Question de M. BASQUIN Alexandre (Nord - CRCE-K) publiée le 30/01/2025

Question posée en séance publique le 29/01/2025

M. le président. La parole est à M. Alexandre Basquin, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.)

M. Alexandre Basquin. Ma question s'adresse à Mme la ministre chargée du travail et de l'emploi.

Madame la ministre, à la fin de 2024, le chômage a connu sa plus forte hausse depuis dix ans, hors de la crise du covid-19 : +3,9 % par rapport au trimestre précédent ! Les jeunes de moins de 25 ans sont, malheureusement, les plus touchés. Ce chiffre est à mettre en regard du nombre record de défaillances d'entreprises.

Toutes catégories confondues, ce sont plus de 6,2 millions de personnes qui étaient déjà enregistrées à France Travail il y a un an ! Derrière les statistiques, il y a autant de familles et de personnes seules, meurtries, qui aspirent à trouver un emploi et à vivre avec un salaire décent.

Entendez-vous les témoignages de ces salariés qui ont appris brutalement que la porte de leur entreprise était désormais fermée ? Beaucoup racontent qu'ils se sentent invisibles, mis de côté, bafoués. Et ce n'est pas fini ! Les indicateurs montrent que la situation va s'aggraver, une multiplication des plans sociaux étant à venir ; 300 000 emplois pourraient être détruits prochainement.

Cette situation catastrophique est la conséquence directe de la politique ultralibérale menée ces dernières années, et dont vous ne vous éloignez pas ! Rappelons que le candidat Macron avait promis le plein emploi pour 2027 ! Nous en sommes, hélas ! bien loin...

Pendant ce temps, les quarante plus grosses entreprises françaises se gavent et distribuent des dividendes records à leurs actionnaires, toute honte bue.

Pendant ce temps, nous persistons dans cette même logique qui consiste à verser aux entreprises des aides publiques - 200 milliards d'euros par an - sans réel contrôle de leur utilisation.

Pendant ce temps, vous poursuivez cette politique de l'offre dont l'échec est pourtant manifeste.

Madame la ministre, tout appelle à un changement de cap. Ma question est donc simple : que comptez-vous faire pour inverser cette tendance mortifère et redonner enfin de l'espoir aux Françaises et aux Français ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K et sur des travées du groupe SER.)

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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé du travail et de l'emploi publiée le 30/01/2025

Réponse apportée en séance publique le 29/01/2025

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée du travail et de l'emploi.

Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée du travail et de l'emploi. Monsieur le sénateur Basquin, vous avez tout à fait raison de rappeler que, derrière les statistiques, il y a d'abord des vies. Évoquer les chiffres du chômage, et en particulier la hausse du chômage des jeunes, c'est bel et bien parler de vies et de familles qui sont affectées.

Derrière cette détérioration de la situation de l'emploi, il y a d'abord une dégradation de la situation économique, qui se durcit considérablement ; vous avez dressé le tableau des défaillances d'entreprises et des procédures collectives.

La conjoncture économique, tant européenne que mondiale, est très difficile. Ces difficultés touchent en premier lieu des secteurs qui connaissent une transformation profonde de leur modèle économique : l'automobile, la grande distribution, la chimie.

Parallèlement, le contexte commercial se durcit considérablement et les coûts de l'énergie n'ont pas retrouvé leur niveau d'avant le covid-19. S'y ajoute une autre incertitude, qui a trait, plus spécifiquement, à la situation politique du pays : cette incertitude freine l'investissement et gèle les recrutements et les grandes commandes - il faut le dire.

M. Alexandre Basquin. Non ! C'est trop facile...

Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Non, ce n'est pas facile ! Vous le savez, le monde économique, c'est-à-dire les entreprises, n'aime pas l'incertitude qui lui est aujourd'hui imposée. (Mme Élisabeth Doineau applaudit.)

Avec mes collègues Catherine Vautrin, Éric Lombard et Marc Ferracci, que faisons-nous ?

Premièrement, nous tentons d'anticiper, donc d'aller au-devant des situations avant qu'elles ne se détériorent, c'est-à-dire avant que les plans sociaux ne dégénèrent en liquidations judiciaires.

Deuxièmement, lorsqu'un plan de restructuration doit être mis en oeuvre, nous travaillons avec les préfectures et avec les services déconcentrés pour nous assurer qu'il est de qualité, qu'il s'agisse de reclassement, de revitalisation ou d'accompagnement.

Troisièmement - cette disposition a été inscrite dans le projet de loi de finances pour 2025 -, nous réactivons le dispositif de chômage partiel de longue durée dit « Rebond » (APLD-R), qui permet de déployer des solutions intermédiaires, via la formation et la reconversion notamment.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Voilà des actions concrètes !

Enfin, dans le budget pour 2025, nous maintenons les moyens dont dispose France Travail pour accompagner les salariés. (M. François Patriat applaudit.)

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