PREMIÈRE PARTIE -
PANORAMA DE L'OUTRE-MER FRANÇAIS
I. LES DÉPARTEMENTS D'OUTRE MER : UNE ECONOMIE EN LÉGÈRE AMELIORATION, MAIS QUI EST LOIN DE CONNAÎTRE UNE VERITABLE CROISSANCE
A. LA MARTINIQUE : DES RÉSULTATS ÉCONOMIQUES ENCOURAGEANTS, MAIS UNE SITUATION SOCIALE TOUJOURS PRÉOCCUPANTE
En 1999, l'économie du département a confirmé sa croissance, très largement soutenue par une reprise de la consommation des ménages à l'issue de la crise de la banane . Mais cette progression dissimule des disparités sensibles si on en juge par l'augmentation du nombre des demandeurs d'emploi, des bénéficiaires du RMI et des chômeurs de longue durée.
A contrario, le comportement des chefs d'entreprises reste prudent en raison de la forte concurrence des importations, des effets des conflits sociaux et des inquiétudes quant à l'avenir de mécanismes protecteurs tels que le régime de défiscalisation, l'octroi de mer et les mécanismes européens de soutien en agriculture.
1. L'activité des principaux secteurs économiques continue sa progression
En matière agricole, la valeur de la production agricole finale s'est élevée à 2.047,6 millions de francs en 1998, en hausse importante pour la cinquième année consécutive (+ 5,5 %).
Les exportations de bananes ont progressé en 1999, atteignant 265.524 tonnes, (contre 240.499 tonnes en 1998), et enrayant ainsi la diminution qu'elles avaient enregistré l'an dernier.
Cette croissance ne doit cependant pas masquer la fragilité structurelle du secteur, liée à un déséquilibre persistant entre l'offre et la demande, responsable de l'importante chute des cours enregistré cette année (- 22 %), à laquelle s'ajoutent les difficultés résultant de la profonde désorganisation des plantations et du circuit de distribution marquée par la grève des ouvriers de la banane et le blocage du port de Fort-de-France en 1999.
Après plusieurs années en forte baisse, la production de sucre s'est stabilisée à un niveau relativement faible (6.341 tonnes en 1999, contre 6.543 tonnes en 1998 et 8.041 tonnes en 1995), se limitant ainsi à la satisfaction des besoins locaux.
La production de rhum a en revanche nettement progressé (+ 15,7 %), compte tenu d'un surcroît significatif de canne livrée aux distilleries (+ 20,5 %). Ses ventes en direction de la métropole ont progressé de 6,2 %, atteignant 43.171 hectolitres, contre 40.652 hectolitres en 1998, confirmant ainsi la hausse déjà amorcée l'an dernier et attribuée à l'impact positif de l'appellation d'origine contrôlée décidée en novembre 1996.
La production d'ananas a atteint, en 1998, 20.812 tonnes, en augmentation de 3 % par rapport à 1997 ; quant aux autres productions végétales, qui représentent 27 % de la production agricole finale, elles ont vu leur valeur économique passer de 495 millions de francs en 1997 à 553 millions de francs en 1998, grâce à une hausse sensible de la valeur des légumes et des fleurs.
L'année 1999 s'est avérée très contrastée au niveau des indicateurs du bâtiment et des travaux publics. La conjoncture a, en effet, été marquée par les conséquences du blocage du port au cours de l'hiver 1998-1999 ; mais l'encours des crédits à l'habitat des établissements de crédits locaux a enregistré une nouvelle augmentation (+ 3,9 % en 1999, après + 7 % en 1998) qui laisse prévoir pour 2000 un volume d'activité conséquent.
Dans le domaine du tourisme, la Martinique a compté en 1999 386.138 excursionnistes (- 13,6 % par rapport à 1998) et 607.303 touristes de séjour (+ 2,4 %% par rapport à 1998). Ces visiteurs ont dépensé 1.733,2 millions de francs en 1999 (+ 2,5 % par rapport à 1998).
Ce constat globalement positif ne doit cependant pas masquer une détérioration de l'image de la destination Martinique, liée à l'impact des différents conflits sociaux et au départ du paquebot Monarch of the Seas.
Les résultats de l'hôtellerie sont mitigés, enregistrant une baisse de 2,7 % de la clientèle reçue, et une baisse de 10 % des nuitées. Le tourisme de croisière a diminué de 18,2 %. Quant au tourisme de plaisance, après avoir vu son activité doubler depuis 1992, il s'est stabilisé en 1999 avec 43.000 plaisanciers, qui ont réalisé 51,5 millions de francs de dépenses directes (contre 52,4 millions de francs en 1998).
Avec un chiffre d'affaires global de 6,2 millions de francs (contre 5,4 millions de francs en 1998), le secteur industriel martiniquais contribue pour 15,5 % à la valeur ajoutée brute de la Martinique. La part de l'industrie au sein de la valeur ajoutée dans le département reste cependant peu élevée par rapport aux autres secteurs.
La situation bancaire continue de s'assainir, ce qui est naturellement propice à l'amélioration des conditions de financement bancaire des entreprises.
2. La situation sociale demeure fortement dégradée
En dépit d'une conjoncture économique bien orientée, les chiffres de l'emploi demeurent préoccupants.
Le nombre de demandeurs d'emploi a certes baissé, passant de 49.993 (soit 30,3% de la population) en 1998 à 48.667 (soit 29,2 %) en 1999. Mais de profondes difficultés subsistent, concernant notamment le taux de chômeurs de longue durée, qui représentent 62,1 % des chômeurs et ont vu leur effectif croître de 2,5 %.
En outre, au cours de l'année 1999, 24.811 personnes ont bénéficié du revenu minimum d'insertion (RMI), contre 23.152 en 1998, soit une augmentation de 7,2%, plus marquée encore qu'en 1998 (+ 2 %) et 1997 (+ 3,2 %).
3. Un déséquilibre structurel de la balance commercial
Le commerce extérieur de la Martinique est structurellement très déséquilibré. Le déficit commercial s'est amplifié en 1999, atteignant - 8.884 millions de francs contre - 8.311 millions de francs en 1998, en raison d'une croissance des importations (+ 6,1 %) plus rapide que celle des exportations (+ 2,2 %). Cette tendance rompt avec les deux années précédentes, qui avaient enregistré une amélioration du taux de couverture.
En millions de francs
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Variations 1999/1998 |
|
Importations CAF |
9 801 |
10 083 |
9 855 |
9 988 |
10 598 |
6 % |
Exportations FAB |
1 203 |
1 086 |
1 179 |
1 677 |
1 714 |
2 % |
Solde commercial |
- 8 598 |
- 8 997 |
- 8 676 |
- 8 311 |
- 8 884 |
7 % |
Taux de couverture |
12,3 % |
10,8 % |
12,0 % |
16,8 % |
16,2 % |
Source : direction générale des douanes