II. LA QUESTION DES RÉSERVES PÉTROLIÈRES
Même si à court terme et moyen terme, les cours pétroliers sont essentiellement liés à un équilibre offre/demande et aux investissements, l'évolution sur le long terme du marché pétrolier est directement corrélée avec la question de l'ampleur des réserves pétrolières mondiales. Aussi votre rapporteur pour avis a-t-il souhaité faire état des différentes prévisions en la matière, les développements ci-dessous s'appuyant sur un article de M. Olivier Appert, président de l'Institut français du pétrole.
A. LES GISEMENTS EXPLOITÉS
Au sein d'un gisement de pétrole décelé, les techniques de forage actuelles ne permettent de récupérer qu'une partie de l'hydrocarbure (30 % en moyenne), même si ce taux de récupération est très variable d'un gisement à l'autre. En moyenne, près des deux tiers du pétrole brut découvert restent donc dans le sous-sol . Tout calcul en la matière est néanmoins aléatoire, comme le souligne M. Yves Mathieu, géologue, ingénieur de recherche principal à l'IFP qui indique que « la difficulté revient à mesurer les stocks d'un entrepôt en regardant par le trou de la serrure après avoir fait le tour du bâtiment ».
Au sein des gisements découverts , il convient de distinguer tout d'abord les « réserves prouvées », qui correspondent aux quantités de pétrole qui ont une probabilité supérieure ou égale à 90 % d'être récupérées. Une deuxième estimation peut être réalisée en considérant les « réserves probables » qui recouvrent les quantités de brut plus difficiles à récupérer, pour lesquelles la probabilité de récupération ne dépasse pas 50 %. Enfin, certaines estimations prennent également en compte les « réserves possibles », pour lesquelles le taux de récupération probable se situe à 10 %.
Les différents acteurs du marché pétrolier estiment que les « réserves prouvées » correspondent, toutes choses étant égales par ailleurs, à quarante années de consommation . La BP Statistical Review , qui collecte les chiffres officiels de réserves des pays, évaluait les réserves prouvées mondiales, fin 2003, à 1.148 milliards de barils , soit 157 milliards de tonnes 32 ( * ) , quantité correspondant à 41 années de consommation au rythme actuel . L'United States Geological Surveys (USGS), qui retraite les données pétrolières communiquées par les différents organismes pour les rendre plus homogènes, évalue ces réserves prouvées à 1.000 milliards de barils (soit environ 145 milliards de tonnes). Enfin, Oil and Gas Journal les évalue à 1.265 milliards de barils .
* 32 Rappelons qu'une tonne de pétrole contient sept barils.