III. UNE NÉCESSAIRE PROGRAMMATION DES INVESTISSEMENTS DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
L'enseignement supérieur est sans doute le seul service
public national à bénéficier d'une double programmation
pluriannuelle, pour les emplois et les recrutements d'une part, pour les
investissements, d'autre part.
La politique d'investissement en faveur de l'enseignement supérieur
s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du plan U3M et des orientations du
schéma des services collectifs pour l'enseignement supérieur.
A. LA MISE EN oeUVRE DU PLAN U3M
Succédant au plan Université 2000 qui avait permis entre 1991 et 1999, grâce à un effort partagé entre l'Etat et les collectivités locales, à hauteur de 40 milliards de francs, de remédier aux capacités d'accueil insuffisantes des étudiants, le plan « Université du 3 e millénaire », appelé à couvrir la période 2000-2006 a une ambition plus vaste : outre la construction de locaux universitaires, il vise à restructurer des sites existants, notamment les universités parisiennes, mais aussi à améliorer le logement, la restauration et les bibliothèques universitaires et concerne également la recherche.
1. Le financement du plan U3M et les principales opérations prévues en 2002
Dans le
cadre des contrats de plan Etat-Régions établis pour la
période 2000-2006, 42,5 milliards de francs seront
mobilisés, dont 18,2 milliards provenant de l'Etat.
Le quart de ces crédits sera affecté au logement, à la vie
étudiante et aux bibliothèques universitaires.
Avec les CPER et le plan sécurité, le plan U3M absorbe
aujourd'hui la totalité des autorisations de programme du budget de
l'enseignement supérieur, à l'exception des opérations
courantes de maintenance et des subventions d'équipement aux
laboratoires universitaires.
En dégageant 358,47 millions d'euros, soit 2,351 milliards de
francs de crédits d'investissement pour les constructions universitaires
en 2002, c'est-à-dire plus des 3/7
e
des engagements
prévus pour la période 2000-2006, l'Etat respectera les
engagements fixés.
Alors que les deux premières années du plan U3M ont
privilégié le lancement des projets, l'année 2002 devrait
voir s'engager plusieurs opérations significatives :
- le démarrage des travaux de l'université de Paris VII
sur la ZAC rive gauche ;
- la réhabilitation du centre Pierre Mendès-France de
l'université de Paris I ;
- la construction de locaux pour l'accueil des étudiants en STAPS
de l'Université de Paris XII ;
- le lancement de la réhabilitation du centre d'Assas de
l'Université de Paris II ;
- l'extension et la restructuration du campus St-Jérôme
à Marseille ;
- la construction de locaux pour l'unité de formation et de
recherche STAPS de l'Université d'Aix-Marseille II ;
- la construction du centre inter-universitaire de production
multimédia de Strasbourg.
Le plan U3M vise aussi à améliorer la situation des
bibliothèques universitaires. Outre une augmentation de la subvention de
fonctionnement (39,36 millions de francs) et la création de
150 emplois en 2002, les contrats de plan couvrant la période
2000-2006 prévoient 0,58 milliard d'euros, c'est-à-dire
3,8 milliards de francs pour les bibliothèques, dont près du
tiers pour l'Ile-de-France, soit la construction et l'équipement
d'environ 300 000 m
2
. Il convient de rappeler que les
crédits d'investissement construction et premier équipement en
faveur des bibliothèques sont passés de 23,61
à 39,23 millions d'euros entre 2000 et 2001.
2. La répartition des crédits d'investissement du plan U3M selon les régions
Le tableau ci-après retrace par région les investissements du plan U3M inscrits dans les contrats de plan Etat-Régions, tous financeurs confondus, rapportés à la population étudiante régionale et à la population régionale totale :
|
Population étudiante |
Population totale en milliers |
CPER-U3M en millions de francs |
CPER-U3M par étudiant en francs |
CPER-U3M par habitant en francs |
Alsace |
48 399 |
1 729,8 |
1 241 |
25 641 |
717 |
Aquitaine |
70 866 |
2 902,4 |
1 900 |
26 811 |
654 |
Auvergne |
29 598 |
1 307,4 |
665 |
22 468 |
508 |
Bourgogne |
28 128 |
1 609,5 |
722 |
25 668 |
449 |
Bretagne |
74 913 |
2 902,6 |
1 998 |
26 671 |
688 |
Centre |
42 646 |
2 437,4 |
1 267 |
29 710 |
520 |
Champagne Ardennes |
25 442 |
1 341,4 |
844 |
33 173 |
629 |
Corse |
3 764 |
256 |
215 |
57 120 |
840 |
Franche Comté |
24 130 |
1 115,6 |
720 |
29 838 |
645 |
Ile de France |
400 515 |
10 925,6 |
9 300 |
23 220 |
851 |
Languedoc Roussillon |
64 871 |
2 293,4 |
1 530 |
23 585 |
667 |
Limousin |
15 173 |
710 |
593 |
39 082 |
835 |
Lorraine |
58 540 |
2 308,1 |
1 450 |
24 769 |
628 |
Midi Pyrénées |
82 689 |
2 548,6 |
2 150 |
25 998 |
843 |
Nord Pas de Calais |
106 499 |
3 990,2 |
2 600 |
24 413 |
651 |
Basse Normandie |
27 284 |
1 420,6 |
823 |
30 164 |
579 |
Haute Normandie |
35 825 |
1 777,4 |
1 190 |
33 217 |
670 |
Pays de la Loire |
64 286 |
3 218,5 |
1 900 |
29 555 |
590 |
Picardie |
25 968 |
1 855,9 |
845 |
32 540 |
455 |
Poitou-Charentes |
32 992 |
1 637,2 |
1 270 |
38 494 |
775 |
PACA |
113 788 |
4 494,2 |
3 250 |
28 562 |
723 |
Rhône-Alpes |
158 719 |
5 634,3 |
3 570 |
22 493 |
634 |
Total métropole |
1 535 044 |
58 416,3 |
40 043 |
26 086 |
685 |
Le tableau ci-après relatif à la programmation des investissements indique les pourcentages de réalisation des contrats de plan Etat-Région, par région, en 2000 et en 2001.
Régions |
% de
réalisation
|
%
exécution
|
Alsace (dont triennal) |
16,47 |
35,05 |
Aquitaine |
16,03 |
32,24 |
Auvergne |
13,76 |
25,47 |
Bourgogne |
16,50 |
31,27 |
Bretagne |
13,66 |
25,84 |
Centre |
16,66 |
33,10 |
Champagne-Ardennes |
14,96 |
28,20 |
Corse |
3,70 |
17,42 |
Franche-Comté |
11,47 |
25,93 |
Languedoc Roussillon |
17,68 |
40,17 |
Limousin |
11,77 |
24,87 |
Lorraine |
9,45 |
24,57 |
Midi-Pyrénées |
16,25 |
31,77 |
Nord-Pas-de-Calais |
10,26 |
25,02 |
Basse-Normandie |
13,79 |
26,50 |
Haute Normandie |
15,35 |
28,76 |
Pays-de-Loire |
13,09 |
27,32 |
Picardie |
23,04 |
30,32 |
Poitou-Charentes |
16,54 |
29,06 |
PACA |
15,23 |
31,05 |
Rhône-Alpes |
12,31 |
25,46 |
Ile-de-France |
13,99 |
27,82 |
On remarquera que le taux d'exécution des PER de 2001 se situe entre 28 et 40 % selon les régions, à l'exception de la Corse qui se situe très en-dessous du taux moyen.
B. LES ORIENTATIONS DU SCHÉMA DES SERVICES COLLECTIFS POUR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Conformément à la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, les services collectifs d'enseignement supérieur et de recherche font partie intégrante de la politique d'aménagement du territoire. Un schéma de développement organise les modalités de leur répartition sur le territoire national, dans une perspective de long terme et arrête notamment les orientations pour renforcer les grands ensembles régionaux et les grands axes d'une gestion prévisionnelle des effectifs. Son contenu peut être résumé comme suit :
1. Une lisibilité insuffisante dans l'organisation territoriale de l'enseignement supérieur et de la recherche : deux logiques à concilier
L'absence de politique globale résulte d'abord du poids de l'histoire et de la distinction institutionnelle entre les établissements d'enseignement supérieur et les établissements de recherche. Elle résulte également des différences d'approche dans l'organisation territoriale de l'enseignement supérieur et de la recherche : un système d'enseignement supérieur traditionnellement piloté par une logique de formation, et naturellement enclin à s'implanter sur l'ensemble du territoire pour répondre à la demande sociale, au risque parfois d'une certaine dispersion et d'un manque de taille critique, et un système de recherche fondé sur l'excellence et la nécessité d'une compétitivité reconnue au niveau international, au risque d'une excessive concentration.
2. De nouvelles contraintes
L'ouverture des frontières et la mobilité
croissante
des étudiants, des enseignants et des chercheurs vont imposer à
nos universités d'être reconnues en Europe et dans le monde et
soumettre les laboratoires de recherche à une concurrence sur le plan
international.
La stabilisation, voire la décroissance des effectifs étudiants,
avec le déséquilibre qu'elles induisent entre les filières
peut aboutir à une compétition excessive entre les
établissements d'enseignement supérieur. Les départs
à la retraite de chercheurs, d'enseignants-chercheurs et de personnels
techniques et administratifs, qui seront particulièrement importants
dans certaines disciplines (la physique, la chimie, les sciences humaines et
sociales) et dans certaines zones géographiques (Île-de-France,
Provence-Alpes-Côte d'Azur...) risquent également
d'entraîner le dépérissement de certains centres
scientifiques et des fractures nouvelles entre les territoires.
Dans le même temps, le développement des nouvelles technologies
permet de mettre en place un certain nombre de ressources partagées
à différentes échelles et accroît les
possibilités de mise en réseau de différents sites
universitaires autour de centres plus importants.
L'objectif du schéma de services collectifs est ainsi d'éviter
l'apparition et le développement de nouveaux
déséquilibres, en organisant l'offre d'enseignement
supérieur et de recherche sur l'ensemble du territoire et en
définissant pour chaque échelle territoriale la forme de service
et d'équipement adaptée.
3. Une organisation de l'enseignement supérieur plus cohérente
Cette
organisation doit se faire par un développement des réseaux qui
ont vocation à mieux articuler les différents niveaux du
système d'enseignement supérieur :
Les grands centres universitaires pluridisciplinaires doivent regrouper souvent
plusieurs établissements, qui offrent sur l'ensemble des champs
disciplinaires des formations supérieures de haut niveau et des
laboratoires de recherche dotés des infrastructures nécessaires
et répondant aux standards internationaux ; ces centres doivent
être compétitifs avec les grandes villes universitaires (Munich,
Oxford ou Barcelone) et contribuer au développement des
métropoles régionales.
Les autres pôles universitaires sièges d'universités
doivent proposer un éventail large de formation, offrir des formations
de troisième cycle plus spécialisées et disposer de
capacités de recherche sur quelques créneaux d'excellence.
Les implantations universitaires, IUT et antennes universitaires des villes
moyennes devront être renforcées en coordination avec la carte des
STS : il s'agit moins de créer de nouveaux sites que de structurer
les implantations existantes pour renforcer le développement
économique local, en s'appuyant sur les formations professionnalisantes,
sur l'insertion de ces formations dans le tissu économique local et sur
la création de plate-formes technologiques en lien avec les PME-PMI.
4. Une recherche mieux répartie
Le
développement des métropoles régionales impose de
rééquilibrer le potentiel de recherche sur le territoire,
notamment en direction des régions à dynamique universitaire
forte où les organismes de recherche restent encore peu implantés
: le Nord-Pas-de-Calais ou la Bretagne par exemple. Cette stratégie
d'aménagement du territoire repose sur un soutien accru aux
équipes scientifiques locales, dès lors qu'elles sont
évaluées positivement et qu'elles s'insèrent dans un
réseau de centres d'excellence.
Elle s'appuie également sur la mise en place d'une gestion
prévisionnelle des effectifs, permettant d'optimiser la
répartition disciplinaire et géographique des compétences,
sur un rapprochement accru entre les organismes de recherche et les
universités et sur l'implantation d'équipements structurants.
5. Un système d'enseignement supérieur et de recherche davantage inséré dans le tissu local
Depuis
le plan U2000, l'université est devenue une composante essentielle du
développement urbain. Si l'augmentation des capacités d'accueil
peut être considérée comme achevée, à
l'exception de la région parisienne et de Paris, cette politique de
construction doit cependant dans les années à venir, laisser la
place au renouvellement, à la rénovation et à la mise en
sécurité du patrimoine universitaire. Elle devra contribuer
à améliorer la qualité de vie et de travail des
étudiants et des personnels (logements étudiants,
bibliothèques, équipements culturels, équipements
sportifs, vie associative...). Cet objectif constitue, comme il a
été vu, un volet important des contrats de Plan
Etat-région conclus pour les années 2000-2006.
En outre, il est souhaitable que l'enseignement supérieur et la
recherche jouent un rôle croissant dans le développement
économique local : la création d'
« incubateurs » en lien avec les établissements
d'enseignement supérieur et de recherche, la constitution de centres
nationaux de recherche technologique associant laboratoires publics et
privés, l'instauration de plates-formes technologiques entre les
établissements d'enseignement professionnel, les départements
d'IUT et les entreprises devraient y contribuer.
6. Une cohérence territoriale fondée sur la mise en réseau
La mise
en réseau des différents centres d'enseignement supérieur
et de recherche constitue une priorité pour l'organisation territoriale
de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Cette mise en réseau suppose une identification des principaux
pôles de compétence sur l'ensemble du territoire, quel que soit le
domaine considéré (réseau des génopôles, des
maisons des sciences de l'homme, des centres de recherche technologique...).
Elle passe également par la multiplication des échanges entre les
différents centres, au moyen notamment de l'infrastructure de
télécommunication à très haut débit que
constituera Renater III, qui permettra à tous les sites
d'être interconnectés aux réseaux européens du
même type.
7. La prise en compte des observations de la délégation du Sénat
Ce
schéma a été soumis à une concertation, tant au
plan national que régional, notamment avec la délégation
du Sénat à l'aménagement et au développement
durable du territoire. Des modifications importantes ont été
apportées notamment sur l'ouverture internationale, le
développement des nouvelles technologies et la formation tout au long de
la vie, les regroupements interrégionaux...
Certaines observations faites par la délégation du Sénat
ont été prises en compte en particulier celles relatives aux
nouvelles technologies et à la culture scientifique et technique, au
rôle du CNAM en matière d'accueil de nouveaux publics et à
la nécessité de mener des études à caractère
prospectif en vue de la révision du schéma. En revanche, les
annexes ont été maintenues même si elles ne comportent pas
toutes un aspect prospectif ou normatif.
Au total, le schéma n'étant pas un document de programmation mais
d'orientation, il ne participe pas directement au processus d'allocation des
crédits. Cependant, le projet de loi de finances pour 2002 permet de
respecter les engagements des contrats de plan qui couvrent la première
période du schéma, maintient une priorité pour
l'enseignement supérieur et comporte des mesures qui vont dans le sens
d'une programmation des recrutements ou de l'ouverture internationale.