 % en 2004.
Toutefois, et par delà les résultats obtenus en 2004 par chacune des stations du groupe, votre rapporteur pense qu'il est grand temps d'entamer une réflexion sur le périmètre de Radio France. Alors que la France dispose du paysage radiophonique le plus diversifié d'Europe, a-t-on vraiment encore besoin de sept stations de radio publiques ? Alors que le contrat d'objectifs et de moyens du groupe est en cours de discussion et que le CSA travaille au réaménagement d'une bande FM saturée, votre rapporteur estime que cette question stratégique doit être abordée sans détour.
• France Inter
En 2004, France Inter est restée la deuxième radio du pays en part d'audience (9,3 % du lundi au vendredi) derrière RTL et la troisième en audience cumulée (10,4 %) derrière NRJ et RTL.
2004 aura surtout été pour la station l'année de la numérisation et du déménagement avenue du Général Mangin, à proximité de la Maison de la Radio. Ces bouleversements ont impliqué une rapide adaptation des collaborateurs aux nouvelles technologies et à de nouvelles méthodes de travail.
Globalement stable par rapport à l'année précédente, la grille de rentrée a, quant à elle, fait l'objet de quelques aménagements avec l'introduction de nouvelles émissions tournées vers les jeunes publics : « Le monde selon Wam » animée par Isabelle Giordano et « Libre cours » par Anne Sinclair.
• France Info
Avec une audience cumulée de 9,8 %, France Info s'est située à la quatrième place derrière NRJ, RTL et France Inter en 2004. Parmi les radios généralistes et d'information, elle a obtenu la pénétration la plus élevée auprès des moins de 50 ans, des étudiants, des catégories socioprofessionnelles supérieures, quel que soit le jour de la semaine.
Afin de diminuer la répétitivité de l'antenne, la station a mis l'accent sur un traitement plus approfondi de l'information, avec davantage d'invités, de directs et de mises en perspective. Cette politique s'est traduite par l'arrivée de nouveaux présentateurs notamment pour les fils rouge, l'invité du matin et les revues de presse de la semaine et du week-end. Neuf nouveaux rendez-vous ont également été mis en place comme le « Journal de l'économie édition du soir » en semaine, « Retour sur France Info » le samedi et « Questions à Michel Serres » le dimanche.
• France BLEU
Classé au 8 e rang avec une audience cumulée de 6,8 %, le réseau France BLEU a obtenu en 2004 des résultats en hausse le samedi et le dimanche par rapport à ceux constatés l'an dernier.
Le réseau a surtout confirmé son positionnement de radio généraliste de proximité et de services en poursuivant son développement dans le cadre du Plan Bleu. L'année 2004 a ainsi été marquée par la signature d'un protocole d'accord avec les pouvoirs publics désignant France BLEU comme référent en cas de crise.
France BLEU s'est par ailleurs associée à des évènements favorisant la promotion de nouveaux talents francophones et a mené au sein de son réseau une mission transversale sur les langues régionales. Enfin, dans le cadre du Plan Bleu, 2004 a vu l'ouverture de deux décrochages supplémentaires, FB Haute Normandie sur Évreux en mars 2004 et FB Provence sur l'agglomération de Toulon.
• France Culture
L'audience de France Culture reste confidentielle : 1,2 % d'audience cumulée pour 2004.
Afin de donner une meilleure lisibilité à sa grille et de fidéliser les auditeurs, la station a modifié en profondeur trois tranches horaires 54 ( * ) , augmenté le temps consacré aux journaux de la rédaction et créée de nouvelles émissions le week-end.
• France Musique
En 2004, France Musique a obtenu 1,8 % d'audience cumulée.
La station a diffusé plus de 1 200 concerts en 2004, consacrant son positionnement de « radio des concerts ». La grille de rentrée a introduit de nombreuses nouveautés : un magazine de musique baroque hebdomadaire, des émissions destinées aux jeunes, des moments d'interaction avec les auditeurs, et fait une part plus grande aux retransmissions de concerts donnés en province.
• Le Mouv'
Pour la première fois depuis sa création, l'audience cumulée du Mouv' a dépassé les 1 % (1,1 %) lui permettant de figurer dans le communiqué de presse de Médiamétrie.
L'année 2004 a été marquée pour la station par la volonté de conquérir le public parisien. Cet objectif s'est traduit par l'ouverture d'un programme produit et diffusé chaque jour en direct de Paris.
• FIP
Si FIP a enregistré un score record à Strasbourg (6,3 %), elle a perdu des auditeurs à Nantes, Bordeaux et en Île de France.
La station a poursuivi sa politique de découvertes musicales à travers le choix des sélections FIP (soutien de huit albums par mois) et a reconduit avec succès la collection de disques « l'essentiel des disques FIP ». A l'occasion de la fête de la Musique, elle a offert en 2004 un concert de 5 heures rassemblant des artistes d'horizons divers, en partenariat avec l'Olympia. De nombreux partenariats, des soutiens de concerts et plusieurs journées thématiques ont également renforcé les engagements musicaux de la chaîne.
(2) Des comptes équilibrés
Radio France a présenté en 2004 pour la cinquième année consécutive des comptes équilibrés, avec un résultat net comptable de 867 000 euros et un résultat d'exploitation en nette amélioration.
L'équilibre des comptes a été obtenu grâce à un excédent brut d'exploitation de 23,7 millions d'euros, en progression de 10,8 % par rapport à 2003. Ce résultat est lié à une croissance de 4,2 % du chiffre d'affaires et à une évolution maîtrisée des charges d'exploitation, hors variation des provisions nettes de reprises (3,8 %).
Le résultat financier dégagé (1 million d'euros) traduit la rémunération générée par la trésorerie bancaire de la société. Il contribue de façon essentielle à l'équilibre du résultat courant.
Au 31 décembre 2004, la trésorerie comptable s'élevait à 15,6 millions d'euros, contre 24,1 millions d'euros au 31 décembre 2003. Cette baisse est essentiellement liée au décalage du dernier versement de la redevance (14,7 millions d'euros), encaissé dans les premiers jours de janvier 2005.
Les investissements se sont élevés au cours de l'exercice 2004 à 26,8 millions d'euros. Ils n'ont été que partiellement couverts par la capacité d'autofinancement dégagée sur la période (17,4 millions d'euros).
b) Les grands équilibres du budget 2005
Le budget de fonctionnement 2005 de Radio France approuvé par le conseil d'administration s'établit à 553,4 millions d'euros. Il est en hausse de 3,3 % par rapport au compte de résultat prévisionnel initial pour 2004. Le budget 2005 marque une progression liée à la nouvelle présentation budgétaire. Celle-ci permet désormais de faire coïncider les approches budgétaires et comptables dans un souci de transparence et d'identifier l'ensemble des charges et produits afin d'en faciliter le suivi.
Les ressources propres devraient progresser de 6,1 millions d'euros, pour l'essentiel du fait de la prévision de croissance dynamique des recettes de publicité et de parrainage (+ 15,8 % par rapport au budget 2004) justifiée par la prise en compte du réalisé prévu pour 2004. Ainsi, par rapport à ce dernier, le budget 2005 marque une progression de 1 % seulement. Selon l'expression consacrée, ce chiffre correspond à une « hypothèse prudente ».
Outre les dépenses d'investissements liées aux travaux de mise en sécurité, ces ressources doivent permettre de financer en premier lieu le fonctionnement des antennes et des services (hors charges de personnels) : les directions afférentes bénéficient d'un budget en progression d'1 million d'euros, soit 1,3 %, au titre du renouvellement prévu de leur grille de programmes. Par ailleurs, ce budget marque la volonté de mieux prendre en compte les enjeux et le contexte concurrentiel du paysage radiophonique. Ainsi, une dotation supplémentaire de 0,2 million d'euros est allouée aux études d'audience dont le budget progresse de 12,8 %. De même, le budget de la direction des produits nouveaux et multimédia progresse de 0,1 million d'euros, soit 4,3 %. Ces évolutions sont financées par des redéploiements portant essentiellement sur les services prestataires ;
Votre rapporteur constate, par ailleurs, une augmentation importante des dépenses de personnel. Le compte de résultat prévisionnel fait en effet apparaître une progression de la masse salariale de 14,2 millions d'euros, soit 4,8 %, entre la prévision initiale 2004 et celle de 2005. Le budget des personnels permanents augmente de 10,4 millions d'euros, soit + 5 %, et le budget des personnels occasionnels de 1,6 millions d'euros, soit + 13,7 %. La société estime que « cette évolution dynamique doit permettre à la société de prendre en compte le réalisé 2004, sensiblement supérieur à la prévision initiale. »
Les ressources doivent enfin permettre de financer les charges communes : c'est, avec les charges de personnels, à ces charges qu'est affectée une part importante des ressources supplémentaires de la société en 2005, puisqu'elles progressent de 7,7 %. Cette hausse est essentiellement inéluctable et touche la plupart des postes, notamment les frais de diffusion.
Votre rapporteur tient à signaler que ce budget sera certainement affecté par les conséquences du conflit social qui s'est déroulé du 4 au 22 avril 2005.
Le groupe a ainsi subi une perte brute de recettes publicitaires estimée, toutes chaînes confondues, à 2,3 millions d'euros. Cette perte a été pour moitié compensée par la reprogrammation jusqu'à fin août 2005 de campagnes publicitaires au sein d'écrans habituellement dédiés aux autopromotions et partenariats. Par ailleurs, l'annulation de 13 concerts a provoqué un manque à gagner et des frais évalués à 369 000 euros.
L'impact réel des grèves sur l'audience des stations de Radio France ne peut être quant à lui évalué avec précision, Médiamétrie publiant des résultats d'audience sur l'ensemble du trimestre. Il apparaît toutefois que dans de telles circonstances les duplications d'écoute avec les autres stations sont en hausse, principalement avec Europe 1.
c) Les deux principaux chantiers de Radio France
L'actualité de Radio France est avant tout marquée par deux chantiers d'importance : la réhabilitation de la Maison de la Radio et la numérisation des antennes.
(1) La réhabilitation de la Maison de la Radio
En dépit des mesures « compensatoires » mises en oeuvre au fil des années 55 ( * ) , la Maison de Radio France ne respecte pas, sur de nombreux points, la réglementation sur la sécurité. Le principal problème concerne l'insuffisante stabilité au feu de la structure : les études réalisées ont conclu, selon les zones, à la ruine de l'ouvrage entre 11 minutes et 40 minutes.
La consultation européenne lancée en octobre 2004 a débouché le 19 avril 2005 sur la désignation du cabinet Architecture Studio pour assurer la maîtrise d'oeuvre des travaux de réhabilitation de la Maison de Radio France.
• Les grandes lignes de la réhabilitation de la Maison de Radio France
L'obligation réglementaire de mise en sécurité incendie oblige à un traitement de toutes les structures du bâtiment, donc leur mise à nu. Le projet prévoit de conserver l'apparence extérieure imaginée par l'architecte Henry Bernard (la Maison de Radio France sera classée « site sensible » dans le futur PLU de la Ville de Paris) et de procéder à une profonde restructuration intérieure pour donner à Radio France les conditions de travail d'une radio de service public moderne, adaptée au 21 ème siècle.
Le bâtiment futur s'ouvrira de plain-pied et la distribution intérieure de l'immeuble sera entièrement repensée à partir d'un espace central, l'atrium, pour faciliter la circulation du public et des collaborateurs. A l'extérieur, un espace paysager revalorisera son insertion dans la ville. Dans cette perspective, afin de faire disparaître le stationnement des véhicules au pourtour de l'immeuble, un parking souterrain sera construit - et son exploitation concédée - sur la parcelle nord-ouest.
En outre, la réhabilitation de la Maison de Radio France permettra de doter les formations musicales de Radio France d'une salle de concert de 1 500 places dont l'acoustique a été confiée à des cabinets mondialement reconnus.
LES GRANDES ÉTAPES DU CHANTIER DE RÉHABILITATION 2005 Mai - décembre 2005 : études et conception Fin septembre : dépôt du permis de construire 2006 Janvier : travaux préparatoires (purge technique de la tour et de la petite couronne) Poursuite des études Consultation des entreprises Phase 1 Début des travaux en juin 2006 (durée 21 mois) Installation de chantier, travaux préparatoires Travaux de structures et mise en conformité de la partie centrale du bâtiment (tour, radiale et petite couronne), des studios moyens (108 à 117). Construction de l'auditorium de 1 500 places à partir de mars 2007 qui sera livré en juillet 2009 et inauguré en décembre 2009. Phase 2 Début des travaux en février 2008. Durée : 15 mois : réhabilitation de la grande couronne (côté Seine) Phase 3 Début des travaux en mai 2009. Durée : 18 mois : réhabilitation de la grande couronne entre les portes D à F et des studios moyens 101, et 118, 119 et 120. Phase 4 Début des travaux en novembre 2010. Durée : 20 mois : réhabilitation de la grande couronne entre les portes B à D et des studios moyens 105, 106 et 107. Repli des installations de chantier et remise en état des lieux. L'ensemble des travaux de reconstruction de la Maison de Radio France sera achevé en juillet 2012. Ils auront duré 8 ans. |
L'ensemble des travaux de reconstruction de la Maison de Radio France devrait être achevé en juillet 2012. Ils auront duré 8 ans.
Les salariés de Radio France, au fur et à mesure du déroulement des travaux, auront à évacuer la zone les zones entrant en rénovation pour intégrer à titre définitif les espaces remis à neuf ou occuper des locaux provisoires dans une zone du bâtiment avant de rejoindre leurs implantations définitives réhabilitées.
• Coût du chantier
Sur la période 2004-2012, le coût total du projet de mise en sécurité s'élèvera à 210 millions d'euros en investissements (hors coûts liés à la création de la salle de concert) et 66 millions d'euros en fonctionnement (hors amortissements).
Radio France assumera par redéploiements une partie des coûts liés à ce projet. L'État y prendra également toute sa part, comme il l'a confirmé lors du conseil d'administration de septembre 2004. Ainsi, en 2006, le Gouvernement proposera au Parlement d'affecter à Radio France 5,8 millions d'euros de redevance d'équipement, correspondant au coût sur cet exercice des travaux de mise en sécurité (au-delà de la part prise en charge par la société elle-même).
Pour les exercices futurs, les modalités précises de financement, et notamment l'échéancier, seront déterminées en cohérence avec la négociation du contrat d'objectifs et de moyens de la société, dont le chantier sera l'un des axes.
(2) La numérisation : un chantier en voie d'achèvement
L'année 2004 a été marquée par une nouvelle phase dans la numérisation des radios locales, l'achèvement de la numérisation de France Inter ainsi que la modernisation de certains outils.
A l'occasion de l'aménagement du site de Mangin et de la mise en place des infrastructures techniques, la numérisation de France Inter a été achevée. Cette installation s'appuie sur une extension de l'infrastructure développée à la Maison de Radio France grâce à l'installation d'une prolongation « fibre optique » du réseau interne.
France Info a bénéficié d'une modernisation de ses outils, le remplacement des consoles d'antennes intégrées dans un nouveau mobilier plus ergonomique et l'installation d'un nouveau système d'interphonie. La migration sur une nouvelle version de l'outil de production a été préparée en fin d'année.
Concernant le réseau de France BLEU, 38 des 41 stations de province, ainsi que la City Radio de Paris, sont désormais numérisées. De nombreuses formations ont été conduites en parallèle pour accompagner cette évolution. Des liaisons haut débit ont été déployées sur l'ensemble du réseau pour « alléger » le réseau qui relie tous les sites de Radio France entre eux, et ainsi augmenter la fluidité des échanges entre la Maison de Radio France et les stations.
La station du Mouv' a été entièrement déménagée en mars 2004. A cette occasion, son intégration dans l'architecture numérique globale de Radio France a été réalisée avec, entre autres actions, le passage à l'outil de production audio numérique et la rationalisation de ses studios. En parallèle, d'importantes modifications du studio 108 parisien ont été entreprises durant l'été afin de permettre la réalisation de la tranche de soirée depuis Paris à partir de début octobre.
Les travaux de numérisation de la rédaction commune de France Culture/France Musique ont par ailleurs été engagés et les outils nécessaires à la fabrication des deux nouvelles chaînes de France Culture diffusées sur Internet, déployés.
* 54 10 heures-12 heures, 12 heures-14 heures et 20 heures 30-22 heures.
* 55 Equipe de sécurité préventive efficace et professionnelle, pose de détection incendie, pose de portes coupe feu dans certains secteurs, retouches sur la stabilité au feu dans certaines zones...