2. Des accords aux périmètres fluctuants
L'expérience récente montre que ces alliances, qui sont rarement prolongées par des alliances capitalistiques (à l'exception notable de celle menée par Swissair), mais qui restent plutôt de simples accords commerciaux, sont peu stables dans leur composition. Les derniers développements de l'actualité ont, en effet, mis en lumière de véritables changements de stratégie de la part de plusieurs compagnies.
Ainsi, KLM a-t-elle rompu, le 28 avril dernier, l'accord la liant à Alitalia depuis juillet 1999 et prévoyant une fusion de ces deux sociétés d'ici à 2002. Cet accord avait déjà pourtant commencé à être mis en oeuvre au niveau commercial : regroupement des équipes commerciales des compagnies, tarification identique, mise en commun du programme de fidélisation...
Cette rupture serait due au retard pris par le gouvernement italien pour la privatisation d'Alitalia, ainsi qu'aux difficultés de mise en oeuvre de la plate-forme de correspondance de cette dernière à Milan-Malpensa. Elle a été suivie par l'annonce, deux mois après, de la fusion de KLM et de British Airways, cette dernière fusion ayant elle-même vu son calendrier retardé : la période de discussion se prolonge en ce qui concerne la participation de KLM au capital de cette nouvelle société (qui pourrait n'être que de 25 % au lieu des 35 % initialement envisagés). En outre, British Airways pourrait être amenée à choisir entre son partenaire américain (American Airlines) et celui de KLM (Northwest), ce qui remettrait en cause la composition de l'alliance Oneworld.
En Europe, Swissair semblerait vouloir se rapprocher d'American Airlines, pourtant déjà partenaire de British Airways au sein de Oneworld.
L'alliance Qualiflyer a, quant à elle, perdu trois de ses membres depuis l'année dernière : Austrian Airlines et ses filiales Tyrolean et Lauda Air, ayant choisi Lufthansa comme allié européen, ont rejoint la Star Alliance. A l'inverse, l'alliance européenne a été renforcée par les compagnies dans lesquelles Swissair a pris des participations en capital : la compagnie polonaise LOT, Portugalia, et les deux compagnies italiennes Air Europe et Volare.
La composition définitive de ces alliances dépendra aussi des restructurations en cours sur le marché américain . L'achat évoqué d'US Airways par United, s'il se réalise, préfigurerait sans aucun doute de nouvelle modifications des relations entre les transporteurs américains, avec les conséquences correspondantes sur les alliances mondiales, dont la composition est donc encore loin d'être figée !
Faut-il y voir une remise en cause du modèle des alliances ?