II. PERSPECTIVES POUR LA NOUVELLE-CALÉDONIE, LES TERRITOIRES ET LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES D'OUTRE-MER
A. LA NOUVELLE CALEDONIE : UNE ACTIVITE DANS L'ENSEMBLE SOUTENUE EN 1999
1. Une croissance économique sous l'influence du nouveau contexte économique
Une nouvelle donne institutionnelle
La mise en place des institutions politiques prévues par la loi organique du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie s'est effectuée progressivement après les élections des membres des Assemblées de Provinces et du Congrès le 9 mai, puis l'installation du gouvernement le 28 mai.
M. Jean Lèques, RPCR, maire de Nouméa et membre de l'assemblée de la province Sud a été élu à la présidence du gouvernement et M. Léopold Joredie, FCCI, membre de l'assemblée de la province Nord, a été élu vice-président. Le FLNKS a exprimé sa déception concernant cette élection, estimant que dans l'esprit de l'accord de Nouméa, ce poste de vice-président aurait dû lui revenir.
M. Simon Loueckhote, RPCR, membre de l'assemblée de la province des îles Loyauté a été élu à la présidence du Congrès en mai 1999 et reconduit le 25 juillet 2000.
Le Sénat coutumier, composé de seize membres, et le conseil économique et social, composé de trente-neuf membres, ont été officiellement installés le 27 août 1999 et le 2 février 2000.
Ce cadre institutionnel rénové a favorisé les conditions du maintien d'une croissance économique continue tout au long de l'année 1999.
Après un peu plus d'un an, le bilan du fonctionnement des nouvelles institutions est positif, en dépit de divergences entre les partenaires politiques sur la mise en oeuvre des principes de fonctionnement.
Les transferts de compétence prévus au 1 er janvier 2000 se sont effectués dans des conditions satisfaisantes. La plupart des décrets d'application de la loi organique et de la loi du 19 mars 1999 ont été élaborés et transmis au Conseil d'Etat. Plusieurs sont en cours de signature.
Le Congrès fonctionne également dans de bonnes conditions. Dès la mise en place des nouvelles institutions, plusieurs lois du pays prévues aux articles 99 et suivants de la loi du 19 mars 1999 ont été adoptées dans le domaine fiscal et social.
D'une façon générale, les accords de Nouméa ont consolidé la paix civile née des accords de Matignon et l'ont installée dans la durée. Ils ont créé les conditions nécessaires à une reprise des investissements mais l'effet de ceux-ci ne peut être immédiat : il devra faire l'objet d'une évaluation sur une période d'au moins 5 ans. A contrario, le PIB avait stagné en 1996 avant de reprendre légèrement en 1997, année au cours de laquelle s'étaient profilées des conclusions favorables au processus de négociation.
2. Un environnement économique international favorable a permis une activité dans l'ensemble soutenue en 1999.
La Nouvelle-Calédonie a bénéficié en 1999 d'un environnement économique international nettement favorable.
L'évolution par secteur d'activité a toutefois été contrastée.
A l'inverse de l'année 1998, l'impact sur le nickel, première ressource naturelle de la Nouvelle Calédonie, aura été positif tant en termes de cours que de quantités produites.
La situation économique de la Nouvelle Calédonie fin 1998 souffrait de la mauvaise conjoncture du nickel, dont le cours avait atteint un niveau historiquement bas.
Un redressement des cours s'est manifesté dès le début de l'année 1999, et s'est poursuivi jusqu'en mai 2000, où les cours ont atteint un maximum décennal. Alors que la production de minerai avait régressé de 8 % en 1999, les premiers mois de 2000 montrent une forte croissance par rapport aux mois correspondants de 1999.
La faiblesse du marché du nickel en début d'année 1999 a été à l'origine de la baisse des exportations de minerai : celles-ci sont passées de 484 à 453 millions de francs de 1998 à 1999 (-4,7%). En revanche les exportations de métal ont augmenté, puisqu'elles sont passées de 1508 à 1693 millions de francs. L'année 2000 devrait s'avérer très supérieure à l'année 1999, probablement de l'ordre de 50 %, sauf effondrement brutal du marché au derier semestre.
La place du tourisme reste modeste dans l'économie de la Nouvelle-Calédonie . Après une année 1997 considérée comme exceptionnelle, le léger recul du nombre de touristes enregistré en 1998 s'est poursuivi en 1999, année au cours de laquelle les touristes de séjour ont été au nombre de 99.800, soit une baisse de 3,9 %. La recette touristique globale est estimée à 800 millions de francs, et le secteur procure environ 2.800 emplois directes et indirects, soit près de 6 % des emplois.
En dépit de mesures fiscales d'accompagnement, on peut penser que la Nouvelle Calédonie peine à atteindre une masse critique qui lui permettrait de valoriser son énorme potentiel hors Nouméa en développant des activités de loisirs plus complètes et variées. Les aléas de la desserte aérienne, les difficultés d'AOM et les hésitations d'Air France ne contribuent pas à mettre en valeur la destination.
Les principales activités créatrices d'emplois dans le secteur du tourisme ont été en 1999 : l'hôtellerie de Nouméa, le transport touristique terrestre et le transport aérien local.
L'activité maritime reste soutenue. Depuis le début des années 1990, la Nouvelle Calédonie a connu un développement important du secteur de la pêche. L'année 1999 a été marquée par une stabilité globale de la flotte de pêche (284 bateaux armés pour la pêche professionnelle contre 291 en 1998). Les tonnages enregistrés en 1999 sont proches de ceux de 1998.
Le dynamisme de l'aquaculture se poursuit, avec une production une nouvelle fois en hausse sensible à 1.591 tonnes (+31%). Ce secteur semble avoir surmonté ses problèmes de commercialisation, dans la mesure où il a pu résorber le stock accumulé, avec 1.755 tonnes vendues. Les exportations de poissons ont augmenté de 36 % en volume à 2.249 tonnes et de 43 % en valeur.
Dans l'ensemble, le secteur du BTP est demeuré porteur comme en témoignent l'augmentation des effectifs (+ 6,2%) et le niveau des ventes de ciment (+ 4,3%). Les dépenses de logement, qui sont principalement réalisées par les ménages, ont pourtant connu une certaine décélération après une année 1998 de forte croissance. La pérennisation des mesures fiscales locales à un niveau moins attractif que le dispositif mis en place fin 1997, et la progression ralentie des encours de crédits locaux à l'habitat (+ 4,2 % sur un an fin 1999, contre + 16% fin 1998) ont quelque peu pesé sur l'activité de bâtiment. Celui-ci demeure cependant à un niveau élevé, les constructions bénéficiant de la " loi Pons " relayant utilement les commandes des particuliers.
Plusieurs facteurs ont dynamisé les échanges extérieurs en 1999 . Les exportations, en très forte baisse en 1998, ont retrouvé un rythme de croissance élevé (+ 10,2%) grâce à la reprise mondiale du marché du nickel et au secteur des crevettes calédoniennes.
Dans le même temps, les importations ont augmenté de manière soutenue (+ 13,5% en valeur) et atteint un niveau record à près de 113 milliards de F CFP, en raison de la vitalité de l'investissement industriel, et, à un moindre degré, de la consommation interne.
Dans ces conditions, le déficit de la balance commerciale s'est creusé à 68 milliards de F CFP mais le taux de couverture, très dégradé en début d'année (27,7 %) s'est progressivement amélioré et atteint 39,7 % en 1999 (contre 40,8 % en 1998).
3. Le chômage structurel demeure croissant (+6,3% en 1999).
Il se caractérise par un déséquilibre à la fois quantitatif (une offre d'emploi pour huit demandes), qualitatif (inadaptation d'une main-d'oeuvre insuffisamment qualifiée) et géographique (avec la concentration du marché du travail en Province Sud).