2. La mise en oeuvre et l'évaluation du projet pluridisciplinaire à caractère professionnel
a) La finalité du dispositif
Le projet pluridisciplinaire à caractère professionnel a été introduit à la rentrée 2000 dans toutes les formations sous statut scolaire conduisant aux BEP et aux baccalauréats professionnels.
On rappellera que le PPCP consiste à faire réaliser totalement, ou partiellement, par les élèves un objectif de production ou une séquence de service, caractéristiques du secteur professionnel et du niveau du diplôme auquel ils se préparent.
Organisé et conduit par une équipe d'enseignants, le projet pluridisciplinaire doit permettre aux élèves de mieux comprendre les relations entre les différentes disciplines qui contribuent à leur formation, d'acquérir des méthodes de travail et de recherche, de pratiquer le travail en équipe, de développer leur sens de l'initiative. Il doit également contribuer à renforcer la professionnalisation de leur formation, conforter leur motivation, les aider à construire leur projet personnel et professionnel et mettre en oeuvre un esprit de créativité.
Au total, le PPCP institutionnalise le travail en équipe des enseignants et autorise une participation active de tous les élèves dans les formations professionnelles, à l'instar des travaux personnels encadrés (TPE) qui ont été généralisés dans la voie générale et technologique.
b) L'accompagnement du dispositif au niveau national
Le cadre du PPCP a été défini en mars 2000 pour préciser son organisation, son horaire et sa répartition entre les disciplines, tandis qu'une circulaire de juin 2000 a formulé des recommandations plus précises destinées aux équipes et qu'une rubrique PPCP était ouverte en novembre 2000 sur le site internet « Eduscol ».
Une table ronde, tenue entre octobre et décembre 2001, réunissant les syndicats représentatifs des enseignants, chefs d'établissement et inspecteurs a conduit à ajuster les horaires de PPCP afin d'en faciliter l'organisation.
Des séminaires nationaux et inter-académiques dont le thème principal portait sur la mise en oeuvre des PPCP se sont tenus en 2000 et 2001 : ils réunissaient des cadres académiques et des enseignants.
En réponse à la demande d'accompagnement exprimée par les acteurs de terrain, un groupe national de réflexion sur le PPCP a été constitué : il a permis de contribuer à son développement dans les établissements, de mutualiser les pratiques, d'élaborer ou de valider des outils, de valoriser des expériences réussies. Les travaux de ce groupe ont donné lieu à :
- une circulaire sur « l'organisation administrative et les responsabilités dans le cadre du PPCP » ;
- une note aux recteurs sur « la mise en oeuvre des PPCP dans les formations en un an » ;
- une brochure destinée aux enseignants et aux chefs d'établissement, qui apporte des compléments d'information, des recommandations et des outils méthodologiques ;
- la mise à jour régulière du site Eduscol.
c) L'accompagnement du PPCP dans les académies
La plupart des recteurs ont mis en place un groupe de pilotage académique (constitué généralement d'inspecteurs, de chefs d'établissement, mais aussi de chefs de travaux, de professeurs, voire de documentalistes) et une équipe ressource pour la formation.
Ces initiatives se sont traduites par la constitution de groupes de réflexion (accompagnement méthodologique, étude d'impact sur les disciplines, mesure des gains pédagogiques...), d'actions de formation et de sensibilisation (création de sites internet, de bourses aux PPCP, de mallettes pédagogiques, de livrets d'accompagnement, d'outils d'évaluation...) et d'enquêtes (typologie des extérieurs, recensement des projets...).
d) Un bilan mitigé
(1) Le rapport de l'inspection générale
Dans son rapport publié en juin 2001 sur la mise en oeuvre des PPCP, l'inspection générale constate des évolutions positives (amélioration des relations entre professeurs et élèves, émulation, motivation, acquisition de nouvelles compétences, travail en équipe...). L'IGEN souligne néanmoins la lourdeur de la concertation : sur le volume horaire global affecté au PPCP, 12 heures en BEP et CAP et 10 heures en baccalauréat professionnel peuvent désormais être utilisées à la concertation des équipes pédagogiques.
(2) Le comité national de suivi de la réforme du lycée
Ce comité regroupe des représentants des personnels enseignants, des personnels de direction, des corps d'inspections territoriaux, des parents d'élèves. Le PPCP était à l'ordre du jour de la réunion du 23 janvier 2002, qui a établi un bilan mitigé du dispositif.
• Les éléments positifs
- 90 % des établissements ont mis en oeuvre les PPCP. Mais si 92 % des enseignants « jouent le jeu », ils sont néanmoins preneurs d'informations complémentaires, notamment sur le plan méthodologique ;
- les professeurs reconnaissent les potentialités du dispositif (état d'esprit différent entre élèves et professeurs, repérage plus aisé des difficultés, émulation, groupes d'élèves plus soudés, mise en confiance des élèves...) ;
- si les PPCP permettent aux professeurs d'enseignement général de découvrir les métiers, l'approche pluridisciplinaire reste cependant encore à construire ;
- l'implication des élèves est particulièrement importante lorsque le projet est défini avec eux, lorsque l'approche en enseignement général est plus inductive et lorsque les technologies de l'information et de la communication sont utilisées ;
- certains proviseurs soulignent une évolution positive dans le comportement des élèves et la valorisation de l'image de certaines sections ;
- les fédérations de parents d'élèves portent une appréciation très positive sur le caractère pédagogique des PPCP.
• Les réserves formulées
- Le bon fonctionnement du dispositif suppose une implication de l'équipe de direction, qui est parfois défaillante dans certains établissements, pour traduire les enjeux des projets en modalités d'organisation ;
- les projets sont le plus souvent dus à l'initiative des PLP et ne suscitent qu'une adhésion artificielle des enseignants des disciplines générales : les PPCP devraient au contraire s'élargir vers le culturel et le qualitatif ;
- la diversité des dispositifs (PPCP, éducation civique, juridique et sociale, classes à projet artistique et culturel...) suscite des interrogations quant à leur cohérence et leur articulation ;
- certains syndicats craignent de voir utiliser le PPCP comme outil d'évaluation des enseignants et que ces projets « mordent » à l'excès sur les horaires réservés au programme de chaque discipline.
Deux questions importantes appellent en outre une réponse rapide :
- celle de l'évaluation du PPCP et en particulier son rôle éventuel dans la délivrance du diplôme ;
- celle de la formation initiale des enseignants : il importe que les IUFM prennent en compte les nouvelles modalités pédagogiques en mettant en place des formations centrées sur le travail en équipe, la pluridisciplinarité et la pédagogie de projet.
Les académies ont été sollicitées au dernier trimestre de l'année scolaire 2001-2002 pour fournir les éléments de bilan de la mise en oeuvre du PPCP après deux ans de pratique. Ces bilans académiques devraient faire l'objet d'une synthèse au cours du premier trimestre de l'année 2002-2003.