Question de M. SOMON Laurent (Somme - Les Républicains) publiée le 10/09/2021

Question posée en séance publique le 09/09/2021

M. le président. La parole est à M. Laurent Somon, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Somon. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Depuis 1980, le constat est celui d'une France qui a fait l'économie de sa culture industrielle. Résultat : une souveraineté en berne dans nombre de domaines, révélée par la crise du covid-19 et par un capital humain en déperdition.

Nos talents et nos étudiants sont-ils condamnés à s'expatrier ? Que révèle l'exil des forces vives de notre pays ? La France fait-elle le choix d'être la championne de la traversée de frontières pour sa recherche et son innovation ? Pourtant, notre pays a de nombreux atouts, et la réussite de notre réindustrialisation dépend de notre capacité en recherche et en innovation.

Madame la ministre, je vous adresse deux vœux, car votre ministère et la clé de voûte de notre puissance économique : redonnez l'appétit de la France aux forces vives de notre pays et agissez face à l'immigration des natifs de France, qui sont de plus en plus jeunes à partir. C'est essentiel pour la recherche et l'innovation.

En cette rentrée 2021, combien de nos bacheliers français partent au Canada, en Suisse, en Italie, aux États-Unis, en Espagne ? Je donnerai un seul exemple concret : l'École polytechnique de Lausanne compte 41 % d'étudiants français, un chiffre en hausse perpétuelle.

De l'avis des spécialistes en économie, la réussite dans les filières françaises est jugée aléatoire et la formation peu épanouissante ; la peur de se perdre est au rendez-vous. Conclusion : le choix des formations étrangères s'impose.

Ne dites plus que l'émigration des natifs de France est une chance pour le rayonnement national ! Elle est surtout le miroir de la faiblesse de notre attractivité pour nos jeunes talents en manque de reconnaissance. C'est une situation schizophrène pour la recherche et l'innovation, sans lesquelles, avec la formation, la puissance économique ne survit pas. Et cela a pour corollaire une perte de souveraineté.

Le manque de professeurs de sciences et de mathématiques, le déclassement régulier de notre pays dans l'évaluation du Programme international pour le suivi des acquis des élèves, ou PISA, la fuite des cerveaux, les errements de Parcoursup, l'insuffisance non anticipée des besoins des masters et un financement de la recherche et de l'innovation trop timide sont autant de constats du désintérêt pour les filières d'excellence et du désamour pour notre enseignement supérieur, qui manque de moyens et d'attractivité.

Madame la ministre, au-delà du seul plan de relance, comment le Gouvernement entend-il prendre le virage du XXIe siècle sans une communauté formée à la recherche et à l'innovation ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 10/09/2021

Réponse apportée en séance publique le 09/09/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Somon, votre constat, j'aurais pu le partager en 2012 ou en 2017, lorsque j'étais présidente d'université. Toutefois, loin du paysage délabré que vous êtes en train de décrire, je veux simplement vous dire où nous en sommes aujourd'hui.

En 2017, cela faisait plus de vingt ans que les financements de la recherche stagnaient. En 2017, les étudiants étaient affectés par tirage au sort. En 2017, la France était invisible dans les classements internationaux.

Où en sommes-nous aujourd'hui ? La France, loin de ce que vous décrivez, est la troisième nation en termes d'attractivité universitaire et de recherche, après les États-Unis et le Royaume-Uni – c'est donc la première au sein de l'Union européenne.

La France possède la première université au monde en mathématiques ; jamais ces deux dernières années il n'y a eu autant d'étudiants qui demandaient à s'inscrire à Paris-Saclay. Notre pays est le deuxième au monde en océanographie et le troisième en écologie. Nous devrions tous pouvoir nous en réjouir !

Vous parlez des fuites d'étudiants à l'étranger, monsieur le sénateur. Or, lors de la rentrée 2019-2020, nous avons enregistré 370 000 étudiants internationaux inscrits dans nos universités, soit 23 % de plus en trois ans.

Voilà la réalité actuelle de notre enseignement et de notre recherche ! Avec la loi de programmation pour la recherche 2021-2030, ce sont 25 milliards d'euros supplémentaires que nous avons dégagés – je suppose que vous avez applaudi lorsqu'elle a été votée.

Sachez que, d'ores et déjà, les chaires de professeur junior, dont personne ne voulait, suscitent l'intérêt de 180 candidats. La revalorisation du doctorat et de l'ensemble des professions de la recherche est en train de fonctionner.

Enfin, je salue le retour d'Esther Duflo parmi nous.

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